Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Santé - Page 53

  • Covid-19 : un rééquilibrage entre bien-être personnel et bien-être général ?

    IMPRIMER

    Du Frère René Stockman sur kerknet.be (un tout grand merci à MPM pour sa traduction) :

    sur le bien-être personnel et général

    5 MAI 2020

    La pandémie du coronavirus va-t-elle bientôt créer un nouvel équilibre entre le bien-être personnel et le bien-être général, s’interroge le frère René Stockman.

    Chaque crise apporte toujours des avantages mais aussi des fardeaux. Qu’est-ce que ce sera avec cette crise du corona ? Nous ne le voyons pas encore, nous pouvons essayer de deviner l’avenir et y réfléchir. Il est certainement arrivé quelque chose à l’homme qui pourrait être irréversible. S’agit-il d’un revirement pour le meilleur ou pour le pire?

    Il est déjà clair que la tension entre le bien-être personnel et le bien-être général n’a jamais été ressentie comme auparavant. Nous avons été et sommes confrontés à notre vrai visage, sur lequel la peur, l’auto-préservation, voire l’égoïsme sont clairement apparus, mais en même temps nous découvrons dans notre propre comportement un désir de faire le bien, d’aider les autres.  Il y a comme un élan vers plus d’humanité. En temps de crise, de nombreux masques tombent, même lorsque nous devons mettre des masques pour nous protéger et protéger les autres. Il s’agit , en effet, toujours de nous-mêmes et des autres. Qu’est-ce qui pèse le plus avec le port de ces masques : notre désir d’auto-préservation ou notre souci de ne pas mettre en danger les autres ?

    L’Individualisme contre le personnalisme

    Nous ne pouvons nier qu’au cours des dernières décennies, l’équilibre s’est de plus en plus déplacé vers le bien-être individuel - ou formulé avec plus de précision - avec une diminution de la préoccupation pour les autres êtres humains. L’individualisme , dans le sillage  de la liberté individuelle,  exigeait toujours davantage d’attention et d’espace et la société semblait s’y conformer. C’était un  processus lent  , à partir de  John Locke qui a promu cette liberté individuelle à la fin du 17esiècle. Cet individualisme s’est également vu attribuer une place pertinente dans la constitution américaine. La société doit tout faire pour protéger, promouvoir et, le cas échéant, restaurer ce droit à la liberté de l’individu. Dans la doctrine sociale de l’Église, c’est légèrement différent , partant du principe du bien commun, il faut toujours s’efforcer de promouvoir la dignité humaine. Les deux partent du général, mais le particulier ,dans le monde sécularisé,  se réduit fortement à la liberté individuelle. Bien sûr, la dignité humaine est souvent atteinte par l’imposition de restrictions à cette liberté individuelle. Nous en faisons l’expérience dans les pays aux régimes totalitaires. Mais dans la dignité de l’homme, il y a plus que sa liberté individuelle.

    En outre, si l’on veut se concentrer trop exclusivement sur la liberté individuelle, on risque de perdre l’attention et la préoccupation des autres êtres humains.

    Tout étant  axé sur son propre bien-être, on risque d’oublier l’autre . L’autre est peut-être encore là pour contribuer à notre bien-être, mais cela s’arrête là. S’ll ne peut pas y contribuer , on le repoussera très vite. On sera orienté vers son propre bien-être et  l’autre comptant encore dans la mesure où il peut apporter une contribution positive pour accroître ce propre bien-être. Ce que je peux faire pour le bien de l’autre est secondaire et après un certain temps puis complètement ignoré. Cela deviendra une mentalité chacun pour soi. Dans l’individualisme, il n’y a plus de place pour l’autre, et nous remarquons aussi une différence entre le concept de liberté personnelle et de liberté individuelle. Parce que dans le personnalisme, l’autre est une réalité pour laquelle je me sens responsable. En tant qu’individu, je m’ouvre à l’autre et à l’ensemble de la communauté. C’est ce qui résonne dans la doctrine sociale de l’Église comme essentielle et  deux autres principes sont établis comme préalable : la solidarité et la subsidiarité.

    Lire la suite

  • Reprise des célébrations : les négociations sont en cours...

    IMPRIMER

    Négociations sur la reprise des célébrations dans les églises

    Communiqué de presse :

    Les chefs des cultes reconnus en Belgique ont été reçus par le Ministre de la Justice Koen Geens. Mgr Guy Harpigny, Évêque de Tournai, et Mgr Johan Bonny, Évêque d’Anvers, y ont représenté le culte catholique. La réunion s’est déroulée dans un excellent esprit de travail et en bonne concertation avec l’ensemble des chefs de culte.

    Le Ministre de la Justice a exprimé sa reconnaissance aux représentants sur la manière dont ont été appliquées les règles édictées par le Conseil national de Sécurité du Gouvernement Fédéral.

    La reprise progressive des cultes publics est examinée avec le Conseil national de Sécurité, en prévoyant toutes les règles de sécurité sanitaires.

    Un message commun sera adressé par les responsables des cultes dès qu’un accord sera conclu, et ce en fonction du déconfinement progressif en cours.

    Il est rappelé que les églises restent normalement ouvertes pour la prière personnelle, dans le respect des distanciations sanitaires et que les célébrations enregistrées peuvent se dérouler avec un maximum de 10 personnes présentes en ce compris celles qui procèdent à l’enregistrement.

    Les Évêques ont toute confiance dans le travail constructif en cours et plaident pour la reprise la plus rapide des célébrations publiques.

    Les Évêques de Belgique

    SIPI – Bruxelles, mardi 5 mai 2020

  • Les douze centres psychiatriques des Frères de la Charité en Belgique ne sont plus considérés comme «catholiques»

    IMPRIMER

    Lu sur De Morgen de ce 5 mai, p. 11:

    Les Frères de la Charité exclus

    Le cardinal Luis F. Ladaria a signé une lettre le 30 mars 2020 dans laquelle il décide que les douze centres psychiatriques des Frères de la Charité en Belgique ne sont plus considérés comme «catholiques». La raison en est les nombreuses années de querelles entre les la branche belge de l'organisation et les échelons supérieurs de Rome, qui trouvent inacceptable que les Frères aient décidé en 2017 que l'euthanasie dans les centres psychiatriques devrait être possible dans certaines circonstances. "Le Vatican et le conseil général des Frères de la Charité ne se sont jamais mis d'accord avec cette ouverture vers l'euthanasie, car elle est contraire à la doctrine de l'Eglise", explique Emmanuel Van Lierde, rédacteur en chef de l'hebdomadaire d'opinion chrétien Tertio, qui a rendu compte de l'affaire mercredi." L'organisation belge a été invitée à plusieurs reprises à ajuster sa vision, mais ni les uns ni les autres n'ont voulu plier. » A présent, la congrégation veut rompre les liens. Il est difficile de mesurer l'ampleur de l'impact. L'instance dirigeante de la congrégation déclare que les bâtiments des centres psychiatriques sont sa propriété. Les Frères devront-ils payer un loyer? Et les Frères de la Charité? Les Frères de la Charité emploient des milliers de personnes dans notre pays. Non seulement dans les centres psychiatriques, mais aussi dans l'éducation. "Nous regrettons et contestons cette décision", a déclaré le président Raf De Rycke. "Il est regrettable qu'un sujet sensible et complexe tel que l'euthanasie soit exploité dans un conflit plus large et plus ancien entre le gouvernement général (de la congrégation) et notre région."

  • Les évangéliques seraient-ils les derniers boucs émissaires de la longue histoire des épidémies ?

    IMPRIMER

    Lu sur LeTelegramme.fr :

    À Mulhouse, l’église évangélique vit dans la peur

    Fin février, l’église La Porte ouverte chrétienne, à Mulhouse, avait accueilli 2 000 fidèles pour un rassemblement évangélique.

    Fin février, l’église La Porte ouverte chrétienne, à Mulhouse, avait accueilli 2 000 fidèles pour un rassemblement évangélique. (Photo EPA)

    Avant le coronavirus, l’église évangélique La Porte ouverte chrétienne était bien intégrée à Mulhouse. Désignée comme responsable de la propagation du virus en France, elle vit aujourd’hui « dans la peur et dans la haine ».

    Samuel Peterschmitt, pasteur principal de l’église évangélique La Porte ouverte, est un homme charismatique et spontané, connu par ses « cultes » (messes) qui mettent Jésus Christ et la Bible en avant. Il est sorti considérablement affaibli par sa contamination au Covid-19. Pour évoquer la crise, entre deux quintes de toux , il en réfère à la souffrance biblique du prophète Job : « Sa situation a été bouleversée quand Dieu a décidé de lui faire subir des épreuves, il a alors tout perdu ». Sa voix se teinte d’émotion. Le pasteur précise que « tout allait bien auparavant pour l’église, mais soudain, l’image a changé. On nous accuse d’être responsables d’un virus pour lequel personne ne nous avait avertis ».

    Située dans le quartier de Bourtzwiller, qui fut souvent le théâtre de violences et de trafic de drogues, l’église évangélique La Porte ouverte mérite bien son nom. Si des décennies de désindustrialisation et de chômage ont laissé des traces dans la population, l’église a toujours su porter un message d’espoir à toutes les personnes dans le besoin.

    Affaiblis par cinq jours de jeûne

    En février, le destin de l’église a basculé. En cette semaine de carême, 2 000 fidèles sont venus de la région Grand-Est et des pays voisins, comme l’Allemagne, la Belgique et la Suisse, et se sont joints aux membres habituels de La Porte ouverte. « Ils finissaient cinq jours de jeûne et de prières, ils étaient très vulnérables », précise la Suisse Eliette Goetschmann, fervente évangélique. C’est au cours de ce rassemblement que nombre d’entre eux ont été contaminés et qu’on a assisté à la diffusion virale à travers le pays et même à l’étranger.

    Deux mois après, le pasteur Samuel Peterschmitt revient sur le lourd bilan : «70 personnes ont été hospitalisées et une trentaine est décédée », parmi les membres de l’église.

    Lire la suite

  • Jusqu'où l'État peut-il intervenir dans les affaires de l'Église ?

    IMPRIMER

    D'Odon de Cacqueray sur le site de l'Homme Nouveau :

    Mgr Dominique Lebrun : jusqu'où l'État peut-il intervenir dans les affaires de l'Église ?

    Mgr Dominique Lebrun : jusqu'où l'État peut-il intervenir <br>dans les affaires de l'Église ?

    Les fidèles catholiques devront-ils vraiment attendre le 2 juin pour accéder aux sacrements ? N'est-il pas possible de mettre en place des mesures sanitaires ? L'État est-il légitime lorsqu'il interdit l'exercice du culte ? De nombreuses questions se posent en cette période exceptionnelle mais les mesures adoptées par le gouvernement à cause du Coronavirus mettent en lumière des questions plus profondes, justement sur l'articulation des autorités politique et religieuse comme par exemple la difficulté que pose l'obligation du mariage civil avant le mariage religieux. 

    Entretien avec Mgr Dominique Lebrun, archevêque de Rouen
    Propos recueillis par Odon de Cacqueray

    Lors d’échanges préalables aux annonces du Premier Ministre, Mgr Éric de Moulins-Beaufort a transmis les propositions de la Conférence des évêques de France. Avez-vous l’impression qu’elles ont été prises en compte ? 

    Au moment où le Premier Ministre a parlé, il n’a pas évoqué ces échanges préalables. D’où une grande surprise de notre côté, plutôt désagréable, qui explique que plusieurs d’entre nous ont réagi avec une certaine vivacité. La liberté de culte ne peut pas être considérée comme la dernière roue du carrosse de la nation française. Depuis, nous avons eu un nouveau contact et l’assurance que le dialogue repartirait à partir des propositions faites par la Conférence des évêques de France pour que nous puissions assister à la messe dans le respect de la santé publique. Notre travail conjoint avec le gouvernement avait été réalisé à son initiative. Il nous avait été demandé comment nous envisagions la reprise du culte en fonction des orientations de l’époque : le taux de remplissage des églises et l’empêchement de passer d’une région à une autre. 

    Nous avons appris qu’il n’y aurait sûrement pas de reprise du culte avant le 2 juin. Pourquoi n’y a-t-il pas eu de recours juridique pour faire respecter cette liberté de culte ? 

    Si vous m’interrogez en ce qui concerne la Conférence des évêques, je ne sais pas à ce stade. Pour ce qui est de ma responsabilité, au niveau de mon diocèse, il me semble que nous sommes dans une situation exceptionnelle : le dialogue n’est pas rompu. J’ai d’ailleurs une bonne communication avec le préfet de ma région. Il faut donc continuer le dialogue sans exclure les moyens juridiques. Un sujet important est levé, sur lequel il faudra se pencher : comment se combine cette liberté de culte avec des mesures sanitaires dont tout le monde s’accorde à dire qu’elles peuvent et doivent être prises, en s’imposant à tous. Il y a là une question difficile et délicate : jusqu’où peut entrer l’autorité étatique dans le déroulement même de nos célébrations ? L’État est légitime pour annoncer : « il y a un danger sanitaire à se réunir ou à se déplacer à plus de 100 mètres de son domicile, etc. » Ces règles s’imposent. Mais la façon dont ces mesures se répercutent sur le déroulement liturgique et rituel nous incombe. Je pense que lors des dernières discussions, il y avait un accord de principe sur ces aspects. Les mesures annoncées concernent la limitation des déplacements inter-régionaux et des contacts, le respect des distances physiques et des gestes barrières. D’une manière assez légitime, notre culte étant public, l’État nous demande comment nous allons faire respecter ces mesures. Nous devons continuer à dialoguer pour trouver un accord. 

    Lire la suite sur le site de l'Homme Nouveau

  • France-Déconfinement : le Premier Ministre, Edouard Philippe, envisage une reprise des offices religieux dès le 29 mai

    IMPRIMER

    images (1).jpg

    Il s’agit du week-end de la Pentecôte : l’une des fêtes majeures de la liturgie chrétienne. Lu ce lundi 4 mai sur le site web de « Valeurs Actuelles » :

    « Le Premier ministre a annoncé devant le Sénat que le gouvernement était “prêt à étudier” la reprise des offices religieux le 29 mai au lieu de la date du 2 juin, initialement décidée. 

    La messe sera-t-elle dite à partir du 29 mai? Nombreux étaient ceux dans l’incompréhension après le maintien de l’interdiction des cérémonies religieuses après le confinement. C’était le cas de l’archevêque de Rouen, Dominique Lebrun qui avait demandé à l’Etat de « reconsidérer ce choix » le 30 avril dernier. Son vœu a été exaucé. Ce lundi 4 mai, Edouard Philippe a annoncé, devant le Sénat, que le gouvernement était « prêt à étudier » la reprise des offices religieux le 29 mai au lieu de la date du 2 juin précédemment établie, comme le relaye BFMTV. Une seule condition : que « la situation sanitaire ne se dégrade pas au cours des premières semaines de levée du confinement », déclare le Premier ministre. En effet, beaucoup de cultes ont « fait des propositions, pour concilier le déroulement de leurs réunions avec les exigences de distanciation physique », explique-t-il. 

    Les ministres du culte enfin compris 

    La date du 29 mai n’a pas été choisie au hasard par le gouvernement puisqu’elle « correspond pour plusieurs cultes à des fêtes ou à des étapes importantes du calendrier religieux ». Le Premier ministre a ainsi compris le « désarroi » de nombreux croyants privés des rassemblements, les seuls « sources vivantes de leur foi ». Edouard Philippe poursuit : « Ils ont dû renoncer à beaucoup de ces rites qui marquent les grands moments de la vie. Je pense aux moments de fêtes autant qu’aux moments de deuils. » Le chef du gouvernement dit « comprendre » les ministres du culte, mais leur demande d’attendre encore un peu pour que le pays n’ait « pas à regretter une décision précipitée », prévient-il. »

    Ref. France : le Premier Ministre, Edouard Philippe, envisage une reprise des offices religieux dès le 29 mai

    JPSC

  • Michel Houellebecq : « Nous ne nous réveillerons pas, après le confinement, dans un nouveau monde ; ce sera le même, en un peu pire. »

    IMPRIMER

    De Michel Houellebecq sur France Inter :

    « Je ne crois pas aux déclarations du genre « rien ne sera plus jamais comme avant » - Michel Houellebecq

    Michel Houellebecq est écrivain. C'est la première fois qu'il s'exprime depuis le début de la pandémie. Dans cette lettre, il récuse l’idée de l’avènement d’un monde nouveau après la crise du coronavirus. Son texte et la lecture proposée par Augustin Trapenard, sont reproduits dans leur version intégrale.

    EN UN PEU PIRE

    réponses à quelques amis

    Il faut bien l’avouer : la plupart des mails échangés ces dernières semaines avaient pour premier objectif de vérifier que l’interlo­cuteur n’était pas mort, ni en passe de l’être. Mais, cette vérification faite, on essayait quand même de dire des choses intéressantes, ce qui n’était pas facile, parce que cette épidémie réussissait la prouesse d’être à la fois angoissante et ennuyeuse. Un virus banal, apparenté de manière peu prestigieuse à d’obscurs virus grippaux, aux conditions de survie mal connues, aux caractéristiques floues, tantôt bénin tantôt mortel, même pas sexuellement transmis­sible : en somme, un virus sans qualités. Cette épidémie avait beau faire quelques milliers de morts tous les jours dans le monde, elle n’en produisait pas moins la curieuse impression d’être un non-événement. D’ailleurs, mes estimables confrères (certains, quand même, sont estima­bles) n’en parlaient pas tellement, ils préféraient aborder la question du confinement ; et j’aimerais ici ajouter ma contribution à certaines de leurs observations.

    Frédéric Beigbeder (de Guéthary, Pyrénées-Atlantiques). Un écrivain de toute façon ça ne voit pas grand monde, ça vit en ermite avec ses livres, le confinement ne change pas grand-chose. Tout à fait d’accord, Frédéric, question vie sociale ça ne change à peu près rien. Seulement, il y a un point que tu oublies de considérer (sans doute parce que, vivant à la campagne, tu es moins victime de l’interdit) : un écrivain, ça a besoin de marcher.

    Ce confinement me paraît l’occasion idéale de trancher une vieille querelle Flaubert-Nietzsche. Quelque part (j’ai oublié où), Flaubert affirme qu’on ne pense et n’écrit bien qu’assis. Protesta­tions et moqueries de Nietzsche (j’ai également oublié où), qui va jusqu’à le traiter de nihiliste (ça se passe donc à l’époque où il avait déjà commencé à employer le mot à tort et à travers) : lui-même a conçu tous ses ouvrages en marchant, tout ce qui n’est pas conçu dans la marche est nul, d’ailleurs il a toujours été un danseur dionysiaque, etc. Peu suspect de sympathie exagérée pour Nietzsche, je dois cependant recon­naître qu’en l’occurrence, c’est plutôt lui qui a raison. Essayer d’écrire si l’on n’a pas la possi­bilité, dans la journée, de se livrer à plusieurs heures de marche à un rythme soutenu, est fortement à déconseiller : la tension nerveuse accumulée ne parvient pas à se dissou­dre, les pensées et les images continuent de tourner douloureuse­ment dans la pauvre tête de l’auteur, qui devient rapidement irritable, voire fou.

    La seule chose qui compte vraiment est le rythme mécanique, machinal de la marche, qui n’a pas pour première raison d’être de faire apparaître des idées neuves (encore que cela puisse, dans un second temps, se produire), mais de calmer les conflits induits par le choc des idées nées à la table de travail (et c’est là que Flaubert n’a pas absolument tort) ; quand il nous parle de ses conceptions élaborées sur les pentes rocheuses de l’arrière-pays niçois, dans les prairies de l’Engadine etc., Nietzsche divague un peu : sauf lorsqu’on écrit un guide touristique, les paysages traversés ont moins d’importance que le paysage intérieur.

    Catherine Millet (normalement plutôt parisienne, mais se trouvant par chance à Estagel, Pyrénées-Orientales, au moment où l’ordre d’immobilisation est tombé). La situation présen­te lui fait fâcheusement penser à la partie « anticipation » d’un de mes livres, La possi­bilité d’une île.

    Lire la suite

  • Déconfinement : entre prudence et impatience

    IMPRIMER

    bg_head.png

    Dans sa newsletter mensuelle (mai 2020)  l’abbé Ralph Schmeder, responsable du service de presse du diocèse de Liège écrit :

    « Chère lectrice, cher lecteur,

    Récemment, une paroissienne engagée publiait une lettre ouverte dans laquelle elle exprimait ses frustrations et son impatience : « Dans toutes les communications sur les secteurs impactés par les mesures de confinement, il y a un grand oublié : c’est la face spirituelle de l’homme. (…) Pourquoi ne communique-t-on jamais sur les mesures prises à l’égard des célébrations religieuses ? »

    Je dois vous avouer que moi aussi, j’ai été déçu, en suivant la conférence de presse du gouvernement le 24 avril dernier, de ne rien entendre au sujet des célébrations dans les églises, temples et mosquées de notre pays. On peut comprendre que les secteurs de l’économie, de l’enseignement et du monde médical et social aient la priorité dans la relance de la vie publique, mais de là à ne donner aucune perspective aux représentants des cultes, il y a un pas.

    Nos évêques ont réagi au début de la semaine en exprimant publiquement leur souhait de reprendre les activités paroissiales. On attend donc avec impatience une prise de position des décideurs politiques.

    En même temps, comme pour les autres domaines, nous savons très bien que l’après-confinement sera assez différent de l’avant. Les paroisses devront prendre des mesures pour protéger les pratiquants dont une bonne partie est composée des fameux « groupes à risque », notamment de personnes âgées. Les salutations et échanges de paix devront se faire à distance… Comment imaginer une chorale où chaque membre doit rester à plus d’un mètre et demi des autres chanteurs ? Comment célébrer les « grandes occasions » comme les premières communions, les professions de foi ou les confirmations, mais aussi certains mariages et baptêmes ou certaines funérailles, lorsque la distanciation physique sera obligatoire ? Comment chanter et communier avec un masque sur la bouche ? Les évêques ont déjà élaboré un « code de bonne conduite », mais il n’a pas de sens tant que le feu vert des autorités n’est pas donné.

    On peut aussi se demander quelle sera la réaction des catholiques habitués à la messe hebdomadaire, voire quotidienne pour certains. Vont-ils revenir en masse, soulagés de ne plus devoir se contenter d’une communion spirituelle devant un écran de télévision ou d’ordinateur, ou bien ont-ils « pris le pli » d’une pratique plus « électronique » ? L’envie de retrouver la communauté paroissiale sera-t-elle plus forte que la peur de la contamination ?

    Des questions auxquelles il est impossible de répondre maintenant. Pour certains, cette période qui approche de sa fin a été l’occasion d’une redécouverte spirituelle, et ils voudront l’approfondir par la fréquentation plus régulière d’une communauté, mais la tendance inverse est possible aussi : on nous a tellement sensibilisé ces dernières semaines à une « pratique intérieure » que certains ne ressentent peut-être plus le besoin de la partager avec d’autres.

    Reste à espérer que l’Eglise retrouve son dynamisme et sa visibilité. Finalement, le nombre assez impressionnant de manifestations qui ont dû être annulées ou reportées n’est-il pas le signe que nos paroisses, aumôneries, mouvements et associations sont des acteurs très actifs et présents dans la société ?

    Bon déconfinement à chacune et chacun,

    Ralph SCHMEDER, responsable du Service de Presse »

    Ref. Déconfinement : entre prudence et impatience

    JPSC

  • Contre le Covid-19, le MASDU ?

    IMPRIMER

    Le MASDU, c'est le Mouvement d'Animation Spirituelle de la Démocratie Universelle, que d'aucuns voyaient - et voient encore - se substituer aux religions et en particulier à la religion catholique. Avec le consentement de ses responsables ? Découvert sur le blog de Jeanne Smits :

    Le Haut comité de la fraternité humaine appelle à une journée de jeûne et de prière le 14 mai contre le COVID-19, soutenu par le pape François et Antonio Guterres

    Voilà, nous y sommes. A la faveur de la crise du COVID-19, un appel à une journée interreligieuse mondiale de jeûne et de prière vient d’être lancée par le Haut comité de la fraternité humaine en direction de tous les croyants de toutes les religions. L’appel a été approuvé ce dimanche de mai à la fois par le pape François et par le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Si ce n’est pas la grande religion mondiale en acte cela commence à y ressembler furieusement.

    Le Haut comité a été mis en place en août 2019 à la suite de la signature de la Déclaration d’Abu Dhabi par le pape François et le grand imam d’Al-Azhar Ahmad al-Tayeb, déclaration qui avait déjà posé de nombreuses question du fait de son assertion selon laquelle « le pluralisme et les diversités de religion, de couleur, de sexe, de race et de langue sont une sage volonté divine, par laquelle Dieu a créé les êtres humains ». Il posait de nombreuses autres difficultés que j’évoquais ici dans une analyse critique.

    La première réalisation en cours dudit Haut comité constitué dans les émirats Arabes unis avec le concours du Vatican est la construction de la Maison de la Famille Abrahamique, lieu de culte multi-religieux sur l’île de Saadiyat à Abu Dhabi où trois «  temples » cubiques construits exactement sur le même modèle en termes de volume et d’orientation feront voisiner sur un pied d’égalité une église chrétienne, une synagogue et une mosquée.

    Le 14 mai prochain marquera une nouvelle étape de cette entreprise de fraternité universelle qui emprunte son vocabulaire à la maçonnerie et qui, au nom du bien de l’humanité dans une crise sanitaire qui a déjà viré à la dictature  sanitaire, prétend gommer les différences entre les différentes religions. On nous avait bien dit que nous avancions vers la nouvelle civilisation de l’empathie…

    C’est la version espagnole du bulletin d’information officiel du Vatican qui donnait samedi le plus de détails sur cette journée inter-religieuse qui semble devoir remplacer avantageusement – du point de vue des mondialistes de la spiritualité globale – du pacte mondial pour l’éducation que le pape François devait lancer ce jour-là et qui a dû être reporté au mois d’octobre pour cause de coronavirus. Est-ce pour cela que ce jour du 14 mai a été choisi ? On peut le supposer, mais sans certitude. Ce qui est sûr, en revanche, c’est que la veille nous aurons fêté Notre Dame de Fatima. Qu’elle nous vienne en aide…

    Lire la suite

  • Dieu et la question du mal

    IMPRIMER

    Covid-19©Pixabay-620x330.jpgLa pandémie de Covid-19 (coronavirus) pousse à s’interroger : comment Dieu peut-il permettre de telles calamités ? La présence du mal, en effet, est l’un des arguments le plus souvent avancés pour refuser l’existence de Dieu. Aucune réponse n’est totalement satisfaisante si l’on n’admet pas une part de mystère. De Paul Clavier sur le site web du mensuel « La Nef » :

    « L’animal humain, courageux et loyal entre tous, éprouve quelquefois des difficultés à assumer ses responsabilités. Aussi n’a-t-il pas craint d’attribuer le mal au Destin ou à quelque autre puissance surnaturelle. Jupiter lançait la foudre, Poséidon faisait trembler la Terre, Mars déclenchait les conflits armés, Apollon envoyait la peste, l’Éternel endurcissait le cœur de Pharaon, ou frappait à mort les nouveau-nés… En vain Platon proclamait-il dans sa République que « Dieu n’est pas en cause, n’est pas responsable », il fallait une explication, et le Ciel – coupable idéal – était forcément derrière ces événements fâcheux. Ce réflexe n’est d’ailleurs pas totalement infondé : quand on médite sur les déchaînements de la nature ou de la folie, on peut se dire que tant de haine ou de destruction font entrer en jeu des forces plus qu’humaines.

    Avec le temps, les hommes ont voulu exonérer Dieu de toute cruauté. Peut-être ont-ils réalisé qu’ils avaient jusque-là projeté sur Dieu leur propre désir de vengeance ou d’éradication de l’ennemi. Dieu a fini par devenir « le bon Dieu », dernier refuge de toute bonté. Mais alors si Dieu est bon, d’où vient le mal ? Ce qui est sûr, c’est qu’il paraît choquant de dire : Dieu pourrait intervenir, mais il ne le fait pas. Il semble plus approprié de plaider l’impuissance de Dieu. C’est une réponse qu’on entend souvent : Dieu ne peut rien face au mal. C’est une réponse humaine, dotée d’une forte valeur compassionnelle. Mais justement : n’est-elle pas trop humaine ?

    LE SCÉNARIO DE L’IMPUISSANCE DIVINE

    Dieu fragile, impuissant, désormais incapable d’assurer l’entretien et la réparation de sa création ? L’idée a pu séduire. Après avoir rendu Dieu responsable des pires maux, on a entrepris de l’exonérer de toute responsabilité en la matière. Dieu aurait pris sa retraite : voilà qui pourrait expliquer bien des choses. Par exemple, que la création soit abandonnée à elle-même, que les catastrophes ravagent la planète, que les méchants ne soient plus comme jadis frappés par le châtiment divin, et que des millions d’innocents subissent un sort épouvantable sans que le Ciel intervienne. Dans Le Concept de Dieu après Auschwitz (1984), Hans Jonas affirmait que « Dieu n’est pas intervenu, non pas parce qu’il ne voulait pas, mais parce qu’il ne pouvait pas ». Il ne s’agit pas d’un renoncement temporaire à exercer sa toute-puissance, mais d’un abandon irréversible de prérogative. Cette renonciation est, selon Jonas, le prix à payer pour octroyer la liberté à l’homme : « Dans le simple fait de permettre à la liberté humaine d’exister, il y a un renoncement à la puissance divine. » Bref, il s’agirait d’un départ en retraite inéluctable, rationnellement nécessaire : « Pour que le monde soit, Dieu a dû renoncer à son propre être ; il s’est dévêtu de sa divinité. »

    Lire la suite

  • Pourquoi les consécrations à Marie sont les bienvenues n'en déplaise à certains théologiens

    IMPRIMER

    De John Grondelski sur le National Catholic Register :

    Bartolomé Esteban Murillo, “The Immaculate Conception,” 1660

    Bartolomé Esteban Murillo, “The Immaculate Conception,” 1660

    Une défense de la consécration à Marie

    Non, les évêques ne sont pas «égarés» en consacrant leur pays à Marie. On les attendait depuis longtemps.

    Cela me dérange que persiste une attitude têtue et anti-mariale chez certains théologiens catholiques contemporains, qui tentent souvent de trouver une justification de leur habitus anti-marial dans les documents ou, plus souvent, dans «l'esprit» de Vatican II.

    Exemple: un commentaire du théologien et écrivain français / néerlandais Hendro Munsterman dans La Croix Internationale du 30 avril, demandant pourquoi les évêques consacrent "encore" à Marie. La Croix a la réputation d'être un organe de théologie révisionniste qui semble voir le pontificat de François comme l'occasion de ressusciter les pires idées de «l'esprit de Vatican II» dans ses pages, se présentant comme «le premier quotidien catholique indépendant du monde» (rien de tel que l'humilité...).

    Munsterman observe que les conférences épiscopales américaines, italiennes et canadiennes ont «consacré» à la Bienheureuse Mère de Dieu leurs pays ravagés par le coronavirus, le 1er mai, mois marial traditionnel. Il qualifie leurs efforts de «mal orientés», «théologiquement problématiques et controversés», une posture médiévale que le meilleur de la théologie contemporaine a dépassée. Elle porte prétendument atteinte à la nature «christocentrique» de notre foi. Elle est censés être enracinée dans une mariologie anachronique trop centrée sur ses privilèges ou sa relation unique avec son Fils, conduisant soi-disant à traiter Marie "plus comme une déesse mère païenne". (Ceci provient d'un journal qui n'a pourtant eu aucun problème avec la Pachamama à Saint-Pierre).

    Les consécrations ne sont rien de tout cela, sauf peut-être pour Munsterman et les milieux de La Croix.

    Munsterman invoque le Directoire du Vatican de 2001 sur la piété populaire et la liturgie pour défendre son argument. Je reviendrai à sa lecture exiguë et tendancieuse du passage en question mais, tout d’abord, revenons en arrière.

    Lire la suite

  • Covid-19 : la maturité face aux fake news et aux théories complotistes

    IMPRIMER

    De Jean-Paul Pinon sur le site de "Nous citoyens" (wecitizens.be) :

    ARTICLE - CORONAVIRUS : MATURITÉ FACE À LA DÉSINFORMATION

    30/04/2020

    Nous assistons à un déferlement de fake-news et à des prises de positions ‘émotionnelles’. Trop de citoyens forment un jugement sur base d’informations biaisées. Que penser des théories complotistes ? La maturité s’oppose aux prises de position conditionnées par des messages trompeurs, la peur, les émotions, le grégarisme, le court terme. Sans maturité (civique), la démocratie est dangereuse. Ceux, qui comme nous, croient encore aux vertus de la démocratie, espèrent que la population grandira en maturité au travers de la présente crise.

    Fake news

    Les crises, comme celle du Covid-19, génèrent la peur[1], le sentiment de l’urgence, la curiosité. Pas étonnant que les cyniques s’emparent de cette opportunité pour intensifier leur propagande. Les fausses nouvelles (‘fake news’) ont plus d’impact qu’en temps normal. Selon le département de la Sûreté de l’Etat[2], « des groupements, dirigés ou non par des trolls étrangers, ont recours à des campagnes de désinformation pour étendre leur influence. Un maximum de désinformations relatives au COVID-19 sont diffusées via les médias sociaux dans le but de monter les uns contre les autres certains groupes de la population. » Des exemples typiques sont les opérations de propagande russe, faisant des comparaisons internationales destinées à démontrer la supériorité du gouvernement russe. Parmi d’autres exemples, il y a l’insinuation que la crise sanitaire serait amplifiée par l’immigration, etc.

    Sens de responsabilité

    Le sens de responsabilité intègre l’idée qu’on doit assumer les conséquences de ses décisions, et de ses erreurs. Il s’ensuit qu’on agit plus prudemment, qu’on réfléchit à deux fois avant de poser un jugement. Au niveau des citoyens, on constate une plus grande maturité chez les Suisses. Ils participent directement aux grandes décisions. Ils ne peuvent pas se réfugier derrière la critique des gouvernants, pour expliquer les éventuels déboires politiques.

    Modèle suisse

    Une capsule vidéo[3] de la TV suisse donne cinq raisons pourquoi la Suisse est en meilleure position pour gérer efficacement la crise. (1) D’abord, les Suisses ont plus confiance dans leur gouvernement (75% en Suisse, contre 42% comme moyenne internationale). (2) Les Suisses ont (en moyenne) un plus grand sens civique, un esprit solidaire, un sens de la cohésion. Ils ne dépendent donc pas complètement du contrôle pour se soumettre aux mesures décrétées par le gouvernement. (3) En politique, la logique de l’opposition est remplacée par celle de la coopération. (4) La tradition de consensus est renforcée par le fait que tous les grands partis sont tous représentés dans le gouvernement. Cela génère des décisions pragmatiques. (5) L’endettement public en Suisse est de 30% du PIB, contre une moyenne de 80% dans l’Union européenne, et 100% en Belgique. La Suisse dispose donc d’une excellente marge de manœuvre pour soutenir l’activité économique en temps de crise.

    Lire la suite