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Politique - Page 397

  • Ce que les totalitarismes n’ont pu obtenir par la terreur, la postmodernité compte l’obtenir par la dérision

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    De Francis Richard sur le site "Contrepoints.org" :

    La haine du monde, de Chantal Delsol

    Ce que les totalitarismes n’ont pu obtenir par la terreur, la postmodernité compte l’obtenir par la dérision. Sur le dernier livre de Chantal Delsol.

    Le XXsiècle a été dévasté par la démiurgie des totalitaires qui répondaient à des transfigurations du monde humain.

    Mais il serait faux de croire que ces illusions nous ont quittés. Ce que nous avons rejeté avec force, c’est le totalitarisme comme terreur. Pour autant, nous poursuivons les tentatives de transfiguration du monde, d’abolition de ce monde imparfait.

    LA POSTMODERNITÉ, SUCCESSEUR DES TOTALITARISMES

    La postmodernité est en effet, comme le montre Chantal Delsol, le successeur des totalitarismesdu XXsiècle. Il ne s’agit pas de prendre soin du monde, tel un jardinier, en connaissant les limites. Il s’agit de créer un monde parfait, tel un démiurge, en partant du principe que tout est possible, avec la volonté infantile de re-naturation de l’homme :

    Re-naturer l’homme consiste en premier lieu à supprimer la mort et la souffrance, depuis la rédemption prolétarienne ou le triomphe des Ariens parfaits jusqu’au transhumanisme d’aujourd’hui, ce qui correspond à la suppression de la question des fins dernières, des questions métaphysiques.

    LE REJET DES DEUX TOTALITARISMES

    Les deux totalitarismes, que furent le nazisme et le communisme, ne sont pas rejetés de la même manière, non pas à cause de la terreur, qui leur est commune (le communisme a fait plus de victimes parce qu’il a duré plus longtemps), mais à cause de ce qu’ils ont tenté :

    – le nazisme, un retour à l’enracinement : Le nazisme cherche dans l’excès et la perversion à écarter la modernité.

    – le communisme, une émancipation : Le communisme cherche dans l’excès et la perversion à réaliser la modernité.

    Or, pour la postmodernité, l’enracinement c’est le MAL et l’émancipation c’est le BIEN. Sauf que les humains ont impérativement besoin à la fois d’enracinement et d’émancipation

    ARRACHER L’HOMME AU MAL

    La postmodernité, qui prétend poursuivre le BIEN, cherche donc à arracher l’homme au MAL, c’est-à-dire à le déraciner du monde réel, pour parvenir à l’émancipation totale dans un monde rêvé: Le prométhéisme perverti s’instaure en remplaçant la métaphysique par l’histoire, la nature par la culture.

    Ce que les totalitarismes n’ont pu obtenir par la terreur, la postmodernité compte l’obtenir par la dérision. Aussi s’attaque-t-elle de cette façon, faute d’arguments, aux particularités, c’est-à-dire aux groupes d’individus, présentés comme oppressifs, alors que leur vertu essentielle d’intermédiaires est d’assurer les relations entre les hommes :

    Une fois les liens particuliers défaits pour garantir la liberté individuelle, l’instance étatique doit remplacer les solidarités interdites.

    SEUL FACE À L’ÉTAT

    L’homme, englobé dans la masse, se retrouve donc seul face à l’État, ne joue plus un rôle mais remplit une fonction. Réduit à n’être plus qu’un individu, il devient interchangeable et, de ce fait, proprement inutile. Les différences disparaissent, et la complémentarité des êtres avec elles, sans laquelle il n’est pourtant pas de lien ni de société.

    Le concept qui sous-tend l’émancipation totale est l’égalité, puisqu’il s’agit d’abolir toutes les différences. Ce concept n’a rien à voir avec l’égalité ontologique, qui, justement, surpasse et transcende toutes les différences et ne les abolit pas ; il a au contraire tout à voir avec l’immanence et perd en profondeur ce qu’il gagne en étendue :

    L’égalité totalitaire puis démocratique de la Modernité est un pâle reflet, une singerie, de l’égalité ontologique, qu’elle mime en la dégradant.

    SE DISTRAIRE À EN MOURIR

    Au tragique de la condition humaine, la conduite de vie proposée par les sagesses (de même que le Progrès comme idéologie) n’apporte pas de réponses satisfaisantes. Alors, aujourd’hui, pour éviter l’inquiétude humaine, une bonne partie d’entre nous peut passer le temps de sa vie à se distraire pour se soustraire à ce qui fâche :

    Celui qui retombe dans l’inquiétude humaine se voit aussitôt offrir les neuroleptiques et les séances de remise en forme, comme Huxley…

    En tout cas il a peu de chances de pouvoir exprimer cette inquiétude : Il est beaucoup plus difficile pour un particulier de penser contre l’ensemble de ses concitoyens que de s’élever contre le pouvoir. Et l’élite lui fait croire que son idéologie d’émancipation totale est celle du plus grand nombre, en parvenant à créer un grand remous d’opinion.

    SALIR LE PASSÉ

    Pour mieux déraciner il faut salir le passé : il est criminel. Tout est mauvais chez lui, tout est à jeter. Ce qui signifie la détestation, La haine du monde, tel qu’il a été, tel qu’il est et tel qu’il ne sera plus : Plus jamais ça. Pour en être bien sûr, il faut faire repentance, une repentance collective, qui n’est jamais qu’une singerie du repentir chrétien.

    Pour mieux déraciner, il faut récuser le bon sensil ne faut rien imposer puisque tout est possible, et, dans le même temps, il faut imposer certains mots (citoyen, républicain, égalité, progrès etc.) : la langue n’est plus vivante, elle n’est plus libre, elle n’a plus de spontanéité. Une langue doit ouvrir à la réalité et non empêcher d’y accéder :

    Une langue asservie, des mots domestiqués, un discours automatique, empêchent le dialogue et n’ouvrent qu’à l’information, une information filtrée par le prêt-à-penser.

    JARDINIERS ET DÉMIURGES

    Chantal Delsol observe dans sa conclusion que le temps des jardiniers et le temps des démiurges n’est pas le même. Leur action diffère entièrement. Les démiurges veulent l’efficacité. Les jardiniers veulent la fécondité: ce qui signifie qu’il y a un principe à l’oeuvre dans la chose même.

    Chantal Delsol dit encore : Nous avons besoin de temps pour les émancipations, comme les fleurs ont besoin de temps pour pousser et fleurir. En voulant faire fi du temps ou en prétendant en avoir la maîtrise, le démiurge est en fait un usurpateur, un prétentieux. Revienne le temps du jardinier :

    Le jardinier n’a pas été le maître des aurores; il n’est pas non plus celui des crépuscules ni des apothéoses. Il n’est pas le potentat des achèvements. Il lui faut parfaire indéfiniment, et c’est un horizon qui s’enfuit. Tâche intelligente et rude. Aussi le jardinier connaît-il ses lois propres. La prétention le détruit. Il ne grandit que d’admiration.

    La haine du monde – Totalitarismes et postmodernité, Chantal Delsol, 240 pages, Les Éditions du Cerf

  • Nouvelles périphéries pour le pape François

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    Le pape François aime les périphéries : fin novembre, il visitera la Birmanie (6% de catholiques) puis le Bangladesh (0,24% de catholiques) où il a créé un cardinal et une délégation du Vatican se rendra  fin août dans ces deux pays pour préparer son voyage.  Mais le pape sera aussi de retour  en Amérique du Sud: en Colombie (septembre), au Chili et au Pérou (janvier). Lu sur le site du journal « La Croix » :

    « Le voyage du pape François en Birmanie et au Bangladesh se prépare activement, a affirmé le cardinal Patrick D’Rozario, l’archevêque de Dacca, la capitale du Bangladesh, au site spécialisé Crux.

    Le cardinal bangladais a notamment affirmé qu’une délégation du Vatican se rendrait dans son pays la troisième semaine d’août pour préparer le voyage du pape et en arrêter les dates définitives. Les équipes d’organisation sont à pied d’œuvre depuis mai, a-t-il également précisé

    Premier pape en Birmanie

    Ces informations de Crux confirment ce qu’avançait l’agence argentine Telam jeudi 27 juillet. Le voyage devrait se tenir fin novembre, seule date encore libre dans son agenda public.

    François serait alors le deuxième pape à se rendre au Bangladesh, après Jean-Paul II en 1986. Quant à la Birmanie, aucun pape ne s’y est jamais rendu. De fait, si le pape avait exprimé à plusieurs reprises sa volonté de se rendre au Bangladesh, le voyage en Birmanie constitue une surprise.

    Aung San Suu Kyi

    Le 4 mai, le Saint-Siège et la Birmanie avaient annoncé l’établissement de relations diplomatiques entre leurs deux pays à l’occasion de la visite au Vatican de la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi.

    La petite Église catholique birmane représente 800 000 fidèles, soit 6,2 % de la population. Au cours des derniers mois, le pape François a également montré une attention soutenue pour les Rohingyas, musulmans persécutés par le pouvoir bouddhiste birman.

    Au Bangladesh, les catholiques sont ultra-minoritaires, puisqu’ils représentent 0,24 % de la population : 375 000 baptisés pour 159 millions d’habitants, selon les statistiques établies par le Saint-Siège en 2015. Le pays compte moins de 400 prêtres.

    > À lire aussi. Le Saint-Siège et la Birmanie établissent des relations diplomatiques

    Ces projets de voyages viennent compléter le programme de déplacements du pape. Il se rendra du 6 au 11 septembre en Colombie, puis du 15 au 21 janvier 2018 au Chili et au Pérou. Il est également probable qu’il participe à la rencontre mondiale des familles, organisées à Dublin entre le 22 et le 26 août 2018.

    Loup Besmond de Senneville ».

    Ref. Le pape en Birmanie et au Bangladesh fin novembre

    JPSC

  • Une réponse chrétienne au terrorisme ?

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    Une émission présentée par Laurent Verpoorten sur RCF :

    Y a-t-il une réponse chrétienne au terrorisme ?

    Suite de la rediffusion de l'émission Perspectives dans laquelle Laurent Verpoorten vous proposait la lecture de "Rien que l'amour - Repères pour le martyr qui vient". Un ouvrage du philosophe catholique français Martin Steffens, publié aux Editions Salvator et qui a été récompensé du prix français de littérature religieuse en 2016. 

     
  • Des avertissements concernant la surpopulation et l’implosion de la population

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    De Susan Yoshihara sur le site C-Fam :

    La Journée mondiale de la population (World Population Day) a apporté des avertissements concernant la surpopulation et l’implosion de la population

    NEW YORK, le 14 juillet (C-Fam) Au cours de la célébration de la Journée mondiale de la population cette semaine, les promoteurs de la planification familiale mondiale ont identifié des point critiques tels que les urgences humanitaires et le ralentissement financier mondial pour justifier davantage le financement visant à limiter la population mondiale. Pendant ce temps, leurs critiques ont discrédité les programmes concernant la population et sensibilisé au déclin rapide de la population et à la crise concernant le vieillissement mondial.

    Le principal argument que les promoteurs de la planification familiale utilisaient pour obtenir plus de financement était la théorie d’un «dividende démographique», selon lequel moins d’enfants entraînerait plus d’épargne, d’enseignement supérieur et une meilleure santé par enfant et aussi plus de temps pour les femmes leur premettant de s’engager dans un travail extérieur à la maison . Comme par le passé, les défenseurs ont mis en avant les “Tigres” asiatiques des années 1960 et 1990 comme preuve que la théorie fonctionne. La référence a eu l’effet alternatif de souligner le fait qu’il n’y a pas d’autres exemples marquants que les Tigres. Les pays d’Amérique latine et du Moyen-Orient, qui ont adopté des politiques similaires, n’ont pas eu le même essor de leur croissance économique. En Europe, l’industrialisation n’avait pas pour résultat des familles plus petites, mais c’est plutôt le contraire qui était vrai.

    Cette semaine, les gouvernements des mêmes pays asiatiques ont publié de nouveaux chiffres montrant les effets économiques négatifs à long terme des programmes de planification familiale.

    La Banque de Corée a prévenu que les tendances démographiques pourraient conduire l’économie du pays à générer une croissance proche de zéro en dix ans. La population japonaise a chuté plus rapidement l’année dernière que dans n’importe quelle période depuis le début du sondage gouvernemental en 1968. La semaine dernière, Tokyo a déclaré que, malgré les mesures visant à lutter contre le vieillissement de la population et la perte de pouvoir économique, la population japonaise s’est réduite de 308 084 personnes en 2016, sa huitième année de déclin consécutive. Les jeunes japonais s’abstiennent de relations dans ce que l’on appelle une  sorte d’«épidémie de virginité». La population chinoise vieillit plus rapidement que n’importe où et le nombre de personnes à charge sur chaque travailleur devrait atteindre 44% d’ici 2050.

    Le rapport biennal de la Division population des Nations Unies, publié juste avant la Journée mondiale de la population, a déclaré que la fécondité diminue globalement et que la moitié des pays du monde ont des taux de fécondité inférieurs au niveau de remplacement d’un peu plus de deux enfants par femme. Le nombre de personnes âgées de quatre-vingts ans ou plus devrait tripler d’ici 2050, et la population européenne devrait diminuer de 25 millions à ce moment-là.

    En raison du déclin rapide de la population en Occident, le rapport a qualifié les taux de fécondité africains d’élevés, bien que la fécondité totale soit tombée de 5,1 naissances par femme en 2000-2005 à 4,7 en 2010-2015. Les avocats de ce sujet sur la population ont utilisé le rapport comme preuve d’une crise en Inde et en Afrique, et en particulier au Nigeria, qui selon le rapport projeté dépasserait les États-Unis en tant que troisième nation la plus peuplée d’ici 2050.

    Le Fonds des Nations Unies pour la population et la Fondation Bill et Melinda Gates ont demandé au gouvernement nigérian de déclarer l’état d’urgence en raison de sa forte population prévisionnelle. Les groupes se sont réunis cette semaine avec des défenseurs de la planification familiale à Londres pour recueillir davantage de fonds publics destinés à la planification familiale africaine.

    Joachin Ulasi, directeur de la Commission nationale pour la population du Nigéria à Anambra, a repoussé cela, affirmant que, avec 180 millions de dollars, le Nigeria n’est pas trop peuplé. “Nous avons la chance d’être dans la moyenne (middle-heavy)”, a déclaré Ulasi. “Si vous allez en Grande-Bretagne, vous remarquerez qu’ils ont une population très “pesante” (“heavy”), ce qui signifie qu’ils ont plus de personnes âgées. Au Nigéria, nous avons plus de jeunes qui sont productifs et qui montrent que notre population est de qualité et si nous gérons bien notre population, le Nigéria pourra produire ce dont elle a besoin en tant que nation “.

  • Pourquoi la Belgique affiche-t-elle aujourd'hui un des plus faibles taux de natalité du monde ?

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    De Paul Vaute sur son blog "Le Passé belge", un sujet très actuel :

    Toujours moins de berceaux, pourquoi ?

    Avec onze ou douze berceaux par an pour 1000 habitants, la Belgique affiche aujourd'hui un des plus faibles taux de natalité du monde. Au XIXè siècle, il était trois fois plus élevé qu'en ce début du XXIè, évoluant entre 30 et 35 ‰. La chute libre a commencé au début du XXè siècle et n'a été, depuis, interrompue durablement que pendant les vingt années de rebond qui suivirent la Seconde Guerre mondiale (autour de 17 ‰). La récupération intervenue après 1918 avait été quant à elle beaucoup plus éphémère et la reprise enregistrée après les années 1980 fut trop légère. Comment expliquer ce déficit qui frappe, à des degrés divers, tous les pays du monde occidental ?

    Il n'est pas douteux que les causes économiques, fréquemment invoquées, jouent ici un grand rôle. Mais elles interagissent avec beaucoup d'autres et n'opèrent pas toujours en conformité avec les prédictions. C'est ce qui ressort de l'éclairage sur la longue durée – de la fin de l'Ancien Régime à nos jours – que jettent Thierry Eggerickx, Sandra Brée et Mélanie Bourguignon, du centre de recherche en démographie de l'Université catholique de Louvain, après avoir confronté les modèles théoriques et les monographies réalisées particulièrement en région wallonne [1].

    Au XVIIIè siècle et encore pendant une bonne partie du XIXè s'impose la vision d'une population connaissant, autour de taux constants sur le long terme, des fluctuations liées aux revenus, eux-mêmes dépendant de la production et des prix agricoles. Quand les conditions deviennent plus difficiles, voire dramatiques (épidémies), les mariages tardifs et les célibats se font plus nombreux: ce sont les freins démographiques classiques. On ne peut cependant s'en tenir à cette simple équation malthusienne entre ressources et habitants, car d'autres formes d'adaptation ont fait leur chemin. Outre les migrations, les développements de la culture de la pomme de terre, de l'artisanat et des activités (proto-)industrielles, parmi d'autres innovations, s'imposent comme autant de réponses favorables, contrairement aux précédentes, à la natalité. Les situations varient toutefois grandement, même à l'intérieur d'une province, les marchés locaux étant alors très cloisonnés.

    Contrairement à une idée reçue, la transition démographique, marquée par la baisse des chiffres de natalité comme de mortalité, n'est pas liée à la première révolution industrielle. Entre 1840 et 1870, alors que la condition ouvrière ne fait pas mentir les sombres tableaux qu'en brossent Emile Zola ou Camille Lemonnier, la fécondité wallonne est en hausse. C'est qu'autour des usines, le mariage n'est plus subordonné à la possession d'une terre et se fait dès lors plus précoce. L'enfant, en outre, est bien plus qu'une "bouche à nourrir": comme dans le monde rural, il travaille dès le plus jeune âge et c'est lui qui subvient aux besoins de ses parents quand la vieillesse les rend moins actifs ou inactifs. En 1866 encore, on compte en moyenne 5,3 enfants par femme dans la grande majorité des cités industrielles wallonnes et bruxelloises, soit bien davantage que dans les villes moyennes comme Namur ou Tournai (3,7) et que dans les campagnes (4,2). La très paysanne Entre-Sambre-et-Meuse a même connu un refluement décisif des cigognes dès les années 1820-1830, prenant ainsi un demi-siècle d'avance sur le reste de la Belgique romane. Les crises agricoles et alimentaires des années 1845-1856 (maladie de la pomme de terre, mauvaises récoltes de céréales, structure vulnérable...) viennent évidemment perturber la croissance. En 1850, dans de nombreuses communes brabançonnes, un habitant sur deux est recensé comme pauvre, selon leMémorial administratif de la Province. La période est marquée par des mouvements migratoires importants vers d'autres régions, voire vers les Etats-Unis. On se marie moins et on procrée moins aussi.

    Le dernier quart du XIXè siècle connaît également une crise économique à incidences démographiques mais qui, cette fois, ouvre sur la grande transition. Une légère stabilisation, tout au plus, précédera la courbe descendante du XXè siècle. Le travail mené par le professeur Eggerickx sur le bassin de Charleroi, concordant avec celui de René Leboutte sur les bassins en aval de Liège, a permis d'y distinguer trois phases: la première, de 1850 à 1873, marquée par une amélioration relative et progressive du niveau de vie, avec les nouvelles habitudes de consommation qui y sont liées et une fécondité élevée; la deuxième, de 1873 à 1886, pendant laquelle la détérioration socioéconomique se traduit par une tendance à l'espacement ou à l'arrêt des naissances; la troisième, à partir de 1886, qui apparaît comme "une phase de légitimation et de généralisation des attitudes contraceptives, sous l'impact de la limitation du travail des femmes et des enfants, du développement de l'instruction, de la sécularisation de la société, de la baisse de la mortalité infantile et de la propagande néomalthusienne".

    Le tournant est pris et on y voit d'emblée mis en avant des facteurs qui ne sont pas que matériels: ils sont aussi (tout autant ou plus ?) idéologiques, culturels, mentaux... Il est remarquable à cet égard que dès l'extrême fin du XIXè siècle, le sociologue belge Hector Denis, dans Le mouvement de la population et ses conditions économiques (1899-1900), avait formulé une ébauche de théorie explicative invoquant notamment "les progrès de l'individuation" qui "ont contrarié la multiplication de l'espèce". Et de constater que "lorsque le salaire réel a reçu une amélioration suffisamment prolongée pour fixer "l'habitude" d'un mieux-être appréciable, la représentation de la perte, pour soi et pour sa descendance, de l'avantage acquis éveille des sentiments d'égoïsme ou d'altruisme familial qui retardent les unions et contrarient la reproduction de l'espèce". Le langage est daté mais cette approche de la progression du contrôle des naissances comme moyen de préserver l'acquis compromis par la crise est apparue pertinente à un René Leboutte pour comprendre la baisse de la fécondité dans les bassins wallons. Les lois qui limitent le travail des plus jeunes dans les mines et les usines n'ont pu que renforcer le courant. L'enfant "source de richesse" s'estompe sous l'effet des sirènes de la consommation en même temps que l'enfant "don de Dieu" est emporté par le flot de la déchristianisation. Entre 1920 et 1940, chez nous comme dans nombre d'autres pays européens, on tombe sous le plancher des 2 enfants par femme, donc sous le minimum minimorum du renouvellement des générations.

    Mais après ? Autant la relance de la natalité qui suit la Seconde Guerre mondiale peut s'expliquer par la hausse du niveau de vie, autant le grand basculement qui fait passer du baby-boom au baby-bust ne le peut pas. En Belgique comme dans l'ensemble du monde développé, le revirement survient au milieu des années '60, alors que le taux d'emploi et le pouvoir d'achat ne se réduisent pas, bien au contraire. On se trouve toujours au cœur des Trente Glorieuses chères à Jean Fourastié. Débordement du goût pris au confort, qui incite à avoir moins d'enfants pour répondre à des exigences accrues en matière de santé, d'affectivité, de formation, de loisirs… ? Crainte malthusienne devant la perspective d'un marché du travail "saturé" par l'arrivée du grand nombre des enfants nés après 1945, alors que les femmes y sont elles aussi entrées massivement ? Sans doute mais il faut également, soulignent les chercheurs néolouvanistes, compter avec "les mutations qui ont touché la famille traditionnelle – augmentation de la cohabitation hors mariage, du célibat définitif, de la divortialité, des familles monoparentales…" Quand la stabilité et la durabilité du couple est sujette à caution, la femme opte bien souvent pour une attitude attentiste face à la maternité. Et pour obvier à celle-ci, la société moderne regorge de moyens…

    Avec le passage sous les 2 enfants par femme en 1973 et jusqu'à 1,5 en 1980, la Belgique arrive au point où seul le support migratoire empêchera ou retardera l'extinction progressive. Mais en région wallonne, le signal d'alarme d'Alfred Sauvy, non évoqué dans la présente étude, a retenti bien auparavant, dès 1962. Le rapport du spécialiste français sur Le problème de l'économie et de la population en Wallonie a suscité la création du Centre d'étude de la population et de la famille, composé de démographes de toutes les universités belges francophones. Vingt ans plus tard, en 1983, ceux-ci constateront sans fard que nous sommes toujours plus engagés sur la voie de la dépopulation, liée à "l'apparition, dans les nouvelles générations, d'un nouveau système de normes et de valeurs régissant la vie familiale", système "nettement orienté vers l'individualisme, l'épanouissement personnel[2]. Il n'est pas certain qu'aujourd'hui, un groupe pluraliste d'experts pourrait parvenir à un constat moral aussi explicite.

    Ces dernières années, après une embellie de courte durée, la fécondité est repartie à la baisse en 2010, sans qu'on puisse dire, faute de recul, si la crise économique a influé sur ce qui demeure, de toute manière, une tendance globale au déclin. "Aujourd'hui, la maternité n'est plus un destin, mais un projet", titrait en couverture un grand hebdomadaire féminin au début des années '80. Un projet qui subit bien des révisions à la baisse, quand il ne reste pas lettre morte. 

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    [1] "Transition de fécondité et évolutions économiques du 18è au 21è siècle. Le cas de la Wallonie", dans Revue belge d'histoire contemporaine, XLVI, 3/4, Bruxelles, 2016, pp. 46-74,https://www.journalbelgianhistory.be/en/system/files/article_summary/005_Bree_Eggerickx_Bourguignon_2016_3_4.pdf (en libre accès).

    [2] La Libre Belgique, 22-23 janv. 1983.

  • Le discours "culturellement incorrect" de l'archevêque de Rouen prononcé lors de l'inauguration de la "stèle républicaine" érigée en mémoire du Père Hamel

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    Inauguration de la stèle républicaine : Discours de Monseigneur Lebrun, archevêque de Rouen (source)

    Monseigneur Dominique Lebrun, archevêque de Rouen a prononcé un discours pour l’inauguration de la stèle républicaine pour la paix et la fraternité et à la mémoire du Père Jacques Hamel – Saint-Etienne du Rouvray.

    Monsieur le Président de la République,

    Monsieur le Premier ministre,

    Monsieur le Ministre d’État, ministre de l’intérieur,

    Monsieur le Ministre,

    Monsieur le Président du Conseil constitutionnel,

    Mesdames et messieurs les parlementaires,

    Madame la ministre,

    M. le député et M. le Maire,

    Mesdames et messieurs les hautes autorités civiles, judiciaires et militaires.

    Mesdames et messieurs les élus,

    Monsieur le directeur départemental de la sécurité publique,

    Mesdames et messieurs, habitants de Saint-Étienne-du-Rouvray,

    Croyants ou non, d’une confession religieuse ou d’une autre.

    Chère Roseline et chère Chantal,

    Chères sœurs,

    Chers amis,

    La communauté catholique a beaucoup apprécié le désir de M. le maire, d’ériger un monument à la mémoire du Père Jacques Hamel en écho aux souhaits de nombreux Stéphanais et Stéphanaises. Elle est très sensible à votre présence, M. le Président, pour l’inaugurer.

    Ce monument prend la forme d’une très belle « stèle républicaine pour la paix et la fraternité, à la mémoire du père Jacques Hamel ». C’est une étape importante. Permettez-moi de dire quelques mots de cette étape avant d’accueillir avec vous le message de cette stèle.

    La famille, les témoins de l’assassinat du Père Jacques Hamel, la communauté paroissiale et bien d’autres poursuivent ce que nous appelons trop communément un chemin de deuil. Au fil de l’année, j’ai vu une succession d’ombres et de lumières. L’ombre de la disparition et de la tristesse, la lumière d’une présence jamais aussi forte ; l’ombre des regrets, inquiétudes, peurs, la lumière de l’affection qui fait vivre ; l’ombre du souvenir tenace de la violence, la lumière des amitiés consolantes ; l’ombre des soupçons et des accusations, la lumière du pardon toujours recherché ; l’ombre d’interrogations demeurant sans réponse, la lumière de la foi.

    La vie personnelle comme la vie commune est jalonnée par ces passages, de l’ombre à la lumière. Il ne serait pas responsable de tenir pour acquise la lumière. Saint-Etienne-du-Rouvray, pas plus que Jérusalem, New York, Djarkarta, Kinshasa, Alger, Rio de Janeiro, la Libye ou Rouen ne peuvent se dire une ville sans ombres ni … lumières ! Il n’est pas plus responsable et, encore moins chrétien, de penser être dans la lumière, et de juger et condamner les autres aux ténèbres. Pire encore, de penser que nos cœurs sont habités par la seule lumière tandis que d’autres, les autres, seraient les acteurs de l’ombre. C’est vrai dans une famille, dans une communauté, dans un pays, dans le monde.

    Des attentats, hier, la profanation de tombe ou de lieux de culte, aujourd’hui encore, même accomplie par des adolescents, sont une ombre pour toute notre société. Notre société qui ne sait plus où elle va après la mort, et se croit libre de faire tout ce que chaque individu souhaiterait, y compris abréger sa vie ou l’empêcher de naître ; c’est une ombre pour notre société qui met de côté des ressources spirituelles en chargeant la loi d’établir la morale alors que celle-ci, la loi, ne peut qu’être qu’une aide et que la morale, elle vient du profond de notre humanité.

    L’aide au développement, le secours des migrants, l’appui aux États du Moyen Orient qui redonne espoir aux chrétiens de pouvoir rester chez eux, comme dans la plaine de Ninive, sont, parmi d’autres, des lumières pour toute notre société qui sait qu’elle ne peut pas vivre bien à côté de ceux qui vivent mal. C’est l’honneur de la France d’être engagée largement sur cette voie. Comment ne pas relier ce que nous vivons, aujourd’hui à l’entrée dans Mossoul hier du Patriarche chaldéen accompagné de trois évêques de France et d’un prélat français ?

    Dans une ville, comme dans une église, nos cœurs n’en finissent pas de passer du côté de l’amour. Permettez-moi, au nom même de Jacques Hamel, de lancer cet appel à ceux qui hésitent encore : quittez l’ombre de la haine, passons ensemble vers la lumière de l’amour ! Quittez l’ombre de la division et passons ensemble à la lumière de l’unité ! Quittez l’ombre des mensonges, des égoïsmes et des égos, passons ensemble à la lumière de la vérité et de la fraternité ! Quittez l’ombre de la guerre, passons ensemble à la lumière de la paix !

    La stèle que nous inaugurons porte des figures qui semblent être un peu dans l’ombre. Elles semblent chercher la lumière. Puissions-nous nous retrouver tous parmi ceux qui passent de l’ombre à la lumière, de l’ombre de la mort, à la lumière de la vie. Comme le Père Jacques Hamel, je le crois, est passé définitivement de la mort à la vie, à la vie éternellement bienheureuse.

    La stèle porte un défi, celui – nous l’avons entendu – de l’universel où la lumière ne peut rejoindre quelques-uns au détriment des autres. Tel est le sens d’une déclaration universelle des droits de l’homme. Ayons l’ambition de la fraternité universelle inscrite dans le premier article de la déclaration de 1948 : « Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité ».

    Les chrétiens ont une responsabilité immense. Pour eux, la fraternité n’est pas une option. Jésus a révélé le nom de « Père » comme le nom propre de Dieu. Qui sommes-nous alors, sinon des frères et des sœurs ? Pouvons-nous appeler Dieu « Père » sans regarder l’autre et tous les autres comme un frère, comme une sœur ? La famille humaine a brisé le lien fraternel lorsque Caïn tue son frère Abel, se séparant ainsi du grand projet divin. Jésus vient restaurer la fraternité, véritable dignité des êtres humains. Il l’a fait au prix de son sang qui crie plus fort que le sang d’Abel pour appeler à la fraternité. Le sang du Père Jacques Hamel est de la même composition que le sang de Jésus ; il crie avec tous les martyrs. Il appelle à la fraternité, sans exclusion, comme en témoigne le rassemblement de ce matin.

    Monsieur le Maire, Monsieur le député, M. le Président, chers amis non croyants ou croyants de diverses confessions, nous pouvons avancer ensemble, dans le respect de nos responsabilités, dans le respect de nos esprits et de nos âmes, si divers et si semblables, dans la fraternité !

    Le visage du Père Jacques Hamel, en bas de la stèle semble regarder vers l’article 18 de la déclaration universelle : « Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa conviction seule ou en commun, tant en public qu’en privé, par l’enseignement, les pratiques, le culte et l’accomplissement des rites) ».

    Ce regard du Père Jacques Hamel tourné vers l’article 18 de la déclaration universelle est-il un hasard ? Vous pouvez penser que je crois plus à la providence qu’au hasard ! Quoi qu’il en soit, c’est pour moi l’occasion de remercier tous ceux qui comprennent que la communauté catholique peut et veut participer à la vie commune, par ses membres et en tant que communauté. Elle n’a pas d’autre vocation, car elle croit que sa mission est sur terre comme au ciel, sur terre pour le ciel, où nous attend le Père Jacques Hamel. La communauté catholique est aujourd’hui fière de l’exemple donné par le Père Jacques Hamel, frère, oncle, citoyen et chrétien, prêtre catholique. Si l’un de ces aspects pouvait apparaître en premier selon les circonstances, il n’était jamais séparé des autres. L’hommage qui lui est rendu sur cette place et par ce monument en témoigne.

    Merci aux artistes Marie-Laure Bourgeois et Vincent Bécheau ; Merci de tout cœur M. le maire, – avec un « s » – pour votre geste, merci aussi pour votre amitié. Nous la devons au Père Jacques Hamel. Soyons-lui fidèles aussi en cela !

    Je vous remercie.

  • Changer la donne, à hauteur d'homme

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    Pour une société de bien commun (du blog de Denis Sureau "Chrétiens dans la Cité") :

    Le Courant pour une écologie humaine a été créé par trois catholiques, Gilles Hériard Dubreuil, Tugdual Derville et Pierre-Yves Gomez pour « mettre le bien de la personne humaine au cœur des orientations et des décisions de notre société », en s'appuyant« sur une proposition anthropologique et sur une vision de l’homme et de la société incluant une pacification des relations entre l’homme et la nature ». Il publie aujourd'hui un premier livre, La Société de Bien Commun : changer la donne, à hauteur d'homme, qui réunit 21 contributions sur des thèmes très différents : le transhumanisme, l'agriculture, la gestion publique de l'eau, l'urbanisme, l'interculturel, l'enfance menacée, les initiatives locales face au vieillissement, les soins palliatifs, le patronage, le financement participatif, le capitalisme d'entreprise, le métier de DRH, le service militaire adapté, la réforme de la justice, etc. On le voit, de nombreuses initiatives allant dans ce sens ne sont pas étrangères au souci de Chrétiens dans la Cité, même si ici l'inspiration n'est pas explicitement chrétienne. Une précision : ce livre peut être téléchargé gratuitement sur le site www.ecologiehumaine.eu où il est possible de faire part de ses réflexions et réactions.

  • Chine : la mauvaise stratégie du Vatican

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    Kerknet s'en fait l'écho mais nous n'avons trouvé, en français, que cet article paru ICI :

    Cardinal Joseph Zen, le Vatican soutient une « fausse » Église en Chine

    Par John-Henry Westen (SOURCE : Life Site News) :

    Le 14 juillet 2017 (LifeSiteNews) — Le Cardinal Joseph Zen, le premier Cardinal de Chine et un conseiller clé du Pape Benoît XVI en ce qui concerne les relations Sino-Vaticanaises, a dénoncé un nouvel accord du Vatican avec le gouvernement Communiste Chinois athée dans une interview avec le media Polonais Polonia Christiana. L'ancien Archevêque de Hong Kong a comparé la situation actuelle de l'Église en Chine avec les périodes de répression physique brutale au cours des années 1950 et 1960, affirmant que la situation est « pire » aujourd'hui.

    « Pourquoi ? Parce que l'Église a été affaiblie » a-t-il déclaré. « Je suis désolé de dire que le gouvernement n'a pas changé, mais le Saint-Siège adopte une mauvaise stratégie. Ils sont trop impatients de dialoguer, au point de vouloir dialoguer pour dire à tous de ne pas faire de bruit, d'accommoder, de faire des compromis, d'obéir au gouvernement. Maintenant, les choses périclitent bien bas ».

    Pour expliquer comment la situation intolérable a eu lieu, il suggère que le Pape François est naïf n'ayant connu que le Communisme en Amérique Latine qui n’est pas une forme totalitaire comme en Chine ou en Pologne. Ainsi, dit-il, les deux Papes Jean-Paul II et Benoît XVI ont compris la situation alors que le Pape François est confus.

    « À la surface » a-t-il déclaré sur le nouvel accord, il semble que « l'autorité du Pape est sûre parce qu'ils disent que le Pape a le dernier mot ».

    « Mais tout est faux. Ils donnent un pouvoir décisif au gouvernement ... comment l'initiative du choix des Évêques peut-elle être donnée à un gouvernement athée ? Incroyable. Incroyable ».


    En anglais. Durée : 29min 54 sec

    Le Cardinal de 85 ans, né à Shanghai, explique que, bien que le Pape François puisse croire que tout va bien avec l'accord parce que le gouvernement approuve « sur papier » les élections lors de la Conférence des Évêques et que le Pape ait le dernier mot. « Mais à la fois les élections et la Conférence des Évêques sont fausses » et le Pape ne peut pas toujours dire non aux Évêques suggérés.

    Zen dit qu'il n'y a pas de vraies élections en Chine. « Tout est réglé à l’avance ».

    « Je ne peux vraiment pas croire que le Saint-Siège ne sait pas qu'il n'y a pas de Conférence des Évêques ! Ce n’est qu'un nom. Ils n'ont jamais vraiment de discussion, ni de rencontres. Ils se rencontrent lorsqu'ils sont appelés par le gouvernement. Le gouvernement donne ses instructions. Ils obéissent. C'est du faux. »

    Le Cardinal Zen a rappelé que le Pape Benoît avait indiqué qu'il n'y avait pas de Conférence des Évêques légitime en Chine. Il y a des Évêques illégitimes dans cette Conférence et des Évêques clandestins légitimes qui n’y sont pas, a expliqué le Cardinal.

    Répondant à l'objection que certains peuvent suggérer que, historiquement, certains Rois ou Empereurs ont pu nommer des Évêques, le Cardinal Zen a déclaré : « Mais, au moins, ils étaient des Rois Chrétiens ou des Empereurs Chrétiens. Mais ceux-ci sont des Communistes athées. Ils veulent détruire l'Église ou, au moins s'ils ne peuvent pas la détruire, ils veulent affaiblir l'Église ».

  • Le recours à l’euthanasie s'imposera-t-il demain comme nouveau régulateur démographique ?

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    A L’HORIZON 2050, UNE POPULATION FRANÇAISE VIEILLISSANTE, UN ÉQUILIBRE PRÉCAIRE ENTRE LES GÉNÉRATIONS

    Gènéthique vous informe

    L’Insee vient de publier les résultats d’une enquête prospective qui évalue la population française à l’horizon 2050.

    Dans l’hypothèse de la continuité des tendances démographiques actuelles, la population française devrait croître pour atteindre les 74 millions d’habitant soit 8,2 millions de plus qu’en 2013. Mais selon l’Insee, « l’arrivée aux âges de forte mortalité de générations nombreuses du baby-boom »entraînerait une forte hausse des décès dans les années à venir, jusqu’à dépasser le nombre de naissances pour la plupart des régions, donnant lieu à un important vieillissement de la population. Le solde naturel ne serait plus positif en 2050 que dans quatre régions.

    La classe d’âge des séniors de plus de 65 ans sera celle, à l’échelle nationale, dont la croissance resterait la plus importante : de + 2,5% en moyenne annuelle entre 2013 et 2020 à +0,6% entre 2040 et 2050. La proportion des séniors atteindrait 27,2% soit 9,7% de plus qu’en 2013. Le nombre de personnes âgées de 75 ans ou plus représentera 16 ,4% de la population française en 2050 contre 9,0% en 2013…

    Un vieillissement qui s’explique d’abord par « une baisse du reste de la population » alors même que la croissance du nombre de séniors serait « parmi les plus faibles du pays ». En 2050, seule une personne sur deux compterait parmi les 20-64 ans : soit une diminution de 7,3% par rapport à 2013. Les moins de 20 ans, quant à eux représenteraient 22,3% de la population, soit 2,3 points de moins qu’en 2013. L’Insee précise : «  A l’échelle nationale, il s’établirait en 2050 à 122 personnes de 65 ans ou plus (« seniors ») pour 100 personnes de moins de 20 ans (« jeunes »). En 2013, ce ratio était de 71 séniors pour 100 jeunes ».

    Un scénario alarmant alors que le ministère des solidarités et de la santé vient de publier les chiffres concernant les résidents en établissements d’hébergement[1]. Ils montrent que les personnes accueillies en 2015 sont de plus en plus âgées et plus dépendantes qu’en 2011.

    Ainsi après avoir limé la natalité par l’avortement, il est à craindre que la voie de l’euthanasie ne soit utilisée comme nouveau régulateur démographique, pour rétablir l’équilibre des classes d’âges et limiter les charges financières liées à une population entrée pour moitié dans les troisième et quatrième âges, n’érode la durée de vie... Un calcul cynique et de mauvais aloi qui, sous prétexte de préserver la qualité de vie, ne serait que le constat de notre inhumanité croissante.

    [1] Cf. 728 000 résidents en établissements d’hébergement pour personnes âgées en 2015

  • Catholiques et orthodoxes n’ont pas réussi à trouver un accord sur le cardinal Stepinac

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    De Nicolas Senèze sur le site du journal La Croix :

    Catholiques et orthodoxes actent leur désaccord sur le cardinal croate Stepinac

    Catholiques et orthodoxes n’ont pas réussi à trouver un accord sur la figure controversée du cardinal Stepinac. Les désaccords demeurent surtout d’ordre politique et symbolique.

    Le cardinal est considéré comme un résistant par les catholiques croates, mais comme un homme violemment anti-serbe et antisémite pour les orthodoxes serbes.

    La Commission de dialogue entre catholiques et orthodoxes serbes mise en place pour discuter du rôle du cardinal Alojzije Stepinac pendant la Seconde Guerre mondiale a tenu sa dernière réunion, mercredi 12 et jeudi 13 juillet à Rome, un an après sa première rencontre.

    À LIRE : Réunion de la commission d’étude sur le rôle du cardinal Stepinac durant la seconde guerre mondiale

    Si ses membres reconnaissent que « leur travail a permis une meilleure compréhension de l’histoire des années entre la Première Guerre mondiale et 1960, année de la mort du cardinal Stepinac », la commission admet, dans un communiqué au ton néanmoins relativement positif, qu’elle n’a pas réussi à trouver un accord.

    « Les événements sont encore soumis à diverses interprétations »

    « Les événements, les interventions, les écrits, les silences et les positions sont encore soumis à diverses interprétations », reconnaît la commission pour qui « dans le cas du cardinal Stepinac, les interprétations données respectivement par les Croates catholiques et Serbes orthodoxes sont encore divergentes ».

    Le rôle de la commission était de permettre aux catholiques et aux orthodoxes d’étudier ensemble la figure controversée du cardinal croate, considéré comme un résistant aux outrances du régime oustachi par les catholiques croates mais comme un homme violemment anti-serbe et antisémite pour les orthodoxes serbes.

    À LIRE : Les orthodoxes serbes acceptent de discuter avec l’Église catholique du cas du cardinal Stepinac

    Arrêté en 1946 par les communistes, Mgr Stepinac fut jugé dans le cadre d’un vaste procès contre les responsables de l’État indépendant de Croatie. Reconnu coupable de haute trahison et crimes de guerre, il fut condamné à 16 ans de travaux forcés : pour les Croates, c’est surtout son refus de créer une « Église nationale serbo-croate » indépendante de Rome qui lui aurait valu ces persécutions.

    Libéré au bout de cinq ans et assigné à résidence, Mgr Stepinac a été créé cardinal en 1952 et il est mort en 1961 à Zagreb. Jean-Paul II l’a béatifié comme martyr en 1998, son procès en canonisation est en cours, un miracle à son intercession étant même en passe d’être reconnu par la Congrégation des causes des saints.

    À LIRE : La canonisation du cardinal croate Alojzije Stepinac en bonne voie d’après le cardinal Amato

    Dans le cadre du travail de la commission, le pape François avait autorisé les historiens serbes à accéder aux parties fermées des Archives secrètes du Vatican et de la Secrétairerie d’État.

    « Nous n’avons rien trouvé qui remette en cause le gros travail réalisé avant la béatification en 1998 », note un participant selon qui « cette cause est instrumentalisée dans un contexte qui n’a rien à voir avec le cardinal Stepinac ».

    Selon lui, « les événements sont l’objet d’interprétations contradictoires ». Ainsi, explique-t-il, l’intervention du cardinal Stepinac pour empêcher la déportation de 300 prêtres slovènes constitue, pour les catholiques, une preuve du sauvetage de prisonniers mais, est la démonstration, aux yeux des orthodoxes de son « rôle politique et son influence » sur les Allemands et le régime oustachi.

    La mémoire prend le pas sur l’histoire

    « Les façons de concevoir les choses sont trop différentes », regrette un historien pour qui la mémoire prend ici le pas sur l’histoire. « Les recherches ont même permis de mettre en évidence un certain nombre de faux documents utilisés lors du procès de 1946 », souligne-t-il, reconnaissant toutefois qu’il est difficile pour les orthodoxes d’aller au-delà de certaines positions.

    « Ils se défendent d’être liés au pouvoir mais, en réalité, ils doivent faire avec le poids de l’héritage communiste qui a créé un certain nombre de mythes qu’il leur est difficile de surmonter, explique-t-il. Le procès de 1946 contre Stepinac en fait partie car il s’agissait alors d’une revanche contre l’État oustachi. »

    L’ensemble du travail réalisé par la commission a été remis au pape qui décidera de l’opportunité de canoniser le cardinal Stepinac. « Le processus de canonisation du cardinal Stepinac est de la compétence exclusive du pape »,reconnaissent d’ailleurs les membres catholiques et orthodoxes de la commission. Ils rappellent que « chaque Église à ses propres critères pour procéder à une canonisation ».

    De bons rapports entre les évêques de chaque Église

    « Ce sera là une décision politique qui ne relève plus des historiens mais d’éléments que seul le pape a en main, en fonction des rapports avec l’Église catholique croate et avec l’Église orthodoxe serbe », note un historien.

    Il relève néanmoins plusieurs points positifs dans le travail de la commission et, notamment, « les très bons rapports entre évêques catholiques croates et serbes orthodoxes ».

    Ceux-ci ont d’ailleurs convenu, malgré les difficultés et les incompréhensions, de continuer à se rencontrer pour « partager la mémoire des martyrs et confesseurs des deux Églises » qui ont, toutes deux, « cruellement souffert de diverses persécutions ».

  • Des médecins néerlandais protestent contre l’euthanasie de patients déments dans leur pays

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    Lu sur le site d'Ouest-France :

    Pays-Bas. Des médecins s’opposent à l’euthanasie des patients déments

    Pour la première fois depuis 2002, des médecins néerlandais se sont unis pour protester contre la loi sur l’euthanasie dans leur pays. Cette dernière autorise à mettre fin aux jours d’un patient atteint de démence, s’il a signalé sa volonté de mourir dans une déclaration remplie avant de perdre sa lucidité. Certains professionnels refusent cependant de mettre fin aux jours des malades qui n’ont plus conscience de leur situation.

    Publiée dans deux grands journaux quotidiens néerlandais, une pétition s’insurge contre la possibilité de mettre fin aux jours des patients atteints de démence aux Pays-Bas. En une semaine, l’appel lancé par un groupe réunissant 34 médecins a recueilli plus de 350 signatures, dont celles de nombreux acteurs du secteur de la santé concernés par l’euthanasie.

    Tous s’associent à la position des professionnels à l’origine du mouvement : « Donner une injection mortelle à un patient atteint de démence avancée, sur la simple base d’une déclaration anticipée ? À quelqu’un qui n’est pas en mesure de confirmer qu’il veut mourir ? Non, nous nous y refusons. Notre réticence morale à mettre fin à la vie d’un être humain sans défense est trop grande. »

    La démarche simplifiée en 2015

    Comme le rappelle La Croix, la loi encadrant la pratique de l’euthanasie aux Pays-Bas depuis 2002 permet d’abréger les « souffrances insupportables et sans perspectives d’amélioration » des patients capables d’exprimer leur choix, mais aussi des malades inconscients ayant préalablement fait connaître leur volonté. Or, la démence entre dans la catégorie des souffrances psychiques que couvre le texte de loi.

    La démarche létale devait à l’origine être obligatoirement assortie d’une demande écrite par le patient avant que ne s’installe la maladie mentale. Le patient devait aussi être encore en mesure de confirmer son choix. Mais le processus d’euthanasie des personnes démentes a été simplifié en 2015. Le gouvernement hollandais a décidé que ces patients, même devenus incapables d’exprimer leur désir, pouvaient mourir tant qu’une demande préalable avait été déposée par les intéressés quand ils étaient lucides.

    En 2015, 109 Néerlandais atteints de démence ont ainsi été euthanasiés. Une situation qui révolte les signataires de la pétition. C’est la première fois qu’une partie du monde médical se mobilise pour limiter la portée de la loi sur l’euthanasie aux Pays-Bas. Les professionnels qui ont fait entendre leur voix espèrent désormais un débat national sur le sujet.

  • L'Italie crée un « observatoire sur les minorités religieuses dans le monde et le respect de la liberté religieuse »

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    De Gauthier Vaillant sur le site du journal La Croix :

    L’Italie se dote d’un observatoire de la liberté religieuse

    Le ministre italien des affaires étrangères, Angelino Alfano, a annoncé jeudi 13 juillet la création d’un « observatoire sur les minorités religieuses dans le monde et le respect de la liberté religieuse ».

    « La protection et la promotion de la liberté religieuse constituent l’une des priorités de la politique étrangère italienne, et de l’engagement de l’Italie en matière de droits de l’homme. » C’est sur ces mots que le ministre italien des affaires étrangères et de la coopération internationale, Angelino Alfano, a annoncé jeudi 13 juillet la création d’un « observatoire sur les minorités religieuses dans le monde et le respect de la liberté religieuse ». L’annonce a été faite, à Rome, en présence notamment de Mgr Paul Gallagher, secrétaire d’État du Saint-Siège pour les relations avec les États.

    « Défendre la liberté de chaque individu de pratiquer leur foi et protéger les droits des minorités et des communautés religieuses, sont des éléments essentiels à la promotion de sociétés inclusives et pacifiques », a affirmé le ministre italien, estimant que « la réalité actuelle exige des efforts supplémentaires ». Il a notamment cité l’exemple du Moyen-Orient, dénonçant « la sélectivité et la nature systématique de la violence contre les communautés minoritaires de croyants » qui y sont pratiquées.

    Angelo Alfano souhaite, entre autres, que cette nouvelle structure permette de promouvoir le rôle des religions dans la résolution des crises. « Trop souvent, le facteur religieux a été considéré comme une cause de conflit plutôt qu’un élément de la solution », a-t-il regretté.

    La présidence de l’observatoire a été confiée à Salvatore Martinez, figure du Renouveau charismatique italien, et consulteur pour le Saint-Siège auprès de plusieurs dicastères. Les autres membres sont Alessandro Monteduro, directeur de la branche italienne de l’Aide à l’Église en détresse (AED), ainsi que deux diplomates et un universitaire, spécialiste de la géopolitique.

    L’objectif doit maintenant être de « défendre les droits de l’homme de tous, quelles que soient la foi et l’origine », a réagi Mgr Gallagher après cette annonce. Le pluralisme religieux « n’est pas quelque chose qui doit être importé ou imposé, mais une réalité qui doit être reconnue », a-t-il insisté.

    Une initiative encore rare

    Plusieurs organismes surveillent déjà l’évolution de la liberté religieuse dans le monde, et publient régulièrement des rapports sur la question. C’est notamment le cas du think tank américain « Pew Research Center », de l’Aide à l’Église en Détresse, qui dispose de son propre observatoire, ou encore de l’ONG chrétienne « Porte Ouvertes ». Moins systématiquement, d’autres ONG comme Anmesty International ou Human Rights Watch ont déjà publié des rapports sur la liberté religieuse.

    En revanche, rare sont les États qui se sont à ce jour dotés d’un tel observatoire. Créée en 1998, la commission du Département d’État américain, l’Uscirf, fait figure de pionnière. Elle publie d’ailleurs chaque année un rapport très commenté.

    > LIRE AUSSI : La liberté religieuse recule dans le monde (RAPPORT DE L’USCIRF 2017)

    Au Canada, un Bureau de la liberté religieuse a vu le jour en janvier 2012, mais a cessé ses activités en avril 2016. Institué par un gouvernement conservateur, il avait été critiqué comme un relais du protestantisme évangélique.

    En France, l’observatoire Pharos, subventionné par le Quai d’Orsay mais indépendant, promeut depuis 2012 le pluralisme des cultures et des religions. Enfin, au niveau international, l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) dispose d’un Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme, qui publie chaque année un rapport sur les « crimes inspirés par la haine » dans ses pays membres.