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Livres - Publications - Page 57

  • Contrairement à la légende du "pape d'Hitler", Eugenio Pacelli était hostile au parti nazi dès son apparition

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    D'Andrea Gagliarducci sur kath.net/news :

    Les interventions de Pie XII contre le national-socialisme

    La "légende noire" du silence de Pie XII face à la Shoah se nourrit d'une autre légende : Que Pacelli n'a rien fait contre le National Socialisme. Ici aussi, les faits disent le contraire.

    Vatican (kath.net/ACI Stampa)

    La légende noire sur le prétendu silence de Pie XII remonte à l'époque précédant le pontificat. C'était à l'époque où Eugenio Pacelli était nonce apostolique en Allemagne, précisément dans les années de la montée du national-socialisme. Et au lieu de protester contre ce qui s'est avéré être une dictature avec toute sa brutalité, y compris l'antisémitisme, Pacelli serait resté inactif. Il aurait même approuvé un Concordat avec l'Allemagne en 1933, alors qu'il était cardinal secrétaire d'État du Vatican, qui était presque une "carte blanche" pour le national-socialisme. Mais est-ce vraiment le cas ?

    Les faits parlent contre elle, et les recherches du diacre Dominiek Oversteyns, basées sur des sources primaires, montrent que le nonce Pacelli est intervenu 326 fois contre le nazisme[1]. Mais un discours en particulier mérite d'être lu avec attention : Il s'agit d'un discours prononcé le 1er septembre 1929, quatre ans avant l'arrivée d'Hitler au pouvoir, dans lequel le nonce Pacelli, alors nonce, a critiqué à 44 reprises le parti national-socialiste[2].

    Le programme du parti national-socialiste, qui avait tenu son quatrième congrès à Nuremberg trois semaines auparavant, du 1er au 4 août 1929, est remis en question. Lors de ce congrès, la popularité d'Hitler commence à croître, si bien qu'à partir de ce moment et jusqu'en 1933, le parti reçoit en moyenne 11 % de voix supplémentaires à chaque élection nationale.

    Eugenio Pacelli a immédiatement reconnu le danger et a exprimé son inquiétude dans ce discours, dans lequel il a vivement critiqué le programme électoral d'Hitler. Ce n'était pas la seule fois. Du 4 août 1929 au 10 décembre de la même année, le nonce Pacelli a dénoncé la personne d'Hitler et son programme NSDAP à 70 reprises au total. De 1923 à 1929, années de son expérience en tant qu'"ambassadeur" du pape en Allemagne, Pacelli est intervenu 326 fois contre Hitler et le programme nazi. Ces interventions se retrouvent dans 40 discours et huit documents.

    Examinons maintenant brièvement quelques exemples de critiques à l'encontre d'Hitler et du programme de son parti. Nous laissons aux historiens et aux analystes le soin de les examiner plus en détail entre les plis du langage diplomatique, qui - surtout le langage papal - n'est pas toujours direct, mais cela ne signifie pas qu'il ne dénonce pas des situations.

    Dès le début de son discours, Pie XII a critiqué le point 24 du programme national-socialiste, dans lequel Hitler exigeait "la liberté pour toutes les confessions religieuses dans l'État, dans la mesure où elles ne mettent pas en danger l'existence de l'État et ne heurtent pas les sensibilités germaniques".

    Le Nonce Pacelli a critiqué d'une manière très diplomatique. Il a salué les catholiques comme : "tous des camarades dans la foi réunis ici parmi des leaders éprouvés". En appelant les catholiques "camarades dans la foi", Pacelli critiquait directement le point 24 du programme du NSDAP, dans lequel Hitler résumait qu'il était au-dessus de l'Église catholique et au-dessus de Dieu. Mais tout catholique fervent sait que Dieu est au-dessus d'Hitler ! 12 fois dans son discours, Pacelli critiquera le point 24 du programme.

    En utilisant le terme "Glaubensgenossen", le nonce Pacelli a directement critiqué le point 4 du programme du NSDAP, dans lequel Hitler parle de "Volksgenosse" comme étant le seul type de concitoyens ayant le droit de vivre dans son Reich. En bref, Pacelli dépeint ironiquement les catholiques comme des "coreligionnaires", par opposition aux "coreligionnaires" d'Hitler. A quatre reprises dans ce discours, le Nonce Pacelli critiquera ce point du programme.

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  • La pilule de Benoît XVI et la pilule de Houellebecq

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    Le diagnostic répété (93 ans) de Benoît XVI sur les effets sociaux de la pilule contraceptive étonne ou dérange, mais il rejoint aussi celui d’auteurs peu suspects de ringardise, comme Michel Houellebecq. Tous deux, relève Henri Quantin, y ont vu « un palier dans la montée historique de l’individualisme ». Une tribune publiée le 22/09/21 sur le site web « aleteia »:

    « Dans l’introduction ajoutée au recueil de ses textes sur l’Europe, le pape émérite Benoît XVI écrit que la pilule a « transformé les consciences des hommes, lentement d’abord, puis de plus en plus clairement ». La séparation entre la sexualité et la fécondité fût en effet « un bouleversement fondamental », menant peu à peu à l’idée que toutes les formes de sexualité étaient équivalentes. Avec la pilule, le monde est entré dans une nouvelle ère aux deux pans symétriques : une sexualité sans procréation ; une procréation sans sexualité.

    Un crime de lèse-modernité

    benoit-xvi.jpgCertains s’offusqueront sans doute de cette nouvelle attaque contre la pilule, cachet plus adorable, y compris chez certains catholiques déclarés, que l’hostie consacrée. Dans leur certitude de « momies progressistes exsangues » (le terme est de Houellebecq), ils répéteront une fois de plus que l’encyclique Humanae vitae, qui mettait en garde contre la contraception artificielle dès 1968, a vidé les églises. Les historiens sérieux, comme Guillaume Cuchet, ont montré que la dégringolade de la pratique avait eu lieu quelques années plus tôt, mais il reste bien des militants aveugles qui savent, d’une science quasi divine, que l’Église a commis le péché sans rémission, le crime de lèse-modernité.

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  • L’engagement chrétien dans la cité et la bonne manière d’agir dans le monde

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    Du père Jean-Baptiste Bienvenu sur Padre Blog :

    DIEU OU LE MONDE : SE PRÉPARER POUR L’ANNÉE ÉLECTORALE

    21 Sep 2021r
     

    Au début d’une année dont la teneur politique va aller croissant jusqu’à l’élection présidentielle, Don Maxence Bertrand (communauté Saint-Martin) propose avec Dieu ou le monde (éditions du Cerf) une contribution sur l’engagement chrétien dans la cité. Une lecture nourrissante pour chercher la bonne manière d’agir dans le monde, une lecture exigeante pour résister à la tentation d’utiliser l’évangile de manière mondaine, c’est-à-dire avec les moyens et les objectifs du monde. Padreblog est parti à la rencontre de l’auteur.

    Padreblog : Vous pointez le fait que l’engagement des chrétiens dans les activités de l’Église peut prendre le pas sur leur engagement dans la cité qui est leur vocation première. Comment un employé chrétien peut-il changer le monde dans son travail ?

    Don Maxence : Nous avons la grâce d’avoir de très belles communautés chrétiennes en France, peu nombreuses, mais souvent accueillantes, ferventes et missionnaires. La vie familiale de nos paroisses est fondamentale pour la mission de l’Église. Beaucoup d’énergie s’y déploie et c’est une grande grâce ! Mais, en effet, à la suite du Christ et forts de ce soutien communautaire, il nous faut entrer dans le monde et garder une énergie et une audace pour traduire l’évangile en acte dans la vie du monde, dans la vie professionnelle, dans la vie publique, dans la vie sociale. Ces engagements qui, sur le plan de la mission, sont apparemment silencieux, sont en réalité éloquents et féconds : le témoignage exemplaire d’un employé peut vraiment être une semence de la grâce. La bonté, le service, l’honnêteté, la bienveillance et la paix sont autant d’attitudes chrétiennes qui témoignent d’une vraie force d’âme et évangélisent en profondeur.

    Vous déployez, à la suite de saint Paul, la figure de l’ambassadeur. Comment cette image peut-elle s’appliquer aux chrétiens dans l’année électorale qui se profile ?

    Saint Paul évoque l’image de l’ambassadeur pour parler du chrétien dans le monde. L’image est géniale, parce que l’ambassadeur est un homme épris de son pays, de sa culture et de sa langue et il veut communiquer tout cela. Mais il ne peut le faire qu’en rencontrant et en connaissant vraiment ceux auxquels il s’adresse. Dans cette année qui risque d’être tendue médiatiquement, il nous faudra demander un surcroît de paix et de profondeur. Il faudra surtout distinguer ce que veut dire « agir avec les moyens du monde » et « agir de façon mondaine ». Agir avec les moyens du monde : électoraux, intellectuels ou politiques, oui ! Agir de façon mondaine : par l’anxiété, la colère déversée sur des réseaux sociaux, la fascination pour une personnalité politique, non ! Notre espérance est une ancre dans le ciel, pas sur la terre (Hébreux 6, 19).

    La force de l’évangile, c’est d’affirmer le surcroît de vie que nous apporte le salut (en grec, zoè), au-delà de la préservation de la vie biologique (bios). Comment votre livre peut-il éclairer les lecteurs pris dans les convulsions du Covid ?

    L’expérience que nous avons de la vie divine, de ce surcroît de vie, nous la trouvons ordinairement dans l’Église et dans les sacrements. C’est une magnifique participation à la vie de Dieu, anticipée dès ici-bas. C’est aussi l’assurance que Dieu conduit notre histoire. Il est le bon berger qui nous ramène à la maison. Dans les épreuves du désert, Israël est souvent tombé dans le piège des ruminations intérieures alors que Dieu éprouvait sa confiance (Deutéronome 8, 1-5). Notre foi ne nous épargne pas les épreuves, mais nous éduque à la confiance et à la paix intérieure. Ce livre voudrait aider à discerner les racines de nos actions, de nos jugements et de nos engagements. Pour que notre vie soit imprégnée de l’évangile. 

    En écho à Blaise Pascal, vous décrivez l’attitude de « chercher en gémissant ». Y a-t-il dans le rapport des catholiques au monde une tentation idéaliste qui les empêche d’assumer cette nécessaire souffrance ? 

    Chercher en gémissant, c’est en effet consentir à l’imperfection de ce monde sans résignation, mais sans idéalisme non plus. Dans telle ou telle situation éprouvante et parfois malveillante, quel bien puis-je tout de même accomplir ? Je ne peux pas trouver des prétextes pour attendre que les conditions soient meilleures pour agir chrétiennement. Je crois profondément à l’originalité et à l’inventivité de l’Esprit-Saint. Au XIXème siècle, en pleine crise industrielle, les pères de familles disparaissent dans les usines et désertent malgré eux leur famille et leurs enfants. La crise est industrielle mais elle devient rapidement familiale et éducative. Saint Jean Bosco aurait pu s’insurger contre l’industrie et ses méfaits, il aurait pu attendre et espérer des temps meilleurs. Mais, docile à l’Esprit-Saint, il a pris la question de la pauvreté à bras le corps et il a fondé des écoles. Aujourd’hui, la crise n’est plus industrielle, elle est spirituelle, sociale, sanitaire… Quelle sera la réponse de Dieu ? Quelle sera la sainteté du XXIe siècle ?  

    [Propos recueillis par le père Jean-Baptiste Bienvenu]

  • Rien n’est joué concernant l’avenir du catholicisme en France

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    De Laurent Ottavi sur Aleteia.org :

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    Guillaume Cuchet : « Le catholicisme aura l’avenir qu’on voudra bien lui donner »

    18/09/21

    Rien n’est joué concernant l’avenir du catholicisme en France, telle est l’opinion de l’historien Guillaume Cuchet qui répond aux questions d’Aleteia sur la situation des catholiques dans la société d’aujourd’hui, alors qu’ils sont devenus une minorité. Si les chrétiens ont des combats à livrer, en particulier dans le domaine de la culture, leurs motivations doivent être évangéliques, et pas idéologiques.

    Professeur d’histoire contemporaine à l’Université Paris-Est et spécialiste de l’histoire des religions, Guillaume Cuchet défend la thèse selon laquelle la crise du catholicisme a des racines profondes, bien antérieures au concile Vatican II, même si celui-ci fut un déclencheur. Dans son nouveau livre, Le catholicisme a-t-il encore de l’avenir en France ?, il explore les effets de la déchristianisation sur la société. Pour lui, l’avenir du catholicisme passe par une prise de conscience, « la responsabilité de chacun », et par la culture. 

    Aleteia : Votre livre précédent, Comment notre monde a cessé d’être chrétien ?, exposait les causes lointaines de la déchristianisation de notre société. Dans Le catholicisme a-t-il encore de l’avenir en France ?, voulez-vous montrer qu’il n’y a rien d’irréversible à cette évolution ?

    Guillaume Cuchet : J’ai cherché à prolonger mes courbes pour rejoindre la situation que nous avons sous les yeux, avec toutes les incertitudes que comporte l’exercice, parce qu’à mesure que l’historien se rapproche du présent, il perd évidemment son principal outil de travail qui est le recul. Il y a une tendance lourde à la déchristianisation qui remonte au XVIIIe siècle, même si elle n’est pas linéaire et qu’elle est passée par des phases, tantôt ascendantes, tantôt descendantes. L’Église était plus en forme en 1860 qu’en 1810, par exemple. Il y a aussi des scénarios plus probables que d’autres. Mais, en dernière analyse, l’avenir du catholicisme est une question posée à notre liberté, individuellement et collectivement. Il aura l’avenir qu’on voudra bien lui donner. Donc je propose d’y réfléchir un peu froidement tant qu’il en est encore temps : on peut vouloir laisser filer les choses mais autant savoir ce qu’on fait.

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  • L'ère de la manipulation de masse

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    De Anne-Laure Debaecker sur le site de Valeurs Actuelles :

    Tous manipulés

    À travers les décennies, les techniques développées par des ingénieurs du consentement n’ont eu de cesse de se développer et de s’améliorer pour influencer nos comportements, détaille David Colon. Entretien. 

    16 septembre 2021

    La « persuasion des foules » « trouve bel et bien son origine dans la démocratie » et, ainsi, des experts « fabriquent le consentement ou le dissentiment » depuis plus d’un siècle, explique David Colon dans son dernier ouvrage, les Maîtres de la manipulation . Professeur à Sciences Po Paris, membre de son administration et chercheur dans son centre d’histoire, l’enseignant a déjà consacré son précédent livre à la manipulation de masse. À travers vingt portraits de « maîtres de la persuasion » au cours du XXe siècle se dévoilent les mises en place de techniques publicitaires et de lobbying, développées pour influer sur nos actes de plus en plus discrètement. D’Edward Bernays à Walt Disney en passant par Goebbels, David Ogilvy ou encore Mark Zuckerberg, on découvre ainsi comment des hommes politiques, des idéologues, des industriels ont vu leurs intérêts servis et couronnés de succès par des entreprises de manipulation à grande échelle. On peut seulement regretter que le livre soit pudique sur le matraquage actuel opéré dans la sphère médiatique pour promouvoir le progressisme. 

    Valeurs actuelles. Dans notre XXIe siècle, en quoi consiste l’art de la persuasion de masse ? Par quels biais nous faisons-nous influencer voire manipuler ?

    On a longtemps vécu avec la conviction que l’éducation et l’information nous préservaient des dispositifs de manipulation de masse. Or, de plus en plus de recherches tendent à accréditer l’idée que nous sommes davantage influencés et manipulés aujourd’hui que par le passé. Nous sommes en effet à la fois beaucoup plus en quête d’informations et beaucoup plus informés. Nous passons quotidiennement des heures en contact avec des écrans et, par eux, nous sommes ainsi exposés tous les jours à de la propagande et des opérations publicitaires, dont certaines opèrent à notre insu. Elles sont le produit du travail d’“ingénieurs du consentement” ou d’“ingénieurs des âmes”, que j’appelle les “maîtres de la manipulation”. Au cours du siècle qui s’est écoulé, ceux-ci ont inventé et déployé des techniques et des dispositifs toujours plus perfectionnés de persuasion de masse.

    Pour illustrer cet art, votre livre met en avant une vingtaine de portraits de ces maîtres de la manipulation. Sur quels critères les avez-vous retenus ?

    J’ai retenu vingt personnages qui ont en commun d’avoir eu l’intention de persuader ou de manipuler les masses, qui ont eu la capacité de le faire à grande échelle, ce qui n’est pas donné à tout le monde, et qui ont atteint leur but en produisant des effets mesurables. Tous sont des hommes, ce qui s’explique par le fait que le milieu dans lequel ils évoluent est très largement masculin, qu’il s’agisse de la publicité, du cinéma, de la communication politique ou des géants du numérique. Beaucoup d’entre eux se connaissent, s’inspirent les uns des autres, se plagient parfois, et rivalisent d’ingéniosité pour s’imposer face à leurs concurrents. À travers ces vingt portraits, je retrace un siècle d’histoire de la persuasion et de la manipulation de masse.

    Comment expliquer l’écrasante majorité d’Américains dans vos portraits ?

    Les États-Unis sont le creuset de l’industrie de la manipulation de masse. Depuis le début du XXe siècle, ils sont la première puissance économique mondiale et ont vu naître la consommation de masse, les relations publiques, le marketing, les études de marché, les sondages, la publicité scientifique… Ils accueillent les plus grands centres d’étude de la communication, de la propagande et des comportements humains. Ils ont ainsi dominé l’art de la manipulation de masse et continuent de le faire à travers certaines entreprises de la Silicon Valley comme Facebook, qui est le plus grand outil de manipulation de masse de l’histoire, capable de modéliser, de prédire et d’influencer les attitudes et les comportements de 2,8 milliards d’utilisateurs.

    Vous distinguez différentes approches concurrentes de la persuasion, lesquelles ?

    La première est celle de l’exposition, qui repose sur la conviction que plus on expose les individus à une publicité ou à un programme politique, plus on a de chance de les encourager à adopter le comportement voulu. La deuxième est une approche scientifique, qui consiste à déterminer un contenu persuasif en fonction des effets mesurés par des expériences ou des études de marché. La troisième est l’approche psychologique, qui consiste à appliquer la psychologie à l’art de la persuasion en vue d’identifier et d’influencer les mobiles des conduites humaines.

    Tout au long du XXe siècle, ces approches ont été plus ou moins concurrentes et distinctes. Elles tendent désormais à devenir complémentaires dans les dispositifs publicitaires proposés par Facebook et par d’autres firmes de la Silicon Valley. L’analyse prédictive du comportement des utilisateurs combine en effet une approche scientifique reposant sur l’exploitation de leurs données comportementales et l’élaboration de leur profil psychologique, et une approche par l’exposition consistant à déterminer le moment le plus approprié pour porter, souvent de façon répétée, un message individualisé à la connaissance des individus ciblés. C’est ce qui fait des services publicitaires des plates-formes comme Facebook des outils de manipulation individualisée de masse, et les rend d’autant plus redoutables que les dispositifs de persuasion sont de plus en plus difficilement perceptibles. La manipulation est devenue furtive.

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  • Des précisions sur le rôle de Pie XII dans le sauvetage de Juifs à Rome en 1943

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    D'Andrea Gagliarducci sur kath.net/news :

    Pie XII et les Juifs. Les efforts de Pacelli après le raid sur le ghetto

    18 septembre 2021

    La date du 16 octobre 1943 marque un tournant pour les Juifs de Rome, mais pas pour Pie XII, qui poursuit son œuvre de sauvetage comme il l'a toujours fait.

    Le 16 octobre 1943 est le jour du raid nazi sur le ghetto de Rome. C'était un samedi, et à l'aube, 365 soldats nazis ont rassemblé 1 351 Juifs. C'est un moment décisif dans l'histoire du judaïsme romain. Hormis l'horreur de ce qui s'est passé et les nécessaires protestations diplomatiques, cela ne change pas grand-chose pour le Saint-Siège : Pie XII avait déjà commencé à aider les Juifs avant puis pendant la rafle, et continuerait à le faire après.

    Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Quant à Pie XII, l'opinion publique hostile préfère mettre en avant son prétendu "silence" sur le national-socialisme ou sa préférence pour le sauvetage des seuls Juifs convertis au christianisme. Les chiffres nous montrent que toutes ces interprétations ne sont pas fiables. Le diacre Dominiek Oversteyns de la famille du clergé "Das Werk" a recueilli des données auprès de sources privées. Il a comparé les chiffres officiels avec ceux des différentes enquêtes et a également obtenu des données par extrapolation mathématique qui donnent au moins une idée du nombre exact de personnes impliquées. Ces données permettent de réfuter la "légende noire" non seulement du silence mais aussi de la passivité de Pie XII.

    La rafle nazie des Juifs romains a commencé à 05h00 le 16 octobre 1943 et a officiellement duré jusqu'à environ 14h00. Sur les 1 351 Juifs arrêtés à leur domicile, 61 parviennent à s'échapper avant d'être enfermés à l'Académie militaire[1] Dans l'après-midi du 16 octobre, 258 des 1 290 Juifs détenus à l'Académie militaire sont libérés. Avant que le train ne quitte la gare de Roma-Tiburtina pour Auschwitz à 14 heures le 18 octobre 1943, deux autres Juifs furent libérés.

    Pie XII et ses associés - comme les sources primaires le prouvent sans aucun doute[2] - ont été conjointement responsables de la libération de 247 Juifs romains ce jour-là (16 octobre 1943), un nombre qui est passé à 249 Juifs romains lorsque le train de déportation a quitté Rome. Ainsi, Pie XII est en partie responsable de la libération et du sauvetage de 249 Juifs romains arrêtés entre le 16 et le 18 octobre 1943. Cela représente environ un cinquième ou 20% des Juifs arrêtés à Rome pendant cette période. C'est un fait peu connu qui est en train d'être mis en lumière !

    En fait, le jour de la rafle, Pie XII est intervenu à plusieurs reprises aux premières heures du matin pour tenter d'arrêter la rafle et libérer les Juifs arrêtés avant qu'ils ne soient déportés - comme le documente le diacre Oversteyns.

    Les interventions ont consisté à essayer de contacter l'ambassadeur allemand Ernst von Weizsäcker pour le convaincre d'appeler Berlin et d'arrêter le raid. L'ambassadeur n'a rien fait. Pie XII, par l'intermédiaire du père Pancrazio Pfeiffer, se tourne alors vers le général Reiner Stahel, alors chef de l'armée d'occupation allemande à Rome, et lui demande de faire quelque chose pour arrêter le raid. Le général Stahel appelle directement Himmler et le convainc d'arrêter le raid. A 12h00, Stahel a alors donné l'ordre d'arrêter le raid. En outre, le commandant SS Dannecker de Berlin a reçu l'ordre de libérer tous les Juifs issus de mariages mixtes ainsi que les Juifs employés par des Aryens.

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  • Benoit XVI-Rémi Brague : même combat

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    Dans le cadre de conférences organisées à l’Université de Liège, l’Union des étudiants catholiques liégeois et le groupe de réflexion sur l’éthique sociale avaient invité, voici quelque temps déjà, le philosophe Rémi Brague, professeur ordinaire à l’Université de Paris I Panthéon-Sorbonne et à la Ludwig-Maximilian Universität de Munich. Membre de l’Institut, celui-ci a reçu le Prix de la Fondation Ratzinger-Benoît XVI. Elle rejoint la dénonciation, renouvelée aujourd’hui par le pape émérite (Un texte inédit de Benoît XVI sort en Italie ), de l’anthropologie mortifère que l’Occident postchrétien fait peser sur le monde.

    the-preaching-of-the-antichrist-luca-signorelli.jpgVoici, en synthèse, un rappel de cette conférence intitulée :  « Eclipse de Dieu, éclipse de l’homme ». Elle n’a pas pris une ride :

    Mort de Dieu, mort de l’homme

    Le titre est une métaphore empruntée à l’œuvre du philosophe juif Martin Buber (Vienne 1878-Jérusalem 1965) illustrant  le thème de la mort de Dieu que l’on rencontre aussi chez Max Weber (Le désenchantement du monde, 1917) et, bien sûr, Friedrich Nietzche (le Gai Savoir, 1882) : plus que de triomphe, c’est un cri d’inquiétude auquel répond celui de la mort de l’homme que l’on trouve chez Léon Bloy, Nicolas Berdiaev ou André Malraux. Il a été repris et rendu célèbre par Michel Foucauld (Les mots et les choses, 1966) ramenant cette idée à la critique d’une incohérence logique : si le prototype disparaît, alors la copie doit aussi s’effacer. La thèse de Rémi Brague est moins innocente : selon lui, la disparition de Dieu à l’horizon de l’humanité pourrait, de fait, entraîner celle de l’humanité elle-même, sinon physique en tout cas ontologique: la disparition de ce qui fait l’humanité de l’homme.

    Echec de l’athéisme ?

    Pour Rémi Brague, l’athéisme est un échec. Sa faveur croissante dans l’opinion publique n’est pas une objection pertinente. Pour un philosophe, la quantité de gens qui défendent une opinion déterminée n’est pas un argument en soi : ni pour, ni contre. Mais d’autres succès spectaculaires sont à mettre au crédit de l’athéisme :

    Au niveau théorique d’abord, la science moderne de la nature n’a plus besoin d’une religion « bouche-trou » lorsqu’on cherche une explication du monde. Mais, on peut ici se demander si une religion a vraiment jamais prétendu expliquer comment le monde fonctionne. Quoi qu’il en soit, le Dieu horloger de Voltaire a vécu. Cette victoire théorique se complète d’une victoire dans la pratique politique, laquelle montre que les sociétés d’aujourd’hui peuvent s’organiser sans avoir besoin d’un principe supra humain de légitimité. Reste que toutes les religions ne cherchent pas à réglementer la société : on oublie trop à cet égard que le christianisme n’édicte pas de règles de conduite fondamentalement distinctes de celles que la raison naturelle a ou pourrait trouver par ses propres forces.  De fait, le Décalogue qui est ce qu’il a retenu de la Torah des juifs n’est jamais que le « kit » de survie de l’humanité : un minimum.

    Quoi qu’il en soit, les deux « victoires » de l’athéisme sont énormes dans l’histoire de l’humanité. Mais elles appellent tout de même deux observations :

    D’une part, l’athéisme n’est pas nécessairement l’affirmation militante de convictions agressives. Ce peut être d’abord un principe de méthode : une mise entre parenthèses du divin. C’est pourquoi on a inventé des termes comme « agnosticisme », « sécularisme » ou « humanisme » (un parti politique belge d’origine chrétienne a même adopté ce qualificatif). D’autre part, cet agnosticisme lui-même ne concerne pas que les questions religieuses : le positivisme philosophique se contente de connaissances « positives » sur le monde, sans chercher les causes dernières des phénomènes qu’il appréhende.

    Est-il légitime que l’homme existe ?

    Malgré tout cela, l’athéisme contient un défaut mortel, même sous sa forme atténuée de l’ agnosticisme. Il y a, en effet, une question sur laquelle l’athéisme n’a rien à dire dès lors que la racine de l’homme serait l’homme lui-même : s’il n’existe aucune instance supérieure à l’homme, comment celui-ci pourrait-il affirmer sa propre valeur?  Si c’est l’homme lui-même qui se juge, comme dirait Chesterton, c’est le signe du fou, dont l’histoire politique nous montre maints exemples.

    Au tournant des XVIIIe-XIXe siècles, Fichte, radicalisant la philosophie de Kant, croit avoir trouvé la solution : le divin est donné dans la loi morale qui est présente en nous et dont nous aurions tous conscience. Donc, il n’y a pas besoin de foi en Dieu mais, en revanche, il y a quelqu’un en qui nous avons besoin de croire : c’est l’homme.

    Croire en l’homme, malgré ce théâtre de grand guignol que représente l’histoire ? Nous avons eu, au XXe siècle, deux régimes explicitement athées : l’un anti-chrétien parce qu’anti-juif, l’autre anti-juif parce qu’anti-chrétien. « J’ai honte d’être un être humain » disait alors la philosophe allemande d’origine juive Hanna Arendt. Et aujourd’hui la question de la légitimité de l’être humain se fait encore plus concrète parce que nous avons, à grande échelle, les possibilités techniques d’en finir avec l’humanité. Or, comme disait Leibniz, les possibles ont une tendance à exister.  

    Mais, à supposer même que l’athéisme ne tue personne, est-il capable de donner des raisons de vivre ? L’homme n’est peut-être pas le gentil du film hollywoodien, c’est peut-être le méchant ou, comme disait le philosophe angliciste allemand Hartmann, la « sale bête » universellement prédatrice, universellement envahissante ne se contentant pas de sa niche écologique mais faisant irruption partout : si l’homme disparaissait, alors tout de même la nature serait libre.

    Que faire avec ce genre d’argument ?  Une réponse serait de dire qu’il y a un instinct de survie et que l’homme peut bien continuer à exister sans s’occuper de sa propre légitimité. Mais alors, le seul animal qui se pose la question des raisons de ce qu’il fait renoncerait à la raison à propos d’un problème qui met en jeu son existence.

    Cette impasse rationnelle n’appelle qu’une issue raisonnable : c’est de trouver un point de référence extérieur qui puisse dire qu’il est bon qu’il existe des hommes, un levier d’Archimède qui soit en droit de dire, justement parce qu’il n’est pas homme, que celui-ci, malgré tout, doit être sauvegardé et, conclut Rémi Brague, pour nommer ce point de référence extérieur, si vous trouvez un meilleur terme que Dieu, vous me faites signe.

    Dans son célèbre « Drame de l’humanisme athée » publié à la fin de la seconde guerre mondiale, le Père Henri de Lubac estimait que si l’on peut construire une société sans Dieu, elle serait inhumaine. Moins optimiste, Rémi Brague ajoute qu’une telle société serait séculaire au sens propre du terme, c’est-à-dire que raisonnablement, elle ne pourrait donner que la vie d’un individu humain en sa longévité maximale.

    JPSC

  • Mariage homosexuel, pilule, suicide assisté... Un nouveau livre de Benoît XVI salué par François

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    Du site de Famille Chrétienne :

    Mariage homosexuel, pilule, suicide assisté... Un texte inédit de Benoît XVI sort en Italie

    16/09/2021

    « Avec la légalisation du “mariage homosexuel” dans seize États européens, le thème du mariage et de la famille a pris une nouvelle dimension qui ne peut certainement pas être ignorée ». Telle est la première phrase du texte inédit du pape émérite Benoît XVI introduisant l’ouvrage La Vera Europa, identità e missione, – La vraie Europe, identité et mission – qui paraît le 16 septembre aux éditions CantagalliLe livre de 264 pages est le troisième volume d’un projet éditorial qui rassemble une sélection des textes de Joseph Ratzinger-Benoît XVI. Les deux précédents ouvrages avaient également été préfacés par le pape François.

    Liens étroits entre la pilule et le suicide assisté

    Dans son texte d’un peu plus de deux pages envoyé à l’éditeur en avril dernier, Benoît XVI dresse un raisonnement en quatre temps. D’abord, il explique que « le “mariage homosexuel” est en contradiction avec toutes les cultures de l’humanité qui se sont succédées jusqu’à présent ». Jamais auparavant n’avait été remis en question le fait que « l’existence de l’homme – en tant que mâle et femelle – [était] ordonnée à la procréation », insiste-t-il. Cette « certitude originelle qui a été évidente pour l’humanité » a selon lui été bouleversée avec l’introduction de « la pilule » contraceptive. Car celle-ci a rendu possible la « séparation entre fécondité et sexualité ». Dès lors, toutes les formes de sexualité sont devenues « équivalentes » ; « il n’existe plus aucun critère de fond », constate le pontife émérite.

    Il en déduit que, si la sexualité est séparée de la fécondité, « alors, inversement, la fécondité peut naturellement être pensée sans sexualité ». L’homme ne serait donc plus compris comme « un don reçu » mais un comme « produit planifié ». Or, « ce qui peut être fabriqué peut aussi être détruit », prévient le théologien de 94 ans. Et de s’inquiéter de la « tendance croissante » au recours au « suicide comme fin planifiée de la vie ». Finalement, le pape émérite assure que derrière les réflexions sur le mariage homosexuel, la pilule ou bien le suicide assisté se cache une « question fondamentale » : « qui est l’homme ? ». Il pose alors cette alternative : « soit l’homme est la créature de Dieu, l’image de Dieu, le don de Dieu, soit l’homme est un produit que lui-même sait créer ».

    Un raisonnement salué par le pape François

    Dans sa préface rédigée le 28 juillet dernier, le soutien du pape François au pape émérite est manifeste. « Je suis heureux de présenter ce volume », commence-t-il par écrire, avant de reprendre brièvement l’alternative existentielle proposée par son prédécesseur et les enjeux qu’elle soulève. Il s’attriste lui aussi du fait qu’en Europe, « l’idée de respect de toute vie humaine disparaît de plus en plus, à partir de la perte de la conscience de son caractère sacré ».

    Puis il écrit : « au fil des ans, Benoît XVI n’a pas craint de dénoncer avec beaucoup de courage et de clairvoyance les nombreuses manifestions de ce renoncement dramatique à l’idée de création, jusqu’aux conséquences actuelles les plus récentes ». Des conséquences qui, selon le pontife argentin, sont « décrites de manière absolument claire et convaincante dans le texte introductif [de Benoît XVI, ndrl]».

    En conclusion de sa préface, le pape François fait sienne l’espérance de son prédécesseur, convaincu que « le désir de Dieu » est « profondément inscrit dans chaque âme humaine et ne peut disparaître ». Et de le citer : « nous les humains, sommes agités jusqu’à ce que nous ayons trouvé Dieu. Cette agitation existe aussi aujourd’hui. C’est l’espérance que l’humanité, encore et toujours, se mette en route vers ce Dieu ».

  • Les sociétés à forte fécondité ont tendance à être ferventes, dévotes et enthousiastes sur le plan religieux

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    15 Sep 2021

    Professeur émérite — en titre et en réalité — d’histoire à l’Université Baylor, Jenkins formule d’emblée une généralisation évidente sur le plan intuitif, mais puissante : « Les sociétés à forte fécondité… ont tendance à être ferventes, dévotes et enthousiastes sur le plan religieux. Inversement, plus le taux de fécondité est bas et la taille de la famille réduite, plus la tendance à se détacher de toute religion organisée ou institutionnelle est grande. » En d’autres termes, plus succincts, « la fécondité et la foi font route ensemble ».

    La majeure partie de l’étude de Jenkins développe ensuite les aspects parfois peu évidents de cette thèse. Ainsi « ce qui, dans l’économie religieuse, distingue les gagnants des perdants n’est pas la solidité de leur théologie, mais leurs taux de fécondité » ou « les religions doivent développer de nouvelles méthodes de présentation de leurs opinions » si elles veulent survivre et réussir, ou encore « la sécurité et la stabilité tendent à réduire la fécondité » (et donc la foi).

    Concernant les musulmans, Jenkins se concentre sur ce qu’il appelle « l’islam à deux niveaux », et distingue pour ce faire les pays à forte fécondité comme le Yémen et l’Afghanistan, et les pays à faible fécondité comme l’Albanie et l’Iran. Le premier niveau se caractérise par un « ensemble de valeurs » caractérisé par le communautarisme, une mentalité traditionnelle, une conception des sexes moins égalitaire et plus régentée, un sens plus aigu de l’honneur, une plus grande propension à l’agressivité et à l’instabilité ainsi qu’une adhésion inconditionnelle à des valeurs religieuses. Le second niveau se caractérise par une mentalité plus occidentale, une grande stabilité et un sens développé de l’individualisme. Les dirigeants iraniens méprisent tellement cette mentalité de plus en plus occidentale qu’en 2010, Mahmoud Ahmadinejad a décrit le désir de consommer plus plutôt que d’avoir des enfants comme « un acte de génocide ».

    Contre toute logique, Jenkins observe que « même l’Arabie saoudite se trouve désormais sous le seuil de remplacement [des générations] », et insiste dans le même temps sur le fait que « aucun critère rationnel ne permet d’affirmer que l’Arabie saoudite… est en voie de sécularisation ». Or, les preuves manifestes d’un tel mouvement ne manquent pas. Pour ne citer qu’une statistique, un sondage WIN/Gallup de 2012 a montré que les « athées convaincus » représentaient 5 % de la population en Arabie saoudite tandis que les personnes « non religieuses » représentaient 19 %.

    Jenkins émet plus d’une observation perspicace. En voici trois. La démographie signifie que « les chrétiens du Sud du globe sont à bien des égards plus proches de leurs voisins musulmans que de leurs coreligionnaires européens. » « L’idéologie de l’honneur [est] un indicateur de développement rarement pris en compte par les décideurs politiques. » Le déclin démographique de l’Iran « rend moins probable l’hypothèse d’une chute du régime à la suite d’une agitation populaire ».

    À l’instar de ses autres écrits, Jenkins donne ici beaucoup de matière à réflexion et à discussion.

    Source

    Fertility and faith
    par Philip Jenkins
    publié aux éditions Baylor University Press,
    à Waco (Texas),
    en juillet 2020,
    270 pages,
    ISBN-13 : 978-1481311311,

  • Comment le christianisme a "traité" l'esclavage

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    De François-Guillaume Lorrain sur le site du Point :

    L’historien Olivier Grenouilleau, qui a eu en 2005 maille à partir avec les décolonialistes, étudie comment le christianisme a « traité » l’esclavage.

    « Transport des Nègres dans les colonnies » (sic), gravure du XIXe siècle.© Photo Josse/Leemage

    13/09/2021

    L’esclavage, Olivier Grenouilleau en arpente le champ depuis bien longtemps. Ses différentes voies empruntées au fil des siècles, transatlantiques, infra-africaines, orientales, mais aussi ces voix de l’abolitionnisme qui se sont élevées à partir de la fin du XVIIIe siècle. On rappellera la fatwa menée contre lui en 2005 parce qu’il avait démontré l’année précédente, dans Les Traites négrières. Essai d’histoire globale, que le mercantilisme occidental excluait une visée génocidaire. Après avoir discrètement, c’est-à-dire scientifiquement, consolidé cette thèse par un ouvrage sur l’un des piliers de l’Occident, la loi du marché capitaliste, l’historien nantais l’étaie cette fois tout aussi solidement avec une autre colonne de ce même Occident, le christianisme.

    On peut lire la suite, réservée aux abonnés, ICI

  • 7e centenaire de sa mort : mais qui était Dante Alighieri ?

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    De Storia Voce :

    Au-delà du poète, qui était Dante Alighieri ?

    Durée totale de l’émission: 51’53.

    James Joyce disait de Dante Alighieri : « J’aime Dante presque comme la Bible. Il est ma nourriture spirituelle, le reste n’est que remplissage. » De son côté, T. S. Eliot affirmait : « Dante et Shakespeare se partagent le monde moderne : ils n’ont pas d’équivalent ».  Connu dans le monde entier pour son œuvre magistrale La Divine Comédie, le poète Dante Alighieri reste pourtant un mystère. Né à Florence en 1265, quelle était sa place dans une société italienne médiévale en mutation ? De quel milieu familial était-il originaire ? Quel rang politique occupe t’il alors que sa ville était attachée au parti Guelfe, c’est-à-dire à la papauté ? Pourquoi enfin sera-t-il jugé et banni en 1302 pour vivre un exil de vingt années? L’historien italien Alessandro Barbero est en exclusivité sur Storiavoce : il répond aux questions de Christophe Dickès.

    L’invité: Alessandro Barbero enseigne l’histoire médiévale à l’université du Piémont-Oriental de Vercelli. Il est l’auteur, aux Éditions Flammarion, de WaterlooLe Jour des barbaresHistoires de croisadesLa Bataille des trois empires et Le marchand qui voulait gouverner Florence (Champs-Flammarion, 2017). Il vient d epublier chez ce même éditeur Dante (484 pages, 28€)

  • Le missel "de S. Paul VI" (1970 ) : seule référence désormais légitime pour célébrer la messe selon le rite romain devenu en fait libéral et multiforme ?

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    Lu ce commentaire sur le site « Pro Liturgia » :

    « À lire le dernier Motu proprio « Traditionis custodes » sur la liturgie, signé du pape François, le rite romain existerait sous deux formes, du moins pour ce qui concerne la Messe : l’ « extraordinaire », célébrée avec le Missel dit « de S. Pie V » et l’ordinaire, célébrée avec le Missel de « S. Paul VI ».

    Cette façon de voir les choses permet de croire que les informations qui parviennent aux oreilles du pape via les évêques sont totalement fausse. Car si la forme « extraordinaire » existe bel et bien, est respectée par les prêtres qui choisissent de la célébrer, il n’en va pas du tout de même avec la forme « ordinaire » : cette dernière a fait, dès les lendemains du concile Vatican II, l’objet de dégradations tellement systématisées qu’il n’est pas possible d’imaginer qu’elles n’ont pas été orchestrées par une frange influente du clergé qui voulait priver les fidèles de la prière officielle de l’Église.

    Très rapidement, ce sont des formes « dévoyées » de la liturgie qui sont venues remplacer, dans la grande majorité des paroisses, ce que l’on se plaît encore à faire passer pour la forme « ordinaire », pour la forme voulue par Vatican II. Il y a là une grande tromperie à laquelle des fidèles dupés ou complaisants ont fini par adhérer ; tromperie qui fait que tous les débats sur la liturgie sont faussés ; tromperie qui fait que le Motu proprio « Traditionis custodes » risque d’accentuer les problèmes au lieu de les régler avec intelligence et dans la paix.

    Tant que dans les paroisses on ne trouvera pas la « forme ordinaire » célébrée fidèlement, dignement, tant qu’on voudra faire passer les célébrations actuelles pour pleinement conformes à ce qui a été voulu par le Concile, tant que les choses ne seront pas clairement définies et dites, tous les documents pontificaux sur la liturgie n’apporteront rien, ne changeront rien, n’engageront aucune possibilité d’améliorations ; la « tambouille liturgique » continuera à mijoter et plaira à des assemblées désormais habituées à faire passer l’ambiance et le sentimentalisme avant la foi et l’adoration. Autrement dit, à déconnecter la « lex orandi » de la « lex credendi ».

    Finissons tout de même par une note d’optimisme : la génération qui s’est employée à démanteler la liturgie est en train de passer. Ce qu’elle laisse derrière elle, ce sont des paroisses vides où ne subsistent plus que des « comités théodule » qui tournent à vide. Peu à peu, une nouvelle génération de prêtres et de fidèles se lève et, ici et là, avec beaucoup de courage, s’emploie à redresser ce qui peut l’être en se montrant appliqués à mettre en œuvre la véritable liturgie reçue de l’Eglise. Le redressement de la liturgie qui semblait encore impensable dans les années 1980, quand en pleine crise fut fondée notre association Pro Liturgia, semble devenir peu à peu réalisable. Demeurons fermes dans la foi. »

    Ref. NOUVEAU Lundi, 13 septembre 2021

    Quoi qu’il en soit, une messe de Paul VI en latin, utilisant le canon dit romain (« Prex eucharistica I ») et pratiquant le chant grégorien est la plus rare des variantes multiformes permises qui soit utilisée par les dévots du missel édicté par ce pape en 1970. Il ne faut pas rêver : l’anarchie libérale engendrée par ce nouveau rite a encore de beaux jours devant elle…

    JPSC