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Histoire - Page 83

  • Ce qui se publie sur le Christ...

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    D'Anne Bernet sur le site de l'Homme Nouveau :

    Et vous, qui dites-vous que je suis ?

    Et vous, qui dites-vous que je suis ?

    Il n’y a pas si longtemps, ne s’aventurait pas n’importe qui dans le domaine du sacré, encore moins dans l’écriture d’un ouvrage sur le Christ. Rome veillait à la conformité du contenu des ouvrages avec le respect des vérités de la foi et il ne fallait pas grand-chose pour se retrouver à l’Index. Certains en tiraient gloire, comme d’un brevet de liberté d’esprit, d’autres, authentiques chrétiens qui s’étaient permis quelques pieuses audaces, sommés de se rétracter ou de retirer leur livre des librairies, restaient parfois perplexes ou durablement blessés de la sanction ; quelques-uns se rebellaient à grand fracas contre un système jugé d’un autre temps. 

    Aujourd’hui, l’Index n’existe plus et c’est à peine si Rome ose encore émettre une mise en garde, qui n’impressionne plus guère, contre des ouvrages dont le contenu est en opposition ouverte avec le dépôt de la foi. Cela signifie que n’importe qui peut s’emparer de la vie et des paroles de Jésus pour raconter à peu près n’importe quoi, avec la certitude que ses élucubrations ne trouveront pas de contradicteurs et n’encourront aucune condamnation. Pour peu que l’auteur jouisse d’une modeste renommée, cela se vendra, d’autant que les grands médias mettront un malin plaisir à lui apporter leur soutien et lui fournir un maximum de publicité.

    Tant pis pour les dégâts spirituels opérés chez les simples, ceux dont l’éducation religieuse était lacunaire, les gens à la foi mal éclairée ou vacillante. Si l’on ne sait pas toujours le bien que peut faire un bon livre, l’on mesure assez facilement le mal que peut faire un mauvais …

    Jésus étant ainsi tombé « dans le domaine public », livré aux fantaisies de tout un chacun, comment s’y retrouver parmi tant d’ouvrages qui prétendent parler de Lui ? Comment, surtout, ne pas se tromper en lisant ou offrant l’un de ces titres ?

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  • Vandalisation des statues : une surenchère idéologique dangereuse

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    De Gérard Leclerc sur le site de France Catholique :

    Déboulonner l’histoire ?

    24 juin 2020

    Capture d’écran d’une vidéo montrant le déboulonnage de la statue de Junipero Serra à San Francisco.
    © Twitter / @shane_bauer

    Dans la grande vague actuelle de vandalisation des statues jugées insupportables en raison de leur rapport symbolique avec les pages sombres de l’histoire de nos nations, voici que la mémoire chrétienne se trouve aussi atteinte. En Californie, plusieurs statues de saint Junipero Serra, missionnaire ayant présidé à l’évangélisation de l’Ouest américain, ont été détruites. On s’en est même pris aux tombes du cimetière où il est inhumé. Pourquoi s’en prendre à une telle figure ? Est-ce tout simplement le fait d’avoir évangélisé les Indiens ? Il est, en tout cas, difficile de prendre en faute ce religieux qui n’a cessé de démontrer sa sollicitude pour les populations locales, de les protéger de possibles agressions des militaires espagnols. Saint Junipero Serra n’est-il pas l’auteur d’une déclaration du droit des Indiens ? Ce seul exemple interroge sur la nature de la remise en question actuelle, avec sa frénésie iconoclaste et sa volonté d’ériger comme un vaste tribunal de l’Histoire.

    S’il ne s’agissait que d’inviter à un meilleur discernement afin de mieux comprendre notre passé avec ses fautes mais aussi ses grandeurs, on ne pourrait qu’acquiescer, en se munissant toutefois de toutes les garanties nécessaires dans le domaine des sciences humaines. Malheureusement, on est obligé de constater que l’offensive actuelle se réclame d’une sorte de surenchère idéologique dangereuse, qui n’est pas seulement propre à la propagande politique. Elle trouve souvent son origine dans les universités de chez nous, qui ont subi la contagion américaine. Il y a quelques mois, nous l’avons déjà signalé, des universitaires de premier plan comme Pierre-André Taguieff et Dominique Schnapper ont signé un manifeste de mise en garde contre les déviations des études dites post-coloniales. Ce qui rend plus ambiguë la problématisation des questions concernant l’esclavage sous ses multiples formes et les diverses entreprises coloniales, c’est son imbrication avec les engagements militants actuels. Imbrication qui produit d’ailleurs, a contrario, alors qu’il s’agissait de dénoncer le racisme, une racialisation généralisée des rapports sociaux et politiques. On ne peut que redouter un emballement qui ne produira que des luttes civiles d’autant plus passionnelles qu’elles sont de nature identitaire.

    Contagion à l’Église

    En ce qui concerne l’Église elle-même, il convient de se garder d’une contagion qui pourrait avoir des effets de division et de rejet, qui atteindraient l’intégrité de la Tradition qui fonde la continuité et la substance de l’Institution voulue par le Christ. N’a-t-on pas déjà réclamé la décanonisation de Jean-Paul II et ne fait-on pas le procès historique de l’anti-féminisme ecclésial ? Il y a aussi risque de contagion de la vague de vandalisation sous ses aspects les plus pernicieux, avec transposition des catégories idéologiques qui détruisent les fondements mêmes de ce que le cardinal Newman appelait le développement de la doctrine chrétienne.

  • "L'Ombre de Staline" : un film que l'on espère voir sur les écrans belges

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    De Céline Rouden sur le site du journal La Croix :

    « L’ombre de Staline », une vérité indésirable

    L'Ombre de Staline, le dernier film d'Agnieszka Holland ...

    Agnieszka Holland retrace l’itinéraire du journaliste qui dès 1933 a révélé au monde la famine orchestrée par Staline en Ukraine et, à l’heure des « fake news », sonne le rappel de nos aveuglements collectifs.

    21/06/2020

    L’ombre de Staline, un film d’Agnieszka HollandCONDOR FILMS

    Film britannico-polonais, 1 h 59

    Le nom de Gareth Jones n’est pas resté dans la mémoire collective. Pourtant, ce jeune journaliste gallois qui a été conseiller aux affaires étrangères du premier ministre Lloyd George est le premier à avoir dénoncé dès 1933 l’Holodomor, l’extermination par la faim de millions de personnes en Ukraine, orchestré par Staline pour financer le « miracle soviétique ». S’il est tombé dans l’oubli, c’est que sa vérité, démentie à l’époque par les correspondants en poste à Moscou, parmi lesquels le respecté Walter Duranty du New York Times, aura bien du mal à s’imposer à une opinion occidentale qui voit encore dans l’expérience socialiste l’espoir d’une société plus égalitaire.

    Son récit aurait en partie inspiré La ferme des animaux, célèbre fable anti-totalitariste de George Orwell dans laquelle le fermier est un certain Mr. Jones (titre original du film). C’est le point de vue développé par la réalisatrice qui met en parallèle, dans ce thriller historique, l’écriture du livre et l’incroyable quête de vérité du jeune homme interprété par James Norton. Venu à Moscou avec l’espoir naïf d’interviewer Staline, Gareth Jones cherche des réponses à des questions que plus personne n’ose se poser dans un pays où tout le monde est étroitement surveillé. Elles vont le conduire clandestinement jusqu’en Ukraine où il découvre, effaré, le drame en train de se nouer.

    Une page d’histoire aux résonances contemporaines

    Tout l’intérêt du film d’Agnieszka Holland est de mettre en lumière une page de l’histoire longtemps occultée. « Il y a encore beaucoup de crimes commis par le régime communiste dont on ne parle pas », défend la réalisatrice polonaise. Et elle n’hésite pas à les restituer dans le réalisme le plus cru. À l’atmosphère ouatée et étouffante qui règne à Moscou, succèdent les vastes espaces de l’Ukraine enneigée où dans des villages désertés, les cadavres côtoient des orphelins livrés à eux-mêmes et réduits au cannibalisme. Une vérité si aveuglante qu’elle ne peut être admise et que le journaliste, de retour en Angleterre, en deviendra quasiment fou.

    Le savoir-faire d’Agnieszka Holland pour raconter une histoire est indéniable, tout comme son engagement constant contre les dérives totalitaires de la Russie d’hier et d’aujourd’hui (elle avait signé en 1988, Le complot sur l’assassinat du père Popieluszko). À l’heure des fake news et de la post-vérité, l’aventure de Gareth Jones a le mérite de sonner comme le rappel de nos aveuglements collectifs. (...)

  • Où en est la cause de béatification du Père Triest, le "saint Vincent belge" ?

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    Pierre Joseph Triest

    Pierre Joseph Triest, qui était prêtre dans la période mouvementée après la Révolution française, s’est développé comme un inspirateur innovateur de l’aide aux indigents et aux malades à Gand en Belgique. Confronté à des situations de grande urgence, il a constamment cherché à apporter des réponses appropriées, en collaboration avec la Commission des Hospices Civils dont il était membre.

    Durant plus de 30 ans, Pierre Joseph Triest sera le moteur de cette commission et il ouvrira un nouveau champ de présence pour l’Église dans la société : la prise en charge des pauvres et des malades, tout à fait dans la ligne du message évangélique. Il ne l’a pas fait tout seul : il a cherché des hommes et des femmes qui voulaient partager son charisme de la charité et qui sont à l’origine des quatre congrégations qu’il a fondées : les Sœurs de la Charité de Jésus et de Marie, les Frères de la Charité, les Frères de Saint Jean de Dieu et les Sœurs de l’Enfance de Jésus.

    Aujourd’hui encore, sa spiritualité marque les nombreux endroits où ses Sœurs et ses Frères sont présents, qui continuent ce charisme de la charité avec beaucoup de collaborateurs.

    Du Frère Stockman, promoteur de la cause :

    Ce qui devrait nous mouvoir à aimer Dieu le plus, c’est qu’Il a institué pour nous la très sainte Eucharistie.”
    P. J. Triest

    NOUVELLES DE LA CAUSE

    La Pentecôte 2020 était notre objectif pour terminer la positio. Et avec le confinement dû à la pandémie de corona, nous avons déjà reçu la bonne nouvelle à Pâques que la positio était terminée et prête à être imprimée.

    Le 4 juin, notre postulateur, le Dr Waldery Hilgeman, a apporté le premier exemplaire relié, dont un autre exemplaire a été simultanément soumis à la Congrégation pour la cause des Saints. C’était difficile, avec tout le matériel qui avait été collecté (vous vous souvenez de la fermeture du processus diocésain quand pas moins de 22 000 pages de documents étaient alignées dans des boîtes dans la cathédrale Saint-Bavon) de respecter les 500 pages imposées pour la positio. Mais ça a marché.

    Que signifie cette positio ? Après une large introduction générale décrivant les grandes lignes de la vie du Père Triest et aussi la chronologie de sa vie, nous procédons immédiatement à une description de la manière extraordinaire dont il a vécues ses vertus. Depuis cette description est décrite la renommée de sainteté, à la fois pendant sa vie et après. Cette section se termine par un bref résumé des exaucements récemment enregistrés. On peut dire que c’est vraiment le cœur de la positio, car sur cette base il faudra juger si le Père Triest « mérite » effectivement d’être béatifié et canonisé.

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  • Un militant des Black Lives Matter appelle à la destruction des images et statues de Jésus et Marie représentés comme des "blancs"

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    De Calvin Freiburger sur LifeSiteNews :

    Un militant de Black Lives Matter appelle à la destruction des images et des statues de Jésus et Marie "blancs"

    L'activiste de Black Lives Matter a déclaré que les statues, les peintures murales et les vitraux représentant Jésus et Notre-Dame comme des "blancs" devraient être retirés car ils sont des formes de "suprématie blanche".

    23 juin 2020

    Alors que les protestations contre le prétendu "racisme systémique" continuent de se répandre aux États-Unis et se sont étendues au déboulonnage des statues de personnages historiques américains, les militants de gauche tournent maintenant leur attention vers les prétendues implications raciales de l'imagerie religieuse et appellent à la destruction des images et des statues d'un Jésus "blanc" et de Marie sa mère.

    Shaun King, une des principales voix du mouvement Black Lives Matter (BLM), plus connu pour avoir déclaré être à moitié noir bien que les deux parents sur son certificat de naissance soient inscrits comme étant blancs, a déclaré lundi que les statues, les peintures murales et les vitraux représentant Jésus comme étant blanc devraient être enlevés parce qu'ils sont "des formes de suprématie blanche", censés être des "outils d'oppression" et de "propagande raciste" : Oui, je pense que les statues de l'Européen blanc qu'ils prétendent être Jésus devraient également disparaître. Elles constituent une forme de suprématie blanche. Elles l'ont toujours été. Dans la Bible, quand la famille de Jésus voulait se cacher et se fondre dans la masse, devinez où ils sont allés ? En ÉGYPTE ! Pas au Danemark. Démolissez-les. Toutes les peintures murales et les vitraux représentant Jésus blanc, et sa mère européenne, et de leurs amis blancs devraient également disparaître. Ils sont une forme grossière de suprématie blanche. Créés comme des outils d'oppression. C'est de la propagande raciste. Ils devraient tous descendre."

    La couleur de la peau et les caractéristiques physiques exactes du Christ font l'objet - au-delà de l'hypothèse de bon sens selon laquelle elles correspondraient à la population du Moyen-Orient dans laquelle il est né - de fréquents débats entre les historiens et les biblistes, ainsi qu'avec des militants comme King qui tirent une signification raciale ou politique de la façon dont il est représenté.

    Cependant, tout au long de l'histoire, Jésus a généralement été représenté en accord avec la race majoritaire de la culture qui a produit une œuvre d'art donnée, et pas entièrement pour des raisons de préjugés culturels. Le fédéraliste Jonah Gottschalk note que "lorsque le christianisme s'est répandu en Europe, en Afrique et en Asie, les églises indépendantes ont créé des images de Jésus dont l'apparence et la tenue étaient familières aux membres de la communauté. Cela inclut 1500 ans de représentations éthiopiennes d'un Jésus noir".

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  • "Vatican news" réagit aux critiques de Vatican II et du pontificat actuel

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    Symptomatique, cet article publié aujourd'hui (23 juin) sur Vatican News par Sergio Centofanti :

    Le développement de la doctrine est la fidélité dans la nouveauté

    Certaines critiques de l'actuel pontificat remettent en cause le Concile Vatican II, finissant par faire oublier le Magistère de Saint Jean-Paul II et Benoît XVI

    Certaines critiques doctrinales du pontificat actuel montrent une distance progressive mais de plus en plus nette par rapport au Concile Vatican II. Non pas à partir d'une certaine interprétation de quelques textes, mais à partir des textes du Concile eux-mêmes. Certaines lectures qui insistent pour opposer le Pape François à ses prédécesseurs immédiats finissent donc même par critiquer ouvertement saint Jean-Paul II et Benoît XVI, ou en tout cas par faire taire certains aspects fondamentaux de leur ministère, qui représentent des développements évidents du dernier Concile.

    La prophétie du dialogue

    Un exemple en est le 25e anniversaire de l'encyclique "Ut Unum sint", dans laquelle saint Jean-Paul II déclare que l'engagement œcuménique et le dialogue avec les non-catholiques sont une priorité de l'Église. Cet anniversaire a été ignoré par ceux qui proposent aujourd'hui une interprétation réductrice de la Tradition, fermée à ce «dialogue d'amour», au-delà du dialogue doctrinal, promu par le Pape polonais en obéissance à l'ardent désir d'unité de notre Seigneur.

    La prophétie du pardon

    Un autre anniversaire important a également été négligé, le 12 mars dernier: la demande de pardon jubilaire fortement souhaitée par Jean-Paul II, il y a vingt ans. Le pouvoir prophétique d'un Pontife qui demande pardon pour les péchés commis par les enfants de l'Église est éclatant. Et quand on parle de «fils», les Papes sont également inclus.

    C'est connu: ceux qui demandent pardon pour les erreurs commises se mettent dans une situation risquée de révision. Karol Wojtyla a choisi prophétiquement le chemin de la vérité. L'Église ne peut et ne doit pas avoir peur de la vérité. Le cardinal Joseph Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, a souligné la «nouveauté de ce geste», un «acte public de repentance de l'Église pour les péchés du passé et d'aujourd'hui»: un «mea culpa du Pape au nom de l'Église», un geste vraiment «nouveau, mais néanmoins en profonde continuité avec l'histoire de l'Église, avec sa propre conscience».

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  • Retour sur le bilan du 265e serviteur du Christ, Jean-Paul II "le magnifique"

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    De Xavier Zeegers en opinion (p. 33) sur la Libre de ce 23 juin :

    Le crapaud et la colombe

    Chemin de traverse

    Que retenir du débat entre le prêtre chroniqueur Charles Delhez et son contradicteur archevêque émérite de Malines-Bruxelles Mgr Léonard ? (Cf. LLB des 22 et 27 mai). Que l’apôtre Jean avait sûrement raison de citer le mot de Jésus : “Il y a plusieurs demeures dans la maison de mon Père.” (Chapitre 14, verset 2.) Qu’ensuite les querelles sanglantes à propos des Papes se civilisent. On ne sort plus les dagues, comme pour Benoît X en 1058, mais les plumes pour argumenter. Saluons ici cette salutaire évolution.

    Il s’agit donc du bilan du 265e serviteur du Christ, saint Jean-Paul II. On me dira : quel toupet ! Quelle est votre légitimité à évoquer ce sujet, vous l’agnostique ? Justement : j’ose car j’ai écrit en 2003, pour ses 25 ans de pontificat, une chronique intitulée : “Jean-Paul II le magnifique”. Carrément. Parce qu’alors il semblait usé, épuisé même, devenu dans l’opinion ambiante une sorte de has been lassant, agaçant même, encombrant presque : les médias faisaient déjà des paris sur sa succession comme un turfiste se languit de miser sur la prochaine course. Un climat ingrat à son endroit, et fort peu chrétien…

    Je l’ai défendu car le tenais – et le prends encore – pour un géant du XXe siècle, déjà au vu de la photo de sa rencontre à Rome avec Gorbatchev le 1er décembre 1990, dite de “la maison commune européenne” qui incarnait leur volonté de réunir enfin l’Europe de l’Ouest et de l’Est, tant il est vrai qu’on ne respire bien qu’avec ses deux poumons. Et cela en renonçant aux offenses du passé, aux conflits séculaires et sans humilier quiconque, soit l’antithèse du si calamiteux traité de Versailles de 1919.

    Aujourd’hui, j’accorde même un crédit supplémentaire à Wojtyla pour avoir eu l’intuition forte – et juste qui ne le voit ? – que la déferlante libérale et consumériste ne remplira pas le “vide” créé par la chute du communisme, en lien avec sa conviction que la seule jouissance matérielle, la cupidité et la surconsommation remplissent peut-être les ventres mais pas forcément les esprits. Qu’il n’y a pas d’idéal qui vaille sans un minimum de spiritualité. On pouvait réfuter cette posture de briseur d’ambiance, à rebours de l’euphorie d’alors, tout comme son conservatisme moral en matière de mœurs mais il n’imposa rien par la force que l’on sache, et sûrement pas avec sa garde suisse. Et l’on voit bien que même des fidèles rechignent mais c’est leur affaire : pour mon bagage éthique, je n’ai pas besoin de porteur.

    Reste que son refus de toute démagogie m’impressionna.

    À ce moment-là le chancre de la pédophilie n’était pas encore médiatisé. On ne savait rien ? Impensable : la diplomatie du Saint-Siège avec ses 13 000 paroisses et ses centaines de diocèses est le service secret le mieux renseigné au monde, et pourvu d’un puissant relais diplomatique. Le Pape aurait pu, aurait dû être alerté. Bernard Leconte, son biographe, avance cet argument : depuis la trahison de Yalta, dans une Pologne stalinienne confinée par la propagande, l’outrage le plus pervers était d’accuser les prêtres de pédophilie. Le Pape, écœuré, abhorrait ce piège pourtant devenu obsolète, ignorant un changement de paradigme dont il était pourtant le principal artisan. Reste qu’il est navrant que l’abcès n’ait pas été crevé à temps. Car les victimes, elles, savaient. Sans être entendues.

    Alors Charles Delhez a raison : il ne faut plus être tétanisé par la perfection d’un saint (de tout homme, ajouterai-je), qui a forcément sa part d’ombre. C’est Marthe Robin, la mystique inspiratrice des Foyers de Charité, qui disait : “N’ayez pas l’amour de la perfection, mais soyez parfaits dans l’amour.” Son conseiller spirituel, le père Finet, dérapa aussi, tout comme Jean Vanier. Quand une forêt prend feu, il ne faut pas en vouloir aux pompiers. Ni traiter de crapauds venimeux ceux qui sonnent le tocsin. Du reste ils n’ont pas de venin, juste de la bave et l’adage cité par Mgr Léonard ne se réfère pas aux étoiles mais à la blanche colombe. Il y a bien une ombre sur la soutane blanche d’un Pape déjà inondée de son sang versé sur elle, ne l’oublions pas non plus. Mais il n’est pas obligé qu’une grande admiration suppose une vénération effrénée. “Petits enfants, gardez-vous des idoles.” (St Jean 5.21.)

  • Covid-19 : un moine témoigne

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    Los Caïdos 143604517--624x415.jpg

    De la solitude du monastère et de sa vie contemplative, le P. Santiago Cantera, prieur de la célèbre Abbaye bénédictine espagnole de la Vallée de « Los Caídos » analyse avec une vision de foi ce qu’a été jusqu’à présent la pandémie et les conséquences qu’elle peut avoir dans l’avenir.

    Interview  par Javier Navascués  publiée sur le portail espagnol Infocatolica et en traduction par Carlota le 17 juin sur le site web « Benoît et moi » :

    Question: La pandémie a aussi touché votre communauté, – plusieurs frères malades, l’un d’entre eux s’est trouvé dans un état grave. Nous avons prié pour lui.

    Réponse: Merci beaucoup pour vos prières. Indubitablement, nous sommes presque tous passés par la maladie, avec à l’origine un moine qui a été contaminé dans un hôpital et qui a ramené le virus au monastère. Grâce à Dieu, nous nous en sommes sortis et nous avons gardé des anticorps, mais il y a eu un autre moine qui s’est trouvé dans un état très grave et heureusement, il va beaucoup mieux et le pronostic est bon.

    Cela a été une expérience dure pour tous mais en même temps enrichissante en de nombreux aspects : l’isolement, dans la cellule, pour ceux qui ont dû le garder durant plusieurs semaines, nous a aidé à vivre pendant un temps comme des moins « reclus » ou des ermites, et cela a permis aux moines qui ont soigné les autres de s’orienter d’une manière exemplaire vers l’exercice de la charité fraternelle.  Cela nous a permis d’expérimenter la faiblesse de la condition humaine face à une épidémie et nous l’avons accueillie comme une épreuve dans laquelle nous nous sommes fortifiés spirituellement, en la vivant comme une preuve de l’amour de Dieu au milieu de la souffrance.

    Un moine de la clôture n’est pas affecté par le confinement mais il l’est par la douleur de l’humanité

    C’est cela, effectivement. L’expérience du confinement est très monastique car le moine cherche la retraite pour la rencontre avec Dieu. Mais comme disait un auteur de l’Antiquité Évagre le Pontique (vers 346-399) : « Un moine est celui qui, à l’écart de tous, est uni à tous ». Le moine, dans sa relation intime avec Dieu, amène devant Lui, au moyen de ses prières et de ses sacrifices, les besoins et les souffrances de toute l’humanité, il demande pardon pour ses péchés et il lui demande de déverser son amour sur tous les hommes, tant sur ceux qui l’aiment que sur ceux qui ne l’aiment pas. Nous pouvons dire que le coronavirus nous a fait mal aussi à nous les moines, non seulement quand nous en avons souffert au niveau personnel et communautaire, mais aussi avant et après la maladie, parce que nous souhaitons le bien des autres. À ce moment-là nous avons fait des demandes spéciales pour la fin de la pandémie durant la Sainte Messe et au cours de la prière, nous avons ajouté la récitation communautaire du Saint Rosaire avec cette intention particulière et nous avons essayé d’aider et d’offrir nos services dès que nous en avons eu la possibilité aux institutions qui pouvaient en avoir besoin. 

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  • Le Congo, soixante ans après : l’indépendance pour quoi faire ?

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    Depuis l’échec d’une décolonisation précipitée par la Belgique en 1960, cinq ans d'anarchie puis la dictature mobutiste et tous les autres gouvernements non moins discutables de la RDC se sont servis du système judiciaire comme d’un outil pour faire taire les voix dissidentes. Des agents des forces de sécurité accusés d’avoir commis des violations flagrantes des droits humains ont été promus à des échelons supérieurs à l’issue de processus de réformes contestables du secteur de la sécurité. Le sentiment d’impunité au sein du secteur de la sécurité n’en a été que conforté au fil du temps, et cela continue aujourd’hui. Une opinion de Christian Rumu, chargé de campagne à Amnesty International pour la région des Grands Lacs publiée par « La Libre Afrique » :

    Tshisekedi 7471099.jpg« Après plus d’une année à la tête de l’État, le président Félix Tshisekedi n’a rien démontré sur la manière dont il comptait remédier au manque de justice et au non-respect de l’obligation de rendre des comptes. Ces défaillances ont caractérisé les gouvernements précédents qu’il a longtemps critiqués lorsqu’il était dans l’opposition.

    À partir de 2014, l’entourage de l’ancien président Joseph Kabila a lancé plusieurs tentatives visant à réviser la Constitution afin de lui permettre de se porter à nouveau candidat à la fonction qu’il occupait depuis l’assassinat de son père en janvier 2001. Chacune de ces tentatives de révision a rencontré une forte opposition de la part de la population congolaise qui est descendue dans la rue dans le cadre de manifestations de masse organisées par les partis politiques et les organisations de la société civile. Les élections ont finalement eu lieu en décembre 2018 sans que le nom de Joseph Kabila ne figure sur les bulletins de vote.

    Face aux manifestations, la réponse a été extrêmement brutale. Selon des rapports des Nations unies, la répression menée entre janvier 2015 et décembre 2018 dans le cadre de la crise électorale a fait plus de 300 morts et des milliers de blessés et a donné lieu à plus de 8 000 arrestations arbitraires. Beaucoup ont été torturés ou maltraités. Jusqu’à présent, plusieurs familles congolaises sont toujours à la recherche de leurs proches pour lesquels on est sans nouvelles depuis leur participation aux manifestations.

    Le rapport d’Amnesty International Sans suite !, paru le 16 juin, examine les terribles violations commises par les forces de sécurité pendant la période préélectorale entre 2015 et 2018. Il montre comment un gouvernement inquiet de la fin prochaine de son pouvoir a déployé son arsenal sécuritaire à l’encontre de manifestants pacifiques, y compris des fidèles dans leurs églises. Alors qu’un rapport publié le 10 mars 2018 par la Commission d’enquête mixte a établi de façon préliminaire le rôle des forces de sécurité dans les homicides illégaux de manifestants pacifiques en décembre 2017 et en janvier/février 2018, rien n’a été fait pour amener les personnes accusées à rendre des comptes.

    L’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti du président Félix Tshisekedi, a plaidé pendant des dizaines d’années quand il était dans l’opposition en faveur de la justice et de l’État de droit. Désormais à la tête de l’État, en coalition avec le Front commun pour le Congo, le parti de l’ancien président Joseph Kabila, Félix Tshisekedi semble moins résolu à réformer le système judiciaire pour garantir l’obligation de rendre des comptes comme son parti s’y était engagé avant son arrivée au pouvoir.

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  • Pakistan : une grande croix de marbre vieille de 1 200 ans découverte dans les montagnes du Karakoram

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    Du site des Missions Etrangères de Paris :

    Une grande croix de marbre de 1 200 ans découverte dans les montagnes du Karakoram

    Publié le 18/06/2020

    Trois chercheurs de l’université de Baltistan, à Skardu dans le nord du Pakistan, se réjouissent de la découverte d’une croix en marbre, mesurant près de 2,1 m par 1,8 m et pesant entre trois et quatre tonnes, dans la chaîne de montagnes du Karakoram. La croix, qui a été découverte en altitude, a été baptisée « Croix de Kavardo ». Lors d’une conférence de presse organisée le 14 juin à Skardu, les universitaires ont annoncé la poursuite des recherches. Mansha Noor, directeur de Caritas Pakistan, se réjouit de la découverte qui atteste de la présence ancienne du christianisme dans la région. De son côté, Norman Gill, un banquier catholique de Karachi, espère que les chrétiens de la région pourront visiter la croix prochainement.

    Des villageois observent une croix chrétienne de près de 1 200 ans, découverte à Kavardo dans la chaîne de montagnes du Karakoram.

    Une croix chrétienne, qui serait vieille de plus d’un millénaire et pesant plus de trois tonnes, a été découverte près de Skardu, dans le nord du Pakistan. Trois membres d’expédition de l’université de Baltistan (Skardu) ont découvert cette lourde croix de marbre en altitude, dans la chaîne de montagnes du Karakoram. L’équipe – composée du vice-chancelier Muhammad Naeem Khan, du directeur d’études, Zakir Hussain Zakir et du responsable des relations extérieures de l’université, Ishtiaq Hussain Maqpoon – s’est rendue sur le site pour étudier la découverte, accompagnée de villageois locaux et de guides de montagne. « La grande croix de marbre pèse entre trois et quatre tonnes et mesure environ 183×213 cm. Elle a été découverte à environ deux kilomètres du camp de base, en altitude, près du village de Kavardo, au-dessus de la rivière Indus », ont déclaré les chercheurs lors d’une conférence de presse, organisée le 14 juin. Selon les premières estimations, la croix aurait entre 1 000 et 1 200 ans. Muhammad Khan, en faisant part de la découverte de la croix, la décrit comme si elle était « descendue du ciel directement sur le Karakoram ». Selon Wajid Bhatti, chercheur, il s’agit d’une des plus grandes croix découvertes sur le sous-continent indien. L’université prévoit de s’associer avec des universités européennes et nord-américaines afin de vérifier l’âge exact de la « Croix de Kavardo », ainsi qu’elle a été baptisée. « C’est vraiment une grande nouvelle pour nous tous. Cela montre que le christianisme existait déjà dans la région à cette époque, et qu’il devait y avoir une église et des foyers chrétiens. Actuellement, aucune famille chrétienne ne vit là-bas, mais c’était manifestement le cas à l’époque », se réjouit Mansha Noor, directeur général de Caritas Pakistan. « J’invite les autorités à solliciter les historiens afin d’en savoir plus sur le contexte historique exact de la croix. » Norman Gill, un banquier catholique de Karachi, partage également la joie de la découverte : « Les chrétiens d’ici doivent pouvoir se rendre sur le site pour voir la croix, une fois que toutes les formalités seront achevées. »

    (Avec Ucanews, Karachi)

  • Déboulonnage de statues : la Révolution française a ouvert la voie

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    De Loris Chavanette sur le Figaro Vox :

    Déboulonnage de statues: «La Révolution française avait ouvert la boîte de Pandore»

    FIGAROVOX/TRIBUNE - Les récents déboulonnages de statues par des manifestants antiracistes suscitent l’émoi. Pour l’historien Loris Chavanette, c’est la vindicte populaire de la Révolution française qui a jeté autrefois les bases d’une politique de déculturation par la destruction de certains monuments.

    16 juin 2020
     
    Loris Chavanette est historien de la Révolution française, auteur de Quatre-vingt-quinze. La Terreur en procès (CNRS éditions, 2017), prix de l’Assemblée nationale et prix de la fondation Stéphane Bern pour le patrimoine de l’Institut de France ; et du roman La Fantasia (Albin Michel, 2020), prix Méditerranée du premier roman.

    La mort de George Floyd aux États-Unis en mai dernier a provoqué une réaction en chaîne à travers le monde. Une des manifestations de cette colère a ciblé les statues de plusieurs personnalités historiques taxées de racisme: Léopold II en Belgique, Churchill au Royaume-Uni ou encore Colbert en France. Déboulonner certaines d’entre elles est même devenu un sport à la mode au point que les autorités ont procédé soit au déplacement des sculptures menacées, soit à leur protection sur place, quitte à donner l’impression d’un empaquetage honteux, afin d’éviter des dégradations matérielles.

    Ces actes de vandalisme, perpétrés par une violence de rue, attentent non seulement au patrimoine artistique des villes concernées mais aussi à ces legs du passé constituant l’histoire d’une nation. Cet héritage est aujourd’hui battu en brèche par certains activistes, et, quel que soit le bien-fondé de leur cause - la lutte contre l’oubli de l’esclavage -, il n’en demeure pas moins que ce sont bien les règles de notre démocratie qui se trouvent ébranlées par ces lynchages statuaires. Ces derniers rappellent certains épisodes sombres, ou du moins tourmentés, de notre histoire. On peut penser bien sûr à la destruction, pendant la Commune de Paris, de la colonne Vendôme où trônait Napoléon. Les communards se revendiquaient volontiers du projet de leurs prédécesseurs, les sans-culottes de 1793, de faire table rase d’un passé qu’ils jugeaient honni.

    Dans les semaines qui suivent l’exécution de Robespierre au 9 thermidor, le passé proche de la Terreur et ses scènes d’anarchie sont dénoncés comme une ignominie.

    Or, la Révolution française a dans un premier temps jeté les bases d’une politique de déculturation par la destruction des monuments rappelant le patrimoine monarchique et condamné, dans un second temps, les excès auxquels cette volonté politique a donné lieu. En effet, si les députés de l’époque ont bel et bien légiféré, dès août 1792, pour détruire les symboles de la royauté partout en France, d’où la tristement célèbre profanation des tombes de la nécropole royale de la basilique Saint-Denis ordonnée par le pouvoir central, c’est bien la même assemblée nationale qui a, pour la première fois dans l’histoire, défini la notion de «vandalisme» afin de condamner les destructions sauvages auxquelles la Terreur avait habitué les Français.

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  • David Engels contre le nouvel iconoclasme

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    L'opinion de David Engels sur B-Mag :

    Déboulonnage des statues mémorielles: Contre le nouvel iconoclasme

    L’histoire mondiale est-elle le tribunal du monde ?

    Ainsi donc, l’iconoclasme des manifestations Black Lives Matter a atteint la Belgique où, parmi de nombreuses autres effigies, des statues de Léopold II et même de Jules César viennent d’être défigurées – deux cas extrêmes qui confrontent l’historien à des questions intéressantes… et à des réponses accablantes.

    Ce n’est pas la première fois que des statues de Léopold II – surtout celle érigée en 1926 devant une entrée latérale du palais royal sur la Place du Trône – sont victimes de vandalisme, car Léopold II est devenu, comme aucune autre figure de l’histoire belge, le synonyme des violences coloniales exercées quand le territoire du Congo était devenu, d’abord, propriété privée du monarque, puis de l’État belge. Et bien que la présence belge ait apporté au territoire du Congo de nombreux acquis civilisateurs comme les réseaux ferroviaires, les routes, l’urbanisme, les écoles ou les hôpitaux, il n’est guère étonnant que les statues de ce roi qui est à l’origine de l’âge d’or économique de la Belgique soient régulièrement marquées de peinture rouge.

    COMME L’EXPRIMA JADIS HEGEL : « L’HISTOIRE MONDIALE EST LE TRIBUNAL DU MONDE » ; MAIS IL FAUT NÉANMOINS DIFFÉRENCIER LES CONTEXTES.

    Mais cet état de fait légitime-t-il la demande d’une démolition de la statue ? Voilà un sujet de discussion complexe, car autant l’on pourrait énumérer une série de bonnes raisons pour lesquelles il peut paraître, en effet, problématique d’honorer d’une statue équestre monumentale un personnage si contesté de l’histoire belge, autant toute forme de correction historique posthume paraît artificielle, même problématique, aux yeux de l’historien – un vieux débat dont tous les aléas ont été discutés depuis longtemps dans les médias anglo-saxons dans le contexte de la dispute sur la revendication de démantèlement des statues de l’impérialiste radical Cecil Rhodes. Certes, comme l’exprima jadis Hegel : « L’histoire mondiale est le tribunal du monde » ; mais il faut néanmoins différencier les contextes. Ainsi, nous pouvons comprendre1 des actions spontanées et bien légitimées par le contexte – par exemple, la suppression par la population des témoignages omniprésents de l’oppression après la chute d’une dictature odieuse.

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