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Eglise - Page 1043

  • Un lynchage post-léonardien pas très catholique au Royaume de Belgique

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    CARTE BLANCHE

    Lynchage post-léonardien pas très catholique au Royaume de Belgique

    Pierre PICCININ da PRATA

     

    L’Église catholique aime se tirer régulièrement une balle dans le pied.

    Cette fois, c’est l’histoire d’un prof’ de religion qui enseignait les Évangiles et la Trinité à ses élèves. Pas normal, tout ça ! C’est en tout cas ainsi qu’en a jugé sa hiérarchie…

    Je l’ai rencontré ; catholique pratiquant et ayant moi-même un long passé d’enseignant, son récit m’a ému, et je voudrais vous raconter cette histoire.

    Elle commence il y a vingt ans, lorsque qu’Arnaud Dumouch, tout jeune professeur de religion catholique, est embauché dans une école libre du diocèse de Tournai. Fidèle à la foi catholique romaine, il enseigne selon le catéchisme de l’Église, le Magistère, et pratique la pastorale impulsée par Vatican II, l’ouverture et l’accueil ; il réconcilie ainsi l’amour et la vérité, que d’autres voudraient opposer.

    Mais il se heurte d’emblée à son supérieur, un prêtre de ce clergé vieillissant imprégné des idéaux de mai ’68, qui prêche la tolérance mais dont le cœur est devenu dur et aigri, à la mesure du bilan de son échec qu’il refuse d’admettre, s’attaquant avec hargne au traditionalisme dès qu’il croit en percevoir la repousse. Inspecteur du cours de religion, le prêtre s’acharne sur le jeune professeur. Arnaud Dumouch est ainsi chassé de son école par le soixante-huitard devenu pharisien à son tour, et il trouve finalement refuge à l’Institut Saint-Joseph, à Châtelet. Les années s’écoulent, heureuses… Il y est nommé à titre définitif, en 2003.

    Tout recommence en 2010 : le prêtre qui lui avait fait la chasse est devenu le vicaire épiscopal en charge de l’enseignement dans le diocèse de Tournai. Il réattaque, et s’ensuivent des inspections à répétition, effectuées par un des Frères des Écoles chrétiennes (de la Congrégation de Saint Jean-Baptiste de La Salle), dont dépend l’institut. Le frère survient régulièrement à l’improviste et s’assoit tout au fond de la salle de cours, sans adresser la parole au professeur ; il s’enfuit avant que la cloche retentisse…

    Jusqu’à ce jour de 2012 où Arnaud Dumouch est convoqué par ses « juges » : dans une salle de l’institut, sa direction l’attend ; le frère est aussi présent. Plus de quatre cents reproches lui sont énoncés. « Comment peut-on encore suivre le Magistère aujourd’hui, après l’affaire Galilée ?! », s’écrie le frère. Le professeur explique que l’affaire Galilée n’engage en rien le Magistère, qui ne concerne que la foi : que la terre soit plate ou ronde n’a rien à voir avec le Magistère.

    « Vous avez enseigné à vos élèves que le Christ est ‘vraiment’ ressuscité ! Mais ce n’est qu’un symbole ! Vous faites dans l’ésotérisme ! », renchérit un autre. Devant de telles aberrations, qui frisent l’hérésie, Arnaud Dumouch croit à un cauchemar, lui qui a publié plusieurs ouvrages de théologie, qui ont tous reçu l’imprimatur de l’archevêché de Paris. Il essaie de se défendre, cite les textes canoniques, mais sa hiérarchie n’écoute pas ; le verdict du « procès » est entendu d’avance. Galilée, face à ses juges…

    « Vous devez vous concentrer uniquement sur des thèmes de société : la tolérance, la citoyenneté, la démocratie ! », renchérit sa direction. « La Trinité et la vie après la mort, le péché et le pardon, c’est ridicule ! Ça n’intéresse personne ! » Il faut donc laïciser le cours de religion, et ne plus y parler de… religion.

    Le prof’ résiste, se référant au programme. Mais les inspections se poursuivent…

    Le 23 août 2013, Mgr Harpigny, évêque de Tournai, reçoit Arnaud Dumouch à la demande du Vatican, du Cardinal Müller, Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, favorable au professeur de religion dont Benoît XVI avait cité les travaux, sur lesquels le Pape s’était appuyé pour rédiger son encyclique Spe Salvi.

    Mais rien n’y fait : l’inspection suspend Arnaud Dumouch pour trois mois ; et, à peine rentré, en janvier 2014, les inspections reprennent…

    Il porte alors plainte au bureau de police de Châtelet, pour harcèlement moral, sur les conseils de l’archevêque, Mgr Léonard, Primat de Belgique, qui a été informé des événements. Les inspections cessent et l’année scolaire s’achève dans la paix…

    En septembre 2014, toutefois, c’est la direction de Saint-Joseph qui prend le relais, tentant de multiplier les reproches disciplinaires. Un jour où l’enseignant avait autorisé une de ses élèves, à peine sortie d’une tentative de suicide, à partager un gâteau d’anniversaire avec ses condisciples, le directeur déboule dans la salle de cours : « C’est quoi, ce bazar ?! » La jeune fille lui tend une part du gâteau ; le directeur l’accepte et sort. Mais, pour ces quelques minutes de compassion accordées à une élève fragilisée, un rapport, accablant, tombera quelques jours plus tard.

    Le ministère de l’Enseignement de la Communauté française déclarera tous les reproches disciplinaires absurdes et non-recevables.

    Mais une dernière inspection a lieu, en mars 2015… Les élèves d’Arnaud Dumouch présentent des exposés sur les miracles de Lourdes. L’inspecteur s’insurge : « Les miracles de Lourdes ?! Mais c’est n’importe quoi ! C’est de la magie ! D’ailleurs, citez-moi un seul miracle de l’Évangile qui soit réel ! »

    - La résurrection du Christ, répond le professeur. C’est le miracle des miracles ! Au moins… non ?

    Début juillet 2015, le visa ecclésiastique d’Arnaud Dumouch lui est retiré par les Frères des Écoles chrétiennes ; il ne peut plus enseigner la religion catholique. Le professeur engage un recours auprès de l’évêque de Tournai et de la Chambre des recours de l’enseignement libre confessionnel. Il ne reçoit aucune réponse.

    Six mois plus tard, le 12 décembre 2015, Mgr Léonard quitte l’archevêché ; le Primat de Belgique part à la retraire. Quelques jours plus tard, Arnaud Dumouch est soudainement convoqué par la Chambre des recours, où siège le frère qui l’a harcelé pendant des années.

    Le retrait du visa est confirmé et le professeur apprend peu après, par un sms d’un de ses élèves, que sa direction a pris la décision de le licencier.

    Les élèves d’Arnaud Dumouch n’acceptent pas cette injustice ; ils signent massivement une pétition mise en ligne le 14 janvier 2016. Près de deux-mille de ses élèves et anciens élèves la signent.

    Le 15 janvier 2016, Arnaud Dumouch dépose un recours à Rome, en s’adressant au Nonce apostolique à Bruxelles, Mgr Berloco. Le recours est suspensif et le professeur devrait être ipso facto réintégré à l’Institut Saint-Joseph. Sa direction lui refuse cependant l’entrée…

    Il est étonnant de constater que l’histoire que je vous ai racontée ne fait aucun bruit dans les médias.  Quand, il y a des années, Marcel Penasse avait subi le même sort chez les Sœurs de Beauraing, mais pour avoir ouvertement défendu l'avortement, ce fut un tollé dans tous les quotidiens du Royaume. Arnaud Dumouch, malheureusement pour lui, est catholique ; et prendre sa défense ne fait pas recette.

    Aujourd’hui, Arnaud Dumouch, soutenu par ses élèves, espère simplement un peu de justice et de charité chrétienne, et retrouver son travail pour faire vivre sa famille.

    En outre, il reste convaincu que l’Église de la vérité et celle de l’amour ne font qu’une. Et que le cours de religion ne doit pas devenir la pâle copie du cours de morale laïque…

     Comité de soutien et pétition en faveur d’Arnaud DUMOUCH :

    https://www.change.org/p/comit%C3%A9-de-soutien-%C3%A0-arnaud-dumouch-non-au-retrait-de-visa-eccl%C3%A9siastique-et-au-licenciement-du-professeur-a-dumouchsseur-a-dumouch

  • Luthériens : les deux anniversaires de 2017 à Rome

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    Lu sur le site de l’agence Zenit : entretien avec le pasteur Kruse qui a accueilli deux papes:

    MTE1ODA0OTcxNzA3MjM3OTAx.jpg« 2017 sera pour nous une double célébration : outre les 500 ans de la Réforme luthérienne, nous fêterons aussi les 200 ans de notre présence à Rome », explique le pasteur de la Communauté évangélique luthérienne de Rome, Jens-Martin Kruse, dans une interview accordée à Zenit (Federico Cenci).

    « Nous sommes là depuis environ un siècle, quand la communauté a construit l’édifice sur un terrain acquis avec l’aide économique du roi prussien, là où se trouvait autrefois la Villa Ludovisi », explique-t-il : « La communauté remonte à 1817, mais pendant les cent premières années, le culte évangélique se pratiquait dans les murs de l’ambassade de Prusse près le Saint-Siège, aujourd’hui le siège des Musées du Capitole. »

    Les temps où le culte protestant était interdit à Rome semblent lointains. Aujourd’hui, le Rév. Kruse affirme « se sentir chez lui » et guide une communauté d’environ 500 membres qu’il définit comme « très vivante ». Pour lui, la présence d’autres communautés chrétiennes fait de Rome la « capitale de toutes les Églises du monde » et il se dit « fier de porter la voix luthérienne dans ce concert de l’œcuménisme ».

    Il évoque la visite du pape François, en novembre dernier : « Cela a été une très belle rencontre parce que toute la communauté a pu percevoir que le pape François interprète l’esprit de l’Évangile. Cela a été une rencontre entre amis, à l’enseigne de la confiance et de l’amour : nous avons prié ensemble et nous avons pu écouter sa splendide homélie sur un passage de l’Évangile. »

    En 2010, le pasteur avait accueilli Benoît XVI : « Nous avons parlé en allemand sur un ton très fraternel », confie-t-il.

    Le Rév. Kruse souligne « l’importance œcuménique » de sa communauté, lieu de visite des papes. Mais la récente visite du pape François a eu ceci de très spécial « que, pour la première fois, un pape s’est rendu disponible pour répondre aux questions des personnes présentes ».

    Une luthérienne, mariée à un catholique, a soulevé la question de l’« intercommunion » entre protestants et catholiques, c’est-à-dire la possibilité de recevoir l’Eucharistie dans les célébrations communes. Le pape a invité à se référer au baptême et à « prendre les conséquences » de ce sacrement commun.

    Le pasteur explique sa propre compréhension de l’Eucharistie : « Il n’y a pas une grande différence entre catholiques, luthériens et anglicans : nous pensons tous que le pain et le vin sont le Corps et le Sang de Jésus-Christ. »  Il conclut que la communion « est un objectif réaliste, surtout avec ce pape parce qu’il a compris le grave problème de ces couples mixtes qui ne peuvent pas participer ensemble à la Cène du Seigneur ».

    Il rappelle que « nombreuses sont les communautés de catholiques et de protestants qui prient ensemble, surtout en cette semaine traditionnellement consacrée à la prière pour l’unité des chrétiens » dont une liturgie sous le signe des chrétiens persécutés : « Le témoignage de ces martyrs nous enseigne l’unité, affirme le Rév. Kruse, parce qu’ils sont tués non pas en raison de leur appartenance à l’Église catholique ou protestante, mais parce qu’ils sont chrétiens. »

    « Dans toute l’Europe se répand un désintérêt vis-à-vis de l’Église », constate le Rév. Kruse. Il invite au contraire les chrétiens « à annoncer l’Évangile sans peur et à le vivre au quotidien. Comme le dit toujours le pape François, nous devons sortir de nos églises pour témoigner auprès de la société ».

    Il estime qu’un pas important a été effectué l’été dernier par l’Église évangélique en Allemagne (EKD), qui a condamné publiquement la destruction d’images religieuses par les protestants, au XVIe siècle : « Je considère que, comme premier pas vers l’unité, toutes les Églises doivent reconnaître leurs propres erreurs historiques et demander pardon. Pour nous, il est donc important d’admettre que nous avons causé du tort à nos frères catholiques. »

    Pour le pasteur luthérien, c’est le regretté cardinal Johannes Willebrands (1909-2006), président émérite du Conseil pontifical pour la promotion de l’unité des chrétiens, qui a donné le premier l’exemple en 1972, « lorsqu’il a demandé pardon aux Églises luthériennes ». En ce sens, on pourrait aussi ajouter ce qu’a affirmé le prédicateur de la Maison pontificale, le P. Raniero Cantalamessa, dans une de ses homélies de l’Avent. Il a dit que, souvent, les catholiques ont « contribué à rendre Marie inacceptable pour nos frères protestants, en l’honorant de façon parfois exagérée et inconsidérée ».

    Marie reste importante pour les protestants, « en tant que mère de Jésus-Christ », précise le Rév. Kruse, rappelant que Luther honorait Marie en chantant tous les jours le Magnificat.

    Et à propos du fondateur de la Réforme, le Rév. Kruse reconnaît que, pour beaucoup de ses coreligionnaires, le 500e anniversaire de cet événement sera l’occasion « d’exalter Luther et sa Réforme » : le pasteur invite plutôt à profiter de cette célébration, non seulement pour « faire un pas de plus vers l’œcuménisme », mais aussi pour « réfléchir sereinement sur la figure de Luther, pour reconnaître dans son message ce qui est important aujourd’hui pour notre foi et ce qui ne l’est plus ». D’ailleurs, conclut-il, « l’Église luthérienne ne naît pas avec Luther, mais avec Jésus-Christ, à la Pentecôte ».

    © Traduction de Zenit, Constance Roques »

    Ref. Luthériens : les deux anniversaires de 2017 à Rome 

    Quelle que soit la complexité du personnage de Martin Luther, faut-il vraiment fêter le 500e anniversaire du "Jour de la Réformation" (31 octobre 1517) où le moine augustin aurait affiché ses 95 thèses sur la porte de la Schlosskirche de Wittenberg ?  

    Pour mémoire, ces thèses furent condamnées par Léon X (bulle "Exsurge Domine" du 15 juin 1520) non pas à la légère mais après un dialogue approfondi de l’hérésiarque avec l’un des meilleurs théologiens de son époque : le cardinal Cajetan.

    Toutes les hérésies comportent leur part de vérité, leur tort est d'être exclusives. Benoît XVI a dit un jour sa sympathie pour l'homme qui avait une relation passionnée avec Jésus : « La pensée de Luther est complètement christocentrique : ce qui promeut la cause du Christ était pour Luther le critère herméneutique décisif dans l'interprétation de la Sainte Ecriture. Cela suppose toutefois que le Christ soit au centre de notre spiritualité et que l'amour que nous avons pour lui, la convivance avec lui orientent notre vie».Mais à la question de savoir si de nos jours ses thèses seraient encore condamnées le pape Benoît a répondu par l’affirmative.

    Dans l’Eglise, tout n’est pas une pure question subjective livrée au libre examen de la conscience, comme pourrait le laisser croire la réponse informelle donnée par le pape François à la question de l’intercommunion entre luthériens et catholiques,

    De même, prétendre qu’il y aurait « peu de différences »  entre catholiques et protestants au sujet de la présence réelle du Christ dans la sainte Cène paraît abusif dès lors qu’un réformé ne partage pas la conception catholique des sacrements, en particulier du sacerdoce ministériel sans lequel il n’y a pas d’eucharistie valide.  

    Faut-il aussi oublier l’adage « De Maria numquam satis » ? On appréciera à sa juste valeur la citation du P. Raniero Cantalamessa, prédicateur de la maison pontificale, selon laquelle les catholiques ont « contribué à rendre Marie inacceptable pour nos frères protestants, en l’honorant de façon parfois exagérée et inconsidérée ».

    JPSC

  • Mariage chrétien : l’exemple de l’Afrique

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    Rédigé par le chanoine Thibaut de Ternay, ICRSP le 20 janvier 2016 dans Tribune libre sur le site du bimensuel « L’homme nouveau » :

    Famille_africaine.jpgLe Synode sur la famille a laissé plus d’un fidèle désemparé sur les interprétations concernant la question de l’admission ou non des divorcés remariés à la communion. Le chanoine Ternay en mission au Gabon de 2008 à 2011 témoigne en pasteur des fidèles africaines qui, ayant renoncé à une vie irrégulière, trouvaient avec la Croix la joie que donne le Christ.

    En lien avec l’actualité de ces derniers mois, je suis marqué par le synode sur la famille qui a eu le mérite d’aborder un certain nombre de points, même si l’impression laissée pourrait se résumer sur la question des divorcés remariés et l’Eucharistie. Ce synode laissera une source de travail intéressante au service de la Tradition de l’Église multiséculaire, grâce aux nombreux cardinaux et évêques qui ont voulu avec courage défendre la doctrine et la clarté de l’Évangile face à un courant kaspérien qui souhaite pouvoir ouvrir le Sacrement aux Hommes exprimant leur souffrance de privation de la communion eucharistique. Pour cela on mettra en place un chemin pénitentiel où  l’homme et la femme vivant une deuxième union et montrant une capacité à la fidélité dans le temps, pourraient alors recevoir la sainte Eucharistie. En quelque sorte, il faudrait  s’adapter  par  souci pastoral à la personne en fonction des circonstances, et non plus en fonction de l’Évangile, en prenant finalement le risque de devoir écrire un nouvel évangile. Paradoxalement, on  défendra l’Évangile, au prix de mille contorsions, pour ne pas mettre au pilori la doctrine de l’indissolubilité du mariage. Dans la pratique, l’esprit ambiant faisant force de loi, elle deviendra une image d’Épinal.

    Pastoralement, que ferons nous dans nos paroisses ? Faudra t-il mettre sur un même pied d’égalité les couples qui vivent la fidélité dans une deuxième union, et un couple qui vit la fidélité dans l’unité du Sacrement ? Pourront-ils, au même titre que les autres, préparer nos jeunes au mariage? Difficile de ne pas leur donner cet accès si on les admet à l’Eucharistie, et comment pourront-ils parler de l’indissolubilité du mariage ? Que ferons-nous de ceux qui vivent l’exigence de l’Évangile ? Avant d’être un désastre sur le plan doctrinal, le courant kaspérien est d’abord un naufrage sur le plan pastoral.

    Le drame de l'infidélité

    Une des grandes calamités  de notre temps est celle de l’infidélité éloignant l’homme de Dieu. L’idée d’un chemin pénitentiel marqué par une théologie de la gradualité pour mettre en avant la fidélité d’une deuxième union et permettre aux couples de reprendre le chemin de la communion eucharistique, est un péché. C’est un péché, car à la base il y aura toujours l’infidélité du mariage sacramentel rompu par le drame du divorce. L’Évangile ne veut pas dire que l’on ne comprend pas le monde, ni que l’on ferme la porte à celui qui vit dans le péché, parfois malgré lui. Le Christ n’a pas eu peur d’entrer dans la maison du pécheur, non pour le conforter dans sa fange, mais pour l’inviter à sortir du vieil homme pour aller puiser, tel un cerf, à la source de celui qui est l’Amour. Cela demande de faire le choix de la conversion où Dieu notre Créateur devient véritablement le moteur de notre vie. Le choix de vie pour être fidèle à l’exigence de l’Évangile n’est pas facile, mais il est possible si le pécheur rencontre dans le pasteur, le Bon Pasteur  qui aime ses brebis en étant capable de faire confiance aux brebis en bonne santé pour aller chercher la brebis égarée et la ramener au troupeau de l’Unité.  

    Curé de 2008 à 2011 de la paroisse Notre Dame de Lourdes à Libreville au Gabon, j’ai connu des choix de vie qui ont édifié toute la paroisse. Je prendrai l’exemple de ces femmes ayant rencontré un homme qui a eu la bonté de les aider pour payer des études ou un logement. Cette bonté n’était qu’apparente car en réalité cela se traduisait par « un droit de cuissage » où la femme pouvait ainsi montrer sa reconnaissance en devenant « amante » de son mentor. C’est ni plus ni moins qu’une forme de prostitution. Ces femmes qui découvraient la paroisse et qui prenaient l’habitude de pratiquer, ne manquaient pas d’intégrer des groupes de prière, de catéchisme pour adultes, et devenaient ainsi actives dans la vie paroissiale.

    Laisser la grâce agir

    Quand les habitudes de la pratique étaient bien en place, que la grâce agissait dans l’âme et que cette grâce était perçue, acceptée et vécue dans une union au Seigneur, ces femmes me faisaient part de leur grande souffrance de ne pas pouvoir communier, ni recevoir l’absolution, du fait qu’elles vivaient dans une structure de péché. Cette souffrance de voir ces âmes ne pas pouvoir communier transperçait mon cœur de Prêtre. Les voir grandir dans la paroisse de semaine en semaine, de mois en mois… me permettait d’avoir un lien spirituel avec ces âmes qui se traduisait par une grande confiance réciproque. Ainsi, sans aller plus vite que la grâce, pour reprendre l’expression de Saint François de Sales  (« Il ne faut pas enjamber la Providence »), lorsqu’elles venaient pour me demander comment faire pour recevoir Jésus-Hostie et pour pouvoir recevoir l’absolution au confessionnal, je les jugeais prêtes à entendre le langage de l’Amour, lequel  passe par l’exigence de la conversion. Reprenant la Genèse, particulièrement le passage où l’homme est modelé à l’image et à la ressemblance de Dieu, je leur posais cette question : Que fais-tu de ta dignité de femme  par rapport à la création où Dieu t’a créée à son image et à sa ressemblance ?  Es-tu prête à faire un choix de vie pour rompre avec la structure de péché dans laquelle tu vis ? Quelques jours après, j’avais la réponse. Elle se traduisait par un choix de vie basé sur le Christ et l’acceptation de la Croix, et donc une rupture avec le péché entrainant un terme au « droit de cuissage ». Ce choix était courageux, car il entrainait immédiatement l’arrêt de l’aide que le mentor pouvait donner tous les mois. Cela entrainait une misère plus grande pour ces femmes qui devaient trouver un nouveau logement…

    Une joie rayonnante

    Je me souviens d’avoir béni une maison en béton de 12 m², sans fenêtres, où vivait une de ces femmes avec 4 enfants, de pères différents. Cette femme qui avait retrouvé le chemin de la Communion était joyeuse et rayonnante ; elle entrainait de nouvelles âmes à la paroisse. Cette joie rayonnante et missionnaire, nous la trouvions avec mes confrères chez toutes ces femmes qui avaient fait le choix d’une vraie conversion.

    Après, il est évident que l’accompagnement spirituel de ces personnes demande aussi de développer des structures permettant de leur trouver du travail, un logement plus décent, de scolariser les enfants, etc. Une autre phrase de Saint François de Sales marque bien ce qui se passe dans l’âme qui choisit l’exigence de la conversion :« Oh Philothée, plantez en votre cœur la Croix du Christ et vous récolterez une pluie de roses ». Il n’y a pas de conversion sans la Croix, et il n’y a pas de joie sans conversion.

    En cette année jubilaire de la Miséricorde, n’ayons pas peur d’annoncer duc in altum la Croix du Christ pour libérer en nous la joie trop souvent emprisonnée par nos péchés. Saint Louis partait en croisade pour libérer les chrétiens captifs et libérer la Terre Sainte ; aujourd’hui la nouvelle croisade c’est d’annoncer la Croix, la conversion par nos choix de vie pour libérer la joie qui nous permet de mieux s’unir au divin Cœur de Jésus, en utilisant trois armes : l’Amour, il nous faut aimer le pécheur ; la Prudence, il nous faut détester le péché ; et la Prière car sans la grâce je ne suis capable de rien. »

    Ref. Mariage chrétien : l’exemple de l’Afrique

    Toute la question  est de savoir si l’exhortation post-synodale du pape François dissipera ou ajoutera à la confusion « pastorale » ambiante.

    JPSC

  • Daesh a réduit en poussière le plus ancien monastère d'Irak

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    Lu sur aleteia.org (Philippe Oswald) :

    L’État islamique a réduit en poussière le plus ancien monastère d’Irak

    Des photos satellites le confirment : l’antique temple Saint-Elie de Mossoul, vieux de 1400 ans, a été victime de la fureur destructrice de Daesh.

    Les autorités religieuses le redoutaient, depuis la prise de la ville par les djihadistes de l’Etat islamique, en juin 2014. Les photos satellites de l’agence de presse américaine Associated Press (AP)  le confirment : le plus ancien monastère chrétien d’Irak, le temple Saint-Elie de Mossoul, construit entre 582 et 590, a été rasé par l’État islamique.

    « Les murs ont été pulvérisés »

    Le vénérable sanctuaire a rejoint la longue liste des destructions perpétrées par Daech sur les territoires dont il s’est emparé en Irak (notamment les œuvres du musée de Mossoul cf. Aleteia) et en Syrie (en particulier le site antique de Palmyre cf. Aleteia). A ce jour, les islamistes auraient détruit une centaine de sites religieux et historiques, musées et sites archéologiques, bibliothèques, sanctuaires, églises et  mosquées, tombeaux, en Syrie et en Irak.

    « A la demande de l’agence de presse américaine AP, le cabinet d’imagerie spatiale DigitalGlobe a pris des photos satellite du site. En les comparant avec des images antérieures, DigitalGlobe a pu identifier la date du «crime» : entre le 27 août et le 28 septembre 2014. Avant le 27 août, même sans toit, le monastère avait encore ses 26 chambres, son sanctuaire et sa chapelle. Un mois plus tard, «les murs de pierre ont été littéralement pulvérisés», constate pour AP le spécialiste en imagerie satellitaire Stephen Wood, PDG de l’analyse AllSource » rapporte le magazineGeopolis de FranceTV.info.

     «Je ne peux pas décrire ma tristesse»

    « L’édifice avait survécu à des siècles de catastrophes naturelles et humaines. Des générations de moines avaient prié dans sa chapelle à la lumière de la bougie. Sur la porte d’entrée, avaient été creusées les lettres grecques «chi» et «rho», représentant les deux premières lettres du nom du Christ dans l’alphabet grec » relève Le Figaro.

    «Je ne peux pas décrire ma tristesse», a confié à l’AP (en anglais) le révérend Paul Thabit Habib, natif de Mossoul, depuis son exil dans la ville d’Erbil : «Notre histoire chrétienne à Mossoul est victime d’une barbarie jamais égalée. Nous voyons cela comme une tentative de nous expulser d’Irak et de nous éliminer de cette terre.»

    De fait, les chrétiens d’Irak qui étaient environ 1,3 million, ne seraient plus que 300.000, selon les estimations des autorités ecclésiastiques. La présence des chrétiens en Irak remonte à plus de 2 000 ans.

  • Banneux, 19-21 février : Winter Forum – Forum d’hiver 2016 (Emmanuel Youth)

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    cover-winterforum-16x9.jpgWinter Forum 2016 in Belgium

    Forum d’hiver en Belgique / Winter Forum in Belgium

    Viens réveiller ou booster ta foi pour un week-end de feu !
    Kom en boost je geloof tijdens dit vurige weekend !
    Come and boost your faith for a great week-end !

    Thème: « You raise me up. »

    Du vendredi 19 – 19h00 au dimanche 21 février 2016 – 15h00
    Vrijdag  19 – 19u tot zondag  21 februari – 15u00

    En union avec le Forum d’Hiver de Paray-le-Monial !
    In gebed met het Forum d’Hiver in Paray-le-Monial !

    Un week-end 18-30 ans pour recharger tes batteries !
    Rencontres, concerts, louange, prière, foi, nature, fun, walk & talk, amitiés.

    Een weekend 18-30 jaar, om je batterijen weer volmaken !
    Ontmoetingen, concerten, lofprijzing, gebed, geloof, natuur, fun, walk & talk, vriendschap.

    Registrations / inscriptions:

    https://docs.google.com/forms/d/1KEkR3jU-ln3ZjZSoUdEaVCXMFbhuHyPQjq2KRCDII-0/viewform

    Join the event on facebook : winter forum 2016

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    Deux soirées de feu / Twee vurige avonds:

    Vendredi /vrijdag : veillée intro et concert-after met de groep CrossWind (publieksprijs / prix du public Festicert 2015) !

    Banner-Crosswind-WinterForum-253x100.jpg

    Le samedi soir / zaterdag avond:  concert-louange-prière exceptionnel avec le groupe Alegria qui vient de France avec ses 15 musiciens et chanteurs ! Uitzonderlijke Concert-lofprijzing-avond met Alegria vanuit Parijs met 15 muzikanten en zangers.

    Banner-Alegria-groupe-winterforum2016-100x253-1024x435.jpg

    Guests

     Mgr-Kockerols-rond Mgr Jean Kockerols,
    NL: Hulpbisschop voor het vicariaat Brussel, referent voor de (Franstalige) jongerenpastoraal
    FR : Evêque auxiliaire pour le vicariat de Bruxelles, référent pour la pastorale des jeunes.
    Mgr Jean-Pierre Delville,
    NL: bisschop van het bisdom Luik,
    FR: évêque du diocèse de Liège
    past Professor of History at Université Catholique de Louvain
    carine-dequenne-rond Carine Dequenne
    FR: célibataire pour le Royaume dans l’Emmanuel travaillant pour la Congrégation de la vie consacrée à Rome
    NL: single voor het Koninkrijk in de Emmanuel Gemeenschap, werkt voor de Congregatie van Gewijd Leven in Rome
    Olivier-Bonnewijn-circle Chanoine Olivier Bonnewijn,
    FR: fondateur des petits camps de Beauraing. Prêtre membre de la Communauté de l’Emmanuel et vicaire épiscopal à la formation du diocèse de Malines-Bruxelles.
    NL: oprichter van de kleine Beauraing campen, Priester van de Gemeenschap Emmanuel, bisschoppelijk vicaris voor kerkelijke opleiding en vorming in de bisdom Mechelen-Brussel.
    gregoryturpin-detoure2 Grégory Turpin
    FR: Sa carrière musicale et son engagement spirituel sont indissociables.
    NL: Zijn muzikale carrière en zijn spirituele commitment zijn onafscheidelijk.
    ESM Emmanuel School of Mission
    FR: Une délégation de l’ESM Paray, composée de belges et néerlandais sera présente !
    NL: Een delegatie van het ESM Paray, samengesteld uit Belgische en Nederlandse jongeren zullen aanwezig zijn!

    Départs en voitures ou trains depuis Bruxelles, LLN, Namur, Liège  !
    Speciale bussen vanuit Nederland, Vlaanderen.
    Un bus spécial depuis Lille !

    Organised by :

    Emmanuel Nederland, Emmanuel Nord de la France, Emmanuel Vlaanderen et le réseau Emmanuel en Belgique : le Foyer Saint Paul de LLN, les paroisses Saint François de LLN,  Saint-Nicolas de Namur, les groupes de louange et d’adoration Emmanuel Youth.

    Prix:

    Choisissez une des 7 formules (attention, formule 2 à prix réduit pour toute inscription avant le 30 janvier 2016 !!)
    Kies één van de 7 formules. (opgelet formule 2 is een verlaagde prijs voor alle inschrijvingen voor 30 januari 2016!)

    1/ FR à tout le week-end – tarif normal (71 €) concert inclus (gratuit)
    NL het hele week-end (71€) met gratis popconcert inbegrepen

    2/ FR à tout le week-end PRIX REDUIT (61€) pour toute inscription avant le 30 janvier 2016 – concert inclus (gratuit)
    NL het hele week-end met VERLAAGD TARIEF bij inschrijving voor 30 januari 2016 (61€) – gratis rock en popconcert inbegrepen

    3/ FR à tout le week-end – tarif solidarité (75 €) – concert inclus (gratuit)
    NL het hele weekend – tarief van solidariteit (75€) – popconcert inbegrepen

    4/ je suis du Groupe ALEGRIA et viens de France !

    5/ ik ben van de Groep EMMANUEL NEDERLAND en schrijf mij in met een speciale korting: nl. 61 EUR voor inschrijving voor 31 Januari

    6/ je suis du Groupe EMMANUEL JEUNES NORD de la France (Lille), je règle 40€ d’inscription ou 50€ à partir du 1er février au groupe de prière ou je contacte par mail groupeprierelille@gmail.com

    7/ ik ben van de groep CROSSWINDS en kom met een speciale bus

    Payments

    Bank Belfius – Emmanuel Youth Belgium
    IBAN: BE26 0688 9419 4729
    Code BIC Belfius Bank : GKCCBEBB

    Registrations / inscriptions

    https://docs.google.com/forms/d/1KEkR3jU-ln3ZjZSoUdEaVCXMFbhuHyPQjq2KRCDII-0/viewform

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    winter forum 2016

    Contact – Responsable:

    Marc-Antoine M. +32 (2) 731 40 77
    Fabrice pour les inscriptions / voor inschrijvingen : winterforum@emmanuelyouth.be

  • Réfugiés : les chrétiens malmenés dans les camps en Europe

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    De l'Observatory on Intolerance and Discrimination agains Christians in Europe :

    Muslims attacking Christians in Europe – A Disturbing Trend

    The Observatory has noticed a concerning rise in cases of intolerance, discrimination, and violence against Christians, particularly among migrants and asylum seekers in Germany and Sweden. 

    According to Pastor Gottfried Martens of the Trinity Lutheran Church, “In German refugee camps we have a situation like in Iran. The people are here because of their beliefs and now they live in fear.”

    This view is shared by the Abbot of the Russian Orthodox St. George’s monastery and member of the Integration Committee at the German Federal Chancellery, Father Daniel (Irbits): “Christian refugees from Syria, Eritrea and other countries are exposed to humiliation, manhunts and brutal harassment at the camps for refugees by Muslim neighbors. This also relates to the Yazidi religious minority. The cases when humiliation comes to injuries and threats of death are frequent”.

    In this special issue, we present instances of this trend:

    Germany:

    Islamists threaten Christians in German Refugee Camps

    Berlin Pastor Warns of Dire Situation for Christians in Refugee Camps

    Russian Orthodox Priest Reports Harassment of Christian Refugees

    Syrian Muslim Threatens to Kill Christian Woman's Baby: "I'll kill your baby while you are asleep."

    Refugee's Life Threatened After He Revealed Conversion to Christianity: “I will cut your throat. For this, I do not even need permission from IS."

    Christians Attacked in Berlin Mitte a Day After Christmas: “I am Muslim! What are you?”

    Christians Attacked by Guards in Berlin Refugee Camps

    Hamburg Police Arrest Refugee for Attempted Manslaughter

    Christian Convert Attacked in Hamburg Refugee Camp

    Christian Refugees are Subjected to Violence and Harassment: "They accused me of insulting Islam, beat me, and kicked me in the face," said the Christian convert.

    Sweden:

    Syrian Arrested on Suspicion of Beating and Threatening 16 Year Old Christian in Borgholm

    National Association of Assyrians in Sweden Victim of Arson

    Assyrian Christians in Sweden Threatened: "Convert or Die"

    Italy:

    12 Christians Killed by Muslims

    United Kingdom:

    Christian Convert Violently Attacked Outside His Bradford Home

  • Une priorité : retrouver une certaine virilité dans l'annonce de l'Evangile

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    Ariane Lecointre-Cloix interviewe Fabrice Hadjadj (sur le site de Famille Chrétienne) :

    « Il faut retrouver une certaine virilité dans l’annonce de l’Évangile »

    EXCLUSIF MAG - Fabrice Hadjadj est philosophe et directeur de l’Institut Philanthropos à Fribourg (1). Pour lui, l’extrémisme djihadiste qui sévit aujourd’hui est aussi le fruit du vide de l’Occident.

    Les djihadistes qui partent en Syrie sont souvent très jeunes, radicalisés rapidement, ils ont échappé à toute surveillance parentale et policière. Pour autant, ils ont des profils variés : étudiants sans histoires, lycéennes amoureuses, délinquants de quartiers… Selon vous, y a-t-il un point commun entre tous ces jeunes gens ?

    Le point commun, c’est qu’ils sont jeunes. Ils ont en eux les aspirations de la jeunesse, ses rêves, son effervescence, une certaine ingratitude à l’égard de ce qu’ont bâti leurs pères, mais aussi une énergie inaugurale, qui rouvre l’histoire là où leurs pères croyaient avoir tout planifié. La suite des générations ne se déploie pas selon un progrès linéaire, dans une continuité cumulative. Le fils ne reprend pas le fil où l’ont laissé ses parents. Non seulement parce qu’il doit tout réapprendre et réinterpréter, mais aussi parce qu’il possède une liberté critique qui le fait sortir de sa famille pour en fonder une autre : même s’il doit honorer son père et sa mère, il lui faut aussi quitter son père et sa mère…

    Or, si le sens de la tradition permet d’équilibrer ce double mouvement, le modernisme multiplie et accélère les ruptures et les retours de balancier. Ce qui est intéressant, c’est que les jeunes qui, en France, sont tentés par le djihad (mais aussi par la réaction d’un terrorisme identitaire), viennent dans un temps où les soixante-huitards ont l’âge, sinon l’art, d’être grands-pères. Ils connaissent une pulsion révolutionnaire, veulent donner un coup de pied dans la termitière, comme en 1968, mais en même temps, ils sont à l’opposé de Mai 68 et du Charlie Hebdo de papy : ils se rebellent contre le libertarisme, le pacifisme, l’athéisme, ils ont envie d’avoir des repères clairs et d’établir un ordre moral rigide.

    Cette tentation de la radicalité est-elle un effet de la crise économique et sociale ?

    Cette fois, je dois d’abord critiquer les présupposés de votre question. Il me semble en premier lieu que la radicalité n’est pas une tentation, mais un devoir. Dans la mesure où elle consiste à aller à la racine des choses (radix, en latin) et à libérer toute la vitalité dont on est capable, la radicalité est bonne. Elle nous préserve des petits compromis incessants, de ce laisser-aller de feuille morte emportée à tout vent d’opinion. Mais on peut aussi réagir à cette mollesse en tombant dans le vice contraire : l’extrémisme – qui n’est pas la radicalité, et qui est mauvais, lui, parce qu’il prétend détenir une solution finale.

    Par ailleurs, penser que le djihadisme procède simplement de la crise économique et sociale aboutit à une double méprise : d’une part, on oublie que le djihad a existé, en d’autres temps, comme une partie essentielle de l’islam ; d’autre part, on laisse croire que, si le système de valeurs technolibéral sortait de la crise, ce serait merveilleux. Or, il y a bien pire que la crise de ce système : ce serait sa réussite. Simone Weil dit que « l’enfer, c’est de se croire au paradis par erreur ».

    Ces jeunes ne sont-ils pas de purs « produits » de la société dans laquelle ils ont grandi ? Qu’est-ce que cela dit de notre société ?

    Ce serait une grave erreur, en effet, de croire que le djihadisme contemporain est la résurgence d’un obscurantisme prémoderne. Il s’agit au contraire d’un phénomène postmoderne, très conscient des impasses du progressisme. Il se situe donc en rupture, dénonçant l’individualisme et le vide religieux.

    Mais il est aussi dans une continuité assez évidente : les jeunes se laissent embrigader par Internet et par des clips tournés comme une bande-annonce de jeu vidéo, avec une mission bien déterminée (établir le califat), comme dans World of Warcraft… Ce sont des re­jetons de la société du spectacle (l’acte terroriste valant avant tout par son impact spectaculaire), des déracinés soumis à la logique de la mondialisation (car ils part ent à l’étranger et ne cherchent pas à défendre une famille ou une terre), des collaborateurs d’une puissance industrielle qui marche grâce au pétrole et au trafic d’armes…

    Enfin, ils prétendent tout résoudre par des clics et passent assez facilement de la souris au détonateur. Ils sont en cela des produits de notre push-button society, pour reprendre une expression du philosophe Günther Anders. Par-delà leur jeunesse, ils sont possédés par cette impatience que génère le dispositif technologique ambiant. Impatience qui est toujours complice de la destruction : « Il faut des mois et des mois pour pousser une moisson, dit Péguy. Et il ne faut qu’un briquet pour flamber une moisson. Il faut des années et des années pour faire pousser un homme. Et il suffit d’un coup pour tuer un homme. Un coup de sabre, et ça y est. »

    Les jeunes attirés par le djihadisme contemporain sont des déracinés de la mondialisation.

    Que recherchent les jeunes aujourd’hui qu’ils ne trouvent pas en France et de manière générale ?

    Un récit, une épopée, quelque chose qui fasse sens, c’est-à-dire pour quoi l’on peut vivre et mourir. Car le bonheur que nous recherchons profondément n’est pas dans le bien-être ni le confort, mais dans la générosité jusqu’au sacrifice. Le confort consumériste ne se maintient d’ailleurs que parce qu’il ne cesse de nous vendre des séries pleines d’actions aventureuses, qui fonctionnent comme des exutoires.

    Si nous sommes vivants, c’est pour vivre à fond. Qu’est-ce que cela veut dire ? Donner la vie et donner sa vie. Qu’on néglige cela, qui est l’aventure de la lumière, et l’on bascule aisément dans sa parodie absurde, qui est le déchaînement des ténèbres : on donne la mort et on se donne la mort.

    Comment agir concrètement, sur le terrain de l’éducation, pour enrayer ce phénomène ?

    L’éducation telle qu’elle est conçue dans notre pays ne peut plus rien. Ce n’est pas à coup de laïcisme, de civisme, de charte pour les « valeurs républicaines » que l’on arrivera à quelque chose. D’autant plus que le système éducatif n’est généralement qu’une sorte de garderie ou d’antichambre pour le marché du travail et l’ANPE.

    Du reste, à quoi sert d’avoir une tête bien pleine, à l’heure de Wikipedia ? Ce que cherche un jeune avant tout, ce n’est pas de l’instruction, mais une vocation ; ce n’est pas une orientation professionnelle, mais une espérance.

    Quelles réponses l’Église catholique peut-elle apporter à ces jeunes qui se réfugient dans l’islam – et à la jeunesse en recherche de repères, plus largement ?

    Les réponses, ou plutôt les appels… À nouveau, il s’agit d’entendre un appel plus que d’avoir des réponses… Et celui-ci se trouve dans les deux grands textes du pape François, Evangelii gaudium et Laudato si.

    Le premier souligne que ni l’évangélisa­tion ni la sainteté ne sont des spécialités. Si un dessein de la Providence vous fait naître dans cette époque et dans ce pays, c’est que vous y avez une mission, c’est que vous êtes une mission divine à travers vos limites et vos faiblesses. Mission impossible, sans doute, mais l’ange répond à Marie : Rien n’est impossible à Dieu…

    Le second texte, qui porte sur l’écologie intégrale, nous invite à lutter contre le « paradigme techno-économique » et à réinventer des petites communautés de labeur et de louange, qui, en retrouvant la proximité avec l’autre et le contact avec la terre, peuvent à nouveau nous ouvrir au Ciel.

    Pourquoi les catholiques ne sont-ils pas bien plus présents et actifs auprès de ces jeunes que ne le sont les musulmans et les évangéliques, depuis beaucoup plus longtemps ?

    Les catholiques de France ont trop été sur la défensive, et ils ont beaucoup pratiqué l’autocensure. Ce permanent profil bas vient, me semble-t-il, d’un côté, de la mystique du levain dans la pâte, qui aurait oublié la lampe qu’on ne doit pas mettre sous le boisseau ; de l’autre, d’une sorte de honte à l’égard d’un passé marqué par des échecs et des compromissions – ce qui ne nous fait que mieux entrer dans la compromission présente.

    Je crois qu’il faut retrouver une certaine virilité dans l’annonce de l’Évangile. Le Christ est l’Agneau immolé, mais il est aussi le Lion de Juda. Le chrétien est le frère universel, mais il est aussi le bon soldat de Jésus (2 Tm 2, 3). Et saint Thomas d’Aquin rappelle que l’humilité doit nous conduire à la magnanimité, cette grandeur d’âme qui nous fait tendre vers les choses grandes et ardues, parce que c’est cela qui est digne d’un fils de Dieu. 

    Cette interview est extraite du dossier "Les jeunes et le djihad, un défi pour les catholiques" dans le numéro 1984 de Famille Chrétienne. Achetez-le et consultez-le en ligne dès maintenant, et découvrez :

    • 4 pages d'enquête sur un phénomène en expansion, l'augmentation du nombre de jeunes Français convertis à l'islam, et les réponses que les catholiques peuvent y apporter;
    • le témoignage d'une mère d'une jeune fille partie en Syrie : De la France à la Syrie : l’embrigadement de Léa, 16 ans.

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    (1) L’Institut Philanthropos accueille chaque année une cinquantaine de jeunes entre 18 et 35 ans pour les former à la philosophie, à la théologie et aux arts (notamment le théâtre) dans le cadre d’une vie fraternelle et spirituelle.www.philanthropos.org

  • Inde : plus de 200 épisodes de violence antichrétienne en 2015

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    De Fides.org :

    ASIE/INDE - Plus de 200 épisodes de violence antichrétienne selon le rapport du Catholic Secular Forum

    New Delhi (Agence Fides) – En 2015, ont été recensés plus de 200 incidents vérifiés de violence antichrétienne. Sept pasteurs protestants et un laïc ont été tués alors que les victimes de la violence dans son ensemble sont au nombre de quelques 8.000, y compris des femmes et des enfants. De nombreuses églises ont été dévastées. Telles sont les données diffusées par le rapport India Christian Persecution publié par le Catholic Secular Forum (CSF), organisation de la société civile indienne, parvenu à l’Agence Fides. Selon le document, qui analyse la violence antichrétienne en Inde en 2015, les auteurs des violences sont des groupes et des formations extrémistes et fanatiques hindouistes, qui promeuvent l’idéologie de l’Hindutva, qui voudrait éliminer de l’Inde les croyants des religions non hindoues. Ces groupes sont hostiles aux minorités religieuses musulmanes et chrétiennes et diffusent des campagnes de haine et de diffamation qui génèrent ensuite des actes de violence concrets.

    Selon le rapport, l’Etat du Maharashtra est celui dans lequel l’idéologie en question est la plus répandue alors que le Madhya Pradesh est en tête de liste en ce qui concerne le nombre d’épisodes de violences antichrétiennes. Suivent le Tamil Nadu, le Jharkhand, le Chhattisgarh, l’Haryana, l’Orisha et le Rajasthan, la liste comprenant 23 Etats de l’Union indienne.

    Le rapport note que l’une des principales accusations faites aux chrétiens est celle de convertir de manière forcée et en ayant recours à des moyens frauduleux. C’est pourquoi, le gouvernement du Madhya Pradesh a modifié la loi anti-conversion, en renforçant les peines prévues dans ce cadre. Le laïc catholique Joseph Dias, responsable du CSF, remarque que « la conversion forcée n’est en aucun cas partie intégrante de l’horizon de la foi chrétienne. Il s’agit seulement de conserver la liberté de conscience et de religion prévues par la Constitution ».

    Ont en revanche augmenté les cérémonies de reconversion organisées par les groupes extrémistes hindous dans de nombreux Etats indiens, dans le cadre desquels les dalits et membres des tribus sont « reconduits » en masse du Christianisme à l’hindouisme.

    Parmi les groupes fauteurs de violence, s’est consolidé en 2015, le Rashtriya Swayamsevak Sangh (RSS), lequel a « renforcé sa prise sur le système politique du pays » remarque le document. Le RSS compte aujourd’hui plus de 15 millions de militants répartis en plus de 50.000 cellules locales et dispose également de membres parmi la police, dans la magistrature et l’administration de l’Etat. Enfin, le rapport remarque qu’au niveau institutionnel également, l’Inde ne renouvelle pas le permis de séjour dans le pays à des missionnaires, des religieux et des religieuses qui oeuvrent de manière stable aux côtés des pauvres et des marginalisés. (PA) (Agence Fides 19/01/2016)

  • Fréquentation en baisse sur la Place Saint-Pierre

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    De Jacques Hubert-Rodier sur le site LesEchos.fr :

    Mais où sont passés les fidèles du pape François ?

    «  La lune de miel entre le pape François et les fidèles est apparemment terminée. » Selon « Politico », les chiffres publiés à la fin décembre par le Vatican font état d'une baisse de la fréquentation sur la place Saint-Pierre à Rome. En 2015, quelque 3,2 millions de fidèles se sont rendus à des célébrations de Jorge Mario Bergoglio, qui a été élu pape en 2013. Ce qui représente une forte chute par rapport aux 5,9 millions de visiteurs reçus au Vatican en 2014 et un effondrement par rapport aux 6,6 millions de pèlerins qui ont été au Vatican au cours des neuf premiers mois de son pontificat en 2013. Le Vatican a attribué la baisse, en partie, aux craintes de terrorisme.

    Mais l'hebdomadaire avance aussi une explication : « Ses points de vue relativement libéraux sur quelques sujets chauds comme les droits des gays ou encore le droit des catholiques divorcés à communier ». Certes, ces prises de position lui ont valu des appréciations positives dans les médias dans le monde, mais elles ont déplu aux catholiques les plus pratiquants. Cette relative désaffection est surprenante, aux yeux de « Politico ». Car le pape s'est présenté comme celui qui voulait renforcer l'Eglise catholique en s'adressant aux plus démunis et en s'affichant comme un combattant contre la corruption. Ses manières humbles lui ont gagné de nouveaux admirateurs. Mais une certaine désaffection le touche. Ainsi, d'après l'Union des athées et des agnostiques rationalistes en Italie, 47.726 catholiques, un record, ont souhaité être « débaptisés » en 2015. Mais il ne faut pas exagérer. Aux Etats-Unis, le taux d'approbation du pape est proche de 70 % d'après Pew Research Center. De quoi faire pâlir nombre de politiciens américains, Barack Obama en tête.

  • Arnaud Dumouch : un torrent de sympathie sur Belgicatho

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    Depuis la parution sur notre blog de l'information concernant le licenciement d'Arnaud Dumouch de son poste de professeur de religion à Châtelet, un flux incessant de visiteurs n'a cessé de grossir, pulvérisant les records de fréquentation de Belgicatho. Nous nous réjouissons de voir s'exprimer ainsi tant de soutiens à son égard : 1295 "like" sur facebook, 1655 signatures sur la pétition, sans compter  de nombreux commentaires sur le blog. La décision inqualifiable des autorités qui ont décidé de l'écarter de sa mission d'enseignant a suscité un courant de solidarité qu'il faut continuer à entretenir. Comment ne pas s'émouvoir de voir écarter un enseignant dont la compétence et les convictions sont indiscutables alors que l'enseignement de la religion est si souvent tombé à un niveau assez déplorable et confié trop fréquemment à des maîtres peu habilités à le délivrer?

  • L'étonnante compassion de Marie à Cana (Jn 2, 1-11); l'homélie du Père Michel-Marie Zanotti-Sorkine

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    Prédication (20 janvier 2013) par le père Michel-Marie Zanotti-Sorkine (Jn 2, 1-11) (site Internet : http://www.delamoureneclats.fr et http://www.unfeusurlaterre.org)

    Évangile : Les noces de Cana (Jean 2, 1-11) (http://aelf.org/)

    Il y avait un mariage à Cana en Galilée. La mère de Jésus était là. Jésus aussi avait été invité au repas de noces avec ses disciples. Or, on manqua de vin ; la mère de Jésus lui dit : « Ils n'ont pas de vin. » Jésus lui répond : « Femme, que me veux-tu ? Mon heure n'est pas encore venue. » Sa mère dit aux serviteurs : « Faites tout ce qu'il vous dira. » Or, il y avait là six cuves de pierre pour les ablutions rituelles des Juifs ; chacune contenait environ cent litres. Jésus dit aux serviteurs : « Remplissez d'eau les cuves. » Et ils les remplirent jusqu'au bord. Il leur dit : « Maintenant, puisez, et portez-en au maître du repas. » Ils lui en portèrent. Le maître du repas goûta l'eau changée en vin. Il ne savait pas d'où venait ce vin, mais les serviteurs le savaient, eux qui avaient puisé l'eau. Alors le maître du repas interpelle le marié et lui dit : « Tout le monde sert le bon vin en premier, et, lorsque les gens ont bien bu, on apporte le moins bon. Mais toi, tu as gardé le bon vin jusqu'à maintenant. » Tel fut le commencement des signes que Jésus accomplit. C'était à Cana en Galilée. Il manifesta sa gloire, et ses disciples crurent en lui.

  • Le "merci" de Mgr Léonard aux messages de sympathie

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    Merci !

             Comme vous pouvez le deviner, j’ai été ces dernières semaines et suis encore aujourd’hui submergé de messages de sympathie à l’occasion de ma fête patronale (saint André le 30 novembre !), de mes célébrations d’adieu à Malines, Bruxelles et Nivelles et, bien  sûr, de la fête de Noël et la nouvelle année 2016. Cela va des simples cartes de vœux à ce rouleau de 9 mètres de long qui me fut offert à la Cathédrale de Bruxelles, contenant sur trois colonnes des centaines et des centaines de messages, en français et néerlandais, recueillis sur un site « Merci, Monseigneur ! » 

             Il m’est matériellement impossible de répondre à tous ces messages de manière personnalisée. Mais je tiens à vous dire combien ces messages m’ont touché. Je ne suis habituellement ému que lorsqu’il s’agit de l’amour de Dieu pour nous ou de la détresse humaine, très rarement quand il s’agit de moi-même. Mais aujourd’hui je tiens à vous dire que j’ai été souvent bouleversé jusqu’aux larmes en lisant vos mots de gratitude à mon égard. Vous avez si bien compris le fond de mon âme ! Mon attachement à la personne de Jésus en qui se résume tout l’amour de Dieu pour nous. Et comment aimer Jésus sans aimer aussi sa mère et notre mère, la Vierge Marie ? Vous avez vibré à mon grand amour pour la liturgie célébrée avec cœur et respect. Vous avez saisi ma pédagogie de prêtre et d’évêque : ne jamais classer les gens avec des étiquettes, mais toujours leur offrir un avenir par la confiance que nous leur faisons. Vous avez perçu ma prédilection spontanée pour les personnes dont la vie a été blessée ou abîmée. Vous avez compris mon désir obstiné de rencontrer, sur le terrain, le peuple qui m’était confié, spécialement à travers mes longues visites pastorales. Et enfin vous avez sympathisé avec mon effort résolu de donner des prêtres à l’Église. Et le Seigneur m’a exaucé pour votre plus grande joie. 

             Merci d’avoir dit tout cela avec vos mots si simples et si beaux ! 

             Il me reste à vous souhaiter un beau et saint temps de Noël et une heureuse année nouvelle. 

             Je vous bénis de tout cœur.

    Mgr André LÉONARD.