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Débats - Page 98

  • La place accordée au sacré aujourd'hui (Sonia Mabrouk et Sylvain Tesson)

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    De l'émission Répliques (Alain Finkielkraut) sur France Culture (29 avril) :

    Conversation autour de la place accordée au sacré aujourd'hui, avec Sonia Mabrouk et Sylvain Tesson.

    Avec

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    "Dans son dernier livre, Blanc, Sylvain Tesson écrit : “en 2019, les hommes avait continué à s’entretuer passionnément, on avait découvert l’iPhone 11, le progrès avait fait des progrès. Par exemple, la flèche de Notre-Dame avait brûlé. Que signifiait-elle, dressée au-dessus du siècle vingt-et-un ? Il était logique qu’elle se retira. L’homme moderne a autre chose à faire que de tourner son regard vers le ciel”. Ni Sylvain Tesson, ni Sonia Mabrouk, qui publie Reconquérir le sacré, ne veulent laisser le dernier mot à cet aplatissement, à ce désenchantement du monde. Chacun a sa manière résiste." A. Finkielkraut

    Alain Finkielkraut reçoit Sylvain Tesson, écrivain, et Sonia Mabrouk, journaliste.

    "Ma conversion au sacré s’est faite en plusieurs étapes. Ce ne fut pas une révélation brutale et soudaine ; plutôt une succession de moments à la fois intimes et universels, un cheminement dans le temps vers des fragments de sacré, une compréhension de quelque chose qui nous précède et qui nous suit, qui en tout cas nous dépasse. Je dirais aussi que, dans mon cas, j’ai reçu le sacré comme on reçoit la foi. À un moment précis, le sacré a fini par s’imposer dans mon existence. Était-ce le fruit du hasard, ou était-ce un événement déjà inscrit en moi ? Impossible à dire. Une chose est sûre : la vie s’en est mêlée, et depuis, tout a changé." Sonia MabroukReconquérir le sacré (Éditions de l'Observatoire, 2023)

    "De 2018 à 2021, à la fin de l’hiver, nous nous élevions dans la neige. Le ciel était vierge, le monde sans contours, seul l’effort décomptait les jours. Je croyais m’aventurer dans la beauté, je me diluais dans une substance. Dans le Blanc tout s’annule — espoirs et regrets. Pourquoi ai-je tant aimé errer dans la pureté ?" Sylvain TessonBlanc (Gallimard, 2022).

    "Comment faites-vous pour ne pas laisser le dernier mot au désenchantement du monde ? Quelle est votre recette ?" sera la première question posée, à Sonia Mabrouk.

    "Voir des symboles, voir ce qui peut habiter le ciel, c'est contribuer au chatoiement du monde" (S. Mabrouk)

    "Je crois et j’espère qu’il n’y a pas de recette dans ce domaine-là. On pourrait dire qu’il pourrait y avoir un art : celui d’être à l’affût. Vous venez de dire “tourner son regard vers le ciel”. Il n’y a pas de recette mais il y a quand même une disponibilité, une attitude à avoir, qui est celle de croire en les signes. Je crois que même les gens qui vivent dans des cathédrales de raison ne sont pas à l’abri de ce qu’il peut se passer dans le ciel, peu importe ce qui l’habite selon eux, Dieu ou autre chose. Il y a une forme de bonheur à croire en l’existence de ces signes. Par exemple, par rapport à la flèche de Notre-Dame, j’y ai vu aussi un signe, peu importe si certains ont ricané, ont ringardisé une telle attitude et on dit qu’on peut surinterpréter les signes. Je suis heureuse de surinterpréter les signes, malgré ce qu’on peut en dire. Voir des symboles, voir ce qui peut habiter le ciel, c’est contribuer au chatoiement du monde. C’est croire en des choses simples, en la poésie, en l’amour, en les couleurs. C’est pour cela que je suis à l’affût de ce qui tombe de la poche de Dieu. Je ramasse ce qui tombe de la poche de Dieu, de ces poussières, de ces traces de sacré. (...) On a écrasé le sacré, on s’est assis sur un Occident fatigué et usé, et on n’entend plus les cloches du sacré." Sonia Mabrouk

    "Ce qui nous pousse à essayer de ré-accueillir le sacré dans nos vies, c’est quand on refuse notre propre réduction à notre dimension purement historique, biologique ou économique" (S. Tesson)

    "Le sujet du sacré semble bien inutile dans le ciel du siècle vingt-et-un, et même une notion à ranger au grenier des antiquités, car qu’est-ce que l’efficacité du sacré, dans un monde soumis à l’utilité des choses ? Quelle est la force du sacré ? Quel est son usage ? Sa valeur économique ? Pas grand chose. Or, vous nous demandez quelle est la recette. Il ne s’agit pas de trouver les trucs et astuces qui nous permettent de retrouver notre part verticale, mais il y a des chemins qu’on peut suivre, des options qu’on peut choisir, des liens qu’on peut renouer. Je tente de me “désapplatir”. Je pense que ce qui nous pousse à essayer de ré-accueillir le sacré dans nos vies, c’est quand on refuse notre propre réduction à notre dimension purement historique, biologique ou économique. Quand on refuse la réduction à cette triple-définition, on en choisit une autre, qui est ce qui peut nous arracher à nous-mêmes. Qu’est-ce qui peut aller contre notre intérêt immédiat ? Qu’est-ce qui peut faire en sorte que parfois nous poursuivions des aspirations ni utiles ni bénéfiques ? J’ai trouvé un axe qui gouverne ma vie, qui est la tentative de m’enfouir, de me dissimuler, de disparaître dans la nature par les voies de l’effort, par des voies qui m’abîment physiquement. J’y trouve là une sorte de prière active et physique. J’ai le malheur de ne croire à rien, j’ai perdu la foi bien que j’ai été éduqué par des chrétiens. La lumière s’est éteinte et je n’ai plus eu Dieu comme recours, mais je n’ai rien déconstruit, j’ai gardé ma profonde allégeance pour ce que j’ai reçu, c’est-à-dire une considération du monde." Sylvain Tesson

    "L’expérience du sacré, c'est toucher du doigt un mouvement de balancier, d'oscillation entre deux états" (S. Mabrouk)

    "Il n’y a pas de technique pour ramasser la poussière ou retrouver les traces du sacré, il y a l’aptitude à être sensible à une forme de dissimulation, de dépouillement de soi. (...) Je pense que se retrouver avec soi, c’est aussi un voyage, il faut le vouloir. Je l’ai ressenti enfant, car j’habitais face à la cathédrale Saint-Louis de Carthage, bâtie entre 1884 et 1890. J’ai tout de suite eu en regardant ce monument une sorte de cousinage mystique et affectif. J’ai senti, comme si les pierres de cet édifice représentaient tous les chapitres de ma vie, comme si les fissures étaient les lignes de ma vie. Quand j’ai poussé la porte de cette cathédrale, j’ai touché du doigt quelque chose de très particulier : il y a eu une rupture, je suis passée d’un état où j’étais dans un monde frénétique, au silence, à la frugalité. Je n’ai pas eu besoin de voyager loin pour le ressentir. Il y a eu une oscillation entre deux états. Je pense que c’est ça l’expérience du sacré, quand vous touchez du doigt ce mouvement de balancier, unique. J’ai prêté l’oreille, j’ai été l’affût, non pas d’un message venant du ciel, mais peut-être d’un message intérieur." Sonia Mabrouk

    "L'effort permet de conduire l'être vers une annulation générale de toute chose" (S. Tesson)

    "L’effort du skieur alpiniste est très athlétique : monter vers le sommet, et redescendre. C’est un effort qui permet de conduire l’être vers une annulation générale de toute chose, d’abord du temps car les heures se dissolvent, et surtout de l’espace, car soudain tout se ressemble, la blancheur, l’éclat, le cristal, le caractère aveuglant du ciel, le manteau neigeux sur les montagnes. L’avancée épuisante semble être une sorte de flottaison dans un rêve : c’est l’anti-distraction, c’est l’effort physique le plus éloigné du divertissement pascalien. Rien ne vous divertit, vous êtes obligés de concentrer toutes vos forces pour avancer." Sylvain Tesson

    Références bibliographiques :

  • "L’Eglise universelle pense différemment et ne vit pas la foi comme on l’entend actuellement dans l’espace germanophone"

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    A lire ici : Mgr Nwachukwu: «Le monde germanique n’est pas l’Eglise universelle!»

  • Le projet de loi sur les propos haineux progresse en Irlande; va-t-il réduire J.K. Rowling et l'Église au silence ?

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    De Kevin J. Jones sur Catholic News Agency :

    Le projet de loi sur les propos haineux progresse en Irlande, alors que l'on craint qu'il ne réduise J.K. Rowling et l'Église au silence

    Les détracteurs du projet de loi sur les propos haineux craignent qu'il ne criminalise les propos de personnes telles que l'auteur J.K. Rowling, qui a déclaré que les "femmes transgenres" n'étaient pas réellement des femmes.

    2 mai 2023

    L'Irlande se prépare à adopter une interdiction plus large des crimes et des discours de haine, alors que les critiques mettent en garde contre les effets sur la liberté d'expression.

    Les partisans du projet de loi, The Criminal Justice (Incitement to Violence or Hatred and Hate Offences) Act 2022 (loi sur la justice pénale (incitation à la violence ou à la haine et délits de haine) 2022), l'ont présenté comme une mise à jour d'une loi de 1989. Ils ont cité les nouveaux développements technologiques et les nouvelles minorités importantes telles que les personnes de races et de religions différentes, les personnes handicapées et celles qui s'identifient comme LGBTQ.

    Dans un résumé du projet de loi publié en octobre, le ministère de la justice a déclaré que beaucoup considéraient la loi de 1989 comme "inefficace", avec seulement une cinquantaine de poursuites pour violation au cours des 30 dernières années. Il a déclaré que les mises à jour du projet de loi protégeaient "la véritable liberté d'expression".

    "Les discours de haine sont conçus pour faire taire les gens, pour qu'ils aient peur de dire qui ils sont et pour les exclure et les isoler. Il n'y a rien de libre là-dedans et il n'y a franchement pas de place pour cela dans notre société".

    Le projet de loi a été adopté par le Dáil, la chambre basse du Parlement irlandais, par 110 voix contre 14, le 26 avril. Il doit maintenant être débattu au Sénat.

    Le commentateur Dubhaltach O Reachtnin, qui a écrit dans le journal britannique Catholic Herald en novembre, s'est inquiété du fait que la loi pourrait être utilisée pour poursuivre des prêtres ou des laïcs catholiques qui expriment l'enseignement catholique. La loi stipule qu'une "personne morale" peut être responsable de la violation de crimes, ce qui signifie que l'Église peut être coupable des "déclarations de ses membres les plus directs".

    CNA a demandé un commentaire à la Conférence des évêques catholiques d'Irlande, mais n'a pas reçu de réponse avant la publication.

    Certains législateurs irlandais ont critiqué le projet de loi.

    "La plupart des gens ordinaires soutiendraient l'interdiction de l'incitation à la violence et de la violence fondée sur la haine. Cependant, cette loi va beaucoup plus loin que cela", a déclaré Peadar Tóibín, député du parti Aontú, lors d'un débat au Dáil irlandais en novembre.

    Il a rappelé la controverse suscitée par une émission de radio de la RTÉ dans laquelle des femmes s'opposaient à ce que des hommes ou des hommes s'identifiant à des femmes transgenres soient autorisés à pénétrer dans les espaces réservés aux femmes. Cela a provoqué une "réaction brutale" et des accusations de transphobie et d'incitation à la haine.

    "Le ministre pense-t-il que le fait que des femmes disent qu'une femme est une femme adulte est un discours transphobe et haineux ? a demandé M. Tóibín. "Est-il possible qu'un juge puisse à l'avenir avoir cette opinion et mettre en œuvre la législation du ministre sur la base de cette opinion ?

    "Je suis parfois étonné, notamment sur les médias sociaux, de constater que les personnes qui se parent des couleurs de l'amour et de l'inclusion sont souvent celles qui contribuent à clore le débat et à empêcher que ces idées soient discutées", a-t-il déclaré, rappelant l'hostilité et les menaces dont l'auteur J.K. Rowling a fait l'objet en raison de son point de vue sur l'identité sexuelle.

    L'auteur de la série Harry Potter a été accusée d'être "transphobe" pour avoir déclaré que les "femmes trans" n'étaient pas des femmes.

    "Ce sont des opinions qu'ils croient qu'elle ne devrait pas avoir. Ce sont des opinions qu'ils considèrent comme des discours de haine parce qu'elle les défend", a déclaré M. Tóibín, qui s'est inquiété de la "cancel culture" ou de la "culture de la censure".

    Un autre législateur critique, le député Paul Murphy de la coalition People Before Profit-Solidarity, a averti que les dispositions du projet de loi pourraient "créer un effet paralysant sur les critiques légitimes de l'Église catholique".

    "Cela pourrait même décourager les gens de critiquer la promotion par l'Église du type de sexisme, d'homophobie et de transphobie que le projet de loi cherche à combattre", a-t-il déclaré lors d'un débat en novembre. "Il pourrait également être utilisé pour porter de fausses accusations d'antisémitisme et d'incitation à la haine antisémite contre des militants pro-palestiniens.

    Le 26 avril, M. Murphy a proposé un amendement visant à supprimer les protections du discours religieux.

  • Quand le chanoine de Beukelaer dénonce une "laïcité dogmatique"

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    Le 24 avril dernier, les évêques belges ont publié une déclaration (assez molle, il faut bien le dire) à propos du débat sur l'allongement à 18 semaines du délai permettant à une femme d'avorter. Ils déclaraient notamment : "Le législateur s’est préoccupé jusqu’à présent de trouver un équilibre entre la protection de la vie à naître et l’autodétermination de la femme enceinte. Ce n’est plus le cas dans les nouvelles propositions. La protection de la vie à naître est pourtant en soi de la plus haute importance, aussi et surtout dans l’État de droit. Elle l’est d’autant plus que de nouvelles recherches sont menées aujourd’hui sur la perception de la douleur chez le fœtus."

    La députée fédérale Sophie Rohonyi (Défi) a réagi à cette déclaration le week-end dernier dans La Libre, affirmant que l’IVG est désormais une question de santé publique et non une question éthique, ajoutant que les évêques de Belgique n’ont pas à s’immiscer dans ce débat.

    C'est alors que le chanoine Eric de Beukelaer est monté au créneau, dénonçant  (le 29 avril) sur son blog  "la tentation de la démocrature soft, qui dénigre la parole de l’opposant, afin de la disqualifier plutôt que d’oser le débat de fond." Et explique : "C’est à pareille tentation que cède Sophie Rohonyi (Défi) dans le quotidien La Libre de ce samedi en p.5. A la question: « Les évêques de Belgique s’opposent à la révision de la loi sur l’avortement. Selon eux, “la protection de la vie à naître est de la plus haute importance”. Qu’en pensez-vous ? », la députée répond: « Je pense qu’ils n’ont pas à s’immiscer dans des débats comme ceux-là qui ne doivent plus être vus comme des débats éthiques, mais comme des questions de santé publique. D’ailleurs, les experts commencent leur rapport en disant que l’avortement doit être un acte médical. » Elle ajoute un peu plus loin: « Ce débat éthique est censé avoir été réglé. ». Pour le vicaire général de Liège, "le débat sur l’avortement est évidemment une question de santé publique, mais il est tout autant et bien davantage encore, une question éthique."

    Du coup, les tenants de la laîcité ont réagi aux propos d'Eric de Beukelaer, allant jusqu'à le menacer de poursuites judiciaires : lundi, sur Twitter, Marc Uyttendaele a pointé du doigt l'intervention d’Eric de Beukelaer, dénonçant les “propos choquants du vicaire de Beukelaer à l’égard de la députée Rohonyi. L’article 268 du Code pénal interdit à un ministre du culte d’attaquer publiquement une loi. La loi consacre le droit à l’IVG. Le clergé doit s’y soumettre. Ce n’est pas une question éthique, c’est l’État de droit”, a-t-il publié sur les réseaux sociaux. Cette prise de position du constitutionnaliste a elle-même suscité un nouveau torrent de commentaires sur le web… comme le souligne dans la Libre Frédéric Chardon (voir ICI).

    Le 1er mai, le chanoine de Beukelaer est revenu sur cette polémique et a répondu à ses détracteurs, fustigeant une "laïcité dogmatique qui fait taire les convictions spirituelles et ne ne donne voix qu’au libre examen." Et d'ajouter : "Je le répète: je ne suis pas un citoyen de seconde zone et – comme toute instance représentative d’une communauté – les responsables d’un culte ont voix au chapitre dans tous les débats de société."

    A suivre ?

  • La lettre pastorale de l'archevêque d'Oklahoma City sur la dysphorie de genre et le mouvement transgenre

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    Texte intégral de la lettre pastorale de l'archevêque Paul Coakley sur la dysphorie de genre et le mouvement transgenre
     
    Coakley 1
    L'archevêque Paul S. Coakley

    Oklahoma City, 1er mai 2023

    (traduction automatique)

    Note de la rédaction : Vous trouverez ci-dessous le texte intégral de la lettre pastorale de l'archevêque d'Oklahoma City, Mgr Paul S. Coakley, intitulée "Sur l'unité du corps et de l'âme : accompagner ceux qui souffrent de dysphorie de genre", publiée le dimanche du Bon Pasteur, le 30 avril 2023. Une section de ressources sur la dysphorie de genre, les professionnels de la santé mentale et l'idéologie transgenre a également été incluse à la fin de la lettre originale.

    "Au commencement était le Verbe, et le Verbe était avec Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement avec Dieu.

    C'est par lui que tout est venu à l'existence, et rien n'est venu à l'existence sans lui.

    Ce qui a été créé par lui, c'est la vie, et cette vie a été la lumière du genre humain ; la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont pas vaincue.

    Et le Verbe s'est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire du Fils unique du Père, pleine de grâce et de vérité" (Jean 1:1-5, 14).

    Allez faire des disciples : Accompagnement et communauté

    Dans mes lettres pastorales précédentes, "Allez faire des disciples : Une vision pour l'archidiocèse d'Oklahoma City" (2013) et "Faites des disciples ! Construire une culture de la conversion et du discipulat" (2019), j'ai présenté ma vision pour l'archidiocèse d'Oklahoma City en termes généraux en appelant chacun d'entre nous à "témoigner joyeusement de notre foi catholique". Témoigner implique d'"accompagner" ceux que nous rencontrons afin qu'ils voient dans nos vies, nos actions et nos paroles que Dieu est Amour, et qu'Il a envoyé son Fils unique pour nous faire entrer dans une communion d'Amour. L'accompagnement nous demande "d'aimer et d'accepter toutes les personnes d'une manière qui invite chacun à une relation plus profonde avec le Christ et à un plus grand alignement de sa vie sur ses enseignements".

    Vatican II a souligné que "l'Église a toujours eu le devoir de scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l'Évangile. C'est ainsi qu'elle peut répondre, dans un langage compréhensible pour chaque génération, aux questions éternelles que les hommes se posent sur la vie présente et sur la vie future, ainsi que sur les rapports de l'une à l'autre". Cette lettre pastorale reprend les grands thèmes de mes lettres précédentes pour aborder deux phénomènes liés mais distincts qui prévalent à notre époque, à savoir les personnes qui, en nombre croissant, s'identifient comme transsexuelles 6 et le mouvement transsexuel politique, culturel et idéologique.

    Bien que cette lettre aborde l'anthropologie sous-jacente au mouvement transgenre, son objectif est de fournir des conseils pastoraux sur la façon dont l'Église, ses ministres et les fidèles laïcs peuvent accompagner - marcher avec - ceux qui luttent avec leur identité de genre, en particulier ceux qui s'identifient comme transgenres. À la suite du pape François, je fais la distinction "entre ce qu'est la pastorale pour les personnes [qui s'identifient comme transgenres] et ce qu'est l'idéologie du [trans]genre". Les personnes qui s'identifient comme transgenres sont créées par Dieu, sont aimées par Dieu, et nous, en tant que chrétiens fidèles, sommes appelés à aimer chacune d'entre elles comme notre prochain (cf. Marc 12:31). Aimer les autres signifie au fond vouloir et désirer leur bien.

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  • A propos du document “Rendons l’Église au peuple de Dieu” : l’avis du pape François et celui de l'évêque de Liège

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    De Mgr Jean-Pierre Delville, évêque de Liège (Le “Mot de notre évêque” à propos du document “Rendons l’Église au peuple de Dieu”) :

    Ministère des prêtres, mission des laïcs : l’avis du pape François et le mien (1)

    Chers Frères et Sœurs,

    Le document « Rendons l’Église au peuple de Dieu ! Pour en finir avec le cléricalisme », diffusé le 14 février 2023, a soulevé beaucoup de vagues dans notre diocèse (2). Il jette le discrédit sur le ministère des prêtres. Je l’ai souligné dans un communiqué (3) du 17 février 2023, intitulé « Supprimer l’ordination des prêtres dans l’Église catholique ? ». J’y relève que les auteurs du document affirment : Nous remettons en cause l’ordination elle-même, y compris donc celles des diacres et des évêques (p. 36). Ils ajoutent : Pour supprimer le cléricalisme, il faut supprimer le clergé (p. 47). Des mots aussi radicaux discréditent l’ensemble du propos des auteurs, qui partait d’un bon questionnement, mais qui s’est aventuré dans une dénégation du partenaire, le ministre ordonné, avec qui entamer un dialogue.

    On pourrait croire que le pape François a pris connaissance du document liégeois, puisqu’il a apporté sa réponse au débat, lors de l’audience générale qu’il a accordée le 15 mars 2023. Voici ce qu’il y dit (4) : La vocation, c’est un appel qui concerne aussi bien ceux qui ont reçu le sacrement de l’Ordre et les personnes consacrées, que chaque fidèle laïc, homme ou femme, c’est un appel à tous. Toi, le trésor que tu as reçu avec ta vocation chrétienne, tu dois le donner : c’est la dynamique de la vocation, c’est la dynamique de la vie. C’est un appel qui permet d’accomplir sa propre tâche apostolique de manière active et créative, au sein d’une Église où il y a diversité de ministères, mais unité de mission.

    « Le Christ a confié aux apôtres et à leurs successeurs la charge d’enseigner, de sanctifier et de gouverner en son nom et par son autorité. Mais aussi les laïcs, rendus participants de la charge sacerdotale, prophétique et royale du Christ, assument leur part dans ce qui est la mission du Peuple de Dieu tout entier, dans l’Église et dans le monde (5) ».

    « Dans le cadre de l’unité de la mission, la diversité des charismes et des ministères ne doit pas donner lieu, au sein du corps ecclésial, à des catégories privilégiées : il ne s’agit pas d’une promotion, et lorsque tu conçois la vie chrétienne comme une promotion, que celui qui est au sommet commande les autres parce qu’il a réussi à se hisser plus haut, ce n’est pas le christianisme. C’est du paganisme pur. La vocation chrétienne n’est pas une promotion pour se hisser plus haut, non ! C’est autre chose. Et c’est une chose importante car, même si certains, par la volonté du Christ, sont établis dans une position peut-être plus importante, docteurs, dispensateurs des mystères et pasteurs pour le bien des autres, cependant, quant à la dignité et à l’activité commune à tous les fidèles dans l’édification du Corps du Christ, il règne entre tous une véritable égalité (6) ».

    Qui a le plus de dignité dans l’Église : l’évêque, le prêtre ? Non... nous sommes tous des chrétiens au service des autres. Qui est le plus important dans l’Église : la religieuse ou le simple baptisé, l’enfant, l’évêque ? Tous sont égaux, nous sommes égaux, et quand l’une des parties se croit plus importante que les autres et se met un peu le nez en l’air, elle se trompe. Ce n’est pas la vocation de Jésus. La vocation que Jésus donne à tous – mais surtout à ceux qui semblent occuper des positions plus élevées – est le service, le service des autres, dans l’humilité. Si tu vois une personne qui dans l’Église a une vocation plus haute et que tu la vois être vaniteuse, tu diras : « le pauvre » ; prie pour elle parce qu’elle n’a pas compris ce qu’est la vocation de Dieu. La vocation de Dieu est l’adoration du Père, l’amour pour la communauté et le service. C’est cela être apôtre, c’est cela le témoignage des apôtres ».

    « La question de l’égalité en dignité nous invite à repenser de nombreux aspects de nos relations, qui sont décisifs pour l’évangélisation. Par exemple, sommes-nous conscients que par nos paroles nous pouvons porter atteinte à la dignité des personnes, détruisant ainsi les relations au sein de l’Église ? Alors que nous essayons de dialoguer avec le monde, savons-nous aussi dialoguer entre nous, croyants ? Ou bien est-ce que dans la paroisse, l’un va contre l’autre, l’un fait des commérages sur l’autre pour se hisser plus haut ? Savons-nous écouter pour comprendre les raisons de l’autre, ou nous imposons-nous, peut-être même avec des paroles doucereuses ? Écouter, s’humilier, être au service des autres : c’est cela servir, c’est cela être chrétien, c’est cela être apôtre ».

    C’est moi qui souligne différentes phrases par des italiques. Il me semble en effet primordial en ce temps pascal de reconnaître à chacun la dignité de sa mission et de promouvoir celle des laïcs comme celle des prêtres, des diacres et des consacrés. La journée des vocations, en ce 4e dimanche de Pâques, 30 avril, nous a fourni l’occasion de valoriser cet appel particulier que Dieu adresse à certains d’entre nous. Si l’appel de Dieu à un ministère spécifique n’est pas relayé par des laïcs, il sera très difficile à un jeune de s’engager et de répondre positivement à cette vocation. Si la mission des laïcs n’est pas soutenue par des prêtres et des consacrés, elle sera paralysée et déviée de ses fins.

    Donc, soutenons-nous les uns les autres dans nos missions et nos ministères, au service du peuple de Dieu !

    Jean-Pierre Delville,
    votre évêque

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    (1) Le mot de l’évêque dans le Bulletin officiel de l’Église de Liège, 101e année, n°3, mai-juin 2023, pp. 2-4.

    (2) http://www.belgicatho.be/media/01/01/718246232.pdf

    (3) https://www.evechedeliege.be/article/reaction-de-mgr-delville-sur-la-publication-de-la-brochure-rendons-leglise-au-peuple-de-dieu-pour-en-finir-avec-le-clericalisme-17-02-2023/

    (4) https://www.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2023/documents/20230315-udienza-
    generale.html

    (5) Concile Œcuménique Vatican II, Apostolicam actuositatem, 2.

    (6) Concile Œcuménique Vatican II, Lumen Gentium, 32.

  • L'ombre du spectre allemand plane sur le synode du pape

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    De Nico Spuntoni sur Il Giornale :

    Le spectre allemand plane sur le synode de Bergoglio

    30 avril 2023

    François admet au vote soixante-dix membres non évêques, mais risque de susciter la polémique. Et il y a le précédent de l'Allemagne

    Une déclaration sous forme de Foire aux Questions signée par le bureau de presse du secrétariat général du Synode des évêques; il a suffi de retirer le motu proprio Apostolica sollicitudo par lequel Paul VI a institué cet organe en 1965. Une déclaration qui rend le nom même du secrétariat pratiquement obsolète : peut-on encore parler de Synode des évêques après la décision du Pape d'autoriser soixante-dix non-évêques à participer et à voter ?

    Les femmes au centre de l'attention, mais le thème est le laïcat

    La nouveauté d'époque voulue par François verra le jour dans le long et complexe Synode sur la synodalité, qui commencera en octobre et s'achèvera un an plus tard. La nouvelle a été reprise dans le monde entier, en insistant surtout sur l'implication des femmes : le communiqué a en effet annoncé que parmi les soixante-dix membres non évêques, il devra y avoir un quota de 50 % de femmes. Le prestigieux New York Times, par exemple, a annoncé la nouvelle en titrant : "Pope Gives Women a Vote in Influential Bishops Meeting" (Le pape donne le droit de vote aux femmes lors de l'influente réunion des évêques). Une lecture certainement populaire dans les médias et à laquelle même le cardinal Jean-Claude Hollerich, rapporteur général du prochain Synode, a fait un clin d'œil dans son commentaire des changements apportés à Gian Guido Vecchi du Corriere della Sera, en affirmant que "le baptême est le même pour les femmes et les hommes". Mais la vraie révolution n'est pas l'accès des femmes au vote, mais celui des non-évêques, notamment des fidèles laïcs.

    Un débat déjà ouvert

    Le feu vert donné aux laïcs pour voter au Synode renvoie les initiés à un autre débat ouvert dans l'Église depuis la promulgation de la constitution apostolique Praedicate Evangelium, qui a réformé la Curie en ouvrant la possibilité à des laïcs de prendre la tête de structures de gouvernement. Le cardinal Gianfranco Ghirlanda, considéré comme l'un des principaux architectes de la réforme, a défendu ces innovations en affirmant que "le pouvoir d'exercer une fonction par procuration est le même, qu'il soit reçu par un évêque, un prêtre, un homme ou une femme consacré(e), un laïc ou une laïque" et en ajoutant que "l'égalité fondamentale entre tous les baptisés, même si elle est différenciée et complémentaire, est le fondement de la synodalité".

    Des cardinaux s'y opposent

    Mais l'implication des laïcs dans cette clé n'a pas plu à tout le monde, bien au contraire. Une forte opposition s'est manifestée lors du Consistoire sur la réforme de la Curie en août dernier, près de trois mois après l'entrée en vigueur de la constitution apostolique. L'une des voix les plus critiques a été celle du cardinal Gerhard Ludwig Müller qui, dans son discours préparé pour l'occasion, avait souligné que "la sacramentalité de l'épiscopat signifie aussi que les évêques ne sont ni des députés ni des délégués du pape" car "ils exercent les pouvoirs spirituels qui leur ont été conférés par le Christ lors de l'ordination au nom du Christ, et non pas sous l'autorité du pape, comme le veut une fois de plus ce papalisme extrême d'aujourd'hui". Le cardinal allemand avait également déclaré que "le pape ne peut pas non plus conférer à un laïc de manière extra-sacramentelle - c'est-à-dire par un acte formel et juridique - le pouvoir de juridiction dans un diocèse ou dans la Curie romaine". Ce concept a également été réitéré dans une récente interview à La Nuova Bussola Quotidiana, dans laquelle le titulaire émérite de l'ancien Saint-Office avait rejeté la possibilité que des laïcs dirigent un quelconque département parce que la Curie "est une institution ecclésiastique". Et une institution ecclésiastique est aussi le Synode, selon ce que Paul VI a écrit dans Apostolica sollicitudo. Mais le cardinal Müller - qui a récemment tonné à nouveau contre "l'apostasie de grandes parties du christianisme à l'égard de Dieu" et la "confusion doctrinale de la foi révélée" lors de la présentation du livre "Èschaton. Jésus de Nazareth et l'avenir du monde" de Cristiano Ceresani - n'a pas été le seul cardinal à rendre public son désaccord sur l'élargissement de l'accès des laïcs aux plus hautes fonctions de la Curie. En effet, le cardinal Paul Josef Cordes l'a également fait dans une contribution dans laquelle il écrit que :

    "Si l'Église ne se réfère pas expressément à l'ordo dans son service d'orientation et que celui-ci n'est pas compris comme ancré dans l'ordo - c'est-à-dire si le gouvernement de l'Église est détaché du sacrement - seule l'autorité monarchique d'un homme mortel, le Pape, reste pour l'orienter".

    Une position d'autant plus significative que Mgr Cordes a été à la tête du Conseil pontifical pour les laïcs pendant les années de Jean-Paul II et qu'il est considéré comme le grand protecteur des mouvements laïcs au sein de la Curie.

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  • Va-t-on vers une législation sur l’avortement qui devrait blanchir définitivement les consciences?

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    Du "Forum Catholicum" :

    Vers une législation sur l’avortement qui doit définitivement blanchir les consciences?

    28-04-2023

    Récemment, on a pu assister dans l’émission de la VRT Canvas « Terzake » à un débat entre les parlementaires Els Van Hoof (CD&V) et Melissa Depraetere (Vooruit). Ils ont discuté  de la proposition du comité scientifique qui a évalué la nécessité d’une prolongation de la durée de l’avortement et d’autres assouplissements de la législation actuelle sur l’avortement.  D’un côté, on a pu assisté à une  recherche trop empathique d’un compromis acceptable et, de  l’autre, à une politicienne progressiste qui ignore fermement le fait que la question de l’avortement ne se limite pas aux droits des femmes. Il est douteux que quelqu’un en soit devenu un gramme plus sage.  La contribution de  la « science » à cette question reste également un grand point d’interrogation.  En principe,  celle-ci ne peut nous aider que sur des questions de nature matérielle, tandis que dans la question de l’avortement, des valeurs morales sont mises en balance les unes contre les autres. Dans notre système politique, la réponse juridique à cette question ne peut que provenir de la politique.  C’est une discussion qui divise fondamentalement notre société, comme nous l’avons vu lorsque le roi Baudouin a été temporairement déclaré incapable de gouverner. Il est important que tous les arguments soient  présentés de manière équilibrée et que tous les participants soient bien informés sur la base d’un langage clair.

    Le débat télévisé cité peut être considéré comme  révélateur  du caractère banal de la manière dont cela est souvent discuté  à côté de la question dans notre pays. Il s’agit encore presque exclusivement de droits, mais rarement, voire jamais, de devoirs, sans parler de responsabilités. Quiconque ose poser de sérieuses questions sur la lutte sans fin pour de plus en plus de droits des femmes et des animaux court le risque d’une désapprobation généralisée. Par exemple, qui se demande encore pourquoi la future mère a le droit exclusif de décider de la vie et  de la mort de son futur enfant et pourquoi le  père n’en a rien à dire du tout? Pourquoi  la protection du loup, qui satisfait sa faim prédatrice en mangeant des moutons, est-elle plus importante que la protection de la vie de ces animaux de troupeau, connus pour leur docilité paisible? Si on martyrise un animal on ait puni sévèrement, mais une mère future qui laisse éliminer le fœtus humain dans son sein d’une manière violente est subsidiée pour cela. Nous vivons dans une société avec des relations de valeurs qui semblent souvent défier la logique élémentaire.

    En plus de la banalité, l’unilatéralité règne. Il s’agit avant tout  de  faire appel à des émotions soigneusement choisies qui paralysent la pensée logique et cohérente du public. Quelques exemples. Comme l’un des principaux arguments en faveur de l’extension de la période d’avortement, la période actuelle pour cela aux Pays-Bas est citée. En conséquence, les femmes ayant une grossesse non désirée qui a dépassé le délai belge se sentent « obligées » de chercher refuge aux Pays-Bas.  Cela donne lieu à une discrimination, car tout le monde n’a pas les moyens de déménager aux Pays-Bas.  D’une part, une telle situation financière précaire est plus-tôt exceptionnelle et, d’autre part,  elle  concerne un problème social général. On peut également utiliser cette même « inégalité » dans de  nombreux autres domaines  pour lutter contre une soi-disant discrimination : salaires, pensions, options de  voyage, etc. De plus, cet argument contourne la discussion fondamentale, comme si nous  devions évidemment supposer que la réglementation de l’avortement aux Pays-Bas est la meilleure. Un autre exemple bien connu est le slogan « maitre dans son propre corps ». On peut facilement remplacer ce slogan par « maitre dans sa propre maison », ce qui signifierait que l’on a le droit dans sa propriété d’éliminer toute personne indésirable dans un certain délai (sans aucune consultation préalable, bien sûr).

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  • François en Hongrie : éloges inattendus et quelques avertissements

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    De Nico Spuntoni sur le site web de la Nuova Bussola Quotidiana :

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    " Le pape dépoussière les principes non négociables et désigne même Budapest comme modèle pour le reste de l'Europe sur la famille et la natalité, questions sur lesquelles le pays est isolé de l'UE, ainsi que sur le conflit en Ukraine. Mais il n'y avait pas que du miel, il y avait aussi du tonnerre sur les migrants et sur le rapport à la société sécularisée :

    Le pape utilise la carotte et le bâton le premier jour de son 41e voyage apostolique. En effet, dans la Hongrie d'Orban, rencontre avec les autorités , François dépoussière les principes non négociables et le fait en s'en prenant implicitement à l'Union européenne, coupable de vouloir transformer l'Europe en une "réalité fluide, sinon gazeuse", ce qu'il définit significativement comme un « supranationalisme abstrait, oublieux de la vie des peuples ».

    Ce sont des paroles importantes aussi parce qu'elles ont été prononcées devant les autorités hongroises qui sont presque en guerre ouverte avec Bruxelles. Et comment se déroule cette tentative de transformation ? À travers, dit le pape, "la voie néfaste des" colonisations idéologiques ", qui éliminent les différences, comme dans le cas de la soi-disant culture de genre, qui élimine précisément les différences ou place les concepts réducteurs de liberté avant la réalité de la vie, par exemple en vantant comme une conquête un « droit à l'avortement » insensé, qui est toujours une défaite tragique». Des propos qui vont plaire au gouvernement hongrois qui s'est retrouvé sur le banc des accusés de l'UE pour la loi de propagande anti-LGBT.

    François réserve des éloges imprévisibles, désignant même Budapest comme un modèle pour le reste de l'Europe sur certaines questions spécifiques , notamment la lutte contre l'hiver démographique. Cela a été vu avec des compliments pour les "politiques efficaces pour la natalité et la famille, soigneusement menées dans ce pays". Et puis, comme le prévoyaient les reconstitutions qui anticipaient ce voyage, la référence au conflit proche en Ukraine sur lequel Budapest danse seule par rapport au reste des pays de l'UE ne manquait pas.

    Rappelant les souffrances passées de la Hongrie sous la dictature communiste, François a reconnu la "mission de garder le trésor de la démocratie et le rêve de paix". Et sur cette question, le pape ne s'est pas retenu et a parlé explicitement : « Je me demande, même en pensant à l'Ukraine tourmentée, où sont les efforts créatifs pour la paix ? Où sont-ils ? », a-t-il fustigé, critiquant également « l'infantilisme de guerre ». Des tons qui démontrent l'harmonie sur le sujet avec les autorités hongroises. En effet, dans son discours de bienvenue, le président Katalin Novak lui a demandé « d'intercéder personnellement pour une paix juste dans les plus brefs délais ». Et à son tour, François, dans leur conversation, lui a demandé d'être "une ambassadrice de la paix". S'il y avait des doutes sur la faveur avec laquelle le Pape considère la position décalée de Budapest, cette première journée n'a pu que les dissiper.

    Mais ce n'était pas que du miel pour le gouvernement hongrois. En effet, François s'est fait entendre et a tonné contre le populisme et le nationalisme, rappelant Budapest à sa nature de "ville de ponts" et rappelant que "les valeurs chrétiennes ne peuvent pas être témoignées à travers la rigidité et les bouclages". L'intention est claire : un avertissement sur l'accueil des migrants sur lequel le gouvernement hongrois a toujours adopté la ligne dure. Un gouvernement qui ne cache pas ses appels au christianisme dans le débat public. Et le pape, qui n'aime pas non plus « la laïcité généralisée, qui se montre allergique à tout aspect sacré et s'immole ensuite sur les autels du profit », ne se tait pas sur l'invitation toutefois « à ne pas se prêter à une sorte de collatéralisme avec la logique du pouvoir ».

    Dans le cadre des relations entre l'Église et l'État  – question qui  était au centre d'une enquête auprès des fidèles des jésuites hongrois –, il souhaite « une saine laïcité » où « quiconque se professe chrétien , accompagné de témoins de la foi, est appelé principalement à témoigner et à cheminer avec tous». Plus tard, François sera encore plus dur dans sa rencontre avec les évêques et le clergé hongrois avec lesquels il dénonce la tentation d'une "attitude 'combattante'" face à une laïcité qui n'épargne pas non plus la Hongrie ".

    Ref. François en Hongrie : éloges inattendus et quelques avertissements

    Bref : la carotte et le bâton…

  • Les "amis" romains du pape sont ses ennemis

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    Du Dr Joachim Heimerl sur kath.net/news :

    Les "amis" romains du pape sont ses ennemis

    28 avril 2023

    "Au fond, l'Allemagne est perdue pour l'Eglise catholique : les décisions de la 'voie synodale' sont désormais appliquées à la lettre... les voix d'avertissement, comme celle du cardinal Arborelius (Stockholm), ne sont pas entendues". Par Joachim Heimerl

    Quiconque suit l'actualité ecclésiale de ces dernières semaines remarque que le pape François prend de plus en plus ses distances avec les exigences de réforme que la dérive synodale allemande a engendrées : Il n'y aura pas de "diacres" ou de "prêtres", les "laïcs" pourront certes faire office de lecteurs ou - dans des cas exceptionnels - donner la Sainte Communion, mais ils ne pourront pas prêcher ni même baptiser.

    Ce qui devrait être particulièrement décevant pour les "synodaux" avides de pouvoir, c'est le fait qu'ils ne soient pas associés à la nomination des évêques et qu'ils ne puissent pas s'établir comme nouveaux souverains à la place du Christ dans un système de "conseil" ecclésiastique. - L'Eglise n'est pas un concert de désirs et encore moins un concert "teutonique" ; en fait, tout le monde le sait, sauf en Allemagne où l'on ne semble pas le savoir.

    Le fait que la ligne papale ne soit pas très bien accueillie au pays de Luther ne devrait surprendre personne, et encore moins le pape, comme on peut le supposer.

    Au fond, l'Allemagne est perdue pour l'Eglise catholique : les décisions de la "voie synodale" y sont désormais appliquées à la lettre ; même le pape n'y peut rien. D'autres voix d'avertissement, comme celle du cardinal Anders Arborelius (Stockholm), ne sont pas non plus entendues en Allemagne.

    En revanche, c'est justement à Rome que l'on espère trouver de l'aide : le prochain synode des évêques doit devenir le moteur romain des souhaits de réforme allemands.

    Mais le pape signale clairement que ce ne sera pas le cas : François s'efforce manifestement de freiner les forces centrifuges dans l'Eglise avant le synode afin d'éviter un éclatement définitif.

    Ce sont sans doute les Allemands qui comptent le moins, mais plutôt le fait que l'Eglise universelle dans son ensemble n'a pas compris que la "synodalité" n'est pas une force de démolition et qu'une "Eglise synodale" n'est justement pas une Eglise "parlementaire", c'est-à-dire une Eglise "protestante".

    En d'autres termes, le problème du pape n'est pas tant les Allemands que ceux qui annoncent déjà une "nouvelle foi" au Vatican, comme les cardinaux Grech et Hollerich, qui occupent justement les postes clés du synode mondial, ou encore le préfet du dicastère de la liturgie, le cardinal Roche.

    On sait que Roche poursuit la liturgie traditionnelle avec une haine baveuse, tout comme l'idéologie oblique avec laquelle il défend cette position. Selon Roche, la foi de l'Eglise aurait en effet "considérablement changé" après le Concile Vatican II et, pour cette raison, la "vieille" messe ne lui conviendrait plus. Quiconque s'intéresse de près aux textes conciliaires sait que c'est absurde, mais que cela n'impressionne pas Roche non plus.

    Ce n'est pas Roche lui-même qui importe dans tout cela, mais le fait qu'il fasse partie, avec Grech et Hollerich, des représentants d'un nouveau type, impensable il y a encore quelques années, mais qui a désormais pris le contrôle de la Curie.

    Il est sans aucun doute vrai que les ennemis de l'Eglise sont assis sur les sièges épiscopaux allemands. Mais il est également vrai qu'ils planifient également le renversement à Rome et qu'ils le propagent à grand renfort médiatique : Hollerich lui-même évoque sans cesse une "révolution" ecclésiale, qui se manifeste actuellement par le fait que les laïcs ont désormais le droit de vote au synode des évêques.

    En fait, rien ne s'oppose à cette participation des laïcs, et ce d'autant moins que le synode s'occupe, à la demande du pape, de la "participation synodale". Ce qui est toutefois fatal, c'est que des subversifs comme Hollerich instrumentalisent publiquement de telles décisions afin d'attiser de manière ciblée les "attentes de réforme" et d'augmenter la pression sur le pape. Le fait que "synodal" soit désormais synonyme d'"hérétique" dans le langage ecclésiastique est surtout de son fait ; en tant que "rapporteur général" du synode, il veille en premier lieu à ce que celui-ci tourne au désastre catholique.

    Celui qui a de tels "amis" n'a certainement pas besoin d'ennemis ; le pape ne fait pas exception à la règle. Alors qu'il s'agit pour lui, en plus de la "participation", de la "mission", il s'agit pour Hollerich et ses hommes d'imposer leurs positions hérétiques et de détruire l'Eglise ; leurs véritables alliés se trouvent en Allemagne et non, comme ils aiment le suggérer, sur le siège apostolique.

    Il est certain que cela préoccupe de plus en plus le pape ; François ne veut en aucun cas entrer dans l'histoire comme le pape d'un schisme. Il est actuellement douteux qu'il y parvienne, d'autant plus que le "document de travail" du synode mondial sera publié en mai. Il est clair que ce document portera la signature hostile à l'Eglise de Hollerich. Il est également clair que la pression sur François devrait alors encore augmenter, certainement aussi au nord des Alpes. - L'Eglise est confrontée à une épreuve de vérité que seul Dieu peut encore éviter.

    Joachim Heimerl (voir lien) est prêtre et professeur d'université.

  • Si des laïcs votent aussi, ce ne sera plus le synode des évêques

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    De Luisella Scrosati sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Si les laïcs votent aussi, ce n'est plus le synode des évêques

    28-04-2023

    Changement des cartes sur la table avec le processus synodal en cours : les quotas féminins (proportion en fonction du genre) et laïcs dénaturent effectivement le corps établi par saint Paul VI et régi par le droit canonique. Et si l'on voit bien où l'on veut en venir, poussons cependant un soupir de soulagement : une assemblée ainsi redéfinie ne "fait" pas de magistère.

    Dans une autre et énième interview, celle du 10 mars dernier d'Elisabetta Piqué avec François, le pape avait annoncé le " suffrage universel " dans les assemblées synodales de l'Église catholique : " tous ceux qui participent au synode ont le droit de vote. Homme ou femme. Tout le monde, tout le monde. Ce mot "tout le monde" est décisif pour moi".

    Un peu plus d'un mois plus tard, le Secrétariat du Synode, moyennant quelques modifications (le document dans les différentes langues avec les modifications peut être téléchargé ici), a annoncé la transformation de la catégorie des auditeurs en véritables membres avec droit de vote. Selon les souhaits du Pontife, "tout le monde" pourra donc voter. Mais comme, comme dans toute république bananière, le permis de "tout le monde" n'est donné que par le patron, même le Pape a jugé bon de ne pas déroger à la coutume : les 70 nouveaux membres votants non évêques sont décidés par lui. Synodalité donc, mais sans exagération. Scaraffia s'en est également rendu compte : "Je trouve de plus en plus incroyable ce fait du pape synodal centralisateur. Ce n'est pas incroyable, c'est typique d'un certain courant sud-américain.

    Toujours dans le respect scrupuleux de la bureaucratie parallèle nécessaire à tout gouvernement dictatorial, le pouce vers le bas ou vers le haut sera exercé par le pape sur une liste de 140 personnes, explique le Secrétariat, "identifiées (et non élues) par les sept Réunions internationales des Conférences épiscopales et l'Assemblée des patriarches des Églises orientales catholiques (20 pour chacune de ces réalités ecclésiales)". La moitié des élus doit nécessairement être dans le quota rose. Une folie, une dette payée au politiquement correct.

    Les 70 seront issus d'une sorte de présélection, sur la base de la "culture générale" des candidats (test avec croix ou réponse libre ?), de "leur prudence" (c'est-à-dire le degré de soumission), mais aussi de leurs "connaissances, théoriques et pratiques" (de quoi ? Sujet de choix ?), et enfin de "leur participation à divers titres au processus synodal", condition fondamentale pour comprendre si le candidat a déjà fait preuve d'une loyauté absolue envers le système. Orthodoxie, intégrité de la vie morale, mérites particuliers au service du prochain : des critères dépassés. Et, ce qui n'est pas moins important, au Synode se rendra non pas une représentation de l'Église réelle, mais l'Église "individuée", c'est-à-dire celle qui a été sélectionnée selon les critères tout à fait vagues et subjectifs mentionnés ci-dessus.

    Revenons au quota féminin : 35 choisies, auxquelles s'ajoutent, en vertu d'un autre changement voulu par le pape, 5 religieuses élues par les organisations de supérieures majeures (qui seront rejointes par autant d'homologues masculins) et l'élue par excellence, la sous-secrétaire Sœur Nathalie Becquart, première femme à avoir le droit de vote dans un synode d'évêques par la volonté du pape. À l'époque, en février 2021, le cardinal Mario Grech, secrétaire général du Secrétariat général du Synode, avait déclaré : "Avec la nomination de Sœur Becquart et sa possibilité de participer avec droit de vote, une porte a été ouverte, nous verrons ensuite quelles autres étapes pourront être franchies à l'avenir". Les mystérieuses mesures futures, du moins les plus proches, étaient déjà assez évidentes : si un laïc peut voter à un synode d'évêques, on ne voit pas pourquoi 70 ne pourraient pas voter, et peut-être même la moitié des membres demain. Qu'ils soient hommes ou femmes.

    Avec le vote des laïcs au sein du Synode, nous pouvons supposer sans risque qu'il ne s'agit plus du Synode des évêques, tel qu'il est défini et réglementé par les canons 342-348. Le canon 342 est presque tautologique : "Le synode des évêques est une assemblée d'évêques qui [...] se réunit à des moments déterminés pour favoriser une union étroite entre le Pontife romain et les évêques eux-mêmes". Et voilà que même la Constitution apostolique Episcopalis Communio, signée par François, enseigne que les membres du Synode des évêques sont les évêques, selon le can. 346, auxquels s'ajoutent les membres des instituts religieux cléricaux. Il y a également d'"autres participants", y compris des laïcs, qui n'ont toutefois pas le droit de vote.

    Malgré les assurances "de maintenir la spécificité épiscopale de l'Assemblée convoquée à Rome", il n'est pas au pouvoir du Pape d'ordonner qu'une réalité soit différente de ce qu'elle est ou de supprimer le principe de non-contradiction. Le Synode des évêques est tel parce qu'il compte des évêques parmi ses membres ; si un quota, qui semble être d'environ 1/4, n'est pas constitué d'évêques, ni lié à la constitution hiérarchique de l'Église par l'ordre sacré, alors il ne s'agit plus du Synode des évêques, mais de celui des chrétiens. Ce qui n'est ni mieux ni moins bien, mais simplement autre chose.

    La décision du pape François nous fait donc pousser un soupir de soulagement. La direction que prendra le Synode à partir de là, en termes de contenu et de discipline, est assez claire, et ce n'est pas une bonne perspective. Mais maintenant au moins nous savons que le document qui sortira de l'Assemblée ne sera tout simplement pas un document du Synode des évêques, et donc que toute ratification par le Souverain Pontife (cf. can. 343) sera tout simplement nulle et non avenue.

    Deuxième considération : le sacerdoce féminin est plus proche qu'on ne le pense. Et la position négative exprimée par François n'est pas du tout rassurante. D'abord parce que le pape a montré qu'il pouvait tranquillement dire et écrire une chose et faire (ou laisser faire) exactement le contraire. La question de la bénédiction des couples de même sexe est assez évidente. Tout comme la Constitution apostolique mentionnée plus haut. Par ailleurs, il est un fait que plus d'une prémisse a été posée dans le sens de conférer les ordres sacrés aux femmes : la réouverture de la question du diaconat féminin, avec la mise en place, en avril 2020, d'une nouvelle commission d'étude sur le sujet ; puis le Motu Proprio Spiritus Domini (2021), qui a admis les femmes aux ministères de lecteur et d'acolyte (voir ici et ici) ; puis la nomination de trois femmes au Dicastère des évêques (voir ici). Et maintenant, les femmes (et les laïcs en général) sont mises sur un pied d'égalité avec les évêques, en tant que membres d'un Synode des évêques. Beaucoup, beaucoup trop de fenêtres Overton ont été ouvertes.

    Enfin, comme l'a écrit le frère Gerard Murray, la possibilité pour les laïcs de voter pendant l'Assemblée du Synode des évêques a radicalement déformé sa nature, puisque le Synode n'est plus la communion des pasteurs de l'Église avec le pape pour discuter et trouver des solutions aux besoins de l'Église universelle, dans le cadre de leur mission divine de "sanctifier, enseigner et gouverner le troupeau du Christ". Ce qui doit être constitué est tout à fait différent : "des personnes qui ne sont pas sacramentellement conformées par l'Ordre Saint au Christ, le Grand Prêtre", mais qui seront "traitées juridiquement comme des égaux des évêques". Le rapporteur général du synode, le cardinal Jean-Claude Hollerich, s'est empressé de mettre les mains dans le cambouis, déclarant qu'il s'agirait d'un "changement important, mais pas d'une révolution". Ce qui, en mode communicationnel orwellien, signifie : c'est une révolution, mais vous ne devez pas le penser.

    Au contraire, la vérité est clairement exprimée par Frère Murray : "Cette innovation doit être rejetée par les évêques de l'Église. Elle est en conflit avec l'enseignement dogmatique de l'Église sur la nature du sacrement de l'ordre, en particulier sur la nature de l'épiscopat".

  • Paglia donne la priorité au pragmatisme politique plutôt qu'au témoignage prophétique

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    Du Père Raymond J. de Souza sur le National Catholic Register :

    Paglia donne la priorité au pragmatisme politique plutôt qu'au témoignage prophétique

    COMMENTAIRE : Comme cela a été le cas auparavant, le président de l'Académie pontificale pour la vie commence souvent par la situation politique et voit ensuite où l'Évangile et la Tradition catholique peuvent s'intégrer.

    26 avril 2023

    La déclaration de l'Académie pontificale pour la vie (APV) aurait dû être une histoire comme celle d'un chien qui mord un homme qui ne valait guère la peine d'être publiée. Pourtant, elle était là, affirmant que son président, Mgr Vincenzo Paglia, "réitère son "non" à l'euthanasie et au suicide assisté, en pleine adhésion au magistère".

    Ces dernières années, le fait que le président de l'APV adhère pleinement au magistère est devenu, de manière surprenante, une sorte d'histoire d'homme qui mord le chien. Les raisons de cette situation méritent d'être notées et sont révélatrices de l'environnement général à Rome.

    L'APV a été fondée par le pape Jean-Paul II pour faire progresser l'enseignement et le témoignage de l'Église sur le caractère sacré de la vie humaine en s'appuyant sur les meilleurs travaux d'érudition dans diverses disciplines. Ainsi, lorsque Mgr Paglia a déclaré la semaine dernière qu'une éventuelle loi italienne supprimant les sanctions pénales pour l'euthanasie et le suicide assisté serait "faisable" et que "la médiation juridique pourrait être le plus grand bien commun concrètement possible dans les conditions dans lesquelles nous nous trouvons", il a frappé beaucoup de monde comme étant contraire non seulement à l'enseignement catholique, mais aussi à l'objectif de l'APV. 

    De nombreux cercles catholiques et pro-vie ont réagi violemment, notamment en raison de l'histoire de l'archevêque. Il s'agit de l'un des curieux personnages qui ont pris de l'importance au cours du pontificat du pape François.

    Les détails du discours original de l'archevêque Paglia et la clarification ultérieure de l'APV sont maintenant bien connus. Cette controverse fait écho à une précédente, lorsqu'il avait qualifié la loi italienne sur l'avortement de "pilier" de la société. Dans ce cas également, l'APV a apporté une clarification, expliquant que l'archevêque Paglia ne faisait que constater un fait sociopolitique et n'approuvait pas l'autorisation d'avortement en tant que telle. Son penchant pour de telles déclarations a incité un site d'information catholique à titrer son article sur la dernière en date : "Qu'a dit l'archevêque Paglia cette fois-ci ?"

    Pourquoi l'archevêque Paglia parle-t-il d'une manière qui semble être en désaccord avec le magistère sur les questions de vie, d'autant plus que saint Jean-Paul II a été exceptionnellement clair sur l'avortement et l'euthanasie dans son encyclique Evangelium Vitae de 1995 ?

    La réponse se trouve dans son point de départ. Mgr Paglia part de la situation politique et voit ensuite où l'Évangile et la tradition catholique peuvent s'intégrer. Cette approche n'est pas sans valeur, car les évêques confrontés à un environnement politique hostile doivent souvent faire de tels calculs. Mais Mgr Paglia n'est pas un évêque diocésain devant naviguer dans une situation pratique délicate ; il est à la tête d'une académie chargée d'apporter clarté et lumière à l'enseignement de l'Église. 

    Dans la dernière querelle sur l'euthanasie comme dans la précédente sur l'avortement, l'archevêque a pris comme point de départ le pragmatisme exigé par la politique, plutôt qu'un témoignage prophétique. Les dirigeants politiques se trouvent parfois dans des situations complexes, voire confuses, mais l'archevêque Paglia n'est pas un politicien. Pourtant, en s'inspirant de calculs politiques, il est parvenu à s'embrouiller terriblement.

    Dans ses récents commentaires sur l'euthanasie, Mgr Paglia a parlé de l'évolution de l'enseignement de l'Église sur la peine de mort. Le pape François a modifié le Catéchisme de l'Église catholique pour la déclarer "inadmissible". Le Saint-Père - comme Jean-Paul avant lui - aurait considéré l'enseignement sur la peine de mort et sur l'euthanasie comme faisant partie du même principe concernant le caractère sacré de la vie. 

    Cependant, Mgr Paglia a adopté une approche différente, suggérant que si l'enseignement sur la peine de mort pouvait évoluer vers son "inadmissibilité", alors peut-être que l'enseignement sur l'euthanasie pourrait évoluer vers sa "faisabilité". 

    Du point de vue de l'enseignement moral catholique, il s'agit là d'une comparaison étrange et incorrecte. 

    D'un point de vue politique, en revanche, elle a du sens : Le consensus politique est contre la peine de mort en Italie, et l'enseignement catholique l'affirme ; donc si le consensus politique en Italie autorise l'avortement et peut favoriser l'euthanasie, alors il pourrait être possible pour l'enseignement catholique de s'adapter à cette situation.

    C'est la priorité du pragmatisme sur l'enseignement prophétique. 

    La dernière bévue de l'archevêque Paglia, corrigée une fois de plus a posteriori par une déclaration de l'APV, reflète un phénomène plus large à Rome qui mérite d'être souligné. Par exemple, au moment où le discours de l'archevêque a été rapporté, une autre interview papale a été publiée, dans laquelle le Pape François a parlé de son intention de visiter l'Argentine l'année prochaine dans le contexte de la politique.

    La décision de ne pas se rendre en Argentine est un mystère depuis le début du pontificat, il y a dix ans. Jean-Paul et Benoît ont tous deux visité leur pays d'origine dans l'année qui a suivi leur élection, et tous deux ont effectué trois voyages en l'espace de dix ans. Étant donné que le pape François a visité de nombreux autres pays d'Amérique du Sud, la décision de ne pas se rendre en Argentine a suscité des réactions négatives dans son pays d'origine. Dans son entretien avec La Nacion, le pape François a expliqué que c'était la situation politique qui l'avait empêché de se rendre dans ce pays. 

    C'est une explication quelque peu invraisemblable. Cela aurait-il pu être le cas pendant toute une décennie ? Si le Saint-Père avait été aussi désireux de visiter sa patrie qu'il l'a été, par exemple, de visiter la République centrafricaine ou l'Irak, cela n'aurait-il pas déjà eu lieu ? 

    La réponse est néanmoins instructive. Tout d'abord, la dynamique politique est prise en compte, avec une évaluation de ceux qui pourraient chercher à tirer profit de la visite papale. Ce n'est qu'ensuite que les priorités pastorales sont prises en compte. 

    La visite de 2014 à Strasbourg, qui ne comprenait qu'un discours au Parlement européen, et non des visites pastorales, est un autre exemple de la priorité accordée à la politique. 

    Un pasteur doit tenir compte du politique lorsqu'il exerce son rôle prophétique. Les événements récents à Rome suggèrent que la priorité a été donnée au pragmatisme. 

    Le père Raymond J. de Souza est le rédacteur en chef fondateur du magazine Convivium.