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Débats - Page 98

  • Rescrit : un nouvel ultramontanisme ?

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    De George Weigel sur First Things :

    LE NOUVEL ULTRAMONTANISME ET L'EVANOUISSEMENT DE VATICAN II

    8 mars 2023

    Dans sa Constitution dogmatique sur l'Église (Lumen Gentium), le Concile Vatican II a fermement freiné l'"ultramontanisme" - la théorie surchauffée de la suprématie papale qui réduisait les évêques locaux à des directeurs de succursales exécutant simplement les ordres du PDG de l'Église catholique Inc. à Rome. Le coup de grâce pour le concept déformé de l'autorité ecclésiale de l'ultramontanisme a été donné au paragraphe 27 de la constitution dogmatique :

    Les évêques, en tant que vicaires et ambassadeurs du Christ, gouvernent les églises particulières qui leur sont confiées. . . . Ce pouvoir, qu'ils exercent personnellement au nom du Christ, est propre, ordinaire et immédiat, bien que son exercice soit réglé en dernier ressort par l'autorité suprême de l'Église, et qu'il puisse être circonscrit par certaines limites, pour l'avantage de l'Église ou des fidèles. En vertu de ce pouvoir, les évêques ont le droit sacré et le devoir, devant le Seigneur, de modérer tout ce qui concerne l'organisation du culte....

    L'une des nombreuses bizarreries du moment catholique que nous vivons est que, au nom d'une "synodalité" proclamée comme accomplissant la promesse de Vatican II - qui inclut vraisemblablement l'enseignement du Concile sur l'autorité des évêques locaux en tant que véritables vicaires du Christ - "l'autorité suprême de l'Église" affaiblit gravement l'autorité épiscopale en gérant d'une main lourde l'utilisation de la forme extraordinaire du rite romain (ce qu'on appelle la "messe latine traditionnelle" ou MLT). Le dernier exemple de ce nouvel ultramontanisme est apparu dans un rescrit du 21 février, lorsque "l'autorité suprême de l'Église" a établi que, dorénavant, les évêques doivent obtenir la permission du cardinal Arthur Roche et du Dicastère pour le culte divin avant de permettre l'utilisation de la forme extraordinaire dans les églises paroissiales, et avant de permettre aux prêtres ordonnés après le 16 juillet 2021 de célébrer la messe latine traditionnelle.

    Le porte-parole journalistique de l'actuel pontificat, l'Américain Gerard O'Connell, a applaudi ce diktat parce qu'il indique "clairement que les évêques ne peuvent pas prendre la loi entre leurs mains". Bien au contraire : Le rescrit du 21 février contredit l'enseignement de Lumen Gentium 27 sur le rôle de l'évêque local en tant que chef liturgiste de son diocèse. Il ne définit pas non plus "l'avantage [pour] l'Église ou [pour] les fidèles" de l'exercice de l'autocratie papale par le rescrit. Ainsi, une fois de plus, les évêques sont réduits à des serviteurs exécutant les ordres du QG mondial romain.

    Avec une ironie qui semble leur échapper, les apologistes du nouvel ultramontanisme répondent que ce matraquage des évêques locaux était nécessaire parce que les traditionalistes liturgiques nient l'autorité de Vatican II. C'est vrai pour certains. Mais les négateurs conciliaires ne représentent qu'une fraction minuscule de cette petite mais vitale minorité de catholiques qui trouvent leur culte amélioré par la forme extraordinaire du rite romain. L'"autorité suprême de l'Église" ne ferait-elle pas mieux de porter son attention sur l'effondrement catastrophique de la fréquentation de la messe dans le monde occidental ? Ou sur les abus réguliers de la pratique liturgique dans des pays comme la Suisse et l'Allemagne ? En quoi le fait de traiter de lépreux liturgiques ceux qui se rendent à l'église tous les dimanches et d'ordonner ensuite à leurs évêques d'exiler désormais ces mécréants dans le gymnase de la paroisse pour la messe est-il "à l'avantage de l'Église ou [...] des fidèles" ?

    Le rescrit de Roche soulève également les questions les plus sérieuses sur la "synodalité", renforçant les craintes que ce terme mal défini et maladroit ne serve de couverture à une tentative coordonnée d'imposer une interprétation catholique de Vatican II à l'ensemble de l'Église mondiale. Cette tentative échouera. Mais beaucoup de dégâts pastoraux seront causés dans le processus, et une occasion d'approfondir la réception par l'Église de l'enseignement authentique de Vatican II sera manquée.

    Je suis un homme du Novus Ordo. Quiconque doute que le Novus Ordo puisse être célébré avec la crainte et le respect que les catholiques de la TLM trouvent dans la forme extraordinaire peut regarder la célébration du Requiem pontifical solennel pour le cardinal George Pell à Sydney, en Australie, ou les vidéos de la messe dominicale de l'église catholique Sainte-Marie à Greenville, en Caroline du Sud. Je rejette également, et même je déplore, la polémique anti-Vatican II d'une minorité marginale de traditionalistes liturgiques, qui ont bêtement tendu un pistolet chargé à leurs ennemis romains.

    Néanmoins, en tant qu'étudiant attentif du Concile et auteur de Sanctifier le monde, il me semble que le rescrit de Roche viole à la fois la lettre et l'esprit de ce que Lumen Gentium a enseigné, tout en ne faisant rien pour favoriser la bonne mise en œuvre de la Constitution du Concile sur la sainte liturgie.

    Ces questions, et le cardinal Roche, vont faire l'objet d'une attention considérable lors du Synode 2023 en octobre et lors des Congrégations générales avant le prochain conclave.

    La chronique de George Weigel est publiée par le Denver Catholic, la publication officielle de l'archidiocèse de Denver. 

    George Weigel est Distinguished Senior Fellow du Ethics and Public Policy Center de Washington, D.C., où il est titulaire de la William E. Simon Chair in Catholic Studies.

  • Pas de dépénalisation de l'avortement en Suisse

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    Suisse : pas de dépénalisation de l’avortement

    8 mars 2023

    En Suisse, le Conseil national a rejeté ce mardi, par 99 voix contre 91 et 6 abstentions, une initiative parlementaire visant à retirer l’avortement du code pénal.

    Une « initiative purement symbolique, absurde », estime Yves Nidegger, un de ses membres. En effet, aucune poursuite pénale liée à un avortement n’a été menée depuis 20 ans. Le « régime des délais » « rend de facto licite l’avortement, s’il est effectué dans le délai de 12 semaines », rappelle-t-il.

    « Il y aura toujours une tension entre le droit à la vie du fœtus et le droit individuel d’une femme à avorter », juge Yves Nidegger. « Le régime des délais est un compromis entre ces deux tensions ».

    La Suisse a l’un des taux d’avortement les plus bas d’Europe.

    Source : SwissInfo (07/03/2023)

  • Refusons le radicalisme de l’idéologie transgenre

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    Emanant de personnalités libérales, publiée sur le site de la Libre, cette opinion ("contribution externe") dont nous ne partageons évidemment pas les considérations préliminaires nous paraît intéressante dans la mesure où elle dénonce les dérives du transgenrisme dans notre pays et invite à les combattre :

    Stop à la déconstruction du genre !

    Suppression de la mention du sexe sur nos cartes d’identité, remplacement du mot “mère” par “parent ayant accouché”, invitation aux enfants de 5 et 9 ans à se positionner sur leur identité sexuelle : ces projets inquiètent. Continuons à protéger et à soutenir les minorités sexuelles mais refusons le radicalisme de l’idéologie transgenre.

    Corentin de Salle, directeur scientifique du Centre Jean Gol et Jolan Vereecke, avocat et conseiller spécial du président du MR.

    Nous vivons dans l’un des pays les plus tolérants au monde envers les minorités sexuelles. C’est loin d’être le cas partout et cela n’a pas toujours été le cas sur notre continent : l’humiliation, la stigmatisation et la persécution ont longtemps été la règle en la matière. Succédant à de nombreuses avancées (égalité entre femmes et hommes, mariage entre personnes du même sexe, adoption homoparentale, etc.), la loi transgenre permet, depuis 2018, à toute personne majeure qui le désire de changer de prénom et de sexe sans devoir invoquer une raison médicale, sans procéder à une opération génitale ni même procéder à une transformation physique. Nous saluons ce droit à l’auto-détermination. Pourtant, sous prétexte de politiques “inclusives”, nous voyons aujourd’hui s’imposer au plus haut niveau une tendance lourde qui, niant la binarité des sexes, prône des solutions d’une radicalité aussi stupéfiante qu’inquiétante. C’est le cas de trois projets discutés dans différents gouvernements.

    Suppression de la mention du sexe sur nos cartes d’identité

    Premier d’entre eux : la suppression, pour tous, de la mention du sexe masculin ou féminin sur nos cartes d’identité. Rappelons tout d’abord que le sexe est le fait biologique donné (homme, femme ou personne intersexe) et le genre, l’identité sexuelle choisie (homme, femme ou non binaire). Deux éléments distincts qui – eux-mêmes – ne doivent pas être confondus avec l’orientation sexuelle (hétérosexuelle, homosexuelle, bisexuelle, asexuelle, etc.). Vu qu’il appartient à chacun de décider librement de ces diverses identités et à être traité avec respect, chacun devrait pouvoir exiger la suppression de la mention du sexe sur sa carte d’identité, peu importe la raison, par exemple si son genre ne coïncide pas avec son sexe. Pourquoi, dès lors, ne pas carrément supprimer cette mention pour tous, même pour le citoyen lambda qui n’a rien demandé à personne ? C’est le débat qui a agité le gouvernement fédéral à la fin de l’année dernière. Parce que, pour l’écrasante majorité des gens, l’identité de genre coïncide avec le sexe, et que, pour eux, le fait d’être homme ou femme constitue un des éléments fondamentaux de leur identité. N’est-il pas disproportionné, sous prétexte de satisfaire une infime minorité, de gommer cette mention pour tous ? Pourquoi le souci louable de satisfaire aux demandes légitimes des minorités devrait-il être rencontré d’une manière qui porte nécessairement atteinte au souci tout aussi légitime des personnes de la majorité à être reconnues dans leur identité ?

    Ne dites plus “mère “mais “personnes menstruées” ou “personnes à utérus”

    Autre dossier : le projet de suppression des filiations paternelle et maternelle. Il est en effet question de remplacer, dans le Code civil, le mot “mère” par l’expression “parent ayant accouché” et de gommer ainsi les notions de “paternité” et de “maternité” considérées par certains comme vexatoires pour les parents transsexuels. Cette suppression, en décalage radical avec la réalité sociologique dominante, est parfaitement inutile car il est tout à fait possible de créer une filiation transsexuelle, à l’image de la filiation adoptive et de la co-maternité qui existent déjà. Nul besoin de jeter par-dessus bord les notions de paternité et de maternité, dont l’ancrage sociétal, institutionnel, historique et culturel rend tout à fait légitime le maintien dans notre Code civil. De plus, cette proposition a pour effet de gommer la notion-même de femmes, ce qui heurte à raison de nombreuses féministes. En effet, parler, au nom de cette idéologie, de “personnes menstruées” ou de “personnes à utérus” ne conduit-il pas paradoxalement à invisibiliser les femmes ?

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  • Des experts de 75 pays demandent l’abolition de la GPA

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    De gènéthique.org :

    Des experts de 75 pays demandent l’abolition de la GPA

    5 mars 2023

    Une centaine d’experts de différentes disciplines et de 75 nationalités ont signé vendredi 3 mars la déclaration de Casablanca demandant aux Etats l’abolition de la GPA.

    Juristes, médecins ou psychologues, chercheurs et praticiens, de toutes cultures et de tous continents, ils travaillent depuis longtemps sur le sujet de la gestation par autrui (GPA), et de ses effets sur les personnes comme dans la société. Ils sont parvenus à ce constat partagé que la dimension internationale de la GPA exige une réponse mondiale, et qu’une Convention internationale serait le seul moyen efficace d’obtenir l’abolition de la GPA (cf. GPA : « la seule solution est l’abolition »).

    La GPA porte atteinte à la dignité humaine

    Convaincus de la nécessité de travailler ensemble sur les moyens de susciter une telle initiative pour protéger femmes et enfants, ils ont décidé de rédiger une proposition de Convention internationale. Malgré les divergences, les experts ont fédéré leurs efforts afin d’avancer et de « défendre une cause juste », la dignité des enfants et de la femme (cf. La GPA : « une violence faite à toutes les femmes ») mais aussi « de l’humain dans sa globalité », se félicitent les organisateurs. « Un combat contre un paradigme ».

    Parmi les participants de cette initiative mondiale, on retrouve notamment des Français comme Aude Mirkovic, maître de conférences en droit et porte-parole de l’association Juristes pour l’enfance ou Olivia Sarton, avocate et directrice scientifique de l’association.

    Les signataires de la déclaration de Casablanca sont « conscients de la souffrance des personnes qui ne peuvent pas procréer », mais aussi « de l’enjeu international d’une protection efficace de la dignité humaine » comme ils le mentionnent. Ils sont aussi « convaincus que le contrat de gestation pour autrui […], porte atteinte à la dignité humaine et contribue à la marchandisation des femmes et des enfants » (cf. GPA : la femme exploitée).

    « Condamner la GPA dans toutes ses modalités et sous toutes ses formes »

    Les experts demandent « aux États de condamner la GPA dans toutes ses modalités et sous toutes ses formes, qu’elle soit rémunérée ou non, et d’adopter des mesures pour combattre cette pratique ».

    Cinq recommandations sont également adressées aux Etats : «  interdire la GPA sur leur territoire » , « refuser toute valeur juridique aux contrats comportant l’engagement pour une femme de porter et remettre un enfant », « sanctionner les personnes (..) qui se proposent comme intermédiaires, qui recourent à la GPA sur leur territoire, les ressortissants qui recourent à la GPA en dehors de leur territoire », mais aussi « agir en vue de l’adoption d’un instrument juridique international emportant abolition universelle de la GPA ».

    En annexe, un projet de Convention internationale est proposé. Il est « à la libre disposition des Etats qui voudront s’engager dans cette démarche » précisent les organisateurs.

    « Aucun encadrement ne peut la rendre acceptable »

    Le texte de la déclaration est délibérément bref. Il ne développe pas les motifs et n’exige pas de se mettre d’accord sur tout, mais de se concentrer sur le résultat expliquent les organisateurs. « La Déclaration de Casablanca se démarque des autres initiatives internationales existant en matière de GPA car elle demande l’abolition et non l’encadrement de la GPA » précisent-ils également.

    « La GPA est intrinsèquement contraire à la dignité humaine et aux droits humaines. Aucun encadrement, quel qu’il soit, ne peut la rendre acceptable. La GPA éthique est un leurre car elle n’existe pas et ne peut pas exister » rappellent-ils (cf. « Ceux qui utilisent le mot éthique comme complément de la GPA sont des menteurs, des ignorants ou des candides »). « Le petit enfant est le grand oublié » ajoute Anne Schaub, psychologue en Belgique (cf. GPA : un enfant conçu avec le mauvais sperme abandonné).

    Le Maroc, une référence

    À ce jour, environ quinze pays autorisent la gestation par autrui, dont certains en Europe. La Russie, l’Ukraine (cf. GPA en Ukraine : deux naissances par semaine de commanditaires français), une partie du Mexique ou certains Etats des Etats-Unis le font sans condition, d’autres la limitent à leurs seuls ressortissants, ou encore à la « GPA altruiste » (cf. Royaume-Uni : augmentation du nombre de mères porteuses). Le Maroc, qui accueille le séminaire, fait, lui, figure de référence. Sa législation interdit et sanctionne pénalement le recours à la GPA. Quant à la France, la pratique est illégale, mais les enfants nés par GPA à l’étranger peuvent être inscrits à l’état civil (cf. GPA : la « complaisance » de la France ?).

    Il n’existe pas de chiffre du nombre de GPA pratiquées au niveau mondial. En revanche, l’un des experts indique que, dans le monde, le marché de la GPA s’évalue à 27 milliards de Dollars. La répartition est particulièrement marquante : 63% irait vers les cliniques, 33% vers les avocats et autres « prestataires », et seulement 1% de ce marché reviendrait aux mères porteuses.

    De nombreuses questions abordées

    Au cours du séminaire, de nombreuses interventions ont permis d’apporter un éclairage pluriel et complémentaire sur ce sujet complexe.

    Différents points ont été évoqués : la dignité de la mère porteuse, sa liberté et son consentement, mais aussi la négation de sa douleur. Le regard anthropologique sur la GPA, la dimension internationale du commerce des mères porteuses, les aspects juridiques de la GPA, la filiation de l’enfant né de la GPA ou encore les enjeux psychologiques de la GPA pour l’enfant, y compris lors de la vie prénatale, ont aussi été abordés.

    Le début d’une dynamique

    Cette réunion n’est que la première étape, le début d’une dynamique à développer. Sur le modèle, par exemple, de la COP sur le climat, suggèrent les organisateurs. Sensibiliser le grand public, mais aussi les pouvoirs publics et les institutions afin de promouvoir à terme un traité international mettant fin à la pratique de la GPA partout dans le monde, tel est l’objectif.

    Les différents experts présents vont désormais aller à la rencontre des instances gouvernementales de leurs propres pays pour poursuivre le travail.

    A Casablanca, Luis Ernesto Pedernera Reyna, membre et ancien président du Comité des droits de l’enfant de l’ONU, ainsi que Suzanne Aho Assouma, membre et ancienne vice-présidente de cette même institution, étaient présents comme observateurs au séminaire. Un « bon signal » relèvent les organisateurs.

    En attendant que l’ONU et les chefs d’Etat réfléchissent ensemble, il serait déjà bien que les Etats commencent par respecter les engagements actuels de leurs législations. Tel n’est pas le cas de la France. La loi française sanctionne en théorie, mais n’est pas appliquée (cf. GPA : Emmanuel Macron réaffirme « les lignes rouges ». Et en pratique ?).

  • Woelki et Cordes : des cardinaux contre la dérive allemande

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    De Nico Spuntoni sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Woelki et Cordes : les cardinaux contre la dérive allemande

    07-03-2023

    L'archevêque de Cologne Woelki et ses frères "tirent l'oreille" à la Voie synodale qui pousse l'agenda ultra-progressiste en Allemagne. Même le cardinal Cordes, dans un article à paraître, rejette l'assemblée qui s'achève face à l'opposition de Rome. 

    De l'Assemblée plénière de printemps de la Conférence épiscopale allemande qui s'est tenue à Dresde la semaine dernière, on retiendra surtout le sermon de l'archevêque de Cologne, le cardinal Rainer Maria Woelki, qui a invité ses confrères évêques à revenir à l'essentiel et à recommencer à prêcher " la nécessité de se convertir à Dieu et à sa volonté ". Dans le texte prononcé par le cardinal, il était difficile de ne pas lire une critique de la ligne majoritaire de l'épiscopat allemand qui s'est exprimée dans la voie synodale qui s'achève. Les réformes préconisées par l'assemblée ont en effet été présentées dès le départ comme une réponse nécessaire à la crise des abus dans l'Église.

    Cependant, ce point de départ n'a pas empêché les travaux du Chemin d'aborder des questions et de parvenir à des conclusions qui n'ont pas grand-chose à voir avec le véritable problème des abus commis par des clercs. Contre ces positions se sont élevées ces dernières années les voix de ceux qui ont accusé le chemin synodal d'utiliser la lutte contre les abus pour redessiner la doctrine et l'Église en général en suivant l'agenda ultra-progressiste. 

    Le cardinal Woelki a tiré les oreilles de ses confrères, les exhortant à essayer de "prendre conscience de nos péchés, non par haine de soi, mais par amour de Dieu". Le sermon du cardinal a renvoyé l'Église allemande à sa responsabilité pour avoir négligé la tâche de "répondre de plus en plus à la volonté et aux intentions de Dieu".

    Malgré les assurances du président de la Conférence épiscopale, Monseigneur Georg Bätzing, la voie synodale allemande restera surtout dans les mémoires comme une tentative de désengagement à l'égard de Rome en vue de lancer une sorte d'Église nationale, liquidée par François avec une boutade plutôt efficace : "En Allemagne, il y a une très bonne Église évangélique. Nous n'avons pas besoin de deux". Le fait que les travaux sur le tracé aient dépassé les voies autorisées par Rome est démontré par le fait qu'il y a quelques mois, le préfet du dicastère des évêques de l'époque, le cardinal Marc Ouellet, avait demandé en vain que les travaux soient suspendus.

    Parmi les points de friction avec le Saint-Siège figure la proposition approuvée sur la création d'un conseil synodal permanent pour l'Église en Allemagne, composé d'évêques et de laïcs. Dans une lettre datée du 16 janvier, les cardinaux Parolin, Ouellet et Ladaria ont confirmé à cinq évêques allemands qu'ils n'étaient pas obligés de participer au groupe de travail chargé de préparer la création de cet organe. Les trois chefs de dicastère, avec l'approbation de François, avaient expliqué dans cette missive que "ni la Voie synodale, ni un organe établi par elle, ni une conférence épiscopale n'ont la compétence d'établir le Conseil synodal au niveau national, diocésain ou paroissial". 

    Or, un cardinal allemand résidant au Vatican depuis des décennies, le président émérite de Cor Unum Paul Josef Cordes, s'est ouvertement prononcé contre la réalisation de cet organe voté lors des sessions du Chemin. Le cardinal, très proche de Joseph Ratzinger, a justifié son opposition dans un article qui sera publié en avril dans la revue - déjà chère à Benoît XVI - 'Klerusblatt' et que La Nuova Bussola Quotidiana a pu consulter à l'avance.

    Le cardinal Cordes y dénonce la façon dont "l'identité mutilée de l'évêque (...) apparaît également dans le parcours synodal allemand", à partir duquel il apparaît "privé de moyens de grâce spécifiques" et perd "sa responsabilité et son autorité particulières dans le diocèse". Le cardinal a critiqué la proposition du Conseil synodal, estimant que "plus regrettable encore que la réduction du ministère spirituel à des catégories politico-empiriques" est "l'auto-sécularisation ecclésiastique à travers le nouveau modèle proposé", où "on omet la référence formelle à Dieu pour l'établissement et la conduite de la communauté de foi", alors que "dans la liturgie de l'ordination épiscopale, (...) l'Église demande à Dieu de lui donner la vie et de la guider", tandis que "dans la liturgie de l'ordination épiscopale, (...) l'Église demande à Dieu de lui donner la vie et de la guider. ...] l'Église demande au candidat "la force qui vient de toi, ô Père, ton Esprit qui gouverne et guide" par l'imposition des mains et la prière".

    L'article de l'ancien collaborateur de Benoît XVI rappelle que "selon la foi de l'Eglise, cependant, une telle demande est plus qu'un vœu pieux" car "un sacrement y est célébré", concluant ainsi que "le leadership de l'Eglise a formellement besoin de l'aide de Dieu". Un rejet sans réserve de l'idée d'un conseil synodal permanent où l'avis des évêques pourrait même être renversé en cas de vote contre à la majorité des 2/3.

  • Vouloir une Église sans prêtres est-ce encore appartenir à celle de Pierre ?

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    Une opinion signée par un ensemble de catholiques (voir ci-dessous) publiée sur le site de La Libre :

    4 mars 2023

    Non, nous ne voulons pas une Église sans prêtres

    Nous tenons à réagir et à nous opposer au contenu d'une brochure publiée par neuf liégeois qui plaident pour l'abolition du clergé. Le vieillissement du clergé était prévisible. Les chrétiens se préparent à y remédier. Afin de soulager les clercs toujours moins nombreux, ils prennent prioritairement en charge les services juridiques, administratifs, financiers et surtout sociaux.

    Concernant ces derniers, il faut souligner d’emblée (en plagiant à peine la réplique de Valéry Giscard d’Estaing à François Mitterrand) que “les chrétiens n’ont pas le monopole du cœur” !

    Autrement dit, la générosité et le partage ne suffisent pas à distinguer le disciple du Christ. L’axe horizontal de la croix symbolise certes l’amour du prochain, mais il est supporté par la poutre verticale qui, plantée dans la réalité du sol, s’élève vers Dieu. Ce qui différencie vraiment le disciple de Jésus du philanthrope, c’est la conviction que l’amour humain (fait de compassion et d’entraide mais aussi de don et de pardon) n’est pas d’origine humaine mais qu’il vient du Père, celui que Jésus a fait connaître au monde (Jn 4, 7).

    C’est donc fort opportunément qu’un média pose régulièrement la question : “Et Dieu dans tout cela ? ”. Une manière de répondre aujourd’hui serait de la formuler autrement : “Et le prêtre dans tout cela ? ”.

    De plus en plus souvent, des chrétiens dits “engagés” (soit autant d’apôtres dévoués au prochain que de théologiens pointus) n’hésitent pas à contester, non tant la place du prêtre dans la société, que son véritable rôle au sein de nos communautés. Ambitionnant de rendre l’Église au Peuple de Dieu (selon le titre d'une brochure de 60 pages publiée par neuf catholiques liégeois NdlR1), ils en viennent à contester la plupart des sacrements et, plus spécifiquement, celui de l’ordre qui confère le pouvoir de les administrer. À leurs yeux, lesdits sacrements ne sont que des rencontres privilégiées avec le Seigneur et des signes de fraternité ; selon eux, ils subsisteraient dans l’avenir mais pourraient être conférés par des laïcs (hommes et femmes) spécialement formés, lesquels exerceraient leurs fonctions pendant un mandat temporaire.

    Envisageant de la sorte des communautés “sans prêtres”, ces audacieux promeuvent “un modèle de célébration (eucharistique) indépendant du sacrement de l’ordre”, une messe qui, selon eux, devrait d’ailleurs occuper une place moins importante qu’aujourd’hui dans la pratique religieuse. Comme pour nos frères protestants, seul le baptême est, à leurs yeux, fondamental et, de ce fait, peu sujet à discussion. Considéré civilement comme une institution juridique obsolète, le mariage religieux semble leur apparaître, quant à lui, de moindre intérêt ; fondateur de la famille, il est pourtant le gage de la qualité, de la pérennité et de la fécondité de l’union conjugale.

    Paraissant confondre l’aveu de la faute et le repentir, comme la demande de pardon et son obtention, les mêmes théologiens préconisent de remplacer la confession faite au prêtre par un entretien avec un simple confident. Ils perdent ainsi de vue que le pardon ne peut être accordé que par l’offensé et non par un tiers (à moins qu’il ne soit préalablement investi d’un tel pouvoir). Dans notre monde égoïste, beaucoup en sont d’ailleurs venus à reconnaître leurs torts, bien plus pour retrouver “la paix intérieure” que pour faire “la paix avec autrui” ; c’est dire qu’il importe de garder au sacrement toute sa signification, soit sa valeur de signe visible d’une miséricorde divine invisible !

    Minimisant de la sorte la grâce sacramentelle et craignant que le cléricalisme conduise l’Église à la dérive, ces penseurs suggèrent une solution radicale : supprimer le clergé et confier la responsabilité de la communauté aux chrétiens eux-mêmes. Ils donnent en exemple les premières communautés chrétiennes et rappellent que Jésus n’a expressément ni nommé ni expliqué chacun des sept sacrements aujourd’hui reconnus. Il reste que les apôtres et leurs successeurs en ont affiné la perception et que ce serait certainement une erreur – ici comme en d’autres matières – de faire fi des acquis de vingt siècles d’études, de réflexions et d’expériences. Nos prêtres d’aujourd’hui sont les auxiliaires des évêques, lesquels assurent la succession apostolique. Voici ce qui en fait davantage les gardiens des sacrements que les “pasteurs” du “petit troupeau”. S’ils sont en nombre insuffisant pour absoudre, les visiteurs de prison, d’hôpital et de maison de repos, doivent rappeler autour d’eux qu’à côté de la “communion de désir”, la possibilité existe d’être pardonné lorsque le pécheur exprime un repentir sincère ainsi que l’intention de se confesser dès que possible à un prêtre.

    Ce rapide survol de la contestation met en évidence qu’elle conduit, non à une adaptation de l’eucharistie et de la réconciliation, mais à une sorte de révolution touchant les sacrements essentiels et le rôle du prêtre catholique.

    Vouloir une Église sans prêtre est-ce encore appartenir à celle de Pierre ?

    “Il est plus d’une demeure dans la maison du Père”. C’est parole d’évangile (Jn 14, 2) et c’est une réalité ! Ce qui fait la richesse des familles, des groupes et associations de toute nature, c’est la complémentarité de leurs différences, leur cohésion fondamentale autour d’un même objectif. Comme toujours, la contradiction loyale favorise la compréhension et le progrès. Du respect à la confiance, puis de celle-ci à l’amour, tous tendent – au sein du groupe – à pacifier, parce que seule la paix conduit à l’unité. Comme sa dénomination l’indique, l’Église catholique est universelle, autrement dit “ouverte à tous” ; quels qu’ils soient, Dieu les y invite.

    La révolution annoncée quant au rôle du prêtre se veut à ce point progressiste qu’elle en heurte plus d’un et risque de ne pas convaincre. Dans le prolongement de ce qui vient d’être rappelé du pluralisme des opinions, une réflexion paraît alors s’imposer. Une Église qui confisquerait aux prêtres leur mission apostolique serait-elle toujours cette “maison du Père” ? Pour formuler autrement la question : vouloir une Église sans prêtre – et, partant, sans sacrements – est-ce encore appartenir à celle de Pierre ? L’œcuménisme est un superbe mouvement, mais il ne pourrait écarter les catholiques de leur “Credo”. Il s’impose que les responsables de la catéchèse et de la pastorale soient conscients du danger que présente un tel projet, surtout lorsqu’il s’agit d’évangéliser, comme nous avons tous reçu mission de le faire (Mat. 28, 18-19).

    Si Jésus n’est pas Dieu et si son incarnation cesse de se prolonger de nos jours – grâce aux prêtres – dans l’eucharistie, le christianisme n’est plus une religion. En ce cas, il ne “relie” plus l’être humain à la divinité et le disciple de Jésus est pareil à celui de tout autre leader ou gourou ; ce chrétien veut vivre et s’accomplir le mieux possible, mais il ne le fait pas consciemment “à l’image et à la ressemblance” de celui dont il provient et auquel il retourne.

    À supposer qu’il soit possible “sans prêtre” de se comporter en enfant de Dieu et frère (ou sœur) des humains, n’est-il pas à craindre surtout que la soif de pouvoirs des laïcs s’avère plus grande demain que ne l’est aujourd’hui celle des clercs ?

    Signataires :

    Réginald de Changy; Frédéric Close; Jean de Codt; Jacques Galloy; Bernadette Glidden-Huybrechts; Evelyne Guillemare; Philippe Jeanfils; Etienne Jehoulet; Pierre de Macar; Renier Nijskens; Philippe Olivier; Yves d’Oultremont; Philippe Prévinaire; Pierre Reginster; Charles Roberti; Alick Sytor; Louis Thonon; Anne-Victoire d’Ursel; Dominique Verpoorten

    (1) Romain Blondiaux, Roger Franssen, Gaby Hansenne, Jean-Philippe Kaefer, Xavier Lambrecht, Sébastien Louis, Bérengère Noel, Rosalie Speciale et Caroline Werbrouck, Rendons l’Église au peuple de Dieu ! – Pour en finir avec le cléricalisme, Liège 2023, justice.633@hotmail.compp. 60.

  • Bart De Wever part en guerre contre le mouvement woke

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    De Bart Haeck sur De Tijd :

    De Wever entre dans la bataille culturelle avec le mouvement woke

    Bart De Wever, président de la N-VA : "Toutes les bonnes et mauvaises choses que nos ancêtres ont faites ont fait de nous ce que nous sommes aujourd'hui".

    3 mars 2023

    Le président de la N-VA Bart De Wever voit dans le mouvement woke de la gauche radicale une menace pour le fonctionnement de la démocratie en Flandre. Il a écrit un livre à ce sujet.

    Quatre ans après avoir écrit "sur l'identité", le président de la N-VA Bart De Wever a publié un nouveau livre, sur le mouvement woke. Il s'agit de la pensée qui soutient que nous devons nous "réveiller" et réaliser à quel point le racisme et l'injustice sociale sont enracinés dans les fibres les plus profondes de notre société.

    Elle donne lieu à des discussions sur la question de savoir si la VRT doit continuer à diffuser des épisodes de 'FC De Kampioenen' dans lesquels quelqu'un s'habille en noir pour l'Épiphanie, s'il est approprié pour un Blanc de traduire un poème d'un poète noir et s'il est transphobe de diviser la population binaire en hommes et femmes.

    La ligne de fond

    Le président de la N-VA, Bart De Wever, a publié un livre intitulé "about woke". Il y aborde la bataille culturelle avec un mouvement qui affirme que nous devons prendre conscience de la façon dont l'inégalité sociale a pénétré les fibres les plus profondes de notre vie quotidienne.

    Selon De Wever, il s'agit d'un "poison rampant" qui rend malade notre société, construite sur la citoyenneté et les idées des Lumières, de l'intérieur. Selon lui, le mouvement woke se manifeste "par la criminalisation de la société occidentale et la glorification de tout ce qui pourrait s'en écarter".

    Cette pensée se trouvait déjà dans "On Identity", dans lequel il explique ce que signifie être un citoyen d'un État-nation construit sur les idées des Lumières. "Je crois que le climat intellectuel dominant d'autodestruction postmoderne a imprégné notre culture ces dernières années, avec une auto-honte et un relativisme culturel inutiles", écrit-il.

    Universités

    Alors que la guerre du woke fait particulièrement rage dans les universités américaines, De Wever a donné des conférences dans certaines universités flamandes à l'automne 2022. Contrairement à ce que le marxisme voudrait faire croire, ce sont les idées qui déterminent l'histoire", écrit-il. Et comme le poisson pourrit par la tête, les campus sont l'endroit logique pour commencer à raconter une contre-histoire.

    Le mouvement woke se manifeste, selon Bart De Weaver, "comme la criminalisation de la société occidentale et la glorification de tout ce qui pourrait s'en écarter".

    Ces conférences ont maintenant abouti à un livre, dans lequel il dénonce le mouvement de balancier qui va trop loin. La critique justifiée de ce que Léopold II a fait au Congo a abouti à une historiographie dans laquelle il n'y a de place que pour la honte. L'accent mis à juste titre sur l'inégalité des chances pour les femmes s'est transformé en une vision de la masculinité comme une "construction culturelle pernicieuse qui doit être éliminée". À cet égard, De Wever cite un article de De Morgen intitulé "Les entreprises qui font des profits créent un environnement de promiscuité".

    Et les personnes ayant un statut de victime deviennent impensables dans un rôle d'agresseur. De Wever explique que lorsque Will Smith a donné un coup de poing au présentateur Chris Rock lors de la cérémonie des Oscars de 2022, une opinion est parue dans The Guardian, selon laquelle la couverture exagérée de l'incident était problématique car, après tout, les Blancs aiment désormais présenter les hommes noirs comme des agresseurs.

    Programme politique

    Si De Wever souhaite que la guerre culturelle autour du mouvement "woke" figure en bonne place dans l'agenda politique, c'est parce qu'il la considère comme une menace pour un débat politique sérieux et ouvert. Aux États-Unis, ce mouvement a non seulement radicalisé les démocrates, mais a également renforcé la réaction de la droite radicale de Trump.

    De Wever voit également dans le mouvement woke une menace pour la notion de citoyenneté et pour une identité flamande qui devrait être le liant de la res publica. Tout ce que nos ancêtres ont fait de bien et de mal a fait de nous ce que nous sommes aujourd'hui", dit-il. En revanche, une société balkanisée qui, dans un vide identitaire, encourage les groupes de victimes à éprouver du ressentiment à l'égard des groupes d'agresseurs, n'a pas d'avenir".

  • Sauver la différence des sexes

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    De gènéthique.org :

    Sauver la différence des sexes – Eugénie Bastié

    3 mars 2023

    La famille est devenue « le champ de bataille de la guerre des sexes » se désole la journaliste et essayiste Eugénie Bastié dans son dernier écrit « Sauver la différence des sexes ».

    Estimant qu’il y a urgence à préserver cette différence, elle se lance alors dans un plaidoyer en s’appuyant sur le triptyque suivant : réaffirmer l’existant, constater sa mise en danger, et mettre en avant la nécessité de sa protection.

    Eugénie Bastié tire alors la sonnette d’alarme sur cette déconstruction progressive de la société, qui remet en question jusqu’à l’évidence même de la différence des sexes, fragilisant ainsi la féminité et plus encore la masculinité. Selon elle, en prenant un virage radical pour réhabiliter la place de la femme, cette société qui se veut « égalitariste », ne fait que pousser l’homme et sa virilité dehors. Dès lors, comme le dit l’auteur américain Richard Reeves, « à l’école, au travail, dans leurs familles, les hommes n’ont plus de place dans la société du XXIe siècle ».

    Editions : Gallimard

    Date de parution : 01/03/2023

    Nombre de pages : 32

  • Comment évangéliser aujourd'hui ? Les réponses du Club des Hommes en noir

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    Du site de l'Homme Nouveau :

    Quelle est la nécessité de l'évangélisation ? Comment s'inspirer des missionnaires pour évangéliser aujourd'hui ? Les réponses du Club des Hommes en noir avec cette semaine autour de Philippe Maxence, les abbés Barthe et Guelfucci, le père Thomas et Jean-Pierre Maugendre.

  • Wokisme, relativisme, islam, Nietzche : Thibaud Collin aborde 4 questions sur notre monde

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    D'Academia Christiana (sur youtube) :

    Victor Aubert reçoit Thibaud Collin, philosophe et essayiste français, spécialiste des questions de philosophie morale et politique. Durant cet entretien, ils évoquent quatre questions sur notre monde : le wokisme, le relativisme, l'islam et Nietzsche. 

  • Des médecins déficients à l'hôpital de campagne catholique

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    De George Weigel sur First Things :

    DES MÉDECINS DEFICIENTS À L'HÔPITAL DE CAMPAGNE CATHOLIQUE

    2 mars 2023

    L'image du Pape François de l'Eglise vue comme un "hôpital de campagne", soignant les blessés sur les champs de bataille sociaux et culturels d'aujourd'hui, résonne chez les catholiques du monde entier. L'image évoque une Église qui vit le commandement du Seigneur dans Matthieu 25 de servir le plus petit de ses frères, et les exemples de cela abondent.  

    L'Église soigne les blessures de ceux qui ont été abandonnés sur les Verdun et les Iwo Jima de la révolution sexuelle. C'est ce que font les catholiques lorsqu'ils fournissent du personnel et soutiennent financièrement les centres de crise pour les femmes enceintes, dont les principaux clients sont des femmes en souffrance abandonnées par des hommes irresponsables. Le Projet Rachel, un programme paroissial au service des femmes et des hommes souffrant de traumatismes post-avortement, est un merveilleux exemple de l'Église comme hôpital de campagne.

    L'Église soigne les blessures de ceux qui luttent pour s'en sortir dans une économie en mutation rapide, en offrant à la fois une aide matérielle et une formation aux compétences qui permettront aux laissés-pour-compte d'entrer dans les réseaux de production et d'échange où la richesse est créée et distribuée.

    L'Église soigne les blessures de ceux qui sont dépendants des poisons du jour - opioïdes et autres drogues, alcool bon marché et sexe en ligne bon marché - et les aide à découvrir le chemin de la véritable liberté.

    Et bien sûr, l'Église soigne les blessures les plus profondes de nos frères et sœurs en leur offrant la médecine curative de l'Évangile et l'amitié avec le Seigneur Jésus-Christ, le Médecin Divin.

    Des mises en garde ont été émises à propos de l'image de l'hôpital de campagne car, mal utilisée, elle peut suggérer que l'Église se contente de panser les plaies au lieu d'offrir un remède à ce qui a causé ces plaies en premier lieu. Ces mises en garde n'étaient pas déplacées. Aujourd'hui, cependant, un danger encore plus grave est apparu. Grâce à l'utilisation - que certains qualifieraient de "détournement" - du "processus synodal" mondial pour promouvoir des programmes incompatibles avec la foi et la pratique catholiques, le défi pastoral consistant à ancrer la synodalité dans la vérité s'est transformé en une véritable menace pour l'unité de l'Église et la proclamation de l'Évangile dans son intégralité.

    Ou pour reprendre l'image d'un ami : L'Église catholique d'aujourd'hui est un hôpital de campagne et certains des médecins de triage, plutôt que de soigner les blessés, insistent pour que l'hôpital ne dise plus aux gens que les mines terrestres vous tueront.   

    L'image ne devrait pas nécessiter beaucoup de déballage.

    Les médecins de triage sont les évêques, qui ont fait le serment solennel d'enseigner ce qui est spirituellement vivifiant et de détourner leur peuple de ce qui est spirituellement mortel, vérités connues par la révélation et la raison. Pourtant, certains évêques ont suggéré que l'Église enseigne (et a enseigné) faussement l'amour humain, l'identité sexuelle, les dispositions nécessaires pour recevoir dignement la sainte communion, ou l'impératif d'être une Église eucharistiquement cohérente - une Église de pécheurs qui cherchent l'absolution du péché grave avant de recevoir le corps et le sang du Seigneur. Et cela est analogue aux médecins de triage dans un hôpital militaire de campagne qui négligent les blessés tout en débattant de la question de savoir si le fait de marcher allègrement sur une mine terrestre, de s'exposer imprudemment à un feu nourri ou de refuser un équipement de protection au combat est mauvais pour la santé.   

    Les médecins de triage déserteurs de l'hôpital de campagne catholique ont cependant rendu service. Car ils ont démontré que la question fondamentale dans l'Église aujourd'hui est la réalité de la révélation divine et son autorité contraignante dans le temps. Dieu a-t-il révélé des vérités sur ce qui fait une vie juste, le bonheur et, finalement, la béatitude ? Si oui, ces vérités nous lient-elles aujourd'hui comme elles l'ont fait lorsqu'elles ont été révélées pour la première fois et enregistrées dans l'Écriture ou la tradition de l'Église ? Lorsque le cardinal Mario Grech, secrétaire général du Synode des évêques, a déclaré en septembre dernier qu'il envisageait qu'une "Église différente" émerge du processus synodal mondial, que voulait-il dire exactement ?

    Différente comment ? Une Église qui est à l'aise avec une idée unitaire de Dieu ? Une Église avec cinq sacrements au lieu de sept ? Des exagérations, dites-vous ? D'accord, et pourquoi pas une Église qui rejette l'idée biblique de la personne humaine ? Si les vérités doctrinales et morales affirmées comme telles dans le Catéchisme de l'Église catholique sont ouvertes au débat et au "discernement synodal" (comme l'ont suggéré avec une admirable candeur, sinon une acuité théologique, le cardinal Jean-Claude Hollerich, S.J., rapporteur général du Synode 2023, et le cardinal Robert McElroy de San Diego), où s'arrête le cliquet du "discernement" ? Comment s'arrête-t-il ? Et pourquoi les propositions émanant de ce "discernement" correspondent-elles uniformément à l'agenda raté de Catholic Lite au cours des cinquante dernières années ?

    Certains évêques, y compris la grande majorité de l'épiscopat allemand, peuvent souhaiter être des médecins de triage débattant de la létalité des mines terrestres. Les parties vivantes de l'Église mondiale pensent qu'il s'agit là d'une grave abdication de la responsabilité d'un guérisseur envers les blessés.

    La chronique de George Weigel est syndiquée par le Denver Catholic, la publication officielle de l'archidiocèse de Denver. 

    George Weigel est Distinguished Senior Fellow du Ethics and Public Policy Center de Washington, D.C., où il est titulaire de la chaire William E. Simon en études catholiques.

  • Les deux papes : le pape François et le pape Bergoglio. Crise, renouveau ou déclin ?

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    Lu sur Il Sismografo :

    Les deux papes : le pape François et le pape Bergoglio. Crise, renouveau ou déclin ?

    Comment faire le bilan des dix années d'un pontificat souvent illisible et indéchiffrable ? Comment interpréter les nombreux silences et ambiguïtés en dehors du circuit médiatique ? D'où partir pour ne pas perdre le chemin de la plus grande vérité possible comme y invite la doctrine catholique ?

    Faire le bilan des 10 ans de pontificat (le lundi 13 mars marquera cet anniversaire), est un défi exigeant car il faut avant tout faire la synthèse d'innombrables, de milliers d'événements, de textes et de gestes, très complexes et contradictoires. Pour l'instant, nous ne parlons que de ce qui est public et vérifiable. Un jour, dans un avenir lointain, apparaîtront des événements et des textes du Magistère qui sont ignorés aujourd'hui. Les historiens se chargeront donc de cette tâche très exigeante.  Aujourd'hui, nous ne pouvons que chroniquer, raconter, un magistère pontifical vécu de près, connaissant beaucoup de nouveautés, de surprises, mais aussi pas mal de perplexités et de doutes.

    Il y a des différences entre l'Église de 2013 et celle d'aujourd'hui, mais pour la plupart, ces différences concernent l'exercice du ministère pétrinien. C'est la véritable nouveauté de cette décennie, car sinon, les problèmes et les limites, les attentes et les inconnues qui existaient déjà au moment de la démission de Benoît XVI sont toujours là, comme avant. Au contraire, entre-temps, de nouveaux problèmes sont apparus, certains très délicats, au point de montrer un horizon de l'Église plein d'inconnues, parfois très sombre.

    Ces dix années ne sont pas faciles à lire. Dans de nombreux passages, la papauté est illisible. En Argentine, on dit du pape François, en référence à cette difficulté, que l'archevêque émérite de Buenos Aires "met la flèche à gauche mais tourne à droite et vice versa". À Rome, à la Curie, on dit en termes moins tranchants : "c'est une personne très imprévisible".

    La fin de l'envoûtement

    Dix ans après le début du pontificat, l'Église est clairement confrontée à deux papes : d'une part le pape François et d'autre part le pape Bergoglio. Tout bilan, strict et véridique, non célébratif, non propagandiste, aussi équilibré que possible, doit tenir compte de cette réalité complexe qui a fortement secoué la gouvernance de l'Église catholique au cours des cinq dernières années.

    Le Pontife a reproposé un modèle monarchique de fer pour la direction de l'Église, et même dans les plus petites choses, il a glissé son profil personnel autoritaire, décisionnel et péremptoire, connu depuis des décennies.

    Pourquoi avons-nous dit " les cinq dernières années " ? Parce que la rupture du charme bergoglien a commencé au Chili, en janvier 2018, lors d'un voyage dévastateur. Il a trouvé un pays qui n'était pas comme il le pensait en ayant choisi de croire ses plus hauts informateurs sur le terrain. Et il s'est donc trompé de manière flagrante dans son approche du drame de la pédophilie, au point d'aller jusqu'à demander publiquement aux victimes de " présenter les preuves ". Après la visite au Chili, mais aussi dans d'autres pays d'Amérique latine, tout s'est terriblement compliqué pour le pape, au point qu'il n'est jamais retourné dans la région, sauf pour les JMJ/2019 à Panama.

    Le pape médiatique et le pape souverain

    Chaque jour durant ces cinq années, la césure du pontificat, la cohabitation de deux papes : François et Bergoglio, est devenue de plus en plus évidente.
    - Le premier est un pape médiatique, très gonflé par une certaine presse et des cercles journalistiques spécifiques, mais il reste un grand leader populaire, avec un charisme pertinent sur la place publique, bien qu'au service de l'Évangile, fier de faire de la politique. (...)
    - Le second est un pape souverain, souverain par excellence, détenteur de tout pouvoir, très disposé à la raison d'État, autoréférentiel et en défense permanente contre les loups qui assiègent le trône et les complots des courtisans. Depuis sa forteresse de Santa Marta, il contrôle tout, tandis qu'au Vatican, pas une feuille ne bouge sans son consentement.

    Ce ne sont pas des réalités totalement superposées. Parfois, elles coïncident. Souvent, cependant, elles sont différentes, voire une figure finit par contredire l'autre, précisément parce que le Pontife François n'est pas toujours en phase avec le Pontife Bergoglio. La douceur, l'affabilité et le génie communicatif de François ne correspondent pas toujours à la façon dont il agit, légifère, donne des ordres et utilise les instruments du pouvoir.

    Un bilan sérieux et honnête de ces dix années devrait aborder cette double réalité, sinon il ne serait pas possible d'appréhender l'ensemble du pontificat avec équilibre dans la vérité.