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Belgique - Page 4

  • Liège : le samedi 30 novembre à 16h00, en Avent vers Noël à l’église du Saint-Sacrement (Bd d’Avroy, 132)

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    Concert le 30/11/2024 à l'église du Saint-Sacrement. Un bain de musique sacrée et profane célébrant la solennité de la fête dans le cadre magnifique de l'église. Musique du XVIII° à nos jours: Telemann - Bach - Rameau - Händel - Jenkins...

    Le Choeur de Chambre Praeludium est un ensemble vocal dont les membres sont issus en majorité des classes de chant des académies. Il se produit régulièrement à Liège et dans le reste de la Belgique. Son répertoire est varié, allant de la musique ancienne à la musique contemporaine. Le choeur est dirigé par Patrick Wilwerth et se produit plusieurs fois par an. Il est connu pour sa convivialité, son sérieux et son travail, ainsi que pour sa recherche d'authenticité. Il collabore avec d'autres artistes pour offrir des concerts aux thématiques variées. Il est accompagné cette fois de Jean-Bernard Barnabé à la flûte, Armand Rahier au hautbois et bien sûr Patrick Wilwerth à l'orgue.

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  • Le cardinal De Kesel, chantre de la culture séculière

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    De Stefano Fontana sur la NBQ :

    De Kesel à Bologne se fait le chantre d'un monde qui « convertit » l'Église

    La modernité nous a enfin fait comprendre l'Évangile : la « culture séculière » est une tournure positive pour le cardinal belge, qui oublie qu'une société sécularisée n'est pas neutre par rapport à Dieu, mais qu'elle est sans Dieu. C'est aussi cela la mondanité.

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    Le 30 octobre, l'inauguration de l'année académique de la Faculté de théologie d'Émilie-Romagne a eu lieu à Bologne, en présence du Chancelier, le cardinal Matteo Zuppi. La Prolusion a été lue par le cardinal Jozef de Kesel, archevêque émérite de Malines-Bruxelles. Sa Lectio avait pour titre : « Believers in a world that is no longer Christian » (Croyants dans un monde qui n'est plus chrétien), qui rappelle le titre d'un de ses livres récemment publié par la Libreria Editrice Vaticana, Christians in a world that is no longer Christian (Chrétiens dans un monde qui n'est plus chrétien). Il s'agit d'une intervention très claire qui présente les raisons du « changement d'époque » évoqué par François, un changement d'époque de l'Église ou, si l'on veut, une nouvelle Église. Le ton humblement feutré sur lequel elle a été prononcée n'a pas atténué, voire accentué la radicalité de la proposition du cardinal, que nous pourrions résumer ainsi : la sécularisation exige une Église présente sous forme d'absence, une Église utile précisément dans son inutilité, une Église qui rencontre l'autre uniquement pour le rencontrer, sans lui demander de changer quoi que ce soit.

    De Kesel affirme que la « religion culturelle » propre au christianisme a été remplacée par une culture séculière à l'ère moderne. Si, dans la version prémoderne, la religion imprégnait toute la culture, le pluralisme religieux et la tolérance propres à la modernité rendent cette situation providentiellement impossible dans les faits et injuste en droit, car elle ne respecte pas la liberté et la diversité. La culture laïque rejette la religion culturelle mais n'est pas sans religion, elle n'empêche pas d'être chrétien, elle est seulement pluraliste et respectueuse de la liberté.

    Ce changement d'époque ou « révolution copernicienne », selon de Kesel, est bon pour l'Eglise, qui n'est pas elle-même appelée à donner naissance à une religion culturelle. Pour lui, les religions culturelles, ou les cultures religieuses, sont dangereuses parce qu'elles n'admettent pas les minorités. Certes, la culture laïque se transforme parfois en laïcité et œuvre alors à la disparition des religions, mais la laïcité est une chose différente de la sécularisation. La transition de l'époque a fait prendre conscience à l'Église qu'elle n'est pas appelée à vivre dans « son » monde, dans un monde chrétien, mais dans le monde, comme peuple de Dieu parmi les nations. Vatican II ne parle plus d'Église et de monde, mais d'Église dans le monde. Le monde séculier n'est pas sans Dieu, il a été créé par Lui et aimé par Lui au point de donner son Fils unique. L'Église ne doit pas « conquérir » mais seulement être présente, elle tend la main à tous mais ne veut pas être tout, elle rencontre l'autre mais pas pour le faire changer d'avis mais seulement pour le rencontrer sans arrière-pensée, l'Église partage. Le salut est l'œuvre de Dieu et non de l'Église. Grâce à la modernité, l'Eglise a ouvert les yeux et compris l'Evangile. Une Église « cléricale », au-dessus du monde, qui n'écoute pas parce qu'elle sait déjà tout, n'a pas besoin de se convertir, c'est-à-dire de comprendre qu'elle est un « signe » qui, en tant que tel, n'a pas besoin de faire du chiffre.

    La principale caractéristique de cette Lectio magistralis d'un cardinal d'une Église qui ne veut plus dominer, cette élaboration culturelle pour dire que l'Église ne devrait pas avoir de culture, est d'exposer sans tentative de médiation l'une des deux visions théologiques rivales d'aujourd'hui. En ce moment, c'est peut-être celle qui domine : encore une bizarrerie pour une Église qui ne veut plus dominer. En prenant cette position, le cardinal a condamné les principes de l'autre vision : ce n'est pas rien pour une Église qui ne veut plus condamner. Dans l'Église de la rencontre, l'autre vision ne se rencontre pas.

    Le cardinal expose une conception déformée du christianisme et de la modernité. Dans la première, l'Église envahirait tous les aspects de la culture en imposant une culture religieuse totalitaire qu'il assimile imprudemment à l'islam. En réalité, dans la chrétienté, il y avait une distinction des pouvoirs et l'influence de la religion sur la politique et tous les aspects de la culture n'était pas étouffante mais purificatrice. La surnature n'enlève rien à la nature mais la perfectionne. La philosophie de saint Thomas n'a pas supprimé celle d'Aristote, mais l'a purifiée. Regarder toute réalité à la lumière de l'Évangile, ce n'est pas l'étouffer, c'est le contraire. On ne peut penser le contraire qu'en croyant que, dans le christianisme, la révélation et la vie de la grâce ont écrasé ce que la nature aurait pu faire par ses propres forces dans le domaine culturel. Mais pour adopter cette position, il faut aussi penser que la nature est capable de grâce par elle-même. Cette thèse est largement partagée par la théologie d'aujourd'hui et, nous le comprenons, également par De Kesel, mais elle est certainement contestable.

    Le concept de modernité exposé dans la Lectio n'est pas non plus convaincant. En effet, les principes philosophiques de la modernité qui empêchent structurellement de penser à Dieu ne sont pas saisis, à savoir la naissance dans la modernité d'une culture essentiellement irréligieuse et athée. C'est pourquoi la distinction entre sécularisation et laïcité proposée par le cardinal est fictive. Il n'y a pas de sécularisation qui ne dégage, sous une forme ou une autre, un laïcisme, c'est-à-dire un rejet de la surnature. La laïcité n'est pas une situation neutre par rapport à Dieu, un monde sans Dieu n'est pas un monde neutre, c'est un monde sans Dieu. Toute forme de naturalisme, à laquelle s'assimile aussi la vision cardinalice de la laïcité, est un refus de la surnature parce qu'elle identifie la nature et la grâce. Ce que, somme toute, le cardinal de Kesel fait également lorsqu'il affirme que l'Église est seulement présente dans le monde, donc absente et inutile en tant qu'Église. Il n'a parlé qu'une seule fois du salut du monde comme tâche de l'Église, pour le nier sous la forme indiquée par la tradition.

    La conception du « monde » utilisée par le cardinal belge souffre d'un défaut continuellement présent dans ce courant théologique, malgré l'autorité de ceux qui ont souligné son incohérence. Des trois significations bibliques du mot monde - comme la création que Dieu a vue comme bonne, comme la dimension de la responsabilité confiée à l'homme et comme le royaume du mal pour lequel Jésus refuse de prier - seule la première est utilisée. Un réductionnisme évidemment dangereux qu’il serait temps d’abandonner.

    Devant le rapport que nous commentons, on est saisi par la question de la part de protestantisme qu'il contient. Luther a séparé la nature et la grâce, et donc l'histoire et la métaphysique, dissociant l'existence terrestre de toute relation avec Dieu, il a lui aussi affirmé que ce n'est pas l'Église qui donne le salut mais Dieu seul, et il a abandonné la culture et la connaissance à elles-mêmes, qui n'ont plus besoin d'être « sauvées ».

  • Le regard perçant de Jean Quatremer sur le paysage politique et médiatique belge

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    De 21 News :

    Jean Quatremer : « Il n’y a pas de véritable pluralisme dans la presse belge francophone »

    Correspondant européen de Libération depuis 1990, Jean Quatremer est à la fois l’un des journalistes de référence sur l’Union et un fin connaisseur de notre pays. L’occasion pour nous de le rencontrer et d’évoquer sa vision de Bruxelles depuis vingt ans, ce qu’il pense des partis politiques belges ou du pluralisme dans la presse francophone et enfin d’évoquer sa vision de la commission von der Leyen II.

    21news.be : Comment avez-vous vécu l’évolution de Bruxelles depuis les années 90 ?

    Jean Quatremer : Ce qui m’a frappé lorsque j’ai découvert cette ville, ce sont les gens, leur gentillesse et leur sens de l’accueil accompagné d’une bonne dose d’humour. En outre, sur un plan très pratique, le pays n’était pas cher, que ce soit les logements ou la vie quotidienne – là aussi une vraie différence par rapport à Paris, beaucoup de restaurants vous servaient jusque tard la nuit. Aujourd’hui, tout s’est inversé : les rapports humains se sont dégradés, l’accueil dans les commerces et restaurants est déplorable et je ne parle pas des taxis bruxellois en passe d’entrer dans la légende… En outre, Bruxelles, la capitale de l’Europe, excusez du peu, est restée une désespérante ville de province où tout ferme à 18h30, où les restaurants ne vous servent plus après 21h30, où les dimanches et jours fériés sont d’une tristesse infinie, où la vie culturelle est réduite à la portion congrue. Alors que dans le même temps, le reste de l’Europe changeait pour vivre 24h sur 24h, Bruxelles est restée coincée dans les années 60. Ça peut avoir son charme pour certains, mais c’est désespérant de conservatisme pour moi. 

    La saleté à Bruxelles, une vieille histoire

    21 News : On se souvient aussi d’un papier pour Libération en 2013, « Bruxelles pas belle » où vous décriviez le chaos urbain et la saleté de la ville. Vous ne vous êtes pas fait que des amis…

    J. Q. : À ma grande surprise, alors que je décrivais la réalité d’une ville que la Belgique n’a jamais aimée et a consciencieusement détruite, j’ai subi un déchaînement de haine politico-médiatique. C’est à ce moment que j’ai compris à quel point la presse ne jouait pas son rôle critique dans ce pays, puisque mon article ne disait pas autre chose que ce que disaient les citoyens et associations, et qu’il y avait une vraie francophobie locale décomplexée. Si l’article avait été écrit par un Américain ou un Allemand, cela aurait conduit à une introspection. Moi, j’ai eu droit, y compris de la part de responsables socialistes, évidemment, à des « retourne en France si t’es pas content ». Ambiance.  

    21 News : Revenons aux médias belges. Comment les situez-vous par rapport aux médias français ? Quel est votre regard de journaliste sur la RTBF ?

    J. Q. : Ce qui est frappant, c’est la porosité extrême entre monde médiatique et politique. Lorsque vous parlez à un journaliste, rien ne dit que le lendemain, il ne sera pas porte-parole du Parti socialiste, le surlendemain député, bourgmestre, ministre régional voire ministre des Affaires étrangères… Et puis, il peut redevenir journaliste. Certes, on a le droit de changer de métier, mais ce sont ces allers-retours qui me gênent et qui expliquent largement la mollesse de la presse locale : on ne va pas mordre la main qui va peut-être vous nourrir demain. Imaginez la confiance que doivent accorder des sources qui risquent leur emploi à des journalistes, sachant que ces derniers pourraient, demain, se retrouver en position de pouvoir.

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  • Le Congo belge au passé singulier

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    De Paul Vaute, historien, journaliste honoraire, sur son blog Le passé belge :

    Le Congo belge au passé singulier

    26 octobre 2024

       Le 30 juin 1960, au temps fort de la cérémonie qui marque l'indépendance du Congo, le roi Baudouin s'adresse à un parterre de dignitaires. Il fait l'éloge des artisans de l'œuvre coloniale "qui, consacrant tous leurs efforts et même leur vie à un grand idéal, vous ont apporté la paix et ont enrichi votre patrimoine moral et matériel" . En réponse, Patrice Lumumba, Premier ministre du nouvel Etat, dresse un long catalogue de griefs où figurent, entre autres, "les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des nègres" . Dans cette scène étonnante, Jean Stengers verra "le choc, non pas de deux interprétations historiques, mais de deux mythologies[1].

       Le temps passant, nombre d'études sont venues faire davantage la part des choses, mais une grande partie du terrain reste encore à défricher. Et il est, pour ce faire, devenu urgent de recueillir un maximum de témoignages parmi ceux qui n'ont pas été écrits. Moult démarches ont été récemment initiées en ce sens. Je retiens ici celle de l'ASBL Ages & Transmission, à laquelle on doit la collecte de quatorze  récits de témoins directs, congolais, anciens coloniaux ou métis, venus de milieux différents et représentant diverses sensibilités [2]. Ils ont vécu, pour l'essentiel, la période 1945-1960. Une limite cependant: aucun d'entre eux ne réside actuellement en République démocratique du Congo. Précieux pour leurs éclairages sur le passé, ils sont moins en mesure de mettre celui-ci en parallèle avec le présent africain. Il s'agira avant tout, comme l'écrit en postface Enika Ngongo (Université Saint-Louis – Bruxelles), de "contribuer à l'élaboration d'une histoire commune qui, dans le respect mutuel, déconstruit, rapproche et apaise" (p. 191).

  • L'euthanasie en Belgique : le glissement des cas difficiles vers la « fatigue de la vie »

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    De Benoît Beuselinck sur le Catholic Herald :

    L'euthanasie en Belgique : le glissement des cas difficiles vers la « fatigue de la vie »

    24 octobre 2024

    La Belgique a introduit en 2002 une loi autorisant l'euthanasie. Bref, elle dispose désormais d'une expérience significative en la matière. Entre-temps, d'autres pays ont adopté des lois similaires, tandis que d'autres débattent de cette possibilité.

    En ce qui concerne les autres pays qui décident de mettre en œuvre de telles mesures – comme c’est le cas au Royaume-Uni – il est utile d’observer l’impact de cette loi sur la pratique clinique quotidienne en Belgique. Le dépassement des limites éthiques, comme le meurtre de patients, peut avoir un impact non seulement sur la médecine, mais aussi sur la société, et cet impact peut évoluer au fil des ans. Par conséquent, un examen attentif de l’expérience belge pourrait être très utile pour adapter les propositions législatives – ou pour les éviter.

    Depuis 2002, le nombre de patients décédés par euthanasie en Belgique n'a cessé d'augmenter et atteint aujourd'hui 3,1 % de tous les décès. L'euthanasie n'est plus une mesure exceptionnelle. Au Québec, par exemple, elle représente jusqu'à 6,8 % des décès, soit 1 patient sur 15.

    En Belgique, dans 50 à 55 % des cas, l'euthanasie est pratiquée dans les dernières semaines de vie du patient, c'est-à-dire dans des circonstances où la mort naturelle est susceptible de survenir. Le patient est donc dans une position où il peut garder une certaine perspective, alors qu'il peut généralement être aidé très efficacement par des soins palliatifs, y compris une sédation palliative si nécessaire. Ainsi, dans une euthanasie sur deux, le personnel soignant applique une procédure difficile alors qu'elle n'est pas réellement nécessaire.

    En revanche, dans 21 % des cas en Belgique, l'euthanasie est pratiquée sur des patients qui ne sont pas en phase terminale, donc dont l'espérance de vie est de plusieurs mois, voire de plusieurs années. C'est souvent le cas chez les patients atteints de maladies neurodégénératives, de maladies psychiatriques et de polypathologie, qui touchent surtout les personnes âgées. Ainsi, dans un cas sur cinq, les médecins interrompent la vie de patients qui ne sont pas en phase terminale, ce qui peut rendre l'acte plus difficile à réaliser.

    Comme le montrent les rapports annuels sur l’euthanasie, même en présence de pathologies physiques graves, les patients demandent l’euthanasie principalement pour des raisons psychologiques. Ces raisons peuvent être la peur de souffrances futures, la perte d’autonomie, l’impossibilité de poursuivre certaines activités, des problèmes sociaux – comme l’isolement –, la peur d’être un fardeau pour les autres, l’épuisement mental et la souffrance existentielle.

    Ces problèmes ne sont généralement pas des problèmes médicaux et de nombreuses équipes de soins palliatifs ont développé des mesures sociales, spirituelles et psychologiques pour les résoudre avec succès. Cependant, les médecins sont désormais appelés à décider si une vie vaut encore la peine d'être vécue et à résoudre ces problèmes psychologiques en administrant la mort.

    La souffrance physique peut être plus ou moins objective, mais elle est modulée de manière importante par les circonstances et les cofacteurs. Une personne malade bien entourée aura plus de courage qu'une personne isolée. Même des problèmes financiers, comme des factures médicales répétitives ou les coûts élevés d'une maison de retraite, peuvent alors devenir des cofacteurs d'influence, qui peuvent faire passer la souffrance physique de supportable à insupportable.

    De plus, les promoteurs de l'euthanasie affirment que chaque cas de souffrance est en grande partie subjectif et qu'il appartient donc au patient de décider de l'importance de sa souffrance. Toute décision du médecin qui irait à l'encontre de la demande d'euthanasie est alors facilement perçue – ou présentée – comme un manque de respect de la volonté et de l'autonomie du patient.

    La décision d'un patient de recourir à l'euthanasie n'est pas une décision facile à prendre, comme le montre le fait que dans 10 à 17 % des cas, l'euthanasie n'a finalement pas lieu parce que le patient a changé d'avis. Dans 23 % des cas, le médecin qui donne le deuxième avis requis n'est pas d'accord avec le médecin qui a donné le premier avis sur des points critiques de la loi, comme le caractère insupportable des souffrances, la décision du patient ou les alternatives thérapeutiques et palliatives possibles.

    On peut également se demander si toutes les mesures palliatives possibles ont été explorées dans tous les cas, sachant que dans seulement 40 % des cas, l'orientation vers une unité de soins palliatifs est proposée ou conseillée. La loi belge ne fixe en effet pas de référence en matière de soins palliatifs. Elle stipule seulement que toutes les alternatives doivent être envisagées ; le patient peut cependant parfaitement refuser ces possibilités et ainsi obtenir l'euthanasie.

    La réalité en Belgique est que de nombreux patients demandent l’euthanasie parce qu’ils ne veulent pas aller dans un centre de soins palliatifs, le patient pensant que cela ne servirait qu’à le laisser souffrir quelques jours ou semaines de plus pendant que sa famille l’entoure sans savoir quand la mort surviendra. De plus en plus de personnes considèrent l’euthanasie comme la façon normale de mourir, alors que les soins palliatifs sont une alternative pour ceux qui le choisissent.

    Même si l'euthanasie devient de plus en plus fréquente, les médecins ne sont pas pressés de la pratiquer. Elle demeure un acte difficile. Plusieurs centres de soins palliatifs tentent de limiter autant que possible le nombre de cas d'euthanasie dans leurs murs afin de préserver leur mission initiale.

    Enfin, l'euthanasie est désormais également promue par les médias et lors de conférences, y compris dans les maisons de retraite. Dans certains cas, ces conférences sont promues par les organismes d'assurance maladie.

    Le PDG de l’un d’entre eux a même déclaré en 2024 que l’accès à l’euthanasie devrait être accordé aux personnes âgées fatiguées de vivre ou qui considèrent leur vie comme « accomplie », afin de résoudre le problème de l’augmentation des coûts de santé et du manque d’infirmières et d’autres professionnels de la santé.

    EN RELATION : Le suicide assisté est une proposition dangereuse qui met tout le monde en danger

    Benoit Beuselinck a obtenu son doctorat en médecine à l'UCLouvain et son doctorat en oncologie à la KULeuven (2009). Il a obtenu son doctorat en 2014 sur la base de son travail translationnel sur les facteurs pronostiques et prédictifs du cancer du rein traité par inhibiteurs de l'angiogenèse. Il est professeur au département d'oncologie de la KULeuven et traite les patients atteints de tumeurs malignes urogénitales à l'UZLeuven.

  • Euthanasie : vers un nouveau changement de la loi belge ?

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    Euthanasie : vers un nouveau changement de la loi belge ?

    24 octobre 2024

    En Belgique, la commission Santé de la Chambre des Représentants a décidé d’organiser cette année « des auditions concernant de possibles modifications de la législation sur l’euthanasie ».

    Ces modifications concerneraient l’euthanasie des personnes atteintes de démence. Actuellement, ces personnes peuvent demander et obtenir l’euthanasie, uniquement quand elles sont encore capables d’exprimer leur volonté de manière « consciente et éclairée ». Obtenir une euthanasie sur la base d’une « déclaration anticipée » est seulement autorisé en cas de « coma irréversible » ou d’« état neurovégétatif persistant » (cf. Québec : les demandes « anticipées » d’euthanasie bientôt autorisées). L’objectif de certains législateurs est d’étendre cette possibilité aux patients « encore conscients mais devenus incapables d’exprimer leur volonté », comme ceux souffrant de « démence à un stade avancé ».

    Toutefois, en raison d’un contexte de « négociations pour la formation d’un nouveau gouvernement fédéral »[1], la probabilité d’une telle évolution semble faible. En effet, les « probables futurs partenaires de majorité » ont décidé de « ne pas voter de textes issus de l’opposition, ou en tout cas de textes au sujet desquels ils n’ont pas encore de consensus », tant que le nouvel Exécutif n’est pas en place.

    Un groupe de travail doit d’ailleurs « intégrer dans l’accord de gouvernement un chapitre sur les dossiers éthiques, comprenant l’euthanasie, l’avortement et la gestation pour autrui ».

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    [1] impliquant la N-VA, Vooruit, le CD&V, le MR et les Engagés

    Source : Le spécialiste (22/10/2024)

  • Liège (Saint-Sacrement), 17 novembre : concert baroque (Gloria de Vivaldi)

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    Ce projet est porté par deux ensembles vocaux de Liège : le Phénix (dir. I. Letawe) et Il Piccolo Coro (dir. D. Lorea) ainsi qu’un ensemble à cordes de Stavelot : Accord d’âmes (dir. Candice Delhez).

    Chaque formation présentera quelques œuvres autour du thème de Noël (de styles Renaissance, baroque, traditionnel et contemporain), puis elles se rejoindront pour proposer ce monument de la musique baroque qu’est le Gloria de Vivaldi (RV 589) : l’évènement musical à ne pas manquer en prélude à l’Avent !

    • Le Phénix est un groupe vocal à 4 voix mixtes de 12 personnes. Il existe sous ce nom depuis le début de l’année 2022 : il est en effet né des cendres d’une autre chorale, Les Indécis, qui existait depuis plus de 20 ans et qui cherchait un nouveau souffle. Il est dirigé par Isabelle LETAWE
    • Il Piccolo Coro a été fondé voici une dizaine d’années et est composé d’une quinzaine de personnes : il interprète majoritairement des madrigaux et des chansons de la Renaissance et a aussi dans son répertoire quelques œuvres plus récentes.  Il s’est produit à différentes occasions telles que la fête de la musique à Liège et plusieurs vernissages d’expositions.  En 2022 et 2024, il a participé au festival de la viole de gambe à Asfeld, près de Reims. Il est dirigé par Dominique LOREA, professeure au Conservatoire de Liège et à l’Académie de Chênée.
    • Accord’Âmes : créé en 2007 par Yasmina Chauveheid, Accord’Âmes est basé à Stavelot et est composé de musiciens amateurs, tous liés par l’envie de partager la musique avec le public. Depuis 2020, il est dirigé par Candice Delhez, elle-même musicienne de l'orchestre depuis sa création. Le répertoire de l’orchestre se veut large, entre œuvres baroques de Corelli ou Bach et œuvres plus modernes de Britten ou Holst. Mais il n’hésite pas non plus à s’approprier des musiques de film, de dessins animés ou de jeux vidéo comme lors de son projet en collaboration avec la Maison des jeunes de Stavelot.

    tarifs :

    • 15,00 € sur place 
    • 13,00 € en prévente
    • 10,00 € pour les étudiants 
    • Gratuit pour les moins de 10 ans

    infos et réservations :

    groupevocallephenix@gmail.com

  • BXL (Stockel), 12 octobre : grande conférence du Père Pascal Ide "Un coeur pour aimer"

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    La paroisse Notre-Dame-de-Stockel à Woluwe-Saint-Pierre (Bruxelles) recevra ce samedi 12 octobre 2024 le Père Pascal Ide à sa tribune dans le cadre du Jubilé du 40e anniversaire de l’Ordination sacerdotale du Père Édouard Marot : Louange - Formation – Adoration.

    Sa conférence portera sur le thème :

    « Un Cœur pour aimer

    L’amour et ses contrefaçons »

    Le Père Pascal Ide nous donnera des clefs très concrètes pour une véritable conversion dans nos relations avec nos amis, notre famille et Dieu lui-même.  Il proposera des repères clairs pour avancer sur le chemin de l’Amour qui nous rendra rapidement saints, profondément sains et durablement heureux !

    Programme de la soirée

    19h30 : grande louange animée par de jeunes familles

    20h30 : conférence

    21h30 : questions & réponses

    22h : adoration

    22h15 : procession vers la chapelle pour une nuit d’adoration

    Plusieurs ouvrages du Père Pascal Ide seront proposés à la vente et une séance de dédicace permettra une brève rencontre avec le conférencier !

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  • Discours aux jésuites belges : la démographie selon François ne résiste pas à l'épreuve de la réalité

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    De Riccardo Cascioli sur la NBQ :

    La démographie selon François ne résiste pas à l'épreuve de la réalité

    S'adressant aux jésuites en Belgique, le Pape en a appelé à l'arrivée de migrants pour remplacer les enfants que les Européens n'ont plus. Une mauvaise recette qui traite les gens comme des objets interchangeables et qui a déjà fait beaucoup de dégâts.

    9_10_2024

    Le Pape avec les Jésuites en Belgique

    On y va encore une fois. Avec l’idée habituelle que puisque les enfants ne sont plus mis au monde en Europe, il faut des immigrés. Cette fois, le pape François descend sur le terrain avec toute son autorité. Dans la conversation qu'il a eue avec les jésuites belges le 28 septembre dernier lors de sa visite dans ce pays et qu'il a fait connaître hier par la publication de La Civiltà Cattolica, le Pontife a en effet déclaré que : « L'Europe n'a plus d'enfants, elle vieillit. Elle a besoin de migrants pour renouveler sa vie. C'est désormais devenu une question de survie. »

    Par pure coïncidence, la publication de ces propos est arrivée le jour de l'audition du président de l'Istat, Francesco Maria Chelli devant les Commissions du Budget de la Chambre et du Sénat (italiens). Chelli  a également confirmé pour 2024 la tendance en Italie à une diminution des naissances : au cours des sept premiers mois de 2024, "les naissances ont été d'environ 210 mille, soit plus de 4 mille de moins que dans la même période de 2023". Au cours de la même période, il y a eu 372 000 décès, un chiffre qui démontre la rapidité avec laquelle l'Italie perd sa population et révèle le déséquilibre croissant entre les jeunes et les personnes âgées.

    La solution résiderait donc dans l'immigration, selon le Pape, qui adhère ainsi au parti du remplacement ethnique, même dicté par la nécessité. Par ailleurs, dans la même réponse, le pape François a également souligné l'importance de garantir l'intégration (« un migrant qui n'est pas intégré finit mal, mais la société dans laquelle il se trouve finit mal aussi ») pour ensuite saluer le travail d'Open Arms, dont la tâche est pourtant de déverser des milliers d'immigrés clandestins sur les côtes italiennes sans se soucier du tout de "l'après".

    Nous ne répéterons pas une énième fois pourquoi la réponse à la baisse de la natalité ne réside pas dans l'immigration ( voir ici ) : il est seulement surprenant et attristant que ce soit le Pape lui-même qui ne se rende pas compte que la population d'un pays n'est pas composé d'individus interchangeables, comme s'il s'agissait d'objets : l'industrie italienne a produit x+y voitures, maintenant elle ne produit que x, alors j'achète y à l'étranger. Une personne est bien plus qu'un numéro : elle a des besoins matériels, sociaux, culturels, religieux qui, dans le cas de l'immigré, doivent être conciliés avec ceux de la société dans laquelle il souhaite rester. Parce que l’intégration n’est pas seulement la responsabilité de celui qui accueille, c’est aussi le devoir de celui qui est accueilli, c’est un mouvement bidirectionnel.

    Mais le discours du Pape est également trompeur et dangereux. Trompeur car il regroupe toutes les migrations, ne fait pas de distinction entre flux réguliers et débarquements illégaux, favorise le discours selon lequel nos pays sont fermés tout court à l'immigration . Ce n'est pas vrai : en Italie, par exemple, le décret de flux du 27 septembre 2023 a fixé les quotas d'étrangers qui seront accueillis en Italie pour des raisons de travail au cours de la période de trois ans 2023-2025 : 136 mille la première année, 151 mille dans le deuxième et 165 mille dans le troisième ; au total 452 mille citoyens étrangers.

    Il y a donc une distinction à garder à l’esprit entre l’immigration régulière et irrégulière. Et ici, le discours du Pape devient dangereux parce que ce qu'il promeut, c'est l'immigration irrégulière, c'est-à-dire qu'il exalte l'illégalité comme moyen de garantir l'entrée dans le pays souhaité. De plus, il ne fait même pas de distinction entre ceux qui ont le droit d'être accueillis en tant que réfugiés et ceux qui, selon le droit international, devraient être rapatriés. On peut peut-être discuter d'une éventuelle augmentation des admissions régulières, mais il est déconcertant d'écouter un Pape qui incite à l'illégalité

    Les bonnes intentions humanitaires du Pape qui prend en charge le sort des migrants ne sont pas remises en question, mais bien un humanitarisme idéologique qui favorise finalement le trafic d'êtres humains, l'appauvrissement des pays de départ (comme l'ont dit à plusieurs reprises les évêques africains ), et un chaos dans les pays d’arrivée, auquel nous assistons et qui ne peut être simplement attribué au manque de volonté des gouvernements européens d’intégrer les nouveaux arrivants.

    Et à cet égard, nous devons prendre du recul, par rapport à ce devoir d'intégration que le Pape a rappelé et que nous avons évoqué au début. Car pour expliquer les problèmes qui pourraient survenir, il a rappelé "ce qui s'est passé à Zaventem, ici en Belgique : cette tragédie est aussi le résultat d'un manque d'intégration". Ce n'est pas la première fois que le Pape en parle, il l'a également fait dans son discours à la Fondation Migrants de la Conférence Épiscopale Italienne (CEI) le 11 novembre 2021 : « La tragédie de Zaventem vient toujours à l'esprit : ceux qui ont agi c'étaient des Belges, mais des enfants de migrants non intégrés et ghettoisés." 

    A l'aéroport de Zaventem (à 11 km du centre de Bruxelles) et au même moment dans la station de métro Maelbeek, a eu lieu le 22 mars 2016 un triple attentat qui a fait 32 morts (plus trois kamikazes) et 350 blessés. Cet attentat, l'un des plus graves commis en Europe au cours de ce siècle, a été aussitôt revendiqué par l'EI (État islamique) et les responsables appartenaient à une importante cellule franco-belge, également responsable des attentats de Paris du 13 novembre 2015. ils s'étaient entraînés en Syrie et avaient combattu à l'étranger. Affirmer que tout le problème réside dans le manque d'intégration – c'est-à-dire les lacunes de la Belgique – semble pour le moins simpliste.

    Comme nous l’avons expliqué à plusieurs reprises, la migration est un phénomène complexe et ne peut être résolu avec des slogans et des mots à la mode qui ne tiennent pas compte de la réalité. Et surtout, l’immigration clandestine ne pourra jamais être la réponse au problème de la baisse du taux de natalité.

  • "Si la terre est dégradée, c'est la faute de l'homme blanc, chrétien et hétérosexuel" : l'Université de Liège persiste et signe

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    Lu sur La Meuse (8 octobre, page 8) :

    L’Uliège répond aux accusations de «dérive wokiste» 

    Dans le nouveau cours de l’Uliège sur les changements de notre planète, une phrase fait polémique : « C’est l’homme blanc, chrétien et hétérosexuel qui est à l’origine de ce basculement ». Dénoncés par une députée MR, le professeur Pierre Stassart et la rectrice Anne-Sophie Nyssen réagissent.  

    Ce week-end, la députée libérale verviétoise Stéphanie Cortisse a allumé le feu. Alertée par des étudiants, elle a fustigé une phrase tirée du cours obligatoire enseigné à l’université de Liège depuis la rentrée. Il s’adresse à tous ses nouveaux bacheliers et est consacré à tous les changements que subit notre planète.

    Selon le professeur Pierre Stassart, sociologue de l’environnement, l’origine du basculement des conditions d’habitabilité de la terre n’est pas due à l’homme en général, mais bien à l’« homme blanc, chrétien et hétérosexuel », comme il le désigne précisément dans son cours. « Évitons ainsi de masquer les profondes inégalités quant aux responsabilités intrinsèques face aux perturbations environnementales à l’échelle planétaire. »

    Qualifiant cette phrase de dérive wokiste, « qu’est-ce que la couleur de la peau, la religion et l’orientation sexuelle viennent faire là-dedans ? », la députée a interpellé la ministre Elisabeth Degryse qui a en charge l’enseignement supérieur pour qu’elle réclame des éclaircissements à la rectrice de l’Uliège.

    Liberté académique

    « La liberté académique doit rester un principe fondamental et il faut permettre aux chercheurs d’enseigner sans pression, nous explique Anne-Sophie Nyssen, regrettant une forme « d’intimidation » de la part de la députée. « L’université doit rester un lieu ouvert au débat et permettre d’aiguiser l’esprit critique des étudiants. »

    Et de faire attention aux mots employés : « le wokisme est un mot inventé au départ par les suprémacistes blancs américains pour fustiger le combat d’émancipation des noirs », ajoute-t-elle.

    De son côté, le professeur en question se défend également. « Factuellement, ce que j’écris est validé par la communauté scientifique. C’est la révolution industrielle qui marque le départ d’une nouvelle ère géologique baptisée « anthropocène » car c’est l’action humaine qui est le facteur déterminant de ce basculement. »

    Cette révolution industrielle est née en Europe. « Elle a été menée par des hommes blancs, mais aussi chrétiens parce que c’est au nom de la religion que l’Europe a colonisé d’autres parties du monde, en lui imposant son système capitaliste. »

    Enfin pourquoi « hétérosexuel » ? « Parce que c’était le modèle de base de l’époque. Mais vu les réactions d’incompréhension, je lui préférerai aujourd’hui le terme de « patriarcal » qui est moins polémique. Je comprends donc qu’il puisse choquer et ce n’est pas mon but premier. Je le changerai donc dans la prochaine édition de ce cours. Mais cela prouve aussi qu’il y a une nécessité de débat sur le sujet. »

    On verra si ces précisions apporteront les apaisements voulus. 

    En tout cas, pas les nôtres ! Car, comme le  fait remarquer Paul Vaute :

    Cette réponse montre au moins que sur le plan des dérives idéologiques, il y a moyen d'être pire que l'Université de Louvain (dans les deux langues)!

    Mettre en cause l'usage du concept de "wokisme" en disant qu'il relève du suprémacisme blanc est de la pure mauvaise foi. Des sociologues, des politologues, des historiens... y ont recours couramment, non pas pour fustiger la communauté noire, mais pour dénoncer un certain terrorisme intellectuel qui règne dans les campus américains où on a vu des collectifs s'en prendre à des enseignants simplement parce qu'ils enseignaient la littérature classique (dont les auteurs, bien sûr, étaient tous des hommes blancs patriarcaux). En Belgique, un très bon petit livre dénonçant les outrances wokistes a été publié il y a peu par... Bart De Wever (Woke, éd. Kennes, 2023).

    Sur un autre plan, attribuer tous les problèmes environnementaux au système industriel capitaliste est à tout le moins léger. M. Stassart n'a pas eu le bonheur de vivre à l'époque pré-industrielle, quand les rivières dans les villes étaient des égouts à ciel ouvert et qu'on était sans défense devant la propagation des épidémies et autres épizooties. Quant aux déforestations liées de nos jours au mode de vie primitif des Indiens d'Amazonie, il est bien évidemment interdit d'en parler. Il paraît, en outre, que les plus grands producteurs de gaz à effet de serre sont... les vaches des Pays-Bas et les kangourous d'Australie. Quand le professeur Stassart s'appliquera-t-il à les dénoncer ?

    Amusante aussi, l'affirmation selon laquelle "l’université doit rester un lieu ouvert au débat". C'est sans doute par distraction qu'on y a interdit, il y a quelques années, la conférence que devait donner Tugdual Derville, le délégué général de l'Alliance Vita (pro-vie).

  • "Le jésuite ne doit avoir peur de rien"; la rencontre du pape avec les jésuites de Belgique

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    D'Antonio Spadaro s.J. sur la Civilta cattolica :

    « NE CRAIGNEZ RIEN » Le pape François rencontre les jésuites en Belgique

    « NE CRAIGNEZ RIEN » Le pape François rencontre les jésuites en Belgique
     
    8 octobre 2024

    Dans l’après-midi du samedi 28 septembre, le pape François a quitté le campus de l’Université catholique de Louvain pour arriver, vers 18 h 15, au Collège Saint-Michel, une école catholique gérée par la Compagnie de Jésus, située à Etterbeek, à Bruxelles. Il y a rencontré environ 150 jésuites de Belgique, du Luxembourg et des Pays-Bas. Ils étaient accompagnés du provincial de la province francophone d’Europe occidentale, le père Thierry Dobbelstein, et du supérieur de la région indépendante des Pays-Bas, le père Marc Desmet. Le cardinal jésuite Michael Czerny, préfet du dicastère pour le développement humain intégral, était également présent. Le Pape a commencé :

    Bonsoir à tous ! Je suis déjà venu deux fois ici et je suis heureux d’être de retour. Je dois vous dire la vérité : j’ai déjà commis un vol ici. J’allais célébrer la messe et j’ai vu un paquet de papiers qui m’a intrigué. Il s’agissait de polycopiés de cours sur le livre de Job. Cette année-là, en Argentine, je devais donner des cours sur Job. J’ai feuilleté les pages et elles m’ont frappé. Finalement, j’ai pris ces notes !

    Pape François, nous sommes très heureux que vous soyez ici en Belgique. Vous êtes le bienvenu. Nous allons vous poser quelques questions, que nous espérons intéressantes et intelligentes. Nous avons ici le provincial de la province francophone d’Europe occidentale et le supérieur de la région indépendante des Pays-Bas. Cette terre est un véritable carrefour, et les jésuites y sont également très différents : certains viennent de la Conférence des Provinciaux jésuites d’Europe, puis il y a des francophones et des Flamands. Vous savez que lorsqu’on visite une communauté jésuite, on n’est jamais confronté à des photocopies ! Ici, ce n’est pas du tout le cas. Et nous parlons aussi des langues différentes. Le 3 mars 2013, une belle aventure d’espérance et de renouveau dans l’Église a commencé. Nous voulons que ce soit un moment informel et convivial. En Hollande, nous avons un mot typique pour cela : « gezellig ». Il est difficile à traduire : il peut être traduit par « convivialité », « atmosphère accueillante » ou même « bonne humeur », selon le contexte. Ici, c’est le mot qui nous convient en ce moment. Et c’est pourquoi nous voulons chanter ensemble la chanson « En todo amar y servir ».

    P. Desmet prend sa guitare et entonne la chanson. Le Pape prononce également les paroles, qu’il connaît bien, sous son souffle. Puis les questions commencent.

    Saint-Père, quelle est la mission spécifique des Jésuites en Belgique ?

    Écoutez, je ne connais pas votre situation, je ne peux donc pas dire quelle devrait être votre mission dans ce contexte spécifique. Mais je peux vous dire une chose : le jésuite ne doit avoir peur de rien. C’est un homme en tension entre deux formes de courage : le courage de chercher Dieu dans la prière et le courage d’aller aux frontières. C’est vraiment la « contemplation » en action. Je pense que c’est vraiment la mission principale des jésuites : s’immerger dans les problèmes du monde et lutter avec Dieu dans la prière. Il y a une belle allocution de St Paul VI aux Jésuites au début de la Congrégation Générale XXXII : au carrefour de situations complexes, il y a toujours un Jésuite, a-t-il dit. Cette allocution est un chef-d’œuvre et dit clairement ce que l’Église attend de la Compagnie. Je vous demande de lire ce texte. Vous y trouverez votre mission[1].

    Je vis à Amsterdam, l’une des villes les plus sécularisées du monde. Le Père Général Adolfo Nicolás a dit un jour qu’il rêvait de donner les Exercices Spirituels à des athées. Dans notre pays, l’athéisme est la norme plutôt que l’exception. Mais nous voulons donner la richesse de notre vie spirituelle à tous nos voisins, vraiment à tous, comme vous le dites : « Todos, todos ». Comment pouvons-nous atteindre ce niveau profond d’inculturation ?

    Nous trouvons la limite de l’inculturation en étudiant les débuts de la Société. Vos maîtres sont le Père Matteo Ricci, le Père Roberto De Nobili et les autres grands missionnaires qui, eux aussi, ont fait peur à certains dans l’Église par leur action courageuse. Ces maîtres nous ont tracé la ligne de démarcation de l’inculturation. L’inculturation de la foi et l’évangélisation de la culture vont toujours de pair. Quelle est donc la limite ? Il n’y a pas de limite fixe ! Il faut la chercher dans le discernement. Et le discernement se fait par la prière. Cela me frappe, et je le répète toujours : dans son dernier discours, le père Arrupe a dit de travailler aux frontières et en même temps de ne jamais oublier la prière. Et la prière jésuite se développe dans des situations limites, difficiles. C’est ce qui est beau dans notre spiritualité : prendre des risques.

    En Europe occidentale, nous connaissons bien la sécularisation. Nos sociétés semblent éloignées de Dieu. Que faire ?

    La sécularisation est un phénomène complexe. Je perçois que nous devons parfois nous confronter à des formes de paganisme. Nous n’avons pas besoin d’une statue d’un dieu païen pour parler de paganisme : l’environnement lui-même, l’air que nous respirons est un dieu païen gazeux ! Nous devons prêcher à cette culture par le témoignage, le service et la foi. Et de l’intérieur, nous devons le faire par la prière. Il n’est pas nécessaire de penser à des choses très sophistiquées. Pensez à saint Paul à Athènes : cela a mal tourné pour lui, parce qu’il a pris un chemin qui n’était pas le sien à l’époque. C’est ainsi que je vois les choses. Nous devons être ouverts, dialoguer et, dans le dialogue, aider avec simplicité. C’est le service qui rend le dialogue fructueux. Malheureusement, je trouve souvent un cléricalisme fort dans l’Église, qui empêche ce dialogue fructueux. Et surtout, là où il y a du cléricalisme, il n’y a pas de service. Et, de grâce, ne confondez jamais évangélisation et prosélytisme !

    La spiritualité et la théologie jésuites accordent une place au cœur : le Verbe s’est fait chair ! Mais souvent, malheureusement, nous ne donnons pas la bonne place au cœur. Cette lacune, à mon avis, est l’une des choses qui produisent ensuite des formes d’abus. Et puis je voudrais vous poser une question sur la difficulté de donner aux femmes une place plus juste et plus adéquate dans l’Église.

    Je répète souvent que l’Église est femme. Je vois des femmes sur le chemin des charismes, et je ne veux pas réduire le discours sur le rôle des femmes dans l’Église à la question du ministère. Ensuite, en général, le machisme et le féminisme sont des logiques de « marché ». En ce moment, j’essaie de plus en plus de faire entrer les femmes au Vatican avec des rôles de plus en plus importants. Et les choses changent : on peut le voir et le sentir. Le vice-gouverneur de l’État est une femme. Le Dicastère pour le développement humain intégral a également une femme comme adjointe. Dans l’« équipe » pour la nomination des évêques, il y a trois femmes, et depuis qu’elles sont là pour sélectionner les candidats, les choses vont beaucoup mieux : elles ont des jugements tranchés. Au Dicastère pour les Religieux, l’adjoint est une femme. L’adjoint du dicastère de l’économie est une femme. Bref, les femmes entrent au Vatican avec des rôles de haute responsabilité : nous continuerons sur cette voie. Les choses fonctionnent mieux qu’avant. J’ai rencontré un jour la présidente Ursula von der Leyen. Nous parlions d’un problème spécifique et je lui ai demandé : « Mais comment gérez-vous ce genre de problème ? Elle m’a répondu : « De la même manière que nous, les mères ». Sa réponse m’a fait beaucoup réfléchir….

    Dans notre société sécularisée, il est difficile de trouver des ministres. Comment voyez-vous l’avenir des communautés paroissiales sans prêtres ?

    La communauté est plus importante que le prêtre. Le prêtre est un serviteur de la communauté. Dans certaines situations que je connais dans diverses parties du monde, on cherche au sein de la communauté quelqu’un qui peut jouer un rôle de leader. Mais, par exemple, il y a aussi des religieuses qui assument cet engagement. Je pense à une congrégation péruvienne de religieuses qui ont une mission spécifique : aller là où il n’y a pas de prêtre. Elles font tout : elles prêchent, elles baptisent… Si finalement un prêtre est envoyé, alors elles vont ailleurs.

    C’est le 600e anniversaire de l’Université de Louvain. Certains jésuites y travaillent et des étudiants jésuites du monde entier y étudient. Quel est votre message pour les jeunes jésuites qui se destinent à l’apostolat intellectuel au service de l’Église et du monde ?

    L’apostolat intellectuel est important et fait partie de notre vocation de jésuites, qui doivent être présents dans le monde académique, dans la recherche et aussi dans la communication. Soyons clairs : lorsque les Congrégations générales de la Compagnie de Jésus disent qu’il faut s’insérer dans la vie des gens et dans l’histoire, cela ne signifie pas « jouer au carnaval », mais s’insérer dans les contextes les plus institutionnels, je dirais, avec une certaine « rigidité », dans le bon sens du terme. Il ne faut pas toujours rechercher l’informalité. Merci pour cette question, car je sais que la tentation est parfois grande de ne pas s’engager dans cette voie. Un champ de réflexion très important est celui de la théologie morale. Dans ce domaine, il y a aujourd’hui beaucoup de jésuites qui étudient, qui ouvrent des voies d’interprétation et qui posent de nouveaux défis. Ce n’est pas facile, je le sais. Mais j’encourage les jésuites à aller de l’avant. Je suis un groupe de jésuites moralistes et je vois qu’ils réussissent très bien. Et puis je recommande les publications ! Les magazines sont très importants : ceux comme Stimmen der ZeitLa Civiltà CattolicaNouvelle Revue Théologique

    Je me demande où en est le processus de canonisation d’Henri De Lubac et de Pedro Arrupe.

    Le dossier d’Arrupe est ouvert. Le problème est la révision de ses écrits : il a beaucoup écrit, et l’analyse de ses textes prend du temps. De Lubac est un grand jésuite ! Je le lis souvent. Mais je ne sais pas si son cas a été introduit. J’en profite pour vous dire que la cause du roi Baudouin sera introduite, et je l’ai fait directement, parce qu’il me semble que nous allons pas dans cette direction ici.

    Je vous pose ma question dans l’idiome de Mafalda. Vous avez un programme très chargé : dès la fin de votre visite en Belgique, le Synode commencera. Vous présiderez une célébration de réconciliation au début. Vous animerez ainsi l’Église et sa mission de réconciliation dans notre monde tourmenté, comme le demande saint Paul aux Corinthiens. Mais la communauté ecclésiale elle-même demande à être réconciliée en son sein pour être ambassadrice de la réconciliation dans le monde. Nous avons nous-mêmes besoin de relations synodales, d’un discernement réconciliateur. Quelles sont les étapes à franchir ?

    La synodalité est très importante. Elle doit être construite non pas de haut en bas, mais de bas en haut. La synodalité n’est pas facile, non, et parfois parce qu’il y a des figures d’autorité qui ne favorisent pas le dialogue. Un curé peut prendre des décisions seul, mais il peut le faire avec son conseil. Un évêque aussi, et le pape aussi. Il est très important de comprendre ce qu’est la synodalité. Paul VI, après le Concile, a créé le Secrétariat du Synode pour les évêques. Les Orientaux n’ont pas perdu la synodalité, c’est nous qui l’avons perdue. Ainsi, à l’instigation de Paul VI, nous sommes allés jusqu’au 50e anniversaire que nous avons célébré. Et maintenant, nous sommes arrivés au Synode sur la synodalité, où les choses seront clarifiées précisément par la méthode synodale. La synodalité dans l’Église est une grâce ! L’autorité se fait dans la synodalité. La réconciliation passe par la synodalité et sa méthode. Et, d’autre part, nous ne pouvons pas vraiment être une Église synodale sans réconciliation.

    Je suis impliqué dans le Service jésuite des réfugiés. Nous suivons deux fortes tensions. La première est la guerre en Ukraine. Nos garçons m’ont donné une lettre et une image de Saint-Georges. L’autre tension est en Méditerranée, où nous voyons beaucoup de politiques parler de frontières, de sécurité. Quels conseils souhaitez-vous donner au Service jésuite des réfugiés et à la Compagnie ?

    Le problème de la migration doit être abordé et bien étudié, et c’est votre tâche. Le migrant doit être accueilli, accompagné, promu et intégré. Aucune de ces quatre actions ne doit manquer, sinon il s’agit d’un problème grave. Un migrant qui n’est pas intégré finit mal, mais aussi la société dans laquelle il se trouve. Pensez, par exemple, à ce qui s’est passé à Zaventem, ici en Belgique : cette tragédie est aussi le résultat d’un manque d’intégration. Et la Bible le dit : la veuve, le pauvre et l’étranger doivent être pris en charge. L’Église doit prendre au sérieux son travail avec les migrants. Je connais le travail d’Open Arms, par exemple. En 2013, je me suis rendu à Lampedusa pour faire la lumière sur le drame de la migration. Mais j’ajouterais une chose qui me tient à cœur et que je répète souvent : l’Europe n’a plus d’enfants, elle vieillit. Elle a besoin de migrants pour se renouveler. C’est devenu une question de survie.

    Saint-Père, quelles sont vos premières impressions sur votre voyage en Belgique et au Luxembourg ?

    Je n’ai passé qu’une journée au Luxembourg et, bien sûr, on ne peut pas comprendre un pays en une journée ! Mais ce fut une bonne expérience pour moi. J’étais déjà allé en Belgique, comme je vous l’ai dit. Mais, à la fin de cette réunion, je vous demande, s’il vous plaît, de ne pas perdre le pouvoir d’évangélisation de ce pays. Derrière la longue histoire chrétienne, il peut y avoir aujourd’hui une certaine atmosphère « païenne », disons. Je ne veux pas être mal compris, mais le risque aujourd’hui est que la culture ici soit un peu païenne. Votre force réside dans les petites communautés catholiques, qui ne sont en aucun cas faibles : je les considère comme des missionnaires, et il faut les aider.

    Le Pape a quitté la salle de réunion après une heure de conversation. Avant de partir, il a récité un « Je vous salue Marie » avec tout le monde et a ensuite donné sa bénédiction. À la fin, il a pris une photo de groupe. Ensuite, au même étage de la salle de réunion, il a visité la prestigieuse bibliothèque de la Société des Bollandistes, dont la mission est de rechercher, de publier dans leur état original et de commenter tous les documents relatifs à la vie et au culte des saints. Conçue en 1607 par le jésuite Héribert Rosweyde (1569-1629) et fondée à Anvers par le père Jean Bolland (1596-1665), elle est encore poursuivie aujourd’hui par quelques jésuites belges. François a donné sa bénédiction et a écrit les mots suivants dans le livre d’honneur : « Que el Señor los siga acompañando en la tarea de hacer conocer la historia de la Iglesia y de sus Santos. Con mi bendición. Fraternellement, Francisco ».[2].

    -----------

    [1] Questo testo si può trovare in www.vatican.va/content/paul-vi/it/speeches/1974/documents/hf_p-vi_spe_19741203_esortazione-compagnia-gesu.html

    [2] « Que le Seigneur continue à vous accompagner dans la tâche de faire connaître l’histoire de l’Église et de ses saints. Avec ma bénédiction. Fraternellement, François ».

  • Les leçons de Louvain

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    De Regis Martin sur Crisis Magazine :

    Les leçons de Louvain

    Invité par l'Université de Louvain à l'occasion de son 600e anniversaire, le pape François est assailli par des idéologues féministes qui exigent un « changement de paradigme » immédiat sur toutes les questions relatives aux femmes.

    La clarté est la courtoisie que nous devons à ceux qui, tout en rejetant nos opinions comme étant erronées, font néanmoins preuve de suffisamment de curiosité pour nous demander pourquoi nous croyons ce que nous croyons. Et de temps en temps - pas toujours, bien sûr - il se peut qu'après leur avoir dit clairement, ils finissent par croire eux aussi à ces mêmes choses. 

    Mais seulement s'il y a un respect égal de la vérité de part et d'autre, pour d'autres, en revanche, cette clarté ne fait que confirmer que le gouffre qui nous sépare est à la fois réel et infranchissable. Et que, en l'absence de toute ouverture au changement, même la grâce de Dieu ne peut le combler. 

    Prenons, par exemple, la question de l'ordination des femmes à la prêtrise, qui est depuis longtemps l'un de ces sujets brûlants qui divisent les catholiques de pratiquement tous les autres. En fait, les divisions se produisent de plus en plus à l'intérieur de notre propre communauté de foi, ce qui est devenu une source de chagrin et de confusion considérable pour les fidèles.

    Y compris, on l'imagine, le pape actuel, qui a été brutalement agressé récemment par un groupe d'étudiants soi-disant catholiques de l'université de Louvain, qui l'ont rejeté, lui et ses arguments, comme étant « déterministes et réducteurs ». Cette attaque a été suivie d'une rebuffade de la part des responsables de l'université elle-même, qui ont annoncé que non seulement ils avaient « désapprouvé » les positions prises par le Saint-Père, mais qu'ils étaient réduits à un état de pure « incompréhension » en entendant une présentation aussi réactionnaire.

    En effet, les enseignements du pape sur le rôle des femmes dans l'Église et dans le foyer étaient si étrangers à l'auguste université de Louvain que les responsables ont présenté une interprétation jazz de l'hymne LGBTQ+ de Lady Gaga, « Born This Way », en guise d'intermède divertissant pour mieux faire comprendre la situation.

    Les circonstances ont dû être extrêmement douloureuses pour le pape François ! Invité par l'université à participer à la célébration de son 600e anniversaire, une occasion censée souligner l'importance d'honorer un grand centre d'enseignement catholique, sa longue histoire de fidélité à la foi de l'Église, et à peine se présente-t-il qu'un groupe d'idéologues féministes se jette sur lui pour exiger un « changement de paradigme » immédiat sur toutes les questions relatives aux femmes.

    Et comme si tout cela ne suffisait pas à jeter un froid sur la circonstance, il se retrouve, dès le début de sa visite en Belgique, vertement critiqué par le premier ministre du pays au sujet de la prétendue mauvaise gestion par l'Église du scandale des abus sexuels commis par des membres du clergé. Sans parler du refus persistant de l'Église de s'agenouiller devant le sanctuaire de la liberté de reproduction, dont l'exercice prive non seulement Dieu d'enfants créés à son image, mais aussi la Belgique et le reste de l'Europe d'un avenir.

    Alors, pourquoi le pape ne rejoint-il pas le reste de l'Europe dans son désir de mort collectif ? Pourquoi s'accrocher à un passé que tous les autres semblent avoir joyeusement laissé derrière eux ? Au lieu de cela, que fait-il ? Face à un rejet aussi systémique et généralisé de la vie, il se rend au sous-sol de l'église Notre-Dame de Laeken ; là, devant la tombe du roi Baudouin, il vénère la mémoire de celui dont le refus de donner l'assentiment royal à un projet de loi autorisant l'avortement au parlement lui vaudra très bientôt d'être déclaré saint. Et malgré les louanges du pape pour le roi, pour son refus héroïque de signer la loi sur le meurtre d'enfants innocents, les érudits et les intelligents restent horrifiés par ce geste. Un jeune universitaire mécontent a déclaré :

    « Nous avions des attentes, même si nous avons vu qu'il nous a déçus en quelques heures. Sa position sur l'avortement - en disant que la loi sur l'avortement était une loi meurtrière - est extrêmement choquante à voir, même si nous ne nous attendions pas à de grandes avancées vers la modernité.    

    Comme les jeunes peuvent être ringards sur le sujet du pape et de l'Église. S'attendaient-ils vraiment à ce qu'en venant à Louvain, en Belgique, et en voyant de ses propres yeux les merveilles de la modernité, il acquiesce simplement et embrasse avec joie tout l'agenda féministe ? Ne savent-elles pas que, malgré sa sympathie évidente pour elles, pour les frustrations qu'elles expriment, il reste tout à fait impuissant à opérer un changement essentiel sur le sujet ? Certainement pas un changement tel que l'idéologie féministe le souhaiterait. « François a dit qu'il aimait ce qu'elles disaient, selon un journaliste d'ABC News qui a couvert l'histoire, mais il a répété son refrain fréquent selon lequel « l'Église est femme », qu'elle « n'existe que parce que la Vierge Marie a accepté d'être la Mère de Jésus et que les hommes et les femmes sont complémentaires ».

    C'est donc ça l'ogive ? Et en la lâchant sur les femmes belges sans méfiance, le pape doit être vilipendé ? À quoi pensaient-ils ? Que le pape François se détournerait simplement de vingt et un siècles ininterrompus d'enseignement dont les origines remontent directement à la personne de Jésus-Christ lui-même ? Que des paradigmes plus anciens et plus contraignants que ceux du moment présent seraient jetés allègrement de côté ? Et qu'à cause d'une ou deux personnes qui ont expliqué pourquoi nous ne devrions pas nous soucier de « faire des dégâts », il n'y a aucune limite au nombre et à la gravité des dégâts que nous pouvons maintenant faire ?  

    « La femme est accueil fécond », a déclaré le pape, rappelant à son auditoire certains faits ontologiques qui, si nous les oublions ou les supprimons, annuleraient instantanément tout le sens et la mission de la femme, le cœur de son identité, qui est celle du “soin”, du dévouement vital ».

    Et à quoi cela touche-t-il finalement ? Au mystère de la vie elle-même. Et au Seigneur et Donateur de la vie, dont le commandement au reste d'entre nous est que nous révérions la vie, y compris en particulier la vie dans le sein maternel, qui est destinée à être le fruit de l'amour entre un homme et une femme dans le sacrement du mariage. « Soyons plus attentifs aux nombreuses expressions quotidiennes de cet amour », a plaidé le pape auprès des jeunes femmes de Louvain, de peur que leur fixation sur l'idéologie ne les fasse pécher contre la vie :

    de l'amitié au travail, des études à l'exercice de responsabilités dans l'Eglise et la société, du mariage à la maternité, de la virginité au service des autres et à la construction du Royaume de Dieu.

    Si les jeunes incendiaires de Louvain écoutent ou non ses paroles, cela dépendra, bien sûr, non pas des arguments de l'Église, mais du témoignage de ses propres enfants, stimulés par la grâce divine pour montrer par l'exemple la joie et la résolution qui découlent du fait de tout donner à Dieu, qui est notre Père à tous. Et au Christ, son Fils, qui est notre frère. Et, oui, à sa mère Marie, notre mère, qui est la source de toute notre espérance.

    Regis Martin est professeur de théologie et associé au Veritas Center for Ethics in Public Life à l'Université franciscaine de Steubenville. Il a obtenu une licence et un doctorat en théologie sacrée à l'Université pontificale Saint-Thomas d'Aquin à Rome. Martin est l'auteur d'un certain nombre de livres, dont Still Point : Loss, Longing, and Our Search for God (2012) et The Beggar's Banquet (Emmaus Road). Son livre le plus récent, publié par Scepter, s'intitule Looking for Lazarus : A Preview of the Resurrection (À la recherche de Lazare : un aperçu de la résurrection).