C'est semble-t-il, le sentiment de Michel Onfray dont l'analyse est loin d'être dépourvue d'intérêt :
de Nicolas Clément sur Valeurs Actuelles via ce blog
“L’Occident va disparaître” : Michel Onfray.
“L’Occident va disparaître” : Onfray livre sa sombre vision du “monde d’après” sur Thinkerview
Le 17 juillet, à la grande surprise de ses auditeurs, Sky, mystérieux fondateur du think-tank et de la web-tv Thinkerview, accueille Michel Onfray sur son plateau. Ce jour-là, l’auteur de Décadence semble décontracté, chemise blanche sur fond noir, à l’abri des interruptions permanentes et du temps court des plateaux de télévision. Après s’être étrillés publiquement sur les réseaux sociaux en 2019, à la suite des multiples refus du philosophe normand d’apparaître dans l’émission, les deux hommes se sont enfin réconciliés.
Déchristianisation, la fin d’un cycle civilisationnel
Pour une fois, Onfray a tout le loisir d’exposer ses thèses en détail. Installé dans la pénombre du plateau, le post-anarchiste fait face au redoutable présentateur anonyme, Sky, réputé pour son ton offensif. Dans les premières minutes de l’émission, une question mène le philosophe à s’interroger sur la décadence de la civilisation européenne, un de ses thèmes favoris.
Au début son intervention, Onfray commence par rappeler une première évidence : « Il faut mettre l’Europe en relation avec le judéo-christianisme, ce qui rend possible l’Occident. » Fait rare pour un homme de gauche, ce dernier ne décrit pas la Révolution française comme la seule et unique genèse de l’Occident moderne. Pour autant, Michel Onfray ne pousse l’originalité jusqu’à épouser un quelconque discours conservateur. Sans plus tarder, ce dernier renoue avec son nietzschéisme de toujours et énonce ce qui lui semble être une seconde évidence : la mort de Dieu.
Ce qui fait le fond de notre civilisation est épuisé.
Sur un ton plus calme que d’habitude, le philosophe s’explique : « Le christianisme ne fonctionne plus chez les chrétiens : ils ne croient plus au purgatoire, à l’enfer, à la parousie, à Satan, à l’eucharistie, à la virginité de Marie… » Il poursuit : « Tout ce qui était dogmatique, tout ce qui supposait une foi a disparu. »
Pour étayer son propos, le cofondateur de Front populaire, revue souverainiste parue pour la première fois cet été, envoie une pique aux admirateurs du pape François, figure qu’il semble ériger en symbole du désert spirituel européen : « On a un pape qui est un boy-scout, qui nous dit qu’il “faut aimer ceci ou aimer cela“, “sauver la planète”… (…) C’est Greta Thunberg sans la transcendance. » Non content d’avoir lancé cette dernière saillie, l’habitué des polémiques termine sur une note plus grave encore : « Ce qui fait le fond de notre civilisation est épuisé. »