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Religions - Page 27

  • Une rencontre se préparerait entre le pape et le patriarche de Moscou

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    De sur zenit.org :

    Russie : une rencontre entre le pape et le patriarche envisagée «cette année», annonce Moscou

    Interview du métropolite Hilarion

    C’est ce que le métropolite Hilarion a dit dans une interview à l’émission « Église et monde » de la chaîne russe Russie 24 le 27 mars 2022. Le texte intégral de l’interview a été publié sur le site du patriarcat de Moscou le 29 mars.

    Le métropolite russe a souligné que l’entretien du 16 mars dernier, en vidéo-conférence entre le pape François et le patriarche Kirill a été « très important » : « Pour les relations entre l’Église orthodoxe russe et l’Église catholique romaine, de telles négociations, de telles rencontres personnelles, bien que dans un format à distance, sont très importantes. Et le fait que le format à distance ait été choisi … est dû aux circonstances de l’époque actuelle et à l’urgence des négociations qui ont eu lieu. »

    « Comme les événements se déroulent très rapidement, a-t-il expliqué, il était nécessaire, sans attendre cette rencontre (la rencontre personnelle qui se prépare, ndlr), que les deux primats communiquent entre eux et discutent de ce qui se passe. »

    Le métropolite Hilarion a indiqué que c’est lui qui avait « en quelque sorte préparé ces négociations ». Elles étaient « consacrées au sujet de l’Ukraine, car le pape s’est prononcé à plusieurs reprises à ce sujet récemment, et le patriarche s’est prononcé à ce sujet, a noté le métropolite. Il était très important que les représentants des plus grandes Églises chrétiennes communiquent entre eux précisément à ce moment critique ».

    En ce qui concerne la consécration par le pape François de la Russie et de l’Ukraine au Cœur immaculé de Marie, vendredi dernier, 25 mars, le métropolite Hilarion a déclaré que « c’est un événement qui compte avant tout pour l’Église catholique, où il existe une tradition qui remonte à l’apparition de la Mère de Dieu à Fatima ». Il a rappelé que « de tels actes de consécration solennelle ont déjà été accomplis par d’anciens pontifes romains, notamment par le pape Jean-Paul II ». « Dans le contexte de la crise actuelle, du conflit en Ukraine, a-t-il poursuivi, de nombreuses conférences épiscopales de l’Église catholique ont lancé un appel au pape pour qu’il reprenne cet acte de consécration du monde entier, y compris la Russie et l’Ukraine, à la Vierge Marie. »

    Selon le métropolite, « quelque chose de similaire se produit dans l’Église orthodoxe, car il n’y a pas si longtemps, Sa Sainteté le patriarche Kirill s’est adressé à tout le troupeau de l’Église orthodoxe russe avec un appel à lire quotidiennement un canon de prière à la Très Sainte Mère de Dieu, en y ajoutant une prière pour le rétablissement de la paix en Ukraine, c’est-à-dire, selon le métropolite Hilarion, que les croyants catholiques à leur manière et les croyants orthodoxes à leur manière se tournent » vers Dieu.

    Lors de l’entretien du 16 mars, le communiqué du Vatican avait souligné à la fois les points de convergence et de divergence entre le patriarcat de Moscou et Rome sur la guerre en Ukraine. Le pape n’a pas hésité à condamner comme un « sacrilège » ce qu’il appelé « la monstruosité » de la guerre, sa « cruauté sauvage ». Jusqu’ici le patriarcat de Moscou a, pour sa part, trouvé des justifications à l’invasion de l’Ukraine par la Russie.

  • L'unité de l'Eglise catholique serait menacée

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    Du site d'Ouest France ( François VERCELLETTO) :

    28 mars 2022

    ENTRETIEN. Jean-Louis Schlegel : « L’unité de l’Église catholique est menacée »

    Le sociologue des religions, ancien directeur de la rédaction d’Esprit, Jean-Louis Schlegel analyse les raisons de la crise qui affecte une institution menacée, selon lui, « d’implosion », alors que le pape François fait l’objet de critiques virulentes de la part des courants traditionalistes. Entretien.

    Le catholicisme traverse une crise grave, quels en sont les symptômes ?

    En France et ailleurs en Europe, fût-ce à un degré moindre, on constate d’abord une baisse généralisée de la pratique religieuse. La pratique dominicale – en principe obligatoire ! – est aujourd’hui inférieure à 2 %. Tous les autres « signaux sacramentels » – baptêmes, confirmations, mariages –, mais aussi les inscriptions au catéchisme, les professions de foi, et même les enterrements religieux sont au rouge. Les vocations sacerdotales restent à l’étiage d’une centaine d’ordinations par an (pour 800 décédés ou partis), dont un quart issu de communautés « traditionnelles », comme la communauté Saint-Martin ou d’autres. Et il y a deux ans, une enquête de l’Ifop a montré que moins de 50 % des Français croyaient en Dieu.

    Mais ce tableau concerne les pays occidentaux. Il n’y a jamais eu autant de catholiques dans le monde…

    Oui, les statistiques publiées chaque année par le Vatican sont à la hausse, notamment pour le nombre de prêtres dans certaines régions du monde, comme l’Asie (l’Inde surtout) et l’Afrique. Mais dès que la modernité démocratique avec ses libertés et son individualisme consumériste s’impose, comme en Pologne ou en Croatie, les chiffres sont en baisse. Et si on y regarde de plus près, on voit de fortes disparités : les religieuses dites actives, par exemple, sont en net recul, en Afrique entre autres. Faut-il s’en étonner ?

    Cette tendance s’est-elle accélérée après les révélations sur les crimes sexuels ?

    Ce qui a fait vraiment vaciller l’Église, plus que tout le reste, c’est depuis trente ans la révélation des abus sexuels et spirituels « systémiques » de toutes sortes. Et nous ne sommes qu’au début des enquêtes sérieuses par pays. On n’a encore rien vu pour l’Italie ou pour l’Espagne, grands pays catholiques, peu pour la Pologne… Et qu’apprendront des enquêtes en Afrique, en Asie, en Amérique latine ? On peut s’attendre à des choses extrêmement attristantes.

    François, élu en mars 2013, avait soulevé beaucoup d’espoirs. Or, il est très violemment contesté…

    Oui, presque de suite, de la part de courants traditionalistes. Des attaques aussi contre sa personne, d’une ampleur et d’une violence inégalées. Peut-être plus que Jean-Paul II, Benoît XVI était le pape « selon leur cœur », et faire son deuil au profit d’un pape en rupture sur tout avec Benoît dépassait leurs capacités d’accueillir le nouveau. Il faut dire aussi que contrairement à Benoît, François a pris acte que les discussions pour les ramener dans le « giron » de l’Église du concile Vatican II ne servaient à rien. En revenant, l’été dernier, sur les facilitées accordées par son prédécesseur pour l’usage des rites anciens – la messe en latin pour simplifier –, François a mis fin à une fiction, et le feu aux poudres.

    Le différend dépasse la question du latin…

    Bien sûr. François est inquiet pour l’unité de l’Église. Il a constaté que la permission des rites anciens n’a pas servi à réconcilier, mais a au contraire renforcé la création d’une Église parallèle, traditionaliste, opposée au concile.

    Quels sont les principaux reproches des « tradis » vis-à-vis du pape ?

    Ils se présentent comme des fidèles exemplaires de la règle de foi et des exigences morales de « l’Église de toujours », contrairement aux conciliaires libéraux, qui, selon eux, « en prennent et en laissent ». Pour les « tradis », c’est la loi de Dieu et de l’Église qui « tient » les sociétés. Sinon, c’est l’anarchie. Ils se retrouvent donc sur la ligne de Jean Paul II, opposés à toutes les législations qui « permettent » (la pilule, l’IVG, le divorce, la PMA, la recherche sur les embryons…). Ne parlons pas du mariage gay !

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  • Écoutez cette soliste chanter un « Kyrie » ukrainien du XVe siècle

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    Publié sur le site web « aleteia » par J-P Mauro :

    Enregistré il y a quelques jours par deux jeunes chrétiens orthodoxes de Lettonie, ce “Kyrie” ukrainien date du XVe siècle. Écoutez cette prière qui élève les âmes, en ces temps de détresse et de guerre.

    Dans une vidéo postée sur Facebook, la soliste Aleksandra Špicberga interprète avec un ami une magnifique version ukrainienne d’un “Kyrie eleison” datant du XVe siècle. Une façon de rendre hommage à tout un peuple qui souffre et de prier pour lui.

  • Pourquoi des évêques anglicans deviennent-ils catholiques ?

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    De Peter Jesserer Smith sur le National Catholic Register :

    Pourquoi des évêques anglicans deviennent-ils catholiques ?

    En l'espace d'un an, quatre évêques de l'Église d'Angleterre sont devenus catholiques - une décision qui s'enracine à la fois dans la vie de disciple de Jésus-Christ et dans la prise de conscience que l'unité corporative entre le catholicisme et l'anglicanisme devenait impossible.

    17 mars 2022

    LONDRES - Il y a six mois, Jonathan Goodall a abandonné son ministère d'évêque anglican d'Ebbsfleet, en Angleterre, pour entrer dans l'Église catholique. 

    Samedi dernier, le désormais Père Goodall a été ordonné prêtre catholique dans la cathédrale de Westminster par le cardinal Vincent Nichols - l'aboutissement d'un voyage du protestantisme à l'Église catholique entrepris récemment par un certain nombre d'anciens évêques anglicans.

    "C'est un sacré voyage", a déclaré le cardinal Nichols dans son homélie sur le chemin du père Goodall vers la prêtrise. "Pourtant, je sais qu'il est animé par une seule quête, le désir de cette seule chose nécessaire : vivre en conformité avec la volonté de Dieu."

    La prochaine étape du parcours du père Goodall sera de devenir curé de la paroisse de St William of York à Londres, qui fait partie de l'archidiocèse de Westminster. Dans son homélie, le cardinal Nichols a clairement exprimé la position de l'Église, à savoir que le service du père Goodall en tant qu'évêque anglican a véritablement engendré la grâce de Dieu chez d'autres personnes et qu'il est "désormais intégré à la plénitude du sacerdoce tel qu'il est compris et vécu dans l'Église catholique".

    En un peu plus d'un an, quatre anciens évêques de l'Église d'Angleterre sont entrés en pleine communion avec l'Église catholique, soit par l'intermédiaire du diocèse catholique romain ordinaire, soit par l'intermédiaire de l'Ordinariat de Notre-Dame de Walsingham, un diocèse catholique de tradition anglicane pour le Royaume-Uni établi en vertu de la constitution apostolique Anglicanorum Coetibus de 2009 du pape Benoît XVI. 

    Outre Mgr Goodall, trois évêques retraités de l'Église d'Angleterre sont entrés en pleine communion avec l'Église catholique en 2021 : le père Michael Nazir-Ali, ancien évêque de Rochester, Peter Foster, ancien évêque de Chester, et John Goddard, ancien évêque de Burnley. Le père Nazir-Ali, qui a failli être choisi comme archevêque de Canterbury, a été ordonné prêtre catholique le 30 octobre par le cardinal Nichols à Londres pour l'ordinariat. Le père Goddard doit être ordonné prêtre catholique pour l'archidiocèse de Liverpool le 2 avril, tandis que le père Foster n'a pas indiqué s'il voulait rester laïc ou poursuivre la prêtrise. 

    Disciples fidèles

    Alors que les évêques anglicans auront des raisons variées de devenir catholiques, le père Nazir-Ali a expliqué que la question centrale derrière ces décisions est "comment rester un disciple fidèle". 

    "J'ai besoin - et je pense que la plupart des chrétiens auraient besoin - d'une certaine clarté sur la façon d'être un disciple dans le monde d'aujourd'hui qui change rapidement", a déclaré le père Nazir-Ali au Register à propos de sa décision de rejoindre l'Église catholique.

    Le père Nazir-Ali a déclaré qu'il faisait partie des dialogues ARCIC (Commission internationale anglicane-catholique romaine) entre la Communion anglicane et l'Église catholique. À l'origine, ces dialogues étaient censés répondre à un "mandat explicite" du pape Saint-Paul VI et de l'archevêque de Canterbury de l'époque, Michael Ramsey, visant à trouver une voie pour le rétablissement de la pleine communion sacramentelle entre les Églises - une perspective qui, selon le père Nazir-Ali, "semble maintenant, humainement parlant, impossible".

    "C'est, bien sûr, l'une des raisons pour lesquelles les gens abandonnent maintenant cette idée d'unité par étapes", a-t-il dit.

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  • France : un rapport parlementaire relève la « gravité croissante » des actes antireligieux

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    De Bérengère Dommaigné  sur aleteia.org :

    Un rapport parlementaire relève la « gravité croissante » des actes antireligieux en France

    17/03/22

    Deux députés ont remis jeudi 17 mars au Premier ministre un rapport sur les actes antireligieux en France. Ils y relèvent une "gravité croissante" des actes antireligieux et soulignent que les chiffres sont probablement sous-estimés. Ils formulent également onze propositions.

    La député des Hauts-de-Seine, Isabelle Florennes (MoDem) et le député de Moselle, Ludovic Mendes (LREM) ont été chargés début décembre par le Premier ministre de rédiger un rapport sur les violences religieuses en France. Pour cela, ils ont réalisé une trentaine d’auditions (représentants du culte, gendarmerie, police, justice, renseignements territoriaux, chercheurs…) et quatre déplacements auprès de communautés à Strasbourg, Sarcelles, Lyon et Nantes. Ils remettaient ce jeudi 17 mars leurs conclusions et leurs propositions, et elles ne sont pas très rassurantes. Ces dernières années en France, les faits de violences religieuses augmentent en gravité.

    1.659 actes antireligieux dont 857 antichrétiens 

    Selon les chiffres publiés en début d’année par le ministère de l’intérieur, en 2021, ce sont 1.659 actes antireligieux qui ont été recensés : 857 faits antichrétiens (52%) dont 92% concernent les atteintes aux biens, 589 faits antisémites (36%) dont 52% d’atteintes aux personnes et 213 faits antimusulmans (23% d’attaques aux personnes). Les deux députés déplorent des chiffres “très certainement” sous-estimés à cause du dispositif de collecte de l’information et conviennent d' »une montée de la violence dans la société », et « une gravité constante des faits ».

    Si les chiffres sous-estimés, c’est qu’ il est difficile de qualifier et de quantifier ces violences. D’une part, parce que la France ne dispose pas de statistiques ethniques ou religieuses, on ne peut donc mesurer l’impact ou l’ampleur des violences d’une religion à l’autre, par rapport à sa population concernée. D’autre part, parce qu’il est compliqué d’établir des distinctions statistiques entre par exemple un acte de vandalisme dans une église, ou une réelle profanation, ou encore entre une agression raciste et un acte antisémite ou antimusulman. 

    Quoi qu’il en soit, les faits oscillent entre 1.500 et 2.000 par an depuis 2015, et ils sont de plus en plus graves, en passant de l’atteinte aux biens à l’atteinte aux personnes, dans l’espace public puis dans l’espace privé. Les « actes anticatholiques semblent aujourd’hui suivre le même chemin, avec une augmentation des atteintes aux personnes dans la sphère publique », indique le rapport. Des chiffres en augmentation qui se retrouvent aussi dans les autres pays européens. Les auteurs voient dans ces données « une des déclinaisons d’un état général de crispation de la société ».

    Onze propositions

    Le rapport des deux parlementaires fait onze propositions. La première est de permettre un accès à des chiffres plus fiables, avec une « communication plus complète sur les chiffres et les dispositifs mis en œuvre (…), idéalement interministérielle ». Les rapporteurs préconisent par ailleurs de doubler en cinq ans le « programme K », ligne budgétaire du comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation (CIPDR), qui permet de financer à hauteur de 80% des mesures de sécurisation de lieux de culte ou autres sites à caractère confessionnel. En 2021, les cinq millions d’euros de ce programme ont été intégralement dépensés, en permettant de sécuriser 104 lieux juifs, 54 sites chrétiens et 35 sites musulmans.

    Autres préconisations, l’information des victimes tout au long de la procédure, une meilleure application des qualifications pénales, et la répression sur les réseaux sociaux. Enfin, sur le plan culturel, le rapport plaide pour le soutien au dialogue interreligieux et pour l’enseignement du fait religieux à l’école. Pour le député Ludovic Mendes, il y a « un vrai besoin d’éducation aux religions », et il ne faut pas « refuser le débat des religions sous couvert de laïcité au sein de l’école ».

  • RDC : Nsango nini na bango?

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    Nsango nini na bango (Quelle nouvelle de ceux-là) ? Lu sur le site de La Libre Afrique:

    Le président Félix Tshisekedi opéré du cœur à Bruxelles

    tshisekedi images (6).jpg« Le président congolais Félix Tshisekedi est invisible depuis son atterrissage lundi 7 mars à Bruxelles. Seule certitude, le voyage n’était pas programmé. A l’origine, le président devait être à Kinshasa pour accueillir la délégation royale belge qui aurait dû, sans un enième report de la visite dû cette fois à la situation en Ukraine, débarquer dans la capitale congolaise le dimanche 6 mars en soirée.

    Le voyage semblait précipité. L’aéroport avait été prévenu sur le coup de 16 heures pour un départ dans les deux heures.

    « La situation est gérée », nous dit un des proches de la présidence à Kinshasa qui confirme l’opération « à coeur ouvert qui s’est bien passée ».  Et qui nous confirme que le président de la République « a quitté le pays dans un état critique dimanche » .

    Les problèmes cardiaques de Félix Tshisekedi avaient été diagnostiqués bien avant la campagne électorale de 2018. Une intervention avait été conseillée mais les médecins ne pouvaient pas garantir sa réussite ce qui avait poussé celui qui était alors un opposant à repousser cette opération sans doute devenue inévitable cette fois.

    « Le silence ne pourra plus être maintenu très longtemps, mais ce sont des opérations délicates et même si tous les voyants sont au vert, il faut attendre le go des médecins pour communiquer, ajoute la source kinoise, qui poursuit : « le président devra rester quelques jours à l’hôpital et devrait mettre ensuite le cap sur Dubaï pour une semaine de repos complet. En tout cas, c’est le scénario qui prévaut actuellement. »

    RDC : Félix Tshisekedi opéré du coeur à Bruxelles

    **

    Olive Lembe, l’épouse de l’ancien chef de l’État Joseph Kabila, lorgne-t-elle la présidence  ?

    « Décidément, elle prend de plus en plus la lumière, s’amuse, volontiers persifleur, un ancien opposant au clan Kabila, devenu ministre dans l’actuel gouvernement congolais.

    Il faut être attentif aux gesticulations de la Kabilie, prévient un autre éternel opposant à l’ancien chef de l’État. Il faut s’attendre à ce que cette famille mette en avant une carte généralement acceptable dans la perspective de la prochaine présidentielle. Olive Lembe-Kabila coche pas mal de cases pour l’ancienne majorité. Premièrement, c’est la femme de l’autorité morale incontestée du PPRD et de sa plateforme politique le FCC. Ensuite, elle a une image assez positive dans la population. Elle est simple, va facilement vers les gens et n’a jamais été impliquée dans des affaires trop louches. Enfin, même dans les rangs des autres opposants, elle est plutôt acceptable, compatible, si je puis dire”, poursuit notre opposant qui siège à l’Assemblée nationale.

    Visite catholique

    L’ancienne Première dame a marqué les esprits en apparaissant le 7 février dernier au côté du cardinal Ambongo dans la ferme familiale de Kingakati, non loin de Kinshasa.

    Une visite largement mise en scène sur les réseaux sociaux congolais. On y entend le cardinal féliciter la dame et son mari pour le travail accompli. Une rencontre que certains jugeaient impensables en se remémorant les vives tensions qui étaient de mise entre l’institution catholique et le pouvoir d’un Joseph Kabila dont la fin prolongée du dernier mandat avait notamment débouché sur la répression mortelle de certaines manifestations de catholiques et même, sacrilège suprême et inconcevable, sur des scènes lors desquelles des militaires ont ouvert le feu sur des catholiques en plein cœur d’une église de Kinshasa le 31 décembre 2018.

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  • Un "reset" oecuménique s'impose

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    De George Weigel sur le Catholic World Report :

    Une réinitialisation œcuménique s'impose

    Depuis le début des années 1960, le Vatican s'est entiché de l'idée d'une entente bilatérale avec l'orthodoxie russe. Quelles que soient ses nobles intentions, cela a été une course de dupes.

    9 mars 2022 George Weigel The Dispatch 28Imprimer

    Au début des années 1990, j'ai rencontré Kirill, aujourd'hui patriarche de Moscou et de toute la Rus', alors que l'homme baptisé Vladimir Mikhailovich Gundyayev était le responsable œcuménique en chef de l'Église orthodoxe russe. L'occasion était un dîner organisé à la Bibliothèque du Congrès par le regretté James H. Billington, dont l'histoire de la culture russe, The Icon and the Axe, reste l'ouvrage classique sur le sujet.

    Le métropolite Kirill, comme on l'appelait à l'époque, m'a paru être un cosmopolite sophistiqué, qui n'était pas étranger aux choses les plus fines de la vie ; il n'avait rien de l'ascète ou du mystique dostoïevskien. Et s'il semblait moins être un homme d'église qu'un diplomate suave et mondain en costume ecclésiastique, on ne pouvait qu'être impressionné par le sang-froid avec lequel il jouait ce rôle. Une grande partie des discussions à table et des conversations qui ont suivi lors des repas postprandiaux ont porté sur la possibilité que la Russie devienne une démocratie fonctionnelle - une perspective pour laquelle, si ma mémoire est bonne, Kirill a fait preuve d'un scepticisme considérable, bien qu'urbain.

    Plus tard, en étudiant sa biographie, certains aspects de Kirill sont devenus plus évidents.

    En 1971, à l'âge de 25 ans, l'archimandrite Kirill a été envoyé par le patriarcat de Moscou en tant que représentant orthodoxe russe auprès du Conseil œcuménique des Églises à Genève. Dix ans plus tôt, le régime soviétique, qui menait alors une persécution draconienne ayant entraîné la fermeture de la moitié des églises orthodoxes du pays, avait "autorisé" l'Église orthodoxe russe à rejoindre le Conseil mondial. Les motivations du régime n'étaient toutefois guère œcuméniques. Les représentants orthodoxes russes au Conseil mondial étaient soigneusement sélectionnés par le KGB, les services secrets soviétiques ; leur tâche consistait à bloquer toute contestation des violations de la liberté religieuse par l'Union soviétique, tout en faisant du Conseil mondial un critique constant de l'Occident.

    Tout ceci est détaillé dans The Sword and the Shield : Les archives Mitrokhin et l'histoire secrète du KGB. Et à partir de cette ressource inestimable, il est impossible de ne pas conclure que Kirill était, à tout le moins, un atout du KGB ; il pourrait bien avoir été un agent du KGB comme un autre Vladimir, M. Poutine.

    La carrière ecclésiastique de Kirill a prospéré pendant les décennies Poutine et il serait devenu un homme riche - si ce n'est pas à l'échelle colossale de Poutine lui-même, au point qu'il a été photographié un jour, à son grand embarras, portant une montre Breguet de 30 000 dollars qu'il supposait cachée sous ses robes. (L'Église russe a lancé une fusillade de propagande suggérant que la photo avait été trafiquée, bien que ce qui semble avoir été une photo retouchée par la suite, déployée à la défense de Kirill, montrait maladroitement le reflet de la montre sur une table brillante).

    Quelle que soit sa situation financière, il est indiscutable que Kirill a été un fidèle serviteur de l'État russe depuis son élection comme patriarche en 2009. Et s'il a subi les foudres des cercles orthodoxes russes réactionnaires pour sa rencontre avec le pape François à La Havane en 2016, il devait savoir que, quelle que soit l'opposition interne à laquelle il était confronté de la part du clergé et des congrégations anti-roms, le Kremlin et son maître - sans le feu vert duquel la rencontre de La Havane n'aurait pas eu lieu - assuraient ses arrières.

    Il n'est donc pas surprenant que le patriarche Kirill ait tenté de couvrir l'agression brutale et non provoquée de Poutine contre l'Ukraine, qui, selon Kirill, fait depuis longtemps partie du Russkiy mir, le "monde russe". La guerre en Ukraine, a-t-il déclaré au quatrième jour de l'invasion russe de son voisin, a été causée par des "puissances extérieures obscures et hostiles", les "forces du mal" et "les attaques du malin".

    Le fait que Kirill agisse comme un instrument du pouvoir d'État russe n'a rien de nouveau. Il le fait depuis des décennies. Cependant, sa déclaration du 27 février a atteint un nouveau seuil, en invoquant délibérément l'imagerie chrétienne pour falsifier ce qui se passe en Ukraine. Le terme technique pour une telle utilisation délibérée et aberrante des choses de Dieu est le blasphème. L'agit-prop profane de Kirill a également porté atteinte à sa propre Église en Ukraine, dont le chef, le métropolite Onufry, a condamné l'invasion russe.

    Depuis le début des années 1960, le Vatican s'est entiché de l'idée d'une entente bilatérale avec l'orthodoxie russe. Quelles que soient ses nobles intentions, c'est une course de dupes et il est grand temps de procéder à une remise à zéro œcuménique. Si deux des organisations les plus vénales et les plus corrompues de la planète - le Comité international olympique et la FIFA, l'hégémonie du football mondial - peuvent rompre leurs relations avec la Russie en raison de son agression meurtrière, le Vatican peut certainement informer le patriarche Kirill que les contacts œcuméniques du Saint-Siège avec l'orthodoxie russe sont suspendus jusqu'à ce que Kirill condamne l'invasion de l'Ukraine, prouvant ainsi qu'il n'est pas une marionnette de Poutine.

  • Catholicisme et modernité : un essai optimiste discutable

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    Weigel 61EH2UvIw8L.jpgL’Américain George Weigel, auteur d’une biographie de référence de Jean-Paul II, vient de publier en français un essai important défendant une thèse quelque peu iconoclaste : catholicisme et modernité (*) ne s’opposeraient pas. Thèse certes discutable, mais qui mérite assurément d’être présentée ici, car elle ouvre la porte à un nécessaire débat de fond dans l’Église sur cette question essentielle. Le site web du mensuel la Nef qui publie cette analyse de Anne-Sophie Retailleau promet d’y revenir plus en détail dans un prochain numéro de la revue….

    « L’ironie du catholicisme moderne. Tel est le titre donné par le théologien américain George Weigel à son nouvel essai paru en 2019 aux États-Unis et traduit depuis lors en français. Le choix de ce titre, pour le moins original, prend le contrepied d’une historiographie fondée sur la thèse d’une opposition entre catholicisme et modernité, cette dernière étant perçue comme une menace pour l’existence même du catholicisme. De nombreux essais alarmistes ont entériné l’idée que la relation entre l’Église catholique et les penseurs de la modernité ne pouvait être envisagée que comme une « lutte à mort ». En résulterait le déclin inéluctable du catholicisme, condamné à la fatalité d’une inévitable victoire de la modernité.

    Weigel©DR.jpgRetraçant avec brio 250 ans de l’histoire de l’Église, confrontée à l’émergence de la pensée moderne, George Weigel entend réfuter cette historiographie traditionnelle qu’il estime erronée. Ainsi, entreprend-il une analyse originale des rapports entre catholicisme et modernité, et déroule le fil de l’histoire de l’Église dans son rapport avec ce nouveau défi des temps contemporains. Cette relation est d’abord marquée par un rejet originel des nouveaux principes de la modernité issus de la Révolution française. Progressivement, l’enchaînement aboutit à une lente maturation entraînant l’Église, sous l’impulsion de papes visionnaires, au dialogue avec le monde moderne. Cette longue histoire de maturation constitue pour l’auteur « le drame du catholicisme et de la modernité », compris comme le déroulement d’une action scénique divisée en cinq actes. Chacun de ces moments marque les étapes d’un apprivoisement de la modernité par l’Église. Non dans le but de s’y soumettre, mais au contraire de proposer une nouvelle voie de recherche de la vérité qui répondrait aux aspirations les plus nobles auxquelles le monde moderne aspire.

    De cette longue maturation, George Weigel propose une analyse à la fois thématique et chronologique, pour dérouler ce « drame du catholicisme et de la modernité », entendu comme une nouvelle scène du théâtre de la grande histoire des hommes. À rebours de l’histoire opposant systématiquement catholicisme et modernité, le théologien américain y voit une lente évolution, certes marquée par des moments de crise, mais qui a permis de redécouvrir les vérités profondes d’un catholicisme délié de toute compromission avec le pouvoir politique et essentiellement porté vers l’élan évangélisateur, recentré sur le Christ et les Écritures.

    Le tournant Léon XIII

    Pour George Weigel, donc, la vision d’une Église s’opposant farouchement à la modernité et ainsi marginalisée par ce courant dominant est fausse. Au contraire, le pontificat de Léon XIII marque un changement de cap en amorçant un dialogue avec la modernité. Pour cela, il s’appuie sur des bases solides et éprouvées, telles que saint Thomas d’Aquin, en mettant l’accent sur l’aspect sacramentel, christologique et contemplatif. Avec le développement de la doctrine sociale de l’Église, George Weigel perçoit également dans le pontificat de Léon XIII le point de départ des évolutions de l’Église vers un dialogue avec la modernité.

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  • Que penser du dialogue entre le Saint-Siège et El-Azhar ?

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    D'Annie Laurent (Petite Feuille Verte n°87) :

    Le Pape François et El-Azhar

    LE GRAND IMAM À ROME

    Le 23 mai 2016, le cheikh Ahmed El-Tayyeb, grand imam d’El-Azhar, s’est rendu à Rome pour sa première rencontre avec le pape François. Au programme de leur échange figuraient « l’engagement commun des autorités et des fidèles des grandes religions pour la paix dans le monde, le refus de la violence et du terrorisme, la situation des chrétiens dans le contexte des conflits et des tensions au Moyen-Orient, ainsi que leur protection » (L’Osservatore Romano, 23 mai 2016).

    A l’issue de l’entretien, El-Tayyeb a déclaré à la presse : « Aujourd’hui, nous effectuons cette visite pour poursuivre notre mission sacrée qui est la mission des religions : rendre l’être humain heureux où qu’il soit […]. Je crois que le moment est venu pour les représentants des religions monothéistes de participer de manière forte et concrète à donner à l’humanité une nouvelle orientation vers la miséricorde et la paix, afin d’éviter la grande crise dont nous souffrons à présent » (Proche-Orient chrétien, n° 66-2016, p. 388-389). Le Souverain Pontife semble avoir été impressionné par son visiteur. Quelques jours après, il confiait à un jésuite oriental au cours d’un entretien privé : « J’ai longuement discuté avec El-Tayyeb. Les musulmans veulent la paix ».

    Cette rencontre avait été longuement préparée par le Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux (CPDI), alors dirigé par le cardinal Jean-Louis Tauran (+ 2018) dont la position peut se résumer ainsi : « Toutes les religions ne se valent pas, mais tous les chercheurs de Dieu ont la même dignité » (cité par Jean-Baptiste Noé, François le diplomate, Salvator, 2019, p. 99).

    LE PAPE EN ÉGYPTE

    Les 28 et 29 avril 2017, François a effectué un voyage officiel au Caire. Sa visite s’est déroulée dans un contexte tendu en raison de la multiplication d’attentats contre les coptes et de l’influence croissante des idéologies islamistes dans la société. Il a prononcé un discours à El-Azhar où se tenaitune Conférence internationale pour la paix organisée par cette institution, avec la participation de dignitaires musulmans et chrétiens. Les mots islam, islamisme et djihadisme ne figuraient pas dans son texte dont l’essentiel portait sur le rappel du passé biblique du pays du Nil et sur l’éducation des jeunes générations (J.-B. Noé, op. cit., p. 118-123). Le pape a aussi déclaré : « Nous sommes tenus de dénoncer les violations de la dignité humaine et des droits humains, de porter à la lumière les tentatives de justifier toute forme de haine au nom de la religion, et de les condamner comme falsification idolâtre de Dieu : son nom est Saint, il est Dieu de paix, Dieu salam » (Proche-Orient chrétien, n° 67-2017, p. 359-401).

    Le Pape et El Tayyeb

    Dans une tribune publiée quelques jours avant, Mgr Michel Chafik, recteur de la Mission copte catholique de Paris, avait présenté l’enjeu de cette visite pontificale. Évoquant la position « ambiguë » d’El-Tayyeb, il y écrivait : « S’il témoigne, dans ses propos, d’un islam éclairé, ses décisions contredisent trop souvent ses prises de position. Il parle de paix et de liberté religieuse mais sanctionne durement l’apostasie et diffère toujours la réforme religieuse en faveur de laquelle il s’est pourtant engagé. L’ambivalence de son discours explique qu’il soit contesté, tant à l’intérieur par les islamistes radicaux qu’à l’extérieur par les tenants d’un islam modéré » (Le Figaro, 24 avril 2017).

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  • Guerre en Ukraine : "le seul qui en profite, c'est le diable"

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    Une dépêche de l'Agence Fides :

    EUROPE/UKRAINE - La guerre en Ukraine et la douleur des Eglises orientales : "le seul qui en profite, c'est le diable"

    26 février 2022

    Kiev (Agence Fides) - "Les guerres sont une défaite pour toutes les parties impliquées. Le seul qui s'en amuse est le diable, qui danse déjà sur la tête des cadavres, et joue avec la douleur des veuves, des orphelins et des mères en deuil". Par ces mots, Anba Raphael, Évêque copte orthodoxe à la tête du diocèse qui comprend la partie centrale du Caire, a exprimé avec une image forte et évocatrice le trouble qui traverse les dirigeants et des communautés entières des Églises orientales face au conflit en cours en Ukraine. Ces dernières années, le président russe Vladimir Poutine avait cherché à accréditer son image au Moyen-Orient en tant que défenseur des communautés chrétiennes locales. C'est l'une des raisons de la consternation unanime exprimée par les patriarches et les représentants autorisés des Eglises orientales face au conflit en Ukraine, face à une campagne militaire impliquant des peuples frères dont l'identité est intimement marquée par le christianisme de tradition byzantine orientale.

    Ces dernières années, les plus graves dissensions au sein du christianisme orthodoxe ont eu leur épicentre en Ukraine. L'affrontement qui a conduit à la scission entre le Patriarcat de Constantinople et le Patriarcat de Moscou avait dès le départ montré son lien avec les conflits fomentés par des sentiments nationalistes et des visées de domination géopolitique. Le conflit entre l'Église de Constantinople et l'Église de Moscou avait pris des formes et des tons de plus en plus graves après que le Patriarcat œcuménique de Constantinople ait accordé le 6 janvier 2018 le soi-disant " Tome d'autocéphalie " à l'Église orthodoxe ukrainienne, légitimant du point de vue canonique l'émergence d'une structure ecclésiale ukrainienne totalement soustraite à toute contrainte de subordination hiérarchique au Patriarcat de Moscou. Aujourd'hui, face à la campagne militaire lancée par la Russie sur le territoire ukrainien et aux scénarios tragiques et imprévisibles de la guerre, les paroles et les appels exprimés par les patriarches et les représentants officiels des différentes Églises orthodoxes cherchent également à guider les communautés aux prises avec une inévitable et douloureuse désorientation spirituelle.

    Le Patriarche Ilya II, Primat de l'Église orthodoxe autocéphale de Géorgie, prie pour le peuple ukrainien. "Nous savons, sur la base de l'expérience amère de la Géorgie, combien l'intégrité territoriale de chaque pays est importante", a ajouté le patriarche de la nation où, en 2008, les forces armées russes sont intervenues au motif de protéger les prérogatives d'autonomie des régions d'Ossétie et d'Abkhazie.

    Le Patriarche Daniel, Primat de l'Église orthodoxe de Roumanie, a déclaré dans des déclarations relayées par les médias qu'il avait "pris note" de la campagne militaire menée par la Russie contre "un État indépendant et souverain", et qu'il espérait que les diplomates du monde entier réactiveraient rapidement les canaux de dialogue afin de bannir le spectre de la guerre de l'Ukraine et de toute l'Europe.

    Le Patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée Ier, "primus inter pares" parmi les primats des Églises orthodoxes, a exprimé dans un message publié jeudi 24 février sa "profonde tristesse" pour ce qu'il a décrit comme une violation flagrante de toute notion de légitimité internationale. Bartholomée a également exprimé son soutien au peuple ukrainien et à son intention de défendre l'intégrité de sa patrie. "Nous devons prier", a ajouté le patriarche de Constantinople, "pour que notre Dieu, le Dieu d'amour et de paix, éclaire les dirigeants de la Fédération de Russie afin qu'ils comprennent les conséquences tragiques de leurs décisions et de leurs actions, qui pourraient même déclencher une guerre mondiale". L'Archevêque Ieronymos d'Athènes, chef de l'Église orthodoxe de Grèce, a exprimé des sentiments similaires de proximité spirituelle avec le peuple ukrainien.

    Le métropolite Onofry lui-même, Chef de l'Église orthodoxe ukrainienne, qui reste liée au Patriarcat de Moscou, a publié un premier message condamnant ce qu'il a appelé la campagne militaire "d'invasion" de la Russie sur le territoire ukrainien (le message a maintenant été retiré du site officiel de l'Église).

    Pour sa part, le Patriarche de Moscou et de toute la Russie, Kirill, a jusqu'à présent émis un message, publié le 24 février, dans lequel il déclare assumer la responsabilité "avec une profonde et sincère tristesse" des souffrances causées par les "événements en cours". Dans son message, le chef de l'Église orthodoxe russe ne s'étend pas sur les raisons et les responsabilités du conflit. Kirill s'exprime en tant que primat "d'une Église dont le troupeau se trouve en Russie, en Ukraine et dans d'autres pays, exprimant sa proximité avec "tous ceux qui ont été touchés par cette tragédie".

    Le Patriarche russe a appelé toutes les parties au conflit à faire "tout leur possible pour éviter les pertes civiles" et a rappelé que les peuples russe et ukrainien ont une histoire commune séculaire qui remonte au baptême de Rus' par le prince Saint Vladimir. "Je crois que cette affinité donnée par Dieu aidera à surmonter les divisions et les désaccords qui ont conduit au conflit actuel", a ajouté le Primat de l'Église orthodoxe russe, appelant chacun à apporter toute l'aide possible aux personnes qui subiront le conflit dans la chair de leur vie. (GV) (Agence Fides 26/2/2022)

  • Peut-on vivre comme si Dieu n'existait pas ?

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    De RCF :

    Vivre "comme si Dieu n’existait pas"

    PEUT-ON VIVRE SANS DIEU ? UNE LECTURE DU PSAUME 13 Durée: 29 min

    Peut-on vivre sans Dieu ? En 1988, Jean Paul II observait que beaucoup de nos contemporains vivent "comme s'il n'existait pas" et passent à côté de l'idée de Dieu. Pourtant, rien n’a remplacé la question de Dieu, note le philosophe et théologien, Alphonse Vanderheyde : "Il a été chassé de nos vies, mais qu’est-ce qui le remplace aujourd’hui ?"

    Le paradoxe de notre société sans Dieu mais obsédée par les religions

    La pratique religieuse baisse dans notre société déchristianisée. Pourtant, il ne se passe pas un jour sans qu’on parle des religions. Comment expliquer ce paradoxe ? "Il est normal de parler des religions, notamment de la religion chrétienne, estime le philosophe et théologien Alphonse Vanderheyde, parce que l’Europe a été façonnée par le christianisme pendant 20 siècles donc ça laisse des traces."

    Pour autant, si "dans la vie de tous les jours, les gens n’éprouvent pas le besoin de célébrer la foi : c’est une question de pratique religieuse mais ce n’est pas une question de refuser Dieu", relève le philosophe. Délaisser la pratique religieuse ce n’est donc pas abandonner une quête de sens. Si l’on "s’est éloignés de la religion chrétienne", il peut rester l’idée d’un "Dieu invisible et caché, qu’on ne voit pas mais dont on parle sans cesse", comme disait Pascal.

    Est-ce une folie de croire en Dieu ou de passer à côté de l'idée de Dieu ?

    La question de Dieu a toujours été "problématique", rappelle le théologien. Aujourd'hui comme il y a plus de 2.000, l'homme a tendance à oublier Dieu. C'est ce que montre le Psaume 13, qui nous invite précisément à ne pas nous couper de lui. 

    « Dans son cœur le fou déclare : "Pas de Dieu !" Tout est corrompu, abominable, pas un homme de bien ! Des cieux, le Seigneur se penche vers les fils d'Adam pour voir s'il en est un de sensé, un qui cherche Dieu. Tous, ils sont dévoyés ; tous ensemble, pervertis : pas un homme de bien, pas même un seul ! » (Ps 13, 1-3)*

    Est-ce une folie de croire en Dieu ? A l'époque des Psaumes, c'était une folie de ne pas y croire ! "Aujourd’hui on est coupés de Dieu mais on ne le sait pas, c’est peut-être ça la folie, on n’a pas conscience de cela", selon Alphonse Vanderheyde. Déjà, en 1988, Jean Paul II observait qu’il y a "beaucoup de personnes qui vivent comme si Dieu n’existait pas et qui se situent en dehors de la problématique foi - non-croyance, Dieu ayant comme disparu de leur horizon existentiel" (Discours à l'assemblée plénière du secrétariat pour les non-croyants, le 5 mars 1988). Ce qu’il voulait nous dire c’est que beaucoup de nos contemporains "passent à côté de la question de Dieu", explique le philosophe. 

    Rien n’a remplacé la question de Dieu, de ce Dieu chrétien, il a été chassé de nos vies, mais qu’est-ce qui le remplace aujourd’hui ?

    L’homme, qui a pris la place de Dieu

    "On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l'on n'admet pas tout d'abord qu'elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure", écrit Bernanos ("La France contre les robots", 1944) Pour Alphonse Vanderheyde, ce qui "manque dans ce monde" c’est la vie intérieure. "Où est le silence, le recul, la retraite ?" 

    Dans nos sociétés matérialistes ultra connectées, on a l’impression de "tout savoir, de tout contrôler", on a "l’illusion d’un grand pouvoir". Pour Alphonse Vanderheyde, "rien n’a remplacé la question de Dieu, de ce Dieu chrétien". "Il a été chassé de nos vies mais qu’est-ce qui le remplace aujourd’hui ?"


    Spécialiste de Nietzsche et de saint Augustin,  Alphonse Vanderheyde est l'auteur du livre "Les acquis de la mort de l'homme", tomes I et II (éd. Connaissances et savoirs, 2017 et 2020).

    * Source : AELF

  • En quoi la religion contribue-t-elle au conflit entre la Russie et l’Ukraine ?

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    D'Anne-Sylvie Sprenger sur le Journal Chrétien :

    Depuis 2019, l’Église orthodoxe ukrainienne et l’Église orthodoxe russe se livrent une véritable guerre d’influence aux enjeux résolument politiques. Kiev étant le berceau du christianisme orthodoxe, Moscou ne peut se permettre de perdre pied dans ce pays.

    Explications avec Nicolas Kazarian, historien et spécialiste du monde orthodoxe.

    Alors que les blindés russes continuent de s’amasser aux frontières de l’Ukraine, les Églises de la région n’ont lancé aucun véritable message de paix. Le métropolite Épiphane, primat de l’Église orthodoxe d’Ukraine, a certes appelé à l’unité, mais dans un souci de conservation de l’identité nationale. Quant au patriarche de Moscou, il s’illustre par son silence. C’est que les tensions actuelles ont une forte composante religieuse comme l’explique Nicolas Kazarian, historien et spécialiste du monde orthodoxe.

    En quoi la religion contribue-t-elle au conflit entre la Russie et l’Ukraine?

    La création en 2019 de l’Église orthodoxe ukrainienne, qui réunit des entités dissidentes du patriarcat de Moscou, a suscité une opposition frontale de la part de l’Église orthodoxe russe. Elle ne lui reconnaît pas de légitimité canonique et voit les Ukrainiens se détourner de son autorité au profit de cette nouvelle Église autocéphale.

    Que craint l’Église orthodoxe russe?

    D’abord la fin de son hégémonie sur les symboles identitaires et spirituels de l’orthodoxie slave. Kiev est le berceau du christianisme orthodoxe, sa Jérusalem en quelque sorte. Cet ancrage symbolique et historique est déterminant dans la capacité de la Russie à se projeter dans son histoire et sa maîtrise des outils symboliques définissant la narration de son identité nationale. Il est inconcevable pour Moscou d’être séparé du territoire sur lequel le christianisme a donné naissance au monde orthodoxe.

    Le deuxième enjeu est d’ordre matériel: c’est celui de la gestion des lieux de culte. Le patriarcat russe redoute d’être dépossédé de ses biens immobiliers et de ses propriétés, notamment des plus grands monastères dont il est en charge aujourd’hui encore, soit la Laure des grottes de Kiev et Saint-Job de Potchaïev, les deux grands centres spirituels de l’Ukraine.

    Comment l’Église orthodoxe évolue-t-elle en Ukraine?

    Elle pèse toujours plus lourd. La part de ses fidèles est passée de 13 à 24% de la population totale du pays entre 2019 et 2021, selon le rapport 2021 du think tank Razumkov. Or il faut voir l’image dans son ensemble: l’Ukraine représente un tiers des fidèles du patriarcat de Moscou. Sa capacité à peser sur la scène internationale dépend de ces fidèles, car c’est en avançant son poids démographique qu’elle peut prétendre être la première des Églises orthodoxes dans le monde. L’amputation de l’Ukraine lui ferait perdre sa position de leadership au sein de l’orthodoxie, leadership sur lequel elle se base volontiers lorsqu’elle se projette sur la scène mondiale.

    Que signifierait cette perte d’influence sur le plan politique?

    Les liens entre le patriarcat de Moscou et le Kremlin sont très étroits. Disons que le patriarcat de Moscou fait de la diplomatie parallèle… Si la capacité d’influence du patriarcat de Moscou diminue, cela réduit par voie de conséquence celle du Kremlin. Les effets de cette rivalité ukrainienne dépasse d’ailleurs largement les frontières, et ce jusque sur le continent africain.

    Comment cela?

    Le patriarcat de Moscou a jugé comme acté la rupture de communion avec les quatre Églises orthodoxes qui ont reconnu l’Église ukrainienne (le patriarcat œcuménique de Constantinople, le patriarcat d’Alexandrie, l’Église de Chypre et l’Église de Grèce). Il se donne donc désormais le droit de pouvoir agir directement sur leurs territoires canoniques. Moscou a ainsi envoyé des prêtres de Russie pour convaincre des prêtres orthodoxes africains de se rallier à l’Église orthodoxe russe. Ils ont fait la Une des journaux, il y a quelques semaines, en annonçant que le patriarcat de Moscou avait été capable de débaucher une centaine de prêtres orthodoxes africains sur le continent. On assiste là à une guerre de chapelles, un véritable conflit de substitution qui a déplacé la question ukrainienne sur le territoire et le continent africain.

    Une action de représailles en somme.

    C’est surtout une manière de faire pression sur les Églises orthodoxes pour ne pas que l’Église ukrainienne soit reconnue comme légitime. Si elle n’est pas reconnue comme légitime, le patriarcat de Moscou peut continuer d’exister comme la seule entité ecclésiale canonique du territoire ukrainien.

    Mais pourquoi précisément en Afrique?

    Cette action de représailles est en même temps liée à un agenda diplomatique où la Russie est aujourd’hui en train de monter en puissance sa présence et son action sur le continent africain. On parle souvent aussi de l’action des paramilitaires russes au Mali. Tout cela fait partie d’une seule et même stratégie. Une stratégie où l’action militaire et l’action économique participent à un faisceau d’actions, où la dimension spirituelle n’est pas totalement absente.

    Concernant l’Ukraine, comment comprenez-vous l’absence d’appel à la paix claire de la part des représentants des Églises orthodoxes russe et ukrainienne?

    Le fait qu’il n’y ait eu aucun véritable appel à la paix tant des autorités ecclésiales russes qu’ukrainienne m’a en effet interpellé. Le métropolite Épiphane, primat de l’Église orthodoxe d’Ukraine, a certes appelé à l’unité, mais dans un souci de conservation de l’identité nationale. Quant au patriarche de Moscou, il se fait remarquer par son silence.

    Faut-il y voir une connivence entre le religieux et le politique?

    Je ne voudrais pas trop m’avancer… Mais je pense que, souvent, le silence en dit beaucoup plus que des mots.