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Actualité - Page 739

  • 200 intellectuels se mobilisent face au vide spirituel et moral en Europe

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    De Rémi Brague sur le site aleteia.org :

    Europe : face au vide spirituel et moral, des intellectuels se mobilisent

    18 octobre 2019

    Deux cents intellectuels s’interrogent sur le vide spirituel à l’origine de la crise sociale et politique qui sévit partout en Europe. Venus de toute l’Europe, ils se retrouveront ce 19 octobre à Saint-Jacques-de-Compostelle, dans le cadre de la plateforme culturelle One of Us pour lancer un Observatoire de la dignité de la personne humaine. Le philosophe Rémi Brague en expose pour Aleteia les motivations profondes : « Face à la culture de la marchandisation que l’on voudrait nous imposer, nous nous demanderons quelle culture nous voulons vraiment, et comment travailler à son avènement. »

    Du président Chirac, que la France vient d’enterrer, les médias ont retenu une phrase : « La maison brûle ! » C’est probablement vrai pour la planète dans son ensemble. C’est vrai, sans réserves, pour la « maison commune » européenne. Sur les différents aspects de la crise qu’elle traverse, point n’est besoin de répéter l’évidence. Si ce n’est, peut-être, parce que des symptômes spectaculaires peuvent dissimuler des réalités plus profondes.

    Tout le monde pointe du doigt, à gauche, le « populisme », à droite l’« invasion des migrants », voire l’« islamisation ». Moins nombreux sont ceux qui rappellent que c’est le divorce entre des élites sourdes et des « petites gens » abandonnées qui provoque en réaction l’exploitation du mécontentement du « bon populo » par des démagogues ; ou encore que c’est l’effondrement démographique du Vieux Continent qui attire en compensation la jeunesse maghrébine et africaine ; ou enfin que c’est le vide spirituel et moral engendré par l’oubli ou le refus du christianisme et de sa base biblique qui fait le jeu des prêcheurs islamistes.

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  • Synode Amazonien : un laboratoire pour dénaturer le catholicisme ?

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    Du National Catholic Register :

    Synode Amazonien : n'imposez pas d'anciens agenda au Nouveau Monde

    ÉDITORIAL: Cette tentative qui consiste à imposer à l'Amazonie des concepts d'Eglise controversés et discrédités du fait des Européens et des Nord-Américains n'est rien de moins qu'un colonialisme théologique.

    Dans une interview accordée le 7 octobre au Corriere della Sera, journal italien, le cardinal Robert Sarah a déploré les efforts de certains membres de l'Église pour utiliser le synode des évêques de la région panamazonienne comme un laboratoire pour modifier profondément le catholicisme.

    Le cardinal africain faisait référence à certains des thèmes centraux de la discussion synodale, tels que l’ordination des hommes mariés, les ministères «ordonnés» pour les femmes et une interprétation radicale de l’inculturation et du syncrétisme. «Ces points touchent la structure de l'Église universelle», a déclaré le cardinal Sarah.

    "En profiter pour mettre en avant des schémas idéologiques serait une manipulation indigne, une tromperie malhonnête, une insulte à Dieu, qui guide son Église et lui confie son plan de salut."

    Cette tentative d'imposition de concepts d'Eglise controversés et discrédités sur l'Amazonie par les Européens et les Nord-Américains peut être caractérisée d'une autre manière : comme un colonialisme théologique.

    Des efforts à peine voilés sont en cours pour inscrire leurs programmes idéologiques dans une région appauvrie du monde, prétendument par nécessité, puis, comme l'a souligné le cardinal Sarah, pour les exporter à travers l'Église universelle.

    La crainte que des idéologies théologiquement hétérodoxes puissent être élaborées dans le synode, qui se clôturera le 27 octobre, a été prédominante depuis la publication du document de travail (instrumentum laboris) en juin par les organisateurs du synode. Le document comprenait une liste exhaustive de propositions, dont certaines font depuis longtemps partie de l'agenda pour modifier l'enseignement fondamental de l'Église. Plusieurs cardinaux, dont le cardinal Gerhard Müller, ancien préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, ont alors sonné l'alarme que le document de travail offrait un «faux enseignement».

    Le secrétaire général du synode, le cardinal Lorenzo Baldiserri, a écarté les inquiétudes suscitées par l’instrumentum laboris, en rappelant à la presse réunie le 3 octobre, avant le début du synode, que le document n’avait aucun poids magistral.

    Cela a été suivi à l’ouverture même du rassemblement international par la déclaration du pape François du 7 octobre selon laquelle l’instrumentum devait être considéré comme «un texte martyr» qui devait être détruit pour que le synode puisse accomplir son travail.

    Tout cela aurait été plus rassurant si le Saint-Père n'avait pas été suivi quelques minutes plus tard par le responsable qu'il avait désigné pour diriger les débats, le cardinal brésilien Claudio Hummes, âgé de 85 ans. L'ancien fonctionnaire du Vatican a prononcé un discours liminaire dans lequel il a fermement mis en avant les viri probati (ordination au sacerdoce de «hommes d'une vertu éprouvée») comme sujet à débattre.

    Il a été suivi, lors de conférences de presse synodales tout au long de la semaine d'ouverture, par plusieurs évêques qui ont plaidé en faveur de l'ordination des diacres mariés.

    L’évêque émérite Erwin Kräutler, ancien évêque de Xingu (Brésil), emblématique de cet effort persistant en faveur du colonialisme théologique et de la conformité à l’opinion publique, est censé être l’auteur principal de l’instrumentum laboris et milite depuis longtemps pour mettre fin au célibat ecclésiastique. Lors d’une conférence de presse au Bureau de presse du Saint-Siège, Mgr Kräutler a déclaré: «Il n’ya pas d’autre option» que d’ordonner des hommes mariés en Amazonie, en déclarant que «les peuples autochtones ne comprennent pas le célibat». Il a ensuite défendu l'idée de femmes diacres en déclarant: «Nous avons besoin de solutions concrètes. Je pense donc au diaconat féminin.» Il a ensuite confié au Register qu'il aimerait voir les femmes finalement ordonnées prêtres et que le synode «peut être une étape» pour atteindre cet objectif.

    Tout cela a été discuté en dépit du fait que le pape François a déclaré catégoriquement à plusieurs reprises que l'ordination des femmes est une porte fermée.

    Néanmoins, les projets sur lesquels le cardinal Sarah et d'autres ont mis en garde existent depuis un certain temps. Des groupes catholiques, dont certains opèrent sous l'égide des évêques allemands, financent des projets de justice sociale et d'aide en Amazonie depuis de nombreuses années.

    Par exemple, le groupe le plus important dans l'organisation et la gestion du synode, le Réseau ecclésial panamazonien (REPAM), décrit son objectif premier en tant que défenseur des droits et de la dignité des peuples autochtones d'Amazonie. Il est étroitement soutenu par les conférences épiscopales de la région, présidée par le cardinal Hummes. Mais il collabore également étroitement avec Adveniat, l'organisation de secours des évêques allemands en Amérique latine, qui a fourni en 2016 seulement 3,2 millions d'euros pour financer divers projets en Amazonie.

    Misereor, une deuxième organisation d'aide allemande gérée par les évêques allemands, a consacré plus de 52 millions d'euros au financement de 337 projets en Amérique latine et dans les Caraïbes. Adveniat et Misereor ont tous deux organisé des événements mettant en valeur la spiritualité amazonienne tout au long du synode, ainsi que le CIDSE, un réseau d'organisations de justice sociale catholiques européennes et nord-américaines ayant leur siège à Bruxelles.

    Ce lien financier étroit est alarmant, car au moment précis où le processus synodal panamazonien est en cours, l'Église allemande avance malgré l'opposition publique des hauts responsables du Vatican, avec son propre «chemin synodal» qui entend de même discuter d'éventuels changements. dans les domaines du célibat ecclésiastique, des ministères ordonnés pour les femmes et des enseignements de l'Église concernant la moralité sexuelle. Ce timing simultané n'est sûrement pas une simple coïncidence.

    En outre, comme le signalait le Register le 17 octobre, la Fondation Ford - qui compte depuis longtemps des groupes de financement qui promeuvent l'avortement, l'idéologie du genre et le plaidoyer «LGBT» - a octroyé des millions de dollars au Conseil missionnaire des évêques brésiliens pour les Peuples autochtones (CIMI) et à deux autres organisations qui, comme le CIMI, sont membres du REPAM et participent donc activement au processus synodal panamazonien.

    Il y a d'autres voix dans la salle Paul VI du synode qui demandent un renouveau complet du zèle pour l'évangélisation et des solutions créatives pour favoriser les vocations qui n'exigent pas en même temps l'abandon de l'ancienne tradition de l'Église, notamment la discipline du célibat ou l'enseignement de l'Église sur l'ordination des femmes. Ils sont rejoints par certains des plus éminents dirigeants de l'Église, tels que le cardinal Sarah, le cardinal Peter Turkson, préfet du Dicastère pour la promotion du développement humain intégral, et le cardinal Marc Ouellet, préfet de la Congrégation pour les évêques qui a écrit un nouveau livre plaidant en faveur du célibat ecclésiastique.

    La cardinal Sarah comprend bien les dangers du colonialisme théologique. Dans son entretien avec le Corriere della Sera, il a averti que s’il s’agissait réellement d’utiliser le synode pour transformer l’Église amazonienne en un laboratoire, «ce serait malhonnête et trompeur». Il a également expliqué comment tous les catholiques devraient réagir. à toute déformation de l'Évangile, en particulier dans les parties du monde qui ont le plus besoin d'évangélisation.

    En ce qui concerne l’Amazonie, il est «choqué et indigné que la détresse spirituelle des pauvres en Amazonie soit utilisée comme une excuse pour soutenir des projets typiques d'un christianisme bourgeois et mondain. C'est abominable.

  • Viri probati, diaconat féminin, rite amazonien... : les points saillants du synode

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    Rencontre avec des indigènes d'Amazonie © Vatican Media

    Rencontre Avec Des Indigènes D'Amazonie © Vatican Media

    D'Anne Kurian sur zenit.org :

    Synode sur l’Amazonie : les points saillants des rapports des groupes linguistiques

    Présentation devant la presse

    « Le Synode est un processus qui s’ouvre », a souligné Mgr Mário Antônio da Silva, évêque de Roraima au Brésil, évoquant « la possibilité que des hommes (mariés) matures, responsables, reconnus au sein de leur communauté, puissent être ordonnés ». Cependant, a-t-il rappelé, « le célibat est un don pour l’Eglise qui doit être considéré comme quelque chose de très précieux, non seulement comme discipline mais comme grâce ».

    Pour la suggestion d’un « rite amazonien » par lequel exprimer le patrimoine liturgique, théologique, disciplinaire et spirituel de la région, analogiquement comme celui des Eglises orientales, Mgr Rino Fisichella, président du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, a rappelé que Jean-Paul II avait concédé un rite particulier au Chemin néocatéchuménal – pour la célébration de l’Eucharistie.

    « Si la proposition est approuvée, a-t-il ajouté, il faudra chercher comment elle peut être. Certains livres liturgiques ont déjà été traduits en rites amazoniens : il y a depuis des décennies une réflexion en acte sur la théologie indienne et sur une catéchèse qui puisse se développer selon cette orientation. Les rites sont une expression de l’évangélisation : quand l’annonce de l’Evangile rejoint une culture, il s’inculture, c’est-à-dire qu’il cherche à s’exprimer dans des formes que cette culture considère plus cohérentes pour exprimer le mystère. »

    Mgr Fisichella a aussi évoqué l’hypothèse d’un « observatoire environnemental en Amazonie » pour éviter les « péchés écologiques ». Ce péché, a-t-il expliqué, naît « de l’individualisme : celui qui le vit, risque de mourir d’asphyxie et de ne pas se rendre compte que la nature, la vie, les relations nous invitent à un regard plus large ». « Plus qu’une subdivision ou une multiplication des péchés, a ajouté l’archevêque, il y a un péché fondamental qui réside dans le comportement humain qui se renferme devant Dieu, et la création est une manifestation de Dieu. »

    Pour Mgr Mário Antônio da Silva », tout ce qui conduit à un profit exorbitant, exagéré, non seulement pue mais contient le péché, le mal, l’injustice dans son ADN. Il ne s’agit pas de créer une liste de péchés, mais de mettre en pratique cette conversion écologique que le pape nous a proposé dans Laudato sì et qui doit orienter toute notre vie ».

    La religieuse colombienne Daniela Adriana Cannavina a témoigné quant à elle que « l’attention envers les femmes a augmenté, au fur et à mesure que se poursuivaient les travaux synodaux ». Elle a évoqué la suggestion du diaconat féminin : « Nous ne voulons pas une réplique de moule cléricaliste ni un rôle de pouvoir. La vie religieuse est le lieu du service, pas du pouvoir. »

  • France : comme si la digue bioéthique s'effondrait sous nos yeux...

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    GRÉGOR PUPPINCK : "C’EST COMME SI LA DIGUE BIOÉTHIQUE S’EFFONDRAIT SOUS NOS YEUX"

    GRÉGOR PUPPINCK Tribune 17 octobre 2019  Loi de bioéthique

    Le projet de loi de bioéthique a donné lieu à des échanges fournis à l’Assemblée nationale française, mais, in fine, le texte, qui remet en cause la vision même de l’homme, n’a fait l’objet que d’aménagements minimes. Docteur en droit et directeur de l'ECLJ (Centre européen pour le droit et la justice), Grégor Puppinck décrypte les évolutions mortifères contenues dans le texte.

    Au-delà de sa mesure phare – la « PMA pour toutes » –, le projet de loi relative à la bioéthique introduit une série de ruptures plus fondamentales encore que celle-ci : il sépare totalement la procréation de la sexualité par l’introduction de la PMA non-thérapeutique ; il rend indépendant de l’âge la faculté de procréer par la légalisation de l’autoconservation des gamètes ; il encourage l’eugénisme par l’extension du diagnostic prénatal et préimplantatoire ; il libéralise l’exploitation et la modification génétique des embryons humains ; il favorise l’avortement par la suppression du délai de réflexion et de l’autorisation parentale pour les mineurs ; il supprime la frontière entre l’homme et l’animal par l’autorisation de la greffe de cellules humaines sur des embryons animaux ; il substitue la volonté à la biologie comme fondement de la filiation.

    La suppression brutale des protections et des interdits patiemment posés par les précédentes lois laisse sans voix. C’est comme si la digue bioéthique s’effondrait sous nos yeux, emportée par la perspective progressiste qui anime la majorité parlementaire. Aussi est-il nécessaire, pour comprendre la philosophie qui sous-tend ce projet de loi et en donne la cohérence, de revenir aux racines même de ce progressisme-scientiste, que l’on nomme aujourd’hui transhumanisme et dans le sillage duquel s’inscrit le député Jean-Louis Touraine, rapporteur de la loi, par ailleurs militant actif de la GPA et de l’euthanasie.

    L’homme infini

    À cet égard, il importe de bien saisir que l’ensemble de ces mesures participent d’un vaste projet de transformation de l’homme qui a des racines profondes dans la pensée des Lumières, en particulier chez Condorcet qui croyait « qu’il n’a été marqué aucun terme au perfectionnement des facultés humaines » et que « la perfectibilité de l’homme est réellement indéfinie » (1795). Ce progressisme a trouvé, dans l’extrapolation de la théorie de Darwin, les bases scientifiques de sa vision philosophique du destin de l’humanité, et ce faisant une nouvelle morale. Selon cette vision, l’homme est un être spirituel (c'est-à-dire doté d’intelligence et de volonté) dont la conscience serait issue de la vie, et la vie de la matière. L’homme serait ainsi un mutant engagé dans un processus constant d’évolution – et d’élévation - par émancipation de la matière inerte puis de la vie animale, pour atteindre une forme de vie consciente, une vie « humaine ». Notre humanité ne serait ainsi pas figée en un état donné, naturel, mais progresserait à mesure que se poursuit le processus de domination de la matière, lequel culmine dans la domination de la volonté individuelle sur son propre corps. Le progrès, comme processus de spiritualisation, devient ainsi la condition et la mesure de notre humanité. Le corps, ce faisant, est dévalorisé, ramené à de la simple matière animale ; et la vie n’est plus qu’un matériau. Cela explique bien sûr l’eugénisme, mais aussi la valorisation contemporaine des diverses formes de sexualité non-fécondantes. Car ces formes de sexualité prouvent que, même dans cet aspect particulièrement animal de notre être, l’esprit individuel est capable d’échapper au donné naturel, de le transcender. Moins animales, ces sexualités seraient donc plus humaines.

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  • Des réponses d'historiens au procès de l'Eglise catholique

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    Du Salon Beige :

    Les croisades étaient-elles une entreprise impérialiste à l’encontre de l’Orient musulman ? La chrétienté médiévale était-elle antisémite ? Les questions ne manquent pas pour faire, en forme de réquisitoire, le procès de l’Eglise catholique. Jean Sévillia donne la parole aux historiens pour, sans tabous et sans anachronismes, sans préjugés et sans œillères, rétablir quelques vérités. Y compris pourquoi l’Eglise a tardé à prendre la menace du scandale des prêtres pédophiles. Un entretien de 20 minutes en forme d’argumentaire.

  • Amazonie : une Eglise qui a perdu 50% de ses fidèles

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    De Sandro Magister en traduction française sur le site Diakonos.be :

    Amazonie « désévangélisée ». Les chiffres d’une Église catholique réduite de moitié

    Pendant la conférence de presse du lundi 14 octobre, quelqu’un a demandé à Paolo Ruffini, le Préfet du dicastère du Vatican pour la communication, pourquoi on n’avait pas communiqué de statistiques à jour sur l’appartenance religieuse des habitants de l’Amazonie, étant donné la croissance effrénée des Églises évangéliques et pentecôtistes aux dépens de l’Église catholique.

    M. Ruffini a répondu que toutes les informations en possession des services du Vatican avaient été mises à la disposition des journalistes accrédités et que de toute façon le synode avait des questions bien plus importantes à traiter que des statistiques sur l’appartenance religieuse.

    *

    Dans la seconde partie de sa réponse, Ruffini est contredit par les Pères synodaux eux-mêmes, ou à tout le moins par certains d’entre eux. En effet, pour se rendre compte à quel point l’érosion de la présence catholique dans la région est une question centrale pour le synode sur l’Amazonie et qu’il ne s’agit pas d’une simple question de statistiques mais bien d’une question de foi, nous nous bornerons à citer ce que déclarait l’un des invités du Pape François, le P. Martín Lasarte, responsable de l’animation missionnaire en Afrique et en Amérique latine de sa congrégation, les salésiens. Il connaît très bien l’Amazonie et voici ce qu’il déclarait en séance le samedi 12 octobre au matin :

    « J’ai visité un diocèse où au début des années 1980, 95% de la population était catholique ; aujourd’hui ils ne sont plus que 20%.  Je me rappelle le commentaire d’un des missionnaires européens qui ont systématiquement « désévangélisé » la région : « Nous ne privilégions pas la superstition mais la dignité humaine ».  Je pense que tout est dit. Dans certains endroits, l’Église s’est transformée en un grand gestionnaire de soins de santé, de services éducatifs, promotionnels, voire en consultant mais très peu en mère de la foi ».

    *

    Mais dans la première partie de sa réponse, en revanche, Ruffini avait raison. En effet, le 3 octobre, la salle de presse du Vatican a envoyé par courrier électronique aux journalistes accrédités un épais dossier en espagnol et en portugais sur la « realidad ecclesial y socioambiental » de la région, préparé en vue du synode par le REPAM, le Red Eclesial Panamazónica de 2014 présidé par le cardinal Cláudio Hummes :

    > Atlas Panamazónico

    Settimo Cielo n’avait pas remarqué que dans ce dossier, qui est presque exclusivement consacré à des questions sociales et environnementales, figure en page 35 un graphique avec les pourcentages de présence en Amazonie des différentes dénominations non catholiques.

    Les voici par ordre décroissant de grandeur :

    Avec 5% du total de la population :

    Testigos de Jehová

    Avec 4% chacune :

    Iglesia Adventista del Séptimo Día
    Iglesia Cristiana Evangélica

    Avec 3% :

    Asamblea de Dios

    Avec 2% chacune :

    Iglesia de los Santos de los Últimos Días
    Iglesia Cristiana Pentecostés del Movimiento Misionero Mundial
    Iglesia Universal del Reino de Dios
    Iglesia Cristiana de Restauración
    Iglesia Cuadrangular
    Otras Iglesias Evangélicas
    Bautistas

    Avec 1% chacune :

    Iglesia Pentecostal Unida de Colombia
    Iglesia de Dios Ministerial de Jesucristo Internacional
    Espírita

    Au total, ces 14 dénominations non catholiques représentent un tiers de la population de l’Amazonie, soit 33%.

    Dans une note en marge du graphique, on précise cependant qu’il faut également ajouter les « Otras Iglesias Cristianas » – parmi lesquelles près de la moitié sont des « iglesias únicas quel no tienen relación aparente entre sí » – qui totalisent ensemble 13% supplémentaires.

    Ce qui veut dire qu’au total, si l’on en croit cet « Atlas Panamazónico » de la REPAM, 46% des 34 millions d’habitants que compte la région ont abandonné l’Église catholique au cours des dernières décennies pour passer à d’autres dénominations religieuses.

    Le cas du Brésil est tout aussi impressionnant. Lors du recensement officiel qui a lieu tous les dix ans dans ce pays, en 1970 les catholiques formaient 91,8% de la population alors qu’au recensement de 2010, ils n’étaient plus que 64,6% et qu’il est prévu qu’ils passent sous la barre des 50% l’an prochain.

    En effet, aujourd’hui déjà, en supposant que 46% des Brésiliens soient passés – comme en Amazonie – à des dénominations non catholiques et qu’environ 10-12% soient composés d’animistes, d’agnostiques, etc., à peine plus de 40% de la population resterait fidèle à l’Église catholique.

    Et cette tendance n’est pas près de s’inverser. À moins que le synode sur l’Amazonie ne parvienne à identifier les raisons de ce désastre et à emprunter de « nouveaux chemins » d’évangélisation qui en soient vraiment.

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

  • Infanticide et euthanasie sont des composantes du "bien vivre" amazonien...

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    De Sandro Magister en traduction française sur le site Diakonos.be :

    De l’infanticide à l’euthanasie. Le « buen vivir » en Amazonie passe aussi par là

    Marcia María de Oliveira, une Brésilienne, figure parmi les 25 collaborateurs des deux secrétaires spéciaux du synode sur l’Amazonie : le jésuite Michael Czerny, créé cardinal par le Pape François le 5 octobre dernier, et le dominicain David Martínez de Aguirre Guinea, évêque de Puerto Maldonado au Pérou.

    Mme de Oliveira est une spécialiste des sociétés et des cultures amazoniennes et elle a été appelée à collaborer en tant qu’expert, en compagnie entre autres de l’Argentin Carlos María Galli, théoricien de la « théologie du peuple et de l’allemand Paulo Suess, professeur de théologie « inculturée » et coauteur du document de base du synode, le controversé « Instrumentum laboris ».

    C’est à ce titre que Mme de Oliveria a participé à la conférence de presse synodale du mardi 15 octobre. Au cours de celle-ci, en répondant à une question, elle est revenue sur les infanticides pratiqués dans certains tribus amazoniennes, en précisant qu’il s’agissait de questions « très complexes » qui devaient être analysés « sous diverses perspectives », particulièrement en ce qui concerne leur rapport avec le sacré.

    Voici ci-dessous la transcription textuelle de la réponse qu’elle a faite à ce propos, prononcée en langue portugaise avec des traductions simultanées dans d’autres langues.

    Cette transcription est issue de l’enregistrement vidéo de la conférence de presse, de la minute 47’18’’ à la minute 48’17’’.

    « Moi personnellement, je n’ai suivi aucune communauté qui adoptait cette pratique comme une question rituelle ou politique. Il y a certaines communautés qui mettent en place certaines procédures ou certaines initiatives collectives de contrôle des naissances. Tout cela est en lien avec la dimension de la famille et de la taille des groupes. Tout se base sur la conservation, la survie, l’alimentation, le nombre de personnes qui composent le groupe… C’est également très lié aux relations internes, jusqu’à quel point cet enfant, ce vieillard, cette personne adulte est en mesure de suivre le groupe dans ce que sont ses propres mouvements internes. »

    *

    Jusque-là, les déclarations de Marcia María de Oliveira, experte en culture amazonienne, correspondent assez mal avec les éloges appuyés et enthousiastes – avant et pendant le synode – de ce « buen vivir » de ces tribus, qui est décrit dans l’« Instrumentum laboris » comme « harmonie avec soi-même, avec la nature, avec les êtres humains et avec l’être suprême, car il existe une interrelation entre tous les éléments du cosmos, où personne n’exclut personne et dans lequel il est possible de forger entre tous un projet de vie en plénitude »

    Mais ce n’est pas tout. Dans la réponse de Mme de Oliveira, il y a un allusion à l’élimination sélective non seulement des enfants mais également des vieillards, c’est-à-dire à l’objet de la question qui lui avait été posée en conférence de presse par le journaliste suisse Giuseppe Rusconi.

    Quelques jours auparavant, en effet, au cours d’une autre conférence de presse synodale, samedi 12 octobre, Mgr Félix Adriano Ciocca Vasino, l’évêque de São Félix do Araguaia – et successeur de l’ultra-indigéniste Pedro Casaldaliga aujourd’hui âgé de 91 ans – avait déclaré : « Mes indios me disent que les blancs sont cruels parce qu’ils laissent vivre les vieux qui ne sont plus autosuffisants. Et qu’ainsi ils contraignent l’esprit des vieux à rester enchaîné à leur corps. Et leur esprit, ainsi enchaîné, ne peut pas répandre ses bienfaits sur le reste de la famille ».

    Tout cela prononcé avec un détachement imperturbable et sans le moindre jugement de valeur. En poussant jusqu’à l’extrême ce conseil donné par François dans son discours d’ouverture du synode : « Rapprochons-nous des peuples amazoniens sur la pointe des pieds, en respectant leur culture et leur style de ‘buen vivir ‘ ».

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

  • Un chapelet "connecté"

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    Lu sur la Libre de ce jour, p. 3 :

    Le Vatican lance le premier chapelet connecté

    Ce mardi à Rome, le Réseau mondial de prière du Pape a en effet lancé le premier chapelet connecté, proprement dénommé l’eRosary. Il s’agit d’un “dizainier” (un chapelet qui contient dix grains) qui peut être porté comme un bracelet, et qui s’active dès qu’il repère aux mouvements que celui qui le porte fait un signe de croix. Il se synchronise alors avec une application qui propose des contenus personnalisés et des intentions de prières. Plus encore, cet objet au coût de 99 euros (10% des recettes seront reversées pour le développement du Réseau mondial de prière) concentre dans sa petite croix tout l’appareillage informatique nécessaire, et garde en mémoire l’état d’avancement de votre prière. Même si le Vatican réfléchit à la fabrication d’un chapelet connecté en plastique recyclé, on ne jurera pas que ce gadget entre totalement en conformité avec l’appel à la sobriété et à la déconnexion qu’est l’encyclique Laudato Si du Pape sur l’écologie. En présentant l’eRosary, le jésuite Frédéric Fornos a cependant rappelé que le chapelet “ rappelle que la prière est au cœur de la mission de l’Église ”. Certes, la prière du chapelet qu’est le rosaire peut paraître mécanique, a-t-il conclu, mais, “simple et humble”, elle aide “à approcher le cœur de celui de Jésus”.

  • Premier du genre : un documentaire du cardinal Müller

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    Cardinal Gerhard Müller, former prefect of the Congregation for the Doctrine of the Faith, wrote a public testament of faith this winter, which has now been turned into a documentary film.

    Le cardinal Gerhard Müller, ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a écrit un testament public de la foi cet hiver, qui a maintenant été transformé en film documentaire. (Daniel Ibáñez / CNA)

    De Bree A. Dail sur le National Catholic Register :

    Le cardinal Müller commente son "Manifeste" cinématographique

    Arcadia Films a publié le 1er octobre un documentaire sur le Manifeste de la foi du cardinal.

    CITÉ DU VATICAN - Le «Manifeste de foi» du cardinal Gerhard Müller a été transformé en un «documentaire catéchétique». Dans le document, décrit comme un «témoignage public de foi», le cardinal Müller a appelé les fidèles à résister à l'erreur en se ressourçant dans les vérités de la foi catholique.

    «Face à la confusion croissante autour de la doctrine de la foi, de nombreux évêques, prêtres, religieux et laïcs de l'Église catholique m'ont demandé de témoigner publiquement de la véracité de la Révélation», a déclaré l'ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi dans l’introduction de son document, publié en février. «C’est la tâche des bergers de guider ceux qui leur sont confiés sur le chemin du salut. Cela ne peut réussir que s’ils le savent et le suivent eux-mêmes. "

    Considéré comme le premier du genre, ce documentaire a été produit dans le but de présenter le contenu intégral du document du cardinal Müller dans un contexte cinématographique avec sa dynamique.

    Arcadia Films (...) a qualifié le documentaire d '«opéra de la foi». La projection du film a commencé le 1er octobre. Selon Arcadia Films, «Manfesto of Faith» a bénéficié d'une audience de plus de 40 000 vues au cours de sa première semaine.

    Le National Catholic Register a interrogé le cardinal Müller par courrier électronique peu de temps après ses débuts, le 1er octobre, afin de recueillir ses impressions sur la production cinématographique de son travail écrit.

    (L'interview a été modifiée pour le style.)

    Votre Eminence, quelles ont été vos réactions en voyant votre travail écrit "prendre vie"?

    Je suis très impressionné par cette présentation. Elle parle aux cœurs et aux esprits des gens - un moyen moderne et sympathique de communiquer la foi.

    Un sondage récent aux États-Unis suggère que 80% des catholiques ne croient pas en la présence réelle de Jésus dans l'Eucharistie. Un autre sondage a montré que seulement un Allemand sur 10 qui s'identifie comme catholique assiste à la messe une fois par an. Très peu de solutions concrètes ont été proposées pour remédier à cette crise. Comment comptez-vous utiliser ce film dans votre mission apostolique pour le salut des âmes - et comment aimeriez-vous que d'autres prêtres, évêques - même des laïques - l'utilisent (ainsi que votre manifeste)?

    Seuls ceux qui croient sont également dignes d'être crus. Quand nous regardons le «Christ, celui qui est à l'origine de notre foi et celui qui la conduit à sa perfection» (Hébreux 12: 2), nous surmontons nos peurs et nos doutes. Le rationalisme doit également être contré par une argumentation théologique correcte. Aujourd'hui, de hauts responsables de l'Église plantent des arbres pour les médias. Mais il est beaucoup plus important de semer dans les âmes «la graine éternelle de la parole de Dieu qui vit et demeure» (1 Pierre 1:23), afin que les fruits de la foi, de l'espoir et de l'amour y fleurissent. Là où, au lieu de la catéchèse et du travail pastoral, le travail médiatique et politique est déployé, l’Église continue de régresser, même lorsque les franc-maçons, les médias grand public, les lobbyistes de l’avortement et les propagandistes «LGBT» nous louent.

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  • La Vierge de Banneux sera à l'honneur au Vatican le 17 novembre

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    Voilà qui nous changera de la Pacha Mama...

    D'Anne Kurian sur zenit.org :

    Notre Dame de Banneux, Belgique © banneux-nd.be

    Notre Dame De Banneux, Belgique © Banneux-Nd.Be

    Belgique : la Vierge des pauvres à l’honneur au Vatican le 17 novembre

    Pour la Journée mondiale des pauvres

    La Vierge de Banneux sera à l’honneur dans la basilique Saint-Pierre, pour la Journée mondiale des pauvres, le 17 novembre 2019, indique le site de l’Eglise catholique en Belgique.

    Pour l’occasion, l’évêque de Liège sera invité à concélébrer la messe avec le pape François et la statue de la « Vierge des pauvres » siégera dans la basilique vaticane, précise Cathobel.

    L’histoire du sanctuaire de Notre-Dame de Banneux remonte à 1933 : du 15 janvier au 2 mars, la Vierge Marie est apparue huit fois a une fillette de 11 ans, Mariette Béco. Cette qui s’est présentée comme « la Vierge des Pauvres » y a révélé une source, « réservée pour toutes les Nations… pour les malades ».

    Marie a également demandé « une petite chapelle ». « Je viens soulager la souffrance », a-t-elle confié à l’enfant, le 11 février pour le 75e anniversaire de la première apparition à Lourdes.

    Chaque année, précise le site officiel du sanctuaire, des centaines de milliers de pèlerins, viennent, seuls ou en groupe, notamment lors de Triduums de malades, confier à Notre-Dame leurs pauvretés, leurs souffrances, leurs peines, leurs recherches.

    La Journée mondiale des pauvres a été instituée par le pape François à l’issue de l’Année de la miséricorde.

  • "Prêtres, envers et malgré tout ?" (Père Cédric Burgun)

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    Du Père Cédric Burgun :

    Un nouveau livre : « Prêtres, envers et malgré tout ? »

    La figure du prêtre dans notre société est-elle en train de changer ? Après les scandales qui ont abîmé le sacerdoce, la dénonciation du cléricalisme, et l’ignorance de plus en plus grande d’une société envers ceux qui consacrent leur vie à Dieu, quelle est l’espérance des prêtres ? Dans ce dernier ouvrage, « Prêtre envers et malgré tout » (publié aux éditions du Cerf) et préfacé par Mgr Laurent Camiade, Président de la Commission doctrinale des évêques de France, j’ai voulu lancé une sorte de plaidoyer en faveur de la prêtrise. Oui, beaucoup de prêtres sont heureux ; ils aiment ce qu’ils font et la consécration de leur vie. Mais que signifie être heureux ? Le sacerdoce a ses joies et ses peines, comme toute vocation, comme tout métier, comme toute action. On se focalise un peu trop souvent sur la question du bonheur comme si c’était le critère ultime de décision de nos vies. Le Christ n’a jamais promis le bonheur et l’extase à ses disciples …

    Pour présenter mon livre, j’étais l’invité jeudi 12 septembre de la matinale de RCF. Une interview à revoir ici :

    Partant du contexte ecclésial difficile que nous vivons, il est bon de réfléchir à nouveau à nos relations ecclésiales, pour ne passer à côté de souffrances et de difficultés que traversent des prêtres, qui ne sont en rien des abuseurs : oui, il peut y avoir aujourd’hui une difficulté à vivre le sacerdoce dans la société actuelle, qui le méconnait ou le décrédibilise. Et la solitude des prêtres peut rendre le sacerdoce difficile ; et il y a des difficultés. On se focalise beaucoup sur ces questions d’abus, d’autorité, de pouvoir dans l’Église, mais du fait de cela, on a parfois du mal à exprimer le sacerdoce, et à voir quelle est la vocation profonde d’un prêtre, tout comme il peut y avoir un déficit de lieux de parole et de partage, pour des prêtres en souffrance.

    J’ai écrit ce livre pour cela : réfléchir à nos relations ecclésiales, puisque cette difficulté à comprendre le sacerdoce peut se retrouver également dans le peuple de Dieu. Mais ces difficultés ne sont en rien un calvaire, mais une croix puisque la croix est toujours ouverte sur la résurrection et sur la vie, sur un don de soi renouvelé.

    Quant au célibat, que j’aborde également, j’essaie de relire à la lumière des renoncements qu’il implique : non pas d’abord dans l’ordre de la sexualité (il y a suffisamment d’écrits sur cette question) mais dans l’ordre des relations. Oui, il y a plein de prêtres qui le vivent avec joie et don de soi. Et ce don de soi vient témoigner quelque chose de la présence de Dieu. Mais quel renoncement implique-t-il dans une paternité spirituelle bien comprise et bien vécue ? Enfin, j’essaie d’interroger aussi le cléricalisme : certes, il faut le dénoncer, mais j’indique également qu’il ne faudrait pas qu’il devienne comme un nouveau soupçon jeté sur les prêtres. Selon nous, et face au cléricalisme, il faudrait peut-être se focaliser sur la paternité spirituelle des prêtres vécue comme un accompagnement qui permet à l’autre de prendre son envol. En aucun cas, la paternité sacerdotale ne peut être un pouvoir sur les fidèles. C’est bien pour cela que toute paternité est une paternité qui s’efface.

    Père Cédric Burgun

  • Syrie : les chrétiens entre marteau turc et enclume kurde

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    De Philippe Oswald sur le site "La sélection du jour" :

    Syrie : les Chrétiens entre le marteau turc et l’enclume kurde

    Les Kurdes font face courageusement à l’armée turque dans le Rojava, la région qu’ils occupent au nord de la Syrie. L’Occident -qui a beaucoup de choses à se faire pardonner à l’égard des Kurdes depuis un siècle- s’émeut à juste titre des exactions commises par les Turcs et leurs supplétifs arabes sunnites (notamment l’assassinat barbare de la jeune responsable politique kurde Hervin Khalaf). Depuis la fin de la Première Guerre mondiale et malgré le traité de Sèvres (1920) qui leur garantissait un Etat, les Kurdes, aujourd’hui près de 40 millions, sont dispersés entre la Turquie, la Syrie, l’Iran et l’Irak. Le nouvel abandon des Kurdes de Syrie par les Américains et leurs alliés occidentaux, qui s’étaient servis d’eux comme fer de lance contre Daesh, ravive la culpabilité occidentale. Mais ce remords ne doit pas faire oublier le sort des minorités, notamment des Chrétiens pris une nouvelle fois entre le marteau et l’enclume.

    Les Kurdes sont musulmans sunnites à 80%. Les 20% restant forment un patchwork religieux où s’entremêlent adeptes du yârsânisme, du yézidisme, du zoroastrisme, de l’alévisme…plus des Juifs et des Chrétiens … Mais la majorité musulmane kurde a périodiquement interrompu la cohabitation avec les Chrétiens par de violentes persécutions. La plus effroyable des temps modernes fut leur participation comme supplétifs des Turcs au génocide des Arméniens et des Assyro-Chaldéens en 1915. Depuis, dans les régions du sud-est de la Turquie, du nord de la Syrie ou d’Irak, où ils étaient majoritaires, quand ils avaient les mains libres, les Kurdes ont pratiqué plus ou moins violemment l’épuration ethnique dont ils sont à présent victimes de la part des Turcs (le plan d’Erdogan est d’installer dans ce réduit kurde, quelque trois millions de réfugiés arabes sunnites). Même les Arabes syriens sunnites ont été victimes de cette épuration kurde, d’où l’absence de résistance observée ces derniers jours dans certains villages arabes investis par l’armée turque ou par leurs supplétifs. En Syrie sous Assad, comme d’ailleurs en Irak du temps de Saddam, c’était le pouvoir central issu du parti Baas, contrôlé en Syrie par le clan Assad appartenant à la minorité alaouite (une secte chiite hétérodoxe), qui protégeait les chrétiens non par une dilection particulière à leur égard, mais par un jeu d’équilibre entre les minorités permettant de se maintenir au pouvoir.

    Au nord de la Syrie, dès 2012, les Kurdes ont mis à profit les déboires de l’armée régulière syrienne face aux islamistes pour autoproclamer leur autonomie dans le Rojava. Or c’est une région où subsistent des Syriaques catholiques et orthodoxes, et où des chrétiens fuyant Daesh ont trouvé refuge. Mieux valait pour eux cohabiter avec des Kurdes que de supporter l’oppression de l’Etat islamique. Mais cela ne leur a pas épargné vexations et menaces, parfois aussi des affrontements entre leurs milices et les milices kurdes de l’YPG, en particulier dans les villes d’Hassaké et de Qamichli. L’intervention ces derniers jours de l’armée syrienne pour contrer les Turcs au nord de la Syrie est donc a priori une bonne nouvelle pour les minorités qui peuvent nourrir l’espoir de retrouver la protection que leur offrait jadis Damas. Notons que la réconciliation entre Damas et les Kurdes, contraints de renoncer à leur indépendance pour bénéficier du protectorat syrien, est le fruit de la médiation de Vladimir Poutine : encore un coup de maître du stratège du Kremlin !

    Philippe Oswald