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Débats - Page 101

  • "Ils veulent supprimer le sacerdoce et la prêtrise!" - Emoi dans l'Eglise de Liège

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    Une pétition a été lancée pour réagir à une publication intitulée « Rendons l'Eglise au peuple de Dieu » qui remet notamment en cause l'ordination sacerdotale. 

    ILS VEULENT SUPPRIMER LE SACERDOCE ET LA PRÊTRISE !

    Ils veulent supprimer le sacerdoce et la prêtrise !
     
    Au nom de tous catholiques

    Aux auteurs de la brochure « Rendons l'Eglise au peuple de Dieu » - Aux baptisés soucieux et fiers de leur Eglise - A tous les autres

    Ils veulent supprimer le sacerdoce et la prêtrise !

    « Ils », c’est un groupuscule de personnes (Romain BLANDIAUX, Roger FRANSSEN, Gaby HANSENNE, Jean-Philippe KAEFER, Xavier LAMBRECHT, Sébastien LOUIS, Bérengère NOEL, Rosalie SPECIALE, Caroline WERBROUCK) qui portent une mission d’Église dans le Diocèse de Liège. 

    Dans leur brochure de 60 pages, intitulée « Rendons l’Église au peuple de Dieu », ils n’hésitent pas à affirmer : « Soyons clairs : nous ne revendiquons pas le sacerdoce pour les femmes, puisque nous remettons en cause l’ordination elle-même. » (p. 36) « Pour supprimer le cléricalisme, il faut supprimer le clergé. » (p. 47)

    Ce groupe justifie sa proposition en affirmant par la foi chrétienne « le dépassement et l’annulation de tout culte sacré, de toute fonction sacrée, de tout sacerdoce. » (p. 44) Pour ces auteurs, d’ailleurs, « il n’y a pas de sacré chrétien ». 

    Ce texte gomme aussi la réalité de l’appel de Dieu qui choisit et appelle Ses consacrés : on ne reconnaît dans les prêtres que la dimension strictement horizontale, humaine et sociale de leur mission.

    Pointant le cléricalisme de certains prêtres (décrit comme une généralité) le désir avoué de ces 9 auteurs est de donner aux laïcs l’égale mission de dispenser les sacrements. Entre erreurs historiques et raccourcis théologiques criants, les auteurs semblent encourager le modèle protestant. On y rêve d’une Église qui lâcherait sa doctrine au profit d’une adaptation aux idées et aux mœurs de notre temps.

    Devant la gravité des propos qui sont tenus dans cet écrit, nous, laïcs également engagés dans l’Église (de Liège et d’ailleurs), souhaitons répondre à cet écrit afin de signifier que ce groupe n’est pas représentatif de tous les baptisés de notre Diocèse. Nous souhaitons aussi redire toute l’importance du sacerdoce, sans gommer le sacerdoce filial des baptisés, mais en réaffirmant leur magnifique complémentarité. 

    Ce faisant, nous souhaitons aussi dénoncer les erreurs véhiculées par des théologiens qui, profitant de l’ignorance du Magistère de l’Église catholique chez beaucoup de baptisés, brouillent leurs esprits et conduisent de trop nombreux croyants à sauter hors de la barque de Pierre en pleine tempête.

    Si comme nous, vous êtes blessé(s) par cet écrit, co-signez notre lettre (ci-dessous) et partagez-la à vos contacts.

    Soyons de ceux qui protègent le Corps du Christ des coups qui lui sont portés depuis l’intérieur même de l’Église.

    D’avance, MERCI !

    signer la pétition
    _______

    Rendons l’Église à Celui dont elle est Épouse

    Un hommage au sacerdoce et à nos prêtres
    (en réponse à « Rendons l’Église au peuple de Dieu » - Pour en finir avec le cléricalisme)

    En parcourant le pamphlet « Rendons l’Église au peuple de Dieu », nous avons reconnu le piquant de la lance du Golgotha. La blessure de voir une nouvelle fois le Corps de Jésus déchiré — non plus par le monde ou par quelques détracteurs déjà connus et provenant de l’extérieur de la Maison, mais bien cette fois, de l’intérieur.

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  • La pratique de l’euthanasie en Belgique sur la voie de dérives inquiétantes

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    "La pratique de l’euthanasie en Belgique est sur la voie de dérives inquiétantes"

    La tendance contemporaine qui crée inlassablement de nouveaux droits individuels pousse le législateur à étendre la pratique de l’euthanasie et à vouloir banaliser celle-ci.

    L’autonomie de l’individu, dans le respect de la volonté du médecin de pratiquer l’acte, est le pilier principal sur lequel repose le régime actuel. Seule une personne majeure capable — ou un mineur sans limites d’âge “doté de discernement” depuis 2014 —, se trouvant dans une situation médicale sans issue, peut être euthanasiée à condition que la demande soit “réfléchie et répétée”. Aux termes de la loi, la personne doit endurer une souffrance physique ou psychique constante et insupportable qui ne peut être apaisée. Le mineur, quant à lui, ne peut en théorie pas demander l’euthanasie pour seule souffrance psychique ou à un stade non terminal de la maladie. Précision capitale : la conformité à ce strict encadrement légal n’est que contrôlée a posteriori par la Commission fédérale de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie. La pratique vingtenaire du cadre juridique ébauché dans ces lignes a été analysée de manière très complète par l’Institut Européen de Bioéthique dans un dossier récent2. L’espace réduit de ce papier ne nous permet que d’en évoquer quatre : la défaillance du contrôle a posteriori de ladite Commission, la liberté de conscience en état de siège, le piège de l’expression “le droit de mourir dans la dignité” et le phénomène de banalisation de l’euthanasie.

    D’une part, le contrôle a posteriori de ladite Commission est défaillant. En effet, celui-ci ne se réalise que sur la seule base de la déclaration des médecins, sans être en mesure de vérifier les informations transmises. Par ailleurs, les médecins membres de la Commission pratiquant des euthanasies font face à de sérieux conflits d’intérêts : ils sont amenés à évaluer la conformité́ de leurs propres euthanasies. À cet égard, dans l’affaire Mortier contre Belgique, la Cour européenne des droits de l’homme a, pour la première fois, examiné la conformité du système belge à la Convention européenne des droits de l’homme, dans le cas d’une euthanasie pratiquée sur une personne dépressive. La Cour a condamné la Belgique en ce qu’elle a manqué à son obligation positive procédurale notamment en raison du manque d’indépendance de la Commission. Enfin, la Commission admet que les moyens financiers et humains dont elle bénéficie l’empêchent d’effectuer un contrôle sérieux.

    D’autre part, la loi belge reconnaît la liberté de conscience du médecin ne souhaitant pas participer à une euthanasie quand celui-ci ne reconnaît pas son caractère médical, et plus fondamentalement, la considère incompatible avec la déontologie médicale et le serment d’Hippocrate. Néanmoins, une modification de la loi, votée le 15 mars 2020, contraint désormais les établissements de santé à accepter la pratique de l’euthanasie en leur sein. Sans parler du fait que les promoteurs de la loi en 2002 insistaient sans cesse sur le fait qu’il s’agissait d’une loi de liberté, cette modification est une atteinte inadmissible à la liberté constitutionnelle de s’associer et de déterminer sa mission. En outre, ce que l’on présente nonchalamment comme un fait anecdotique, est en réalité un bouleversement moral à l’orientation effrayante. En effet, sur le plan individuel, cette modification entrave l’exercice du refus de donner la mort pour tout médecin exerçant dans un hôpital ou une maison de retraite qui doit nécessairement autoriser l’euthanasie. Il est devenu impossible, pour un soignant, de trouver un travail dans une institution de soins qui exclut d’administrer la mort à ses patients ou résidents âgés. Un simple article de loi tente aujourd’hui de fracturer une des pierres d’angle qui font tenir debout la civilisation européenne au milieu d’un silence médiatique tonitruant. Comme il est de coutume en Belgique, les questions politiques fondamentales ne font pratiquement jamais l’objet d’un débat de fond et sont approuvées sans connaissance de cause. Une société qui tente de soumettre la conscience de ses citoyens peut-elle encore se qualifier de démocratique ?

    Par ailleurs, le fait d’associer l’euthanasie au “droit de mourir dans la dignité” nous tend en piège en présentant une fausse alternative : le choix de l’euthanasie ou celui de la souffrance insoutenable. Lorsqu’on interroge les gens à propos des raisons pour lesquelles ils sont plutôt favorables à l’euthanasie, ils répondent fréquemment le regard plein d’effroi : “Je ne veux pas souffrir. ” Ils ignorent souvent que les découvertes scientifiques jusqu’à aujourd’hui permettent pratiquement d’éradiquer toute forme de douleur physique et que les soins palliatifs permettent une prise en charge efficace et globale des douleurs du patient. En outre, penser que la dignité suit la courbe ascendante ou descendante de l’état de santé de la personne alors qu’elle en est au contraire intrinsèque et inaliénable est une conception erronée.

    Enfin, la tendance contemporaine qui crée inlassablement de nouveaux droits individuels pousse le législateur à étendre la pratique de l’euthanasie et à vouloir banaliser celle-ci. À titre d’exemple, l’Open VLD plaide pour l’euthanasie sans motif lié à l’état de santé, fondé sur la seule “fatigue de vivre” de la personne. En réalité, cette évolution révèle surtout une sorte de fatigue relationnelle, une sorte d’abandon du plus faible qui se meurt dans sa solitude, une dégradation de notre rapport à la vulnérabilité et à la fragilité. Christian Flavigny, chercheur associé à l’Institut Thomas More, évoque un “humanisme individualiste” dans un récent papier dans le Figaro et écrit, en parlant d’Olympe : “Cautionner (sa mort) ne traduirait pas notre empathie à l’égard de sa souffrance mais le fait de s’en désintéresser et de laisser la jeune femme se débrouiller avec elle-même. ” En outre, cette banalisation du recours à l’euthanasie présente un risque d’évoluer vers une société qui culpabiliserait ceux qui continueront à vouloir vivre jusqu’à leur mort naturelle.

    1 K. Chambaere et al., “Recent Trends in Euthanasia and Other End-of-Life Practices in Belgium”, The New England Journal of Medicine, 2015, vol. 372, p. 1180 ; S. Dierickx et al., “Drugs Used for Euthanasia : A Repeated Population-Based Mortality Follow-Back Study in Flanders, Belgium, 1998-2013”, Journal of Pain and Symptom Management, 2018, vol. 56, n° 4, pp. 551-559.

    2 Institut Européen de Bioéthique, L’euthanasie, 20 ans après : pour une véritable évaluation de la loi belge, mai 2022 — note réalisée par Léopold Vanbellingen, chargé de recherche.

  • L’Église dispose-t-elle du pouvoir de bénir des unions de personnes du même sexe ?

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    Responsum de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi
    à un dubium au sujet de la bénédiction des unions de personnes du même sexe

    Question :
    L’Église dispose-t-elle du pouvoir de bénir des unions de personnes du même sexe ?

    Réponse :
    Non.

    Note explicative

    Dans certains milieux ecclésiaux se diffusent aujourd’hui des projets et des propositions de bénédictions pour les unions entre personnes du même sexe. Il n’est pas rare que de tels projets soient motivés par une volonté sincère d’accueil et d’accompagnement des personnes homosexuelles, auxquelles sont proposés des cheminements de croissance dans la foi, « afin que ceux qui manifestent une tendance homosexuelle puissent bénéficier de l’aide nécessaire pour comprendre et réaliser pleinement la volonté de Dieu dans leur vie »[1].

    Dans ces cheminements, l’écoute de la parole de Dieu, la prière, la participation aux actions liturgiques ecclésiales et l'exercice de la charité peuvent jouer un rôle important en soutenant l’engagement à lire sa propre histoire et à adhérer à son propre appel baptismal de façon libre et responsable, car « Dieu aime chaque personne et l’Église fait de même »[2], refusant toute discrimination injuste.

    Parmi les actions liturgiques de l’Église, une importance particulière revient aux sacramentaux, « signes sacrés par lesquels, selon une certaine imitation des sacrements, des effets surtout spirituels sont signifiés et sont obtenus grâce à l’intercession de l’Église. Par eux, les hommes sont disposés à recevoir l’effet principal des sacrements, et les diverses circonstances de la vie sont sanctifiées »[3]. Le Catéchisme de l’Église Catholique précise, ensuite, que « les sacramentaux ne confèrent pas la grâce de l’Esprit saint à la manière des sacrements, mais par la prière de l’Église ils préparent à recevoir la grâce et disposent à y coopérer » (n. 1670).

    Au genre des sacramentaux appartiennent les bénédictions, par lesquelles l’Église « appelle les hommes à louer Dieu, les invite à demander sa protection, les exhorte à mériter, avec la sainteté de leur vie, sa miséricorde »[4]. En outre, « instituées en quelque sorte à l’imitation des sacrements, elles se rapportent toujours et principalement à des effets spirituels, qu’elles obtiennent par l’imploration de l’Église »[5].

    Par conséquent, pour être cohérent avec la nature des sacramentaux, lorsqu’une bénédiction est invoquée sur certaines relations humaines, il est nécessaire – outre l’intention droite de ceux qui y participent – que ce qui est béni soit objectivement et positivement ordonné à recevoir et à exprimer la grâce, en fonction des desseins de Dieu inscrits dans la Création et pleinement révélés par le Christ Seigneur. Seules les réalités qui sont en elles-mêmes ordonnées à servir ces plans sont donc compatibles avec l’essence de la bénédiction donnée par l’Église.

    Pour cette raison, il n’est pas licite de donner une bénédiction aux relations ou partenariats, même stables, qui impliquent une pratique sexuelle hors mariage (c’est-à-dire hors de l'union indissoluble d’un homme et d’une femme ouverte en soi à la transmission de la vie), comme c’est le cas des unions entre personnes du même sexe[6]. La présence dans ces relations d'éléments positifs, qui en eux-mêmes doivent être appréciés et valorisés, n'est cependant pas de nature à les justifier et à les rendre ainsi légitimement susceptibles d’une bénédiction ecclésiale, puisque ces éléments se trouvent au service d’une union non ordonnée au dessein du Créateur.

    En outre, les bénédictions sur les personnes étant liées aux sacrements, la bénédiction des unions homosexuelles ne peut être considérée comme licite, car elle constituerait en quelque sorte une imitation ou un renvoi analogique à la bénédiction nuptiale[7] invoquée sur l’homme et la femme qui s’unissent dans le sacrement de mariage, étant donné qu’ « il n’y a aucun fondement pour assimiler ou établir des analogies, même lointaines, entre les unions homosexuelles et le dessein de Dieu sur le mariage et la famille »[8].

    La déclaration de l'illicéité des bénédictions des unions entre personnes du même sexe n’est donc pas, et ne souhaite pas être une discrimination injuste, mais plutôt rappeler la vérité du rite liturgique et de ce qui correspond profondément à l'essence des sacramentaux, tels que l’Église les comprend.

    La communauté chrétienne et les Pasteurs sont appelés à accueillir avec respect et délicatesse les personnes à tendance homosexuelle, et sauront trouver les moyens les plus appropriés, en accord avec l’enseignement de l’Église, pour leur annoncer la plénitude de l’Évangile. Que ces personnes, en même temps, reconnaissent la proximité sincère de l’Église – qui prie pour eux, les accompagne et partage leur cheminement de foi chrétienne[9] – et en accueillent les enseignements avec une sincère disponibilité.

    La réponse à la proposition de dubium n’exclut pas l'octroi de bénédictions individuelles aux personnes à tendance homosexuelle[10] qui manifestent le désir de vivre en fidélité aux desseins révélés de Dieu, comme le propose l'enseignement de l’Église, mais elle déclare illicite toute forme de bénédiction qui tend à reconnaître leurs unions. Dans ce cas, en effet, la bénédiction manifesterait l’intention non pas de confier à la protection et à l’aide de Dieu certaines personnes individuelles, dans le sens mentionné ci-dessus, mais d’approuver et d’encourager un choix et une pratique de vie qui ne peuvent être reconnus comme étant objectivement ordonnés aux desseins révélés de Dieu[11].

    En même temps, l’Église rappelle que Dieu lui-même ne cesse de bénir chacun de ses enfants en pèlerinage dans ce monde, car pour Lui « nous sommes plus importants que tous les péchés que nous pouvons commettre »[12]. Mais Il ne bénit pas et ne peut pas bénir le péché : Il bénit l’homme pécheur, afin que celui-ci reconnaisse qu’il fait partie de son dessein d'amour et se laisse changer par Lui. Car Il « nous prend comme nous sommes, mais ne nous laisse jamais comme nous sommes »[13].

    Pour les motifs ci-dessus mentionnés, l’Église ne dispose pas, ni ne peut disposer, du pouvoir de bénir les unions de personnes de même sexe dans le sens ci-dessus indiqué.

    Le Souverain Pontife François, au cours d'une audience accordée au Secrétaire de cette Congrégation, a été informé du Responsum ad dubium susmentionné, avec la Note explicative annexe, et a consenti à leur publication.

    Donné à Rome, au siège de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le 22 février 2021, Fête de la Chaire de Saint-Pierre, Apôtre.

    Luis F. Card. Ladaria, S.I.
    Préfet

    + Giacomo Morandi
    Archevêque titulaire de Cerveteri
    Secrétaire
     


    [1] François, Exhort. ap. post-synodale Amoris laetitia, n. 250.

    [2] Synode des Évêques, Document final de la XVe Assemblée Générale Ordinaire, n. 150.

    [3] Concile Vatican II, Const. lit. Sacrosanctum Concilium, n. 60.

    [4] Rituale Romanum ex Decreto Sacrosancti Oecumenici Concilii Vaticani II instauratum auctoritate Ioannis Pauli PP. II promulgatumDe benedictionibusPraenotanda Generalia, n. 9.

    [5] Ibidem, n. 10.

    [6] Cf. Catéchisme de l’Église Catholique, n. 2357.

    [7] La bénédiction nuptialerenvoie en fait au récit de la création, dans lequel la bénédiction de Dieu sur l'homme et la femme est liée à leur union féconde (cf. Gn 1, 28) et à leur complémentarité. (cf. Gn 2,18-24).

    [8] François, Exhort. ap. Amoris laetitia, n. 251.

    [9] Cf. Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Lettre Homosexualitatis problema sur la pastorale à l’égard des personnes homosexuelles, n. 15.

    [10] Le De benedictionibus présente en effet une vaste liste de situations pour lesquelles invoquer la bénédiction du Seigneur.

    [11] Cf. Congrégation pour la Doctrine de la Foi, Lettre Homosexualitatis problema sur la pastorale à l’égard des personnes homosexuelles, n. 7.

    [12] François, Audience générale du 2 décembre 2020Catéchèse sur la prière : la bénédiction.

    [13] Ibidem.

  • Les ricanements de ceux qui dénigrent "Vaincre ou mourir" et qui croient que les vaincus n’ont pas le droit d’être fiers

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    De Guillaume Perrault sur le site du Figaro via artofuss.blog :

    Guerre de Vendée: ces vérités qui dérangent

    11 février 2023

    GRAND RÉCIT – Le film «Vaincre ou mourir», de Paul Mignot et Vincent Mottez, a heurté ce qui demeure un tabou dans une partie de l’opinion: dépeindre les guerres de Vendée du point de vue des insurgés. Le film, pourtant, rend compte fidèlement d’une plaie béante de l’histoire de France.

    Le film Vaincre ou mourir, qui décrit les guerres de Vendée du point de vue des insurgés et en dépeignant le chef le plus flamboyant de «l’armée catholique et royale», Charette, a suscité des attaques hargneuses mais a aussi rencontré son public. La bataille des mémoires autour des guerres de Vendée dure depuis plus de deux siècles et les controverses sur les responsabilités des tueries de civils n’ont pas cessé depuis la chute de Robespierre (juillet 1794) et la fin de la Terreur. Reste qu’un accord devrait pouvoir se dégager, dans une démocratie mature, pour respecter et faire connaître des faits avérés et d’une exceptionnelle gravité. Les ricanements suscités par Vaincre ou mourir prouvent que, dans certains secteurs de l’opinion, le refus de savoir subsiste. En contraignant à affronter des vérités qui dérangent toujours, ce film aura donc fait œuvre utile et méritoire.

    À lire aussi : Vaincre ou mourir: le Puy du Fou raconte le général Charette et la guerre de Vendée pour son premier film

    L’insurrection vendéenne naît en mars 1793 comme une révolte contre la conscription. En réaction aux défaites militaires aux frontières (la France révolutionnaire avait déclaré la guerre à l’Autriche, liée par une alliance à la Prusse, puis à l’Angleterre, la Hollande et l’Espagne), la Convention a décidé, le mois précédent, la levée de 300.000 jeunes hommes à tirer au sort parmi les célibataires de chaque commune. Les maires sont chargés d’assurer la désignation des conscrits. La décision de Paris provoque des résistances paysannes voire des débuts de sédition dans de nombreuses régions, mais celles-ci sont bientôt réprimées. Il en va autrement dans ce qu’on appellera bientôt « la Vendée militaire », territoire bien plus vaste que l’actuel département du même nom. La région insurgée regroupe le sud de la Loire-Atlantique, le sud-ouest du Maine-et-Loire, les deux tiers nord de la Vendée d’aujourd’hui et le nord-ouest des Deux-Sèvres. Le bocage vendéen et les Mauges, qui forment un ensemble d’une centaine de kilomètres de côté, en constituent l’épicentre. C’est ce territoire, à cheval sur l’Anjou, le Poitou et les confins de la Bretagne, qui va se soustraire, quelques mois, à l’autorité de la Convention.À Cholet, où a fleuri l’industrie textile, de jeunes paysans et tisserands des environs envahissent la petite ville et tuent le commandant de la garde nationale, manufacturier « patriote »

    Le drame commence début mars 1793, alors que les tirages au sort se préparent dans les communes. À Cholet, où a fleuri l’industrie textile, de jeunes paysans et tisserands des environs envahissent la petite ville et tuent le commandant de la garde nationale, manufacturier «patriote» (le terme, à l’époque, désigne les partisans de la Révolution). La violence gagne la partie ouest du bocage, dans le marais breton-vendéen. La bourgade de Machecoul est occupée par des milliers de paysans, qui tuent 15 à 25 « patriotes » les 11 et 12 mars, puis 80 à 120 prisonniers républicains à partir du 27 mars en représailles de l’exécution de 100 à 200 prisonniers « blancs » à Pornic. Au nord, près de la Loire, des ruraux s’emparent de Saint-Florent-le-Vieil. Le 19 mars, 3.000 soldats républicains, partis de La Rochelle pour Nantes, sont mis en déroute à Pont-Charrault. La jacquerie est devenue une insurrection.

    À VOIR AUSSI – «Pas comédien pour faire de la politique»: Hugo Becker répond à la polémique autour de Vaincre ou mourir

    «Pas comédien pour faire de la politique»: Hugo Becker répond à la polémique autour de Vaincre ou mourir

    À lire aussi : Vendée, l’épopée des géants

    Rien ne distinguait pourtant l’esprit public de ce qui deviendra la Vendée militaire des attentes du reste de la France, à la veille de la Révolution, si l’on en croit les Cahiers de doléances rédigés lors de l’hiver 1788-1789. La région a vu mourir sans regret l’antique édifice féodal lors de la nuit du 4 août 1789. Mais la situation s’est très vite dégradée. Les administrateurs des nouveaux départements et districts, partisans et relais du nouveau régime, étaient, aux yeux des ruraux, ses principaux bénéficiaires. N’avaient-ils pas été les acquéreurs empressés des propriétés du clergé nationalisées, les fameux biens nationaux, qui privaient l’Église des moyens d’assurer son rôle social et éducatif traditionnel ?

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  • Selon les ordres de la Rome pontificale , la chasse aux « Tradis » continue…

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    De Solène Tadié dans le National Catholic Register

    10 février 2023

    Pourquoi le Vatican a-t-il ordonné une visite apostolique du diocèse de Toulon ?

    « À première vue, une paire d'interventions directes de Rome dans l'administration d'un diocèse français connu pour ses vocations florissantes semble déroutante.

    Cette semaine a vu un nouveau coup dur pour le diocèse de Toulon-Fréjus, aujourd'hui le plus grand pôle d'attraction des vocations sacerdotales en France :

    Dans une déclaration du 7 février, la nonciature apostolique en France a annoncé la décision du Dicastère pour les évêques "par mandat du pape François", d'ordonner une visite apostolique du diocèse, qui est situé dans la région du Var, dans le sud-est de la France.

    La brève déclaration conseillée à l'intervention du Vatican découle du constat d'"un certain nombre" de difficultés non précisées, et s'inscrit dans le prolongement de la visite fraternelle de novembre 2020 effectuée par l'archevêque métropolitain Jean-Marc Aveline de Marseille.

    A la différence de cette visite pastorale antérieure, la visite apostolique est définie comme "extraordinaire" parce qu'elle est effectuée par une autorité en dehors des normes de la communauté ou du diocèse, dans le cadre d'une mission temporaire axée sur la résolution de problèmes spécifiques. Elle sera dirigée par Mgr Antoine Hérouard de Dijon.

    Cette annonce fait également suite à la décision sans précédent du Vatican, en juin 2022, de suspendre jusqu'à nouvel ordre les ordinations sacerdotales et diaconales dans le diocèse.

    À première vue, cette paire d'interventions directes de Rome dans l'administration d'un diocèse français connu pour ses vocations florissantes peut sembler déroutante, surtout compte tenu de la pénurie de vocations ailleurs en France. Alors pourquoi le Vatican a-t-il jugé nécessaire d'intervenir avec autant de force ?

    Des sources proches du dossier pointent quant à elles des problèmes de gestion ecclésiastique liés à la « logique du nombre » suivie par Mgr Dominique Rey depuis sa prise de fonction à Toulon-Fréjus dans les années 2000, et à une trop grande permissivité envers les communautés traditionalistes à la suite du motu proprio Traditionis Custodes du Pape François  qui en 2021 a imposé de nouvelles restrictions à la célébration de la messe traditionnelle en latin.

    Problèmes de discernement

    Selon les derniers chiffres publiés sur l'Annuaire pontifical 2022 cités par le site suisse Cath.ch, fin 2021, le diocèse comptait 215 prêtres incardinés, ce qui représente une augmentation par rapport à l'année 2000 (187) et dépasse même le nombre 1950 (210).

    Mais des questions sont associées à ces chiffres apparemment impressionnants en une période de crise accablante des vocations sacerdotales en France - surtout à la lumière du fait qu'un nombre élevé d'abandons du ministère sacerdotal ont également été observés dans le diocèse, selon le site Internet de l'Église catholique suisse.

    Mgr Rey, issu de la charismatique communauté de l'Emmanuel, a parfois été accusé d'accueillir indistinctement des prêtres et des communautés ecclésiales de nombreux pays différents, entraînant dans certains cas des échecs attribués à un "manque de discernement" et à un "manque de suivi". de la part de l'évêque, comme l' a souligné l'expert du Vatican Jean-Marie Guénois dans le journal français Le Figaro .

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  • Disney : une wokisation qui ne cesse de gagner du terrain

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    De Julien Tellier sur Boulevard Voltaire :

    L’inexorable wokisation de Disney

    9 février 2023

    Il était une fois une société qui faisait rêver petites filles et petits garçons avec ses histoires de chevaliers courageux et de princesses à délivrer. Mais patatras ! Le grand méchant wokeen avait décidé autrement. Fini les récits sexistes qui corsettent les femmes et vive la diversité ! Fini les récits hétéronormés, place aux LGBTQIA+. C’est à peu près, en quelques lignes, l’histoire qu’ont connue les studios Disney, ces dernières années. Avec le lancement de sa propre plate-forme vidéo Disney+, concurrente directe du non moins woke Netflix, les choses ne se sont pas arrangées. Disney multiplie les séries et les films progressistes. She-HulkMiss MarvelAndor, autant de productions woke dans l’air du temps.

    En réalité, tout cela cache une stratégie commerciale bien rodée. Derrière cet attachement à la diversité, à la différence et au progrès, la Walt Disney Company cherche à plaire à un public plus jeune de plus en plus séduit par les contenus numériques. Mais à trop vouloir donner des gages de progressisme, on finit par lasser les gens. Disney+ subit les orientations politiques hasardeuses des productions du géant de l’industrie. Les trois derniers mois de l’année 2022 sont catastrophiques. Au total, près de 2,4 millions de personnes ont quitté la plate-forme. Après une croissance importante, cette dernière voit une inexorable fuite de ses abonnés. Nouvelle d’autant plus fatale qu’elle s’ajoute aux 11,3 milliards de dollars de pertes depuis son lancement. À qui revient la responsabilité d’un tel échec ? Contactée pour comprendre ce phénomène, la petite souris a fait la sourde oreille.

    Le tournant woke

    Début 2021, la plate-forme Disney+ a décidé de faire un grand nettoyage. Peter PanLes Aristochats et Dumbo à la trappe ! Pour lutter contre l’insoutenable racisme que véhiculent ces films pour enfants, un bandeau signale désormais leur contenu raciste qui s’inscrit dans une époque particulière. Le progrès étant inarrêtable, un spectacle La Belle et la Bête où Belle serait « grosse, noire et queer » avait été annoncé en grande pompe par la firme. Après La Petite Sirène noire, les employés gender fluids, le quota d’homosexuels et la suppression des sept nains, la ligne blanche – neige – fut définitivement franchie.

    L’implication politique de Disney est allée loin et lui a coûté très cher. En mars 2022, la Floride a voté une loi contre la propagande LGBT à l’école, qui fut publiquement désapprouvée par l’ex-président de la firme Bob Chapek. Ni une ni deux, le gouverneur de Floride Ron DeSantis a mis fin au statut particulier dont bénéficiait le parc d’attractions Disney World. Déjà, à l’époque, certains actionnaires, comme Vivek Ramaswamy, fondateur de la société d’investissement Strive Asset Management, exhortait Disney à « indiquer clairement qu’il ne prendra[it] plus de position politique sur des questions sans rapport avec ses activités commerciales principales », dans une lettre adressée à son PDG. Et de poursuivre : « L’entreprise doit indiquer clairement qu’elle tiendra fermement cette promesse et qu’elle ne vacillera pas, quelle que soit l’importance d’une cause sociale particulière pour les employés de Disney ou ses abonnés sur Twitter. » Chaque enfant apprend à tourner sept fois sa langue dans sa bouche, Bob aurait dû s’en souvenir. Éjecté de son poste par les actionnaires du groupe à la souris, certains espèrent voir le vent tourner.

    Un retour qui promet… du vent

    Le retour de Bob Iger à la tête de Disney – qu’il occupait déjà entre 2005 et 2020 – a nourri les espoirs des lassés du progressisme. Mais que nenni ! La LGBTisation du géant de l’industrie du divertissement se poursuit. Dernier chef-d’œuvre en date ? La nouvelle série animée The Proud Family: Louder and Prouder. Destinée à un jeune public, cette série met en avant une adolescente noire adoptée par deux hommes homosexuels partant à la découverte de l’histoire de l’esclavage aux États-Unis. On est loin des promesses de Bob Iger qui déclarait, en décembre dernier, lors d’une conférence, vouloir s’éloigner des polémiques : « Est-ce que j’aime que l’entreprise soit impliquée dans la controverse ? Bien sûr que non. Cela peut être distrayant et avoir un impact négatif sur l’entreprise. Et dans la mesure où je peux travailler pour calmer les choses, je vais pour faire ça. » La poudre aux yeux… C’est ça, la magie de Disney.

  • Rome : lorsque la règle du droit cède la place à la loi du pouvoir

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    De JD Flynn sur The Pillar :

    Le pari de Roche - et la loi du pouvoir au Vatican

    Dans la mise en œuvre de "Traditionis custodes", le cardinal Arthur Roche a été critiqué pour une approche qui semblait arroger une autorité à son office, au-delà du texte du motu proprio.

    10 février 2023

    Dans les mois qui ont suivi la promulgation de Traditionis custodes par le pape François, il est revenu au cardinal Arthur Roche, préfet du bureau de la liturgie du Vatican, d'interpréter la politique du pape et de s'engager auprès des évêques diocésains chargés de la mettre en œuvre dans leurs églises locales.

    Le Dicastère pour le culte divin supervisant ce processus, Mgr Roche a été critiqué pour son approche qui semblait arroger à son bureau une autorité supérieure à celle qui lui a été conférée dans Traditionis custodes, ou dans la réorganisation de la Curie romaine en 2022, d'ailleurs.

    Dans le droit canonique de l'Église, l'autorité gouvernementale découle généralement de la fonction ecclésiastique, c'est-à-dire d'un ensemble spécifiquement défini de prérogatives et d'obligations découlant de la nomination officielle à une fonction particulière.

    Mais si Roche a fait l'objet de critiques au cours des derniers mois, il a également fait preuve d'une grande perspicacité quant à la manière dont les choses fonctionnent parfois dans l'Église ; quoi qu'en dise le droit canonique, l'autorité gouvernementale - ou du moins un réel pouvoir pratique - est parfois acquise par ceux qui agissent comme s'ils l'avaient et convainquent les autres de la même chose. Les décrets sont importants, c'est certain, mais dans la vie administrative de l'Église, la perception est parfois plus puissante qu'un décret.

    "Le pouvoir réside, dit George RR Martin, là où les hommes croient qu'il réside".

    Au cours des mois qui ont suivi la promulgation de Traditionis custodes, Roche a semblé à certains observateurs du Vatican parier, un coup de dé à la fois, sur l'idée que tant que le Dicastère pour le culte divin vise une interprétation robuste de la réforme liturgique du pape, il peut aussi centraliser l'autorité liturgique en son sein, bien au-delà de ce que dicte le droit canonique, et avec très peu de résistance ou de correction.

    Le cardinal a pris un grand risque en décembre 2021, lorsque son bureau a affirmé un ensemble d'interprétations apparemment normatives des dispositions liturgiques du pape, et s'est réservé certains pouvoirs qui, dans le texte même de Traditionis custodes, semblaient appartenir aux évêques diocésains.

    Et ces derniers mois, Roche a fait un autre pari - en disant à au moins certains évêques américains qu'ils n'ont pas l'autorité de se dispenser de certaines dispositions de Traditionis custodes, même si - de l'avis de nombreux canonistes - le texte papal lui-même ne soutient pas cette affirmation.

    Des sources ont confirmé au Pillar cette semaine qu'un diocèse californien avait été récemment informé que les évêques diocésains ne sont pas autorisés à déroger à l'interdiction de Traditionis custodes d'autoriser la forme extraordinaire de la Messe dans les églises paroissiales.

    Dans une lettre adressée à au moins quelques évêques américains, le Dicastère pour le culte divin a noté que si les évêques diocésains sont généralement autorisés à déroger aux lois disciplinaires universelles, ils ne peuvent pas déroger à ces normes si leur dispense est réservée au Saint-Siège. C'est, bien sûr, la politique établie dans le canon 87 du Code de droit canonique.

    Mais le dicastère a ensuite fait une déclaration qui a donné du fil à retordre aux juristes canoniques - à savoir que toutes les dispositions de Traditionis custodes sont réservées au Saint-Siège, et que les évêques diocésains n'ont donc aucun pouvoir de dispense sur ses normes.

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  • Faut-il canoniser tous les papes ?

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    De Giovanni Maria Vian sur Domani via Il Sismografo :

    La tentation de l'Eglise de faire de chaque pape un saint

    Bergoglio a un record qui sera presque impossible à surpasser : il est en effet le premier pape à avoir proclamé saints trois de ses prédécesseurs et à en avoir béatifié un quatrième. Cette circonstance est sans précédent et est destinée à ne pas se répéter.

    Déjà un an après son élection, en une seule cérémonie, François a canonisé Jean XXIII (Angelo Roncalli) et Jean-Paul II (Karol Wojtyła), puis en 2018 ce fut le tour de Paul VI (Giovanni Battista Montini), que Bergoglio lui-même avait béatifié exactement quatre ans plus tôt ; enfin, en 2022, il a déclaré bienheureux Jean-Paul Ier (Albino Luciani), pontife depuis un peu plus d'un mois et probable futur saint.

    Ainsi, tous les papes qui ont régné de 1958 à 2005 se sont élevés aux honneurs des autels.

    Bernard Lecomte, auteur d'une biographie fiable de Wojtyła, dans son Dictionnaire amoureux des Papes a souligné avec une emphase journalistique réussie un autre aspect de ce phénomène nouveau dans l'histoire de la sainteté : " Que dire de l'extraordinaire célébration papale organisée à Rome le 27 avril 2014 par le pape François, qui a présidé la cérémonie de canonisation de Jean XXIII et de Jean-Paul II, ayant à ses côtés son prédécesseur Benoît XVI, devenu pape "émérite" ? ". Deux papes vivants canonisant deux papes morts : cette "fête des quatre papes", sans précédent dans l'histoire, a été suivie par deux milliards de téléspectateurs !".

    Dans le contexte de cette récente sainteté papale, il a donc semblé normal à beaucoup que, lors des funérailles de Benoît XVI, quelques banderoles soient brandies par la foule avec les mots "saint maintenant", à l'instar de celles brandies en 2005 pour Jean-Paul II avec plus de détermination.

    Pour étouffer ces enthousiasmes prévisibles, le secrétaire de Joseph Ratzinger, l'archevêque Georg Gänswein, a déclaré dans ses mémoires très critiquées et largement lues qu'il n'avait personnellement aucun doute quant à sa sainteté, mais a prudemment ajouté : "Bien conscient également de la sensibilité qui m'a été exprimée en privé par Benoît XVI, je ne me permettrai pas de prendre des mesures pour accélérer un processus canonique.

    Une gloire peu fréquente

    Pas étonnant que la "sensibilité" d'un connaisseur désabusé de l'histoire comme Ratzinger. La gloire des autels n'a pas été fréquente pour les papes de Rome.

    Quiconque parcourt la liste des successeurs de l'apôtre Pierre - quelque trois cents papes et antipapes - est frappé par un fait : sur les 81 saints traditionnellement vénérés, 73 sont du premier millénaire, et pas moins de 55 d'entre eux sont concentrés dans les cinq premiers siècles.

    L'explication est simple : jusqu'au début du Moyen Âge, la papauté a également voulu se célébrer elle-même et ses origines de cette manière, idéalisée et proposée comme exemplaire.

    Certainement dans le cadre d'événements historiques complexes, récemment étudiés par Roberto Rusconi dans les sept cents pages de Saint Père (Viella) qui enquêtent sur cette histoire singulière, en arrivant à la cause du pape Wojtyła.

    Plus que d'autres, en somme, la difficile sainteté papale est une sainteté politique, à tel point qu'à son égard, l'Église de Rome a été réaliste et très prudente. Jusqu'à ces dernières décennies.

    Avant le pontificat (1939-1958) de Pie XII, en effet, seuls quatre papes après l'an 1000 étaient devenus saints. Au XIe siècle, il s'agit de l'Alsacien Léon IX - sur la tombe duquel se multiplient les prodiges et les miracles - puis de Grégoire VII, grands protagonistes de la réforme radicale dite grégorienne mais initiée et voulue par l'empire allemand.

    Deux siècles plus tard, c'est l'histoire de Célestin V, qui a quitté le trône de Pierre et est entré dans l'histoire pour la déploration par Dante de son "grand refus". Plus tard encore, Pie V, le pape qui avait favorisé l'alliance contre les Turcs vaincus en 1571 à Lépante, est proclamé saint.

    C'est Grégoire VII lui-même qui a théorisé cette sainteté papale dans le Dictatus papae, déclarant solennellement que "le pontife romain, s'il a été canoniquement ordonné, par les mérites du bienheureux Pierre devient indubitablement un saint".

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  • Les beaux jours de la bêtise

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    D'Emmanuelle Ducros sur l'Opinion :

    La pièce «En attendant Godot» annulée faute de parité : Absurde 1- Beckett 0

    La réalité, c’est ce qui s’est passé au centre culturel des étudiants de l’université de Groningen, aux Pays-Bas. Histoire abondamment relatée par la presse britannique.

    Un jeune metteur en scène, Oisín Moyne, irlandais comme Beckett, avait prévu de monter En attendant Godot. Travail entamé en novembre, première représentation programmée le mois prochain. Vous connaissez l’idée : on attend Godot, un personnage qui n’arrive jamais, ce qui donne matière à réflexion sur la saugrenuité de la vie.

    C’est Godot qui attendra, sans doute jusqu’aux calendes grecques, la pièce a été purement et simplement annulée par la direction de l’université. Et ça donne pas mal à réfléchir sur l’absurdité d’une culture de l’anathème.

    Pourquoi ?

    L’université reproche au metteur en scène d’avoir attribué les cinq rôles de la pièce à des hommes. Ce qui n’est pas très étonnant, puisque les personnages de Vladimir et Estragon, de Pozzo et Lucky, et du garçon qui apparaît à la fin du premier acte, sont masculins.

    Beckett y tenait tellement qu’avant sa mort en 1989, il a édicté des consignes précises en ce sens, qui s’appliquent à toutes les productions de Godot. Des hommes, uniquement. Ses ayants-droits ont d’ailleurs systématiquement attaqué en justice les metteurs en scène qui ont tenté de contourner la règle.

    L’université de Groningen ne l’entend pas de cette oreille.

    Pas de femme sur scène, pas de Beckett. «J’ai essayé de leur expliquer que c’est une question légale, que nous sommes une petite troupe de théâtre amateur qui ne peut pas se permettre un procès. Rien n’a pu les faire changer d’avis», explique le metteur en scène qui a ferraillé pendant des semaines.

    La justification de l’Université est surréaliste : «Beckett a explicitement déclaré que cette pièce devait être jouée par cinq hommes. Mais les temps ont changé. L’idée que seuls les hommes conviennent à ce rôle est dépassée et même discriminatoire».

    Rideau. Si Beckett refuse de se plier à titre posthume aux lubies inclusivo-égalitaristes en carton-pâte, qu’il disparaisse. Et tout ça au nom d’une «communauté ouverte et inclusive», dans un lieu de culture, de connaissance et de savoir. J’ai cherché des façons de définir ça. Peut-être censure accueillante ? Véto de tolérance ? Excommunication bienveillante ? La preuve, en tous cas, qu’on peut se prévaloir d’une infinie grandeur d’âme et avoir l’esprit le plus étroit du monde.

    D’autant plus incompréhensible que la décision lèse... des femmes.

    Toute l’équipe de production, essentiellement féminine. Incrédule, la productrice compte «On a aussi des trans, on a des non-binaires, la majorité de la production appartient à la communauté LGBT». Là, on est carrément dans une notion de discrimination de sororité.

    Les accusations de «panique morale» vont pleuvoir ... comme à chaque fois qu’on s’inquiète de ce genre de dérive. Qu’on brandisse la panique morale, autant qu’on voudra. C’est toujours mieux que brûler les œuvres parce qu’on pense le public trop bête pour faire la part des choses et comprendre ce qu’est une œuvre façonnée par un artiste et une époque.

    Il y a pire que la panique morale, il y a les ciseaux d’Anastasie manipulés avec toute la bonne conscience de la vertu.

    Ce n’est plus En attendant Godot, c’est Oh les beaux jours de la bêtise.

  • Communion anglicane : le torchon brûle

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    D'Harriet Sherwood sur The Guardian :

    Les anglicans en colère contre les bénédictions homosexuelles remettent en question l'aptitude de Justin Welby à diriger.

    Un groupe représentant les églises du sud du monde se réunira pour envisager une action radicale suite à la décision du Conseil de l'Europe.

    10 février 2023

    Les églises anglicanes conservatrices des pays en développement se réuniront la semaine prochaine pour envisager une action radicale suite à la décision de l'Eglise d'Angleterre de bénir les couples de même sexe dans les mariages civils, en disant qu'elles remettent en question "l'aptitude de l'archevêque de Canterbury à diriger" l'Eglise mondiale.

    La Global South Fellowship of Anglican Churches (GSFA), qui représente des églises dans 24 pays et provinces, dont le Nigeria, le Kenya, l'Ouganda et le Rwanda, a déclaré que la nouvelle position de l'Église d'Angleterre "va à l'encontre de l'opinion majoritaire de la Communion anglicane".

    La "réalité" de la décision de l'Eglise (anglicane) d'Angleterre est un rejet de la doctrine selon laquelle le mariage est l'union à vie d'un homme et d'une femme, a-t-elle ajouté.

    Lundi, une douzaine de dirigeants d'églises clés du Sud devraient examiner les mesures à prendre pour occuper une position dominante dans la Communion anglicane, reléguant Justin Welby, qui, en tant qu'archevêque de Canterbury, dirige l'église mondiale de 85 millions de personnes, à un rôle marginal.

    Afin d'éviter une rupture irréparable, M. Welby a déclaré qu'il ne bénirait pas personnellement les mariages homosexuels. Mais les dirigeants conservateurs de l'Église ont mis en garde contre de profondes répercussions après le vote historique de l'organe directeur de l'Église, le Synode général, jeudi.

    Samy Fawzy Shehata, archevêque d'Alexandrie en Égypte, a déclaré au synode que "franchir la ligne de la bénédiction des unions homosexuelles aliénera 75% de la Communion anglicane" et "conduira finalement à une communion altérée et brisée". Il a exhorté l'Église catholique à ne pas "renoncer à sa position unique d'Église mère de la Communion anglicane".

    Stephen Kaziimba, l'archevêque d'Ouganda, a déclaré dans un communiqué vendredi : "Dieu ne peut pas bénir ce qu'il appelle le péché. Les membres de l'Église catholique se sont éloignés de la foi anglicane et sont maintenant de faux enseignants."

    Avant le vote du synode, l'archevêque Justin Badi Arama, chef de l'église anglicane du Sud-Soudan, a déclaré que Welby "ne défendait pas la vérité biblique", et que son rôle de leader moral de l'église mondiale avait été "gravement compromis".

    Henry Ndukuba, le primat de l'église massive du Nigéria, devait rencontrer ses évêques vendredi pour discuter de leur réponse.

    Le Gafcon, une coalition d'églises conservatrices, a déclaré que l'Église d'Angleterre avait "autorisé la bénédiction du péché" et qu'elle "avançait pas à pas pour accepter pleinement la pratique de l'homosexualité comme faisant partie de la vie et de la pratique de l'Église anglaise".

    Le GSFA, qui prétend représenter 75 % de l'Église anglicane mondiale, a déclaré qu'il prendrait "des mesures décisives pour réinitialiser la Communion anglicane". Ses membres ne quitteront pas l'Église mondiale, mais "c'est avec une grande tristesse qu'ils doivent reconnaître que l'Église d'Angleterre a désormais rejoint les provinces avec lesquelles la communion est compromise".

    Les Églises conservatrices ont déjà rompu leurs relations avec les Églises des États-Unis, du Canada, du Brésil, de la Nouvelle-Zélande, de l'Écosse et du Pays de Galles, qui offrent des mariages religieux aux couples de même sexe ou bénissent leurs mariages civils.

    Au cours du débat synodal, Folli Olokose, vicaire d'origine nigériane du diocèse de Guildford, a déclaré qu'un vote en faveur de la bénédiction des unions homosexuelles reviendrait à "planter un clou dans le cercueil de la Communion anglicane".

    Martin Warner, évêque de Chichester, a averti que l'égalité des mariages "minerait la confiance au sein de la Communion anglicane et serait considérée dans certains des pays les plus pauvres du monde comme un nouvel impérialisme".

    Contrairement à l'Eglise d'Angleterre, dont les assemblées diminuent d'année en année alors que les données officielles montrent que le christianisme est désormais une religion minoritaire en Angleterre, les églises du Sud connaissent une croissance rapide en taille et en influence.

    Lors du synode, M. Welby a été au bord des larmes lorsqu'il a reconnu que la bénédiction par l'Église des unions homosexuelles pourrait mettre les anglicans de certains pays en grand danger. "Des gens [vont] mourir, des femmes [vont] être violées, des enfants [vont] être torturés... Il ne s'agit pas seulement de ce que les gens disent, mais de ce qu'ils vont souffrir", a-t-il déclaré. "Je vous prie de croire qu'il n'y a rien dans ma vie, mon cœur ou mes prières qui arrive aussi haut que la sécurité et l'épanouissement des gens que j'aime dans la Communion anglicane."

  • Ukraine : les graves accusations de "Tribune Juive"

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    De Louis Daufresne sur La Sélection du Jour :

    Quand Tribune Juive nous fait voyager dans l'Ukraine néo-nazie

    Un an après le début de l'invasion de l'Ukraine, Volodymyr Zelensky vient de boucler à Bruxelles une tournée triomphale en Europe, après les étapes de Londres et Paris. Charles Michel, président du Conseil européen, le gratifia d’un tweet sans équivoque : « Bienvenue chez vous, bienvenue dans l’UE ! » Ému, Zelensky écouta l'hymne ukrainien la main sur le cœur (comme un Américain) aux côté de la présidente du Parlement Roberta Metsola saluant « une journée historique pour l'Europe ». Son style, aussi étudié qu’inchangé, rompt avec les usages diplomatiques : pull ou t-shirt vert, treillis militaire et grosses rangers : de quoi impressionner la flopée d’hommes en costumes sombres étriqués. Zelensky fait rimer Rambo et héros, comme s’il représentait la sentinelle de l’Occident. « Nous nous défendons, nous vous défendons », s’écria-t-il sous des applaudissements nourris. Mais s’il remercia « personnellement » les chefs d'État et de gouvernement de l'UE de leur « soutien sans faille », il les mit aussi sous pression : « Nous avons besoin d'artillerie, de munitions, de chars modernes, de missiles à longue portée, d'avions de chasse modernes », lança-t-il.

    Sur ce terrain, Emmanuel Macron se montre prudent. Dans la nuit, le président français estimait que les avions de chasse réclamés par l'Ukraine ne pourraient « en aucun cas » être livrés « dans les semaines qui viennent », estimant que « ça ne correspond pas aujourd'hui aux besoins ». Il s’agissait pourtant du message-clé martelé par Zelensky au cours du sommet de Bruxelles et tout au long de sa tournée européenne. Pour Macron, il vaut mieux « intensifier » les livraisons des « éléments d'artillerie permettant de lancer des offensives terrestres ou de résister ».

    L’Union européenne et ses États membres évaluent à « au moins » 67 milliards d’euros leur soutien militaire, financier et humanitaire à Kiev depuis le début du conflit le 24 février 2022. Ce « soutien sans faille » est propre au temps de la guerre, de l’union sacrée à laquelle communient les media occidentaux. Dans ce climat, il est malséant de s’interroger sur le régime ukrainien, en particulier sur son rapport au nazisme. Ne regardons pas la dégaine paramilitaire de Zelensky, anecdotique. Voyons plutôt la mémoire que l’Ukraine forge dans des monuments depuis la révolution de Maïdan en février 2014.

    C’est Tribune Juive qui s’intéresse à ce sujet et on comprend pourquoi : un quart des Juifs assassinés pendant la Seconde Guerre mondiale venaient d’Ukraine. L’article provient du site juif américain The Forward, auteur d’une série « consacrée à travers le monde aux monuments à la mémoire de collaborateurs nazis ». Et en Ukraine, « on peut dire qu’ils ont été servis », note Tribune Juive. La recension fait 62 pages (!). Il s’agit d’un « voyage dans l’Ukraine néo-nazie » de ville en ville, de monument en monument, photos à l’appui : statues, bustes, plaques, noms de rue, bannières, bas-reliefs, complexes commémoratifs, musées, mémoriaux, tout y passe et la liste est longue.

    Ce qui frappe, ce sont les dates. Notez-les bien car tout cela est très récent : « Depuis (…) 2014, de nombreux monuments ont été érigés (…), parfois jusqu’à un nouveau chaque semaine », indique Tribune Juive. L’article de The Forward remonte au 27 janvier 2021, soit plus d’un an avant l’invasion russe, à un moment où le conflit dans le Donbass était fort peu couvert par les media. Et c’est « au cours des six dernières années, poursuit The Forward, [que] le pays a institutionnalisé le culte de l’Organisation paramilitaire des nationalistes ukrainiens (OUN) et de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA) ». Cette fureur mémorielle subjugue par son étendue et son intensité. En 2016, un grand boulevard de Kiev a été rebaptisé du nom de Stepan Bandera (1909-1959), « figure majeure vénérée dans l’Ukraine d’aujourd’hui »« Un changement obscène, relève The Forward, puisque la rue mène à Babi Yar, le ravin où les nazis, aidés de leurs collaborateurs ukrainiens, ont exterminé 33 771 juifs en deux jours ».

    Cette réalité interroge la conscience européenne à l’heure où Volodymyr Zelensky se voit « accueilli en héros », selon l’AFP, par les institutions de l’UE. Entendons-nous bien : parler de cette mémoire néo-nazie toujours exaltée ne revient pas à cautionner l’agression russe, ni à plaider pour le discours de Vladimir Poutine sur la dénazification de l’Ukraine. Le « soutien sans faille » à Zelensky pose juste une question existentielle à l’Europe de Bruxelles, laquelle s'est construite sur le rejet du racisme et de l’antisémitisme et le dépassement du nationalisme.

    Pour aller plus loin :

    Lev Golinkin. Monuments aux collaborateurs nazis en Ukraine. 27 Janvier 2021

    (abondamment illustré)

    >>> Lire sur Tribune Juive

  • Benoît XVI "responsable de la ruine de l'Eglise" ?

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    C'est ce qu'affirme le frère François de Marie des Anges dans un long et impitoyable réquisitoire sur la parution mensuelle de la Contre-Réforme Catholique au XXIème siècle. Extraits :

    entendre le concert d’éloges dithyrambiques qui suivit la mort du pape Benoît XVI, du moins dans certains milieux conservateurs et traditionalistes, on pourrait croire qu’il sera un jour proclamé docteur de l’Église. « C’est un Pape, écrit Laurent Dandrieu, qui aura tenu bon “ devant les loups ”, pour réen­raciner (sic) l’Église dans le Christ et la laisser plus “ affermie dans la foi ”, apte à remplir sa mission de constituer “ le sel de la terre ”. » Le pape François lui-même décrit son prédécesseur comme « un maître de la foi » dont « la pensée et le magistère sont et resteront toujours féconds dans le temps ». Il l’affirme dans la préface d’un recueil de citations de Benoît XVI à paraître.

    Nous pensons, au contraire, que pour la purification de l’Église si nécessaire et la restauration du dogme de la foi, il faudra jeter l’anathème sur ses écrits et sur ses discours." (...)

    "... revenons à Benoît XVI. En 2010, cinq ans après son élection au souverain pontificat, interrogé par son ami, le journaliste Peter Seewald, il affirmait qu’un Pape ne devait pas démissionner lorsqu’il rencontrait des difficultés :

    « Quand le danger est grand, il ne faut pas s’enfuir. Le moment n’est donc sûrement pas venu de se retirer. C’est justement dans ce genre de moments qu’il faut tenir bon et dominer la situation difficile. C’est ma conception. On peut se retirer dans un moment calme, ou quand tout simplement on ne peut plus. Mais on ne doit pas s’enfuir au milieu du danger et dire :  Qu’un autre s’en occupe. ” » (Lumière du monde, éd. Bayard, p. 50)

    Néanmoins, trois ans plus tard, le 28 février 2013, confronté à toutes sortes de graves scandales, des scandales de mœurs notamment, il évoquait le visage de l’Église « défigurée » et il démissionnait de sa charge. Cependant, la cause de ces épouvantables désordres, au sein même de l’Église, Benoît XVI voulait à toute force la méconnaître, renouvelant son adhésion enthousiaste à Vatican II au moment même où il annonçait sa démission.

    En effet, dans son entretien avec le clergé romain du 14 février 2013, il mettait encore ses espoirs dans le « Concile réel » qu’il opposait au « Concile des médias » et à celui « des journalistes » qu’il qualifiait de « Concile virtuel. Nous savons comment ce Concile des médias, accessibles à tous, dominant, a créé tant de calamités, de problèmes : des séminaires et des couvents fermés, etc. », accusait-il avant de conclure : « Le Concile virtuel a été plus fort que le Concile réel. Cinquante ans après apparaît notre propre devoir issu du Concile réel, que ce Concile-là, vrai, puisse véritablement renouveler l’Église. » (...)

    ... l’une des plus graves fautes du futur Benoît XVI, comme nous allons le voir, ce fut d’avoir travaillé, en tant qu’expert de Vatican II, à la destruction de la suprême inquisition romaine, à savoir le Saint-Office.

    Ne voulant pas reconnaître le constat de faillite de son Concile et de son pontificat, il a persisté dans ses erreurs jusqu’à sa mort. Son testament est une action de grâces pour la création et les grâces reçues au cours de sa longue vie, mais il ne contient aucune mention de l’état réel de l’Église et de son effondrement. On n’y trouve aucun souci des âmes qui en souffrent et se perdent, ni même un semblant de retour sur lui-même pour évoquer sa responsabilité dans ce naufrage universel. Bref, il ne contient aucune rétractation." (...)

    Suit un long (et documenté) développement sur le rôle joué par l'abbé Ratzinger lors de Vatican II et dans le démantèlement du Saint-Office. La suite du réquisitoire incrimine "le modernisme" du cardinal puis du pape Benoît XVI, enfin "son adhésion au MASDU" et son "opposition à Notre-Dame de Fatima".