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Actualité - Page 902

  • Le secrétaire d’Etat du Saint-Siège, un homme de peu de foi ?

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    Cardinal Zen : « le secrétaire d’Etat du Vatican se trompe » (source)

    Ce qui va suivre est la traduction intégrale d’un article publié en chinois le 5 février sur le blog du cardinal Joseph Zen Zekiun, archevêque émérite de Hong Kong.

    Zen répond aux réactions du Vatican qui ont suivi sa précédente intervention :

    > Risque de Schisme en Chine.  Le cardinal Zen : « Le pape m’a dit… »

    Ces dernières déclarations avaient effectivement donné lieu à une déclaration du directeur de la salle de presse du Vatican, à une interview du cardinal secrétaire d’Etat Pietro Parolin et à des spéculations sur un accord imminent entre le Saint-Siège et la Chine.

    *

    Quatre observations

    de Joseph Zen Zekiun

    Certaines personnes qui me veulent du bien m’ont conseillé de prier plus et de parler moins. Il est juste de prier plus, parce que le Seigneur est notre espérance et que nous avons confiance en l’intercession de la Vierge Marie, la Mère de Dieu.

    On m’a probablement conseillé cela par peur qu’en parlant trop, je risque d’être plus facilement attaqué. Mais je n’ai pas peur, pour autant que mes paroles soient justes et utiles.  À mon âge, peu m’importe de gagner ou de perdre.

    Je veux parler encore parce que j’ai le sentiment que bientôt, je ne pourrai plus parler. C’est pourquoi je vous demande pardon.

    1. Dans la lecture de la messe de ce dimanche, Job doit endurer la longue nuit de la souffrance et il se lamente de ne plus voir le bonheur de ses yeux. Mais le psaume 146 nous invite à louer le seigneur qui guérit les cœurs brisés. Ces derniers jours, les frères et les sœurs qui vivent sur le continent chinois ont appris que le Vatican est sur le point de se rendre au parti communiste chinois et ils se sentent donc mal à l’aise. Vu que les évêques illégitimes et excommuniés seront légitimés tandis que ceux qui sont légitimes seront contraints à se retirer, il est logique que les évêques légitimes et clandestins s’inquiètent du sort qui les attend.  Combien de nuits de souffrance les prêtres et les laïcs endureront-ils à la pensée de devoir s’incliner et d’obéir à ces évêques qui sont aujourd’hui illégitimes et excommuniés mais qui demain seront légitimés par le Saint-Siège, avec l’appui du gouvernement ?  D’autant que le désastre a déjà commencé aujourd’hui, sans attendre demain.  Depuis le 1 février, les nouvelles lois du gouvernement sur les activités religieuses sont entrées en vigueur.  Les prêtres clandestins de Shanghai ont demandé à leurs fidèles de ne plus se rendre à leurs messes sous peine d’être arrêtés s’ils persistaient à le faire !  Mais n’ayez pas peur car le Seigneur guérit les cœurs brisés.

    2. Le secrétaire d’Etat du Saint-Siège a déclaré que « nous connaissons les souffrances endurées hier et aujourd’hui par les frères et les sœurs chinois ». Mais cet homme de peu de foi sait-il ce qu’est une véritable souffrance ? Les frères et les sœurs du continent chinois n’ont pas peur d’être réduits à la pauvreté, d’être mis en prison, de verser leur sang, leur plus grande souffrance est de constater qu’ils sont trahis par les « membres de leur famille ». L’interview de Parolin est truffée d’opinions erronées (en espérant que ses discours soient cohérents avec ses pensées).  Il est indécent de la part d’un haut dirigeant du Saint-Siège de manipuler la lettre [aux catholiques chinois] d’un pape, même s’il s’est retiré, en citant la phrase (4.7) : « la solution des problèmes existants ne peut être recherchée à travers un conflit permanent avec les Autorités civiles légitimes » tout en dissimulant le fait que la lettre poursuit immédiatement en affirmant que « dans le même temps, une complaisance envers ces mêmes Autorités n’est cependant pas acceptable quand ces dernières interfèrent de manière indue dans des matières qui concernent la foi et la discipline de l’Église. »

    Au cours des JMJ en Corée, le pape a déclaré aux évêques asiatiques que « le présupposé du dialogue est la cohérence avec sa propre identité ». Des personnes bien informées aux plus hauts échelons du Saint-Siège déclarent aujourd’hui avec regret que « nous sommes comme des oiseaux en cage mais que la cage pourrait s’agrandir, nous tentons donc d’obtenir le plus grand espace possible ».  Mais le véritable problème n’est pas la taille de la cage mais la question de savoir qui se trouve à l’intérieur.  Les croyants clandestins ne sont pas à l’intérieur de cette cage.  Mais aujourd’hui vous voulez les forcer eux aussi à y entrer pour que eux aussi soient « réconciliés » avec ceux qui sont déjà à l’intérieur !  Certes, il y a dans cette cage des personnes qui y ont été contraintes mais également des personnes serviles et assoiffées de pouvoir qui s’y complaisent.  (J’ai été le premier à dire qu’en Chine, il n’y avait qu’une seule Eglise et que tous les croyants, aussi bien de l’Eglise officielle que de l’Eglise clandestine aimaient le Pape mais aujourd’hui je n’oserais plus affirmer une telle chose).

    Puisque j’ai choisi de privilégier la vérité et la justice (tout ce que je dis part du principe qu’il faut protéger la réputation du pape et afficher clairement la doctrine de l’Eglise), je n’ai pas de problème pour dire que j’ai fait part de mes opinions sur le « dialogue » au Pape François quand il m’a reçu en audience privée il y a trois ans. Le pape m’a écouté attentivement pendant quarante minutes sans m’interrompre.  Au moment où je lui dit que, objectivement parlant, l’Eglise officielle du continent chinois était schismatique (en tant qu’administration autonome indépendante du Saint-Siège mais dépendant du gouvernement), le Pape m’a répondu « Bien sûr! ».

    3. Hier, plusieurs personnes sont venues me trouver ou m’ont téléphoné pour me réconforter après les accusations portées contre moi par le porte-parole du Vatican. Mais ils ont mal compris parce que je n’ai pas besoin de réconfort. Il aurait mieux valu pour eux qu’ils aillent réconforter ce porte-parole. C’est lui qui est un oiseau en cage, contraint à accomplir une mission aussi embarrassante : cette fois il a été très efficace en critiquant immédiatement mon intervention (il a certainement lu ce qui a été écrit par d’autres).  On se souviendra qu’il y a plus d’un an, avant le XIe Congrès des Représentants de l’Eglise catholique chinoise, c’est lui qui déclarait que « le Saint-Siège attend de juger sur base de faits établis ».  Un an plus tard, ils sont encore en train d’attendre avant de tirer les conclusions qui s’imposent.

    4. Le commentateur du « South China Morning Post » mérite également toute notre miséricorde, il trouve chaque jour quelqu’un à critiquer et dont se moquer : c’est certainement un expert qui sait tout et qui pourrait donner son avis sur tous les programmes « de omnibus et aliquibis aliis ». Cette personne a écrit que je préférais la politique à la religion. Je voudrais le réveiller un peu : « Where angels fear to tread, the fools rush in », là où les anges ont peur de tomber, les fous y foncent tête baissée. Lui sait-il bien ce qu’est la religion et ce qu’est la foi ?  Il a dit que j’avais décidé de faire souffrir les croyants du continent chinois.  Mais comprend-il ce qu’est la vraie souffrance pour ceux qui ont la foi ?  Toutefois, la dernière phrase qu’il a dite était juste : « The Vatican has to readjust its wordly diplomacy, whatever its spirituel preferences », le Vatican doit rectifier sa diplomatie terrestre, quelles que soient ses préférences spirituelles.  Mais il ne s’agit pas seulement de préférences, il s’agit de principes non négociables !

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

  • En 2050, pour un Européen de 50 ans, il y aura trois Africains de moins de 30 ans

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    Démographie : en 2050 pour un Européen proche de 50 ans, il y aura trois Africains de moins de 30 ans (source)

    Le journaliste et universitaire Stephen Smith publie un ouvrage saisissant sur la dynamique migratoire africaine. D’une ampleur sans précédent dans l’histoire, elle sera le défi de l’Europe du XXIe siècle.

    Journaliste-écrivain et universitaire, Stephen Smith a tenu la rubrique Afrique de Libération (1988-2000) puis du Monde (2000-2005). Il a travaillé comme analyste pour les Nations unies et L’International Crisis Group [en anglais dans le texte]. Depuis 2007, il est professeur à l’Université de Duke aux États-Unis, où il enseigne les études africaines. Il est l’auteur d’une quinzaine d’ouvrages publiés en France, dont
    Négrologie : pourquoi l’Afrique meurt ou Oufkir, un destin marocain et d’ouvrages coécrits avec Antoine Glaser comme Ces Messieurs Afrique ou Comment la France a perdu l’Afrique.


    Présentation de l’éditeur


    L’Europe vieillit [vrai] et se dépeuple [note du carnet : pas vraiment pour l'instant]. L’Afrique déborde de jeunes et de vie. Une migration de masse va se produire [probablement]. Son ampleur et ses conditions constituent l’un des plus grands défis du XXIe siècle.

    L’Union européenne compte aujourd’hui 510 millions d’habitants vieillissants ; l’Afrique 1,25 milliard, dont quarante pour cent ont moins de quinze ans. En 2050, 450 millions d’Européens feront face à 2,5 milliards d’Africains. D’ici à 2100 [note du carnet : il faut se méfier des projections à 82 ans...], trois personnes sur quatre venant au monde naîtront au sud du Sahara.

    L’Afrique « émerge ». En sortant de la pauvreté absolue, elle se met en marche. Dans un premier temps, le développement déracine : il donne à un plus grand nombre les moyens de partir. Si les Africains suivent l’exemple d’autres parties du monde en développement, l’Europe comptera dans trente ans entre 150 et 200 millions d’Afro-Européens, contre 9 millions à l’heure actuelle.

    Une pression migratoire de cette ampleur va soumettre l’Europe à une épreuve sans précédent, au risque de consommer la déchirure entre ses élites cosmopolites et ses populistes nativistes. L’État-providence sans frontières est une illusion ruineuse. Vouloir faire de la Méditerranée la douve d’une « forteresse Europe » en érigeant autour du continent de l’opulence et de la sécurité sociale des remparts – des grillages, un mur d’argent, une rançon versée aux États policiers en première ligne pour endiguer le flot – corrompt[rait] les valeurs européennes.

    L’égoïsme [... le terme culpabilisant !] nationaliste et l’angélisme humaniste sont uniment dangereux. Guidé par la rationalité des faits, cet essai de géographie humaine assume la nécessité d’arbitrer entre intérêts et idéaux.


    Extraits d’un entretien sur son livre dans le Figaro

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  • Antigone contre Créon

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    Qu’un débat vigoureux sur les enjeux bioéthiques mis à l'ordre du jour Outre-Quiévrain soit lancé par les catholiques français serait tout à leur honneur, même si  la partie est a priori perdue comme le pense Jean-Pierre Denis, directeur du mensuel « La Vie » :

    « Emmanuel Macron a-t-il berné les chrétiens ? Les a-t-il cajolés à coup de laïcité positive ou inclusive, d’honneur rendu au père Hamel, de déclarations ricœuriennes et autres réunions Théodule à l’Élysée ? A-t-il flatté leur besoin de reconnaissance pour mieux les ignorer ensuite ? Si je pose la question de manière volontairement choquante, c’est pour soulever un peu de cette ouate « bienveillante » qui s’abat comme manteau neigeux, assourdissant tout. Pour le dire plus poliment, la façon dont démarrent les États généraux de la bioéthique « interroge ». Le remue-méninges n’est-il que l’habillage du remue-ménage ? Tout se passe comme si un scénario maximaliste était écrit, bien qu’il ne soit jamais assumé.

    Un scénario maximaliste, c’est l’adoption de toutes les réformes sociétales restées dans les tuyaux du précédent quinquennat : PMA, gestation pour autrui, suicide assisté… Les indices se multiplient, même s’il reste difficile de savoir jusqu’où l’histoire est écrite. Prenez le malaise d’Édouard Philippe devant la rédaction de La Vie quand nous avions interrogé sa volonté d’interdire l’exploitation de mères porteuses. Prenez le programme des États généraux de la bioéthique, étendu à l’euthanasie, ce qui n’était pas prévu. Prenez, sans attendre ces débats, la création d’un groupe d’études parlementaire sur la fin de vie, présidé avec la bénédiction de l’exécutif par Jean-Louis Touraine, immunologiste réputé et franc-maçon assumé.

    Tout se passe comme si un scénario maximaliste était écrit, bien qu’il ne soit jamais assumé.

    La société, nous susurre-t-on, est « prête ». Arrêtons de nous mentir : c’est vrai. Même si l’on considère que sondages et médias fabriquent l’opinion et même si, sur le terrain, les Français expriment de tout autres préoccupations, de fait la France a changé. Pour le constater, il suffit de discuter avec des jeunes ou de relever à quel point le mariage pour tous est devenu un sujet de jadis. Le principe libéral de tolérance – « laissez-moi vivre ce que je veux, je vous laisse vivre ce que vous voulez » – suffit à clore la plupart des débats. Nous acceptons ou nous approuvons des transformations que nous refusions il y a moins d’une génération. Ajoutons que le point de vue catholique est devenu culturellement minoritaire, y compris… parmi les personnes se réclamant de cette culture, même peut-être parmi les pratiquants.

    Longtemps l’Église a cru pouvoir « peser ». C’est fini. Les logiques frontales type « Manif pour tous » ont profondément creusé le fossé entre le monde catholique et une bonne partie de la société, et durablement divisé de nombreuses communautés. Ne parlons même pas du complexe sénescent de la « forteresse assiégée » ! Quant aux solutions subtiles, type loi Leonetti, elles sont remises en cause sitôt après avoir été unanimement adoptées. La prétention de l’Église catholique à porter le bien commun n’est plus ni réaliste ni crédible, comme le lui font sans cesse remarquer, non sans hargne mais non sans raison, beaucoup de partisans de la révolution en marche. Quant à l’illusion selon laquelle un gouvernement souriant est un gouvernement qui écoute, elle se dissipe sous nos yeux.

    D’une certaine façon, cela clarifie le problème, en le dépolitisant. Je ne prêche pas le renoncement. « Le chrétien doit crier. Nous n’avons pas besoin de son sourire. Nous avons besoin de son cri. Cela consiste à rester lui-même, c’est-à-dire à rejeter sans nuance absolument toutes les idéologies modernes », nous demandait Albert Camus (l’Incroyant et les Chrétiens, 1946). Je ne prêche pas non plus la résignation, mais la libération. Le but n’est plus de peser, de compter ou de marchander, mais de privilégier l’exemplarité, l’espérance, la charité. Il est temps que les chrétiens renoncent à leur fantasme d’influence et de puissance, ces illusoires mondanités.

    Ref. Bioéthique : Macron a-t-il berné les chrétiens ?

    Posons la question autrement: quel rôle prophétique pour l’Eglise aujourd’hui ? Dans une lettre étonnante adressée au pape Paul VI en 1977, Pier Paolo Pasolini écrivait : « Dans le cadre d’une perspective radicale, peut-être utopiste ou dirigée vers la fin des temps, ce que l’Eglise devrait faire pour éviter une fin sans gloire est clair. En un tel combat, qui au demeurant remonte à une longue tradition, jusqu’à la lutte de la papauté contre l’empire séculier, l’Eglise pourrait rassembler toutes les forces qui ne veulent pas se courber contre la nouvelle domination… »  

    A  vingt ans de distance, en 1997 Joseph Ratzinger, futur Benoît XVI, répond en écho à ce communiste hors normes :

    « Il y a beaucoup de vrai là-dedans. Le caractère inactuel de l’Eglise, qui cause d’une part ses faiblesses –elle est refoulée à l’écart- peut aussi être sa force. Sans doute les hommes peuvent-ils sentir qu’il est nécessaire de s’opposer à l’idéologie banale dominant dans le monde, et que l’Eglise peut précisément être moderne en étant antimoderne, en s’opposant à l’opinion commune 

     « A l’Eglise incombe un rôle de contradiction prophétique, et elle doit aussi en avoir le courage. C’est le courage de la vérité –même s’il semble plutôt nuire tout d’abord en diminuant la popularité de l’Eglise et en la refoulant pour ainsi dire dans un ghetto –qui est en réalité sa grande force.

    « Je ne voudrais toutefois pas réduire la mission de l’Eglise à une simple attitude d’opposition. Elle participe toujours essentiellement à une édification positive. Elle cherche toujours à agir positivement, afin que les choses trouvent leur véritable forme. Elle ne devra donc pas se retirer dans une attitude d’opposition générale, mais voir très exactement les points où elle doit offrir de la résistance et ceux où elle doit aider, apporter du renfort, aider à porter, où elle doit dire oui, où elle doit dire non, afin de défendre sa propre essence » (Joseph Ratzinger, Le sel de la terre, Flammarion/Cerf, mars 1997, p. 231 et sq.).

    JPSC

  • Fusionner l'ULB avec l'UCL ?

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    Pour l'UCL, l'aboutissement d'un processus de sécularisation où elle aurait définitivement perdu son âme ? En tout cas, l'ULB crie victoire en constatant la laïcisation de fait de toutes les universités. Lu sur L’Echo du 3 février, p. 16 :

    Fusionner l'ULB et l'UCL : On manque de moyens, pas de taille critique... 

    L'idée: fusionner l'ULB avec l'UCL et créer l'European University of Brussels à rayonnement international, et créer l'University of Wallonia où chaque membre se focalise sur ses spécialités. Parole à Monsieur l'ambassadeur. Christian Homsy, patron de Ceylad, est convaincu que le monde universitaire doit dépasser les "professions de foi laïque ou catholique" pour se positionner comme "fer de lance de la réflexion d'avant-garde".  …

    Qu'en disent les principaux acteurs du monde universitaire? "C'est une excellente chose de pouvoir penser hors des cadres habituels, la proposition est intéressante, un peu décapante mais stimulante", confie Vincent Blondel, recteur de l'UCL. Avec son homologue de l'ULB, Yvon Englert, ils se réjouissent de constater que l'enjeu universitaire se retrouve au coeur de discussions relatives au développement de la Wallonie et de Bruxelles. … Mais ici s'arrête la diplomatie. "En matière d'enseignement et de recherche, la masse n'est une garantie ni de qualité ni de rayonnement international, précise Vincent Blondel. Les universités européennes les plus recherchées, Oxford ou Cambridge par exemple, présentent des tailles inférieures ou égales à celles de l'UCL et de l'ULB".  …

    La question des réseaux philosophiques n'est toutefois jamais évoquée spontanément par les recteurs que L'Echo a contactés. "Toutes les universités sont laïcisées, estime Yvon Englert. Ce combat-là, l'ULB peut estimer qu'elle l'a gagné. La concurrence entre les universités est le résultat d'une politique de marché plus qu'autre chose. Aujourd'hui, plus personne ne se retranche derrière le dogme pour affronter une question scientifique." Vincent Blondel ne perçoit pas non plus de "dynamique de pilier". "Nous n'avons pas attendu votre dossier pour organiser des collaborations avec l'ULB, précise le recteur de l'UCL. Les deux universités recrutent abondamment l'une chez l'autre et les chercheurs travaillent ensemble dans le cadre de copublications qui sont très nombreuses..." Le recteur estime que les "affinités de projets" ont largement pris le pas sur les considérations philosophiques même si chaque université conserve et son histoire et sa culture.

  • Ars bene moriendi

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    Notre-Dame_du_bien_mourir_(XIIIe_s.),_abbaye_bénédictine_de_Fontgombault_(36)_.jpgSi l'on ne se prépare pas à la mort de notre vivant, nous aurons bien du mal à le faire à la fin de notre vie. La façon dont les moines appréhendent la vieillesse est riche d'enseignements, comme l'explique Nicolas Diat, auteur d'un récit poignant sur le sujet. Il écrit : « Quand on s'y prépare, la mort s'impose comme une évidence simple et belle » Propos de l’auteur recueillis par Jérôme Cordelier pour « Le Point » :

    « Le journaliste Nicolas Diat, biographe de Benoît XVI et co-auteur avec le cardinal Robert Sarah de plusieurs livres à succès, a passé plusieurs mois derrière les murs de huit des plus grands monastères de France pour interroger des moines en fin de vie et ceux qui les accompagnent sur cette dernière étape terrestre. Son récit, minutieux et délicat, sorti cette semaine (1), est poignant et, bien au-delà des hauts murs de Citeaux, de La Grande Chartreuse ou de Solesmes, chemin faisant, à petites touches, ce sont les rapports que nos sociétés dites modernes entretiennent non seulement à l'au-delà et à la foi mais aussi, de manière plus générale, au corps, à la douleur, à la vieillesse qui sont interpellés dans cet ouvrage. Sur ces sujets, les moines ont beaucoup de choses à nous transmettre, et leurs témoignages prennent un relief particulier alors que les Ephad se retrouvent sur la sellette de l'actualité. C'est pourquoi nous avons voulu demander à Nicolas Diat de se faire leur interprète.

    Le Point : Les traitements déplorables des personnes âgées dans les Ephad provoquent en ce moment une vive émotion dans l'opinion publique. Quels enseignements pouvons-nous tirer de l'expérience des moines que vous avez approchés ?

    Nicolas Diat : J'ai été frappé par la manière dont les moines s'occupaient de leurs malades et de leurs frères âgés, pour lesquels ils font preuve d'une attention permanente. Il y a chez eux une logique de gratuité parfaite. Les religieux âgés bénéficient de soins à faire pâlir d'envie toute personne travaillant en Ephad ou dans une unité de soins gériatriques. Il s'agit avant tout d'un accompagnement humain, d'une présence continue, d'une amitié fraternelle. Dans un monastère, un religieux malade n'est jamais laissé seul. Quand, frappé par une leucémie arrivée à son dernier stade, le père-abbé émérite de l'abbaye de Mondaye part à l'hôpital de Caen, ces frères, les Prémontrés, choisissent de ne jamais l'abandonner. Ils sont trente-cinq. Jour et nuit, toutes les trois heures, ils se relaient à son chevet. Le problème devient simple : accompagner une personne, c'est avant tout un investissement. Le père infirmier de l'abbaye de Solesmes me racontait les heures qu'il a passées avec un moine atteint d'une forme de la maladie d'Alzheimer. Il se retrouvait chaque jour en face d'une personne qui ne parlait plus et qui était complètement dépendante dans ses actes les plus quotidiens. Il me disait que s'il n'y prenait garde, la routine pouvait conduire à bien des négligences. Chaque matin, il devait s'efforcer de reconsidérer le patient comme une personne, en se concentrant pour ne pas agir à la va-vite, en réfrénant son désir de rejoindre une activité plus gratifiante. Les soins sont un combat de chaque heure. Le mot de « frère », dans cette communauté d'hommes, prend tout son sens, dans le visage du moine meurtri par la disparition du camarade, de l'ami, du proche. Elle est un peu à l'image de la communauté humaine. C'est une chaîne à travers les temps ; c'est l'homme continu de Pascal. Dans ces communautés, on perçoit les doutes, la foi, la tristesse, mais jamais l'abandon parmi ces hommes qui se soutiennent.

     

    En clair, les moines font corps avec le malade, et cette proximité vaut acte thérapeutique…

    Les enjeux du débat sont évidents : comment rester le plus proche du malade ou de celui qui va mourir ? Comment s'investir par la présence ? Comment rassurer celui qui va partir ? Quand les frères envoient l'un des leurs à l'hôpital, ils ne se déchargent pas pour autant sur l'institution. Ils n'attendent pas des infirmières qu'elles fassent tous les soins pour eux. Ils prennent leur part.

    Que nous apprennent ces moines sur notre rapport à la vieillesse et à la mort ?

    Le père-abbé de l'abbaye de Fontgombault, dans le Berry, aime à décrire le paradoxe moderne qui nous entraîne à imaginer que nous allons réfléchir à notre mort à la toute fin de notre vie, lorsque nous serons malades, dépendants et, parfois, privés de notre discernement. Or, si l'on ne se prépare pas à la mort de notre vivant, nous aurons bien du mal à le faire à la fin de notre vie. Les moines ont tellement pensé la question de la mort qu'à l'instant de partir, elle n'en est plus une : la chose s'impose comme une évidence simple et belle.

    La fréquentation de ces moines en fin de vie a-t-elle changé votre rapport personnel à la maladie, la vieillesse, la mort ?

    J'ai beaucoup travaillé avec les pères infirmiers, qui parfois sont des médecins de formation. Et j'ai été frappé par la paix qui les habite. Ils ne parlent jamais de tristesse, on les voit peu pleurer. Parce que pour eux, répétons-le, la mort fait partie de la vie. Les monastères ont leurs singularités, liées à leur histoire particulière. S'y côtoie une multiplicité de destins, d'histoires et de parcours personnels singuliers mais ces lieux sont tous habités par une même paix. En les rejoignant, j'avais l'impression de partir aux marges. Mais, en fait, les monastères sont au centre de la vie, en phase avec les problèmes les plus humains. Je partais en dehors du monde, derrière les hauts murs des clôtures et, chemin faisant, je me retrouvais au centre de la vie.

    (1) « Un temps pour mourir, derniers jours de la vie des moines », par Nicolas Diat, Fayard, 226 pages, 20,90 euros

    Ref. Nicolas Diat : « Quand on s'y prépare, la mort s'impose comme une évidence simple et belle »

    Dans l'église abbatiale de Fontgombault, les moines viennent s'agenouiller tous les soirs devant la belle statue médiévale de "Notre-Dame du Bien mourir".

    JPSC

     

  • Les cathos minorisés risquent-ils de dériver en secte ?

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    Cathos minoritaires : le risque de la ghettoïsation?

    Débat entre Patrice de Plunkett et Antoine-Marie Izoard.

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    09H10 - 10H00 - Religions du monde - Parties 1 et 2

    La déchristianisation de la France provoque chez certains catholiques un réflexe de raidissement identitaire amplifié par l’angoisse du déclassement, la peur de l’islam et l’arrivée des migrants. C’est ce phénomène de repli sur soi que pointe du doigt Patrice de Plunkett, dansson dernier livre «Cathos ne devenons pas une secte» (Salvator). Patrice de Plunkett qui invite les cathos à se mettre dans les pas du pape François pour vivre le message évangélique. Le déclin du christianisme est le sujet de plusieurs titres en librairie : «A la droite de Dieu» (Cerf), de Jérôme Fourquet (IFOP), «Comment notre monde a cessé d’être chrétien : anatomie d’un effondrement» (Seuil), de Guillaume Cuchet, et «Le pari chrétien», de François Huguenin (Tallandier). L’hebdomadaire Famille chrétienne, qui inaugure une nouvelle formule, se fait l’écho de cette nouvelle donne dans son dossier «l’Actu de la semaine». Dans le débat avec Patrice de Plunkett, le directeur de la rédaction de l’hebdomadaire Antoine-Marie Izoard récuse l’idée d’un monde catholique qui vivrait assiégé.

  • Des personnalités homosexuelles opposées à la PMA et à la GPA

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    Une tribune publiée sur le site "Figaro Vox" :

    «En tant qu'homosexuels, il est de notre devoir de prendre position contre la PMA et la GPA»

    FIGAROVOX/TRIBUNE - Alors que les opposants à l'extension de la PMA sont souvent accusés d'homophobie, plusieurs homosexuels refusent de «servir de caution morale» pour justifier la «réification de la femme et de l'enfant». Pour eux, la question n'est pas celle de l'égalité, mais du risque d'aliénation de l'humain par la technique.

    Jean-Mathias Sargologos est diplômé en science politique et de HEC-Montréal, étudiant aux cycles supérieurs en histoire de l'art, et journaliste.

    Sébastien de Crèvecoeur est normalien (Ulm), ancien professeur de philosophie, chercheur en management, et consultant en art.

    Jacques Duffourg-Müller est critique musical.

    Le jeudi 18 janvier se sont ouvert les États généraux sur la bioéthique où il sera officiellement discuté de l'ouverture de la PMA aux couples de femmes, c'est-à-dire une PMA sans père, et officieusement de la question de la légalisation de la GPA (qui, bien que concernant tous les couples, devrait aussi permettre aux couples homosexuels hommes de «concevoir» un enfant). C'est en tant qu'homosexuels que nous souhaitons aujourd'hui prendre position contre ce que nous estimons être de graves dérives, réalisées au nom d'un individualisme exacerbé et contre ce qui n'est rien d'autre qu'une tentative de briser l'interdit entourant la réification du corps humain. Notre démarche s'inscrit par ailleurs dans une volonté de briser le monopole des associations dites LGBT, représentantes autoproclamées des personnes homosexuelles, dans leur prétention à incarner l'ensemble des voix de celles-ci. Face à la gravité de la situation et des enjeux éthiques soulevés, nous estimons qu'il est de notre devoir de citoyens et de notre responsabilité morale de prendre publiquement position afin de faire entendre une voix alternative et raisonnable.

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  • Le pape est-il bien renseigné ?

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    Lu sur le site du journal Metro (Montréal) :

    Le pape François est-il mal renseigné?

    VATICAN — Que sait exactement le pape François de ce qui se passe au sein de son Église catholique de 1,2 milliard de fidèles?

    Cette question est sur toutes les lèvres depuis que le pontife a semblé ignorant du scandale sexuel qui ébranle l’Église chilienne, ce qui a terni sa récente visite de trois jours dans ce pays et l’a contraint à s’excuser peu après.

    La même question a été soulevée quand il a soudainement décidé de virer un dirigeant respecté de la banque du Vatican.

    Elle a ensuite refait surface quand un cardinal lui a reproché de ne pas se rendre compte que ses propres diplomates «trahissaient» l’Église catholique souterraine en Chine à des fins politiques.

     

    Des observateurs du Vatican se demandent maintenant si le pape François reçoit suffisamment de ces informations de haute qualité dont les dirigeants de la planète ont besoin, ou s’il choisit plutôt de se fier à son instinct et à son propre réseau d’informateurs qui lui refilent des informations clandestinement.

    Depuis son élévation à la papauté il y a cinq ans, le pape a créé une structure de renseignement informelle qui se frotte souvent aux instances vaticanes officielles. Cela inclut un petit «conseil de cuisine» de neuf cardinaux qui se rencontrent tous les trois mois au Vatican et qui ont l’oreille du pape, en plus des breffages normaux qu’il reçoit des responsables du Vatican.

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  • Le Pape regrette que ceux qui luttent pour la vie soient si peu nombreux

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    De Cyprien Viet sur le site Vatican News :

    Le Pape François invite à s’investir dans la défense de la vie

    En évoquant la Journée pour la Vie organisée ce dimanche en Italie, François s’est attristé du manque de personnes mobilisées sur ces enjeux.

    Outre sa catéchèse et son annonce de la convocation d’une journée de prière pour la paix, au terme de l’Angélus, François s’est également associé à la Journée pour la Vie organisée ce dimanche en Italie. S’associant au message des évêques italiens, il a adressé ses encouragements aux «différentes réalités ecclésiales qui de nombreuses façons promeuvent et soutiennent la vie», notamment le Mouvement pour la vie.

    Sortant de son texte, le Pape a toutefois dit regretter que ceux qui luttent pour la vie soient si peu nombreux. «Ceci me préoccupe», s’est attristé François, «dans un monde où chaque jour on construit plus d’armes, chaque jour on fait plus de lois contre la vie, chaque jour on avance avec cette culture du déchet, d’écarter ce qui ne sert pas, ce qui gêne. S’il vous plait, prions pour que notre peuple soit plus conscient de la défense de la vie dans ce moment de destruction et d’exclusion de l’humanité», a lancé François dans un appel improvisé et vibrant.

  • La violence de l'islamisme doit-elle conduire à jeter l'opprobre sur toutes les religions ?

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    Michel De Jaeghere : Quand Rémi Brague pulvérise les dogmes relativistes

    FIGAROVOX/CHRONIQUE - Rémi Brague explore le sophisme qui tend à confondre toutes les religions dans une même réprobation en projetant sur elles la violence de l'islamisme.

    Michel De Jaeghere est directeur du Figaro Histoire et du Figaro Hors-Série. Dans le Figaro Histoire de février-mars 2018, il signe sa chronique «À livre ouvert» sur le dernier essai de Rémi Brague, Sur la religion. À commander en ligne sur la boutique du Figaro.

    Rémi Brague n'a pas de chance, et il doit lui arriver de ressentir comme une fatalité sa situation. Philosophe, servi par une érudition immense, une acuité dans l'analyse que colore un regard d'une humanité profonde, il s'efforce depuis quarante ans d'affiner de manière toujours plus juste et plus subtile nos connaissances sur l'interaction de la métaphysique et de la culture, la place des traditions religieuses dans l'essor des civilisations, l'actualité de la pensée antique et médiévale, les dangers que représentent les ruptures de la modernité. Venu trop tard dans un monde trop vieux, il doit confronter sa pensée avec les slogans, les idées toutes faites que répandent à foison des leaders d'opinion peu curieux de ces subtilités.

    La nocivité générale du «fait religieux», sa propension à susciter intolérance, guerre et persécutions, à maintenir dans l'obscurantisme des peuples qui ne demanderaient, sans lui, qu'à s'épanouir au soleil de la raison pure et au paradis de la consommation de masse, fait partie de ces évidences indéfiniment ressassées. C'est à elle qu'il s'attaque dans Sur la religion , son dernier essai, en montrant qu'elle relève de la paresse intellectuelle ou de l'ignorance, quand elle ne sert pas de paravent à notre lâcheté: «Pour fuir la peur que [l'islam] suscite, remarque-t-il, une tactique commode, mais magique, consiste à ne pas le nommer, et à parler, au pluriel, des religions. C'est de la même façon que, il y a quelques dizaines d'années, on préférait, y compris dans le milieu clérical, évoquer les dangers que représentaient “les idéologies” pour ne pas avoir à nommer le marxisme-léninisme.»

    Que d'autres religions que l'islam aient été parfois associées à la violence, Rémi Brague se garde certes de le nier. Que le meurtre et la guerre soient les inévitables conséquences de la croyance en un Dieu créateur auquel on rende un culte et qu'on s'efforce de prier dans l'espérance d'un salut qui dépasse notre condition mortelle, voilà qui demande des distinctions plus exigeantes. Explorant les relations de ceux que l'on désigne, non sans ambiguïtés, comme les trois grands monothéismes - le judaïsme, le christianisme et l'islam - avec la raison, la violence et la liberté, scrutant les textes saints et les fondements du droit, évaluant les pratiques (le crime d'un adepte n'engage pas nécessairement sa croyance, s'il l'a commis pour d'autres motifs, ou des motifs mêlés, ou en violation manifeste de la morale qu'induit la religion injustement incriminée), il montre au prix de quels amalgames on est parvenu à jeter le discrédit sur une aspiration qui est au fond de l'âme humaine et dont on a le témoignage depuis quelque trois cent mille ans.

    Dans la multiplicité des pistes de réflexion ouvertes par ce livre provocateur - au meilleur sens du terme -, l'une des plus fécondes se trouve sans doute dans la comparaison qu'il risque, après Benoît XVI, des relations entre foi et raison dans le christianisme et l'islam. Le premier, souligne-t-il, admet avec Pascal que si la raison permet de pressentir l'existence d'un Dieu créateur, elle est, seule, incapable d'accéder à des vérités qui la dépassent. Il lui faut le secours de la grâce: ce qu'on appelle la foi. Mais le chrétien peut et doit ensuite faire usage de sa raison pour ce qui relève de son ordre: la connaissance des choses et le choix des actions conformes à la justice, à l'accomplissement de sa nature, sous le regard de sa conscience. Pour le musulman, nous dit-il, c'est l'inverse. L'existence de Dieu a le caractère d'une évidence, que la raison devrait suffire à attester: cela rend inexcusable l'incrédulité. La raison est en revanche impuissante à découvrir par elle-même les comportements que ce Dieu transcendant, muet, inatteignable attend de sa créature. Elle devra dès lors s'en remettre aveuglément à la loi qu'Il a lui-même dictée à son prophète dans le Livre où a été recueillie une parole incréée, irréformable, indiscutable. La première conception fonde le droit naturel, clé de voûte de notre liberté face à l'arbitraire, dans la mesure où il déduit, de notre condition de fils de Dieu, les droits et les devoirs qui s'attachent à la créature. La seconde justifie l'application - toujours et partout - de règles de comportement conçues pour des Bédouins illettrés dans l'Arabie du VIIe siècle: la charia.

    La facilité qui conduit trop souvent, sous couvert de neutralité, intellectuels et responsables à traiter des différentes religions comme d'un phénomène interchangeable et, après en avoir utilisé les dérives pour disqualifier le christianisme, à se les représenter avec ses catégories pour plaquer sur l'islam des caractères qui lui sont profondément étrangers ne se révèle plus seulement, à la lecture de ce livre, comme une manifestation de pusillanimité: bien plutôt comme une utopie mortifère.

     

    Sur la religion , de Rémi Brague, Flammarion, 256 pages, 19 €.

  • Valaam : un monastère russe qui fascine

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    La résurrection du christianisme en Russie après 70 ans de congélation soviétique devrait interpeller l’Occident apostat et l’Eglise romaine postconciliaire.

    JPSC

  • Inde : 63 millions de filles manquent à l'appel

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    De Clément Daniez sur le site de l'Express :

    La société indienne a fait disparaître 63 millions de filles et c'est un drame

    La population indienne compte trop de garçons. La faute aux avortements sélectifs, qui produisent ce déséquilibre démographique majeur aux effets délétères.

    C'est l'équivalent de la population métropolitaine française. 63 millions de filles "manquent" à la population indienne, selon le rapport économique annuel du gouvernement, publié lundi. Profitant des progrès technologiques, la sélection biologique prend des proportions folles dans le deuxième pays le plus peuplé de la planète, qui compte aujourd'hui 1,3 milliards d'habitants. 

    LIRE AUSSI >> Inde: la revanche amère des jeunes filles 

    "Est-ce un garçon ou un avortement?" La réplique de l'odieux personnage joué par le comique Sacha Baron Cohen dans le film Le Dictateur reflète la triste réalité indienne. Pour éviter d'élever une fille, après avoir déterminé le sexe grâce à une échographie précoce pourtant illégale, de nombreuses familles ont recours à l'IVG.

    L'interruption volontaire de grossesse n'explique pourtant pas seule ce ratio. La négligence plus forte envers un nourrisson fille, parfois moins bien nourrie ou soigné que ne l'aurait été un garçon, induit une surmortalité au cours du premier âge de la vie. 

    Marché matrimonial perturbé

    Les projets familiaux s'arrêtent bien souvent au nombre souhaité de garçons. "Dans certaines parties de l'Inde, une famille sans garçon est considérée comme incomplète. Si une famille compte deux filles, elle va tricher pour favoriser la naissance d'un garçon, ce qui aggrave le rapport de masculinité général, explique Christophe Guilmoto, démographe au Centre population et développement de l'Institut de recherche pour le développement (IRD). Les familles qui se livrent à cette pratique estiment qu'il s'agit d'un rattrapage et ne voient pas où est le problème."

    Le déséquilibre se perpétue ainsi avec des conséquences sociales de long terme. "Ce surplus d'hommes qui vont à tout prix essayer de se marier, en particulier de 25 à 40 ans, perturbe le marché matrimonial, précise Christophe Guilmoto. La pression est d'autant plus forte que le mariage est un impératif social en Inde, où le célibataire est vu comme quelqu'un qui a raté sa vie." Cela touche en particulier les plus pauvres, sans ressources ou biens à faire valoir, condamné pour certains à un célibat forcé.

    Prédations sexuelles

    Ce phénomène n'est pas près de régresser. L'Inde procède à un grand recensement national tous les dix ans. Celui de 2011 faisait état de 914 filles pour 1000 garçons contre 927 dix ans plus tôt. Et selon le ministère de la statistique, le déclin pourrait s'agraver à 898 filles pour 1000 garçons en 2031.

    Une étude de 2002 régulièrement citée, "Un surplus d'hommes, un déficit de paix", conclut que ce manque de candidates au mariage provoque une hausse des crimes commis par de jeunes hommes sans épouse, en particulier le viol. Devant son compagnon impuissant, le viol sauvage d'une étudiante par six jeunes hommes originaires de zones rurales pauvres, à bord d'un bus en mouvement à Delhi avait suscité l'horreur en décembre 2012.

    "Ces célibataires sont vus comme une menace pour les femmes alors qu'émerge un nouveau marché sexuel, quand auparavant la sexualité était liée au mariage, décrypte Christophe Guilmoto. Les femmes travaillent et sortent du rôle familial auquel elles étaient cantonnées. A cela s'ajoute la vie urbaine, l'accès à la pornographie et le fait qu'hommes et femmes se côtoient plus qu'avant dans l'espace public. Le facteur démographique n'en est qu'un parmi d'autres."

    Un déséquilibre parti pour durer

    Conséquence des conséquences, le gouvernement indien tente de lutter contre ce déficit à coup de sanctions et d'incitation. L'avortement sélectif est prohibé -sans grand effet- depuis 1994, tandis que la détermination du sexe avant la naissance peut être puni de cinq ans de prison. Des interdits que les familles arrivent aisément à contourner: les échographies de détermination du sexe d'un foetus restant un juteux business. 

    LIRE AUSSI >> Inde: le pays qui ne veut pas de filles 

    Le Premier ministre indien Narendra Modi a ainsi "supplié d'épargner la vie des filles" au lancement d'une campagne nationale intitulée "Sauvez vos filles, éduquez vos filles", en 2015. Mais le gouvernement s'avère au final bien impuissant. "Les populations se gouvernent elles-mêmes avec un arbitrage sur des temps courts. Modi n'est qu'un lointain arbitre de ses choix, constate Christophe Guilmoto. Les politiques natalistes ne portent leurs fruits que sur un temps très long." Le manque de filles n'est donc pas près de se résorber. Ni ses délétères effets de cesser.