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Enseignement - Education - Page 144

  • Accès des divorcés-remariés à la communion: une lettre du Bangladesh

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    Un ami missionnaire au Bangladesh écrit à Sandro Magister. Son auteur est un missionnaire de l’Institut Pontifical pour les Missions Étrangères de Milan. Il écrit: "Si l’on avance dans la voie tracée par le cardinal Kasper, les dégâts vont être importants" . Publication sur le site « Chiesa »

     « Carlo Buzzi, 71 ans, originaire du diocèse de Milan, est en mission au Bangladesh sans interruption depuis 1975, en tant que membre de l’Institut Pontifical pour les Missions Étrangères.

    Pendant plusieurs années, il a peiné, tout seul, sans parvenir à réaliser une seule conversion. Puis le temps des premiers baptêmes est venu et ensuite les premières familles catholiques se sont constituées. Une goutte d’eau dans une mer de musulmans.

    Il s’est toujours montré très actif en faveur des plus pauvres. Par exemple en faveur des populations tribales, dont il s’est fait l’avocat, gratuitement, pour qu’elles parviennent à récupérer les terres dont elles avaient été illégalement dépouillées. Il a subi la bastonnade et on lui a jeté des pierres, il a affronté l’adversité, il a parcouru plusieurs centaines de kilomètres en moto pour se rendre dans les villages les plus reculés. Il a été s’installer aux côtés des populations tribales et des intouchables venus d'Inde pour travailler, en tant que manœuvres, à la construction d’un pont sur le Brahmapoutre, et auxquels s’opposaient les musulmans locaux. Il a construit des écoles, des dispensaires, des églises. Il les a reconstruites lorsqu’elles ont été détruites.

    Mais l'annonce de l’Évangile est toujours au centre de sa mission. Un Évangile prêché et vécu dans les formes les plus essentielles, les plus authentiques, sans compromis.

    On peut s’en rendre compte en lisant la lettre ci-dessous, qu’il a écrite au responsable de ce site web, dont il a été le camarade d’école lorsqu’ils étaient enfants, dans un petit village de Lombardie.

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  • Diocèse de Toulon-Fréjus: le séminaire de La Castille a 30 ans

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    JPSC

  • Cardinal Kasper : au nom de la miséricorde

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    Lors de son premier Angélus, le pape François a recommandé un ouvrage de théologie du cardinal Kasper, un livre qui «m'a fait beaucoup de bien» ajoutait-il, parce qu'il dit que «la miséricorde change tout; elle change le monde en le rendant moins froid et plus juste».  A  propos de cet ouvrage, le site « Benoît et moi » a  traduit une interview du Cardinal Kasper parue ici https://www.commonwealmagazine.org/kasper-interview-popefrancis-vatican (extraits):

    Commonweal: Dans votre livre, «Miséricorde», vous soutenez que la miséricorde est la base de la nature de Dieu. Comment la miséricorde est-elle la clé pour comprendre Dieu?

    Cardinal Walter Kasper: (…). La relation de Dieu à Moïse dans le buisson ardent n'est pas «je suis», mais «je suis avec toi». Je suis pour toi. Je vais avec toi». Dans ce contexte, la miséricorde est déjà très fondamentale dans l'Ancien Testament. Le Dieu de l'Ancien Testament n'est pas un Dieu en colère, mais un Dieu miséricordieux (…).  C'est une question de liberté. Pardonner, c'est ma liberté, et l'autre est libre de l'accepter ou non.

    CWL: Dans votre livre, vous parlez de la seconde encyclique de Jean-Paul II, dans laquelle il écrit que la justice seule ne suffit pas, et que, parfois, la plus haute justice peut finir par devenir la plus haute injustice. Cela a-t-il été le cas à l'intérieur de l'Église elle-même, en particulier en ce qui concerne la façon dont la Congrégation pour la Doctrine de la Foi a traité certains théologiens?

    Kasper: (…) La miséricorde est également un point critique pour l'Église. Elle doit la prêcher. Nous avons un sacrement de la miséricorde - le sacrement de pénitence, mais nous devons le réévaluer, je pense … Le Pape François a dit que nous devons devenir une Église pauvre pour les pauvres - c'est son programme. À cet égard, il commence une nouvelle phase de la réception du Concile.

    CWL: Vous notez également que la miséricorde et la justice ne peuvent pas être établies ici sur la terre, et que ceux qui ont essayé de créer le paradis sur terre ont plutôt créé l'enfer sur terre. Vous dites que cela est vrai aussi pour les perfectionnistes ecclésiastiques - ceux qui conçoivent l'église comme un club pour les purs. Quel est l'impact de ce point de vue au sommet de l'Église aujourd'hui ?

    Kasper: (…) J'ai l'impression que cela est très important pour le pape François. Il n'aime pas les gens dans l'Église qui condamnent les autres….

    CWL: Dans votre discours en préambule au consistoire, vous avez noté que, pour le bien de leurs enfants, beaucoup de partenaires qui ont déserté dépendent d'un nouveau partenariat, un mariage civil, qu'ils ne peuvent quitter sans une culpabilité supplémentaire. Plus loin, dans votre discours, vous parlez de la possibilité qu'un catholique divorcé et remarié puisse, après une période de pénitence, recevoir à nouveau la communion. Vous dites que ce serait un petit nombre de personnes, ceux qui veulent vraiment le sacrement et qui comprennent la réalité de leur situation et répondent aux préoccupations qu'aurait leur pasteur. Envisagez-vous une situation dans laquelle un divorcé-remarié catholique - un catholique avec un nouveau partenariat et un mariage civil - pourrait vivre avec son nouveau partenaire «comme frère et sœur» sans détruire ce partenariat (…) ?

    Kasper: L'échec d'un premier mariage n'est pas seulement lié à un comportement sexuel erroné (…).Il a échoué; il y avait un problème. Cela doit être confessé. Mais je ne peux pas penser à une situation dans laquelle un être humain est tombé dans un fossé et qu'il n'y a pas moyen de sortir. Souvent, il ne peut pas revenir à son premier mariage. (…). Mais la pénitence est la chose la plus importante - se repentir de ce qui s'est passé, et une nouvelle orientation. La nouvelle quasi-famille ou le nouveau partenariat doit être solide, vécu d'une manière chrétienne.  Est-ce que l'absolution n'est pas possible dans ce cas? Et si l'absolution, alors aussi la sainte la communion? Il y a beaucoup de thèmes, de nombreux arguments dans notre tradition catholique qui pourraient permettre cette avancée.
    Vivre ensemble comme frère et sœur? Bien sûr, j'ai beaucoup de respect pour ceux qui font cela. Mais c'est un acte héroïque, et l'héroïsme n'est pas pour le chrétien moyen. Cela pourrait également créer de nouvelles tensions (…).

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  • Qu’est-ce que le fondamentalisme ?

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    Le site « Benoît et moi » publie un inédit du cardinal Bergoglio, aujourd’hui pape François sur la vraie nature du fondamentalisme :

    « Le fait que tout au long de l'histoire se soient multipliés - et continuent à se multiplier encore aujourd'hui - les fondamentalismes, saute aux yeux. 
    En substance, il s'agit de systèmes de pensée et de conduite absolument momifiés, qui servent de refuge. Le fondamentalisme s'organise à partir de la rigidité d'une pensée unique, à l'intérieur de laquelle la personne se protège des instances déstabilisantes (et des crises) en échange d'un certain quiétisme existentiel. Le fondamentalisme n'admet pas de nuances, ni de doutes, tout simplement parce qu'il a peur et - dans la pratique - peur de la vérité. Celui qui se réfugie dans le fondamentalisme est quelqu'un qui a peur de se mettre en chemin pour chercher la vérité. Déjà, il «possède» la vérité, il l'a déjà acquise et instrumentalisée comme moyen de défense; c'est pourquoi il vit toute discussion comme une agression personnelle.

    Notre relation avec la vérité n'est pas statique, puisque la Vérité suprême est infinie et peut toujours être mieux connue; il est toujours possible de s'immerger davantage dans ses profondeurs. Aux chrétiens, l'apôtre Pierre demande d'être prêts à «rendre compte» de leur espérance; cela signifie que la vérité sur laquelle nous fondons l'existence doit s'ouvrir au dialogue, aux difficultés que d'autres nous montrent ou que des circonstances nous désignent. La vérité est toujours «raisonnable», même au cas où je ne le suis pas, et le défi est de rester ouvert au point de vue de l'autre, sans faire de nos convictions un tout immobile. 

    Dialogue ne signifie pas relativisme, mais «logos» que l'on partage, raison qui s'offre dans l'amour, pour construire ensemble une réalité toujours plus libératrice. Dans ce cercle vertueux, le dialogue révèle la vérité, et la vérité se nourrit du dialogue. L'écoute attentive, le silence respectueux, l'empathie sincère, se mettre authentiquement à la disposition des étrangers et de l'autre, sont des vertus essentielles à cultiver et à transmettre dans le monde d'aujourd'hui. Dieu lui-même nous invite au dialogue, il nous appelle et nous invite à travers sa Parole, cette Parole qui a abandonné tout nid, tout abri, pour se faire homme.

    Ainsi apparaissent les trois dimensions dialogiques, intimement liées: une entre la personne et Dieu - ce que les chrétiens appellent la prière -, une des êtres humains entre eux, et une troisième, de dialogue avec nous-mêmes. A travers ces trois dimensions, la vérité grandit, se consolide, se dilate dans le temps. 

    A ce stade, nous devons nous demander: qu'entendons-nous par vérité? Chercher la vérité est différent de trouver des formules pour la posséder et la manipuler à sa guise. 

    Le chemin de la recherche engage la totalité de la personne et de l'existence. C'est un chemin qui, fondamentalement, implique l'humilité. Avec la pleine conviction que personne ne se suffit à lui-même et qu'il est déshumanisant d'utiliser les autres comme moyen de se suffire à soi-même, la recherche de la vérité entreprend ce chemin ardu, souvent artisanalement, d'un cœur humble qui refuse d'étancher sa soif avec des eaux stagnantes. 

    La «possession» de la vérité de type fondamentaliste manque d'humilité: elle prétend s'imposer sur les autres avec un geste qui, en soi, s'avère autodifensif. La recherche de la vérité n'apaise pas la soif qu'elle suscite. La conscience de la «sage ignorance» nous fait recommencer constamment le chemin. Une «ignorance sage» qui, avec l'expérience de la vie, devient «docte». Nous pouvons dire sans crainte que la vérité, on ne l'a pas, on ne la possède pas: on la rencontre. Pour pouvoir être désirée, elle doit cesser d'être ce que l'on peut posséder. La vérité s'ouvre, se révèle à ceux qui - à leur tour - s'ouvrent à elle. Le mot vérité, précisément dans son acceptation grecque d''aletheia', indique ce qui se manifeste, ce qui se dévoile, ce qui se révèle à travers une apparition miraculeuse et gratuite. Le sens hébraïque, au contraire, par le terme 'emet', allie le sens de vrai à celui de certain, ferme, qui ne ment ni ne trompe. La vérité, donc, a une double connotation: elle est la manifestation de l'essence des choses et des personnes, qui en ouvrant leur intimité nous offre la certitude de leur authenticité, la preuve fiables qui nous invite à croire en elles. 

    Cette certitude est humble, parce que tout simplement elle «laisse être» l'autre dans sa manifestation, et ne le soumet pas à nos exigences ou impositions. C'est la première justice que nous devons aux autres et à nous-mêmes: accepter la vérité de ce que nous sommes, dire la vérité de ce que nous pensons. En outre, c'est un acte d'amour. On ne construit rien en taisant ou en niant la vérité. Notre douloureuse histoire politique a prétendu de nombreuses fois la bâillonner. Très souvent, l'utilisation d'euphémismes verbaux nous a anesthésiés ou endormis devant elle. Il est maintenant temps de réunir, de jumeler la vérité qui doit être prophétiquement proclamée, avec une justice authentiquement restaurée. La justice ne jaillit que quand on appelle par leur nom les circonstances dans lesquelles nous sommes trompés et trahis dans notre destin historique. Et ce faisant, nous accomplissons l'un des principaux services de responsabilité pour les générations futures. 

    La vérité ne se rencontre jamais seule. Avec elle, il y a la bonté et la beauté. Ou plutôt la Vérité est bonne et belle. «Une vérité qui n'est pas entièrement bonne cache toujours une bonté qui n'est pas vraie», a dit un penseur argentin. J'insiste: les trois choses vont ensemble et il n'est pas possible de chercher ni de trouver l'une sans l'autre. Une réalité très différente de la simple «possession de la vérité» revendiquée par les fondamentalismes: ceux-ci prennent toujours pour valides les formules en elles-mêmes et pour elles-mêmes, dépourvues de bonté et de beauté, et cherchent à s'imposer d'autres avec agressivité et violence, faisant le mal et conspirant contre la vie elle-même. »

     

    Réf. http://benoit-et-moi.fr/2014-I/actualites/un-inedit-du-cardinal-bergoglio-.html

    Posséder la Vérité ou se laisser habiter par Elle :  le discernement est parfois bien difficile à faire. Il y a en effet beaucoup de fondamentalistes qui s’ignorent, y compris parmi ceux qui se déclarent perpétuellement en recherche…

    JPSC

  • Quand Rome prépare le synode sur la famille

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    De  Sandro Magister sur son site « Chiesa » (extraits)

    « Le pape François exhorte à s’ouvrir aux "périphéries" du globe. Mais alors ce n’est pas par l’Allemagne ou par la France que la doctrine et la pratique de l’Église en matière de mariage homosexuel et d’accès des divorcés remariés à la communion peuvent être définies 

    Au cours des démarches de préparation au synode consacré à la famille, l’un des éléments qui ont eu l’impact le plus fort a été le questionnaire qui a été distribué "dans le but d’obtenir des données concrètes et réelles à propos du thème du  synode" : (…) Les réponses devaient rester confidentielles. Cependant certains épiscopats, en particulier ceux des pays de langue allemande, Allemagne Autriche, Suisse, les ont rendues publiques, ce qui a mis en évidence le fait que, dans ces pays, il existe une grande distance entre, d’une part, l'enseignement de l’Église en matière de morale et, d’autre part, l'opinion et le comportement de très nombreux fidèles.

    Le secrétariat du synode est en train de préparer un rapport général à propos des réponses données au questionnaire.

    Mais, en attendant la publication de ce rapport, il peut être utile de parcourir les résultats d’une enquête scientifique qui a été menée dans 40 pays des cinq continents par celui des centres de recherche sur les religions qui fait le plus autorité, le Pew Research Center, dont le siège se trouve à Washington :

    Cette enquête, menée entre 2013 et le commencement de 2014 et rendue publique le 15 avril, a consisté à demander aux personnes interviewées d’indiquer si elles considéraient comme moralement acceptables ou non huit situations ou comportements, dont six concernant précisément la famille, qui est le thème du synode :l'avortement, l'homosexualité,les relations sexuelles extraconjugales de la part de personnes mariées, les relations sexuelles entre adultes non mariés, le divorce, les contraceptifs. Pour l’Europe, les pays qui ont fait l’objet de l’enquête ont été le Royaume-Uni, la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Grèce, la Pologne, la République Tchèque, la Russie. Pour l’Amérique du Nord, les États-Unis et le Canada. Pour l’Amérique latine, l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, le Chili, le Salvador, le Mexique, le Venezuela. Pour l’Asie, la Turquie, la Jordanie, le Liban, les Territoires Palestiniens, Israël, la Chine, l’Indonésie, le Japon, la Malaisie, le Pakistan, l’Inde, les Philippines, la Corée du Sud. Pour l’Afrique, l’Égypte, la Tunisie, le Ghana, le Kenya, le Nigéria, le Sénégal, l’Afrique du Sud, l’Ouganda. Pour l’Océanie, l'Australie.

    Les réponses varient d’un thème à un autre et d’un pays à un autre. Mais, alors que les contraceptifs et le divorce sont admis partout par la majorité de la population, l'avortement, l'homosexualité et les rapports extraconjugaux sont en revanche considérés comme moralement inacceptables par la plupart des personnes interrogées dans la majorité des pays. (…) En chiffres l’écart le plus important s’établit entre, d’une part, quelques pays d’Europe et le Canada et, d’autre part, les pays d’Afrique (…). En Amérique latine, l'Argentine est le pays qui s’approche le plus des standards européens. 

    Par ailleurs l'enquête du Pew Research Center met également en évidence la nature de l’écart : entre l'opinion majoritaire de certaines parties de l’Europe et de l’Amérique du nord, où règnent l'indifférence en ce qui concerne l’avortement, la dissolution du mariage et l'idéologie du "genre", et la sensibilité opposée d’autres parties du monde, immenses, en particulier en Afrique et en Asie, où existent cependant de sérieux problèmes dans d’autres domaines, qu’il s’agisse des mariages arrangés ou de la polygamie.

    Si, comme le prêche inlassablement le pape François, la mission de l’Église n’est pas de se renfermer dans ses vieux périmètres géographiques et culturels mais de s’ouvrir aux "périphéries" du monde, il est évident que le catholicisme allemand ne peut pas être – c’est un peu ce qui arrive en ce moment – le paramètre universel du changement dans la doctrine et dans la pratique de l’Église en matière de famille, d’accès des divorcés remariés à la communion et de mariages entre personnes du même sexe.

    Réf. En matière d’homosexualité et d’avortement, la voix du Tiers Monde

    Deux remarques, pour ne pas simplifier les choses:

    Par eux-mêmes, les mots sont toujours piégés. En fait, le pape François prie l’Eglise qu’il qualifie d’ « auto-référencielle », de sortir d’elle-même pour aller vers les « périphéries » : en ce sens, dans son esprit, l’Allemagne pourrait être plus « périphérique » que l’Ouganda ou le Kenya…

    Par ailleurs, l’enquête du  Pew Research Center a un caractère scientifique que celle du Saint-Siège, sauf erreur, ne revendique pas, ce qui relativise la portée des conclusions qu’on pourrait tirer de cette dernière.

     JPSC

  • Quel regard sur le monde animal ?

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    Le « chamour » est mort et l’abbé Guillaume de Tanoüarn a béni sa tombe…

    10154384_10152429599364813_2385619349017702773_n (1).jpgComment s'appelait-il le chamour? Il n'avait pas de nom. Un nom eût semblé réducteur. Il était "le chat". Parvenu à l'âge vénérable de 19 ans, âge splendide pour un chat, atteint d'un cancer du foie qui l'empêchait même de boire, il s'est éteint sans souffrance sous la seringue du vétérinaire. Ses propriétaires ont tenu à l'enterrer, à côté d'un autre chat, mort dix ans auparavant. J'ai béni la tombe de cette créature de Dieu, d'une simple mais sentie bénédiction. Il suffisait de regarder les deux petits de la maison, quatre et sept ans, leur sérieux, leur gravité, pour comprendre que cette si simple cérémonie était sous le signe de la piété.

    Ce court hommage ne relevait absolument pas de je ne sais quel fétichisme animiste. Le chat, réceptacle de tendresse, se charge de toutes les affections dont il est entouré. Il devient quelque chose d'humain, par toutes les caresses dont il a été sujet et objet. Il est un appel à la solidarité avec le monde animal dont nous sommes issus. Une occasion aussi de mesurer l'extraordinaire mystère qui nous a faits "humains". Nous sommes tellement supérieurs aux chats et aux chiens qui partagent souvent notre existence. Et en même temps (il suffit d'écouter un animal ronfler) nous leur sommes tellement proches. Un texte de l'Ecclésiaste dit cela avec force:

    "Le sort de l'homme et le sort de la bête sont un sort identique ; comme meurt l'un ainsi meurt l'autre et c'est un même souffle qu'ils ont tous les deux. La supériorité de l'homme sur la bête est nulle, car tout est vanité. Tout s'en va vers un même lieu : tout vient de la poussière, tout s'en retourne à la poussière. Qui sait si le souffle de l'homme monte vers le haut et si le souffle de la bête descend en bas, vers la terre?" (Eccl. 3, 19 sq.)

    L'Ecclésiaste semble ici ne pas croire en l'immortalité de l'âme humaine. Cela avait beaucoup marqué Cajétan. On retrouve en tout cas l'anthropologie fondamentale énoncée au Commencement du Livre, en Genèse 2, 7 :

    "Yahvé Dieu modela l'homme avec la poussière du sol, il insuffla dans ses narines une haleine de vie et l'homme devint une âme vivante".

    L'homme est cet individu absolument unique fait de poussière et de souffle. Le souffle? C'est l'esprit. La poussière avec le souffle? C'est l'âme, la psyché, avec les tours et les détours, les sinuosités du souffle dans la poussière.

    Mais l'animal? N'est-il pas aussi souffle et poussière? C'est en tout cas la question que pose Qohélet. L'animal, comme l'homme, vient de la poussière et retourne à la poussière. Et qui dit que le souffle de l'homme s'élève et s'élèvera au dessus de la poussière? Qui sait si le souffle de l'homme descend en bas comme le souffle de l'animal? On retrouve chez Qohelet le grand existentialisme biblique, sublimé par le Christ : tu es ce que tu fais. Tu deviens ce que tu aimes. "Là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur".

    Regarder l'animal en face, c'est accepter de considérer aussi la précarité de notre situation d'animaux plus ou moins raisonnables. Pour prétendre à être vraiment autre chose que l'animal, il faut nous laisser racheter. Nous ne nous sauvons pas nous-mêmes, pas tout seuls. Sans le Christ, qui nous fait vivre, que serions-nous?

    Et lorsque l'on a éprouvé cette fraternité par le bas avec l'animal, lorsque l'on a compris que sans le Christ et sans son salut, nous sommes tous des bêtes, juste "des êtres pour la mort" (Heidegger), alors que nous reste-t-il à faire? Il nous faut sauver l'animal. Pourquoi cette oeuvre de Dieu n'aurait-elle pas droit à un salut? Peut-on penser que Dieu fait toutes ces belles choses en vain? Peut-on donner raison à l'Ecclésiaste qui ne voit en toutes choses que "vanité et poursuite du vent"? Chaque animal, chaque végétal, chaque composition de paysage est une pensée de Dieu. En tant que telle, elle ne meurt pas. "Les concepts des créatures sont des concepts de Dieu" dit Cajétan sublimement en jouant sur le sens du génitif. Il avait compris la transcendance analogique du Logos mieux que beaucoup.

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  • Le grand écart de Froidebise

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    Froidebise (1).jpgDans la « Libre Belgique-Gazette de Liège », Paul Vaute salue le centenaire de la naissance du compositeur et organiste de renom Pierre Froidebise (photo) : namurois de souche (il était né en 1914 à Ohey) mais établi depuis 1942 à Liège où il mourut, trop jeune (1962)…

    « Son centenaire sera l’occasion de revisiter une œuvre qui enjambe les siècles.

    Selon le musicologue Thierry Levaux, il fut "une des personnalités les plus marquantes de la vie musicale liégeoise au lendemain de la dernière guerre" (1). C’est assez dire qu’il ne convenait pas que le centenaire de Pierre Froidebise, né à Ohey le 15 mai 1914, passe inaperçu en terres principautaires. Une exposition itinérante et des concerts sont dès à présent programmés, notamment sous l’égide de l’ASBL Art et Orgue en Wallonie. D’autres dates viendront sans doute s’ajouter à l’agenda (2).

    Musicien complet, tout à la fois compositeur, organiste, musicologue et pédagogue, Froidebise s’établit à Liège dès 1942, après avoir été formé au Séminaire de Floreffe et aux Conservatoires de Namur et de Bruxelles. En Cité ardente, il fut professeur au Conservatoire, organiste à l’église Saint-Jacques puis maître de chapelle au Grand Séminaire. Comme interprète et comme créateur, il enjambe littéralement les siècles, dans un grand écart qui va de la musique ancienne à l’avant-garde de son temps. Il a contribué ainsi à faire redécouvrir le patrimoine et les instruments médiévaux, notamment par son "Anthologie de la musique d’orgue des origines à la Renaissance", publiée en 1957 avec un enregistrement en trois disques. Mais il s’est illustré tout autant sur le terrain du dodécaphonisme, de son "Hommage à Chopin" (1941) à sa célèbre "Stèle pour Sei Shonagon", une poétesse japonaise des Xè-XIè siècles (1958), en passant par la cantate "Amercœur" (1948) dont le texte évoque des noms de lieux liégeois.

    Il aurait pu…

    Éclectisme ? "Il était interpellé par beaucoup de choses différentes, nous dit sa fille Anne Froidebise, professeur d’orgue au Conservatoire royal de Liège. Il y a dans ses papiers énormément de conférences, de travaux de divulgation, y compris des choses sur Mozart ou Bartók. Sa curiosité énorme explique ces deux branches très opposées sur lesquelles il a travaillé".

    Homme de foi profonde, qui aurait pu, quand on considère le début de sa carrière, devenir un César Franck du XXè siècle, il fut aussi compositeur pour le théâtre et le cinéma ainsi qu’homme de radio, associé à la naissance du troisième programme de la RTB (aujourd’hui Musiq3). Mort trop jeune sans doute - à 48 ans, le 28 octobre 1962 - pour avoir pu donner toute sa mesure, il n’en a pas moins marqué durablement la mouvance musicale contemporaine. "Henri Pousseur a laissé beaucoup de témoignages de reconnaissance, précise Anne Froidebise. C’est un nom qui reste au moins connu comme celui de l’initiateur d’une ouverture. Dans le domaine de l’orgue, Hubert Schoonbroodt a été l’élève de Pierre Froidebise".

    La vie, l’œuvre et l’influence du musicien, qui n’ont été ici qu’esquissées, seront retracées dans le cadre de l’exposition à travers douze panneaux et des sources complémentaires qui pourront y être ajoutées chemin faisant : photos, programmes, partitions, correspondances, coupures de presse… En attendant, il faut l’espérer, que ce centenaire suscite de nouveaux enregistrements. »

    (1) "Dictionnaire des compositeurs de Belgique du Moyen Âge à nos jours", Conseil de la musique de la Communauté française de Belgique, 2006, pp. 255-260.

    (2) L’exposition sera visible en l’église d’Ohey samedi 17 mai (15-20h.) et dimanche 18 (10-18h.), avec un concert samedi à 20h., puis à la Salle philharmonique de Liège du 20 mai au 30 juin avec un récital d’orgue le 25 mai. Suivront le Grand Séminaire de Liège en septembre et l’église des Bénédictines en décembre avec un concert d’orgue par Anne Froidebise. »

    Réf. Le grand écart de Froidebise

     

    Renseignements pour la manifestation à Ohey : 0472 37 60 56 ou si@ohey.be ou www.ohey.be (syndicat d’initiative)

    JPSC 

  • Les cours de religion menacés dans l’enseignement public luxembourgeois

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    Lu sur le site des médias catholiques belges : Les cours de religion sont menacés au Grand-Duché de Luxembourg. Plusieurs centaines de personnes ont donc manifesté samedi dernier pour défendre le maintien du choix entre cours de religion et cours de morale laïque.

    "Actuellement, deux cours sont dispensés dans les écoles luxembourgeoises: un cours d’instruction religieuse et un cours d’éducation morale et sociale. Mais le nouveau Premier ministre, Xavier Bettel, a décidé de mettre en place un cours sur les « valeurs », qui remplacerait l’enseignement de la religion.

    C’est le collectif « Fir de choix » (« Pour le choix », en Lëtzebuerger) qui a organisé cette manifestation. « Le cours d’instruction religieuse devra continuer à faire partie de ce choix. L’école se doit d’assurer l’accompagnement et la formation des jeunes dans leur recherche de sens. C’est pourquoi l’école a pour mission de transmettre une éducation globale qui ne se limite pas aux seules connaissances, et d’en assurer la qualité », écrivent les auteurs de la pétition contre le projet gouvernemental, qui rassemble actuellement 18.000 signatures. « Le libre choix actuellement garanti est l’expression d’un respect mutuel et d’une démocratie vivante », poursuivent les signataires.

    Pour ce gouvernement composé de partis laïcs (libéraux-socialistes-écolos), il est grand temps de réformer le dialogue entre l’Eglise et l’Etat au Luxembourg. Après les cours de religion, le gouvernement Bettel a déjà prévu de revoir le système de financement des cultes.

    Mais ces réformes ne passent pas très bien parmi la population, qui voit d’un mauvais œil cette « guéguerre » entre laïcs et catholiques. David Marques, éditorialiste du journal Le Quotidien, n’hésitait pas à écrire:  »Même au niveau des réformes sociétales, qui étaient censées former un des fers de lance de la nouvelle coalition, les résistances sont en train de se former. Les mois à venir ne s’annoncent donc pas de tout repos. »

    M.B (d’après La Croix)

    Ref. : Au Luxembourg, une manifestation pour défendre les cours de religion

    JPSC

  • Université de Liège: une nouvelle conférence de l'Union des étudiants catholiques

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    Plus que deux jours pour s'inscrire...

    La prochaine rencontre du cycle de lunch-débats  organisé par l’Union des étudiants catholiques et le groupe "éthique sociale" à l’Université de Liège sur le thème « humanisme chrétien, travail et société », aura lieu  le mardi 29 avril 2014 à 18 heures.

     

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    Cette rencontre sera animée par le professeur Jacques Defourny (photo) sur le thème

    INNOVER POUR LE BIEN COMMUN :

    LA MONTÉE DES ENTREPRENEURS SOCIAUX

    Entreprise sociale, économie sociale, quels concepts pour quel impact dans la réalité du monde économique ?


    Le professeur Defourny, fondateur du Centre d’économie sociale de l’ULg - qui est un des plus importants centres de recherche de HEC-ULg - vient de lancer une académie pour entrepreneurs sociaux.

    La mentalité de l’entrepreneur social est aujourd’hui un exemple de la mentalité que devraient avoir tous les hommes et femmes d’entreprise : la recherche du bien commun. C’est-à-dire, qu'ils devraient tenir en compte dans l’exploitation d’une entreprise non seulement l’intérêt des actionnaires et des dirigeants et éventuellement des employés, mais aussi celui des fournisseurs, des clients et de l’environnement économique et social.

    C’est ce que le pape François demande explicitement dans son Exhortation apostolique « Evangelii Gaudium »  souhaitant l’avènement d’une « nouvelle mentalité politique et économique, qui aiderait à dépasser la dichotomie absolue entre économie et bien commun social.

    PROGRAMME
    Apéritif à 18h00

    Exposé suivi du lunch-débat de 18h15 à 20h30

    PAR JACQUES DEFOURNY
    Professeur ordinaire à HEC- Ecole de Gestion de l’Université de Liège (Département d’Economie), Directeur du Centre d’Economie Sociale de l’Université de Liège

    Le débat sera modéré par Jacques Zeegers, ancien Secrétaire général de l’Association Belge des Banques (ABB) et Chargé de cours à l’ICHEC (Institut des hautes études commerciales de Bruxelles).

    La rencontre se tient à la salle des professeurs dans le bâtiment du Rectorat de l’Université de Liège, place du XX août, 7, 1er étage (accès par la grande entrée : parcours fléché).

    Participation aux frais : 10 € (à régler sur place); 2 € pour les étudiants
    Inscription nécessaire trois jours ouvrables à l’avance (24 avril) :
    soit par téléphone : 04 344 10 89
    soit par email : info@ethiquesociale.org

    soit sur notre nouveau site internet :www.ethiquesociale.org

  • Qui veut faire taire Mgr Léonard et le P. Zanotti-Sorkine ?

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    A propos de http://www.belgicatho.be/archive/2014/04/22/christian-laporte-lance-un-brulot-contre-la-fraternite-des-s-5352683.html :

  • La fête de Pâques a-t-elle encore un sens religieux ?

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    343px-Mgr_Nicolas_brouwet.jpgPour Figarovox,Vincent Tremolet de Villers a interrogé Mgr Nicolas Brouwet, évêque de Tarbes et de Lourdes. Extraits :

    (...) Pâques: pourquoi cette fête est importante pour les catholiques?

    La fête de Pâques est, avec Noël, la plus grande fête de l'année. Nous célébrons la Résurrection du Christ. Toute la foi chrétienne tourne autour de ces deux évènements: Dieu qui se fait homme dans le mystère de Noël ; le Christ ressuscité des morts dans le mystère de Pâques. Si Dieu s'est fait l'un de nous, c'est pour ouvrir, dans la tragédie de la mort, un chemin de résurrection pour tous les hommes. Voilà le cœur de la foi chrétienne. «Si le Christ n'est pas ressuscité, écrit Saint Paul, vide alors est notre message, vide aussi notre foi» (…).

    Est-ce que l'idée d'une résurrection et d'un au-delà n'a pas disparu avec les plaisirs et les possibilités infinies que peuvent donner la consommation dans les sociétés prospères?

    (…) Les possibilités de la technique peuvent entretenir l'homme dans l'illusion de sa toute-puissance. L'accroissement du confort peut l'amener à penser qu'il se suffit à lui-même. Mais lorsqu'il fait l'expérience de l'épreuve et de l'échec - et en particulier de l'échec absolu qu'est la mort - il est totalement démuni et ne sait plus faire face. Il faut qu'il apprenne alors à affronter la réalité de sa finitude, de sa fragilité et de sa dépendance. En proclamant la Résurrection, nous annonçons que dans les impasses, les déconvenues, les angoisses de l'existence, le Christ nous appelle à la vie ; qu'au moment où tout semble s'effondrer, nous avons encore un avenir. Et que cet avenir dépasse infiniment la mesure et les limites de la vie terrestre: notre avenir est en Dieu.

    Est-ce normal selon vous que l'on continue dans un pays laïc à donner tant d'importance aux fêtes chrétiennes?

    (…) Les fêtes religieuses nous prémunissent contre la tentation de tout réduire à des perspectives terrestres et de tout espérer de l'organisation politique. La liberté religieuse est le garant ultime des libertés individuelles: l'Etat ne pourra jamais contrôler la relation personnelle qu'un croyant entretient avec Dieu. Les fêtes religieuses doivent être maintenues pour cette raison: parce qu'en les conservant, le pouvoir politique reconnaît que ce qui touche à la foi dépasse sa compétence et que la liberté doit être laissée aux croyants de célébrer ensemble - et selon les modalités qu'ils choisissent- la foi qui les anime.

    Les Evêques ont eu à Lourdes des échanges vifs sur les rapports entre l'Eglise et le monde contemporain. Comment l'Eglise doit-elle parler au monde?

    (…) Le problème est de savoir si nous avons encore la culture de cette recherche longue, patiente exigeante du bien, du vrai, du juste. Un lent travail de la raison est nécessaire, là où on préfère, par économie intellectuelle, l'émotion et les slogans.

    Les chrétiens sont parfois moqués comme anachroniques, ils provoquent souvent l'indifférence. Sont-ils condamnés à vivre à contre- courant et à perdre les combats temporels?

    Les chrétiens n'ont pas la mission de gagner des combats. Ils veulent seulement témoigner de l'amour de Dieu pour tout homme, un amour sans condition qui les appelle à la vie. C'est cet amour, et lui seul, qui sauve le monde. Il ne s'impose pas par la force du droit ou par des jeux politiques. Il est accueilli dans le cœur des croyants comme un feu qui embrase tout leur être et qui illumine leur conscience, leurs décisions, leurs projets. L'Evangile se répand de cette manière ; sans bruit, sans violence, sans stratégie. C'est, comme vous le dites, un peu à contre-courant…

    A Lourdes vous côtoyez sans cesse des malades, des handicapés. Considérez-vous que la société les aide et les protège suffisamment?

    (…) La dépendance et la fragilité ne sont pas des défaites pour la personne humaine. Parce que sa dignité ne lui est pas donnée par son autosuffisance, par son pouvoir ou par sa bonne santé. Elle vient de plus haut ; elle vient de Dieu. Elle vient de ce qu'elle est aimée inconditionnellement. Et de ce qu'elle est capable d'aimer inconditionnellement. Notre société fait beaucoup pour les personnes fragiles. Mais elle gagnerait à cultiver ce regard d'absolue bienveillance. Pour ne pas être tentée d'écarter les plus faibles en succombant à une logique de coût, de rentabilité et de confort. Toute personne mérite de vivre. C'est notre appel, notre vocation. Nous sommes faits pour la vie!

    Réf. La fête de Pâques a-t-elle encore un sens religieux ?

    JPSC 

  • Vendredi-Saint à Liège: chemin de la croix à 15h00 en l'église du Saint-Sacrement

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    LA SEMAINE SAINTE 2014

     A L’EGLISE DU SAINT-SACREMENT

    Boulevard d’Avroy, 132 à Liège

    Liturgies traditionnelles

    chants grégoriens, ambrosiens et mozarabes, motets classiques 

    Le 18 avril : Vendredi-Saint

    15 heures 

     Chemin de la Croix : méditation (abbés Cl. Germeau et A. Arimont) des quatorze stations. Chants grégoriens : hymne « Crux fidelis », antiennes « Adoramus Te » et « Salvator mundi ». Confessions possibles après l’office.

    Renseignements : tél. + 32(0)4.344.10.89 Courriel sursumcorda@skynet.be 

    Site web : http://eglisedusaintsacrementliege.hautetfort.com   

    Spe salvi

    A l’avers et au revers d’une même réalité, le mal, que l’on fait ou que l’on souffre, fait partie de ce monde déchu. En assumant, par l’incarnation, la nature humaine hormis le péché, le Christ devait forcément rencontrer le mal. Il était prévisible qu’il souffrit sa passion. Il la doit bien entendu à la malignité des hommes et non au sacrifice exigé par un Père qu’on ne peut confondre avec une divinité païenne assoiffée de sang. Assumées dans l’amour avec le nouvel Adam, la souffrance et la mort purifient en nous le vieil homme et lui restituent l’accès à la vraie vie. JPSC

    Sur le thème de la souffrance humaine, Benoît XVI, dans son encyclique « Spe Salvi », a consacré quelques pages à relire en ce Vendredi Saint :

    N°36. Comme l'agir, la souffrance fait aussi partie de l'existence humaine. Elle découle, d'une part, de notre finitude et, de l'autre, de la somme de fautes qui, au cours de l'histoire, s'est accumulée et qui encore aujourd'hui grandit sans cesse. Il faut certainement faire tout ce qui est possible pour atténuer la souffrance: empêcher, dans la mesure où cela est possible, la souffrance des innocents; calmer les douleurs; aider à surmonter les souffrances psychiques. Autant de devoirs aussi bien de la justice que de l'amour qui rentrent dans les exigences fondamentales de l'existence chrétienne et de toute vie vraiment humaine. Dans la lutte contre la douleur physique, on a réussi à faire de grands progrès; la souffrance des innocents et aussi les souffrances psychiques ont plutôt augmenté au cours des dernières décennies. Oui, nous devons tout faire pour surmonter la souffrance, mais l'éliminer complètement du monde n'est pas dans nos possibilités – simplement parce que nous ne pouvons pas nous extraire de notre finitude et parce qu'aucun de nous n'est en mesure d'éliminer le pouvoir du mal, de la faute, qui – nous le voyons – est continuellement source de souffrance. Dieu seul pourrait le réaliser: seul un Dieu qui entre personnellement dans l'histoire en se faisant homme et qui y souffre. Nous savons que ce Dieu existe et donc que ce pouvoir qui « enlève le péché du monde » (Jn 1, 29) est présent dans le monde. Par la foi dans l'existence de ce pouvoir, l'espérance de la guérison du monde est apparue dans l'histoire. Mais il s'agit précisément d'espérance et non encore d'accomplissement; espérance qui nous donne le courage de nous mettre du côté du bien même là où cela semble sans espérance, tout en restant conscients que, faisant partie du déroulement de l'histoire tel qu’il apparaît extérieurement, le pouvoir de la faute demeure aussi dans l'avenir une présence terrible.

    N°37. Revenons à notre thème. Nous pouvons chercher à limiter la souffrance, à lutter contre elle, mais nous ne pouvons pas l'éliminer. Justement là où les hommes, dans une tentative d'éviter toute souffrance, cherchent à se soustraire à tout ce qui pourrait signifier souffrance, là où ils veulent s'épargner la peine et la douleur de la vérité, de l'amour, du bien, ils s'enfoncent dans une existence vide, dans laquelle peut-être n'existe pratiquement plus de souffrance, mais où il y a d'autant plus l'obscure sensation du manque de sens et de la solitude. Ce n'est pas le fait d'esquiver la souffrance, de fuir devant la douleur, qui guérit l'homme, mais la capacité d'accepter les tribulations et de mûrir par elles, d'y trouver un sens par l'union au Christ, qui a souffert avec un amour infini. Dans ce contexte, je voudrais citer quelques phrases d'une lettre du martyr vietnamien Paul Le-Bao-Tinh (mort en 1857), dans lesquelles devient évidente cette transformation de la souffrance par la force de l'espérance qui provient de la foi. « Moi, Paul, lié de chaînes pour le Christ, je veux vous raconter les tribulations dans lesquelles je suis chaque jour enseveli, afin qu'embrasés de l'amour divin, vous bénissiez avec moi le Seigneur, parce que dans tous les siècles est sa miséricorde (cf. Ps135 [136], 3). Cette prison est vraiment une vive figure de l'enfer éternel. Aux liens, aux cangues et aux entraves viennent s'ajouter des colères, des vengeances, des malédictions, des conversations impures, des rixes, des actes mauvais, des serments injustes, des médisances, auxquels se joignent aussi l'ennui et la tristesse. Mais celui qui a déjà délivré les trois enfants des flammes ardentes est aussi demeuré avec moi; il m'a délivré de ces maux et il me les convertit en douceur, parce que dans tous les siècles est sa miséricorde. Par la grâce de Dieu, au milieu de ces supplices qui ont coutume d'attrister les autres, je suis rempli de gaieté et de joie, parce que je ne suis pas seul, mais le Christ est avec moi [...]. Comment puis-je vivre, voyant chaque jour les tyrans et leurs satellites infidèles blasphémer ton saint nom, toi, Seigneur, qui es assis au milieu des Chérubins (cf. Ps 79 [80], 2) et des Séraphins ? Vois ta croix foulée aux pieds des mécréants. Où est ta gloire? À cette vue, enflammé de ton amour, j'aime mieux mourir et que mes membres soient coupés en morceaux en témoignage de mon amour pour toi, Seigneur. Montre ta puissance, délivre-moi et aide-moi, afin que, dans ma faiblesse, ta force se fasse sentir et soit glorifiée devant le monde [...]. En entendant ces choses, vous rendrez, remplis de joie, d'immortelles actions de grâces à Dieu, auteur de tous les dons, et vous le bénirez avec moi, parce que dans tous les siècles est sa miséricorde [...]. Je vous écris ces choses pour que nous unissions votre foi et la mienne: au milieu de ces tempêtes, je jette une ancre qui va jusqu'au trône de Dieu; c'est l'espérance qui vit toujours en mon cœur ».[28] C'est une lettre de l'enfer. S'y manifeste toute l'horreur d'un camp de concentration, dans lequel, aux tourments de la part des tyrans, s'ajoute le déchaînement du mal dans les victimes elles-mêmes qui, de cette façon, deviennent ensuite des instruments de la cruauté des bourreaux. C'est une lettre de l'enfer, mais en elle se réalise la parole du psaume: « Je gravis les cieux: tu es là; je descends chez les morts: te voici... J'avais dit: “Les ténèbres m'écrasent...”, “...même les ténèbres pour toi ne sont pas ténèbres, et la nuit comme le jour est lumière” » (138 [139], 8-12, voir aussi Ps 22 [23], 4). Le Christ est descendu en « enfer » et ainsi il est proche de celui qui y est jeté, transformant pour lui les ténèbres en lumière. La souffrance, les tourments restent terribles et quasi insupportables. Cependant l'étoile de l'espérance s'est levée – l'ancre du cœur arrive au trône de Dieu. Le mal n'est pas déchaîné dans l'homme, mais la lumière vainc: la souffrance – sans cesser d'être souffrance – devient malgré tout chant de louange.

    N°38. La mesure de l'humanité se détermine essentiellement dans son rapport à la souffrance et à celui qui souffre. Cela vaut pour chacun comme pour la société. Une société qui ne réussit pas à accepter les souffrants et qui n'est pas capable de contribuer, par la compassion, à faire en sorte que la souffrance soit partagée et portée aussi intérieurement est une société cruelle et inhumaine. Cependant, la société ne peut accepter les souffrants et les soutenir dans leur souffrance, si chacun n'est pas lui-même capable de cela et, d'autre part, chacun ne peut accepter la souffrance de l'autre si lui-même personnellement ne réussit pas à trouver un sens à la souffrance, un chemin de purification et de maturation, un chemin d'espérance. Accepter l'autre qui souffre signifie, en effet, assumer en quelque manière sa souffrance, de façon qu'elle devienne aussi la mienne. Mais parce que maintenant elle est devenue souffrance partagée, dans laquelle il y a la présence d'un autre, cette souffrance est pénétrée par la lumière de l'amour. La parole latine con-solatio, consolation, l'exprime de manière très belle, suggérant un être-avec dans la solitude, qui alors n'est plus solitude. Ou encore la capacité d'accepter la souffrance par amour du bien, de la vérité et de la justice est constitutive de la mesure de l'humanité, parce que si, en définitive, mon bien-être, mon intégrité sont plus importants que la vérité et la justice, alors la domination du plus fort l'emporte; alors règnent la violence et le mensonge. La vérité et la justice doivent être au-dessus de mon confort et de mon intégrité physique, autrement ma vie elle-même devient mensonge. Et enfin, le « oui » à l'amour est aussi source de souffrance, parce que l'amour exige toujours de sortir de mon moi, où je me laisse émonder et blesser. L'amour ne peut nullement exister sans ce renoncement qui m'est aussi douloureux à moi-même, autrement il devient pur égoïsme et, de ce fait, il s'annule lui-même comme tel.

    N°39. Souffrir avec l'autre, pour les autres; souffrir par amour de la vérité et de la justice; souffrir à cause de l'amour et pour devenir une personne qui aime vraiment – ce sont des éléments fondamentaux d'humanité; leur abandon détruirait l'homme lui-même. Mais encore une fois surgit la question: en sommes-nous capables? L'autre est-il suffisamment important pour que je devienne pour lui une personne qui souffre? La vérité est-elle pour moi si importante pour payer la souffrance? La promesse de l'amour est-elle si grande pour justifier le don de moi-même? À la foi chrétienne, dans l'histoire de l'humanité, revient justement ce mérite d'avoir suscité dans l'homme d'une manière nouvelle et à une profondeur nouvelle la capacité de souffrir de la sorte, qui est décisive pour son humanité. La foi chrétienne nous a montré que vérité, justice, amour ne sont pas simplement des idéaux, mais des réalités de très grande densité. Elle nous a montré en effet que Dieu – la Vérité et l'Amour en personne – a voulu souffrir pour nous et avec nous. Bernard de Clairvaux a forgé l'expression merveilleuse: Impassibilis est Deus, sed non incompassibilis,[29] Dieu ne peut pas souffrir, mais il peut compatir. L'homme a pour Dieu une valeur si grande que Lui-même s'est fait homme pour pouvoir compatir avec l'homme de manière très réelle, dans la chair et le sang, comme cela nous est montré dans le récit de la Passion de Jésus. De là, dans toute souffrance humaine est entré quelqu'un qui partage la souffrance et la patience; de là se répand dans toute souffrance la con-solatio; la consolation de l'amour qui vient de Dieu et ainsi surgit l'étoile de l'espérance. Certainement, dans nos multiples souffrances et épreuves nous avons toujours besoin aussi de nos petites ou de nos grandes espérances – d'une visite bienveillante, de la guérison des blessures internes et externes, de la solution positive d'une crise, et ainsi de suite. Dans les petites épreuves, ces formes d'espérance peuvent aussi être suffisantes. Mais dans les épreuves vraiment lourdes, où je dois faire mienne la décision définitive de placer la vérité avant le bien-être, la carrière, la possession, la certitude de la véritable, de la grande espérance, dont nous avons parlé, devient nécessaire. Pour cela nous avons aussi besoin de témoins, de martyrs, qui se sont totalement donnés, pour qu'ils puissent nous le montrer – jour après jour. Nous en avons besoin pour préférer, même dans les petits choix de la vie quotidienne, le bien à la commodité – sachant que c'est justement ainsi que nous vivons vraiment notre vie. Disons-le encore une fois: la capacité de souffrir par amour de la vérité est la mesure de l'humanité; cependant, cette capacité de souffrir dépend du genre et de la mesure de l'espérance que nous portons en nous et sur laquelle nous construisons. Les saints ont pu parcourir le grand chemin de l'être-homme à la façon dont le Christ l'a parcouru avant nous, parce qu'ils étaient remplis de la grande espérance.

    N°40. Je voudrais encore ajouter une petite annotation qui n'est pas du tout insignifiante pour les événements de chaque jour. La pensée de pouvoir « offrir » les petites peines du quotidien, qui nous touchent toujours de nouveau comme des piqûres plus ou moins désagréables, leur attribuant ainsi un sens, était une forme de dévotion, peut-être moins pratiquée aujourd'hui, mais encore très répandue il n'y a pas si longtemps. Dans cette dévotion, il y avait certainement des choses exagérées et peut-être aussi malsaines, mais il faut se demander si quelque chose d'essentiel qui pourrait être une aide n'y était pas contenu de quelque manière. Que veut dire « offrir » ? Ces personnes étaient convaincues de pouvoir insérer dans la grande compassion du Christ leurs petites peines, qui entraient ainsi d'une certaine façon dans le trésor de compassion dont le genre humain a besoin. De cette manière aussi les petits ennuis du quotidien pourraient acquérir un sens et contribuer à l'économie du bien, de l'amour entre les hommes. Peut-être devrions-nous nous demander vraiment si une telle chose ne pourrait pas redevenir une perspective judicieuse pour nous aussi. »

    Benoît XVI, Encyclique « Spe Salvi », 30 novembre 2007