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Débats - Page 53

  • Inde : le projet de code civil unifié suscite l'opposition des minorités religieuses

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    De Vatican News :

    En Inde, le code civil de la discorde

    Le BJP, le parti du Premier ministre indien Narendra Modi, veut appliquer un code civil unifié à toute la population. S’il a déjà été adopté dans un des États de la fédération, son application au niveau national reste suspendue aux résultats des élections législatives du printemps. Mais ce projet suscite surtout l’opposition de la plupart des minorités religieuses du pays.

    Entretien réalisé par Xavier Sartre – Cité du Vatican

    Un code civil unifié (CCU), qui établit les mêmes lois pour tous les citoyens indiens, indépendamment de leur religion: c’est le sens de la loi adoptée ce mois-ci par le BJP, le parti du Premier ministre fédéral Narendra Modi, dans l’Uttarakhand, un des États de cet immense pays. Ce code régente ainsi entre autres, les mariages, les divorces, les héritages et les adoptions. Il a provoqué de vives critiques, principalement chez les musulmans, même si la polygamie n’est pas concernée par la nouvelle législation.

    Le débat pourrait maintenant devenir national, puisque dans deux mois, les Indiens seront appelés aux urnes pour élire leurs députés fédéraux et le BJP pourrait bien proposer d’appliquer ce code à l’ensemble du pays. Cette perspective parait logique s’agissant d’une des trois grandes promesses faites par Narendra Modi quand il est arrivé au pouvoir en 2014. Or, il a déjà tenu les deux premières: l’annulation de l’autonomie constitutionnelle du Cachemire, seul État complètement musulman du pays, et la consécration du temple d’Ayodhya sur le site d’une mosquée dont la destruction avait provoqué de sanglants affrontements entre hindous et musulmans.

    La politique nationaliste hindoue inquiète

    Pour le gouvernement Modi, l’adoption du code civil unifié serait par ailleurs un gage de modernité. «Cela permet au gouvernement de dire “nous sommes pour le même droit pour tous les citoyens, et nous sommes pour l’égalité des sexes”», explique Jean-Luc Racine, directeur de recherche émérite au CNRS et spécialiste de l’Inde. Les promoteurs de ce projet vantent en effet l’amélioration de la condition des femmes qui seraient davantage protégées, notamment en matière d’héritage, de mariage ou de divorce. Autant d’aspects qui entrent en opposition avec les droits existants jusqu’alors et qui respectent les lois religieuses des minorités.

    Mais l’opposition, notamment musulmane, au CCU est aussi motivée par les peurs provoquées par la politique nationaliste hindoue du gouvernement fédéral qui «peut légitimer les inquiétudes des musulmans» estime le chercheur. Les minorités tribales sont aussi très critiques, craignant que leurs particularités et leurs traditions ne soient remises en cause, alors qu’elles doivent déjà subir bien des avanies. Les critiques dépassent en outre le simple cadre communautaire, le parti du Congrès et les communistes étant aussi vent debout contre le projet.

    Un code prisonnier de la suspicion

    Un même droit pour tous contre des droits ancestraux, parfois discriminatoires, est-ce finalement la redite de la querelle des Modernes et des Anciens? «Il est inévitable que des mesures qui mériteraient attention soulèvent des controverses» dans un contexte où l’hégémonie hindoue s’affirme, relève Jean-Luc Racine. «On peut toujours penser qu’il y a des arrière-pensées derrière ce projet de réforme», reconnait-il. «Les choses pourraient être perçues différemment si elles étaient présentées par un gouvernement qui n’a pas la pratique du gouvernement de Narendra Modi à l’encontre des minorités religieuses», ajoute-t-il.

    Le fait que le Premier ministre en personne participe à des cérémonies religieuses hindoues crée de la confusion dans les réelles intentions du gouvernement et remet en question le sécularisme indien qui garantit une neutralité de l’État vis-à-vis des religions et la liberté religieuse à travers tout le pays, ainsi que la reconnaissance de certains droits traditionnels ou coutumes. La suspicion à l’encontre du BJP s’en trouve renforcée. Et les tensions intercommunautaires alimentées.

    Lire également : Adieu à l’Inde démocratique et multiculturelle où les chrétiens sont de plus en plus persécutés

  • A l’ONU, les pays du Sud  se sont opposés aux pays du Nord sur le langage de la famille

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    De zenit.org :

    ONU : Débats autour du statut de la famille

    Les pays pauvres défendent l’héritage de saint Jean-Paul II 

    22 février 2024

    Center for Family and Human Rights/New York, 19 février 2024 / Les États membres de l’ONU ont célébré le 30e anniversaire de l’Année internationale de la famille, mais dans une résolution adoptée par la Commission annuelle du développement social de l’ONU, les pays du Sud  se sont opposés aux pays du Nord sur le langage de la famille.

    La résolution réaffirme les accords antérieurs déclarant que la famille est « l’élément naturel et fondamental de la société », une définition qui fait référence au mariage entre un homme et une femme en tant que fondement de la société.

    « Comme indiqué il y a plus de trente ans dans la première résolution sur l’Année internationale de la famille (résolution 44/82), l’objectif de cette célébration était de sensibiliser les gouvernements, les décideurs politiques et le public à la famille en tant qu’unité naturelle et fondamentale de la société.

    Aujourd’hui, des forces puissantes tentent activement d’effacer cette prise de conscience », a déclaré un délégué du Nigeria.  « Je tiens à souligner que toute référence à la famille et à la politique familiale dans cette résolution doit être comprise en fonction de cet objectif », a-t-il insisté, soulignant que les efforts visant à s’opposer à la famille naturelle fondée sur le mariage entre un homme et une femme vont à l’encontre de ce que les accords des Nations Unies et le droit international contraignant disent depuis longtemps au sujet de la famille.

    Au cours de la deuxième semaine de février, des représentants de l’Union européenne et d’autres pays occidentaux avaient demandé la reconnaissance de « diverses formes de famille » ou la suppression des références à la famille dans la résolution. En réponse, la délégation du Saint-Siège s’est dite « profondément préoccupée par le fait que la famille est de plus en plus minimisée, voire dénigrée, dans les forums internationaux », dans une déclaration officielle. À l’issue de la réunion de la commission, un délégué du Saint-Siège a remercié la commission d’avoir dûment reconnu l’anniversaire dans la résolution et a appelé les pays à travailler ensemble pour promouvoir les politiques familiales dans les années à venir. 

    L’Année internationale de la famille, instituée en 1989 et célébrée pour la première fois en 1994, est l’une des nombreuses initiatives en faveur de la famille lancées par saint Jean-Paul II et le Synode du Vatican sur la famille de 1980. Les enseignements de Jean-Paul II ont incité toute une génération d’universitaires et d’hommes politiques catholiques à promouvoir des politiques favorables à la famille. L’intérêt particulier du Saint-Siège pour la politique familiale a été relayé par des délégations du monde entier, particulièrement en Afrique.

    Un délégué du Cameroun, s’exprimant au nom des 54 États membres du groupe africain, a déclaré : « Le point de vue du groupe africain est que le caractère central et indispensable de la famille en Afrique en tant qu’unité fondamentale de la société doit être renforcé et protégé afin qu’elle puisse jouer un rôle important. » 

    Les mêmes pays traditionnels qui ont salué la reconnaissance de l’Année internationale de la famille dans la résolution se sont plaints des tentatives visant à imposer la reconnaissance des questions liées à l’homosexualité et au transgenre au cours des négociations.  « Ma délégation reste préoccupée par la tentative de plusieurs délégations d’imposer un langage et des références qui ne correspondent à aucune réalité avec laquelle nous pourrions travailler au niveau national », a déclaré un délégué de l’Égypte. Il a ajouté qu’il était « vraiment regrettable » que les délégations occidentales se soient autant concentrées sur les « formes intersectionnelles de discrimination » (faisant par là référence aux questions relatives aux homosexuels et aux transsexuels) plutôt que sur des questions faisant l’objet d’un large consensus. Le délégué égyptien a mis en cause la délégation américaine. Le délégué américain s’est plaint que la résolution comprenait une mention sur le « droit au développement » et a déclaré que les résolutions de l’ONU n’étant pas contraignantes, elles ne modifiaient pas le droit international. « Je me demande pourquoi nous siégeons dans ce contexte pour négocier le langage que nous adopterons » a répondu le délégué égyptien.  Le Qatar, la Malaisie, la Libye, l’Iran, Djibouti, le Nigeria, le Mali et le Sénégal partagent les réticences de l’Égypte à l’égard des « formes intersectionnelles de discrimination ». 

    ONU : Débats autour du statut de la famille | ZENIT - Francais

  • Avec un iman pakistanais psalmodiant le coran du haut de la tribune du Parlement bruxellois, une étape symbolique a été franchie

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    D'Alain Destexhe sur le site du Figaro via almendron.com :

    Comment la gauche belge s’est progressivement soumise à l’islamisme

    Même s'il n'en reprend pas les versets ouvertement antisémites, la sourate «Les coalisés» que récite l'imam n'est pas choisie au hasard. Elle raconte une guerre contre les «gens du livre» pour les tuer ou les faire prisonniers (verset 26). Le suivant annonce la couleur : Et Il vous a fait hériter leur terre, leurs demeures, leurs biens, et aussi une terre que vous n'aviez point foulée. Et Allah est Omnipotent. Le message subliminal semble clair. L'Europe est une terre de conquête et un jour vous en serez dépouillés et chassés. L'ambassadrice d'Israël à Bruxelles s'est dite «horrifiée», alors que les 18.000 juifs de Bruxelles connaissent déjà une montée de l'antisémitisme et de la peur. Cet imam rigoriste a reçu un prix de la secrétaire d'État belge Nawal Ben Hamou (PS) pour, cela ne s'invente pas, ses «succès académiques».

    Le député qui a couvert l'événement est le socialiste Hasan Koyuncu, d'origine turque. Il est le premier vice-président, non du Parlement bruxellois, mais du Parlement francophone bruxellois (bienvenue dans l'usine à gaz des institutions belges), et il sera tête de liste du PS à Schaerbeek, une des deux communes avec la plus forte communauté turque de Bruxelles, en octobre, pour les élections communales.

    73% des Turcs de Belgique, qui sont pour la plupart binationaux, ont voté pour Erdogan aux dernières élections présidentielles, bien davantage que les Turcs de Turquie (52%). Prompt à condamner Israël ou la Birmanie (pour les exactions contre les Rohyngas), le PS a toujours bloqué les tentatives de s'en prendre au régime turc qui détient des centaines de prisonniers politiques et muselle la presse.

    La conférence en question avait pour but de souligner les réussites et l'intégration économique et sociale (sic) de la nombreuse communauté pakistanaise de Bruxelles, mais la plupart des orateurs s'exprimaient en anglais ou en ourdou ! Moment cocasse : lorsque Nawal Ben Hamou, ministre d'une région francophone, monta à la tribune, elle demanda si elle pouvait parler en français !

    Si l'on ajoute le président du Parlement, ce sont trois élus socialistes qui sont concernés par cette dérive. Cet épisode ne constitue cependant qu'une étape de plus dans l'abandon de la laïcité par le PS. La liste des renoncements est longue : possibilité de porter le voile pour les employés de la STIB (l'équivalent de la RATP) et dans des administrations communales, enseignants confrontés aux atteintes à la neutralité livrés à eux-mêmes, signe de rabia, de ralliement aux Frères musulmans par un député de Molenbeek, acceptation de la non-mixité dans certaines piscines, cantines scolaires devenues de facto halal, poursuite de l'égorgement rituel à Bruxelles alors qu'il est interdit en Flandre et en Wallonie, et tolérance vis-à-vis de l'antisémitisme. Depuis le 7 octobre, le bourgmestre socialiste de Bruxelles, autorise des manifestations hebdomadaires où des slogans antisémites sont régulièrement scandés.

    En réalité, le PS est désormais soumis à l'islam. Une grande partie de ses élus au Parlement bruxellois, de véritables machines électorales, sont de religion ou de culture musulmane.

    Si, au PS, on s'accroche encore officiellement à une laïcité historiquement au cœur de l'identité du parti, du côté du parti Écolo, on affiche depuis longtemps un communautarisme sans complexe. Dans la commune du célèbre club de football d'Anderlecht, le parti a récemment fait voter une motion autorisant le port de signes convictionnels dans l'administration. La semaine dernière, Alain Maron, le chef de file des ministres écologistes à Bruxelles, a déclaré : «L'islam est pour l'égalité entre les hommes et les femmes et pour le droit à l'avortement». A-t-il déjà ouvert un coran ?

    Bruxelles, la capitale de l'Europe, est désormais une des villes les plus islamisées du continent. Selon Statbel, l'office de statistiques belge, 61% de la population bruxelloise n'est pas d'origine européenne et il n'y a plus que 23% de Belges d'origine belge, un cas unique pour une capitale européenne.

    Si la démographie c'est le destin, alors celui de Bruxelles n'est plus d'être une ville belge et européenne, mais un melting-pot sans culture commune. Avec la montée en puissance de l'islam, les Écolos et le PS, les deux premiers partis de la capitale, sont dans une surenchère permanente pour le prix de la soumission. D’où la nécessité de relire Houellebecq d’urgence.

    Alain Desthexe, médecin, sénateur honoraire belge, auteur de L'Occident commence en Terre sainte : de Jérusalem à Bruxelles, journal de bord (2013) et de Lettre aux progressistes qui flirtent avec l'islam reac (2008).

  • Demain : une Église à deux vitesses, post-synodale et décentralisée ?

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    D'Ed. Condon sur The Pillar :

    L'agenda de l'"Église à deux vitesses" pour le synode

    20 février 2024

    La deuxième session de la 16e Assemblée générale ordinaire du Synode des évêques se réunira le 2 octobre pour une nouvelle série de trois semaines de discussions et de débats. 

    Mais alors que cette deuxième session marathon à Rome est encore dans plusieurs mois, le processus synodal mondial continue de se dérouler en temps réel dans le monde entier. 

    La "synodalité" a ravivé de sérieuses questions sur l'émergence d'un programme synodal occidental visant à modifier l'enseignement et la discipline de l'Église, ce qui pourrait conduire à une confrontation ouverte lors de la prochaine assemblée et même menacer la communion mondiale de l'Église.

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    Lundi dernier, les évêques d'Allemagne se sont réunis en assemblée plénière à Augsbourg. A l'ordre du jour ne figurait pas le vote sur l'approbation des statuts d'un "comité synodal" controversé, organe destiné à ouvrir la voie à un "conseil synodal" permanent pour l'Eglise dans le pays.

    Le vote sur le comité synodal a été abandonné après une intervention du Saint-Siège le samedi, avertissant les Allemands qu'aller de l'avant avec le comité serait "contraire aux instructions du Saint-Siège" et risquerait d'avoir des "conséquences juridiques".

    Si les évêques allemands ont supprimé le vote de leur programme de lundi, ils ne se sont pas engagés à abandonner complètement le comité synodal. Au contraire, la question sera probablement réexaminée dans un avenir assez proche dans le cadre de la confrontation synodale entre l'Allemagne et Rome.

    Le cardinal Christoph Schönborn, archevêque de Vienne, a souligné les enjeux auxquels sont confrontés ses voisins lorsqu'il a averti lundi que les évêques allemands devraient se demander s'ils "veulent vraiment quitter la communion avec et sous le pape, ou plutôt l'accepter loyalement", et que le fait de ne pas s'aligner déclencherait un schisme.

    Mais l'impasse des évêques allemands avec Rome est un conflit curieux. 

    Dans le cadre de leur programme controversé de "voie synodale", les évêques et leur organisation partenaire, le Comité central des catholiques allemands (ZdK), ont demandé à plusieurs reprises la fin du célibat des clercs, l'ordination des femmes, la révision de l'enseignement de l'Église sur la moralité et la sexualité humaine, ainsi que la décentralisation de l'autorité de l'enseignement doctrinal par rapport au Saint-Siège. 

    Mais alors que les évêques allemands ont insisté à plusieurs reprises pour provoquer le Vatican avec une série de mesures procédurales et structurelles, comme la création du comité synodal et la poursuite des projets de conseil synodal, les évêques voisins ont appelé à leurs propres révisions radicales de l'enseignement et de la pratique de l'Église, sans pour autant contrarier le Saint-Siège.

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  • Un pontificat imprécis semant plus de confusion que de clarté

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    Du pasteur protestant Jürgen Henkel sur kath.net/news :

    "Le pontificat imprécis"

    20 février 2024

    Les querelles et les titres négatifs nuisent de plus en plus aux Églises - "Le pape François sème en plus la confusion au lieu de la clarté" 

    Selb (kath.net/ revue trimestrielle œcuménique "Mission et Vérité"/jh) La nouvelle année du Seigneur 2024 est encore jeune. Et pourtant, dès les premières semaines, certains événements bouleversent les Églises en Allemagne et dans le monde entier.

    Depuis des semaines, la controversée déclaration "Fiducia supplicans" sur le sens pastoral des bénédictions du 18 décembre 2023, émanant du dicastère de la foi, provoque des discussions et des perturbations sans précédent au sein de l'Eglise catholique, entre les conférences épiscopales et le Vatican. Elle porte la signature du non moins controversé préfet, le cardinal Víctor Manuel Fernández, mais a été publiée avec l'approbation expresse du pape François. La bénédiction de couples de même sexe (et de couples remariés) y est déclarée admissible dans certaines circonstances, à condition que ces actes de bénédiction ne soient pas confondus avec le mariage à l'église et qu'ils n'aient pas lieu dans le cadre d'un service religieux. La question se pose de savoir si les couples homosexuels, en particulier, souhaitent une telle "pseudo-bénédiction du mariage" en dehors d'un service religieux comme "demi-solution".

    En l'espace de quelques jours, ce document a suscité une telle opposition dans le monde entier que le dicastère de la foi s'est vu contraint de publier un communiqué de presse le 4 janvier 2024 afin de répondre aux critiques parfois virulentes. Le problème central de la déclaration est - une fois de plus - l'imprécision et l'ambiguïté de son contenu, ou plutôt les méandres entre la pastorale et la doctrine. Ainsi, d'une part, de telles bénédictions sont autorisées sous certaines conditions, pour ne pas dire "approuvées". Mais en même temps, il est expressément souligné que l'on s'en tient à la conception "catholique" traditionnelle du mariage et de la célébration du mariage. Comme pour d'autres déclarations papales officielles ou semi-officielles depuis 2013, on tente ici aussi de satisfaire d'une manière ou d'une autre les progressistes et les conservateurs ou les chrétiens traditionnels et les milieux réformistes en même temps. Après onze ans de pontificat, le pape François semble plutôt vouloir imposer rapidement son agenda moderniste par des moyens autoritaires au crépuscule de son pontificat et tout au plus "tenir en haleine" les conservateurs et les traditionalistes.

    C'est précisément ce flottement dans la position, précisément sur des questions importantes et pertinentes pour l'enseignement, qui caractérise sans cesse ce pontificat imprécis. Le pape François veut plaire à tout le monde et être apprécié de tous, une sorte de "everybody's darling". Cet effort s'apparente à la quadrature du cercle. Mais ce faisant, il provoque plutôt une confusion théologique qu'il ne clarifie ce qui relève de son ministère. Il ne prend une position explicite et claire que sur les thèmes de l'avortement et de l'idéologie du genre ainsi que - justement ! - sur l'interdiction de l'ancienne messe. Sur les autres questions, il y a toujours un "à la fois". Ses déclarations et ses textes sont généralement conçus de manière à ce que chacun puisse écouter, lire ou picorer à sa guise. Un tel manque de clarté et de précision théologique n'a jamais existé sous les deux vrais grands théologiens et papes précédents, saint Jean-Paul II et Benoît XVI.

    Cela est probablement dû au fait que le pontife argentin place toujours la pastorale au-dessus de la doctrine en tant que critère et subordonne ainsi l'enseignement de l'Eglise catholique à une primauté de la pastorale qu'il a lui-même justifiée et définie de manière hautement subjective quant à son contenu. Et le cardinal Fernández, préfet de la foi installé par François, seconde avec zèle son compatriote, seigneur et maître, en attestant ou en attribuant à ce pape un "charisme" personnel tout à fait particulier en matière d'enseignement. Mais de cette manière, chaque déclaration théologique de ce pape concret acquerrait la qualité d'un enseignement ex cathedra. L'ancien préfet de la foi, le cardinal Gerhard Müller, a apporté les éclaircissements nécessaires sur cette théorie (folle) et aventureuse. Ce n'est pas sans raison qu'il existe en outre la distinction si importante des deux niveaux ou dimensions : "kat akribiam" ("méticuleusement", c'est-à-dire selon la "stricte et pure doctrine") et "kat oikonomiam" (formulé simplement : "selon la responsabilité pastorale"). Pour le pape actuel, cette distinction ne semble plus pertinente, voire dérangeante, voire obsolète. Et c'est là que cela devient théologiquement inquiétant. D'ailleurs, si vous voulez lire sur ces questions une position fidèle à la doctrine et à la foi d'un théologien luthérien profilé, nous vous conseillons de lire l'ouvrage "Kirchliche Entscheidung in theologischer Verantwortung : Grundlagen, Kriterien, Grenzen" (Göttingen 1991) du dogmaticien Reinhard Slenczka (1931-2022) d'Erlangen, décédé il n'y a pas si longtemps. Ce livre ne reflète évidemment pas l'opinion majoritaire de la théologie protestante ou luthérienne "d'après 68", mais il constitue une voix claire comme du cristal, précise et encore pertinente aujourd'hui sur le sujet, issue de la diversité des opinions du protestantisme.

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  • Le pape François a nommé consulteurs du Synode sur la synodalité trois femmes qui militent pour l'ordination de femmes diacres et prêtres

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    De Jules Gomes sur Church Militant :

    FRANCIS NOMME AU SYNODE DES DÉFENSEURS DU CLERGÉ FÉMININ
       
    19 février 2024

    Les nominations font suite à la réunion du C9 entre le pape et la femme anglicane " évêque ".

    VILLE DU VATICAN (ChurchMilitant.com) - Le pape François a nommé consulteurs du Synode sur la synodalité trois femmes qui militent pour l'ordination de femmes diacres et prêtres. 

    Le Bureau de presse du Saint-Siège a annoncé samedi que le pontife a nommé Sœur Birgit Weiler, Tricia C. Bruce et Maria Clara Lucchetti Bingemer, au sein d'une équipe de six nouveaux théologiens pour la deuxième session de l'Assemblée générale du Synode des évêques.

    Sœur Weiler, membre des Medical Mission Sisters et missionnaire en Amazonie, soutient que "les femmes qui se sentent appelées doivent pouvoir être admises à la prêtrise".

    Dans une interview accordée au média suisse Kath.ch, Birgit Weiler - qui milite également en faveur des prêtres mariés - a souligné qu'elle connaissait des religieuses en Amazonie qui étaient autorisées par leur évêque à administrer les sacrements du baptême et même l'onction des malades.

    "Cela n'a rien d'inhabituel en Amazonie", a fait remarquer Birgit Weiler, déplorant le manque de prêtres qui a conduit certains laïcs à ne recevoir la Sainte Communion qu'une fois par an. "Les religieuses le font avec l'autorisation de l'évêque concerné".

    "En Amazonie, les personnes gravement malades demandent le sacrement de la confession à une religieuse avec laquelle elles ont une relation", a révélé la religieuse dans l'interview d'avril 2023. Mais, a-t-elle ajouté, les sœurs "ne peuvent pas formellement donner l'absolution - beaucoup de religieuses trouvent cela très douloureux".

    Le discours patriarcal et androcentrique sur Dieu a conduit à une exclusion généralisée des femmes de la sphère publique.

    Weiler pense que les femmes diacres sont inévitables : "En fait, cela pourrait arriver très bientôt. Il n'y a pas d'obstacles théologiques si l'on comprend le diaconat comme une fonction indépendante dans l'Église par laquelle le Christ est rendu présent dans l'Église par son service dans la vie des gens.

    "En ce qui concerne le sacerdoce des femmes, je crains que cela ne prenne un peu plus de temps. Mais il est impératif que l'Église reconnaisse l'urgence de cette question", a souligné la religieuse. 

    En 2021, la deuxième femme nommée par François, Tricia C. Bruce, a rédigé un rapport en faveur des diaconesses intitulé "Called to Contribute : Findings from an In-depth Interview Study of US Catholic Women and the Diaconate" (Appelées à contribuer : résultats d'une étude par entretiens approfondis des femmes catholiques américaines et du diaconat).

    Bruce, qui est présidente élue de l'Association pour la sociologie de la religion, estime que l'ordination de femmes diacres est possible car "les changements apportés au droit canonique par le pape Benoît XVI en 2009 ont renforcé la distinction entre les diacres et la prêtrise ordonnée".

    L'échange de codes crée des débouchés pour les dons de prédication des femmes en coordination avec les prêtres qui le souhaitent.

    Les femmes interrogées dans le rapport de Tricia C. Bruce partagent des expériences soulignant comment elles se sont senties appelées à la prêtrise dans l'Église catholique, certaines dès l'enfance et d'autres en participant en tant qu'enfants de chœur, ministres de l'eucharistie, lecteurs ou en remplissant des rôles diaconaux. 

    "Au-delà de la prédication, les femmes catholiques se trouvent paralysées dans leur capacité à répondre aux besoins sacramentels des laïcs catholiques - en particulier ceux qui surviennent dans les moments de crise et d'urgence", déplore Tricia C. Bruce. 

    La sociologue décrit comment les femmes utilisent le "codeswitching" en collaboration avec les prêtres comme complices pour contourner les barrières canoniques qui leur interdisent de prêcher l'homélie pendant la messe.

    "L'échange de codes crée des débouchés pour les dons de prédication des femmes en coordination avec des prêtres volontaires. Iris a prêché en tant que 'réflecteur laïc' le jour de la fête des mères", écrit-elle. "Les femmes décrivent également comment elles s'opposent stratégiquement et adaptent les normes pour répondre aux besoins sacramentels des paroissiens.

    "Les femmes s'engagent volontiers dans leur appel au service diaconal, mais l'Église catholique ne garantit pas les circonstances dans lesquelles il est possible de répondre à cet appel", conclut Tricia C. Bruce, qui exhorte le magistère à revenir sur sa position concernant les ordres sacrés. 

    Maria Clara Lucchetti Bingemer, professeur de théologie à l'université catholique pontificale de Rio de Janeiro, a proposé qu'une femme soit la matière appropriée pour le sacrement de l'ordre et puisse agir en tant qu'"alter Christus" et "in persona Christi".

    Mme Bingemer, qui se décrit comme une théologienne féministe, préconise d'aller "au-delà de Dieu le Père" car "le discours patriarcal et androcentrique sur Dieu a conduit à une exclusion généralisée des femmes de la sphère publique et à une subordination des femmes pour répondre à la perspective et aux besoins d'un monde qui est principalement conçu pour les hommes".

    Il n'y a pas d'obstacles théologiques si l'on comprend le diaconat comme une fonction indépendante dans l'Église.
    La féministe brésilienne plaide en faveur de l'ordination des femmes à la prêtrise dans son livre Transformer l'Église et la société d'un point de vue féministe, en raison de "leur vocation eucharistique exprimée à travers leur corps". 

    Auparavant, la religieuse salésienne Linda Pocher, invitée à prendre la parole lors de la réunion des consulteurs du pape François (C9) en février, avait déclaré dans une interview que le souverain pontife "est très favorable au diaconat féminin" et qu'il étudie les méthodes pour le mettre en œuvre.

    La religieuse a ajouté qu'il n'y avait "aucune réflexion sur l'ordination presbytérale des femmes dans l'Église catholique".

    François et le C9 ont également rencontré l'"évêque" anglican Jo Bailey Wells et Giuliva Di Berardino, une vierge consacrée, professeur d'études religieuses et liturgiste du diocèse de Vérone, en Italie.

    Dans une interview accordée le 9 février à Vida Nueva Digital, Jo Bailey Wells a déclaré que les cardinaux "étaient accueillants, attentifs et je dirais même curieux" et qu'ils "passaient plus de temps à écouter qu'à parler".

    Après s'être adressé aux cardinaux du C9, Soeur Pocher a déclaré que François "changeait la façon de penser et de vivre la différence entre le ministère ordonné et le sacerdoce baptismal" en "étendant à tous les baptisés certains droits qui, jusqu'à récemment, appartenaient aux évêques, aux prêtres ou aux religieux".

    Alphonse Borras, vicaire épiscopal du diocèse de Liège (Belgique), le père Gilles Routhier, professeur de théologie à l'Université Laval (Canada), et le révérend Ormond Rush, professeur associé de théologie à l'Université catholique d'Australie, ont également été nommés au synode par François. 

    La deuxième session du Synode des évêques se tiendra du mercredi 2 au dimanche 27 octobre 2024, afin de poursuivre les travaux du Synode sur la synodalité sur le thème "Pour une Église synodale : communion, participation et mission".

  • Le futur Conseil synodal de l’Église allemande pourrait être mort-né

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    De Delphine Nerbollier sur le site du journal La Croix :

    Après une « lettre incendiaire » du Vatican, les évêques allemands reculent

    Analyse 

    Le futur Conseil synodal que l’Église catholique en Allemagne souhaitait mettre en place pourrait être mort-né. Une nouvelle lettre du Vatican vient de lui porter un coup d’arrêt, alors que s’ouvre l’Assemblée plénière des évêques allemands, lundi 19 février.

    L’ambiance est retombée avant même d’avoir pu prendre. C’est en effet sous le choc d’un nouveau rappel à l’ordre de la Curie romaine que l’Assemblée plénière de la Conférence épiscopale allemande (DBK) a entamé ses discussions, lundi 19 février à Augsbourg, en Bavière.

    À l’origine, les évêques allemands avaient prévu, entre autres, d’y valider les statuts du Comité synodal, l’une des décisions majeures issues du chemin synodal, ce processus de réforme interne de l’Église dans le pays. Constitué de 74 membres, évêques, laïcs, théologiens, le Comité synodal s’est réuni pour la première fois en novembre et doit, entre autres, préparer la création d’un futur Conseil synodal. Or, c’est cette instance, devant associer évêques, prêtres, diacres et laïcs dans les prises de décisions au niveau diocésain et national, qui est au cœur d’une crise sans précédent avec Rome, depuis plus d’un an.

    Opposition du pape François

    Dernier événement en date, samedi 17 février, deux jours avant le début de l’Assemblée plénière, la direction de la DBK a reçu une missive des cardinaux Pietro Parolin, secrétaire d’État du Saint-Siège, Victor Fernandez, préfet du dicastère pour la doctrine de la foi et Robert Francis Prevost, préfet du dicastère pour les évêques, lui demandant d’ajourner la ratification des statuts du Comité synodal. Ces cardinaux évoquent un accord passé avec la direction de la DBK selon lequel aucune ratification ne devrait avoir lieu avant une série de rencontres prévues à Rome. Plus largement, ils rappellent l’opposition du pape à la création d’un Conseil synodal, « non prévu par le droit canonique en vigueur » et qui pourrait affaiblir l’autorité des évêques. « Une décision de la DBK à ce sujet serait invalide, avec les conséquences juridiques qui en découlent », ajoutent les cardinaux.

    Face à un tel rappel à l’ordre, le président de la Conférence épiscopale allemande, Mgr Georg Bätzing, a revu en urgence l’ordre du jour de la session plénière qui doit s’achever jeudi 22 février. Les statuts du Comité synodal n’y seront pas validés. Devant la presse, lundi 19 février, l’évêque de Limbourg n’a toutefois pas caché son « étonnement » face à « une lettre incendiaire », reprenant ainsi un terme utilisé dans une question par un journaliste, et il a rappelé qu’il attendait depuis des mois un rendez-vous à Rome. « J’aurais aimé que les entretiens prévus aient déjà eu lieu car nous le voyons très clairement dans cette lettre : il existe de réelles inquiétudes de la part de Rome (sur la question du Conseil synodal, NDLR). Nous pouvons invalider la grande majorité de ces craintes. Nous ne voulons pas affaiblir l’autorité des évêques mais la renforcer en la replaçant sur de nouvelles bases. L’autorité des évêques et celle du pape ont été entachées par les scandales d’abus sexuels », rappelle-t-il.

    Un coup dur pour le chemin synodal allemand

    Pour le Comité central des laïcs allemands (ZdK), associé depuis plus de quatre ans au processus de réforme interne de l’Église dans le pays – le chemin synodal —, cette nouvelle confrontation avec Rome est un coup dur. « Nous attendons de Rome qu’elle ne sape pas la bonne collaboration entre les évêques allemands et la représentation des laïcs, mais qu’elle la valorise et la conçoive comme une ressource », écrit sa présidente Irme Stetter-Karp, en craignant « un nouveau retard dans les réformes urgentes et nécessaires de l’Église »« L’Église catholique en Allemagne n’aura pas de deuxième chance si elle arrête maintenant sa voie synodale », juge-t-elle.

    Le théologien Thomas Schüller, de l’Université de Münster, va plus loin. Lui-même membre du Comité synodal qui s’est constitué en novembre, il voit dans cette nouvelle lettre de la Curie romaine « la fin » pure et simple du Conseil synodal. « Les autorités romaines, de concert avec le pape, ont définitivement interdit le projet de Conseil synodal dans la version envisagée jusqu’à présent, explique-t-il à La CroixLe pape ne pense rien du tout des projets allemands. Il réagit avec une hostilité et un dégoût évidents. »

    Plus diplomate, le président de la Conférence des évêques tentait de garder un semblant d’optimisme. « Nous avons trois entretiens prévus à Rome. Nous nous y rendrons car c’est la seule voie possible pour avancer. Nous ne voulons rien mettre en place qui soit contraire au droit ecclésiastique. Il nous faut donc parler. Maintenant », estime Mgr Georg Bätzing. Quant aux cinq évêques allemands hostiles à ce projet de Conseil synodal et qui ont alerté Rome il y a plus d’un an, ils restaient discrets ces derniers jours. Conscients d’avoir remporté une bataille de taille.

  • Dans la perspective du synode d'octobre 2024, les évêques belges demandent le diaconat des femmes et l'abolition du célibat obligatoire

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    De Lieve Wouters sur Kerknet :

    Projet de note audacieuse des évêques belges pour le synode 2024

    19 FÉVRIER 2024

    Dans la perspective du synode d'octobre 2024, les évêques demandent le diaconat des femmes et l'abolition du célibat obligatoire.

    Les évêques belges exposent leurs priorités dans un projet de texte, qui sera soumis à la discussion des groupes de réflexion et des conseils dans les différents diocèses. Dans ce document, ils partent de trois constats :

    Une Église synodalement missionnaire exige un dialogue ouvert avec les développements actuels du monde qui nous entoure. L'Église ne peut pas se limiter à une voie à sens unique dans la proclamation de la Bonne Nouvelle au monde.

    • Nous demandons que le synode décrive la/les tradition(s) de notre Église comme dynamique(s) et en développement constant.
    • Nous demandons à être encouragés à concrétiser la décentralisation de certaines décisions dans l'Église, ce qui lui permet de travailler ensemble dans l'unité avec une diversité plus légitime.
    • Nous demandons une concrétisation de la "responsabilité" des évêques dans une Église synodale.

    Place des femmes dans l'Église

    À partir de là, les évêques appellent à une réflexion sur la place des femmes dans l'Église. Nous demandons le feu vert pour pouvoir prendre certaines mesures par conférence épiscopale ou assemblée épiscopale continentale. Ainsi, l'attribution d'une responsabilité pastorale croissante aux femmes et l'ordination diaconale des femmes ne doivent pas être universellement obligatoires ou interdites".

    Célibat et ordination de 'viri probati'

    L'obligation du célibat pour les prêtres et les diacres qui deviennent veufs suscite depuis longtemps de vives interrogations", écrivent les évêques. Ils ressentent "le besoin de redécouvrir la nature symbolique et sacramentelle du ministère ordonné". La relation entre l'ordination et la responsabilité (finale) nécessite une nouvelle précision, affirment-ils. Nous demandons que les prêtres et les diacres assument de plus en plus leur responsabilité pastorale au sein d'équipes dans lesquelles les laïcs ont également leur place et leur tâche".

    En outre, les évêques parlent d'ordonner prêtres des 'viri probati'. Littéralement, ce terme signifie "hommes éprouvés". Il s'agit d'hommes mariés qui, en raison de leur mode de vie, peuvent prétendre à la prêtrise.

    L'ordination sacerdotale des viri probati ne devrait pas être universellement obligatoire ou interdite", écrivent les évêques.

    Les jeunes et la culture numérique

    Une troisième priorité concerne la communication avec les jeunes. Les évêques souhaitent investir davantage dans les personnes et les ressources qui témoignent de l'Évangile dans et à travers le monde numérique. Ils demandent notamment la mise en place d'un mécanisme de solidarité entre les conférences épiscopales et les assemblées épiscopales continentales "afin que chaque Église locale ait les possibilités nécessaires pour être présente dans le monde numérique".   

    Quelles sont les prochaines étapes ?

    1. Le projet de note sera soumis à la discussion des groupes de réflexion et des conseils dans les différents diocèses. Ses échos seront compilés d'ici le 7 avril et remis au Secrétariat du Synode des évêques à Rome.
    2. Parallèlement à ces échos, de bons exemples de pratiques synodales seront également recueillis pour chaque diocèse et remis à Rome en vue de constituer le document de travail pour la deuxième et dernière session du synode en octobre 2024.
    3. Par ailleurs, les évêques belges veulent s'engager dès maintenant dans des moments de formation " pour pratiquer le discernement commun et la conversation dans l'Esprit ".
    4. Par ailleurs, la Commission théologique de la Conférence épiscopale se penchera d'ores et déjà de manière approfondie sur les thèmes susmentionnés liés à la gestion de la tradition et aux questions relatives aux fonctions et aux ministères dans l'Église.
  • "Synodaler Weg" : Rome dit "non" au vote de la commission synodale des évêques allemands

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    Philippine de Saint-Pierre sur twitter : "Que vont faire les évêques allemands, réunis en assemblée à partir de lundi, alors que Rome leur a écrit de ne pas voter les statuts du "comité synodal" - qui modifie la gouvernance de l’Eglise - avant de plus amples discussions ?" :

    De Luke Coppen sur The Pillar :

    Rome dit "non" au vote de la commission synodale des évêques allemands

    18 février 2024

    Le Vatican a demandé samedi aux évêques allemands de ne pas organiser de vote sur les statuts du "comité synodal" du pays, dans une intervention spectaculaire à la veille de leur assemblée plénière à Augsbourg.

    Un porte-parole a déclaré à l'agence de presse catholique allemande KNA que la conférence épiscopale avait reçu une lettre du Vatican le 17 février.

    "Cette lettre demande à l'assemblée plénière de ne pas voter sur les statuts du comité synodal, en raison des discussions à venir entre les représentants de la Curie romaine et les représentants de la conférence épiscopale allemande", a-t-il déclaré.

    Le porte-parole a ajouté que le président de la conférence épiscopale avait informé ses collègues que ce point serait retiré de l'ordre du jour pour le moment.

    "Tout le reste sera décidé lors de l'assemblée plénière d'Augsbourg", a précisé le porte-parole.

    Il est rare, mais pas sans précédent, que le Vatican intervienne dans l'ordre du jour des réunions des conférences épiscopales.

    En 2018, Rome a demandé aux évêques américains de reporter un vote sur des mesures visant à résoudre la crise des abus commis par des clercs. En 2020, le Vatican est également intervenu pour donner un coup de pouce à une déclaration de la conférence épiscopale américaine sur l'élection du président Joe Biden.

    Le Vatican est intervenu à plusieurs reprises dans le processus synodal allemand, avant même que la voie synodale ne soit officiellement lancée en décembre 2019. En juin de cette année-là, le pape François a écrit une longue lettre aux catholiques allemands, les mettant en garde contre une focalisation sur des "réformes purement structurelles ou bureaucratiques". 

    Le comité synodal est un organe composé d'évêques diocésains et de laïcs sélectionnés, issu de la "voie synodale" controversée de l'Allemagne, qui s'est achevée en mars 2023 par des appels en faveur des femmes diacres, d'un réexamen du célibat des prêtres, de la prédication laïque lors des messes, d'une révision du catéchisme sur l'homosexualité et d'un rôle plus important des laïcs dans le choix des évêques. 

    Les deux tâches principales de la commission sont de veiller à ce que les résolutions de la voie synodale soient mises en œuvre dans les diocèses allemands et de préparer la création, en 2026, d'un "conseil synodal" permanent composé d'évêques et de laïcs et doté d'un pouvoir de décision sur l'Église en Allemagne.

    Lors de la réunion inaugurale du comité synodal en novembre 2023, les participants ont approuvé les statuts et le règlement intérieur de l'organe. 

    Dans une démarche controversée, les statuts ont abandonné le principe de la voie synodale selon lequel les décisions devaient être soutenues par les deux tiers des évêques et les deux tiers des laïcs. Le comité synodal peut adopter des résolutions avec une simple majorité des deux tiers. 

    Quatre des 27 évêques diocésains allemands ayant déclaré qu'ils ne participeraient pas au Comité synodal, celui-ci ne compte plus que 23 évêques parmi ses 70 membres. Cela signifie que les non-évêques pourraient former une majorité des deux tiers sans avoir besoin du soutien d'un seul évêque.

    Dans une lettre de janvier 2023 approuvée par le pape François, trois cardinaux du Vatican ont déclaré qu'aucun évêque n'était obligé de participer aux réunions du comité synodal et que l'Église allemande n'avait pas le pouvoir d'établir un conseil synodal permanent.

    Le pape François a critiqué à la fois le comité synodal et le conseil synodal dans une lettre adressée aux détracteurs allemands de la voie synodale, datée du 10 novembre 2023.

    "Ce comité vise à mettre en place un organe consultatif et décisionnel", écrit-il. "Cependant, comme le souligne la résolution correspondante [de la voie synodale], la structure proposée n'est pas en accord avec la structure sacramentelle de l'Église catholique". 

    Un document du Vatican divulgué en novembre 2023 laissait entendre que les discussions en cours entre les évêques allemands et les responsables curiaux se poursuivraient en janvier, avril et juin 2024. Aucune confirmation officielle n'a été donnée quant à la tenue de ces discussions le mois dernier.

    Les statuts du Comité synodal précisent qu'ils ne peuvent "entrer en vigueur que par une résolution du Comité synodal, de la Conférence épiscopale allemande et du ZdK", l'influent Comité central laïc des catholiques allemands.

    Le ZdK a approuvé les statuts le 25 novembre 2023, quelques semaines après leur approbation par le Comité synodal.

    Mais les évêques allemands n'ont pas encore discuté des statuts en assemblée plénière. On s'attendait à ce qu'ils le fassent lors de leur réunion du 19 au 22 février à Augsbourg.

    Mais un aperçu officiel de l'assemblée de printemps ne mentionne ni les statuts ni le comité synodal. 

    Elle indique seulement que les 60 évêques présents "discuteront d'autres considérations concernant la voie synodale de l'Église en Allemagne et le synode mondial à Rome, dont la deuxième partie aura lieu en octobre 2024".

    Les évêques allemands n'ont pas réussi à se mettre d'accord en juin 2023 sur l'utilisation d'un fonds commun pour financer le comité synodal. Aucun mécanisme de financement alternatif n'a été annoncé, mais des rapports suggèrent que le comité pourrait être financé par une association souscrite par les diocèses de Munich-Freising, Münster, Limburg et Würzburg.

    Le comité synodal doit tenir sa deuxième réunion plénière les 14 et 15 juin à Mayence.

    Après la réunion d'Augsbourg, les évêques allemands devraient tenir leur prochaine réunion plénière en septembre.

    Le Vatican a annoncé le 17 février que la deuxième et dernière session du synode sur la synodalité se tiendra à Rome du 2 au 27 octobre.

    Il est possible que Rome cherche à ralentir l'élan du comité synodal avant la fin du processus synodal global. 

    En novembre 2022, un cardinal du Vatican a demandé en vain aux évêques allemands d'imposer un moratoire sur la voie synodale avant le synode sur la synodalité.

  • Face à la crise, encourager l'oecuménisme en interne ?

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    D'Emmanuelle Marchadour sur le site de Famille Chrétienne :

    Avenir de l’Église en France : « Encourageons l’œcuménisme en interne »

    Pour l'historien des religions, Guillaume Cuchet, les buts pastoraux du Concile Vatican II n’ont pas été atteints. « C’est un échec, quoi qu’on en dise », estime-t-il.

    12/02/2024

    Dans vos précédentes recherches, vous vous êtes penché sur les origines de la chute du catholicisme en France. Doit-on s’attendre à une accentuation du phénomène dans un avenir proche ?

    Difficile de répondre à cette question car le futur n’est pas, pour nous historiens, notre domaine de prédilection ! Mais on peut toujours prolonger les courbes pour imaginer le catholicisme de demain. Ce qui est certain, c’est que la baisse de la pratique, démarrée dans les années 1960-70, est quasiment continue depuis 50 ans. L’Eglise semble impuissante à colmater la brèche. Il y a une espèce d’hémorragie qui finit par produire un effondrement et la récente crise des abus sexuels est un évènement important qui ne va qu’accentuer ce décrochage. Pour preuve, selon une enquête peu médiatisée de l’Institut national d’études démographiques (INED) datant de 2023, nous sommes passés entre 2008 et 2020 de 43% de catholiques déclarés chez les 18-59 ans à 25%. Le taux de déclaration de catholicisme a été divisé par 2 en seulement 12 ans ! Nous parlons là de personnes nées après 1960. C’est la génération d’après le grand décrochage qui n’a plus qu’un rapport très lointain à l’Eglise et ne possède plus guère d’héritage catholique. Chaque Français par le passé, même les plus anticléricaux, avait bien un vieil oncle prêtre ou une tante religieuse. Ce n’est plus le cas maintenant. Par conséquent, la seule image de l’Eglise qui leur parvient vient de l’extérieur et celle qui domine actuellement est répulsive. Je pense donc, tant sur les vocations sacerdotales ou religieuses que sur la pratique, que cette crise des abus aura des effets très profonds.

    Le catholicisme en France est donc déjà minoritaire et partagé entre plusieurs sensibilités. Le clivage actuel, entre les catholiques qu’on appelle parfois « d’affirmation » et ceux dits « d’ouverture » va–t-il perdurer ?

    Ce sont deux appellations fort discutables mais elles sont commodes pour désigner ces deux courants qui portent des conceptions de l’Eglise et de son rapport au monde sensiblement différentes. Tout d’abord, il faut rappeler que ces deux sensibilités ne sont pas nouvelles. Elles ont une histoire ancienne qui remonte au XIXe siècle et que beaucoup de nos contemporains ignorent, y compris au sein de l’Eglise. D’un côté les « libéraux » et de l’autre, ceux que les historiens ont appelés les « intransigeants ». C’était à l’époque où le pape Pie IX a publié le fameux Syllabus (1864). 80 propositions censées résumer la pensée du monde moderne et dont la dernière condamnait explicitement « le progrès, le libéralisme et la civilisation moderne ». Cette opposition se poursuit donc aujourd’hui à travers leurs héritiers. Vous avez d’un côté des catholiques qui ont un rapport volontiers antagoniste avec le monde moderne. Ils ont un vrai souci de la transmission et des réussites dans ce domaine, au risque parfois de la « bunkérisation ». De l’autre côté des catholiques plus sensibles aux évolutions nécessaires de leur religion mais au risque de la dissolution dans le monde moderne.

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  • La deuxième session du "Synode sur la synodalité" se tiendra du 2 au 27 octobre et ça promet...

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    De Loup Besmond de Senneville (à Rome) sur le site du journal La Croix :

    Le Vatican annonce la suite d’un Synode déjà fragilisé

    Analyse 

    La deuxième session du Synode sur la synodalité, dont l’objectif est de réfléchir à l’avenir de l’Église catholique, se tiendra à Rome du 2 au 27 octobre, a annoncé le Vatican samedi 17 février. Une information qui intervient alors que certains estiment que ce processus a été mis à mal par l’autorisation donnée par Rome de bénir les couples homosexuels.

    Synode sur l’avenir de l’Église, suite. Le Vatican a annoncé, samedi 17 février, les dates de la deuxième session du Synode sur la synodalité, une démarche ouverte en octobre 2021 pour réfléchir à l’avenir de l’Église catholique, et en particulier à sa manière de communiquer son message dans les sociétés d’aujourd’hui. Les pères et mères synodaux se réuniront donc du 2 au 27 octobre à Rome, où ils retrouveront la grande salle Paul-VI, comme lors de la première session, en octobre dernier.

    Comme en 2023, les 364 membres participeront à une retraite de deux jours, les 30 septembre et 1er octobre. Le Vatican n’a en revanche pas indiqué si le pape, 365e membre de la session, et président, de droit, du Synode, avait l’intention de participer à cette étape spirituelle, qui avait été décrite comme essentielle par bon nombre de participants en 2024.

    Groupes de travail

    Pour préparer cette réunion, le Saint-Siège a annoncé que seraient constitués, sous l’égide du Secrétariat du Synode, des groupes de travail thématiques. Sans toutefois en indiquer les thèmes, qui pourraient être précisés début mars, selon une source vaticane à La Croix. Mais un article publié par le média officiel du Vatican donnait des idées de sujets possibles, évoquant « la mise à jour de certaines normes canoniques », « la formation des ministres ordonnés », « les relations entre les évêques et les ordres religieux », « la recherche théologique » et le « diaconat ». Un dernier thème qui permettrait d’aborder ainsi la réflexion sur la possibilité d’ordonner des femmes diacres.

    Le Secrétariat général du Synode travaille sur ce dispositif de préparation depuis plusieurs semaines. Le tout a été validé par le pape François en personne le 16 février, lors d’une audience accordée au Palais apostolique au cardinal Mario Grech, le secrétaire général du Synode. Selon nos informations, François continue à recevoir l’archevêque maltais environ une fois par mois, pour s’informer des progrès réguliers du processus.

    Le travail lors de cette deuxième session devrait aussi donner lieu à un changement de méthode important, selon nos informations. Alors que tous les champs avaient été ouverts lors de la réunion d’octobre 2023, les pères et mères synodaux devaient cette fois se concentrer sur des domaines plus précis. Par ailleurs, ils devraient, lors de leurs travaux, plus courts qu’en 2023, plancher directement sur une proposition de texte final, qui serait alors publié dès la fin du Synode.

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  • L'archevêque de Milan participera à un séminaire historique à huis clos avec les francs-maçons italiens

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    D'Edward Pentin sur le National Catholic Register :

    L'archevêque de Milan participera à un séminaire historique à huis clos avec les francs-maçons italiens

    Depuis près de 300 ans, il est interdit aux catholiques d'adhérer à la franc-maçonnerie, et le Vatican a émis près de 600 déclarations négatives à l'encontre de cette société secrète au cours de cette période.

    15 février 2024

    MILAN - L'archevêque de Milan a surpris de nombreux catholiques en annonçant son intention de participer vendredi à un séminaire dans cette ville du nord de l'Italie avec les grands maîtres des trois loges maçonniques italiennes, malgré la censure de longue date de l'Église à l'égard de la franc-maçonnerie.

    L'archevêque Mario Delpini, le cardinal Francesco Coccopalmerio, président émérite du Dicastère pour les textes législatifs, et Mgr Antonio Staglianò, président de l'Académie pontificale de théologie, seront parmi les représentants de l'Église qui participeront à cet événement à huis clos pour discuter de l'Église catholique et de la franc-maçonnerie.

    Les francs-maçons seront représentés par Stefano Bisi, grand maître du Grand Orient d'Italie, la plus grande loge maçonnique du pays, et par les dirigeants de deux autres loges nationales : la Grande Loge d'Italie et la Grande Loge régulière d'Italie. 

    Bisi a qualifié cette rencontre d'"historique".  

    La participation du cardinal Coccopalmerio est intéressante car il était évêque auxiliaire de Milan lorsque le cardinal Carlo Maria Martini était archevêque du diocèse. Le défunt cardinal jésuite était connu pour être proche des francs-maçons, qui lui ont rendu un hommage chaleureux en tant qu'"homme de dialogue" lorsqu'il est décédé en 2012.  

    Dans le quotidien catholique italien La Nuova Bussola Quotidiana, le rédacteur en chef Riccardo Cascioli a noté que depuis que le cardinal Gianfranco Ravasi a écrit une lettre conciliante aux francs-maçons en 2016, "les occasions de rencontres, promues par la franc-maçonnerie ou par certains diocèses, se sont multipliées et ne cessent de prendre de l'ampleur, comme en témoigne l'initiative de Milan." 

    Depuis la bulle papale In Eminenti Apostolatus Specula de Clément XII en 1738, il est interdit aux catholiques d'adhérer à la franc-maçonnerie, et le Vatican a émis de nombreuses déclarations négatives à l'encontre de la société secrète - près de 600 documents magistériels au total. 

    L'Église catholique considère la franc-maçonnerie, entre autres problèmes graves, comme une corruption du christianisme, comme pratiquant des rituels hostiles au catholicisme, comme ayant des principes inconciliables avec la foi catholique et comme manifestant une forte tendance à l'anticatholicisme. 

    Dans une déclaration de 1983 approuvée par le pape saint Jean-Paul II, le cardinal Joseph Ratzinger a réaffirmé que le "jugement négatif" de l'Église sur la maçonnerie restait "inchangé" puisque les principes maçonniques "ont toujours été considérés comme inconciliables avec la doctrine de l'Église et que, par conséquent, l'adhésion à ces principes reste interdite". 

    "Les fidèles qui s'inscrivent dans des associations maçonniques sont en état de péché grave et ne peuvent recevoir la Sainte Communion", a ajouté le cardinal Ratzinger. Toutefois, ni cette déclaration ni le code de droit canonique de 1983 n'ont imposé la peine d'excommunication aux catholiques appartenant à des associations maçonniques - une mesure qui était en vigueur depuis la bulle papale de Clément XII.

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