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International - Page 140

  • "La nourriture pour tous est un devoir moral"

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    De Vatican News (Isabella Piro) :

    Mgr Gallagher : la nourriture pour tous est un devoir moral

    Lors du sommet de l'ONU sur les systèmes alimentaires, Mgr Paul Richard Gallagher, Secrétaire pour les relations avec les États, a lancé un appel en faveur de systèmes alimentaires durables et de modèles de production et de consommation circulaires.

    Remplacer la «culture du gaspillage» par une «culture du soin» afin de «protéger la dignité inhérente à chaque personne et de préserver notre maison commune» : telle est l’invitation faite par Mgr Paul Richard Gallagher, Secrétaire pour les relations avec les États, à l'occasion du tout premier sommet des Nations unies sur les systèmes alimentaires, qui se tiendra le 23 septembre à New York en mode virtuel.

    L’archevêque britannique a souligné «l'urgente nécessité d'intensifier l'action internationale pour transformer les systèmes alimentaires et combattre l'insécurité alimentaire et la malnutrition». «L'accès à la nourriture est un droit de l'homme fondamental et essentiel pour une vie digne», a déclaré le Secrétaire aux relations avec les États, qui a redit que «la nourriture pour tous est un devoir moral».

    Au XXIe siècle, la faim est une véritable honte

    Faisant écho aux paroles du Pape François, Mgr Gallagher a souligné qu'au XXIe siècle, «la faim n'est pas seulement une tragédie pour l'humanité, mais aussi une véritable cause de honte». D'où l'appel à passer des paroles aux actes, c'est-à-dire «des déclarations et de la formulation de stratégies à une action efficace et urgente».

    Mgr Gallagher a donc lancé ces interrogations : Comment transformer les systèmes alimentaires mondiaux pour favoriser le développement durable, régénérer les systèmes sociaux après la pandémie de Covid-19, promouvoir le développement intégral de l'humanité et protéger l'intégrité de la planète? La réponse, explique-t-il, repose sur sept principes fondamentaux : accroître la résilience, renforcer les économies locales, améliorer la nutrition, réduire les déchets alimentaires, fournir une alimentation saine et accessible à tous, assurer un environnement durable et respecter les cultures locales.

    Promouvoir le développement humain intégral et poursuivre le bien commun

    Nourrir les affamés ne suffit pas : nous devons également «fournir aux pauvres et aux personnes en situation de vulnérabilité les ressources dont ils ont besoin pour subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille à long terme». Et cela signifie, en substance, «leur offrir davantage de possibilités d'utiliser et de posséder des terres, des ressources financières et des formations». Les systèmes alimentaires durables et les modèles de production et de consommation circulaires sont donc les principaux outils pour «une existence juste et équitable», a insisté Mgr Gallagher, rappelant également que la science et les technologies avancées sont essentielles dans ce domaine, à condition qu'une telle approche soit guidée par «des principes éthiques visant à promouvoir le développement humain intégral et à poursuivre le bien commun».

    Les dimensions «humaine, économique, environnementale et technologique» devront donc être intégrées dans la vision des systèmes alimentaires : une vision qui peut devenir une réalité, a conclu le Secrétaire pour les relations avec les États, grâce à l'aide du Saint-Siège, «à travers les nombreuses initiatives de l'Église catholique mises en œuvre dans le monde».

    Les objectifs du sommet

    Dirigé par le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, le sommet sur les systèmes alimentaires se déroule pendant la semaine de haut niveau de l'Assemblée générale des Nations unies. «Il s'agit d'une occasion historique de donner à tous les gens les moyens d'exploiter le pouvoir des systèmes alimentaires pour mener notre rétablissement de la pandémie de Covid-19 et nous remettre sur la voie de la réalisation des 17 objectifs de développement durable d'ici 2030», explique une note de l’ONU.

    L’évènement avait été précédé d'un pré-sommet organisé par le gouvernement italien à Rome en juillet. À cette occasion, Mgr Gallagher avait transmis un message du Pape François dans lequel il avait souligné qu'il est du devoir de tous d'éradiquer l'injustice de la faim dans le monde par des politiques courageuses. Il invitait donc à concentrer les efforts sur des systèmes alimentaires durables et respectueux de l'environnement, sur la centralité du secteur agricole et rural et sur la promotion de la famille, au sein de laquelle «nous apprenons à profiter des fruits de la Terre sans en abuser».

    La faim dans le monde est un crime contre l’humanité, déclare François

    Lire aussi : Pourquoi les biens sont-ils destinés à tous ?

  • Le message du pape pour la journée mondiale du migrant et du réfugié 2021 (26 septembre)

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    De Vatican.va (3 mai 2021) :

    MESSAGE DU PAPE FRANÇOIS POUR LA 107ème JOURNÉE MONDIALE DU MIGRANT ET DU RÉFUGIÉ 2021

    [26 septembre 2021]

    « Vers un nous toujours plus grand »

    Chers frères et sœurs !

    Dans la Lettre encyclique Fratelli tutti, j’ai exprimé une préoccupation et un désir, qui occupent encore une place importante dans mon cœur : « Après la crise sanitaire, la pire réaction serait de nous enfoncer davantage dans une fièvre consumériste et dans de nouvelles formes d’auto-préservation égoïste. Plaise au ciel qu’en fin de compte il n’y ait pas “les autres”, mais plutôt un “nous” ! » (n. 35).

    C’est pourquoi j’ai pensé consacrer le message de la 107e Journée mondiale du migrant et du réfugié à ce thème : « Vers un nous toujours plus grand », souhaitant ainsi indiquer un horizon clair pour notre parcours commun dans ce monde.

    L’histoire du « nous »

    Cet horizon est présent dans le projet créatif de Dieu lui-même : « Dieu créa l’homme à son image, à l’image de Dieu il le créa, il les créa homme et femme. Dieu les bénit et leur dit : “Soyez féconds et multipliez-vous” » (Gn 1,27-28). Dieu nous a créés homme et femme, des êtres différents et complémentaires pour former ensemble un nous destiné à devenir toujours plus grand avec la multiplication des générations. Dieu nous a créés à son image, à l’image de son Être Un et Trine, communion dans la diversité.

    Et lorsque, à cause de sa désobéissance, l’être humain s’est détourné de Dieu, celui-ci, dans sa miséricorde, a voulu offrir un chemin de réconciliation non pas à des individus, mais à un peuple, à un nous destiné à inclure toute la famille humaine, tous les peuples : « Voici la demeure de Dieu avec les hommes! Il habitera avec eux, et ils seront ses peuples, et lui-même, Dieu avec eux, sera leur Dieu » (Ap 21,3).

    L’histoire du salut voit donc un nous au début et un nous à la fin, et au centre le mystère du Christ, mort et ressuscité « afin que tous soient un » (Jn 17,21). Le temps présent, cependant, nous montre que le nous voulu par Dieu est brisé et fragmenté, blessé et défiguré. Et cela se produit surtout dans les moments de grande crise, comme maintenant avec la pandémie. Les nationalismes fermés et agressifs (cf. Fratelli tutti, n. 11) et l’individualisme radical (cf. ibid., n. 105) émiettent ou divisent le nous, tant dans le monde qu’au sein de l’Église. Et le prix le plus élevé est payé par ceux qui peuvent le plus facilement devenir les autres : les étrangers, les migrants, les marginaux, qui vivent dans les périphéries existentielles.

    En réalité, nous sommes tous dans le même bateau, et nous sommes appelés à nous engager pour qu’il n’y ait plus de murs qui nous séparent, qu’il n’y ait plus les autres, mais un seul nous, aussi grand que toute l’humanité. C’est pourquoi je profite de cette journée pour lancer un double appel à marcher ensemble vers un nous toujours plus grand, m’adressant d’abord aux fidèles catholiques puis à tous les hommes et femmes du monde.

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  • Suite aux évènements d'Afghanistan, la situation des chrétiens en Irak devient critique

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    De Julian Mann sur christiantoday.com :

    Les événements en Afghanistan ont enhardi les extrémistes en Irak

    23 septembre 2021

    L'église catholique chaldéenne St Kyriakos, à Batnaya, qui a été saccagée par les militants de l'IS (Photo : Aid to the Church in Need).

    La prise de contrôle de l'Afghanistan par les Talibans alimente l'extrémisme islamiste en Irak, entraînant une "persécution supplémentaire" de la minorité chrétienne, a averti l'un des principaux évêques catholiques du Moyen-Orient.

    Mgr Bashar Warda, archevêque de l'Église catholique chaldéenne, s'est adressé à l'organisation catholique romaine d'aide aux chrétiens persécutés, l'Aide à l'Église en détresse (AED).

    L'archevêque Warda, qui est basé à Erbil, la capitale du Kurdistan, a déclaré à l'organisation caritative que les récents événements en Afghanistan ont enhardi les extrémistes en Irak. 

    "L'Afghanistan et l'Irak sont des endroits très différents. Mais la prise de contrôle du pays par les Talibans encourage certainement ceux qui soutiennent ce type de régime", a-t-il déclaré. 

    L'archevêque a averti que les extrémistes de l'État islamique sont toujours actifs dans le pays et pourraient reprendre le pouvoir en Irak et en Syrie.

    Commentant l'annonce faite en juillet par le président Joe Biden de retirer la mission de combat américaine en Irak d'ici la fin de l'année, l'archevêque Warda a déclaré que l'insécurité potentielle aura un impact négatif sur les chrétiens et les autres minorités religieuses.

    "Ce que notre histoire nous a enseigné, en particulier notre histoire récente, c'est que dans toute période d'instabilité et de conflit, ce sont les minorités qui souffrent en premier.

    "Ainsi, dans la mesure où tout changement dans l'engagement américain en Irak conduit à une augmentation de l'instabilité, nous sommes certainement préoccupés par le fait que cela pourrait conduire à une persécution accrue des minorités religieuses", a déclaré l'archevêque Warda.

    Open Doors, une autre organisation caritative pour les chrétiens persécutés, a également souligné la détérioration de la situation des chrétiens en Irak.

    La branche britannique de l'organisation a mis en doute l'affirmation du Premier ministre irakien, Mustafa al-Khadhimi, selon laquelle les plus d'un million de chrétiens irakiens qui ont fui le pays ces dernières années peuvent rentrer chez eux en toute sécurité.

    Un partenaire de Portes Ouvertes basé en Irak a déclaré que les chrétiens courent encore trop de dangers dans le pays et que les opportunités sont trop rares.

    Le père Behnam Benoka a déclaré à l'organisation caritative : "Comment les chrétiens peuvent-ils retourner en Irak alors que beaucoup d'entre eux vivent encore dans des conditions indignes et sont confrontés à la persécution des groupes fondamentalistes sunnites et chiites ?"

    Portes Ouvertes rapporte qu'après la défaite du soi-disant État islamique en 2017, certains chrétiens sont retournés en Irak, mais n'ont trouvé que peu de services de base, d'emplois ou de sécurité.

    Des rapports font état d'une résurgence de l'EI et des milices locales qui se battent pour le contrôle. Parfois, les chrétiens de retour trouvent leurs maisons intactes, mais occupées par des étrangers, indique l'organisation caritative.

    "Des années de guerre et de conflit ont chassé environ 90 % des chrétiens d'Irak de leur patrie : la communauté qui comptait environ 1,5 million de personnes au début des années 90 n'en comptait plus que 175 000 en 2021", indique Portes Ouvertes.

  • Etats-Unis : de nombreux Etats adoptent des législations restrictives en matière d’avortement

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    Les lois limitant l’avortement se multiplient aux Etats-Unis

    23 Sep, 2021

    Aux Etats-Unis, de nombreux Etats adoptent des législations restrictives en matière d’avortement.

    Une nouvelle loi au Texas

    Une nouvelle loi votée par l’Etat du Texas lors d’une session extraordinaire se terminant le 2 septembre dernier, a été signée par le Gouverneur Greg Abbott. Elle interdit la prescription de produits provoquant l’avortement, plus de sept semaines après le début de la grossesse. Cette loi, appelée SB4, entrera en vigueur le 2 décembre 2021 (Cf. Avortement au Texas : la Cour suprême laisse la loi en vigueur).

    Selon Will Metcalf, un représentant de l’Etat du Texas, la finalité de cette loi est de « réprimer les avortements par correspondance » qui sont dangereux. Elle aura aussi pour effet « d’augmenter les exigences de signalement des complications médicales ». Ceux qui violeront « intentionnellement, sciemment ou imprudemment » la loi en fournissant des substances chimiques par la poste, s’exposeront à des sanctions pénales. Les peines encourues pourront aller jusqu’à 10 000 dollars d’amendes et deux ans de prison. Les fournisseurs à l’extérieur du Texas sont aussi visés.

    Actuellement, au Texas, ces substances chimiques peuvent être prescrites durant les dix premières semaines de la grossesse.

    Un projet de loi déposé en Floride

    En Floride, un projet de loi a été déposé qui vise à interdire les avortements après six à huit semaines et à permettre à toute personne de poursuivre les médecins pour interruption de grossesse.

    Un juge examine la demande de blocage de la loi sur l’avortement en Arizona

    Un avocat a demandé mercredi, à un juge fédéral de bloquer une nouvelle loi de l’Etat d’Arizona. Selon le demandeur, elle « permettrait aux procureurs d’inculper les médecins qui interrompent sciemment une grossesse uniquement parce que le fœtus présente une anomalie génétique telle que la trisomie 21 ».

    Ce procès a pour but de contester la loi signée en avril dernier par le gouverneur républicain Doug Ducey. Celle-ci permet d’attaquer les médecins pour « crime », s’ils pratiquent des avortements en sachant que « c’est uniquement en raison d’une anomalie génétique du fœtus ».

    La Cour fédérale du Missouri examine la loi de 2019

    En 2019, le gouverneur du Missouri, Mike Parson, a signé une loi interdisant l’avortement après huit semaines de grossesse. Elle prévoit une peine allant jusqu’à 15 ans de prison pour les contrevenants. De plus, « toute personne participant à un avortement demandé uniquement en raison d’un diagnostic prénatal de trisomie 21 serait passible de sanctions civiles, y compris la perte de licences professionnelles ».

    Pour le moment, cette loi n’est pas appliquée, car « elle a été contestée par le Planned Parenthood basé à Saint Louis, qui exploite l’unique clinique d’avortements de l’Etat ».

    Sources : The Guardian, Melody Schreiber (22/09/2021) ; Reuters, Sharon Bernstein (22/09/2021) ; US News, Jonathan J. Cooper (22/09/2021) ; AP News, Jim Salter (21/09/2021).

  • RDC : des prêtres ligotés et torturés lors de l'attaque d'une église à Bukavu

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    De sur Benin Web TV :

    RDC : une paroisse catholique attaquée à Bukavu, des prêtres ligotés et torturés

    22 Sep 2021

    En République démocratique du Congo (RDC), une église catholique a été attaquée dans la nuit du lundi à mardi à Bukavu par des hommes armés cagoulés. Les assaillants ont torturé des prêtes et pillé l’enceinte de la paroisse avant de disparaître dans la nature.

     
     

    L’église catholique Saint François Xavier dans la commune de Kadutu, dans la ville de Bukavu dans le Sud-Kivu en RDC a été attaquée dans la nuit du lundi à mardi par des hommes armés cagoulés. Selon les sources paroissiales, les assaillants dont certains étaient vêtus en tenue policière, ont pris d’assaut la paroisse au petit matin. « Ils étaient munis de l’échelle. Ils ont escaladé le portail. Je crois qu’ils étaient avec des personnes qui maîtrisent bien les chambres des prêtres parce qu’un confrère a entendu quand ils sont arrivés, quelqu’un qui disait, voilà leurs chambres sont ici », a confié aux médias locaux, l’abbé Boniface Kanosire, vicaire de la paroisse Saint François Xavier.

    Selon l’abbé Boniface Kanosire, plusieurs prêtres ont été torturés, violentés de manière à les empêcher de faire appel à un secours. « Ils sont entrés dans la chambre de l’abbé Emmanuel, ils l’ont ligoté. Ils étaient d’abord eux-mêmes masqués, ils ont masqué le prêtre, ils ont pris sa chemise, ils ont mis une partie de la chemise dans sa bouche pour qu’il ne puisse pas crier en prenant les soins aussi de pouvoir le maîtriser pour qu’il ne voit même pas ce qui se passe », raconte-t-il.

    Plusieurs biens matériels dont des ordinateurs et des portables ont été emportés par les bandits qui ont aussi pris une importante somme d’argent. « Ils demandaient l’argent, le dollar (congolais, ndlr), les ordinateurs, les téléphones. Ils ont eu le temps de prendre tout ce qu’ils voulaient prendre et puis ils ont même chargé leurs armes pour dire que tu dois tout donner sinon on va te tuer. Ils ont pris tout ce qu’ils pouvaient prendre et même avant de partir, l’un a dit qu’on va te tuer, l’autre a dit nous avons déjà eu l’argent, nous pouvons partir. Ils ont dévalisé trois confrères, l’abbé Julien, l’abbé Colombe, l’abbé Matabaro », ajoute le vicaire.

    Ce n’est pas la première fois qu’une église catholique est attaquée par des hommes armés dans cette région du Sud-Kivu, en proie à l’insécurité et à des combats entre groupes rebelles et les forces gouvernementales. Il y a quelques mois, une paroisse a été attaquée à Buholo, dans la commune de Kadutu. Un autre incident similaire s’était produit il y a peu chez le Père René à Bukavu, et un prêtre a été blessé.

  • Le cardinal Sarah, ni traditionaliste, ni progressiste, mais intransigeant

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    «Je ne suis ni traditionaliste, ni progressiste. J’enseigne ce que les missionnaires m’ont enseigné. Je veux être fidèle, c’est tout.» Le cardinal Robert Sarah n’aime pas les étiquettes. Mais il admet celle d’intransigeant «parce que Dieu est exigeant, parce que l’amour est exigeant».

    A lire sur cath.ch

  • Eglise romaine et Liturgie : pour une véritable réforme.

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    Lu dans l’ Éditorial du bimensuel « L’Homme nouveau rédigé par Philippe Maxence le 17 septembre 2021

    « Depuis la publication du motu proprio Traditionis custodes, l’inquiétude des catholiques vivant de la forme extraordinaire ne cesse de grandir. Est-elle fondée ? J’ai dit ici même que des informations convergentes laissaient entendre que les séminaires des instituts traditionnels seraient particulièrement visés. Leurs supérieurs ont de ce fait publié un communiqué commun (disponible sur notre site) faisant part de leur crainte et demandant un évêque comme médiateur. Comme le remarquait Jean-Marie Guénois dans Le Figaro (4 septembre 2021), ils n’ont, en effet, plus d’interlocuteur à Rome alors que certains membres de la Curie rêvent de prendre leur revanche sur une famille spirituelle riche en vocations et qui à leurs yeux incarne le pontificat de Benoît XVI.

    Le thermomètre de l’inquiétude grimpe

    À vrai dire, l’inquiétude commence à gagner également certaines communautés qui célèbrent la forme ordinaire en tentant de l’inscrire dans une herméneutique de la continuité. Craintes là aussi vaines ? L’avenir le dira concrètement, mais le passé récent parle. Il y a un an, la Congrégation pour le Clergé ordonnait la fermeture du séminaire diocésain de San Rafael en Argentine. Son crime ? Continuer à distribuer la communion de manière traditionnelle. On se souvient aussi de l’affaire des Franciscains de l’Immaculée, congrégation très florissante et dont les prêtres célébraient dans les deux formes. Elle a été anéantie. Faut-il rappeler aussi la triste affaire des Petites Sœurs de Marie Mère du Rédempteur, absolument pas traditionalistes, mais dont les usages ont été jugés trop conservateurs ? Cette congrégation, aussi, a été réduite à sa plus simple expression. En juillet dernier, au Costa Rica, la conférence épiscopale a non seulement interdit toute célébration de la forme extraordinaire mais aussi celle de la forme ordinaire en latin, tournée vers l’orient, ainsi que l’utilisation de vêtements liturgiques anciens. Un prêtre aurait été sanctionné dans ce sens. Forts de ces faits, des laïcs ont signé une Lettre aux catholiques du monde entier en demandant au Pape de revenir sur son motu proprio (texte sur notre site). Même demande de la part d’un prêtre, l’abbé Pellabeuf, au nom du respect e la constitution de Vatican II sur la liturgie? (ici).

    Prendre acte du réel

    Le constat est donc là : la paix liturgique installée par Benoît XVI semble brisée ; les discussions reprennent et les oppositions s’affirment. Au nom de quoi ? De la fidélité au concile dont nombre d’historiens affirment aujourd’hui qu’il a représenté dans les faits davantage l’étendard d’une remise en cause permanente qu’une règle certaine. Dans son dernier livre, L’Ivresse et le Vertige (1), l’historien Yvon Tranvouez, venu pourtant de l’extrême-gauche de Dieu et qui partage avec François une admiration pour Michel de Certeau, note ainsi que « Vatican II n’est plus qu’un mot de passe, un pavillon de complaisance ». Les mots sont forts. Ils traduisent au moins une certaine réalité trop souvent mise de côté par les clercs. Et pourtant, l’Église a besoin d’une véritable réforme pour faire face à un monde anti ou postchrétien pour que ses fidèles aillent au Ciel.

    Dans une telle situation, la première urgence, le premier pas d’une telle réforme serait de prendre acte de la réalité et de cesser de vivre comme si le monde ne reniait pas le christianisme. Voici des années que nous demandons une vraie réforme. Voici des années que nous l’attendons. Ecclesia semper reformanda : l’Église est toujours réformable. Encore faut-il la vouloir et la voulant, la réaliser.

    Difficile mais d’autant plus nécessaire

    Réforme encore, ou plutôt refondation, cette fois-ci. Le mot vient à l’esprit en observant le jeu des primaires en vue de l’élection présidentielle ainsi que les déclarations de candidature. Pas sûr que nous allions ainsi à l’essentiel. L’homme étant d’abord et par nature un être sociable et politique, il est urgent de dépasser les simples joutes électorales pour avancer vers une refondation d’une véritable polis. C’est le sens d’une tribune libre de notre ami Guilhem Golfin (2) dont nous faisons nôtre la conclusion : « il n’est d’autre voie que de procéder à une refondation politique afin de retrouver le sens de la communauté politique, du droit et de la justice, de la res publica authentique. L’avenir de la France passe par un tel changement, à fondement moral et spirituel. Y parvenir sera difficile, mais suppose pour commencer d’en percevoir la nécessité »…

    1. Yvon Tranvouez, L’Ivresse et le Vertige, DDB, 252 p., 20,30 €.
    2. Valeurs actuelles, 9 septembre 2021. Auteur notamment de Babylone ou l’effacement de César, Éditions de L’Homme Nouveau, 128 p., 12 €.

    Ref. Pour une véritable réforme !

    JPSC

  • Guerres de religion entre musulmans en Afghanistan. Les plus en danger sont les Ismaéliens

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    De Sandro Magister (Settimo Cielo) :

    Guerres de religion entre musulmans en Afghanistan. Les plus en danger sont les Ismaéliens

    Aga Khan

    Les derniers juifs partis, l'unique représentant de la mission "sui iuris" de l'Église catholique rapatrié, les très rares convertis à la foi chrétienne cachés dans les catacombes, dans l'Afghanistan repris par les Talibans, les plus menacés de persécution sont désormais les musulmans qu'ils opposent aux hérétiques, ceux de la branche chiite, les Hazaras, les Ismaéliens.

    Parmi ceux-ci, les moins connus mais les plus menacés sont les derniers, les Ismaéliens. Moins connus en partie parce qu'ils gardent volontairement un profil bas, ne se rendent pas visibles en public, ne s'engagent pas dans des combats militaires. Leurs mosquées n'ont pas de minaret, elles n'élèvent pas le croissant, ni ne font retentir l'appel du muezzin. En fait, elles ne sont même pas appelées mosquées, mais "jama'at khana", maisons de la communauté, et chaque village, même le plus éloigné, a la sienne, qui ne se distingue des autres que par le soin avec lequel elle est entretenue. Les non-ismaéliens n'y sont pas admis. Mais on sait qu'à l'intérieur il n'y a ni chaire ni mihrab orienté vers la Mecque, hommes et femmes y prient ensemble. Le jeûne du Ramadan n'est pas ostentatoire et en général peu pratiqué. C'est une réserve qui appartient à toute l'histoire ismaélienne et fait partie intégrante de sa théologie. En cela, le "batin", le sens interne du Coran, sa vérité cachée, prévaut sur le "zahir", c'est-à-dire son sens ostensible. Mais le "batin" est strictement réservé aux initiés et a pour gardien et interprète suprême l'imam, descendant direct du prophète Mahomet.

    Depuis 1957, l'imam ismaélien est le prince Karim Aga Khan. Oui, il est de la Costa Smeralda, mais pas seulement. Il est au centre de la photo ci-dessus, prise il y a trente ans dans les montagnes de l'extrême nord du Pakistan, à quelques kilomètres de l'Afghanistan et plus précisément de la province afghane du Badakhshan, celle qui est coincée contre la Chine.

    Avec 15 millions de fidèles répartis dans 25 pays, les Ismaéliens constituent la deuxième plus grande communauté islamique chiite, après celle d'Iran. Et la seule région au monde où les Ismaéliens constituent la majorité de la population est située juste entre le Pakistan, l'Afghanistan et le Tadjikistan, dans les montagnes accidentées du Karakoram, de l'Hindu Kush et du Pamir.

    Les Ismaéliens sont menacés de persécution par les adeptes les plus fanatiques de Mahomet, précisément parce qu'ils sont l'autre Islam, si différent de celui qui domine les dépêches de guerre. Un islam tolérant, pluraliste, pacifique. Un islam capable d'accueillir - comme le souhaitait Benoît XVI en 2006 après son discours de Ratisbonne et son voyage en Turquie - "les véritables conquêtes des Lumières, les droits de l'homme et surtout la liberté de la foi et de sa pratique, en les reconnaissant également comme des éléments essentiels pour l'authenticité de la religion".

    Le début des années 90, après le retrait des Soviétiques, a été pour les Ismaéliens des montagnes d'Asie centrale les années du décollage. Jusqu'alors, cette région était l'un des foyers de pauvreté du monde. Un million d'habitants dispersés dans un millier de villages, des montagnes arides, des déserts de sable et de pierres, des parcelles de cultures maigres. Mais là, à partir de la haute vallée de Hunza, au nord du Pakistan, l'Aga Khan Development Network a mis en place un microcapitalisme agricole fait de creusement de canaux d'irrigation, de nouvelles terres agricoles arrachées aux pentes pierreuses, de semences bien sélectionnées, de bétail vacciné, d'épargne systématiquement réinvestie, de petites banques rurales, le tout organisé par les paysans eux-mêmes, hommes et femmes, réunis en organisations villageoises. Et parallèlement, des initiatives dans les domaines de l'éducation et de la santé se sont développées. Des écoles ont vu le jour dans les endroits les plus inaccessibles, en particulier pour les filles, pratiquement exclues de l'éducation auparavant.

    "L'Espresso" en a parlé le 7 novembre 1993, dans un vaste reportage sur le terrain, accompagné de la première interview jamais accordée par l'Aga Khan sur des questions liées à son rôle de chef spirituel :

    > Réseau Aga Khan. Reportage de la haute vallée de l'Hunza
    > L'Aga Khan : "I fondamentalisti sono musulmani da Medioevo" (Les fondamentalistes sont des musulmans du Moyen Âge)

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  • Olobi nini : « demokarasi azali mobali soko mwasi ? ». De 1960 à 2021, un concept toujours pas tiré au clair en RDC…

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    Décidément, Kinshasa et le pouvoir en République "démocratique" du Congo semblent retrouver certains des mauvais réflexes qui étaient de mise sous l’ancien régime tant décrié. Un commentaire d’Hubert Leclercq sur le site web de la "Libre Afrique" :

    « Ce mercredi 15 septembre 2021, une manifestation qui se voulait pacifiste emmenée par des partis politiques, des représentants de la société civile et des mouvements citoyens a été violemment prise à partie par les forces de l’ordre avant même de s’élancer.

    Une attitude déjà condamnée par le Bureau conjoint des Nations Unies aux droits de l’homme en République démocratique du Congo (BCNUDH) MONUSCO-HCDH. En marge de ses violences, les policiers s’en sont également pris  à des journalistes qui faisaient leur travail, notamment Patient Ligodi, correspondant pour RFI et responsable du site d’informations Actualite.cd.

    Le journaliste, comme on peut le voir sur certaines vidéos sur les réseaux sociaux, a été tabassé par les policiers.

    Décidément, le pouvoir en place, accueilli comme une délivrance, comme la transition « démocratique » tant attendue en RDC, poussé dans le dos par une certaine communauté internationale prompte à oublier les « manquements démocratiques » du scrutin qui l’ont amené à la tête de l’Etat, commence à montrer un autre visage. Celui d’un pouvoir qui dérive déjà dangereusement, n’hésitant pas à molester et séquestrer les journalistes un peu trop critiques, comme ce fut le cas la semaine dernière avec la journaliste Tatiana Ossango et son collègue Michael Mika Ndeke. Les deux ont été arrêtés et séquestrés pendant une semaine dans les cachots de l’ANR, le service de renseignement, sans qu’aucune charge ne leur soit imputée, sans avoir accès à leurs avocats. Ils ont finalement été libérés en début de semaine.

    Dans le cas de Patient Ligodi, ce mercredi, il s’agirait d’une « bavure » !  Tatiana Ossango, elle, dans une conférence de presse surréaliste (digne des régimes dictatoriaux) a dû expliquer qu’elle avait été bien traitée, que les agents de l’ANR qui l’ont kidnappée en pleine rue alors qu’elle revenait paisiblement du marché avec sa fille de 4 ans, avant de la séquestrer pendant 12 jours,  s’étaient comportés comme de vrais parents !

    Mais les faits sont éloquents. Des journalistes qui faisaient simplement leur travail ont été arrêtés et/ou violentés. Les faits sont têtus. Et ces dérives sont des signes très inquiétants dans cette République que l’on voudrait vraiment démocratique du Congo.

    Ref. RDC : Les journalistes ciblés !

    JPSC

  • Mao est de retour

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    De Laurent Gayard sur l'Incorrect via artofuss.blog :

    Avec la réhabilitation du maoïsme, on assisterait donc à une nouvelle transformation du pouvoir à Pékin et au retour à un autoritarisme idéologique beaucoup plus marqué

    Le 19e Congrès du Parti Communiste Chinois décida, le 24 octobre de la même année, d’inscrire la pensée de Xi Jinping dans la charte du Parti communiste chinois au côté de la pensée de Mao Zedong et de la théorie de Deng Xiaoping. Depuis lors, les écoliers chinois, comme les détenus des camps de rééducation du Xinjiang, sont tenus d’apprendre par cœur les subtilités de la  « pensée de Xi Jinping sur le socialisme aux caractéristiques chinoises pour une nouvelle ère ».

    Une nouvelle étape est en passe d’être franchie, en novembre prochain, avec la réunion plénière du Congrès du Parti Communiste Chinois qui aura pour mission de « résumer et célébrer 100 ans de lutte » à l’occasion du centième anniversaire de la création du Parti (qui tint sa première réunion dans les locaux d’une école de filles de la concession française de Shanghaï). À cette occasion, il est question que le PCC adopte de nouvelles « résolutions sur l’histoire » de la RPC.

    Deux « résolutions sur l’histoire » ont précédemment vu le jour en Chine. La première en avril 1945, en pleine guerre civile, dans le but de réaffirmer la prééminence du maoïsme sur ses rivaux idéologiques et la force de l’alliance avec l’Union Soviétique. La seconde en juin 1981, à l’initiative de Deng Xiaoping, à l’occasion de la sixième session plénière du 11e congrès du CCP, qui dénonçait les excès de la révolution culturelle et le rôle joué par Mao dans ces excès.

    Lire aussi : Alerte rouge en Chine : arrestation d’un évêque et d’ecclésiastiques

    À l’occasion de la sixième session plénière du 19e Congrès qui doit se tenir en novembre, il semble probable, à en croire un communiqué de l’agence de presse officielle Xinhua, qu’une troisième résolution pourrait revenir en arrière par rapport à l’ère Xiaoping et réhabiliter le rôle de Mao, mais aussi de la Révolution culturelle, dans la poursuite du processus révolutionnaire chinois jusqu’à Xi Xinping. Le président chinois a levé quasiment tous les obstacles à l’exercice d’un pouvoir sans partage. La chute de son rival Bo Xilai lui a permis d’éliminer un concurrent dangereux et d’accéder au pouvoir  en 2013. 

    Le congrès de 2017 a consacré son pouvoir et lui a permis de faire disparaître à la fois la limite d’âge – 68 ans pour un responsable politique de haut rang – et la limite de deux mandats consécutifs qui risquaient de lui poser problème. Aujourd’hui, au sein du secrétariat central du Politburo, composé de sept membres qui représentent le coeur du pouvoir politique chinois, Xi Xinping n’a plus de rival. Avec la réhabilitation du maoïsme, on assisterait donc à une nouvelle transformation du pouvoir à Pékin et au retour à un autoritarisme idéologique beaucoup plus marqué. La Chine est-elle sur le point de connaître un nouveau prince rouge ? Si c’est le cas, Peng Liyuan n’a pas fini de chanter.

  • 22 septembre - 31 octobre : 40 days for life "pour aider à mettre fin à l'injustice de l'avortement"

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    Du site de 40 days for life :

    traduction de la présentation :

    Aider à mettre fin à l'injustice de l'avortement

    40 jours pour la vie est une campagne de 40 jours coordonnée au niveau international qui vise à mettre fin à l'avortement au niveau local par la prière et le jeûne, la sensibilisation de la communauté et une veille pacifique toute la journée devant les établissements pratiquant l'avortement.

    PRIÈRE ET JEÛNE

    Le Christ nous a dit que certains démons ne peuvent être chassés que par la prière et le jeûne. Les deux vont de pair. La prière nous maintient enracinés dans le fait que notre désir est d'accomplir la volonté de Dieu. Le jeûne est un sacrifice qui nous aide à dépasser nos propres limites avec l'aide de Dieu.

    Chaque jour, pendant les 40 jours pour la vie, les individus, les églises, les familles et les groupes seront invités à s'unir dans la prière pour une demande spécifique, afin que le Corps du Christ tout entier puisse s'unir autour d'un objectif commun.

    Les personnes de foi sont également invitées à jeûner tout au long des 40 jours pour la vie. Nous croyons que lorsque le peuple de Dieu jeûne avec un esprit brisé, repentant et contrit, notre Père céleste entendra du ciel et guérira nos vies, nos églises, nos communautés, notre nation et notre monde.

    VEILLE CONSTANTE

    La pièce maîtresse visible et publique des 40 jours pour la vie est une veillée de prière ciblée, de 40 jours, non-stop, 24 heures sur 24, devant un seul centre Planned Parenthood ou autre établissement pratiquant l'avortement dans votre communauté.

    Il s'agit d'une présence pacifique et éducative. Ceux qui sont appelés à témoigner pendant cette présence 24 heures sur 24 envoient un message puissant à la communauté sur la réalité tragique de l'avortement. C'est aussi un appel à la repentance pour ceux qui travaillent dans le centre d'avortement et ceux qui le fréquentent.

    Si vous n'avez pas de centre d'avortement ou de bureau de Planned Parenthood dans votre ville, vous pouvez tout de même organiser les 40 jours pour la vie ; cependant, vous devrez choisir un autre endroit qui a une certaine importance stratégique - peut-être près de la mairie, d'un palais de justice ou d'une intersection très visible.

    SENSIBILISATION DE LA COMMUNAUTÉ

    Pendant les 40 jours pour la vie, le message est porté de manière proactive dans tous les coins de votre communauté. La sensibilisation des médias se fait par le biais de reportages, d'émissions-débats et d'éditoriaux soigneusement ciblés. La participation des églises commence par des rencontres avec les pasteurs locaux, d'autres responsables d'églises et les membres de différentes congrégations.

    Une pétition et une campagne d'information en porte-à-porte sont lancées auprès de chaque foyer de votre ville. Les gens montrent visiblement leur soutien aux 40 jours pour la vie en portant des bracelets, en plaçant des panneaux dans leur jardin ou en affichant des autocollants sur leur véhicule.

    Si votre communauté possède un campus universitaire, un grand nombre d'étudiants peuvent être touchés par une action intense de 40 jours sur le campus. Cela peut consister en des campagnes de tracts, des témoignages publics, des campagnes de pétition, des expositions de tables, et bien plus encore.

  • Benoit XVI-Rémi Brague : même combat

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    Dans le cadre de conférences organisées à l’Université de Liège, l’Union des étudiants catholiques liégeois et le groupe de réflexion sur l’éthique sociale avaient invité, voici quelque temps déjà, le philosophe Rémi Brague, professeur ordinaire à l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne et à la Ludwig-Maximilian Universität de Munich. Membre de l’Institut, celui-ci a reçu le Prix de la Fondation Ratzinger-Benoît XVI. Elle rejoint la dénonciation, renouvelée aujourd’hui par le pape émérite (Un texte inédit de Benoît XVI sort en Italie ), de l’anthropologie mortifère que l’Occident postchrétien fait peser sur le monde.

    the-preaching-of-the-antichrist-luca-signorelli.jpgVoici, en synthèse, un rappel de cette conférence intitulée :  « Eclipse de Dieu, éclipse de l’homme ». Elle n’a pas pris une ride :

    Mort de Dieu, mort de l’homme

    Le titre est une métaphore empruntée à l’œuvre du philosophe juif Martin Buber (Vienne 1878-Jérusalem 1965) illustrant  le thème de la mort de Dieu que l’on rencontre aussi chez Max Weber (Le désenchantement du monde, 1917) et, bien sûr, Friedrich Nietzche (le Gai Savoir, 1882) : plus que de triomphe, c’est un cri d’inquiétude auquel répond celui de la mort de l’homme que l’on trouve chez Léon Bloy, Nicolas Berdiaev ou André Malraux. Il a été repris et rendu célèbre par Michel Foucauld (Les mots et les choses, 1966) ramenant cette idée à la critique d’une incohérence logique : si le prototype disparaît, alors la copie doit aussi s’effacer. La thèse de Rémi Brague est moins innocente : selon lui, la disparition de Dieu à l’horizon de l’humanité pourrait, de fait, entraîner celle de l’humanité elle-même, sinon physique en tout cas ontologique: la disparition de ce qui fait l’humanité de l’homme.

    Echec de l’athéisme ?

    Pour Rémi Brague, l’athéisme est un échec. Sa faveur croissante dans l’opinion publique n’est pas une objection pertinente. Pour un philosophe, la quantité de gens qui défendent une opinion déterminée n’est pas un argument en soi : ni pour, ni contre. Mais d’autres succès spectaculaires sont à mettre au crédit de l’athéisme :

    Au niveau théorique d’abord, la science moderne de la nature n’a plus besoin d’une religion « bouche-trou » lorsqu’on cherche une explication du monde. Mais, on peut ici se demander si une religion a vraiment jamais prétendu expliquer comment le monde fonctionne. Quoi qu’il en soit, le Dieu horloger de Voltaire a vécu. Cette victoire théorique se complète d’une victoire dans la pratique politique, laquelle montre que les sociétés d’aujourd’hui peuvent s’organiser sans avoir besoin d’un principe supra humain de légitimité. Reste que toutes les religions ne cherchent pas à réglementer la société : on oublie trop à cet égard que le christianisme n’édicte pas de règles de conduite fondamentalement distinctes de celles que la raison naturelle a ou pourrait trouver par ses propres forces.  De fait, le Décalogue qui est ce qu’il a retenu de la Torah des juifs n’est jamais que le « kit » de survie de l’humanité : un minimum.

    Quoi qu’il en soit, les deux « victoires » de l’athéisme sont énormes dans l’histoire de l’humanité. Mais elles appellent tout de même deux observations :

    D’une part, l’athéisme n’est pas nécessairement l’affirmation militante de convictions agressives. Ce peut être d’abord un principe de méthode : une mise entre parenthèses du divin. C’est pourquoi on a inventé des termes comme « agnosticisme », « sécularisme » ou « humanisme » (un parti politique belge d’origine chrétienne a même adopté ce qualificatif). D’autre part, cet agnosticisme lui-même ne concerne pas que les questions religieuses : le positivisme philosophique se contente de connaissances « positives » sur le monde, sans chercher les causes dernières des phénomènes qu’il appréhende.

    Est-il légitime que l’homme existe ?

    Malgré tout cela, l’athéisme contient un défaut mortel, même sous sa forme atténuée de l’ agnosticisme. Il y a, en effet, une question sur laquelle l’athéisme n’a rien à dire dès lors que la racine de l’homme serait l’homme lui-même : s’il n’existe aucune instance supérieure à l’homme, comment celui-ci pourrait-il affirmer sa propre valeur?  Si c’est l’homme lui-même qui se juge, comme dirait Chesterton, c’est le signe du fou, dont l’histoire politique nous montre maints exemples.

    Au tournant des XVIIIe-XIXe siècles, Fichte, radicalisant la philosophie de Kant, croit avoir trouvé la solution : le divin est donné dans la loi morale qui est présente en nous et dont nous aurions tous conscience. Donc, il n’y a pas besoin de foi en Dieu mais, en revanche, il y a quelqu’un en qui nous avons besoin de croire : c’est l’homme.

    Croire en l’homme, malgré ce théâtre de grand guignol que représente l’histoire ? Nous avons eu, au XXe siècle, deux régimes explicitement athées : l’un anti-chrétien parce qu’anti-juif, l’autre anti-juif parce qu’anti-chrétien. « J’ai honte d’être un être humain » disait alors la philosophe allemande d’origine juive Hanna Arendt. Et aujourd’hui la question de la légitimité de l’être humain se fait encore plus concrète parce que nous avons, à grande échelle, les possibilités techniques d’en finir avec l’humanité. Or, comme disait Leibniz, les possibles ont une tendance à exister.  

    Mais, à supposer même que l’athéisme ne tue personne, est-il capable de donner des raisons de vivre ? L’homme n’est peut-être pas le gentil du film hollywoodien, c’est peut-être le méchant ou, comme disait le philosophe angliciste allemand Hartmann, la « sale bête » universellement prédatrice, universellement envahissante ne se contentant pas de sa niche écologique mais faisant irruption partout : si l’homme disparaissait, alors tout de même la nature serait libre.

    Que faire avec ce genre d’argument ?  Une réponse serait de dire qu’il y a un instinct de survie et que l’homme peut bien continuer à exister sans s’occuper de sa propre légitimité. Mais alors, le seul animal qui se pose la question des raisons de ce qu’il fait renoncerait à la raison à propos d’un problème qui met en jeu son existence.

    Cette impasse rationnelle n’appelle qu’une issue raisonnable : c’est de trouver un point de référence extérieur qui puisse dire qu’il est bon qu’il existe des hommes, un levier d’Archimède qui soit en droit de dire, justement parce qu’il n’est pas homme, que celui-ci, malgré tout, doit être sauvegardé et, conclut Rémi Brague, pour nommer ce point de référence extérieur, si vous trouvez un meilleur terme que Dieu, vous me faites signe.

    Dans son célèbre « Drame de l’humanisme athée » publié à la fin de la seconde guerre mondiale, le Père Henri de Lubac estimait que si l’on peut construire une société sans Dieu, elle serait inhumaine. Moins optimiste, Rémi Brague ajoute qu’une telle société serait séculaire au sens propre du terme, c’est-à-dire que raisonnablement, elle ne pourrait donner que la vie d’un individu humain en sa longévité maximale.

    JPSC