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Débats - Page 55

  • La Cour Européenne des Droits de l'Homme condamne la Pologne à la révolution culturelle

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    De Gregor Puppinck sur le site de l'ECLJ :

    La CEDH condamne la Pologne à la révolution culturelle

    9 janvier 2024

    Quatre jours auront suffi. Le lundi 11 décembre 2023, Donald Tusk a été élu Premier Ministre de Pologne grâce au soutien de la gauche et de l’extrême gauche. Le mardi, la CEDH condamnait la Pologne en raison de sa non-reconnaissance des couples de même sexe. Le mercredi, le Conseil de l’Europe a été informé par le nouveau Gouvernement polonais qu’il cessait de contester les jugements de la CEDH, notamment concernant l’épineuse réforme de la justice. Le jeudi, la CEDH condamnait la Pologne en raison de l’interdiction de l’avortement eugénique.

    Pourquoi avoir attendu l’élection de Donald Tusk pour publier ces jugements ? Simplement pour éviter que le Gouvernement polonais conservateur précédemment au pouvoir n’exerce son droit de demander le renvoi de ces jugements en appel devant la Grande Chambre de la CEDH. La Cour savait que ces jugements seraient accueillis favorablement par le nouveau Gouvernement Tusk. À présent, celui-ci pourra s’en prévaloir pour imposer ces réformes à la Pologne.

    Lorsque la CEDH se prononce sur des enjeux politiques et culturels essentiels, de civilisation, il serait naïf de croire que ses jugements relèvent de la seule logique juridique. Ils sont avant tout politiques, puis revêtus d’un habillage juridique. Bien souvent, cet habillage « craque » à force de tirer sur le droit dans un but politique. C’est le cas à chaque fois que la Cour fait dire à la Convention l’inverse de l’intention de ses rédacteurs, comme en matière de mœurs, d’immigration ou d’euthanasie.

    L’arrêt M. L. condamnant la Pologne en matière d’avortement eugénique est à cet égard édifiant. Comme l’ont bien exposé les deux juges dissidents en marge du jugement, la Cour parvient à condamner la Pologne pour ne pas avoir permis à une femme enceinte d’avorter tout en rappelant que la Convention ne garantit pas de droit à l’avortement. Elle y parvient en faisant relever l’avortement du domaine de la vie privée (l’article 8), puis en contestant la légitimité de la Cour constitutionnelle à l’origine de l’interdiction de l’avortement eugénique. La Cour européenne évite ainsi de s’interroger sur la conformité aux droits de l’homme de l’avortement en cause, pratiqué à 17 semaines de grossesse en raison de la trisomie 21 de l’enfant. C’est pourtant parce que la Pologne estime qu’un tel avortement est contraire à la dignité humaine et aux droits des personnes handicapées qu’il a été jugé inconstitutionnel. En cela, comme le dénoncent les deux juges dissidents de la CEDH, cet « arrêt contribuera à renforcer les préjugés à l’encontre de la catégorie extrêmement vulnérable des personnes atteintes de trisomie 21 et à les stéréotyper négativement comme un fardeau pour leurs familles ».

    Il va de soi que jamais les rédacteurs de la CEDH n’auraient accepté que leur texte serve à créer un droit à l’avortement eugénique. Une proposition visant à permettre la «prévention de la naissance d’enfants handicapés[1]» fut d’ailleurs expressément rejetée lors de la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme en raison de sa similitude avec les pratiques nazies.

    Finalement, la Pologne a été condamnée à verser 16.000 euros à la requérante, car celle-ci n’aurait « pas eu d’autre choix » que d’aller avorter à l’étranger, alors qu’il était prévu qu’elle puisse le faire en Pologne avant l’entrée en vigueur de l’interdiction litigieuse. La CEDH n’impose pas la légalisation de l’avortement eugénique, mais enfonce un coin dans son interdiction. Elle agit ainsi sur les sujets sensibles.

    Par sa jurisprudence, la Cour européenne contribue à imposer à la Pologne une révolution culturelle. Celle-ci se présente comme progressiste du point de vue de l’Europe de l’Ouest, mais il en va autrement du point de vue de l’histoire polonaise, car il faut se souvenir que l’avortement y a d’abord été introduit par l’Allemagne nazie afin de limiter la démographie de ce peuple slave. Un document nazi du 25 novembre 1939 intitulé « Le problème de la manière de traiter la population des anciens territoires polonais sur la base de l’aspect racial-politique » prescrivait notamment que « Toutes les mesures servant au contrôle des naissances doivent être admises ou encouragées. L'avortement ne doit pas être punissable sur le territoire. Les abortifs et les contraceptifs peuvent être proposés publiquement à la vente sous toutes leurs formes sans qu'aucune mesure politique ne soit prise. L’homosexualité doit être déclarée non punissable. Les instituts et les personnes qui font commerce de l’avortement ne doivent pas être poursuivis par la police ». C’est ce document qui organisa la tentative de germanisation de la Pologne et les premières déportations, son «but final étant l’élimination complète de l’esprit national polonais[2]». L’avortement fut ensuite promu durant l’occupation soviétique avec, là encore, des intentions idéologiques. Historiquement, l’avortement n’est donc pas considéré en Pologne comme une pratique libérale, comme une conquête féministe, à l’instar de l’Europe occidentale, mais au contraire comme une pratique anti-polonaise imposée depuis l’étranger par les occupants nazis puis soviétiques… et aujourd’hui par la CEDH.

    ________

    [1] Proposition du Groupe de travail de la Commission sur le statut des femmes, Travaux préparatoires, E/CN.4/SR.35, p. 1266.

    [2] Trials of War Criminals Before the Nuernberg Military Tribunals under Control Council Law No. 10 (1946-49), Volume 5, pages 95-96.

  • Avec l'Iris blanc, Astérix retrouve un peu de mordant

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    De David Engels sur The European Conservative :

    Avec l'Iris blanc, Astérix retrouve un peu de mordant

    L'Iris Blanc

    En tant que décliniste réticent, j'ai acheté le nouveau livre d'Astérix avec la ferme intention d'en détester chaque page. J'avais déjà en tête une bonne phrase d'introduction : "Après Star Wars, Indiana Jones, Harry Potter et Tolkien, le déclin d'Astérix sous franchise se poursuit inexorablement, etc. etc. Malheureusement - ou heureusement - les choses ne sont pas aussi tranchées, car le nouveau volume d'Astérix n'est pas si mal, même si on ne peut pas vraiment le qualifier de "bon".

    En effet, il ne s'agit pas d'une véritable "aventure" qui emmène nos héros à travers le monde antique, mais plutôt des conséquences des sinistres machinations de Visusversus, un médecin romain visuellement inspiré de l'intellectuel vedette français Bernard-Henri Lévy. Visusversus est chargé par César de démoraliser les Gaulois récalcitrants et de motiver les légionnaires romains par toute une série de slogans sur la découverte de soi et la pleine conscience : le "petit village" doit être transporté dans la post-histoire, pour ainsi dire, par le biais de manipulations mentales, et ainsi rendu incapable de se battre - un thème étonnamment chargé idéologiquement, et que de nombreux lecteurs apprécieront.

    Cependant, l'impression qui se dégage de la lecture du livre est plutôt ambivalente. Le nouvel auteur, "Fabcaro", a réussi non seulement à incorporer dans le dialogue une quantité étonnante, voire presque baroque, de blagues diverses et réussies (même pour un volume d'Astérix), mais aussi à se moquer de nombreux problèmes actuels de l'homme "post-historique". L'individualisme, le développement personnel, le relativisme, l'évitement des conflits, l'inclusion, la pleine conscience, le changement climatique, etc. font tous partie du récit. À cela s'ajoute le sombre soupçon que ces éléments pourraient être délibérément utilisés par de sinistres détenteurs de pouvoir et des manipulateurs idéologiques pour contrôler les processus sociaux et politiques. En effet, une grande partie du sous-texte du nouvel Astérix aurait pu être de la dynamite politique, si l'auteur n'avait pas eu peur de son propre courage. Car l'album ne peut pas (ou ne veut pas) jouer le diagnostic civilisationnel posé au début et préfère prudemment quitter l'intrigue initiale au milieu du récit sans jamais vraiment y revenir.

    Ainsi, la première moitié de "L'iris blanc" montre de manière frappante comment l'effet féminisant de la culture moderne de la consommation et de la pleine conscience, individualiste et hostile aux conflits, sape rapidement le moral de combat du village gaulois, ainsi que sa cohésion familiale. Mais il ne présente pas (jusqu'à la fin de l'histoire) de véritable antidote à cette évolution. Cependant, l'hypothèse initiale selon laquelle un "entraînement mental" similaire redonnerait aux légionnaires leur force de frappe reste tout aussi peu développée que la suggestion selon laquelle la stratégie de décomposition romaine serait en mesure de neutraliser l'effet de la potion magique d'une manière ou d'une autre. Ces deux lacunes évidentes dans l'intrigue créent une certaine frustration au milieu de l'histoire quant à ce qu'elle est réellement censée raconter. C'est précisément à ce moment, lorsque l'histoire ne peut (ou refuse) de se développer, qu'elle se transforme soudain en une course-poursuite burlesque vers Lutèce. Il ne s'agit plus pour Visusversus d'inverser la disparité entre le village gaulois et les Romains, mais d'enlever la cheffe du village - déçue par son mari - afin de forcer le village à se rendre.

    À l'avant-dernière page de l'histoire, et bien que l'expérience de l'" iris blanc " de Visusversus ait été couronnée de succès, César décide d'abandonner tout le projet pour des raisons assez floues. Entre-temps, le village gaulois a "en quelque sorte" automatiquement retrouvé sa résilience culturelle d'origine après le retour de nos héros à la dernière page - des tentatives quelque peu forcées pour amener l'histoire à une fin plus ou moins satisfaisante à un moment où elle est impuissante et bloquée. Ainsi, malgré des débuts prometteurs, l'"Iris blanc" ne résiste pas à l'examen le plus superficiel de la cohérence et de la rigueur. Le scénariste s'est-il rendu compte que la question de l'homme "post-historique" était trop brûlante et que, développée seule, elle ne pouvait que s'opposer au caractère purement ludique d'Astérix sous franchise et à l'action politique de l'éditeur ?

    Certes, contrairement à d'autres "nouveaux" volumes d'Astérix qui ont été accusés - non sans raison - d'être trop politiquement corrects, l'"Iris Blanc" retrouve heureusement un peu du mordant original qui fait que les anciens volumes valent encore la peine d'être lus aujourd'hui. Mais ce mordant se limite à une description plutôt apolitique des "mœurs" de notre époque, qui sera probablement reconnue par la gauche et la droite sans trop d'offense. Cela donne l'impression d'un inoffensif exercice en chambre qui, pour paraphraser Siegfried Kracauer, est finalement plus favorable au régime que véritablement critique. Aujourd'hui, la France menace d'entraîner tôt ou tard l'ensemble de l'Europe dans l'abîme, en raison des montagnes de dettes, de la récession, de l'immigration de masse, de la criminalité, des scandales politiques et de l'hydrocéphalie de la bureaucratie parisienne. Et tandis que le monde observe cet état de fait, les lecteurs d'Astérix ont droit à des blagues innocentes et gratuites sur l'art abstrait, les trains express retardés, les bols chantants, le minimalisme de la Nouvelle Cuisine et les barbes des hipsters. En fin de compte, on n'invoque que des "conflits" qui n'ont aucun sens au regard des enjeux subliminaux qui s'y cachent. On ressort de la lecture de ce volume d'Astérix avec le sentiment d'avoir été exposé à une sorte d'opposition contrôlée qui évite d'étiqueter l'idéologie qui se cache derrière ces prétendus "problèmes de style de vie".

    Bien sûr, il ne faut pas s'attendre à plus de la part d'une bande dessinée, et c'est une erreur de chercher une véritable déclaration politique dans un volume d'Astérix, quelle que soit la gravité de la situation actuelle en France. Même une certaine neutralité et un "audiatur et altera pars", tels qu'ils transparaissent parfois ici, représentent déjà un net progrès par rapport aux volumes récents. Le principe général s'applique ici comme ailleurs : si l'on veut vraiment changer les choses, il ne faut pas attendre d'espoir des institutions établies de longue date qui font partie intégrante du système, mais plutôt créer soi-même quelque chose de nouveau. Plutôt que de se plaindre du nouvel Astérix, les conservateurs devraient peut-être créer eux-mêmes une série qui ne soit pas une copie mais une création originale et qui pose toutes les questions qui nous manquent dans le courant dominant - et cela ne s'applique pas seulement à Astérix, mais à la culture médiatique moderne dans son ensemble. Le vrai problème est que de nombreux conservateurs se contentent de critiquer, de se plaindre et de râler. Ainsi, ils se définissent entièrement par un rejet stérile, sans prendre les rênes et produire ce qui leur manque ailleurs.

    David Engels a été titulaire de la chaire d'histoire romaine à l'Université Libre de Bruxelles et est actuellement analyste principal à l'Instytut Zachodni de Poznań. Son livre de 2013, Le déclin (Paris : L'artilleur), compare la crise de l'Union européenne au déclin de la République romaine. Il a également dirigé la collection Renovatio Europae (Berlin : MSC Verlagsbuchhandlung, 2019), un manifeste pour une réforme conservatrice de l'Union européenne. Son dernier ouvrage est Que faire ? Vivre avec le déclin de l'Europe. Il collabore à la rédaction de The European Conservative.

  • "Si cela ne tenait qu'à moi, je réviserais l'exigence de célibat des prêtres" (Mgr Scicluna)

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    De Courtney Mares sur CNA :

    Un représentant du Vatican estime que l'Église devrait autoriser les prêtres mariés

    8 janvier 2024

    Un fonctionnaire du Vatican a déclaré qu'il pensait que l'exigence de célibat sacerdotal de l'Église catholique dans le rite latin devrait être révisée.

    L'archevêque Charles Scicluna, qui est archevêque de Malte et secrétaire adjoint du Dicastère du Vatican pour la doctrine de la foi, a déclaré dans une interview publiée le 7 janvier que l'Église devrait "réfléchir sérieusement" à la modification de la discipline occidentale.

    "Si cela ne tenait qu'à moi, je réviserais l'exigence de célibat des prêtres", a-t-il déclaré, selon une interview vidéo en langue maltaise sous-titrée par le Times of Malta.

    "C'est probablement la première fois que je le dis publiquement et cela semblera hérétique à certains", a-t-il ajouté.

    L'archevêque de 64 ans a déclaré que l'Église devrait s'inspirer des Églises orientales, qui permettent aux hommes mariés d'être ordonnés prêtres.

    "Pourquoi devrions-nous perdre un jeune homme qui aurait fait un bon prêtre, simplement parce qu'il voulait se marier ? Et nous avons perdu de bons prêtres simplement parce qu'ils ont choisi le mariage", a-t-il déclaré.

    Mgr Scicluna, qui s'est personnellement occupé de plusieurs enquêtes sur des abus sexuels commis par des clercs pour le compte du bureau de doctrine du Vatican, a fait ces commentaires lorsqu'on l'a interrogé sur les prêtres catholiques de Malte qui ont des relations secrètes et qui ont engendré des enfants illégitimes.

    "Il s'agit d'une réalité mondiale ; cela n'arrive pas qu'à Malte. Nous savons qu'il y a des prêtres dans le monde entier qui ont des enfants et je pense qu'il y en a aussi à Malte", a déclaré Mgr Scicluna.

    "Un homme peut mûrir, avoir des relations, aimer une femme. Dans l'état actuel des choses, il doit choisir entre elle et la prêtrise, et certains prêtres font face à cette situation en s'engageant secrètement dans des relations sentimentales", a-t-il ajouté.

    Mgr Scicluna, qui était délégué à l'assemblée du Synode sur la synodalité à l'automne dernier, a ajouté qu'il avait déjà parlé ouvertement à Rome de son point de vue sur le célibat des prêtres.

    Le célibat sacerdotal discuté au synode sur la synodalité

    L'exigence du célibat sacerdotal a été ouvertement discutée lors du Synode des évêques de 2019 sur la région panamazonienne, mais le pape François a finalement choisi de ne pas mentionner le célibat dans son exhortation apostolique post-synodale.

    Le sujet est revenu sur le tapis lors de l'assemblée du Synode 2023 sur la synodalité qui s'est tenue au Vatican en octobre. Le rapport de synthèse de l'assemblée a demandé s'il était nécessaire de maintenir la discipline du célibat sacerdotal dans le rite latin de l'Église catholique et a appelé à ce que la question soit reprise lors de la prochaine assemblée en octobre 2024, notant que "différentes évaluations ont été exprimées" sur le sujet lors de la première assemblée synodale.

    Le pape François sur le célibat des prêtres

    Dans une interview pour un livre publié en octobre, le pape François a réfuté l'idée que des changements dans la pratique de l'Église, tels que l'introduction de femmes diacres ou le célibat sacerdotal optionnel, contribueraient à stimuler les vocations.

    Interrogé sur le fait que l'ordination des femmes rapprocherait "davantage de personnes de l'Église" et que le célibat sacerdotal facultatif contribuerait à remédier à la pénurie de prêtres, le pape François a déclaré qu'il ne partageait pas ces points de vue.

    "Les luthériens ordonnent des femmes, mais peu de gens vont à l'église", a déclaré le pape François. "Leurs prêtres peuvent se marier, mais malgré cela, ils ne parviennent pas à augmenter le nombre de leurs ministres. Le problème est culturel. Nous ne devrions pas être naïfs et penser que des changements programmatiques nous apporteront la solution".

    "De simples réformes ecclésiastiques ne permettent pas de résoudre les problèmes sous-jacents. Ce sont plutôt des changements paradigmatiques qui sont nécessaires", a-t-il ajouté, renvoyant à sa lettre de 2019 aux catholiques allemands pour de plus amples considérations sur la question.

    Courtney Mares est correspondante à Rome pour l'Agence de presse catholique. Diplômée de l'université de Harvard, elle a réalisé des reportages dans des bureaux de presse sur trois continents et a reçu la bourse Gardner pour son travail avec les réfugiés nord-coréens.

  • Victor Manuel Fernandez ou la passion mystique vue à travers l'obsession d'un cardinal

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    De Jeanne Smits sur Réinformation TV :

    Victor Manuel Fernandez et la « passion mystique »

    cardinal pornographe Fernandez mystique

    On connaissait l’opuscule de Victor Manuel (dit « Tucho ») Fernandez sur le baiser : Sáname con tu boca : el arte de besar, « Guéris-moi avec ta bouche, l’art du baiser », publié en 1995. Voilà qu’on découvre un autre ouvrage de celui qui est aujourd’hui cardinal et préfet du Dicastère pour la Doctrine de la foi, publié en 1999 au Mexique par les éditions Dabar, et introuvable aujourd’hui même en occasion, en aurait-on honte ? Sous le titre évocateur La Pasión Mística, espiritualidad y sensualidad (« La Passion mystique, spiritualité et sensualité »), Tucho décrit le côté physique des expériences mystiques de nombreux saints, d’après leurs dires. Puis sombre dans une description pornographique de l’acte sexuel, curieusement présenté comme un chemin vers Dieu quand il est vécu dans l’altérité. Voilà un ouvrage qui rend moins surprenante sa récente Déclaration Fiducia supplicans, contresignée par le pape François, sur la bénédiction des « couples irréguliers » et « de même sexe ».

    Ni l’un ni l’autre livre ne sont inclus dans la bibliographie officielle du nouveau préfet chargé – on croit rêver – de la « doctrine de la foi ». Du premier, Sáname con tu boca, « Tucho » a refusé la réédition, expliquant qu’il l’avait écrit avec des adolescents sur le mode « catéchétique », non sans enquêter autour de lui sur l’expérience du baiser chez les jeunes.

    La passion mystique vue à travers les yeux du pornographe

    La lecture de La Pasión Mística, dont une version numérique a été diffusée par des laïcs qui ont réussi à obtenir un exemplaire du l’ouvrage, et que j’ai pu consulter, est profondément dérangeante. Car s’il est acquis que de grands mystiques ont décrit l’amour dont Dieu les remplit touche l’unité de leur âme et de leur corps, emplissant tout leur être de délices ineffables, ce que montre l’analyse par Victor Manuel Fernandez des citations de ces saints qu’il a soigneusement collationnées, non sans une certaine obsession, est qu’il les considère de la manière la plus physiologique qui soit. Manière qui aboutit à troubler le regard et à salir l’expérience.

    Pour certains, celui qui était alors curé de paroisse dans la petite ville de Rio Cuarto en Argentine, il s’empare d’expressions d’amour et de désir pour y ajouter une interprétation sensuelle, voire lascive. Ainsi pour saint Augustin, dont il cite les élans amoureux envers Dieu – « Je t’ai humé, et je soupire après toi. Je t’ai goûté, j’ai faim et soif de toi… » – pour y lire des preuves d’une sorte de désir charnel. S’il note le grand désordre des sens chez Augustin dans sa jeunesse, il salue sa vie de concubinage : « Il a aussi une vie d’amour et de plaisir plus sereine, quand il a décidé de cohabiter avec une femme, sans s’unir à elle par le mariage, mais en lui étant fidèle. » (Et en la répudiant quand elle ne répondait plus à ses ambitions, mais cela n’est pas dit…) Les mots « chasteté » et « continence » – à quoi saint Augustin aspirait en se convertissant – pas plus que la « pureté » n’apparaissent jamais sous la plume de Victor Manuel dans cet ouvrage qui s’attarde sur tout ce qui peut être de près ou de loin assimilé à une intrusion de volupté charnelle dans le rapport avec Dieu. Ainsi de l’extase au moment de communier, ou des dernières paroles de sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, les yeux fixés sur son crucifix : « Oh je l’aime… Mon Dieu… Je vous aime ! »

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  • Le Congo n’est pas digne de la démocratie ?

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    1. RD Congo : Elections ou comment tuer la démocratie !

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    7 janvier 2024,  dans la « Libre Afrique », Hubert Leclercq cède la parole à l’opinion de Jean-Claude Mputu :

    Jean Claude Mputu est le directeur adjoint de Resource Matters (ONG) :  Il accompagne les partenaires des Resource Matters et coordonne leurs actions en vue d’en augmenter l’impact sur le terrain. Il coordonne aussi le volet électricité de leurs programmes.

    Titulaire d’un doctorat en Relations Internationales, Jean Claude Mputu a longtemps travaillé comme chercheur à l’Université de Liège avant de rejoindre le National Democratic Institute où il a coordonné les activités en RDC et leur programme sur les partis politiques ainsi que la participation des femmes et des jeunes en politique. Citoyen engagé, il a beaucoup travaillé avec la société civile congolaise pour le suivi des activités politiques, électorales et de gouvernance démocratique.

    Jean Claude Mputu espère, par son engagement, changer l’avenir de la RDC pour que sa population puisse enfin profiter des nombreuses richesses dont regorge ce pays. Il n’y a pas d’autres alternatives, a-t-il l’habitude de dire :

    « Ceci est le plaidoyer d’un citoyen qui voit son pays s’enfoncer dans le déni, le mensonge, la corruption et les antivaleurs »

     Mais qui malgré tout continue à vouloir croire qu’un autre avenir est possible : car il est convaincu que le Congo en vaut la peine et que les Congolais ont trop souffert. La manière dont les élections générales de décembre 2023 ont été planifiées et mises en œuvre en RDC constituent un véritable projet pour tuer la démocratie

    « C’est pourquoi, je voudrais m’interroger avec vous. Quels sont les critères d’une bonne élection et pourquoi les organise-t-on ? Si les élections doivent permettre à un peuple de choisir librement et légalement ses dirigeants en toute indépendance, transparence, alors qui peut me dire qu’en décembre 2023, la RDC a connu des élections ?

    « Au commencement de tout il y a eu la corruption et le mépris des lois pour désigner Kadima comme Président de la CENI. Malgré les protestations des Églises catholique et protestante, la communauté internationale a fermé les yeux et nous ont poussé à donner une chance à Kadima. Le peuple fatigué et victime de la tricherie de 2018 voulait des nouvelles élections et a préféré rester calme.

    Ensuite un enrôlement bâclé, avec des cartes d’électeurs qui s’effacent après quelques mois. Tout le monde a fermé les yeux. La CENI a refusé un audit externe et indépendant d’un fichier électoral inexistant, le monde a fermé les yeux, les ambassades occidentales ont rivalisé des communiqués pour soutenir et accompagner la CENI. Dans quel pays démocratique aurait-on voulu des élections sans connaître la liste des électeurs ?

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  • Le message de Noël du cardinal Sarah : "On s'oppose à une hérésie qui mine gravement l'Eglise"

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    De Sandro Magister (Settimo Cielo) sur Diakonos.be :

    « Fiducia supplicans ». Le cardinal Sarah : « On s’oppose à une hérésie qui mine gravement l’Église »

    (s.m.) Le cardinal Robert Sarah a confié à Settimo Cielo la réflexion qui va suivre sur l’état actuel de confusion dans l’Église, avec un « scandale des petits » encore aggravé par la récente déclaration du Dicastère pour la doctrine de la foi « Fiducia supplicans », un scandale dont, comme l’a dit Jésus, seule « la vérité nous rendra libres » (Jn 8, 32).

    Âgé de 78 ans, le cardinal Robert Sarah est né et a grandi en Guinée, il a fait ses études de théologie à Rome et ses études bibliques à Jérusalem, il a été curé dans un village de la savane puis évêque de Conakry, la capitale, où il a été un défenseur infatigable de la liberté religieuse et civile sous une dictature implacable, allant jusqu’à risquer sa propre vie.

    Appelé à Rome en 2001 par Jean-Paul II comme secrétaire de la Congrégation pour l’évangélisation des peuples, il a été créé cardinal en 2010 par Benoît XVI, qui l’a nommé président du conseil pontifical « Cor Unum », pour soutenir les populations en détresse. Le 23 novembre 2014, le Pape François l’a nommé préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, une charge dont il a été congédié le 20 février 2021.

    Robert Sarah est l’un des cinq cardinaux qui ont signé les « dubia » présentés au Pape l’été dernier, recevant des réponses qu’ils furent les premiers à trouver élusives.

    Il est l’auteur de nombreux ouvrages parus en plusieurs langues, à l’impact spirituel majeur, et c’est l’une des personnalités les plus importantes de l’Église africaine, à laquelle il donne voix dans ce texte.

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    MESSAGE DE NOËL

    par Robert Sarah

    Rome, le 6 janvier 2024, en la fête de l’Epiphanie du Seigneur

    A Noël, le Prince de la Paix s’est fait homme pour nous. A tout homme de bonne volonté, il apporte la paix qui vient du Ciel. « Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix, mais ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne » (Jean 14, 27). La paix que Jésus nous apporte n’est pas un nuage creux, elle n’est pas la paix mondaine qui n’est souvent qu’un compromis ambigu, négocié entre les intérêts et les mensonges des uns et des autres. La paix de Dieu est vérité. « La vérité est la force de la paix parce qu’elle révèle et opère l’unité de l’homme avec Dieu, avec lui-même, avec les autres. La vérité affermit la paix et construit la paix », enseignait saint Jean-Paul II [1]. La Vérité faite chair est venue habiter au milieu des hommes. Sa lumière ne trouble pas. Sa parole ne sème pas la confusion et le désordre, mais elle révèle la réalité de toute chose. Il EST la vérité et par conséquent il est « signe de contradiction » et « dévoile les pensées d’un grand nombre de cœurs » (Luc 2, 34).

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  • "Le magistère n'est pas au-dessus de la parole de Dieu, mais il la sert en n'enseignant rien d'autre que ce qui a été transmis..."

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    De kath.net/news :

    "La réaction négative d'une grande partie de l'épiscopat mondial" à Fiducia supplicans

    5 janvier 2024

    Le cardinal Müller répond à la demande de la presse de KATH.NET : "Il n'y a rien à redire à la déclaration définitive de Vatican II : 'Le magistère n'est pas au-dessus de la parole de Dieu, mais il la sert en n'enseignant rien d'autre que ce qui a été transmis...'".

    Rome (kath.net) Le cardinal Gerhard Ludwig Müller, préfet émérite de la Congrégation pour la doctrine de la foi, répond en exclusivité à la question de la presse de kath.net :

    kath.net : Monsieur le cardinal Müller, la dernière déclaration (lien) du cardinal Fernández a-t-elle changé quelque chose sur le fond ?

    Cardinal Müller : Je n'ai rien à ajouter sur le fond à mon commentaire sur Fiducia supplicans (lien). La réaction mondiale négative d'une grande partie de l'épiscopat mondial et de la part de laïcs éminents à la "recommandation d'action" publiée par le dicastère pour la doctrine de la foi concernant la "bénédiction privée de personnes dans des relations de couple pécheresses" devrait donner à réfléchir aux responsables à Rome. Mais seulement deux points à clarifier :

    1) La distinction entre les bénédictions liturgico-officielles et les bénédictions pastorales privées de partenariats sexuels non conjugaux reste pour moi problématique. La bénédiction de 15 secondes proposée avec le signe de croix et l'invocation du nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit y est désignée comme une prière privée pour l'assistance de Dieu, qui veut toujours notre renoncement au péché et notre salut éternel. Tout laïc peut faire cette prière sur les autres. Le prêtre doit cependant veiller à ce que sa bénédiction au nom de l'Église ne soit pas instrumentalisée par des groupes de pression séculiers-idéologiques et ecclésiastiques-hérétiques qui ne cherchent qu'à saper la vérité de la foi révélée (dans l'enseignement et la pratique de l'Église, qu'il ne faut pas opposer).

    2) Le point qui me semble le plus problématique n'est pas l'effort pastoral (évident) pour le salut et l'ouverture à Dieu des personnes en union sexuelle irrégulière, ou ceux qui - corrompus par l'idéologie LGBT - diffament la théologie chrétienne du mariage comme étant dépassée et hostile au corps, mais dans l'affirmation "d'une réelle évolution au-delà de ce qui a été dit par le magistère et dans les textes officiels de l'Église sur les bénédictions" (déclaration n°4).

    Le magistère du pape et des évêques ne peut en aucun cas se voir attribuer par un dicastère romain - même en invoquant la volonté personnelle (volontariste) du pape régnant actuel - une autorité lui permettant de compléter, de réduire, de corriger ou de rendre compatible avec le sens commun ou les idéologies actuelles la révélation faite une fois pour toutes en Christ et présentée de manière normative pour tous les temps dans "l'enseignement des apôtres" (Actes 2, 42). Les deux dogmes papaux de Vatican I (infilibilité, primauté de la juridiction) ne donnent pas lieu à une telle interprétation, qui ferait exploser l'herméneutique de la foi catholique, et la contredisent même carrément. Il n'y a rien à redire à la déclaration définitive de Vatican II : "Le magistère n'est pas au-dessus de la Parole de Dieu, mais il la sert, n'enseignant rien que ce qui a été transmis, parce que, par mandat divin et avec l'assistance de l'Esprit Saint, il écoute avec respect la Parole de Dieu, la garde saintement et l'interprète fidèlement, et parce que tout ce qu'il propose de croire comme révélé par Dieu, il le puise dans cet unique trésor de la foi". (Dei verbum 10).  L'opinion gnostique selon laquelle une petite élite dirigeante aurait un accès particulier au Saint-Esprit ou que, mythologiquement, le Saint-Esprit parlerait à travers le "peuple sain des gens simples non corrompus intellectuellement" ("l'esprit du peuple" des romantiques) n'a rien à voir avec la foi catholique. Il n'y a qu'un seul trésor, la Parole de Dieu, contenue dans les Saintes Écritures et interprétée fidèlement dans le contexte de la Tradition apostolique par toute l'Église sous la direction du saint magistère (cf. Dei verbum 1-10 ; Lumen gentium 25).

  • De nouveaux articles sur "Res Novae"

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    Veuillez trouver ci-dessous les liens vers de nouveaux articles publiés sur le site de Res Novae.

    – L’impossible inculturation du message évangélique dans la modernité, par l'abbé Claude Barthe

    – « Vatican II et la nouvelle liturgie ont inventé un nouveau mode magistériel, la régression dogmatique »

    – Le P. Spadaro a-t-il quitté le premier cercle du gouvernement bergoglien ?, par l'abbé Claude Barthe

    – Un jésuite, des jésuites, par don Pio Pace

  • Fiducia supplicans : un enthousiasme prématuré dans l'Eglise de Flandre ?

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    On sait aujourd'hui que Fiducia supplicans est loin de faire l'unanimité et que le Vatican est amené à devoir expliquer et nuancer son propos de façon assez restrictive. Il était dès lors imprudent et prématuré d'applaudir le texte lors de sa sortie en l'interprétant de façon maximaliste comme le firent des porte-paroles de l'Eglise flamande.

    De kerknet.be :

    "Homosexualité & Foi" de l'Eglise catholique flamande voit dans la publication de 'Fiducia Supplicans' un "glissement de terrain"

    22 décembre 2023

    La possibilité de bénir les couples homosexuels témoigne d'un revirement dans le discours et la prise de parole de l'Église, selon le Point de contact "Homosexualité et Foi" (qui bénéficie de l'aval des évêques flamands).

    Un 'Glissement de terrain' dans le discours et la pensée de l'Église

    Dans le monde des fidèles lgbti+, la récente déclaration du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, Fiducia Supplicans, est considérée comme un grand pas vers la reconnaissance des relations homosexuelles fidèles et durables. Vous êtes pleinement accepté en tant que personne lgbti+ et vous pouvez même désormais faire bénir votre relation.

    Cela ouvre la porte à une église accueillante et hospitalière. L'Église est là pour tout le monde.
    Para todos, todos, todos", a déclaré le pape François l'été dernier lors des Journées mondiales de la jeunesse à Lisbonne. Il l'a répété à nouveau lors de la célébration d'ouverture du synode sur la synodalité sur la place Saint-Pierre à Rome, en italien : "Per tutti, tutti, tutti". Deux fois, ce furent des moments inoubliables et historiques pour ceux qui y ont assisté. Par deux fois donc, certains ont encore tenté de torpiller ou du moins de minimiser la portée de son discours. Il s'est avéré que c'était prématuré.

    L'amour de Dieu et des autres êtres humains

    Au cours de la première session du synode, les participants ont préconisé une approche pastorale pour ceux qui se sentent exclus par l'Église, par exemple en raison d'une situation (relationnelle) difficile pour l'Église. Il s'agit notamment des couples homosexuels et de la communauté lgbti+ au sens large. Au cours de l'année écoulée, nous avons pu rencontrer des homosexuels fidèles et engagés dans l'Église au sein des points focaux "Homosexualité et foi" mis en place par l'Église flamande. Sans entrer dans les détails, il s'agit de conversations intenses et de rencontres chaleureuses qui ont toujours un point commun : un amour sans limite pour Dieu et pour les autres êtres humains. (!!!) Cet amour s'est également manifesté dans l'atmosphère chaleureuse et priante de la célébration œcuménique de la Pride d'Anvers et, récemment, de la messe arc-en-ciel à Merksem.

    Option privilégiée pour la pratique pastorale

    La déclaration diffusée lundi par le Dicastère pour la Doctrine de la Foi, gardien de la doctrine, représente donc une confirmation de l'approche pastorale des points de contact "Homosexualité et Foi" dans l'Église flamande de Belgique. Fiducia Supplicans est tout autant une conséquence de la préférence papale pour la pratique pastorale. La personne concrète prime toujours sur les règles générales et généralisantes.

    Le document confirme ce que nous savons tous depuis longtemps : le droit canonique ne peut pas prévoir tous les cas.
    Le discernement commun à travers la conscience formée était déjà privilégié dans l'enseignement social de l'Église. Le fait que la conscience formée prime désormais aussi en matière d'éthique sexuelle n'est ni plus ni moins qu'un glissement de terrain dans le discours et la pensée de l'Église. De plus, la déclaration de l'Église mondiale a un impact significatif sur la réflexion dans les pays où l'homosexualité est encore aujourd'hui criminalisée.

    Pour ceux qui se sont demandés au cours des deux dernières années si l'enquête mondiale auprès des fidèles de l'Église catholique allait changer quelque chose, on peut d'ores et déjà considérer la déclaration de lundi comme un premier fruit de ce processus. Partout, il y a un désir de plus en plus enthousiaste d'une Église accueillante et ouverte. La vie vécue ne se laisse pas enfermer dans des règles immuables.

    La vie et la mort

    Ce n'est pas un hasard si, lors de sa réunion à Rome en octobre, le Synode des évêques a proposé de lancer des initiatives de discernement commun sur les questions sensibles. Le paragraphe sur ce point a été approuvé à une écrasante majorité - comme le reste du document, d'ailleurs. Les témoignages des participants au synode ont mis l'Église sur la voie. L'une des histoires qui a fait la une des médias internationaux est celle d'une jeune femme polonaise. Elle n'avait pas de relation mais s'était déclarée bisexuelle à un moment donné. Après une période d'éloignement de l'Église, elle a cherché à renouer avec elle pour faire l'expérience de la proximité et de la bénédiction de Dieu.
    Le prêtre n'a pas voulu la confesser parce qu'elle était "désordonnée". Elle a été tellement choquée et désillusionnée qu'elle est passée d'une dépression à l'autre et a fini par s'éloigner de la vie. Une approche pastorale mesurée, comme le suggère la déclaration du Dicastère pour la doctrine de la foi, peut littéralement faire la différence entre la vie et la mort pour certains, en particulier dans une situation extrêmement vulnérable comme celle de cette jeune femme.

    Extrême droite

    Ici et là, nous lisons des voix dissidentes sur les médias sociaux. Certaines tentent de semer la confusion par une lecture très sélective et légaliste de certains fragments de la Bible. D'autres, moins nombreuses, se font parfois entendre de manière grossière et bruyante. Ces appelants bruyants ont souvent des liens avec des groupes prêchant une idéologie d'extrême-droite de haine et de violence. De tels appels ne peuvent être condamnés que dans les termes les plus vifs. Même au nom de la liberté d'expression, il y a des limites.

    Écouter et accompagner

    À ceux qui ne sont pas d'accord, nous ne pouvons que réitérer l'appel au dialogue. Nous sommes prêts à discuter avec tous ceux qui se trouvent dans les points de contact. Si nous allons bien vers une Eglise d'écoute et d'accompagnement où chacun a sa place, cela vaut pour les couples homosexuels qui souhaitent une bénédiction, mais aussi pour ceux qui votent contre. Nous invitons donc cordialement tout le monde à une conversation ouverte, dans un "espace sûr" et de préférence aussi loin que possible de toutes les chambres d'écho des médias sociaux.

    Contacts "Homosexualité et foi" de l'Église catholique flamande :

    Willy Bombeek (coordinateur interdiocésain)
    Werner Van Laer (Archidiocèse, Vicariat du Brabant flamand), Saskia van den Kieboom (Diocèse d'Anvers), Luc Boudens (Diocèse de Bruges), Tom Van Wambeke (Diocèse de Hasselt), Geert De Cubber (Diocèse de Gand)

  • Le préfet du Dicastère pour la Doctrine de la Foi mérite d'être démis de ses fonctions

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    De Luisella Scrosati sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Le communiqué surréaliste sur Fiducia Supplicans : Tucho est une honte

    Contradictions, phrases illogiques et rites d'horlogerie : sur la bénédiction des couples irréguliers, un nouveau document incroyable signé par le cardinal Fernandez. Qui, pour le bien de l'Eglise, devrait être retiré.

    05_01_2024

    Non, nous ne sommes pas dans l'émission Scherzi a parte (blagues à part) ; nous ne sommes pas non plus confrontés à l'opération d'un hacker farceur. Le communiqué de presse d'hier porte la signature du Cardinal Victor M. Fernández et de Mgr Armando Matteo (respectivement Préfet et Secrétaire du Dicastère pour la Doctrine de la Foi) ; cette fois-ci sans aucun ex audientia de la part du Pape. Un communiqué qui aurait pour objectif hypothétique de "contribuer à clarifier l'accueil des Fiducia supplicans" et qui, au contraire, a pour conséquence certaine d'embrouiller encore plus les fidèles, d'humilier encore plus profondément l'Eglise catholique et de ridiculiser à l'extrême le Dicastère pour la Doctrine de la Foi.

    Avant de le lire, il faut s'asseoir, respirer profondément et avoir du carbonate d'ammonium à portée de main, en cas de défaillance. Face au soulèvement de nombreuses conférences épiscopales aux périphéries de l'Église, auxquelles il serait ridicule d'adresser l'accusation commode de ne pas être pastorales, Tucho Fernandez tente de faire marche arrière, tout en essayant de ne pas mécontenter ces évêques, clairement concentrés dans l'espace germanophone, qui à leur tour sont loin d'être disposés à obéir à un "contre-ordre, camarades" !

    Tucho ressemble à ces conducteurs néophytes (parfois pas tout à fait "néo") qui veulent garer une voiture trop longue dans un espace trop petit et qui, à force de manœuvres incessantes, finissent par s'écraser devant et derrière !

    Et en effet, face aux évêques africains qui ne veulent pas entendre parler des unions de couples irréguliers ou homosexuels, et face aux Allemands qui veulent au contraire bénir précisément ces couples, Fernández réussit à écrire noir sur blanc un chef-d'œuvre de contradiction. Dans la section 2 (Réception pratique), il écrit (en gras) : "La Déclaration contient la proposition de bénédictions pastorales brèves et simples (non liturgiques ou ritualisées) de couples irréguliers (pas d'unions)". Dans la section 4 (La véritable nouveauté du document), il affirme exactement le contraire : "La véritable nouveauté de cette Déclaration, celle qui exige un généreux effort de réception et dont personne ne devrait se déclarer exclu, n'est pas la possibilité de bénir les couples irréguliers". Ainsi, la proposition est de bénir les couples irréguliers, mais la nouveauté du document n'est pas de bénir les couples irréguliers. C'est clair, non ?

    Propositions d'explications pour ce délire ? Hypothèse 1 : Fernández souffre d'un conflit de logique ; hypothèse 2 : les deux paragraphes ont été écrits par des auteurs différents, qui ont compris la Déclaration " très claire " chacun à leur manière (et il n'y a évidemment pas eu de révision finale) ; hypothèse 3 : la première déclaration a été écrite dans le document adressé aux évêques allemands, la seconde dans celui adressé aux évêques africains, mais en fin de compte, un sous-secrétaire a rassemblé le tout. D'autres idées ?

    Cependant, nous nous trouvons maintenant dans la situation paradoxale où non seulement le Dicastère s'est contredit dans deux documents différents (Responsum de 2021 et Déclaration FS), mais même dans le même document. Et comme le pire n'a pas de fin, nous attendons une prochaine "Note de clarification sur la Déclaration de la FS", dans laquelle la contradiction est également soulignée dans le même paragraphe.

    Le deuxième aspect tragicomique de cet hilarant Communiqué réside dans la tentative de Tucho de "distinguer deux formes différentes de bénédictions : 'liturgique ou ritualisée' et 'spontanée ou pastorale'". Attention à l'"explication" : "Puisque certains ont soulevé la question de savoir à quoi pourraient ressembler ces bénédictions, prenons un exemple concret : imaginons qu'au milieu d'un grand pèlerinage, un couple divorcé, engagé dans une nouvelle union, dise au prêtre : "S'il vous plaît, donnez-nous une bénédiction, nous ne trouvons pas de travail, il est très malade, nous n'avons pas de maison, la vie devient très lourde : que Dieu nous vienne en aide". Avant d'en venir à la "solution", rappelons qu'il ne s'agit ni d'une interview à bâtons rompus de Tucho, ni d'une lettre expliquant les "bénédictions pastorales" aux enfants de la crèche, mais d'un document officiel émanant d'un dicastère de la Curie romaine. Ainsi, "dans ce cas, le prêtre peut réciter une prière simple comme celle-ci : "Seigneur, regarde ces enfants, accorde-leur la santé, le travail, la paix et l'entraide. Délivre-les de tout ce qui contredit ton Evangile et donne-leur de vivre selon ta volonté. Amen". Et il conclut par un signe de croix sur chacun d'eux. La durée est de 10 ou 15 secondes. Oui, selon la langue utilisée. C'est clair, non ? La bénédiction pastorale est une bénédiction rapide, une bénédiction version Speedy Gonzales : 10-15 secondes, pas plus.

    Ainsi, selon le Dicastère, la différence entre les deux bénédictions réside dans le fait que "ce sont des bénédictions de quelques secondes, sans Rituel et sans Bénédiction". Mais le temps pris, ainsi que le "dispositif scénique" qui ne doit pas faire penser à un mariage, ou le lieu où ces bénédictions sont données, ne concernent pas l'essence, ce qu'est une bénédiction, mais des éléments accidentels. C'est pourquoi la bénédiction pastorale, en tant que bénédiction, est un sacramentel à tous égards, ni plus ni moins que la bénédiction rituelle ou liturgique. Et c'est précisément pour cette raison qu'il n'est pas possible de bénir un couple irrégulier ou homosexuel ; FS se trouve ainsi en contradiction flagrante avec le Responsum et la logique d'un sacramentel.

    Par ailleurs, la prétendue distinction entre union et couple est tout simplement spécieuse. Mais, dans le texte, on utilise le terme couple comme synonyme de paire qui permettrait de penser au simple fait que ce sont deux personnes qui se présentent, pas nécessairement unies par des liens sexuels. Il va sans dire que, dans le cas de deux personnes homosexuelles, il n'est même pas possible de parler de "couple", puisque le couple exige une complémentarité sexuelle.

    Mais comme si cela ne suffisait pas, Tucho parvient à brouiller encore plus les pistes et à prouver au monde que la Déclaration est un fourre-tout de contradictions. Immédiatement après l'exemple d'oraison dans le communiqué de presse, nous trouvons écrit : "Et il [le ministre] conclut avec le signe de la croix sur chacun des deux". Pour récapituler : selon le Communiqué, FS propose la bénédiction pastorale des couples irréguliers ; immédiatement après, cependant, il déclare qu'il ne s'agit pas de bénir les couples irréguliers ; et à la fin, il demande de bénir chacun des deux. Donc chacun individuellement. Mais quelle était la nécessité de faire un document pour dire que le prêtre peut bénir des individus, même si deux, trois ou cent se présentent ?

    On se demande alors avec quel courage Tucho, face aux réactions suscitées par ce document, admet "différentes manières de l'appliquer, mais pas un refus total ou définitif de ce chemin proposé aux prêtres" ; avec quelle prétention exige-t-il "le respect dû à un texte signé et approuvé par le Souverain Pontife lui-même, en cherchant à accueillir d'une certaine manière la réflexion qui y est contenue". Le premier à manquer de respect à un document qui porte la signature du Pape est lui-même, faisant preuve d'une incapacité totale à atteindre une simple cohérence logique et d'une incompétence théologique encore plus marquée.

    Quel assentiment peut-il exiger des fidèles si l'on ne comprend même pas ce que l'on est censé approuver ? Couples oui, couples non, couples, mais un à la fois : Fernández humilie l'Église aux yeux du monde entier et la justice et le respect voudraient qu'il soit démis de ses fonctions de préfet du Dicastère pour la Doctrine de la Foi. Le plus rapidement possible.

  • Face à la levée de boucliers suscitée par Fiducia supplicans, le Vatican publie un communiqué pour clarifier sa position

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    Ce communiqué suffira-t-il à apaiser le débat ? On peut en douter... C'est en tout cas un beau gâchis qui compromet la crédibilité de l'institution.

    De RCF :

    BÉNÉDICTION DES HOMOSEXUELS : LE VATICAN CLARIFIE SA POSITION DANS UN COMMUNIQUÉ

    4 janvier 2024

    Lundi 18 décembre 2023, le dicastère pour la doctrine de la foi donnait son feu vert pour la bénédiction des couples dits "irréguliers", homosexuels ou personnes divorcées, dans un document validé par le pape François intitulé Fiducia supplicans. Depuis, le texte fait polémique au sein de l'Église. Le Vatican a donc publié un communiqué pour apporter des précisions au texte initial. Retrouvez-le en intégralité.

    Communiqué de presse pour aider à clarifier la réception de Fiducia supplicans, recommandant une lecture complète et attentive de la Déclaration pour mieux comprendre le sens de sa proposition.

    1. Doctrine

    Les déclarations compréhensibles de certaines conférences épiscopales par rapport au document Fiducia supplicans ont le mérite de mettre en évidence la nécessité d'un plus long temps de réflexion pastorale. Ce qu'ont exprimé ces conférences épiscopales ne peut être interprété comme une opposition doctrinale parce que le document est clair et classique sur le mariage et la sexualité. Plusieurs phrases fortes dans la Déclaration ne laissent planer aucun doute :

    «Cette déclaration reste ferme sur la doctrine traditionnelle de l'Église concernant le mariage, n'autorisant aucun type de rite liturgique ou de bénédiction similaire à un rite liturgique qui pourrait prêter à confusion». On agit, face à des couples en situation irrégulière, «sans valider officiellement leur statut ni modifier en quoi que ce soit l'enseignement pérenne de l'Église sur le mariage» (Présentation).

    «Sont inadmissibles les rites et les prières qui pourraient créer une confusion entre ce qui est constitutif du mariage, à savoir "une union exclusive, stable et indissoluble entre un homme et une femme, naturellement ouverte à la génération d'enfants", et ce qui le contredit. Cette conviction est fondée sur la doctrine catholique pérenne du mariage. Ce n'est que dans ce contexte que les relations sexuelles trouvent leur sens naturel, propre et pleinement humain. La doctrine de l'Église sur ce point reste ferme»(4).

    «Tel est également le sens du Responsum de l'ancienne Congrégation pour la Doctrine de la Foi, lorsqu'il affirme que l'Église n'a pas le pouvoir de donner des bénédictions aux unions entre personnes du même sexe»(5).

    «C'est pourquoi, étant donné que l'Église a toujours considéré comme moralement licites uniquement les relations sexuelles vécues dans le cadre du mariage, elle n'a pas le pouvoir de conférer sa bénédiction liturgique lorsque celle-ci peut, d'une certaine manière, offrir une forme de légitimité morale à une union qui se présente comme un mariage ou à une pratique sexuelle extra maritale»(11).

    Il est clair qu'il n'y aurait pas de place pour se distancer doctrinalement de cette Déclaration ou pour la considérer comme hérétique, contraire à la Tradition de l'Église ou blasphématoire.

    2. Réception pratique

    Toutefois, certains évêques s'expriment surtout sur un aspect pratique: les possibles bénédictions de couples en situation irrégulière. La Déclaration contient la proposition de brèves et simples bénédictions pastorales (ni liturgiques ni ritualisées) de couples en situation irrégulière (et non pas des unions), étant entendu qu'il s'agit de bénédictions sans forme liturgique qui n'approuvent ni ne justifient la situation dans laquelle se trouvent ces personnes.

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  • Les directives du Vatican sur les bénédictions homosexuelles sont une "réponse claire" aux évêques allemands

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    De Jonathan Liedl sur CNA :

    Cardinal Fernández : les directives du Vatican sur les bénédictions homosexuelles sont une "réponse claire" aux évêques allemands

    3 janvier 2024

    Au milieu d'une grande confusion concernant les récentes orientations du Vatican sur les bénédictions homosexuelles, l'architecte du document s'en est pris à ceux qui défendent l'interprétation la plus libérale : Le leadership catholique en Allemagne. 

    Le cardinal Victor Manuel Fernández, préfet du Dicastère du Vatican pour la doctrine de la foi (DDF) et conseiller théologique de longue date du pape François, a décrit Fiducia Supplicans comme une "réponse claire" aux projets allemands visant à officialiser les bénédictions liturgiques pour les couples de même sexe, ce qui est explicitement interdit par les orientations du 18 décembre.

    "Ce n'est pas la réponse que les gens de deux ou trois pays aimeraient avoir", a déclaré Mgr Fernández à propos de Fiducia Supplicans dans une interview accordée le 3 janvier au journal catholique allemand Die Tagespost. "Il s'agit plutôt d'une réponse pastorale que tout le monde pourrait accepter, même si c'est avec difficulté. 

    Les orientations du Vatican proposent la possibilité de "bénédictions spontanées" pour les couples de même sexe et ceux qui ont des "relations irrégulières", mais "sans valider officiellement leur statut ni modifier de quelque manière que ce soit l'enseignement pérenne de l'Église sur le mariage". Pour éviter toute confusion, Fiducia Supplicans interdit la promotion de bénédictions formelles et l'utilisation de tout vêtement ou symbole qui pourrait donner l'impression d'une bénédiction maritale. 

    Les membres de la controversée Voie synodale allemande, une collaboration entre la Conférence épiscopale allemande (DBK) et un puissant lobby laïc (ZdK), ont approuvé à une écrasante majorité l'élaboration de textes rituels formalisés pour les bénédictions de personnes de même sexe lors d'une assemblée qui s'est tenue en mars 2023 à Francfort.

    Depuis lors, plusieurs évêques allemands ont autorisé la bénédiction publique de couples de même sexe dans leurs diocèses. Suite à la publication de Fiducia Supplicans, Birgit Mock, vice-présidente du ZdK, a déclaré que l'Église en Allemagne n'abandonnerait pas son projet d'élaborer un texte officiel pour les bénédictions de couples de même sexe, malgré les interdictions de la directive.

    Mgr Fernández a suggéré que certains catholiques allemands pourraient ne pas apprécier les perspectives des catholiques d'autres parties du monde sur les questions liées à la sexualité.

    "En écoutant certaines réflexions faites dans le cadre du chemin synodal allemand, il semble parfois qu'une partie du monde se sente particulièrement 'éclairée' pour comprendre ce que les autres pauvres misérables sont incapables de saisir parce qu'ils sont fermés ou médiévaux, et ensuite cette partie 'éclairée' croit naïvement que grâce à elle, toute l'Église universelle est réformée et libérée des vieux schémas", a déclaré Mgr Fernández à Die Tagespost.

    De même, le chef du DDF a suggéré que certains dirigeants catholiques allemands n'apprécient pas les efforts du pape François pour maintenir l'unité de l'Église.

    "Certains évêques allemands ne semblent pas comprendre qu'un pape libéral ou éclairé ne pourrait pas garantir cette communion entre les Allemands, les Africains, les Asiatiques, les Latino-Américains, les Russes, et ainsi de suite", a déclaré Mgr Fernández. En revanche, un pape "pastoral" est en mesure de le faire, car il préserve l'enseignement de l'Église tout en lui permettant "d'entrer en dialogue avec la vie concrète, souvent si blessée, des fidèles".

    Mgr Fernández a également remis en question le fondement de la Voie synodale pour essayer de changer radicalement l'enseignement et la pratique de l'Église en matière de sexualité et de gouvernance, à savoir la nécessité de s'attaquer aux causes systémiques de la crise des abus sexuels. 

    "Croire que dans une partie du monde, la crise causée par les abus sexuels peut être résolue par des décisions contraires à l'enseignement de l'Église universelle n'est, à mon avis, même pas raisonnablement justifié", a déclaré Mgr Fernández, notant que "certaines communautés chrétiennes non catholiques" ayant des conceptions différentes de la sexualité et de l'autorité sont également en proie à des problèmes liés aux abus sexuels. 

    La publication de Fiducia Supplicans a été marquée par une grande confusion et des interprétations contradictoires, les évêques de pays d'Afrique et d'Europe de l'Est interdisant les bénédictions proposées dans leurs juridictions, tandis que les prélats de pays comme l'Allemagne ont qualifié le document de confirmation de leur volonté de changement. 

    L'interview de mercredi n'était pas la première fois que Mgr Fernández abordait l'impact de Fiducia Supplicans, et notamment son importance pour l'Église catholique en Allemagne. 

    Dans une interview accordée le 23 décembre, il a déclaré à The Pillar que la promotion par certains épiscopats de bénédictions rituelles de couples irréguliers était "inadmissible" et qu'"ils devraient reformuler leur proposition à cet égard". 

    L'Argentin a également déclaré qu'il "prévoyait un voyage en Allemagne pour avoir des conversations que je crois importantes".

    Dans l'interview accordée à Die Tagespost, le cardinal a également évoqué les dialogues en cours entre le Vatican et les représentants de la DBK. Deux d'entre eux ont déjà eu lieu, le prochain devant se tenir à Rome ce mois-ci. 

    Mgr Fernández a réaffirmé que la discussion sur les changements de l'enseignement de l'Église sur la sexualité et les ordres sacrés réservés aux hommes ne serait pas à l'ordre du jour des prochaines réunions, ce que le secrétaire d'État du Vatican, le cardinal Pietro Parolin, avait déjà fait savoir à la DBK dans une lettre datée du mois d'octobre. Toutefois, le chef du DDF a laissé entendre que "la porte reste ouverte" pour discuter de la manière dont les aspects réformables des questions concernées "peuvent être approfondis" et éventuellement conduire à "un développement pastoral" similaire à Fiducia Supplicans. 

    Le cardinal a également abordé les préparatifs en cours des dirigeants de l'Église allemande en vue d'établir un "conseil synodal" d'évêques et de laïcs - ce qui a été interdit par les hauts responsables du Vatican dans une lettre de janvier 2023 explicitement approuvée par le pape François. 

    Le comité synodal qui prépare le terrain pour le Conseil synodal a tenu sa première réunion les 10 et 11 novembre, bien qu'elle ait été boycottée par quatre ordinaires allemands, tandis que quatre autres n'ont pas été en mesure d'y assister, invoquant des conflits d'horaire. Le DBK devrait voter sur l'adoption des statuts du comité lors de sa session plénière de février à Augsbourg. Dans son interview au quotidien Die Tagespost, Mgr Fernández a mis l'accent sur la patience. 

    La condition de la poursuite du dialogue entre le Vatican et la DBK est que "nous ne continuions pas à prendre des décisions qui ne seront discutées que lors de réunions ultérieures". 

    Nous devons nous rappeler que "le temps vaut plus que l'espace", a-t-il déclaré, citant Evangelii Gaudium, l'exhortation apostolique de 2013 du pape François que Mgr Fernández aurait rédigée. "Restons donc calmes et pensons à la situation dans son ensemble". 

    Jonathan Liedl est rédacteur en chef du National Catholic Register. Il a travaillé pour des conférences catholiques d'État, a suivi une formation de trois ans au séminaire et a été tuteur dans un centre d'études chrétiennes à l'université. Liedl est titulaire d'une licence en sciences politiques et en études arabes (Univ. de Notre Dame), d'une maîtrise en études catholiques (Univ. de St. Thomas) et termine actuellement une maîtrise en théologie au Séminaire Saint-Paul.