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"The Global God Divide" : c'est le nouveau rapport du Pew Research Center qui, en 2019, a interrogé plus de 38 000 personnes de 34 pays. Elle a constaté que le monde est très croyant : 45% reconnaissent ouvertement la nécessité de croire en Dieu. Une croyance ancrée dans des pays comme l'Indonésie musulmane et les Philippines catholiques (96%), beaucoup moins en Europe (22%) mais présente aux Etats-Unis (44%). L'Italie donne de mauvais signaux, l'ex-URSS de très bons.
La planète se sécularise-t-elle ou non ? La population mondiale a-t-elle encore la foi ? Et quelle importance accorde-t-on à Dieu dans la vie de tous les jours ? Les quarante pages intitulées "The Global God Divide", le nouveau rapport du Pew Research Center, ont l'ambition d'offrir une réponse à ces questions. Il s'agit d'une enquête qui, par contact téléphonique et par des entretiens en face à face, a interrogé en 2019 un total de plus de 38 000 personnes de 34 pays - de l'Inde au Kenya, des États-Unis au Japon - représentant les six continents. En bref, une image réelle de la religiosité mondiale. Ce qui, disons-le tout de suite, a révélé quelques surprises.
En fait, malgré les prédictions - et peut-être les espoirs - de certains, les premières données qui ressortent de ces travaux sont que le monde y croit encore, voire y croit très fort. La preuve en est que près d'une personne sur deux (45%), contrairement à une vision intime et privatisée de la croyance, reconnaît ouvertement la nécessité, pour vivre correctement et avoir de bonnes valeurs, de croire en Dieu. Cette croyance est profondément ancrée dans des pays comme l'Indonésie musulmane et les Philippines catholiques (96%), beaucoup moins en Europe (22%) mais bien présente aux Etats-Unis (44%).
Un deuxième chiffre qui ressort de "The Global God Divide" est la part de la population mondiale selon laquelle la religion et Dieu jouent un rôle important dans la vie. Elle s'élève à 62 %. La part de ceux qui attachent de l'importance à la prière est plus faible, mais pas très élevée (53 %). Or, comme ceux qui déclarent ouvertement l’importance qu’ils accordent à la religion et à la prière ne représentent qu'une partie du nombre total de croyants, ce que le Pew Research Center nous dit, c'est que le monde d'aujourd'hui n'est pas religieux : il est très religieux.
Le journal « Le Monde » offre une tribune complaisante à la contestation de « l’ermite du Hoggar » :
" Déclaré vénérable en avril 2001, puis béatifié en 2005, Charles de Foucauld (1858-1916) sera prochainement canonisé après l’autorisation donnée le 26 mai par le pape à la publication de huit décrets de la Congrégation pour les causes des saints. L’un d’eux attribue un miracle à Charles de Foucauld : l’opération réussie, en novembre 2016, d’un jeune charpentier qui avait fait une chute de quinze mètres sur le chantier de restauration de la chapelle de l’établissement scolaire Saint-Louis, à Saumur.
Un premier miracle imputé à l’intercession de Charles de Foucauld, celui d’une Italienne de Milan guérie en 1984 d’un cancer des os, avait été versé au dossier de sa béatification de 2005. La reconnaissance du second à Saumur ouvre la voie à sa canonisation.
Celle-ci va inévitablement relancer le débat sur la complexité de l’œuvre politique et religieuse du prêtre. Etabli en 1905 à Tamanrasset, Foucauld installe son ermitage dans le Sahara algérien où il partage le mode de vie des Touareg, jusqu’à son assassinat en 1916. Depuis lors, il est magnifié par certains comme un « martyr » qui a dévoué sa vie à l’Absolu et à la paix entre les hommes (Jean-François Six, 2000), certains le qualifiant même d’« extraordinaire explorateur pénitent » (Bénédicte Durant, 2012).
Les traumatismes de la colonisation
Cependant, cette image d’exemplarité évangélique apparaît contestable pour d’autres, qui rappellent les profondes convictions nationalistes et colonialistes de cet ermite saharien, défenseur d’une guerre totale contre l’Allemagne lors de la Grande Guerre (Jean-Marie Muller, 2002). De plus, certains universitaires dénoncent son implication directe dans les opérations militaires coloniales contre les tribus rebelles (Hèlène Claudot-Hawad, 2002) et pour ses idées en faveur d’une désorganisation des structures sociopolitiques touareg (André Bourgeot, 2014).
Qui est réellement Charles de Foucauld ? Comment sa future canonisation est vue depuis l’Afrique alors que les traumatismes de la colonisation affectent encore les sociétés touareg ? En quoi cette sanctification apparaît dissonante dans un contexte de remise en cause des figures colonialistes, cinq ans après la canonisation controversée de Junipero Serra (1713-1784)aux Etats-Unis d’Amérique ?
La Comece exhorte l’UE à une approche éthique de l’intelligence artificielle
Les épiscopats européens ont contribué au «Livre blanc sur l’intelligence artificielle» rédigé par la Commission européenne comme base de débat et règlementation. Dans leur note du 17 juillet, les évêques insistent sur la nécessité vitale d’une approche centrée sur l’homme.
«Les institutions de l'Union européenne devraient adopter une approche de l'intelligence artificielle (IA) centrée sur l'homme, afin de promouvoir le bien commun et de servir la vie de tous les êtres humains, dans leurs dimensions tant personnelles que communautaires». Ainsi la Comece, la Commission des conférences épiscopales de l'Union européenne, entend contribuer dans une note, au «Livre blanc sur l'intelligence artificielle», rédigé et présenté par la Commission européenne le 16 juillet dernier.
«La Comece se félicite de l'intention générale du livre d'établir une approche européenne solide de l'IA, profondément ancrée dans la dignité humaine et la protection de la vie privée», poursuit la note des épiscopats européens. Dans le même temps, les évêques se disent perplexes «quant à la création éventuelle d'une nouvelle agence de l'UE consacrée à cette question, car les structures-clés actuelles de l'Union fournissent déjà un soutien suffisant pour relever les défis posés par l'IA et la robotique».
La participation des Églises à l’agence sur l’IA
Toutefois, si l'UE devait créer un tel organe, la Comece rappelle qu'elle «devrait assurer une participation maximale» de toutes les parties prenantes, «y compris les Églises, qui ont un statut spécifique en tant que partenaires des institutions européennes et devraient donc être explicitement mentionnées».
Mais ce qu'il faut avant tout, arguent les épiscopats européens, c’est «un discours sur l'éthique sociale pour accompagner la discussion politique sur la réglementation de l'IA».
L’appel de Rome pour une éthique de l’IA
En février dernier, la Comece avait participé au séminaire international «Le "bon" algorithme ? Intelligence artificielle, éthique, droit, santé», qui se tenait au Vatican à l'occasion de la 26e Assemblée générale de l'Académie pontificale pour la vie. À cette occasion, le document "Appel de Rome pour une éthique de l'intelligence artificielle" avait été signé, soutenant la promotion d'un sens des responsabilités parmi les organisations, gouvernements et institutions afin de garantir que l'innovation numérique et le progrès technologique soient «au service du génie et de la créativité humaine».
De nombreux faits attestant l’existence actuelle de l’esclavage sous différentes formes sont recensés sur le site Global Slavery Index, spécialisé dans la dénonciation de cette pratique à travers le monde. Tenons-nous-en aux plus significatifs, en commençant par l’Afrique.
Selon ce site, environ 9,2 millions de personnes (hommes, femmes et enfants) sont actuellement réduites en esclavage en Afrique, contraintes au travail forcé, aux relations sexuelles forcées et au mariage forcé.
En mars 2019, le Time Magazine rapportait que «selon l’Organisation internationale du travail (OIT) de l’ONU, les personnes actuellement réduites en esclavage sont près de trois fois plus nombreuses que celles qui ont été capturées et vendues pendant les 350 ans qu’a duré la traite transatlantique. Selon l’OIT, 25 millions de personnes sont en servitude pour dettes et 15 millions ont subi un mariage forcé.
En 2017, des images d’esclaves vendus aux enchères en Libye ont circulé sur les réseaux sociaux : on y voyait des passeurs mettant à prix des migrants et les proposant comme esclaves. Dans une propriété à l’extérieur de Tripoli, un reporter de CNN a vu une douzaine d’hommes passer sous le marteau en quelques minutes. En 2019, le Time Magazine donnait le témoignage d’un migrant africain capturé et vendu comme esclave alors qu’il se rendait en Europe : «Arrivé à la frontière sud de la Libye, [il] a rencontré un chauffeur de taxi très sympathique qui lui a proposé de le conduire gratuitement à Tripoli, la capitale. Sur le chemin, il a été vendu à un “Libyen blanc” ou à un Arabe, pour 200 dollars (180 euros). Il a été forcé de rembourser sa “dette” sur un chantier de construction, un schéma qui s’est répété chaque fois qu’il a été vendu et revendu.»
De Tommaso Scandroglio sur la Nuova Bussola Quotidiana, ces réflexions sur l'inexorable déclin démographique de l'Italie :
Parce que sans Dieu, le taux de natalité baisse et le nombre des expatriés croît
20-07-2020
Un nouveau record négatif en termes de naissances : en 2019, 420 170 personnes sont nées, soit une baisse de 4,5 % par rapport à l'année précédente. Alors que le nombre de concitoyens partant à l'étranger a augmenté : +8,6%. Les raisons ? Dans le premier cas, la réduction de la population en âge de fécondité et le fait qu'un enfant sur cinq conçu est avorté, dans le second, le système est corrompu. Mais ces deux phénomènes découlent de l'absence d'une foi qui unit et aide à se sacrifier.
Moins de naissances en Italie, plus d'Italiens fuyant à l'étranger. Exprimée en termes télégraphiques, c'est la photographie tirée du dernier rapport de l'Istat sur l'état démographique de notre pays. Un nouveau record négatif en termes de naissances : en 2019, il y a eu 420 170 nouveau-nés, soit une baisse de 4,5 % par rapport à l'année précédente. Le nombre de compatriotes au lieu d'aller à l'étranger a augmenté : + 8,6 %.
Pourquoi si peu de naissances ? Les facteurs structurels qui, ces dernières années, ont contribué au déclin des naissances - écrit l'ISTAT - sont identifiés dans la réduction progressive de la population italienne en âge de procréer, constituée de générations de moins en moins nombreuses à la naissance, en raison de la dénatalité observée depuis la seconde moitié des années soixante-dix. C'est le chien qui se mord la queue : moins d'enfants équivaut à moins d'adultes qui auront des enfants demain. Un cercle vicieux qui s'étrangle lui-même.
Ensuite, il y a des causes bien connues uniquement dans le monde catholique (en réalité uniquement dans le monde authentiquement catholique). Le premier : une personne sur cinq qui est conçue est avortée. Vous voulez passer de l'hiver démographique au printemps ? Interdire l'avortement. Deuxièmement, il est vraiment vrai que le grain qui ne meurt pas reste seul et que ce qui meurt produit beaucoup de fruits. Aujourd'hui, les gens ne meurent plus, sauf pour eux-mêmes, c'est-à-dire qu'ils ne se sacrifient plus pour un "autre". Ainsi, il y a d'abord la prise de conscience personnelle, puis vers l'âge de 30 ans et plus, il y a peut-être de la place pour la famille. Mais les aiguilles de l'horloge biologique indiquent souvent aux femmes que le temps est compté.
Et même lorsqu'il n'est pas expiré, le grain ne veut toujours pas mourir et nous disons donc "oui" à un seul enfant, parce que le second ne correspond pas aux critères des intérêts, le temps pour lui-même, son propre espace, etc. Évoquer le manque d'espoir dans l'avenir et l'argent n'est qu'un écran de fumée : dans le monde et en Italie, ceux qui ont le plus d'enfants sont les groupes sociaux les plus pauvres, ceux qui n'auraient pas l'argent pour rêver, pour espérer, pour écouter les sociologues.
La montée inquiétante de l’anti-christianisme en France
archive 01/04/2019
Le professeur d'histoire Kevin Bossuet tire la sonnette d’alarme sur la montée de l’anti-christianisme en France, dans un article publié le 12 novembre 2018 sur le site internet de l’hebdomadaire Valeurs Actuelles.
Il cite ces chiffres à l’appui : « Depuis le début de l’année 2018, ce ne sont effectivement pas moins de 200 actes anti-chrétiens qui ont été recensés en France. En 2017, selon le ministère de l’Intérieur, les atteintes aux sépultures et aux édifices chrétiens se sont élevées à 878 (soit environ 90% des atteintes globales). Autant dire que nous sommes ici en présence d’une véritable tendance qui apparaît comme particulièrement inquiétante. »
Le professeur continue : « Par exemple, en juillet dernier, c’est le cimetière Saint-Roch de Pontarlier (Doubs) qui a été profané. Des statues du Christ ont été descellées et brisées, des pots de fleurs ont été renversés, et des plaques commémoratives ont été morcelées. »
« Ces délits de lèse-chrétienté sont la plupart du temps le fait de fanatiques d’extrême gauche, souvent très proches des milieux satanistes, ainsi que des lobbies laïcards, féministes et LGBT. Les tags et les graffitis laissés sur le lieu des profanations sont, de ce point de vue, toujours très équivoques », remarque-t-il.
Kevin Bossuet s’insurge : « Ce qu’il y a d’excessivement choquant, outre les faits eux-mêmes, c’est bien le silence médiatique qui entoure ces exactions. Imaginons un seul instant que des synagogues ou des mosquées subissent chaque semaine le même sort ; cela ferait, à coup sûr, la une des journaux et provoquerait, à juste titre, un déferlement de réactions émues, aussi bien de la part de nos hommes politiques que de nos éditorialistes. »
« Pire encore, ce silence est, chez beaucoup de journalistes, parfaitement conscient et voulu et n’est que la conséquence d’un combat idéologique qu’ils entendent mener avec vigueur. Est-bien surprenant quand on entend tous les matins sur France Inter ou tous les soirs dans l’émission Quotidien, des journalistes dénigrer avec force nos valeurs, notre culture et nos racines chrétiennes ? », dénonce-t-il avec force.
« Les Français, quelles que soient leurs croyances, ont le droit de savoir que toutes les semaines, sur notre territoire, des édifices chrétiens subissent des actes de vandalisme et qu’un bon nombre de chrétiens se font, du fait de leur religion, régulièrement injuriés et maltraités. »
Il conclut par cet appel : « Rétablissons enfin un peu de justice et d’honnêteté dans le traitement de l’information. Il en va de la crédibilité de la presse, il en va de la liberté d’accès à l’information !»
Nos églises ont une fâcheuse tendance à s’embraser en ce moment. Après Notre-Dame de Paris, le 15 avril 2019, la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes a été la proie des flammes, au petit matin de ce 18 juillet. Entre ces deux sinistres, plus d’une vingtaine d’incendies d’édifices religieux ont été répertoriés en France. Cela commence à faire beaucoup !
Alors que les causes de l’incendie de la cathédrale de Paris ne sont toujours pas connues, il n’y a une forte suspicion à propos de celui de la cathédrale de Nantes : il pourrait bien être d’origine criminelle (comme celui de l’église Saint-Sulpice à Paris, le 17 mars 2019, un mois avant celui de Notre-Dame). Ce n'est pas la première fois que la cathédrale de Nantes subit un incendie. Le 28 janvier 1972, le toit de Saint-Pierre-et-Saint-Paul avait été ravagé par les flammes, mais le sinistre était dû au chalumeau d’un couvreur. Cette fois, « la piste criminelle » a été évoquée dès le premier point presse, à 10h du matin, par le procureur de la République de Nantes, Pierre Sennès : il y a eu en effet « un premier départ de feu au niveau du grand orgue et deux autres à droite et à gauche de la nef », a-t-il déclaré. Trois départs de feu espacés, cela laisse songeur... Le procureur a annoncé l'ouverture d'une enquête « pour incendie volontaire », confiée au Service régional de police judiciaire.
En ce milieu de la matinée, une centaine de pompiers luttaient encore contre l’incendie déclaré « circonscrit ». Les dégâts déjà constatés étaient néanmoins considérables : le feu a commencé au niveau du grand orgue, construit en 1619, « l’un des plus beaux de France » selon sa titulaire. Il a été entièrement détruit, ainsi que des vitraux du XVIe siècle- don d’Anne de Bretagne. Le premier ministre Jean Castex a annoncé qu'il se rendrait sur les lieux dès l’après-midi ainsi que les ministres de l'Intérieur et de la Culture, Gérald Darmanin et Roselyne Bachelot. Ancien ministre de la Culture, Philippe de Villiers a tweeté : « L'incendie de la cathédrale de Nantes, après Notre-Dame de Paris, devrait faire réfléchir nos élites sur le grand désordre et le grand basculement. La dé-civilisation est en marche. Pendant le confinement les églises étaient fermées. Maintenant, elles brûlent. »
Il y a certes le problème de l’entretien ou plutôt de l’abandon de nos églises. 5000 d’entre elles sont répertoriées comme étant « en souffrance » par Stéphane Bern dans un numéro spécial de La Revue des deux mondes. Mais les dégradations, profanations et incendies criminels d’églises et de chapelles se multiplient dans toute la France. Ils sont salués sur Twitter par cet odieux « hashtag » des soi-disant « antifa » : « La seule église qui illumine est celle qui brûle ». L’an dernier, entre les incendies d’édifices religieux, les profanations, les dégradations et les vols, le ministère de l'Intérieur a dénombré 1 052 actes anti-chrétiens. Anti-chrétiens mais aussi anti-Français et anti-civilisation : « Chaque face, chaque pierre du véritable monument est une page non seulement de l’histoire du pays, mais encore de l’histoire de la science et de l’art » a écrit Victor Hugo dans Notre-Dame de Paris. De nos jours, les chefs-d’œuvre de notre civilisation réunissent dans une même détestation les islamistes et les gauchistes (ces derniers perpétuant avec l’islam la fascination d’une certaine gauche français pour le totalitarisme). Faut-il en conclure au complot ? « Toujours préférer l'hypothèse de la connerie à celle du complot. La connerie est courante. Le complot demande un esprit rare », observait finement Michel Rocard.
« Chantal Delsol, bien connue de nos lecteurs, a publié Le crépuscule de l’universel, essai remarquable dont elle nous parle ici. Entretien :
La Nef – Comment expliquez-vous que la culture occidentale soit la seule à avoir eu une prétention universelle ?
Chantal Delsol – Cela vient du monothéisme juif et chrétien, et plus fondamentalement de l’apparition de l’idée de vérité. Les autres cultures étaient fondées sur des mythes, qui sont idiosyncrasiques, c’est-à-dire valables seulement pour la culture qui les abrite. Les cultures précédentes avaient des dieux multiples, attachés à des villes ou à des régions précises. La croyance en un Dieu unique et réel – considéré comme une vérité et non comme un récit ou mythe – engage l’idée d’universel. Une vérité est pour tout le monde, ou n’existe pas. Plus tard, l’universalisme s’est étendu aux droits de l’homme, considérés comme une vérité morale valable pour tous les humains. Depuis l’avènement du monothéisme, l’universalisme est notre mode de pensée. C’est ce qui explique que la science se soit développée en Occident.
Vous montrez comment cette prétention est aujourd’hui combattue, notamment par la Chine, la Russie, les pays musulmans, et en même temps vous reconnaissez qu’il existe un « effet cliquet » qui fait qu’en matière d’émancipation on revient rarement en arrière : comment alors espérer revenir sur les dérives de la postmodernité, notamment en matière anthropologique ?
Il y a deux questions dans votre question.
Cette prétention universaliste est en effet vivement combattue aujourd’hui par plusieurs cultures, ce qui ne signifie pas que nous allons revenir en arrière, mais que le monde se trouve dès lors séparé entre ceux qui acceptent la modernité occidentale, et les autres. Il me semble, plutôt que de parler comme l’avait fait Huntington de conflit de civilisations, de voir là un débat entre l’individualisme et le holisme. D’autant que ce débat existe aussi au sein même de l’Occident (Trump versus Clinton, Orban versus Macron).
Oui je crois qu’il y a un effet cliquet. Je ne crois pas du tout que nous pourrons en France revenir à l’interdiction des études supérieures aux femmes. Ou bien recommencer à penser que pour les hommes toute femme est une forme de gibier. Personnellement je n’y crois pas, à moins évidemment que nous soyons occupés par une autre culture, différente. Je crois que les véritables dérives anthropologiques sont rares : par exemple, le mariage entre deux personnes du même sexe en est une (ne serait-ce qu’en raison du nom qui a été donné : « mariage » qui est une violation voulue des significations). Dans ces cas-là, oui je crois que nous reviendrons dessus, et même qu’il pourra y avoir des « repentances ».
Vous expliquez très clairement les paradigmes qui s’opposent entre, d’un côté, l’universalisme occidental qui joue sur l’émancipation en s’appuyant sur l’individualisme et le cosmopolitisme, et, d’un autre côté, les cultures plus holistes qui pensent que la liberté a besoin de limites (responsabilité) et l’homme besoin d’enracinement ; l’Union européenne est l’archétype du premier paradigme et ne semble pas prête de vouloir en changer : une évolution vous semble-t-elle cependant possible, et comment ?
C’est la raison de mon intérêt de vieille date pour les sociétés d’Europe centrale. Elles sont plus raisonnables que nous sur bien des points, parce qu’elles ont souffert, parce qu’elles n’ont pas vu passer les Trente Glorieuses qui nous ont gâtés, parce qu’elles sont souvent plus spirituelles que nous. J’espère beaucoup qu’elles contribueront à modérer les bacchanales individualistes de l’Europe institutionnelle…
Pourquoi le coronavirus suscite-t-il notre effroi ?
Olivier Rey consacre à cette question "L’Idolâtrie de la vie", son dernier essai aux réflexions vertigineuses.
Qu’est-ce qui a changé ? Durant des siècles en France, de graves famines ne suscitèrent tout au plus que quelques émeutes locales. Personne, jusqu’au XVIIe, ne songeait à vilipender le roi, bien impuissant face aux grêles, aux gels ou aux sécheresses. Dès le XVIIIe pourtant, des périodes de disettes, moins importantes que les précédentes, participèrent à enflammer une Révolution et à renverser le pouvoir. Pourquoi ?
La différence, explique le philosophe français Olivier Rey, tient à la politique des rois qui, dès Louis XIV, envoyèrent leurs administrations sillonner le pays pour établir des "états d’apparence", estimer les récoltes et organiser les importations nécessaires pour atténuer les famines. Or, un des résultats de cette politique "fut le développement d’une nouvelle tendance dans l’opinion : une propension à considérer qu’un défaut de subsistance était imputable au gouvernement."
Il en va ainsi, observe Olivier Rey : "Plus le pouvoir central porte secours aux citoyens, plus ceux-ci sont enclins à lui reprocher les maux dont ils souffrent." Sans blanchir les gouvernements, le philosophe constate que les réactions suscitées par l’épidémie de coronavirus ont donné de cette tendance dans l’opinion "une illustration spectaculaire". Sans doute n’est-ce pas un hasard, à une époque qui nous a habitués à dépendre de systèmes qui nous dépassent, et sur lesquels nous n’avons aucune emprise, pour subvenir à chaque aspect de nos vies (se nourrir, se soigner, se vêtir, se déplacer…).
Que devient la mort ?
Est-ce pour cela que cette pandémie, qui en des temps précédents n’aurait sans doute engendré qu’une "vaguelette" dans l’opinion (qui se souvient de la grippe de Hong Kong en 1969 ?), y a pris des dimensions de "tsunami planétaire" ? C’est la première hypothèse du philosophe. Mais l’auteur va plus loin.
Jusqu’il y a peu, "en tant qu’il commande un respect absolu, le sacré se trouvait placé au-dessus de la vie - ce pourquoi il pouvait, le cas échéant, réclamer le sacrifice de la vie." Mais avec la sécularisation de la société, la vie ne s’est plus inscrite dans des perspectives, religieuses ou non, qui la dépassent ou lui donnent sens : elle a pris elle-même la place du sacré. Et pas n’importe quelle "vie". La vie telle que considérée aujourd’hui n’est plus "l’union de l’âme et du corps" (comme la définissaient les dictionnaires du XVIIIe), mais la "vie-nue", c’est-à-dire la vie organique, matérielle, biologique, "réduite au simple fait d’être en vie".
Or, si les gouvernants doivent sauver des vies (car la lutte contre la mort est au fondement de leur légitimité), c’est cette vie biologique qu’ils doivent assurer. Ce qui vient en surcroît de cette "vie-nue" a donc été mis entre parenthèses durant l’épidémie. Pensons simplement aux cérémonies funéraires - signes pourtant de notre humanité - qui furent jugées "non essentielles", souligne Olivier Rey.
Cette forme "d’idolâtrie" qui s’est développée autour de la préservation de la vie organique se marque dans tous les enjeux de notre temps, insiste l’auteur. Il suffit de penser aux avancées technologiques. Quand il s’agit de s’opposer au développement de la 5G ou de l’intelligence artificielle par exemple, les seuls arguments qui valent sont d’ordre sanitaire : ces dispositifs sont-ils dangereux pour la santé ? Au cœur du débat on ne retrouve plus la question de savoir si le bien commun et le tissu communautaire nécessitent ces avancées, ni si elles permettront de faire fructifier les vies humaines.
Mais le fil que tire Olivier Rey est plus long encore. Car s’il n’y a plus que le fait d’être en bonne santé qui compte, que vaut encore la vie ? Et que devient la mort ? La fin de tout, avance l’auteur, "avec laquelle aucun rite ne permet [plus] de composer". La mort devient une épouvante qu’il faut refouler, effacer, retarder, quitte à abdiquer pour ce faire nos libertés fondamentales. "Nous voilà reconduits à la situation décrite par Hobbes, où l’individu accepte de se soumettre au pouvoir absolu du Léviathan en échange de la protection que celui-ci est censé lui assurer contre la mort. La façon dont l’épidémie de coronavirus [est] devenue le sujet à peu près unique de préoccupation […], et la facilité avec laquelle les citoyens ont abdiqué leur liberté d’aller et venir au nom d’arguments sanitaires, sont à cet égard éloquentes."
Comment sortir de cette sujétion, abandonner notre condition "de dépendants à prétention d’indépendance" ? Le chemin sera long, laisse entendre Olivier Rey qui ne remet pas en cause la nécessité d’un confinement, mais interroge à sa lumière la conception que nous avons de la vie. Il nous faudra réapprendre "à compter sur nous-mêmes", "accepter de laisser certains maux sans remède" et cultiver, à nouveau, "un certain art de souffrir et de mourir". Là serait le prix d’une vie pleinement humaine.
Pour Belgicatho, le Professeur Dominique Lambert a répondu aux questions relatives au chanoine Lemaître et à la thématique des relations entre la science et la foi que lui a posées notre ami Ludovic Werpin :
Jeudi 16 juillet 2020
Professeur Dominique Lambert, Université de Namur
Professeur, pour commencer, pourriez-vous revenir en quelques mots sur votre parcours académique et nous dire ce qui vous passionne encore aujourd’hui dans la physique et en philosophie ?
J’ai suivi un parcours d’études en physique avec une spécialité en physique mathématique qui a débouché sur un doctorat en physique. En parallèle j’ai commencé des études en philosophies et j’ai rédigé une thèse en philosophie. Ce qui me passionne ce sont les ponts entre les disciplines, les transferts de concepts et d’intuitions d’un domaine à l’autre. Je me suis beaucoup intéressé à la question de l’origine de l’efficacité des mathématiques en physique mais aussi en biologie, mais aussi aux raisons pour lesquelles, dans certains domaines (sciences humaines par exemple) les mathématiques n’ont pas les mêmes performances qu’en physique ! Un autre domaine qui m’intéresse en philosophie est l’éthique. J’ai été amené à travailler sur les questions éthiques suscitées par l’utilisation de robots autonomes et d’algorithmes censés remplacer l’humain dans des prises de décisions cruciales. Mon travail sur la portée et les limites des algorithmes dans le domaine de la décision éthique et juridique rejoint d’ailleurs la question de l’efficacité ou de l’inefficacité des mathématiques dans les domaines spécifiquement humains.
En 1927 étaient réunis à Bruxelles, entre autres, Auguste Picard, Théophile de Donder, Schrödinger, Pauli, Heisenberg, Dirac, Louis de Broglie, Niels Bohr, Max Planck, Marie Curie, Langevin et bien sûr Einstein. Est-ce que la physique reste aussi stimulante en 2020 qu’elle a pu l’être dans les trente premières années du XXème siècle, à l’époque des congrès Solvay ?
Bien entendu ! La recherche reste passionnante non seulement dans les domaines très fondamentaux comme la recherche d’une théorie quantique de la gravitation (qui unifierait les descriptions cosmologiques et microscopiques de la nature) mais aussi dans des domaines comme les ordinateurs quantiques, la biophysique, la physique du solide, etc.
Photo Congrès Solvay 1927
Jadis quasi tous les savants étaient croyants. Newton disait : « L’incomparable disposition et harmonie de l’univers, tout cela n’a pu se faire que selon les plans d’un Être éternel doué de sagesse et de puissance ». Kepler, Copernic, Linné, Mendel, Volta, Ampère, Marconi, Pasteur et tant d’autres étaient chrétiens… Cela a bien changé au XXème siècle. Dirac, Schrödinger ou Niels Bohr, entre autres, étaient athées. Est-ce que cela a, selon vous, un rapport avec la nouvelle physique (physique quantique et relativité générale) ou cela s’inscrit-il plutôt dans le cadre plus large de l’évolution des mentalités et des croyances en Occident ?
Non, cela n’a rien à voir avec la physique contemporaine. On peut trouver aujourd’hui des scientifiques de pointe qui sont croyants.
Comme vous le dites la situation de la foi dans la communauté scientifique est plutôt liée à la sécularisation croissante de nos sociétés. Elle reflète un état d’esprit présent dans nos sociétés occidentales. Peut-être faut-il aussi distinguer les scientifiques qui se disent ouvertement athées et ceux qui sont agnostiques : je connais un certain nombre de scientifiques qui se disent agnostiques et qui revendiquent explicitement de ne pas être athées.
ASIE/INDE - Poursuite des violences antichrétiennes malgré la crise du corona virus
mercredi, 15 juillet 2020
New Delhi (Agence Fides) – La pandémie de Covid-19 et le long verrouillage imposé pour contenir la diffusion du virus n'ont pas bloqué la violence interreligieuse et les cas d'agressions envers des chrétiens indiens. Au cours des six premiers mois de cette année, les épisodes de violence enregistrés à l'égard de chrétiens ont été au nombre de 121 dans 15 Etats de la Fédération indienne, ainsi que l'indique un rapport envoyé à l'Agence Fides par l'United Christian Forum (UCF) de New Delhi.
Selon le rapport, dans le cadre de ces épisodes, deux chrétiens ont été tués alors que, dans 95 cas, il s'est agi d'une violence de masse, perpétrée par une foule d'extrémistes à l'encontre d'églises et de salle de culte, attaquées, occupées illégalement ou fermées. Dans 20 cas, a également été enregistré un boycott ou une discrimination à l'encontre des fidèles, note l'UCF.
Les Etats dans lesquels ont été signalées des violences contre les chrétiens sont : l'Andhra Pradesh, le Bihar, le Chhattisgarh – qui détient le record avec 32 cas -, Goa, l'Haryana, l'Himachal Pradesh, le Jharkhand, le Karnataka, le Madhya Pradesh, le Maharashtra, l'Odisha, le Pendjab, le Tamil Nadu, le Telangana et l'Uttar Pradesh. L'UCF et ses partenaires - Alliance Defending Freedom India (ADF India), Religious Liberty Commission of Evangelical Fellowship of India (EFI) et Christian Legal Association (CLA) – grâce à l'action d'avocats et aux actions légales entreprises sont parvenus à faire rouvrir 19 églises, à faire remettre en liberté sous caution 28 pasteurs et à les faire acquitter des fausses accusations obtenant également, dans 45 cas, l'annulation des accusations de conversion forcée dans le cadre de procès devant différents tribunaux du pays.
« Les incidents révèlent la triste réalité, à savoir que la liberté de pratiquer sa propre foi est pénalisée ou réduite dans au moins 15 des 28 Etats de l'Union. De même, 95 incidents sur 121 constituent des attaques à caractère criminel plus que religieux » remarque l'UCF, faisant part de sa préoccupation parce que « aucun parti politique ne prend de position forte contre de tels actes de violence ».
L'UCF relève, dans la note envoyée à Fides : « Personne ne devrait être persécuté à cause de sa foi. Il est préoccupant de voir de terribles actes de violence de masse même après une série d'indications exprimée par la Cour Suprême. La police et les administrations locales, qui sont responsables de l'application de la loi et de l'ordre, doivent agir rapidement contre quiconque est impliqué dans la violence de la foule » indique Michael Williams, Président national de l'UCF.
Le modus operandi observé dans tous ces incidents est simple : une foule, accompagnée par la police locale, arrive dans un lieu où est en cours une liturgie ou une assemblée chrétienne. Elle hurle des slogans, roue de coups hommes, femmes et enfants. Par suite, les pasteurs sont arrêtés ou détenus par la police sous la fausse accusation de conversions forcées.
Il faut en outre remarquer l'alarmante tendance à ne pas déposer de plainte (FIR) à l'encontre des auteurs des violences attendu que seuls dans le cadre de 20 incidents sur 121, une plainte a effectivement été déposée devant les autorités de police.
L'UCF et ses partenaires indiquent par ailleurs que la dangereuse tendance à la violence à l'égard des chrétiens est en constante augmentation. A.C. Michael, membre de l'UCF, citant les données relatives aux années passées, indique que les cas d'agressions concernant des lieux ou des personnes chrétiens ont été, plus de 200 en 2016, 250 en 2017, 300 en 2018 et 328 en 2019. (SD-PA) (Agence Fides 15/07/2020)