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Foi - Page 164

  • Synode : réforme, renouveau ou révolution ?

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    De JD Flynn sur The Pillar :

    Synode : Réforme, renouveau ou révolution ?

    23 octobre 2023

    Lors d'une conférence de presse du Vatican la semaine dernière, le journaliste jésuite, le père Tom Reese, a posé une question plutôt directe à l'évêque du Texas, Daniel Flores. 

    Reese a noté que beaucoup de catholiques américains sont sceptiques à l'égard du synode, et que certains croient que "les évêques sont manipulés par une cabale libérale de personnel et de théologiens."

    Flores a été invité à répondre à la question de savoir s'il était lui-même sous le contrôle d'une cabale libérale. 

    C'était un moment amusant, bien sûr, parce qu'aucune personne manipulée par une cabale libérale ne l'admettrait.

    Mais Flores n'a pas clignoté S-O-S en code morse en répondant à la question. 

    Il a plutôt déclaré que les catholiques vivaient "à une époque très suspecte".

    La méfiance est dans "l'air que nous respirons", a-t-il dit, ajoutant qu'il avait vu des conversations sérieuses et sincères au synode, et non de la manipulation ou du contrôle.

    -

    La question de M. Reese soulève un point important. Une partie des fidèles américains pense que le synode a été manipulé, ou que son issue a été prédéterminée, les délibérations des tables rondes du synode servant en quelque sorte de vitrine à des résultats déjà déterminés par un groupe d'influenceurs du Vatican.

    Les Américains ne sont pas les seuls. Plusieurs évêques de pays autres que les États-Unis ont déclaré à The Pillar que les catholiques de leur pays, qu'ils soient "conservateurs" ou "libéraux", doutent que le synode soit réellement une libre délibération ou que des voix en dehors du courant dominant soient entendues.

    Pour la plupart, les participants au processus racontent une histoire différente. 

    Même les participants sceptiques à l'égard du processus de synodalité déclarent à The Pillar qu'ils doutent que le résultat soit prédéterminé ou que le synode soit truqué. 

    Bien sûr, certains se sont plaints de la procédure, notamment d'un déséquilibre perçu dans les possibilités d'intervention des délégués synodaux - et ils n'ont pas abordé la question de savoir qui était invité en premier lieu. 

    Mais la plupart des participants ont déclaré à The Pillar que les rapports des groupes reflétaient fidèlement les contributions des délégués synodaux et qu'il serait difficile que le rapport intérimaire de la réunion - qui sera publié à la fin du mois - s'écarte des rapports hebdomadaires qui y ont contribué.

    Au moins, disent-ils, il serait difficile de manipuler le rapport intérimaire sans une large réaction des participants au synode, à qui l'on a promis à plusieurs reprises que le document refléterait leurs points de vue.

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    Mais le scepticisme quant à l'intégrité du processus synodal persiste. 

    La raison pourrait être liée à la rhétorique utilisée par certains participants au synode sur ce qu'ils font exactement dans la salle du synode. 

    Certains participants ont présenté le synode comme un effort lié à la réforme ecclésiastique. 

    L'évêque allemand Franz-Josef Overbeck, par exemple, a déclaré aux journalistes samedi que le synode sur la synodalité avait une éthique similaire à la "voie synodale" de l'Allemagne - et a noté que ce processus avait commencé comme une tentative de réforme de l'Église à la lumière du scandale des abus commis par des clercs dans le pays. 

    Mgr Overbeck a suggéré qu'une approche plus participative de la direction ecclésiastique pourrait être un moyen efficace de lutter contre la perspective d'abus dans la vie de l'Église, et que le synode sur la synodalité s'est engagé dans cette voie.

    D'autres participants ont suggéré que le synode sur la synodalité permet une sorte de revigoration par la collaboration - que lorsque les religieuses, par exemple, partagent avec les évêques leur propre expérience de la vie communautaire et du discernement sororal, l'Église adopte de nouvelles pratiques, par une sorte d'échange fructueux d'idées et de coutumes.

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  • D'abortiste à convertie : quand la foi déplace les montagnes

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    De Tommaso Scandroglio sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    D'abortiste à convertie : quand la foi déplace les montagnes

    Amaia Martinez Lopez est devenue Maria de Himalaya après sa rencontre avec le Christ, parce que la foi peut déplacer des montagnes, même celles qui pèsent sur nos cœurs. Voici son histoire extraordinaire. 

    23_10_2023

    Amaia Martinez Lopez est devenue Maria de Himalaya après sa rencontre avec le Christ, parce que la foi peut déplacer des montagnes, même celles qui pèsent sur nos cœurs. On peut trouver sur le web plusieurs de ses discours où elle raconte sa conversion. Nous en avons choisi un, datant d'avril dernier.

    Née en 1973 dans une famille non croyante, à l'adolescence elle fait de sa liberté - selon sa propre expression - "une apostasie de Dieu". Elle devient infirmière et rejoint les rangs des féministes : elle partage avec elles l'idée que les femmes doivent avoir la maîtrise absolue de leur corps, sans se soucier des conséquences de ce choix.

    Elle est ensuite employée dans une clinique privée pratiquant l'avortement à Bilbao, en Espagne. Devenue kinésithérapeute, elle ouvre elle-même une clinique privée et connaît un succès professionnel considérable qui, comme elle l'avoue, ne donne pas de sens à son existence.

    Maria de Himalaya, marquée par son rôle actif en procurant des avortements, a réalisé plus tard, une fois convertie, que le monde d'aujourd'hui est un grand camp d'extermination d'enfants et de femmes parce que, si on enlève la maternité aux femmes, on leur enlève la vie. C'est un camp d'extermination parce qu'ils exterminent la liberté de penser, d'avoir une opinion, de contredire. Mère Teresa de Calcutta a dit un jour qu'il n'y a pas de pays plus pauvre que celui qui a légalisé le meurtre d'innocents par peur et par égoïsme. Un camp de concentration sans barbelés parce que les gens sont esclaves de la pensée unique, même s'ils se sentent libres. Ceux qui se rendent compte de l'existence de cet esclavage sont persécutés.

    Maria poursuit en révélant que d'infirmière, elle est devenue sadique et que les médecins avec lesquels elle travaillait sont devenus des bourreaux. Elle s'est mariée, mais le vide intérieur ne lui a laissé aucun répit. En chacun de nous, dit-elle, il y a une blessure : celle de ne pas se sentir aimé. Elle a cherché l'amour dans sa profession, parmi ses amis, auprès de son mari, mais ne l'a pas trouvé.

    Martinez Lopez est une athlète qui parcourt des distances allant jusqu'à 160 km en montagne et qui a remporté de nombreuses compétitions. Elle admet qu'elle s'est adonnée au sport pour combler le vide de ne pas se sentir aimée et de ne pas pouvoir aimer. Et elle précise : le symptôme le plus singulier d'une avorteuse est l'incapacité d'aimer et de se laisser aimer. La course à pied était une façon de cacher ce qu'elle avait fait. Elle a couru parce qu'elle pensait que la course lui rendait une certaine dignité. Mais c'était une illusion. Une semaine après les courses, le non-sens revenait en elle et alors, comme une droguée, elle s'inscrivait à des courses encore plus éprouvantes. Mais cela ne sert à rien : ses compagnons de route s'appellent désormais anorexie, boulimie, crises de panique, automutilations.

    Le 11 janvier 2017, après 28 ans de relation, son mari l'abandonne. Et tout s'écroule sur elle : la carrière réussie de superwoman, riche, talentueuse dans le sport s'efface d'un seul coup. Tout s'est écroulé parce que tout était construit sur de la boue. La nuit qui a suivi le départ de son mari, elle a clairement entendu une voix intérieure, qui, comme Maria a tenu à le préciser, se manifeste lorsque nous sommes prostrés par le chagrin, une voix démoniaque. Cette voix lui murmurait : "Personne ne t'aime et c'est pour cela que tu es seule. Tu es mauvaise. Et il n'y aura personne pour t'aider".  Réponse de Marie : "Et je l'ai crue. J'ai alors demandé à cette voix ce qu'il fallait faire. Elle m'a dit : 'Prends ta vie. Là, tu trouveras la paix, alors tu résoudras tout'".

    Un certain temps s'est écoulé jusqu'à ce que Maria décide d'en finir. Un jour, elle prit les clés de sa voiture avec l'intention de sortir et de se suicider. Les clés en main, elle s'est allongée un moment dans son lit et l'un des deux chiens qu'elle possédait lui a sauté sur les jambes. Elle ne pesait que 40 kilos, car l'un des moyens qu'elle avait imaginés pour mettre fin à ses jours était d'arrêter de manger. Elle ne mangeait qu'un bol de lait et d'avoine par jour. Maria raconte qu'elle ne pouvait pas bouger avec ce gros chien sur elle. Elle a essayé de le faire bouger, mais rien n'y a fait. Finalement, épuisée, elle s'est endormie. Elle a été réveillée par un appel téléphonique d'un ami népalais qu'elle avait rencontré il y a quelque temps lors d'une compétition au Népal. L'ami lui a dit qu'il y avait eu un tremblement de terre et que, pour atteindre certains villages, on avait besoin d'agents sanitaires de montagne expérimentés, comme elle l'était. Après un tremblement de terre en montagne, raconte toujours Maria, il est dangereux de marcher car le sol et les rochers sont tous instables. Il est très facile de glisser et de mourir. Et elle s'est dit : "Parfait !

    Elle est partie le 8 mai 2017 au Népal avec l'idée d'y mourir. Un jour, bloquée par une mousson, elle voit apparaître deux Missionnaires de la Charité de Mère Teresa. Maria confie : "Je détestais beaucoup de choses, y compris l'Église catholique. Mais par-dessus tout, je détestais Jean-Paul II et Mère Teresa de Calcutta". L'une des sœurs s'est approchée d'elle, souriante et rayonnante, et lui a pris le bras avec force, lui demandant de se rendre à un certain endroit. Elle lui a répondu de ne pas la toucher et qu'elle n'allait nulle part. Les deux sœurs sont parties en prenant un bus. Quelque temps plus tard, la religieuse lui révéla que depuis un an, les sœurs suppliaient Mère Teresa de leur fournir un kinésithérapeute bénévole, car la communauté en avait besoin.

    Cette nuit-là, Maria n'a pas pu dormir car elle entendait constamment une voix lui dire qu'elle devait se rendre à l'endroit indiqué par la religieuse. Le lendemain matin, elle se rend à cet endroit, frappe à une porte et la même religieuse que la veille vient lui ouvrir. Elle n'a pas beaucoup ouvert la porte parce qu'elle avait peur d'elle. Comme la religieuse l'a raconté plus tard, elle avait vu l'enfer dans les yeux de Maria la veille. La sœur lui a demandé de revenir le lendemain pour assister à la Sainte Messe. Entendre cette demande lui donna presque de l'urticaire. Mais elle y est allée.

    Maria a dit que les neuf sœurs présentes dans la chapelle rayonnaient de lumière, de paix et de bonheur. Comme il n'y avait pas de chaises, elle s'est accroupie contre un mur. Lorsque la messe a commencé, Maria a entendu une voix masculine très aimante et miséricordieuse. Son souffle est devenu court et son cœur s'est mis à battre à tout rompre. La voix lui dit : "Bienvenue à la maison". Elle a ouvert les yeux et s'est dit : "Ce n'est qu'un cirque chrétien. On verra quand ils mourront et qu'ils se rendront compte qu'il n'y a rien de ce qu'ils avaient cru". Elle ferma à nouveau les yeux et sa voix revint : "Bienvenue à la maison. Combien de temps as-tu mis à m'aimer ?".

    Elle ouvrit les yeux et la chapelle fut remplie d'une lumière si intense que les silhouettes des autres personnes étaient comme phagocytées par cette même lumière. Marie dit alors qu'elle a vu Jésus descendre de la croix, qui lui a souri et l'a regardée avec une profondeur infinie. "J'ai vu l'amour". Marie a répondu à Jésus qu'elle n'avait pas foi en lui. Jésus lui sourit encore plus. Elle tombe alors de sa position accroupie sur le sol. Devant ses yeux, toutes les images de son existence ont commencé à défiler et elle a réalisé que c'était peut-être le dernier jour de sa vie.

    Elle s'est mise à pleurer et à demander pardon. "J'étais enfin libre".  En ouvrant les yeux, elle se rend compte que les neuf sœurs prient autour d'elle, croyant qu'elle est sur le point de mourir, tant son corps est froid.

    Maria a ensuite révélé que, dans le passé, chaque fois qu'elle regardait ses mains, elle les voyait tellement barbouillées de sang qu'elle devait les laver compulsivement, un sang qui n'était visible que pour elle. C'était le sang des bébés avortés. Aujourd'hui, elle voit ses mains encore barbouillées de sang mais réalise que c'est le sang de l'Agneau de Dieu.

    La véracité des locutions intérieures et des visions sera examinée par l'Église si nécessaire. Mais ce qui est certain, c'est que "mon fils que voici était mort et il est revenu à la vie, il était perdu et il a été retrouvé" (Lc 15,24).

  • Déclin de la pratique sacramentelle en Amérique Latine

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    De Luke Coppen sur The Pillar :

    Étude : Les sacrements en déclin en Amérique latine

    21 octobre 2023

    Une nouvelle étude majeure sur l'Église catholique en Amérique latine a mis en évidence une baisse du nombre de baptêmes et d'autres sacrements.

    Le rapport de 286 pages, publié par le Conseil épiscopal d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAM), indique que le nombre de baptêmes annuels est passé de 8 197 000 en 2000 à 5 135 000 en 2020. Les confirmations et les mariages catholiques ont également diminué de façon constante au cours de la même période.

    Les tendances mises en évidence dans le document "La mission de l'Église dans les pays d'Amérique latine" sont significatives pour l'Église universelle, puisque 41 % des catholiques du monde vivent en Amérique latine et dans les Caraïbes. Le nombre de catholiques baptisés dans la région est environ le double de celui de l'Europe et de l'Afrique, quatre fois celui de l'Asie et six fois celui de l'Amérique du Nord. L'Église est également dirigée pour la première fois par un pape originaire d'Amérique latine.

    Dans l'avant-propos, l'archevêque Jorge Eduardo Lozano, secrétaire général du CELAM, a déclaré : "La diminution du nombre de baptêmes et d'autres sacrements, tels que les confirmations et les mariages, soulève également des questions sur la sacramentalité dans la région. L'Église doit prendre en compte les réalités culturelles et sociales changeantes de l'Amérique latine et des Caraïbes".

    Dans la conclusion du rapport, les auteurs écrivent : "Il est possible de conjecturer que le nombre de catholiques dans la région, approximé sur la base du nombre de baptêmes administrés par an, diminuera dans un avenir proche en raison de la conjonction de deux tendances : le ralentissement de la croissance démographique et la baisse du nombre de baptêmes administrés annuellement". 

    "Si la tendance qui semble s'être installée dans les quatre régions d'Amérique latine se poursuit, surtout depuis le début du nouveau millénaire, rejoignant celle enregistrée en Europe et en Amérique du Nord depuis les années 1970, la baisse du nombre de catholiques est un scénario assez proche, et leur poids relatif par rapport à la population diminuera progressivement plus encore que leur nombre absolu."

    Les auteurs notent que, parallèlement à la diminution des sacrements administrés, on observe également un affaiblissement généralisé de l'affiliation catholique, ce qui semble "indiquer une perte de poids de l'Église catholique dans la population latino-américaine, une distanciation par rapport à l'institution". 

    "Peut-être s'agit-il d'un lien différent, moins médiatisé par le sacrement ; une conjecture qui devrait être examinée dans des études ultérieures", écrivent-ils.

    Le rapport n'est pas dépourvu de bonnes nouvelles. Il indique que le nombre de prêtres dans la région de l'Amérique centrale et du Mexique a doublé, passant de 10 957 à 22 016 en 2020.

    L'étude indique également que le nombre de séminaristes en Amérique latine a augmenté entre 1970 et 2005, mais a ensuite commencé à diminuer, pour revenir en 2020 à un niveau similaire à celui de 1990.

    L'archevêque Lozano, qui dirige l'archidiocèse argentin de San Juan de Cuyo, a déclaré que "la diminution du nombre de séminaristes pose des défis pour l'avenir en ce qui concerne le nombre de prêtres et le soin pastoral des communautés".

    Le rapport souligne également une tendance à la baisse du nombre de religieuses, observée d'abord dans la région du cône sud du CELAM, puis, entre 2005 et 2010, dans la région Amérique centrale et Mexique, la région Caraïbes et Antilles, et la région Andine.

    "La vie consacrée, tant masculine que féminine, a été un pilier important de l'Église en Amérique latine, assurant une présence missionnaire constante et un service social précieux à travers ses œuvres", a écrit Mgr Lozano, secrétaire général du CELAM depuis avril dernier.

    "Cependant, la vie religieuse féminine a diminué, ce qui soulève des questions quant à l'avenir de ces œuvres et à leur impact sur les communautés les plus vulnérables.

    Le rapport analyse les tendances par région et les évolutions au sein des 22 conférences épiscopales membres du CELAM.

    Mgr Lozano a déclaré que l'étude offrait "une vision complète et détaillée de la présence et de l'action de l'Église catholique en Amérique latine". 

    "Grâce aux données et aux analyses présentées, nous sommes invités à réfléchir et à rechercher des stratégies pastorales qui permettront à l'Église de faire face aux défis futurs", a-t-il écrit. "La mission d'évangélisation de l'Église dans cette région culturellement et spirituellement diverse reste vitale, et nous devons être prêts à nous adapter et à répondre aux besoins changeants de nos fidèles".

  • Rendre à Dieu ce qui est à Dieu (29e dimanche du T.O.)

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    Du Père Joseph-Marie Verlinde fsJ (homelies.fr) :

    Pharisiens et Hérodiens font alliance pour tendre un piège au Seigneur. Les frères ennemis se coalisent pour « prendre en faute » leur adversaire commun « en le faisant parler », lui le Verbe de Dieu. Au moment du procès, interrogé par le grand prêtre, Jésus répondra : « J’ai parlé au monde ouvertement. J’ai toujours enseigné dans les synagogues et dans le Temple, là où tous les Juifs se réunissent, et je n’ai jamais parlé en cachette. Pourquoi me questionnes-tu ? Ce que j’ai dit, demande-le à ceux qui sont venus m’entendre. Eux savent ce que j’ai dit » (Jn 18, 21).

    Nous assistons sous nos yeux à la réalisation de la conspiration prophétisée au livre de la sagesse : « Traquons le juste : il nous gêne, s’oppose à nos actions, nous reproche nos manquements à la Loi et nous accuse d’être infidèles à notre éducation. Il déclare posséder la connaissance de Dieu et il se nomme enfant du Seigneur, il se vante d’avoir Dieu pour père. Voyons si ses paroles sont vraies et vérifions comment il finira » (Sg 2, 12-17).

    Le discours faux de ces renards commence paradoxalement par annoncer la vérité : « Tu es toujours vrai et tu enseignes le vrai chemin de Dieu » ; la flatterie du menteur a pour but de faire glisser jusqu’au piège le malheureux qui se laisse séduire par ses propos mal intentionnés.

    La question sur laquelle débouche cette entrée en matière est particulièrement perverse : si Jésus répond positivement, il va dans le sens des Hérodiens, collaborateurs de l’occupant, et sera dès lors accusé de traître par les Pharisiens ; s’il invite à refuser de payer l’impôt, il abonde dans le sens des Pharisiens, mais se met les Hérodiens à dos, qui auront beau jeu de le dénoncer aux Romains.

    Jésus, connaissant l’intention de ses interlocuteurs, dévoile d’emblée leur hypocrisie et dénonce leur mauvais desseins. Coupant court aux flatteries mensongères, il prend ses opposants en flagrant délit de duplicité puisqu’ils portent sur eux la monnaie de l’impôt, portant l’effigie de l’Empereur et une légende qui s’adresse à lui comme à une divinité. Autant dire qu’un juif pieux n’était pas supposé la posséder ; c’est d’ailleurs la raison pour laquelle des changeurs se tenaient dans la cour du Temple, car l’argent romain était considéré comme idolâtrique et ne pouvait par conséquent entrer dans le Temple. La preuve est ainsi faite que les interlocuteurs de Jésus ne se posaient guère de problèmes moraux et n’attendaient rien de cet interrogatoire, si ce n’est un motif d’accusation.

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  • "Les césars changent, Dieu demeure"

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    Homélie de Mgr Michel Aupetit - Messe à St Germain de l’Auxerrois (source)

    Saint-Germain de l’Auxerrois (1er) - (archive 18 octobre 2020)

    - 29e dimanche du temps ordinaire – Année A

    - Is 45,1.4-6 ; Ps 95, 1.3-5.7-10 ; 1 Th 1,1-5 ; Mt 22,15-21

    « Rendez à César ce qui est à César et à Dieu ce qui est à Dieu » (Mt 22,21).

    Cette parole du Christ a traversé l’histoire. Pour beaucoup d’analystes, elle a permis de séparer le temporel du spirituel, ce qui vient des hommes et ce qui vient de Dieu. Les affaires publiques et la chose privée. En réalité, l’histoire nous enseigne que ce n’est pas aussi simple.

    Des gouvernants et des rois ont voulu gérer les affaires de l’Église. Constantin au concile de Nicée, Charlemagne pour résoudre la question épineuse du filioque, l’empereur d’Allemagne Henri IV pour nommer les évêques à la place du Pape, Henri VIII d’Angleterre… A contrario, des hommes d’Église se sont piqués de gouverner les états ou de s’immiscer dans leurs affaires.

    Cette question aujourd’hui se pose particulièrement avec l’extension du salafisme. Certains sondages nous révèlent qu’une majorité de musulmans préfèrent obéir à la charia plutôt qu’aux lois de la République. Et nous alors, les chrétiens ?

    Il y a une tradition portée par saint Paul et saint Pierre dès le début du christianisme. D’un côté, ils demandent le respect de l’autorité, la participation citoyenne et l’obéissance aux lois du pays dans lequel vivent les chrétiens (Rm 13, 1 ; 1Tm 2, 1-2 ; 1P 2, 13-14).

    En même temps, la tradition catholique valorise le primat de la conscience. Saint Pierre écrit : « Il vaut mieux obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Ac 5, 29). Ainsi les premiers chrétiens ont refusé d’adorer l’empereur de Rome comme un dieu. Ils l’ont payé de leur vie.

    Aujourd’hui encore, il est légitime de faire valoir son droit à l’objection de conscience chaque fois qu’il apparaît une injustice inacceptable. Cette objection est même un devoir. Ainsi s’exprime l’encyclique de saint Jean Paul II L’Évangile de la vie (73). Le 2e procès de Nuremberg a opposé ce principe en réponse aux médecins des camps qui invoquaient leur obéissance aux ordres pour justifier leur attitude. Il n’est pas acceptable de poser un acte contraire à sa conscience, comme pratiquer un avortement pour un médecin qui a intégré le serment d’Hippocrate dans lequel est écrit le respect de toute vie : « Je ne donnerai pas de pessaire abortif ». Alors, que penser ?

    Écoutons Jésus répondre à Pilate qui pense avoir le droit de vie et de mort sur lui : « Tu n’aurais aucun pouvoir sur moi s’il ne t’était donné d’en haut » (Jn 19, 11). Encore une fois il s’agit du principe de subsidiarité. Dieu permet à un homme de gouverner parce qu’il entre dans ses projets, comme Cyrus le roi de Perse dans la première lecture. Ce dernier doit exercer son rôle pour le bien de tous et doit être respecté. En revanche, s’il outrepasse sa fonction et contrevient au bien commun, ses décisions deviennent invalides. Le bien commun, différent de l’intérêt général qui peut supporter le sacrifice du plus faible, peut être recherché indépendamment d’un lien conscient à Dieu puisqu’il s’agit du bien de chacun, personnellement et ensemble. Les chrétiens, inspirés par l’amour de Dieu, y sont particulièrement sensibles. Ils peuvent et doivent s’engager dans la chose publique (res publica) au service du bien de tous. Mais il convient que jamais ils n’oublient que la source de leur action vient de Dieu qui est Amour. Si nos pièces de monnaie sont à l’effigie de l’un ou l’autre César d’aujourd’hui, nous sommes nous, et pour toujours, à l’effigie de Dieu. Les césars changent, Dieu demeure.

    +Michel Aupetit, archevêque de Paris.

  • Comment remédier aux ambigüités du Pape François ? Un commentaire de la lettre du cardinal Müller au cardinal Duka

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso. (traduction de Diakonos.be) :

    Dans sa lettre au cardinal Duka, le cardinal Müller enseigne aussi comment remédier aux ambigüités du Pape François. Un commentaire

    (s.m.) Le bien-fondé du recours aux « dubia » pour protéger la foi des simples, mise en lumière dans l’article précédent, se trouve aujourd’hui confirmé dans ce génial commentaire de la lettre du cardinal Gerhard Ludwig Müller à son confrère Dominik Duka publiée le 13 octobre par Settimo Cielo.

    L’auteur de ce commentaire est le professeur Leonardo Lugaresi, le célèbre chercheur spécialisé dans les premiers siècles du christianisme et des Pères de l’Église.

    Selon lui, la lettre de Müller à Duka a également le mérite d’indiquer la voie à suivre pour échapper aux ambiguïtés intentionnelles et systématiques du Pape François sur certains points de la doctrine que lui-même, le Pape, déclare comme étant inchangés mais qu’il traite en même temps comme s’ils étaient à l’état fluide.

    Et il existe une issue simple et sûre. Si en effet la doctrine est donnée comme étant inchangée, et qu’elle nous est parvenue sous une forme claire, c’est sur cette dernière que nous devons nous appuyer au cas où les paroles et les actes du pape régnant seraient ambigus et imprécis.

    Laissons la parole au professeur Lugaresi

    *

    Cher M. Magister,

    Je crois que la lettre dans laquelle le cardinal Gerhard Ludwig Müller a fait connaître son avis sur la réponse que le Dicastère pour la Doctrine de la foi a fournie aux « dubia » présentés par le cardinal Dominik Duka, au nom des évêques de la République Tchèque, concernant l’interprétation d’« Amoris laetitia », soit un document de grande importance.

    Elle l’est non seulement par la grande qualité de son contenu théologique mais également et surtout parce qu’elle contient l’indication d’une méthode précieuse pour aider de nombreux bons catholiques à sortir de la condition d’aporie dans laquelle ils se trouvent actuellement, tiraillés entre le désir sincère de continuer à obéir au pape et le profond malaise, pour ne pas dire la souffrance, que certains aspects de son magistère provoquent à leur conscience, à cause de ce qui leur apparaît comme une discontinuité nette, quand il ne s’agit pas purement et simplement d’une contradiction, par rapport au magistère précédent de l’Église.

    Dans un certain sens, le texte du cardinal Müller constitue en effet un tournant dans la dynamique de ce processus de formulation de questions, les « dubia », à travers lequel un petit – mais pas insignifiant pour autant – groupe de cardinaux a cherché, ces dernières années, à remédier à ce que beaucoup considèrent comme un défaut singulier de l’enseignement du Pape François, c’est-à-dire son ambiguïté.

    Affirmer que l’enseignement du Pape est souvent ambigu ne signifie pas lui être hostile ni lui manquer de respect : je dirais qu’il s’agit davantage de la constatation d’un fait évident. Comme vous l’avez-vous-même, monsieur Magister, rappelé dans votre introduction à la lettre du cardinal Müller, on ne compte désormais plus les cas dans lequel le pape a lancé des affirmations équivoques (au sens où elles se prêtent à des interprétations opposées) voire contradictoires entre elles parce qu’elles divergent les unes des autres, et chaque fois qu’on lui a demandé d’en préciser le sens de manière univoque, il a soit évité de répondre, ou bien il l’a fait, toujours de manière indirecte, de manière tout aussi ambigüe et fuyante.

    Devant un tel « modus operandi », l’ambigüité semble donc être non pas accidentelle mais bien essentielle, étant donné qu’elle correspond à une idée fluide de la vérité abhorrant toute forme de définition conceptuelle et la considérant comme une rigidité qui prive le message chrétien de sa vitalité. L’axiome selon lequel « la réalité est supérieure à l’idée », auquel le Pape Jorge Mario Bergoglio s’en remet souvent, est en effet utilisé de manière à abolir le principe de non-contradiction, et le principe qui en découle en vertu duquel on ne peut pas à la fois affirmer une idée et son contraire.

    La nouveauté de la prise de position du cardinal Müller, consiste à mon sens dans le fait qu’il a répondu lui-même aux questions adressées par ses confrères évêques au Préfet du Dicastère pour la Doctrine de la foi (et donc en définitive au Pape qui l’a nommé), et qu’il l’a fait comme son successeur actuel à ce poste aurait dû le faire, c’est-à-dire de manière claire, rationnellement argumentée et conformément aux données de la Révélation telles que la Tradition sacrée et les Saintes Écritures nous les ont transmises.

    Mais cela ne revient-il pas à usurper une fonction qui ne lui revient pas et à saper l’autorité du Pape ? Pour répondre à cette question, il faut garder à l’esprit que, dans toute la fluidité magmatique du « nouveau magistère », il y a cependant un point ferme, en permanence réaffirmé et jamais nié par le Pape et par tous ses collaborateurs sans exception aucune, et c’est celui de la prétendue totale continuité entre l’enseignement de François et celui de ses prédécesseurs, en particulier de Benoît XVI et de Jean-Paul II. « La doctrine ne change pas », a-t-on répété à l’envi, comme un mantra, aux catholiques perplexes et alarmés.

    Et c’est précisément là que l’argument de Müller intervient, avec la simplicité désarmante d’un nouvel « œuf de Colomb », en nous indiquant une voie : si concernant un problème donné, le magistère de Jean-Paul II et de Benoît XVI est clair et univoque et qu’au contraire, celui de François semble ambigu et susceptible d’être interprété dans un sens contraire à celui-ci, il découle du principe de continuité que, quand nous autres fidèles nous ne comprenons pas (et que le Pape ne nous explique pas), nous pouvons tranquillement nous reposer sur ses prédécesseurs et suivre leur enseignement comme si c’était le sien, puisqu’il nous garantit lui-même qu’il n’y a pas de discontinuité. L’assentiment religieux de l’intelligence et de la volonté ne peut porter en effet que sur ce que nous comprenons correctement : nous ne pouvons consentir à une affirmation dont le sens n’est pas clair.

    En substance, l’intervention du cardinal Müller nous pointe la direction vers laquelle tourner notre regard : nous catholiques possédons un très riche patrimoine qui nous vient de vingt siècles de développement de la doctrine chrétienne, et qui ces dernières années a été bien approfondi, articulé et appliqué aux situations et aux problèmes de l’époque contemporaine, surtout grâce au travail de grands papes tels que ceux que nous avons cités. C’est là que nous trouverons les réponses dont nous avons besoin. Suivons-les et nous ne nous tromperons pas.

    Ce qui persiste à rester ambigu aujourd’hui reste également négligeable pour la conscience, du fait de son caractère équivoque par rapport à ce qui a été défini avec clarté par le passé. Pour ainsi dire, le principe de continuité le tient en l’état. Ce n’est que si d’aventure le Pape déclarait, sans ambiguïté, qu’il ne faudrait plus prêter attention au magistère de ses prédécesseurs parce qu’il est abrogé par le sien, que ce statu quo tomberait. Mais dans ce cas, bien d’autre choses tomberaient également. Et nous pouvons être assurés que ça n’arrivera pas.

    Leonardo Lugaresi.

  • Quand l'Eglise parlait aux simples...

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    De KTO ("Au risque de l'histoire") :

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    cliquer sur l'image pour accéder à la video

    L'époque médiévale souffre, depuis le XVIIIe siècle, d'une réputation d'âge sombre, inculte et ignorant où la superstition le dispute à la violence. On lui oppose volontiers l'âge de la Renaissance, prélude de l'époque moderne où les ténèbres moyenâgeuses auraient été progressivement dissipées par les lumières de la rationalité humaine, redécouvertes à travers un âge d'or antique. Bien des travaux ont pourtant battu en brèche ces lieux communs et montrés toute la richesse de ces mille ans d'histoire. Michel Zink fait partie de ces historiens passionnés par l'éblouissante effervescence artistique, politique et sociale de cette époque. « On parle souvent à tort de « La » Renaissance, alors même que ce que nous désignons par ce mot peut être daté du XIVe siècle en Italie et du XVIe siècle chez nous. La vérité, c'est que les sociétés médiévales ont vécu une succession de renaissances », lance-t-il avec entrain. Un entretien passionné qui permet de revenir sur une valeur chère à l'époque médiévale : la simplicité. « Lorsqu'on parle des simples gens, dans la littérature du Moyen-âge, l'expression est toujours positive, car elle recouvre un sens religieux : la simplicité est une vertu biblique qui s'oppose à la duplicité du coeur diabolique. » Une occasion de jeter un regard éclairé sur cette période fascinante de l'histoire européenne.

  • Le temps des saints ? Avec Mgr Aillet, évêque de Bayonne

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    Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron. Le temps des saints – ne soyons pas des chiens muets (Artège)

    Le synode offre l’occasion de réfléchir à l’avenir de l’Eglise et, vu l’étendue de son passé, on est porté à croire que les choses ne sont pas finies. Et comment le serait-elle ? Etait-ce mieux avant ? Pas sûr. Est-ce que ce sera plus dur après ? Oui, et même dès à présent puisque le temps des saints est venu. Oui, le temps, pas le camp, le camp des saints, c’était Jean Raspail mais les sonorités sont proches et peut-être aussi qu’une certaine vision les rapproche, une vision de fin du monde ou fin d’un monde.

  • Synode : Si l'appel à l'"inclusivité" implique d'émousser les arêtes vives de l'Évangile, alors cet appel n'est pas l'œuvre du Saint-Esprit

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    De George Weigel sur First Things :

    DES QUESTIONS POUR ANIMER LE SYNODE-2023

    10 . 18 . 23

    La première session du "Synode sur la synodalité", qui se tient actuellement à Rome, devrait être suivie d'une deuxième session d'un mois en octobre 2024. Les deux visent à construire une "Église synodale de communion, de participation et de mission", ce qui est certainement un objectif louable. Deux semaines après le début du Synode 2023, il convient toutefois de se demander si la méthodologie du Synode est propice à une conversation sérieuse caractérisée par la parrhesia - le franc-parler - si souvent recommandée par le Pape François.

    L'Église catholique organise des synodes depuis 1967, deux ans après la création du Synode des évêques par Paul VI. Aucune des personnes impliquées dans ces rassemblements au cours des cinquante dernières années ne soutiendra probablement qu'une méthode parfaite pour rendre les synodes intéressants, efficaces et humainement supportables a jamais été conçue. La rhétorique peut devenir incontrôlable, et elle l'a déjà été : Un cardinal fatigué, à qui l'on demandait après la première semaine du Synode 2001 si tout avait été dit sur le sujet du Synode, a répondu : "Oui, tout a été dit, mais tout le monde ne l'a pas dit". Différentes méthodologies - une discussion plus ouverte en assemblée générale ; davantage de discussions en petits groupes, ouvertement structurées - ont été essayées. Aucune ne s'est avérée totalement satisfaisante.

    Cependant, ce qui est particulièrement frappant dans le Synode 2023, c'est l'étroite gestion des discussions en petits groupes. L'Instrumentum Laboris synodal (document de travail) comprend trente-trois pages à simple interligne de "fiches de travail" à travers lesquelles les petits groupes doivent se frayer un chemin, question par question, dans des segments précisément calibrés dans le temps et contrôlés par des "facilitateurs" nommés par le Secrétariat général du Synode. Il reste à voir si cette méthode de gestion des discussions (ou de contrôle des discussions) constituera une amélioration par rapport aux méthodologies synodales précédentes ; les chances me semblent grandes.

    Cela soulève la question de savoir si la discussion pourrait être enrichie si les questions prescrites, qui sont largement axées sur les problèmes du processus intra-ecclésiastique tel que défini par le critère (séculier) de "l'inclusivité", étaient complétées par des questions de nature plus substantielle et chrétienne dans la conversation. Heureusement, un tel ensemble de questions a été suggéré par l'archevêque Joseph Naumann de Kansas City, Kansas, que j'ai trouvé dans une déclaration du Forum international des juristes catholiques publiée dans le National Catholic Register. Je me permets de paraphraser :

    L'appel du Christ à la repentance, par lequel le Seigneur a commencé son ministère public (Marc 1:15), crée-t-il nécessairement une culture ecclésiale d'"exclusion" ?

    Comment devrions-nous comprendre l'enseignement clair, contre-culturel et stimulant du Seigneur sur la permanence du mariage ou sur les conséquences d'un appétit indiscipliné ? Ces enseignements sont-ils aliénants ? Peuvent-ils être libérateurs ? Et s'ils sont libérateurs, que nous apprennent-ils sur la véritable signification de la liberté ?

    De nombreux disciples ont abandonné Jésus après qu'il leur a dit : "Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l'homme et si vous ne buvez pas son sang, vous n'avez pas la vie en vous" (Jean 6:53). Compte tenu de cet abandon et de la question du Seigneur à ceux qui sont restés ("Voulez-vous aussi vous en aller ?" [Jean 6:57]), pouvons-nous dire que l'inclusion radicale était la plus grande priorité du Seigneur ?

    Pourquoi les catholiques devraient-ils être surpris ou mal à l'aise lorsque tant de personnes dans les sociétés occidentales rejettent l'enseignement moral de l'Église sur les questions relatives à la vie, sur les véritables expressions de l'amour humain et sur le fait que nous sommes créés en tant qu'hommes et femmes ? Le rejet de ces enseignements signifie-t-il qu'ils sont erronés ? Ces enseignements sont certainement contre-culturels aujourd'hui, mais leur rejet ne nous invite-t-il pas à communiquer plus efficacement les vérités que le Seigneur a données à l'Église ?  

    Qu'est-ce qui a attiré les gens vers le Christ et l'Église pendant deux millénaires - une inclusivité qui rendait l'Église indiscernable de la culture ambiante et de la société environnante, ou un mode de vie qui, tout en étant contre-culturel, était manifestement plus favorable à la vie et plus ennoblissant ?

    Il est vrai que "tout le monde est le bienvenu dans l'Église", comme nous l'entendons si souvent aujourd'hui. Mais cette phrase ne doit-elle pas être complétée, de manière à ce qu'il soit clair que chacun est le bienvenu dans l'Église aux conditions du Christ, et non aux siennes propres ? Dans notre travail d'évangélisation, comment communiquer cela avec compassion, en reconnaissant que nous sommes une Église de pécheurs qui souvent n'atteignent pas la cible - mais qui n'ont pas l'autorité pour changer la cible ?

    Ces questions devraient susciter une réflexion synodale sur les raisons pour lesquelles Jean-Paul II était un aimant évangélique si puissant pour les jeunes. Ce n'est pas, à mon avis, parce qu'il s'est plié à leurs exigences. C'est parce qu'il a fait preuve d'une honnêteté transparente à l'égard des exigences de l'Évangile et qu'il a mis les jeunes adultes - et le reste d'entre nous - au défi de ne jamais oublier que c'est la grâce de Dieu qui rend possible la grandeur spirituelle et morale dans nos vies.

    Si l'appel à l'"inclusivité" implique d'émousser les arêtes vives de l'Évangile, alors cet appel n'est pas l'œuvre du Saint-Esprit.  

    La chronique de George Weigel intitulée "La différence catholique" est publiée par le Denver Catholic, la publication officielle de l'archidiocèse de Denver.

    George Weigel est Distinguished Senior Fellow du Ethics and Public Policy Center de Washington, D.C., où il est titulaire de la William E. Simon Chair in Catholic Studies.

  • Le pape a consacré sa catéchèse hebdomadaire à Charles de Foucauld

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    PAPE FRANÇOIS - AUDIENCE GÉNÉRALE

    Place Saint-Pierre - Mercredi 18 octobre 2023

    source

    _______________________________________

    Catéchèse - La passion pour l’évangélisation : le zèle apostolique du croyant - 23. Saint Charles de Foucauld, cœur vibrant de la charité dans la vie cachée

    Chers frères et sœurs, bonjour !

    Nous poursuivons dans notre rencontre avec certains chrétiens témoins riches de zèle dans l'annonce de l'Évangile. Le zèle apostolique, le zèle pour l’annonce : et nous allons à la rencontre de certains chrétiens qui ont été des exemples de ce zèle apostolique. Aujourd'hui, je voudrais vous parler d'un homme qui a fait de Jésus et de ses frères les plus pauvres la passion de sa vie. Je me réfère à Saint Charles de Foucauld qui, « grâce à son expérience intense de Dieu, a fait un cheminement de transformation jusqu’à se sentir le frère de tous » (Lett. enc. Fratelli tutti, 286).

    Et quel a été le "secret" de Charles de Foucauld, de sa vie ? Après avoir vécu une jeunesse loin de Dieu, sans croire à rien sinon qu’à la recherche désordonnée du plaisir, il le confie à un ami non-croyant, auquel, après s'être converti en accueillant la grâce du pardon de Dieu dans la Confession, il révèle la raison de sa vie. Il écrit : « J'ai perdu mon cœur pour Jésus de Nazareth » [1]. Frère Charles nous rappelle ainsi que le premier pas dans l'évangélisation est d'avoir Jésus dans son cœur, c'est de "perdre la tête" pour Lui. Si ce n'est pas le cas, difficilement nous réussissons à le montrer par notre vie. Nous risquons en revanche de parler de nous-mêmes, dans notre groupe d’appartenance, d'une morale ou, pire encore, d'un ensemble de règles, mais pas de Jésus, de son amour, de sa miséricorde. Cela je le vois dans certains nouveaux mouvements qui émergent : ils parlent de leur vision de l'humanité, ils parlent de leur spiritualité et ils se sentent une nouvelle voie... Mais pourquoi ne parlez-vous pas de Jésus ? Ils parlent de beaucoup de choses, d'organisation, de chemins spirituels, mais ils ne savent pas parler de Jésus. Je crois qu'aujourd'hui, il serait bon que chacun d'entre nous se demande : "Est-ce que j'ai Jésus au centre de mon cœur ? Ai-je un peu perdu la tête pour Jésus ?

    Charles le fait, au point de passer de l'attraction pour Jésus à l' imitation de Jésus. Conseillé par son confesseur, il se rend en Terre Sainte pour visiter les lieux où le Seigneur a vécu et pour marcher où le Maitre a marché. En particulier, c'est à Nazareth qu'il comprend le devoir de se former à l'école du Christ. Il vit une relation intense avec le Seigneur, passe de longues heures à lire les Évangiles et se sent comme son petit frère. Et connaissant Jésus, nait en lui le désir de le faire connaitre : cela survient toujours ainsi. Lorsque chacun de nous connait plus Jésus, nait le désir de le faire connaitre, de partager ce trésor. En commentant le récit de la visite de la Vierge à Elisabeth, il Lui fait dire, à la Vierge, à lui : « Je me suis donné au monde... portez-moi au monde ». Oui mais comment faire ? Comme Marie dans le mystère de la Visitation : « en silence, par l'exemple, par la vie » [2]. Par la vie, parce que « toute notre existence, écrit frère Charles - doit crier l'Évangile » [3]. Et tant de fois notre existence crie mondanité, crie tant de choses stupides, choses étranges et lui nous dit : “Non, toute notre existence doit crier l'Évangile”.

    Il décide alors de s'installer dans des régions lointaines pour crier l'Évangile dans le silence, en vivant dans l'esprit de Nazareth, dans la pauvreté et de manière cachée. Il se rend dans le désert du Sahara, parmi les non-chrétiens, et y arrive en ami et en frère, apportant la douceur de Jésus Eucharistie. Charles laisse que ce soit Jésus à agir silencieusement, convaincu que la "vie eucharistique" évangélise. En effet, il croit que le Christ est le premier évangélisateur. Il reste donc en prière aux pieds de Jésus, devant le tabernacle, environ dix heures par jour, sûr que la force évangélisatrice se trouve là et réalisant que c'est Jésus qui le rend proche de tant de frères lointains. Et nous, je me demande croyons-nous au pouvoir de l'Eucharistie ? Notre sortie vers les autres, notre service, trouve-t-il là, dans l'adoration, son commencement et son accomplissement ? Je suis convaincu que nous avons perdu le sens de l'adoration : nous devons le retrouver, en commençant par nous, personnes consacrées, évêques, prêtres, religieuses et toutes les personnes consacrées. "Perdre" du temps devant le tabernacle, retrouver le sens de l'adoration.

    Charles de Foucauld écrivait : « Tout chrétien est un apôtre » [4] et rappelle à un ami qu’ « à côté des prêtres, nous avons besoin de laïcs qui voient ce que le prêtre ne voit pas, qui évangélisent avec une proximité de charité, avec une bonté pour tous, avec une affection toujours prête à se donner » [5]. Les saints laïcs, pas les arrivistes, mais ces laïcs, hommes et femmes qui sont amoureux de Jésus, font comprendre au prêtre qu'il n'est pas un fonctionnaire, qu'il est un médiateur, un prêtre. Combien nous, prêtres, avons besoin d'avoir à nos côtés ces laïcs qui croient sérieusement et qui, par leur témoignage, nous enseignent le chemin. Charles de Foucauld, avec cette expérience laïque, anticipe l'époque du Concile Vatican II, il perçoit l'importance des laïcs et comprend que l'annonce de l'Évangile est la responsabilité du peuple de Dieu tout entier. Mais comment accroître cette participation ? Comme Charles de Foucauld l'a fait : en se mettant à genoux et en accueillant l'action de l'Esprit, qui suscite toujours de nouvelles manières pour s'engager, rencontrer, écouter et dialoguer, toujours dans la collaboration et dans la confiance, toujours en communion avec l'Église et avec les pasteurs.

    Saint Charles de Foucauld, figure qui est une prophétie pour notre temps, a témoigné de la beauté de la communication de l'Évangile à travers l' apostolat de la douceur : lui qui se sentait "frère universel" et accueillait tous, nous montre la force évangélisatrice de la douceur, de la tendresse. Ne l’oublions pas, le style de Dieu ce sont trois paroles : proximité, compassion et tendresse. Dieu est toujours proche, toujours compatissant, toujours tendre. Et le témoignage chrétien doit suivre ce chemin : de proximité, de compassion, de tendresse. Et il était ainsi doux et tendre. Il voulait que quiconque le rencontrait voit, à travers sa bonté, la bonté de Jésus. Il disait qu'il était en fait « le serviteur de quelqu’un qui est bien meilleur que moi » [6]. Vivre la bonté de Jésus l’entrainait à tisser des liens fraternels et d'amitié avec les pauvres, avec les Touaregs, avec ceux qui sont les plus éloignés de sa mentalité. Peu à peu, ces liens généraient la fraternité, l'inclusion, l'appréciation de la culture de l'autre. La bonté est simple et demande d'être des gens simples, qui n'ont pas peur de donner un sourire. Et avec son sourire, avec sa simplicité, Frère Charles a témoigné de l'Évangile. Jamais de prosélytisme, jamais : le témoignage. L'évangélisation ne se fait pas par le prosélytisme, mais par témoignage, par attraction. Demandons-nous alors enfin si nous portons en nous et aux autres la joie chrétienne, la douceur chrétienne, la tendresse chrétienne, la compassion chrétienne, la proximité chrétienne. Merci.

  • Les "dubia" sont-ils une arme contre le pape ou une défense des fidèles ? Une réponse argumentée

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    Un article de Sandro Magister sur Settimo Cielo :

    18 octobre

    Les "dubia" sont-ils une arme contre le pape ou une défense des fidèles ? Une réponse argumentée

    Le nouveau préfet du dicastère pour la doctrine de la foi, l'Argentin Victor Manuel Fernández, n'est pas en paix.

    Ayant récemment pris ses fonctions, il s'est trouvé aux prises avec quelques questions ouvertes inconfortables, qu'il pensait pouvoir clore rapidement avec l'approbation du pape François, alors qu'il a obtenu le résultat inverse.

    La première question concernait les cinq "dubia" transmis le 10 juillet, puis le 21 août, à lui et au pape par cinq cardinaux, concernant autant de points critiques de doctrine et de pratique, dont la bénédiction des couples de même sexe.

    La seconde question a été soulevée, toujours en juillet, par le cardinal Dominik Duka, archevêque émérite de Prague, et concernait la communion eucharistique aux divorcés remariés.

    Avec l'approbation signée le 25 septembre par le pape François, le 2 octobre, Mgr Fernández a rendu public sur le site web du dicastère deux blocs de réponses aux deux questions.

    Mais dans les deux cas, les réponses ont été pratiquement réexpédiées à l'expéditeur.

    Quant à la question posée par Duka, c'est le cardinal et théologien Gerhard Ludwig Müller qui a démoli les réponses données par Fernández. Un refus qui n'est pas anodin, puisque Müller a également été, de 2012 à 2017, préfet du même dicastère pour la doctrine de la foi :

    > Exclusif. Müller écrit à Duka : Fernández va à l'encontre de la doctrine catholique, et avec lui le pape.

    Quant aux "dubia" des cinq cardinaux, les réponses fournies par Fernández - sous la forme d'une lettre envoyée par le pape François le 11 juillet - ont été considérées par eux comme tout sauf clarifiantes bien avant que Fernández lui-même ne les rende publiques, à tel point qu'ils avaient soumis une seconde fois les mêmes questions au pape sous une forme plus rigoureuse.

    Les cinq cardinaux n'ont jamais reçu de réponse à cette nouvelle soumission des "dubia", effectuée le 21 août, et ils ont décidé de la documenter publiquement le 2 octobre, quelques heures avant que Fernández ne rende publiques les réponses précédentes du 11 juillet, comme s'il s'agissait de réponses définitives :

    > Les cinq "dubia" de cinq cardinaux sur des points clés du Synode. Auxquelles le pape n'a pas répondu

    Mais ce n'est pas fini. Car non seulement les cinq cardinaux ont protesté contre le forcing de Fernández, mais l'un d'entre eux, le Chinois Joseph Zen Ze-kiun, a repris les réponses du pape à la première formulation des "dubia" et les a critiquées une à une, en montrant qu'elles étaient tout sauf capables d'apporter de la clarté.

    Zen a publié son réquisitoire le 13 octobre sur son blog personnel, en chinois, anglais et italien :

    > Analyse des réponses données aux cinq "dubia" telles qu'elles ont été formulées à l'origine.

    En revanche, du côté des apologistes du pontificat actuel, les "dubia" et les questions qu'ils soulèvent ont été ignorés ou, pire, accusés d'être une arme inappropriée brandie contre le pape pour le forcer à dire ce qu'il veut.

    Mais est-ce nécessairement le cas ? Ou s'agit-il au contraire d'une juste initiative des évêques et des cardinaux pour protéger la foi du peuple chrétien des doutes sur des points importants de la doctrine et de la morale, doutes générés par des expressions peu claires des plus hautes autorités de l'Église ?

    Et si cette deuxième réponse est valable, comment justifier alors, de la part des autorités appelées à faire la clarté, des silences ou des réponses fuyantes ?

    L'intervention suivante apporte une réponse motivée à ces questions. L'auteur de la lettre est bien connu à Settimo Cielo, mais il demande à être identifié simplement comme "un prêtre qui travaille avec le Saint-Siège depuis de nombreuses années". Et pourquoi ? Évidemment pour des raisons opposées à celles pour lesquelles le cardinal Zen, 91 ans, signe ce qu'il publie : "Vieux comme je suis, je n'ai rien à gagner, rien à perdre".

    *

    Cher Magister,

    la présentation au Pape François de questions concernant des expressions dans les textes qui portent sa signature, considérées sans interprétation évidente par les auteurs des soi-disant "dubia", continue à susciter de l'intérêt et à animer un débat "intra et extra Ecclesiam catholicam".

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  • Georg Gänswein : le débat sur la structure de l'Église occulte les questions de foi.

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    Lu sur le site https://www.kath.net/news/82800:

    Lors d'une conférence à Graz, l'ancien secrétaire particulier du pape Benoît XVI, l’archevêque Georg Gänswein a critiqué l'importance excessive accordée aux questions structurelles de l'Église au détriment de la foi. Le secrétaire de longue date du pape Benoît XVI. (1927-2022), qui vit aujourd'hui à Fribourg, a constaté dans les pays occidentaux une « perte de foi » à laquelle on n'accorde cependant pas suffisamment d'attention, notamment dans les pays germanophones. La vie religieuse et la connaissance de la foi des gens sont "en chute libre", a déclaré samedi Gänswein lors de la réunion annuelle de l'organisation papale d'aide "Aide à l'Église en détresse" à Graz.

    Dans d'autres continents, c'est souvent l'inverse : les catholiques sont minoritaires dans de nombreux pays et il n'existe que quelques structures avec de petites communautés, "mais la vie de foi est florissante, joyeuse et vivante", a déclaré l'archevêque. Il pourrait être utile ici d’« élargir la vision de l’Église universelle » et de faire « la mission dans l’autre sens ». En outre, les structures de l’Église doivent toujours servir la foi et ne doivent pas la remplacer, a prévenu Gänswein. Là où les structures ne sont plus utiles pour proclamer la foi, il faut les changer – « et non la foi ».

    L'archevêque a considéré qu'il était important que la foi contribue à une bonne coexistence dans la société. Les croyants doivent donner « un témoignage de foi sans visage amer, converser avec Dieu, demander et prier, et vivre une vie spirituelle vigoureuse ».

    Très curieusement cette question cruciale n’est pas à l’ordre du jour synodal dont la logorrhée nous rebat les oreilles.

    Comme l’observe le site « diakonos » le synode parle tout seul (https://www.diakonos.be/settimo-cielo/le-synode-parle-tout-seul-en-attendant-en-italie-deux-jeunes-sur-trois-ne-croient-plus-en-dieu/ « Il y a un gouffre entre les questions débattues parmi les trente-cinq tables du synode sur la synodalité – si l’on s’en tient aux comptes-rendus officiels – et à ce qui se passe au-delà des murailles léonines, dans la vie réelle, à « notre époque où dans de vastes régions de la terre la foi risque de s’éteindre comme une flamme qui ne trouve plus à s’alimenter ». Cette citation est de Benoît XVI, dans la mémorable lettre qu’il a envoyée aux évêques le 10 mars 2009. « En ce moment de notre histoire – écrivait ce pape – le vrai problème est que Dieu disparaît de l’horizon des hommes et que tandis que s’éteint la lumière provenant de Dieu, l’humanité manque d’orientation, et les effets destructeurs s’en manifestent toujours plus en son sein. »

    JPSC