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Politique - Page 166

  • "Rien ne justifie la décision de l'autocrate Poutine d'engager l'Ukraine dans une troisième guerre" (cardinal Müller)

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    Du cardinal Müller sur kath.net/news :

    Guerre contre le peuple ukrainien : "Une seule personne qui prend une mauvaise décision peut détruire de nombreuses valeurs".

    15 mars 2022

    "Rien ne justifie la décision de l'autocrate Poutine d'engager l'Ukraine dans une troisième guerre visant à l'asservissement total de ce peuple quel qu'en soit le prix" - Éloge de la Pologne ! - Commentaire invité du cardinal Gerhard Müller

    Vatican (kath.net/pl) "Un seul homme qui prend une mauvaise décision peut détruire beaucoup de valeurs" (Koh 9,16.18). Cette parole du livre de l'Ecclésiaste vient à l'esprit lorsque l'on pense à l'absence de scrupules de dictateurs qui, en tant que personne unique et par décision solitaire, ont déclenché des catastrophes, comme par exemple Hitler avec son invasion de la Pologne lors de la IIe Guerre mondiale. Guerre mondiale. Et rien de ce qui peut être dit sur les tensions de la Russie avec l'OTAN, les Etats-Unis ou l'"Occident" ne justifie la décision de l'autocrate du Kremlin de lancer une troisième guerre contre l'Ukraine, qui vise à soumettre totalement ce peuple, quel qu'en soit le prix en termes de destruction de vies humaines et de dévastation des valeurs culturelles et des infrastructures.

    C'est précisément parce que les "Grands Russes" moscovites, les "Petits Russes" ukrainiens et les "Biélorusses" de Minsk sont liés par leurs racines historiques, qu'il est interdit de prendre Caïn comme modèle pour tuer son frère Abel. Les juifs et les chrétiens savent que Dieu est le créateur et le père de tous les hommes. En conséquence, tous les hommes, s'ils croient vraiment en Dieu, se respectent en tant que frères et sœurs.

    La grande majorité des Russes et des Ukrainiens professent le christianisme de type orthodoxe depuis plus de 1000 ans. Ils se réfèrent à l'événement historique du baptême de la Rus' de Kiev le 28 juillet 988 et cela signifie que ceux qui croient au Christ, le fils de Dieu, sont devenus des enfants et des amis de Dieu. C'est pourquoi l'apôtre dit aux baptisés : "Mettez vos membres au service de Dieu comme des armes de justice". (Rm 6, 13). Aucun responsable qui reconnaît la loi morale naturelle que Dieu a inscrite dans notre conscience et qui confesse publiquement son attachement à Jésus-Christ, le Sauveur du monde, ne pourra donc remettre en question le refus de la guerre comme moyen légitime de la politique. "Ce qui s'oppose à la vie, comme toute forme de meurtre, de génocide, tout ce qui porte atteinte à l'inviolabilité de la personne humaine... et d'autres actes honteux sont une décomposition de la culture humaine, avilissent bien plus ceux qui commettent l'injustice que ceux qui la subissent. En même temps, ils sont au plus haut point contraires à l'honneur du Créateur". (Vatican II, Constitution pastorale "L'Église dans le monde de ce temps" Gaudium et spes 27).

    Face à la différence éthique entre l'agresseur et la victime de l'agression, les évêques allemands ont souligné le principe de la "juste défense", justifiant ainsi explicitement la livraison d'armes occidentales à l'Ukraine envahie. Mais il est également du devoir des évêques, en tant que serviteurs de la parole du Christ, de ne pas laisser le défi s'arrêter au niveau militaire et politique.

    Il a toujours été faux de "bénir" les armes, même si elles servent à la défense, car elles provoquent la mort et la souffrance, ce qui est contraire à la volonté de salut de Dieu. En effet, les armes de défense ne sont qu'un mal inévitable qui peut certes repousser des attaques injustes, mais qui ne peut pas produire le bien supérieur de la paix et de la réconciliation des hommes et des peuples. Seul Dieu peut le faire, c'est pourquoi nous l'implorons avec ferveur dans nos prières. Les évêques n'appartiennent pas à l'entourage de certains hommes politiques, pour qui un accompagnement moral et religieux de leurs décisions est trop bienvenu à des fins de propagande. En cette heure, il est du devoir de tous les évêques et prêtres d'appeler les croyants à prier pour la paix, afin que Dieu éveille le cœur des puissants au discernement et la conscience des profiteurs de guerre au repentir et à la conversion. L'Église, en tant que communauté de foi, d'espérance et d'amour, ne combat pas avec des armes militaires qui tuent et blessent, "contre des hommes de chair et de sang". Les croyants en Christ combattent avec les "armes spirituelles", à savoir "la justice, l'Évangile de paix, le bouclier de la foi, le casque du salut, l'épée de l'Esprit, c'est-à-dire la Parole de Dieu contre les puissances et les autorités, contre les dirigeants mondiaux de ces ténèbres et de cette méchanceté" (cf. Éphésiens 6, 10-20).

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  • La « heartbeat bill » adoptée par la Chambre des représentants de l'Idaho

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    Avortement : l’Idaho dans les pas du Texas

    15 mars 2022
     

    Lundi 14 mars, l’Idaho a adopté une loi comparable à un texte voté par le Texas qui introduit la possibilité pour les citoyens de faire respecter l’interdiction d’avorter après six semaines de grossesse [1]. L’objectif est de se prémunir contre les contestations judiciaires de sa constitutionnalité (cf. Avortement au Texas : une loi restrictive entre en vigueur).

    Vendredi dernier, la Cour suprême du Texas avait refusé de suspendre la loi entrée en vigueur en septembre. « La loi interdit explicitement aux fonctionnaires de l’Etat de la faire appliquer », a-t-elle précisé pour motiver sa décision. Depuis l’entrée en vigueur de la loi texane, les avortements ont diminué de 60% dans l’Etat.

    La « heartbeat bill » de l’Idaho a été adoptée par la Chambre des représentants par 51 voix contre 14. Le gouverneur Brad Little doit encore signer le texte. L’année dernière il avait signé une autre loi visant à restreindre les avortements (cf. Arizona et Idaho : aux USA, deux gouverneurs signent des projets de loi en faveur de la vie à naître). Le Planned Parenthood a déclaré qu’il « ferait pression » sur le gouverneur pour qu’il ne signe pas le texte.

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    [1] Contrairement au Texas où tout citoyen peut introduire un recours en justice, le projet de loi de l’Idaho ne laisse cette possibilité qu’aux membres de la famille de l’enfant à naître.

    Source : New York Times, Kate Zernike (14/03/2022)

  • La conversion de la Russie

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    Du Père Simon Noêl osb sur son blog :

    La Conversion de la Russie

    L'actualité nous incite à reparler de Fatima. Rappelons d'abord ces paroles de notre Mère du Ciel le 13 juillet 1917 : Le Saint-Père me consacrera la Russie, qui se convertira et un temps de paix sera donné au monde. Saint Jean-Paul II a fait en 1984 une consécration du monde à la Sainte Vierge et celle-ci a été faite aussi dans l'univers entier par les évêques. Une question demeure discutée : a-t-il fait une mention implicite de la Russie dans sa manière de s'exprimer ? En tout cas, en 1989, le mur de Berlin cesse d'exister, et deux ans plus tard l'URSS s'effondre. Est-ce là une première réponse du ciel ? Il me semble que oui.

    Mais avec seulement ses 2% de pratique religieuse mensuelle, avec son taux d'avortements plus élevé qu'en occident, avec maintenant son attitude belliqueuse et sa guerre fratricide, on peut affirmer que la Russie ne s'est pas encore convertie. Il faut donc continuer à prier pour la conversion de la Russie et la paix universelle, promises par Notre-Dame.

    Une prophétie privée doit avoir les mêmes caractéristiques qu'une prophétie biblique. Elle peut avoir plusieurs sens et elle peut de même se réactualiser à plusieurs reprises dans l'histoire. Nous avons tant prié, dans ma jeunesse, pour la conversion de la Russie communiste athée. Mais, notons-le, ce que la Sainte Vierge a demandé, ce n'est pas la conversion d'un système idéologique abstrait, mais la conversion d'un pays. Et de ce fait sa demande redevient actuelle.

    Les évêques catholiques latins ukrainiens ont récemment demandé au pape de consacrer la Russie et l’Ukraine au Cœur Immaculé de Marie. C'est un signe providentiel. Ce n'est pas l'OTAN qui sauvera l'Ukraine, mais une intervention céleste. Qui sait ? Certes cette guerre fratricide entre chrétiens est horrible et on ne peut que la désapprouver et soutenir tous les efforts diplomatiques pour y mettre fin. Mais la Providence permet le mal pour qu'en sorte du bien. La situation peut devenir tellement apocalyptique et insoutenable, car le danger d'un recours aux armes nucléaires et une extension du conflit sont possibles. Dans ce cas il n'y aura plus que la solution surnaturelle : une consécration de la Russie faite dans toute l’Église au Cœur Immaculé de Notre-Dame. La Russie redeviendra alors un pays vraiment chrétien et le miracle de la paix mondiale et un nouveau départ pour l'évangélisation seront possibles. Telle est notre espérance, ouverte par le message de Fatima.

    Mais pourquoi une consécration de la Russie et de l'Ukraine ? Tout simplement parce que Kiev est le berceau de la Russie chrétienne, avec le baptême de Saint Vladimir. L’État dont il était le monarque s'appelait la Rus, et son baptême concernera aussi bien l'histoire de l'Ukraine que celle de la Grande Russie. Russes et Ukrainiens sont frères et sont appelés à l'amour des ennemis et au pardon et la réalisation de cette « utopie » sera un miracle applaudi par toutes les nations du monde. Relisons ce que Soljénitsine a écrit sur les relations entre Russes et Ukrainiens.

    Et l'avenir de l’œcuménisme dans tout cela ? C'est le secret de Dieu. Pourquoi ne pas espérer aussi comme fruit de notre prière, l'unité rétablie entre tous les chrétiens, unité comme Dieu la voudra et quand Dieu la voudra, selon les propos pleins d'espérance et de foi de l'abbé Couturier ? Dans la ligne du dernier concile, pourquoi ne pas envisager un rétablissement formel de l'unité et de la communion sacramentelle entre Rome et Moscou, l’Église russe gardant sa liturgie et ses traditions spirituelles propres, qui sont un trésor indéniable que nous pouvons nous aussi découvrir.

    Un dernier point. Fatima est une révélation privée, devant laquelle tous sont libres d'adhérer ou non. On ne peut avoir de certitude absolue en ce qui concerne les apparitions. Mais quand on sait la prudence consommée de l’Église face à ces phénomènes, le fait que ceux de Fatima aient été, après des années d'examen minutieux, reconnus comme d'origine surnaturelle, le fait que quatre papes successifs se soient rendus en pèlerinage à la Cova da Iria, nous donne une certitude morale très haute en ce qui concerne la véracité de la prophétie reçue alors par les trois petits bergers.

    Quoi qu'il en soit la parole de Notre-Seigneur quant à elle demeure infaillible : Demandez et vous recevrez.

    Note : Nous avions écrit cet article le 14 mars. La nouvelle est tombée ce 15 mars. Le Saint-Père consacrera l'Ukraine et la Russie le 25 mars prochain. Deo gratias et Mariae.

  • Etats-Unis : la voix de ces femmes qui regrettent leur avortement se fait entendre

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    D'Alexis Buisson sur le site du journal La Croix :

    Dans le mouvement « pro-vie » américain, ces femmes qui regrettent leur avortement

    Reportage

    Elles ont mis un terme à leur grossesse par le passé et le regrettent aujourd’hui. Dans le mouvement anti-avortement américain, leur voix porte, alors que la Floride a adopté jeudi 3 mars une loi réduisant le délai pour recourir à l’IVG.

    14/03/2022

    Les États conservateurs continuent leur charge contre l’avortement. Le gouverneur républicain de Floride, Ron DeSantis, doit ratifier prochainement une loi, adoptée le jeudi 3 mars par le Parlement de cet État, réduisant à quinze semaines le délai pour recourir à une interruption volontaire de grossesse (IVG). Un texte similaire issu du Mississippi fait l’objet d’une plainte très suivie devant le Cour suprême des États-Unis qui pourrait déterminer l’avenir du droit à l’avortement dans le pays.

    Des piliers de la cause

    Mais pour la militante « pro-vie » Janet Morana, ces remises en cause judiciaires et législatives ne sont qu’une simple étape. Encore faut-il changer l’opinion publique américaine. Selon l’institut Gallup, seuls 19 % des Américains veulent rendre la pratique illégale en toutes circonstances. « On n’aura pas gagné la bataille tant que l’avortement n’aura pas été rendu impensable », juge-t-elle.

    → REPORTAGE. À Washington, les militants anti-avortement crient presque « victoire »

    Cette catholique est la cofondatrice de la campagne de sensibilisation Silent No More (« Fini le silence »). Lancée en 2003, elle met en avant les témoignages de femmes (et de leurs conjoints) qui ont connu une IVG et le regrettent. De telles voix sont désormais incontournables dans le mouvement pro-vie américain, où elles sont utilisées pour dissuader les candidates à l’avortement et, plus largement, marquer « les esprits et les cœurs », comme le dit Janet Morana.

    Certaines de ces femmes sont devenues des piliers du mouvement : Alveda King, la nièce de Martin Luther King Jr, ou encore l’Afro-Américaine Toni McFadden, conférencière influente dans le domaine de l’éducation sexuelle.

    « J’ai souffert d’un deuil profond »

    « À l’occasion d’une manifestation il y a plusieurs années, je m’étais présentée à des militants pro-IVG avec une pancarte sur laquelle on pouvait lire “Je regrette mon avortement”. Au lieu de m’écouter, ils m’ont insultée. En colère, je me suis alors demandé comment je pouvais promouvoir la perspective de femmes dans ma situation », explique l’anglicane Georgette Forney, l’autre fondatrice de la campagne.

    À lire aussi Les évêques américains dans le combat contre l’avortement

    Le camp pro-vie ne l’a pas accueillie à bras ouverts non plus. « Quand j’ai rejoint le combat contre l’avortement en 1998, je me suis sentie jugée. Mais nous sommes parvenus à convaincre les militants qu’il ne fallait pas seulement se concentrer sur le sort de l’enfant. Il faut aussi reconnaître que la femme est affectée aussi. Ils l’ont compris », poursuit-elle.

    → PORTRAIT. États-Unis : Bryan Hughes, le sénateur champion des « pro-vie »

    Certains membres de Silent No More ont fait entendre leur voix lors de la Marche pour la vie, le grand rassemblement des « pro-vie » à Washington, fin janvier. Au bord des larmes, ces femmes de tous horizons ont parlé des problèmes physiques, de la détresse psychologique et de la solitude rencontrés après avoir mis fin à leur grossesse. « J’ai souffert d’un deuil profond, de colère, de rage, de dépression, d’épisodes de panique et de pulsions suicidaires », a énuméré Deb, sur une estrade dressée devant la Cour suprême devant des dizaines de personnes.

    Un vécu transformé en engagement politique

    Pour sa part, Della a décrit « la haine que j’ai ressentie envers moi-même » et les problèmes conjugaux qui ont suivi l’intervention. « Je ne pensais pas que cette décision, prise il y a quarante-deux ans, laisserait des traces pour le restant de ma vie. »

    → ANALYSEAux États-Unis, le droit à l’avortement comme marqueur idéologique

    Les liens entre santé mentale et avortement sont sujets à débat. L’association des psychologues américains APA note ainsi sur son site que le recours à l’IVG « n’accroît pas le risque de dépression, d’anxiété ou de stress post-traumatique ». Des conclusions réfutées par le camp pro-vie.

    Ethel Maharg, elle, a transformé son vécu en engagement politique. Directrice d’une association pro-vie au Nouveau-Mexique, elle se présente à la primaire du Parti républicain pour le poste de gouverneur. « Les femmes qui ont connu un avortement se battent plus férocement que les autres pour la défense de la vie, car leur existence a été bouleversée par leur expérience, dit-elle. Face à moi, personne ne peut remporter un débat sur l’IVG ! »

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    Une vingtaine d’États américains attendent le feu vert de la Cour suprême

    Si la Cour suprême américaine devait invalider l’arrêt « Roe vs Wade », chaque État serait libre d’interdire ou d’autoriser les avortements.

    36 millions de femmes dans 26 États, soit près de la moitié des Américaines en âge de procréer, perdraient probablement le droit d’avorter, selon un rapport de Planned Parenthood publié le 1er octobre.

    Une douzaine d’États ont déjà adopté des lois fixant le seuil à six, huit ou douze semaines, et n’attendent que le feu vert de la Haute Cour pour les faire entrer en vigueur. Une douzaine d’autres sont prêts à leur emboîter le pas.

  • Arménie-Haut-Karabakh : un peuple chrétien-martyr abandonné par ses coreligionnaires occidentaux…

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    D'Alexandre Del Valle sur Atlantico.fr :

    Arménie-Haut-Karabakh : la destinée douloureuse d’un peuple chrétien-martyr abandonné par ses coreligionnaires occidentaux…

    Cette semaine, Alexandre del Valle s’est entretenu avec Tigrane Yégavian, chercheur au Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R), membre du comité de rédaction de la revue Conflits, spécialiste du Caucase, qui vient de faire paraître un ouvrage passionnant et très instructif sur la Géopolitique de l’Arménie*, particulièrement marqué par un réalisme et une grande lucidité sur les liens entre politique interne, géopolitique et diplomatie. 

    14 mars 2022

    Tigrane Yégavian nous a donné des clefs de décryptage du conflit du Haut-Karabakh, qui a sévi un an avant la guerre ukrainienne et qui s’est conclu par la victoire des agresseurs turco-azéris en novembre 2020. Il nous explique aussi les liens qui peuvent établis entre les dossiers russo-ukrainien et azéro-turco-arménien, deux conflits de l’espace post-soviétique où le rôle de la Russie demeure souvent imprévisible, comme celui de la Turquie d’Erdogan et de la dictature pétro-gazière azérie, entre lesquelles les Arméniens du Caucase sont pris en tenailles, avec comme seul protecteur relatif mais récurrent, la Russie.

    Avant d’aborder le thème du terrible conflit arménien qui a fait souvent couler du sang depuis les années 1990, sans même parler du terrible génocide des années 1896-2015, et sachant que vous établissez à plusieurs reprises des liens entre les deux théâtres dans votre livre, expliquez-nous en quoi la guerre en Ukraine va avoir un impact sur l’Arménie ?

    Ayant scellé son destin à celui de la Russie, l’Arménie va se retrouver davantage fragilisée car elle ne dispose d’aucun levier, ni de moyens de diversifier ses alliances. La diplomatie arménienne a opté jusqu’à présent pour une attitude de prudence, affichant une neutralité totale afin de privilégier un règlement diplomatique. Le jour du déclenchement de la guerre (24 février 2022), on apprenait la démission du chef d’état- major de l’armée arménienne et la convocation à Moscou du ministère de la Défense. Cette guerre en Ukraine donne l’occasion à l’Azerbaïdjan de bomber le torse et de négocier des livraisons de gaz aux Européens en alternative à celui que la Russie ne livrera pas. L’Ukraine a choisi son camp, celui de l’OTAN et de la Turquie, mais aussi celui de l’Azerbaïdjan. Les Arméniens de leur côté, n’oublient pas que pendant la guerre de l’automne 2020, ce sont des bombes au phosphore made in Ukraine qui avaient causés des ravages auprès des soldats et des forêts de l’Artsakh…

    Lire la suite sur Atlantico ou ICI

    *Tigrane Yégavian, Géopolitique de l’Arménie, Editions Biblimonde, Préface de Gérard Challiand, Paris, 2022.

  • "La Belgique est devenue le village Potemkine de l’euthanasie"

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    De Gènéthique magazine :

    Euthanasie : « Une nouvelle morale s’instaure : celle de l’abnégation sociale, de ma mort au profit du collectif »

    14 mars 2022

    A la veille des élections présidentielles en France, la dépénalisation de l’euthanasie semble être l’« avancée sociétale » promise par le prochain quinquennat. Samedi dernier a d’ailleurs démarré une 15e « semaine de mobilisation “pour le droit de mourir dans la dignité” ». Le sujet d’actualité a fait l’objet de trois ouvrages parus récemment, dont celui de Damien Le Guay : Quand l’euthanasie sera là…, publié aux éditions Salvator. Entretien avec l’auteur.

    Gènéthique : L’euthanasie est au programme de plusieurs candidats à l’élection présidentielle. Le vote d’une loi autorisant euthanasie et/ou suicide assisté vous semble-t-il inéluctable lors du prochain quinquennat ?

    Damien Le Guay : Inéluctable ? Dieu seul le sait. Hautement probable, voilà qui est sûr. Quand on regarde les programmes, comment ne pas constater une sorte de nonchalance coupable vis-à-vis de ces sujets ? Yannick Jadot et Jean-Luc Mélenchon sont tout à fait pour. Et on est en droit de penser qu’Emmanuel Macron, quand il descendra de son Olympe, sera pour lui aussi – même si sous la forme d’invitation à remettre une décision entre les mains d’un « comité citoyen ». Valérie Pécresse est contre sur le principe, mais ne le dit pas avec une force de conviction suffisante pour ne pas avoir des doutes. Et puis ses convictions pour les sujets dits de « société » sont fluctuantes – comme nous l’avons vu sur le mariage pour tous. Quand à Eric Zemmour et Marine Le Pen, ils sont contre. Ils le disent. Et si Madame Le Pen chiffre ses ambitions dans un grand plan pour l’hôpital, Eric Zemmour, lui, en reste à une pétition de principe.

    Ceci dit, n’oublions pas que le « parti euthanasique » fait son travail de sape depuis des années, et qu’il a déjà conquis les médias et une grande partie des députés. N’oublions pas que le 8 avril 2021, l’Assemblée nationale a adopté le premier article d’une loi (heureusement non votée dans son intégralité, et donc non valide) qui autorisait et l’euthanasie et le suicide assisté (cf. La PPL Falorni tombe en désuétude – le spectacle exagéré des promoteurs de l’euthanasie).

    G : Les partisans de l’euthanasie se réclament de la liberté – l’« ultime » liberté – de l’individu, et invoquent l’« autonomie » de la personne comme valeur essentielle. Finalement, quels sont les enjeux anthropologiques liés à l’euthanasie ? La liberté, l’autonomie, peuvent-elles s’exercer indépendamment de la société ?

    DLG : L’euthanasie est le stade terminal de l’autonomie. Elle parachève cette longue histoire, l’accomplit et en est comme le Requiem. Désormais l’autonomie humaine ne reconnaît plus d’extériorité au moment de la mort. Je tiens ma vie, je tiens ma mort. Mais le parti euthanasique ne comprend pas les enjeux anthropologiques de son combat. Il croit lutter contre les souffrances humaines mais fait tout pour en renforcer d’autres – celle d’un individu, seul à seul avec lui-même, qui doit décider de tout y compris de l’heure de sa mort. N’être pas maître de sa mort est confortable – dans l’inconfort de la mort. La vie s’en charge. Dieu s’en charge. La maladie s’en charge. Je la remets à plus fort que moi. Elle m’est dérobée par un maître. Je le reconnais comme tel et m’en remets à lui. Et avant de me remettre, je remets ma vie à ceux que j’aime. Cette double remise, qui est dans l’ordre des civilisations depuis toujours, va s’arrêter. Elle s’est déjà arrêtée en Belgique et aux Pays-Bas, depuis longtemps, et maintenant, depuis peu, en Espagne et pour tout bientôt au Portugal. Et bientôt, en France. Elle s’arrête dans des pays fatigués, dans un continent fatigué, dans des terres chrétiennes qui le sont de moins en moins. Elle s’installe dans des pays qui sont de plus en plus gestionnaires, aplatis, soumis à une horizontalité dominatrice et de moins en moins traversés aussi par ce souci des « lois non écrites », celles d’Antigone qui nous dominent et avec lesquelles il faut composer. Créon, lui qui n’entend pas Antigone, domine les esprits. Il est le modèle des gestionnaires de la « chose publique ».

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  • Nicaragua : Le Vatican proteste contre l'expulsion "incompréhensible" du nonce apostolique

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    De Massimo Introvigne sur Bitter Winter :

    Nicaragua : Le Vatican proteste contre l'expulsion "incompréhensible" du nonce apostolique

    14/03/2022

    Cette mesure rare, prise après que le diplomate ait été calomnié et même battu, est un signe que le régime d'Ortega ne veut plus prétendre que la liberté religieuse existe dans le pays.
    par Massimo Introvigne

    Parmi les quelques amis que la Russie de Poutine entretient dans le monde, les médias internationaux mentionnent généralement le Nicaragua. Toutefois, la diplomatie n'est pas le point fort du régime dirigé par le président Daniel Ortega et son épouse Rosario Murillo. La Russie a fait d'Ortega un membre de son Ordre de l'amitié, et les pseudo-républiques géorgiennes pro-Poutine dissidentes d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud, respectivement, lui ont décerné l'Ordre de l'honneur et de la gloire et l'Ordre d'Uatsamonga. Le Nicaragua a officiellement reconnu ces pseudo-États ; les seuls autres pays à l'avoir fait sont la Russie, le Venezuela, la Syrie et Nauru.

    La semaine dernière, le Nicaragua a expulsé le nonce du Vatican, l'archevêque polonais Waldemar Stanislaw Sommertag. Le 12 mars, le Saint-Siège a réagi en exprimant "sa grande surprise et sa tristesse" pour cette expulsion "incompréhensible" et peu diplomatique. Il est possible qu'en plus des raisons intérieures, la situation internationale tendue ait motivé Ortega.

    En expulsant le nonce, un geste rare, Ortega a signalé qu'il n'est pas intéressé à maintenir ne serait-ce qu'un semblant de liberté religieuse au Nicaragua, ce que Sommertag avait mis en doute. Et pour de bonnes raisons. Toute critique du régime par les évêques catholiques et Sommertag lui-même a été accueillie avec violence.

    Ce qui est encore plus rare qu'une expulsion, en 2018 des milices liées au parti au pouvoir d'Ortega sont entrées dans la basilique de San Sebastián à Diriamba et ont attaqué physiquement le nonce ainsi que le cardinal Leopoldo Brenes, qui est le chef de l'Église catholique au Nicaragua, et l'évêque auxiliaire de Managua José Silvio Báez. Ce dernier a été blessé à l'aide d'un couteau, puis a dû fuir le pays après avoir reçu des menaces de mort répétées.

    Ortega est un vieux marxiste qui, en pleine guerre froide, a créé en 1979 un régime pro-soviétique qui comptait parmi ses principaux opposants la hiérarchie catholique nicaraguayenne, dirigée par le cardinal Miguel Obando y Bravo. J'ai interviewé Obando en 1986, et il était à l'époque un critique virulent d'Ortega.

    Après avoir perdu le pouvoir en 1990, Ortega est revenu en 2007 et est resté président du Nicaragua depuis lors, périodiquement reconfirmé par des élections de plus en plus jugées irrégulières et peu fiables par les observateurs internationaux, la dernière datant du 7 novembre 2021.

    Dans le cadre de ses efforts de reconquête du pouvoir au cours de la décennie 2000, Ortega a cherché à se réconcilier avec l'Église catholique. En 2004, il a rencontré son ancien ennemi juré Obando et aurait conclu un accord. S'il regagnait la présidence, Ortega s'engageait à étendre l'interdiction nicaraguayenne de l'avortement à tous les cas (ce qu'il a finalement fait) et à promouvoir d'autres points du programme catholique. Ortega a également atténué sa rhétorique marxiste et s'est finalement déclaré non-marxiste.

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  • La 'guerre sainte' du patriarche Kirill, ancien espion du KGB

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    Un entretien avec Antoine Nivière, professeur à l’Université de Lorraine, spécialiste de l’histoire culturelle et religieuse russe sur le "Journal Chrétien" (Anne-Sylvie Sprenger) :

    Ukraine: la guerre sainte du patriarche Kirill, ancien espion du KGB

    Entre un passé d’espion pour le KGB à Genève, de la contrebande de cigarettes avec l’Irak et son chalet en Suisse, qui est Kirill de Moscou, le patriarche de l’Église orthodoxe russe, qui soutient Poutine dans sa guerre en Ukraine?

    Alors que le monde entier tournait ses regards vers le patriarche Kirill de Moscou, l’invoquant de faire entendre raison au président Poutine, le chef de l’Église orthodoxe russe a délivré, dimanche dernier, un sermon glaçant, ne laissant plus aucun doute quant à sa position personnelle. Mais que sait-on de ce personnage aussi influent que mystérieux, dont les propos bellicistes ont choqué jusque dans ses rangs? Entretien avec Antoine Nivière, professeur à l’Université de Lorraine, spécialiste de l’histoire culturelle et religieuse russe.

    Comment décryptez-vous l’attitude du patriarche Kirill depuis le début de l’invasion russe en Ukraine?

    Celle-ci est dans la lignée d’une longue tradition du patriarcat de Moscou, qui manifeste des liens étroits avec les autorités, autrefois de l’Union soviétique et aujourd’hui du régime du président Poutine. Malgré les affirmations qu’il s’agit d’une Russie nouvelle, le patriarche Kirill est resté dans le prolongement de l’URSS et de ses services secrets, dont il est lui-même issu.

    Tout comme Poutine, le chef de l’Église orthodoxe russe vient du KGB?

    Tout à fait. Quand les archives du KGB ont été brièvement accessibles à une commission d’enquête parlementaire de la Douma au début des années 1990, celui qui n’était alors que l’archevêque Kirill (Goundiaev) y apparaissait sous le nom de code «Mikhailov» en tant qu’agent recruté par le KGB au sein du clergé du patriarcat de Moscou. Et cela notamment en raison de ses fonctions comme représentant du patriarcat auprès du Conseil œcuménique des Églises (COE) à Genève. Cela avait été publié dans la presse russe de l’époque.

    On serait donc toujours dans une forme d’union sacrée entre l’État et l’Église?

    On est dans une double union. Premièrement, il y a cette tradition de soumission de la hiérarchie de l’Église orthodoxe au pouvoir politique, qui remonte jusqu’au Moyen Âge, mais qui a été renforcé à l’époque soviétique par un contrôle absolu et une utilisation de l’Église au profit des intérêts politiques de l’URSS, notamment sur la scène internationale à partir de la Seconde Guerre mondiale.

    Mais il y a une deuxième tradition, presque millénaire, qui est celle d’un nationalisme centré sur l’orthodoxie. Poutine a beaucoup joué là-dessus. Après la disparition de l’idéologie marxiste de l’époque soviétique, il fallait remplacer ce vide, ce vacuum, et la religion a été rapidement perçue comme un élément d’identification national fort qui permettait de se distinguer de l’Occident.

    « Kyrill a été recruté comme espion du KGB, notamment en raison de son rôle au COE à Genève »

    ANTOINE NIVIÈRE, SPÉCIALISTE DE L’HISTOIRE CULTURELLE ET RELIGIEUSE RUSSE

    C’est donc ainsi qu’il faut comprendre l’ homélie du 6 mars, où le patriarche évoquait la notion de guerre sainte?

    Absolument. À l’instar de Poutine, le patriarche Kirill a fait sienne la théorie du choc des civilisations. Cela fait plusieurs années qu’il se fait le propagateur de ce qu’il appelle le «monde russe», soit un monde orthodoxe et nationaliste, mettant en avant les valeurs traditionnelles et s’opposant à l’Occident, perçu comme perverti, décadent et moralement dégénéré. D’où notamment sa grande diatribe sur les gay prides, qui relèveraient d’un plan des Occidentaux pour détruire la société russe. Pour lui, la responsabilité de ce conflit incombe aux Occidentaux, qui souhaitent imposer ce genre de comportements.

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  • La guerre de la Russie contre l'Ukraine n'est pas une guerre juste, pas plus qu'une éventuelle intervention de l'OTAN

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    Le philosophe catholique Edward Feser écrit que risquer une guerre nucléaire viole les critères d'une guerre juste, ainsi que Poutine le fait dans son attaque contre l'Ukraine. De son blog :

    La théorie de la guerre juste et la guerre russo-ukrainienne

    L'une des caractéristiques frappantes de la catastrophe en Ukraine est la façon dont les principes de la doctrine de la guerre juste semblent s'appliquer sans ambiguïté.  D'une part, l'invasion de la Russie ne peut être justifiée par les critères de la théorie de la guerre juste.  D'autre part, l'action militaire de l'OTAN contre la Russie ne peut pas non plus être justifiée.  Voici les critères d'une action militaire juste tels qu'ils sont énoncés dans la section 2309 du Catéchisme de l'Église catholique :

    En un seul et même temps :

    - le dommage infligé par l'agresseur à la nation ou à la communauté des nations doit être durable, grave et certain ;

    - tous les autres moyens d'y mettre fin doivent s'être révélés impraticables ou inefficaces ;

    - il doit y avoir de sérieuses chances de succès ;

    - l'usage des armes ne doit pas produire des maux et des désordres plus graves que le mal à éliminer.  La puissance des moyens modernes de destruction pèse très lourd dans l'évaluation de cette condition.

    Fin de citation.  Je soutiens que l'invasion de la Russie ne répond manifestement pas aux premier, deuxième et quatrième critères, et qu'une action militaire de l'OTAN contre la Russie ne répondrait manifestement pas aux deuxième, troisième et quatrième critères.

    L'injustice de l'invasion est évidente, même dans l'interprétation la plus généreuse des motifs de Poutine.  Supposons donc que nous admettions, pour les besoins de l'argumentation, que la Russie a un intérêt légitime à maintenir l'Ukraine hors de l'OTAN.  Supposons que, comme certains l'ont fait valoir, les États-Unis et leurs alliés ont longtemps donné inutilement des coups à l'ours, et que la Russie aurait été beaucoup moins susceptible d'envahir l'Ukraine s'ils ne l'avaient pas fait.  Même en partant de ces prémisses, il ne s'ensuit tout simplement pas que l'Ukraine est un "agresseur", que la Russie a subi un préjudice "durable, grave et certain" de la part de l'Ukraine ou que "tous les autres moyens" de répondre aux préoccupations de la Russie "se sont révélés irréalisables ou inefficaces".

    Le préjudice extrême infligé aux Ukrainiens innocents par la guerre n'est pas non plus proportionnel aux griefs de la Russie, quels qu'ils soient.  On ne peut donc pas dire que l'invasion de l'Ukraine par la Russie réponde aux premier, deuxième et quatrième critères d'une guerre juste, et elle est donc manifestement gravement injuste.

    Pour cette raison, une action militaire visant à repousser l'invasion de la Russie est clairement légitime, et la justice exige de favoriser la partie ukrainienne dans cette guerre.  Dans l'abstrait, le soutien à l'Ukraine pourrait inclure une action militaire contre la Russie par toute nation amie de l'Ukraine.  Cependant, la justice de la cause de la défense de l'Ukraine ne remplit que le premier des quatre critères énoncés par le Catéchisme.  Qu'en est-il des trois autres ?

    Poutine a menacé, de manière non subtile, d'utiliser des armes nucléaires si les États-Unis ou d'autres pays de l'OTAN intervenaient militairement dans le conflit.  La perspective réaliste d'une telle escalade extrême rend impossible qu'une telle intervention réponde au quatrième critère du Catéchisme, qui souligne que "la puissance des moyens modernes de destruction pèse très lourd dans l'évaluation de cette condition."  L'utilisation d'armes nucléaires contre l'Ukraine, à laquelle la Russie pourrait recourir en cas d'intervention de l'OTAN, produirait certainement "des maux et des désordres plus graves que le mal à éliminer."  Plus grave encore serait une situation dans laquelle l'Ukraine, d'autres États voisins de l'OTAN et la Russie (à la suite des représailles nucléaires de l'OTAN) seraient tous attaqués avec des armes nucléaires.  Et le pire de tous serait un scénario dans lequel ce qui a commencé comme une guerre locale en Ukraine se transformerait en un échange nucléaire global entre la Russie et les États-Unis.

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  • Les conservateurs pro-Poutine sont victimes d'une erreur culturelle

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    Des propos recueillis par Nico Spuntoni sur la nuova Bussola Quotidiana :

    Les conservateurs pro-Poutine sont victimes d'une erreur culturelle

    14-03-2022

    L'historien britannique Tim Stanley, chroniqueur au Telegraph, explique à la NBQ pourquoi l'idée d'une Russie post-soviétique comme rempart chrétien contre un Occident sécularisé n'a jamais été vraie : "Poutine a essayé de restaurer la Russie telle qu'elle était vers 1900". Mais en même temps, il est faux de penser que l'Ukraine se bat au nom de la démocratie : "La vérité est qu'ils se battent pour leurs maisons, leurs terres et leurs familles".

    "Qu'est-il arrivé à la tradition ? History, Belonging and the Future of the West", publié en 2021 par Bloomsbury, est un texte qui mérite d'être lu pour s'orienter dans le monde du conservatisme mondial qui se remet de l'effet de la pandémie et de la gueule de bois Brexit-Trump. Son auteur Tim Stanley, historien et chroniqueur au "Telegraph", de confession catholique, s'est également attardé - avec un regard critique - sur la restauration de Poutine qui a également impliqué directement l'Église orthodoxe russe.

    L'image d'une Russie post-soviétique et post-eltsinienne comme rempart du christianisme face à un Occident de plus en plus sécularisé a eu un certain succès dans le monde conservateur. Mais, est-ce encore acceptable après l'éclatement de la crise ukrainienne ? En réalité, pour Tim Stanley, cela n'a jamais été vrai et il explique ses raisons dans cet entretien avec la Nuova Bussola Quotidiana.

    Lorsque vous avez parlé de la symphonie de l'Eglise et de l'Etat en Russie, vous avez écrit : "lorsque la foi et la nation deviennent synonymes, il y a un risque que la foi devienne un label d'identité plutôt qu'un système de croyance vécu". Craignez-vous que cela ne devienne la motivation idéale pour une offensive militaire en Ukraine ?

    Il y a deux points de vue sur la foi et l'invasion. L'une consiste à dire que Poutine, contraint d'agir en raison de la menace d'expansion de l'OTAN, est le défenseur de la civilisation orthodoxe, qu'il prend des mesures pour unir un peuple divisé et pour tenir tête au sécularisme occidental agressif. Je ne sais pas combien de Russes pensent réellement cela, car il est difficile de distinguer la propagande du Kremlin du sentiment populaire. L'autre opinion est que les actions de Poutine sont l'antithèse même du christianisme : violence, intimidation, massacre des innocents. Nous assistons donc à un conflit classique entre la foi en tant qu'identité ethnique/politique et la foi en tant qu'ensemble de croyances spirituelles qui devraient réellement transcender l'ethnicité. Ce dilemme est partout. À un certain niveau, je suis moi aussi nationaliste : j'aime mon pays et je veux le voir gagner, et je veux protéger son caractère chrétien distinctif contre les civilisations concurrentes. D'un autre côté, ma foi est universelle : lorsqu'une partie de l'église humaine souffre, qu'il s'agisse d'orthodoxes à Kharkiv ou de musulmans à Alep, tout le corps hurle de douleur.

    Vous avez lancé un appel aux conservateurs il y a plus d'un an : ne tombez pas dans le piège de penser que Poutine mène une contre-révolution culturelle. Pensez-vous que la fascination des conservateurs pour Poutine survivra à cette guerre ?

    Presque personne en Occident, à droite ou à gauche, n'a déclaré que l'invasion de Poutine était moralement légitime. Tucker Carlson et quelques-uns de la droite américaine disent que "ce n'est pas notre affaire", sans doute parce qu'ils s'arrachent la loyauté de l'électeur moyen de Trump - mais ce faisant, ils se trompent en réalité sur Trump. Il prétend avoir menacé de bombarder Moscou si Poutine l'envahissait et dit maintenant que l'Otan est trop mou. Je pense que la réputation de Poutine en a pris un coup terrible. En revanche, j'ai été fasciné de constater comment ma propre mère a réagi émotionnellement aux réfugiés ukrainiens. "Ils sont tellement religieux", dit-elle avec approbation, "et ils aiment leurs grands-mères". Ce n'est pas une guerre Est contre Ouest, c'est presque une guerre civile entre communautés chrétiennes.

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  • Saint-Siège : désigner l’agresseur sans pour autant mentionner la Russie

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    De Loup Besmond de Senneville sur le site du journal la Croix :

    « Au nom de Dieu, je vous le demande : arrêtez ce massacre ! », supplie le pape François

    Analyse

    Le pape François a lancé, dimanche 13 mars, un vibrant appel en faveur de la paix en Ukraine. En dénonçant ceux qui « profanent le nom de Dieu » en défendant la violence, il a aussi répondu indirectement au patriarche Kirill de Moscou.

    13/03/2022

    Depuis plusieurs semaines, rarement le pape a semblé à la fois aussi ému et ferme, à la fenêtre de la place Saint-Pierre, que ce dimanche 13 mars. À l’occasion de son Angélus dominical, le pape François a lancé un appel vibrant pour la paix en Ukraine« Au nom de Dieu, je vous demande : arrêtez ce massacre ! », a-t-il supplié.

    Avant de faire prier la foule, réunie devant la basilique, le pape a « imploré » la fin de la guerre, faisant part de sa « douleur ». « Devant la barbarie et le meurtre des enfants, des innocents et des civils désarmés, il n’y a aucune raison stratégique qui tienne. Il faut arrêter l’inacceptable attaque armée, avant qu’elle ne réduise les villes à des cimetières », a-t-il tonné, après avoir évoqué la situation de Marioupol, dont l’hôpital pédiatrique a été bombardé par l’armée russe, mercredi 9 mars. « Marioupol est devenue une ville martyre de la guerre épouvantable qui dévaste l’Ukraine », a déploré François.

    Le pape a également réclamé que la communauté internationale concentre ses efforts sur les « négociations » et l’ouverture de « couloirs humanitaires effectifs et sécurisés ». Il a aussi exhorté à accueillir les réfugiés« dans lesquels le Christ est présent ».

    Celui qui soutient la violence profane le nom de Dieu

    Car François a aussi appelé à une réaction spirituelle de la part des catholiques, demandant aux paroisses et communautés religieuses de prier davantage « pour la paix »« Dieu est seulement le Dieu de la paix, pas le Dieu de la guerre. Celui qui soutient la violence en profane le nom », a martelé le pape, avant d’appeler les 25 000 fidèles présents sur la place à prier en silence.

    Ces mots sur le Dieu de la paix peuvent être interprétés comme la réponse du pape à ceux qui, côté russe, défendent ce conflit comme une forme de guerre sainte. Dans une homélie très remarquée, dimanche 6 mars, le patriarche de Moscou, Kirill, avait placé le conflit en Ukraine sur le plan « métaphysique » de l’affrontement entre la « loi de Dieu » et le « péché ». Dimanche 27 février, il avait déjà fustigé ceux qui luttent – qualifiés de « forces du mal » – contre l’unité historique de la Russie et de l’Ukraine.

    Cet appel du pape constitue, de fait, une réponse aux critiques, exprimées ces dernières heures, accusant le pape de ne pas désigner assez clairement les responsabilités de la Russie, ou de ne pas dénoncer explicitement le soutien du patriarche Kirill à Vladimir Poutine. C’est notamment le cas de Mgr Stanislav Szyrokoradiuk, l’évêque catholique d’Odessa, qui a souhaité dimanche 13 mars, dans un entretien accordé à la télévision italienne TG7, que le pape aille plus loin dans ses propos.

    Si François a bien affirmé, dimanche 6 mars, qu’il s’agissait là d’une « guerre » et pas d’une « opération militaire spéciale », contredisant ainsi la rhétorique russe, le pape n’a en effet jamais désigné Moscou comme « agresseur ». Nourrissant ainsi l’impression d’une forme de « neutralité » du Saint-Siège dans le conflit.

    Équilibre délicat

    En réalité, la diplomatie vaticane tente de tenir un équilibre délicat. Les diplomates du Palais apostolique considèrent en effet qu’une condamnation explicite de la Russie pourrait clairement mettre en danger les 350 000 catholiques russes. « Il y a quatre évêques en Russie, tous avec la nationalité russe, avance une source au Vatican. Donc cela pousse le pape à ce positionnement. Par ailleurs, il est évident que sa personnalité est telle qu’il veut toujours laisser des portes ouvertes pour dialoguer. C’est le cas avec la Russie. Jean-Paul II aurait sans doute été beaucoup plus explicite : mais c’était une autre époque, et le pape était alors polonais. »

    Dans les faits, il est rarissime que le Saint-Siège se prononce expressément contre un belligérant dans un conflit en cours. « Nous ne prenons jamais un pays frontalement », confirme un diplomate. Un positionnement qui nourrit des critiques récurrentes : c’est le cas aujourd’hui avec la Russie, ce fut le cas en 2021 dans le délicat dossier de la reprise en main de Hong Kong par la Chine.

    Prière, négociations et couloirs humanitaires

    Concernant l’Ukraine et la Russie, cet appel du pape – le plus fort depuis le début des hostilités entre la Russie et l’Ukraine, le 24 février dernier – s’ajoute aux nombreuses initiatives prises par le Vatican ces derniers jours, pour plaider en faveur de la paix.

    Au fil des heures, l’appel à la prière, à la négociation entre les belligérants et le plaidoyer en faveur de l’ouverture de couloirs humanitaires pour permettre aux civils de fuir l’Ukraine sont devenus trois points centraux de la diplomatie vaticane. François, ainsi que le cardinal Pietro Parolin, le secrétaire d’État du Saint-Siège, ont également mentionné à plusieurs reprises l’ouverture du Vatican à prendre part à une médiation entre l’Ukraine et la Russie.

    L’Osservatore Romano, quant à lui, consacre depuis le début du conflit sa une quotidienne à la guerre. Le journal officiel du Vatican pointe ainsi très clairement du doigt les conséquences dramatiques des bombardements et des attaques opérés par l’armée russe. Une manière pour le Saint-Siège de désigner l’agresseur sans pour autant que le pape mentionne la Russie. Un équilibre délicat.

    Lire aussi : « Agression russe ». Le journal du Pape brise le tabou

  • Engagez-vous qu'ils disaient...

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    Ils ne sont plus inspirés par le christianisme, ils sont ouverts à la mouvance lgbtqi, ils sont favorables à un seul réseau d'enseignement... ils nous libèrent une fois pour toutes d'une fidélité définitivement hors de saison à ce qui fut le parti social chrétien et nous invitent à chercher ailleurs des représentants responsables, étrangers aux chimères de ces "engagés" scabreux.

    Lu sur l'Avenir de ce 14 mars (p. 4) :

    Prévot et sa bande d’«Engagés»

    Ne dites plus «cdH» mais «les Engagés». Le parti centriste a présenté son nouveau visage afin de renouer avec une meilleure réussite électorale. Le centre démocrate humaniste, parti centriste présidé par Maxime Prévot, a bouclé sa mue samedi, en adoptant un nouveau nom, «Les Engagés», une nouvelle couleur, le turquoise, et un projet centré sur le concept de «régénération».

    Rassemblés en congrès à Tour & Taxis (Bruxelles), les militants étaient appelés à voter en début de soirée pour approuver ce nouvel habillage, occasion d’une « du parti qui se veut « » et entend, selon son discours, briser les codes de la politique et rompre avec la particratie.

    Le projet de nouveau manifeste, transmis le même jour, sera quant à lui ouvert à débat et amendements parmi la base, pour adoption à un congrès programmatique le 14 mai prochain. Il s’agit du résultat des deux années d’exercice participatif «Il fera beau demain», que le parti avait lancé en janvier 2020 après la déroute des élections de 2019.

    Le nouveau mouvement sera «résolument centriste et progressiste », a affirmé Maxime Prévot dans son discours. «La société manque clairement d’une boussole », constate-t-il, promettant une «alternative citoyenne aux simplismes, aux extrémismes, aux populismes qui gangrènent notre démocratie.»

    Défendre un seul réseau d’enseignement

    "Souveraineté", "bien-être", "réhabilitation" de la classe moyenne, "réindustrialisation" : le projet de programme tel que présenté par Maxime Prévot bouscule au passage certains acquis, avec par exemple la disponibilité d’un revenu de 600 euros "pour tous", mais en contrepartie d’une "participation au bien commun" , ou encore la refonte de l’enseignement
    pour avoir "un seul réseau harmonisé et autonome".

    Selon le parti, «plus de 1 300 personnes» étaient présentes au congrès, avec une bonne part de non-adhérents («un quart de la salle», selon Maxime Prévot).