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Culture - Page 49

  • Vermeer : plus catholique qu'on ne le pense

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    D'Erik De Smet sur Kerknet :

    Le secret catholique de Johannes Vermeer

    27 février 2023

    Johannes Vermeer était plus catholique qu'on ne le pense, affirme le commissaire de l'exposition Vermeer du Rijksmuseum d'Amsterdam, qui affiche complet.

    L'influence de la foi catholique sur Johannes Vermeer (1632-1675), protestant à l'origine, est plus importante qu'on ne l'a toujours pensé. C'est ce que conclut Gregor J.M. Weber, l'un des commissaires de l'exposition Vermeer au Rijksmuseum d'Amsterdam, dans son livre Johannes Vermeer. Foi, lumière et réflexion.

    Cette suspicion n'est pas nouvelle. Il y a quelques années, les jésuites néerlandais Dries van den Akker et Paul Begheyn ont écrit un livre sur Vermeer et sa relation avec les jésuites de Delft. Un travail pas simple, car malgré sa réputation renommée, nous ne savons pratiquement rien du peintre de Delft. Seuls les actes notariés mentionnent son nom. Sa biographie consiste en grande partie en conjectures et en suppositions.

    Un mariage qui ne va pas de soi

    Les faits. Pour épouser une jeune fille catholique, Vermeer, baptisé dans l'Église protestante, a dû passer à la foi catholique et se familiariser avec la doctrine catholique. Le mariage a été béni le 20 avril 1653 par le jésuite Johannes Vermeij, peut-être dans une grange ou une maison de Schipluiden, car les catholiques n'étaient pas autorisés à professer ouvertement leur foi. Le mariage n'allait pas de soi : Johannes était issu de la petite bourgeoisie, sa femme Catharina Bolnes d'une famille riche et catholique pratiquante. Après le mariage, Vermeer, alors âgé de 20 ans, et sa femme sont allés vivre chez sa belle-mère et sont devenus voisins des jésuites à Delft.

    Mais Vermeer est-il devenu un fervent catholique ? Sur ce point, les avis sont partagés.

    Par son mariage, le peintre est sans doute entré dans un milieu catholique.
    Dans sa maison était suspendu un crucifix (à l'époque un signe manifeste de l'"ancienne" foi) et il possédait des tableaux catholiques. Deux de ses fils portent le nom de saints catholiques : François et Ignace. Son fils aîné Johannes nourrissait le désir de devenir prêtre, et son petit-fils Aegidus, fils de sa fille Maria, a été ordonné prêtre. 

    La foi catholique se reflète-t-elle également dans les œuvres de Vermeer ?

    Le Christ dans la maison de Marthe et Marie (1655, National Galleries of Scotland, Edinburgh) est l'une des rares œuvres ayant un thème religieux. Le peintre s'est rendu célèbre avec des scènes calmes et intimes, où souvent les jeunes femmes sont prises, pour ainsi dire, dans des actions quotidiennes. Progressivement dans sa carrière, le maître de Delft a également développé une maîtrise particulière de la lumière.

    Selon Gregor J.M. Weber, c'est chez les jésuites que Vermeer a rencontré pour la première fois la camera obscura, un outil permettant de reproduire fidèlement la réalité sur la toile.

    La lumière et l'optique jouent un rôle très important dans la littérature dévotionnelle des Jésuites.
    Ils utilisent l'appareil photo comme modèle pour la perception de la lumière divine. Vermeer a également conçu des thèmes jésuites dans les scènes de la vie quotidienne.

    Sa Femme à la balance (1662-64, National Gallery of Art, Washington) montre en arrière-plan un tableau représentant le Jugement dernier, dans lequel les âmes de tous sont pesées. La jeune femme fait de même avec sa balance. Mais que pèse-t-elle ? De l'or ? Non, rien du tout. La femme attend que la balance atteigne l'équilibre, symbole d'une vie tempérée et d'un jugement mesuré. Le contraste entre les valeurs terrestres et célestes, le clair et l'obscur, est également caractéristique de la littérature dévotionnelle jésuite. La pesée représente le discernement.

    Aujourd'hui, on considère l'Allégorie de la foi (1671-1674, Metropolitan Museum of Art, New York) comme l'œuvre la moins convaincante de Vermeer, mais c'était l'un des tableaux les mieux payés vendus après sa mort. Elle est pleine de symboles catholiques. Vermeer peint une pièce domestique avec une grande crucifixion. La jeune femme, avec son pied sur le globe, symbolise la foi. Un rideau, comme dans d'autres œuvres de Vermeer, semble nous donner un aperçu de quelque chose d'intime. Le plus grand mystère réside dans le globe en verre réfléchissant comme symbole au plafond. Une telle sphère apparaît également dans un livre jésuite de 1636. Cela indique que Vermeer avait une connaissance approfondie de leurs idées spirituelles.

    Considérez le silence et l'intimité, et surtout la lumière dans les œuvres de Vermeer comme des thèmes religieux. La merveille de Dieu se révèle dans le monde qui nous entoure. Il s'agit sans aucun doute d'un thème catholique. Dans ce monde matériel, qui se laisse lire comme une "seconde Bible", Dieu était aussi présent que dans les saintes écritures", écrit l'historien Aart Aarsbergen dans une récente biographie du maître. 

    Mais qu'en est-il de la célèbre Fille à la boucle d'oreille en perle ? L'œuvre la plus célèbre de Vermeer est sans aucun doute la Jeune fille à la perle (1665, Mauritshuis, La Haye), qui est devenue au cours des dernières décennies la "Joconde du Nord". Il s'agit d'un portrait plutôt modeste d'une jeune Hollandaise très ordinaire, mais qui présente un attrait inimaginable et une maîtrise magistrale de la lumière. Dans le film à succès de 2003 Girl with a Pearl Earring (basé sur un roman de Tracy Chevalier), Scarlett Johansson joue le rôle d'une jeune fille protestante, Griet, qui doit servir dans la riche famille catholique de Vermeer. On dit qu'elle aurait été le modèle du tableau. L'histoire est en grande partie une fiction.

    La force du tableau provient des quatre reflets de la lumière : dans les deux yeux de la jeune fille, sur ses lèvres et dans le bijou à son oreille, qui n'est d'ailleurs pas une perle. Là encore, il y a un sous-entendu spirituel (catholique) : le terrestre reflète la lumière divine.

    Pendant ce temps, l'exposition Vermeer au Rijksmuseum d'Amsterdam affiche complet. Les 450 000 billets disponibles ont été vendus en quelques jours. 

    Pour aller plus loin :

    • Dries van den Akker S.J. en Paul Begheyn S.J., Johannes Vermeer en de Jezuïeten in Delft, Adveniat, 148 blz.
    • Gregor J.M. Weber, Johannes Vermeer. Geloof, licht en reflectie, Rijksmuseum, 168 blz.
    • Aart Aarsbergen, Het raadsel Vermeer; Kroniek van een schilderijen, Sterck&De Vreese, 235 blz..
  • Faut-il se méfier des Mangas ?

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    L'Action Familiale et Scolaire a publié un article sur ce sujet dont de larges extraits ont été reproduits sur le Salon beige :

    Le numéro de février de l’Action Familiale et Scolaire comprend un article sur les Mangas, cette littérature venue du Japon et proche de la bande dessinée. Les auteurs, un groupe de professeurs, mettent en garde les parents. Extrait :

    […] Les meilleurs mangas ne présentent pas ou peu de texte, mais une série d’onomatopées exprimant l’émotion ou la violence des sentiments. Les Japonais sont des dessinateurs très précis et des professionnels de l’imitation en tout domaine, grâce à leur sens de l’observation très aiguisé, sollicité depuis leur plus tendre enfance : leur écriture en effet demande une grande précision graphique  (un trait de trop entraîne un autre sens).

    L’exercice de la dictée en Occident sollicite l’esprit analytique qui cherche à comprendre le sens de la phrase et des mots pour les accords, même les plus simples. Au Japon, l’orthographe se limite au dessin et à la précision du trait, sans recours à l’analyse. Les Japonais procèdent par imitation d’un modèle donné. Ils n’expriment point des idées mais des émotions et des sentiments. Il n’y a donc pas de philosophe, ni de véritable penseur au Japon, mais de très bons imitateurs et dessinateurs. L’imagination est leur faculté maîtresse.

    Or, en utilisant les images, on s’adresse à l’imagination et non à l’intelligence. Ainsi, le premier danger des mangas est le manque de rationalité ; la démarche est uniquement émotionnelle et non plus rationnelle. On bascule du mode analytique au mode intuitif par association d’images, dont les messages flous et ambigus s’opposent à la précision de la raison.

    Le premier danger des mangas est donc cette absence de toute rationalité, relative à leur écriture même (c’est la marque de la culture asiatique, avec des variantes selon les pays). Les mangas, c’est le règne de l’image, avec tout ce que cela implique de barrière dressée contre l’intelligible, et plus profondément, comme logique associative dressée contre la logique analytique. […]

    Les mangas japonais cassent l’emprisonnement de la case. Celle-ci devient de dimensions très variables et le personnage peut en sortir. Les visages et les attitudes sont très déformés, voire tronqués. L’être humain n’est pas perçu dans son intégrité (intégrité qui est, rappelons-le, un des critères de la beauté), mais il est défiguré par des détails grossis à l’excès, par l’exagération des proportions – celle des yeux en particulier – du texte ou de l’image, exprimant au premier coup d’œil la violence des émotions, quand ce n’est pas le scabreux des situations. Les Japonais ont une grande habileté technique pour guider l’œil du lecteur sur un point précis de l’image. Ils utilisent un mécanisme subtil pour attirer l’œil, en utilisant la technique des gros plans (voir planche page suivante). De plus, la lecture des mangas se fait à l’envers : on commence le livre à la dernière page et on avance “à l’envers”, de droite à gauche. […]

    L’histoire racontée en images avec peu de texte et beaucoup d’onomatopées, défile à toute allure. La technique du déroulement accéléré des images ne permet pas à l’esprit de se poser, ni de réfléchir. Tout va très vite, comme dans un film. Pendant ce temps, la mémoire visuelle, elle, a saisi ces images et les a intégrées. Ces images restent dans le lecteur malgré lui et forment une réserve de “repères” auxquels il se réfère ensuite dans son agir moral sans même le réaliser. Le manga, par cette technique d’avalanche d’images très souvent laides et caricaturales (et qui atteint sa perfection probablement dans les dessins animés), transmet un message qui échappe au lecteur et qui peut, à son insu, devenir le moteur de son action, quand bien même il s’en croit préservé. C’ est le principe du message “subliminal”. On connaît ce procédé utilisé dans les publicités.

    Le second danger des mangas est donc la disparition de tout ordre, de toute soumission au réel et la transmission d’un message subliminal. […]

    Le Japon est le seul pays industrialisé à être animiste. C’est le shintoïsme2 qui est la religion propre au Japon et à la civilisation japonaise. Aujourd’hui encore, il existe plus de 80 000 sanctuaires où l’on vénère les esprits, les kamis (animaux, sources, chutes d’eau, montagne). Ainsi, au-delà des techniques d’ hameçonnage psychologique produisant l’addiction, la lecture des mangas contient tout d’abord une initiation pure et simple au syncrétisme asiatique : culte des esprits – dont le culte des ancêtres – confucianisme, taoïsme, bouddhisme, mais adaptée au monde dans lequel vivent ses lecteurs et poussée à l’extrême. On se retrouve dans un univers fantasmagorique, aberrant et absurde où tout est dans tout et au même niveau, sans ordre, et où tout peut se transformer en tout, on est en plein panthéisme, qui de surcroît entraîne la négation totale du principe d’identité et de nature humaine. […] Or, on le sait, l’univers mental asiatique est sous l’emprise démoniaque depuis des millénaires ; le catholicisme n’y a jamais pu prendre racine en raison des deux obstacles majeurs, semble-t-il, que sont le syncrétisme et la contrefaçon , servis par une rationalité plutôt intuitive ou associative qu’analytique. Le quatrième danger des mangas est donc l’imprégnation démoniaque qui n’est pas simplement accidentelle (fréquentation d’un univers païen, conçu et réalisé par des païens) ; il y a très probablement une intention arrêtée, dès le départ, d’envoûter par le biais des mangas, que cette intention vienne des concepteurs eux- mêmes ou directement de l’esprit angélique qui les inspire. […]

  • La caractéristique la plus importante du communisme chinois est l'athéisme

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    De Zhou Kexin sur Bitter Winter :

    "La caractéristique la plus importante du communisme chinois est l'athéisme"

    27/02/2023

    La série télévisée populaire "The Knockout" est mobilisée par le PCC pour une nouvelle campagne contre la religion.

    Promouvoir l'athéisme : un homme qui prie dans "The Knockout" est l'archi-vilain Gao Qiqiang.
    Promoting atheism: a praying man in “The Knockout” is archvillain Gao Qiqiang.

    Si vous vivez en Chine, il y a de fortes chances que vous ayez vu au moins quelques épisodes de la série télévisée "The Knockout", dont le dernier épisode a été diffusé le 1er février. C'était bien fait, et immensément populaire. Elle était également très politique. Ceux qui ont pris soin de regarder les titres ont remarqué que la série était officiellement produite "sous la direction de la Commission centrale des affaires politiques et juridiques du Parti communiste chinois", le superviseur tout-puissant de la police, de la sécurité et des tribunaux en Chine.

    "The Knockout" est une série policière avec un méchant en chef, le patron du crime Gao Qiqiang. Méchant par excellence, il possède même une caractéristique négative que la Commission centrale des affaires politiques et juridiques considère peut-être comme plus dangereuse : il est croyant.

    La China Anti-Xie-Jiao Association est une organisation colossale du PCC dont le mandat est de combattre les mouvements religieux interdits sous le nom de "xie jiao", parfois traduit par "sectes". Cependant, tant qu'elle y est, elle calomnie et combat toutes les religions.

    Un document extraordinaire publié le 13 février par cette association, qui fait partie de son matériel pédagogique, contient des directives sur la manière de commenter "l'ouragan" lors des séances de propagande.

    Le document insiste sur le fait que le méchant Gao Qiqiang est un croyant. On nous dit que Gao "va prier Dieu et Bouddha pour qu'ils le protègent, mais qu'il ne peut finalement pas échapper aux sanctions légales". L'identité et l'expérience de Gao Qiqiang nous disent que les masses, les membres du parti et les fonctionnaires doivent respecter la loi, et que la superstition ne peut sauver les contrevenants à la loi."

    En regardant Gao, on peut comprendre ce qu'est la superstition. Elle n'est en aucun cas limitée aux "cultes". "Ce que nous appelons la superstition féodale, selon le texte, fait référence à la croyance en des dieux et des fantômes, et au fait de suivre les autres en participant à des activités anti-scientifiques en raison d'une croyance aveugle et d'une croyance ignorante." Il ne s'agit pas de croire aux "mauvais" dieux. Il s'agit de la croyance aux dieux, en général.

    A poster for “The Knockout.”
    Une affiche pour "The Knockout".

    Pour être plus précis, les directives proclament avec insistance que "la foi dans le communisme est la vitalité et l'élément vital des membres du PCC. Les membres du Parti qui conservent leur foi dans le communisme ne perdront pas leur "calcium", leurs os seront durs, ils seront capables d'adopter une position claire face au bien et au mal, ils seront capables de rester fermes face à toutes sortes de tentations, ils sauront "d'où ils viennent et où ils vont". Ils comprendront qui ils sont et ne croiront pas aux dieux, aux fantômes ou au Feng Shui." (Xi Jinping n'aime pas le Feng Shui, bien que l'éradiquer des masses chinoises s'avérerait probablement impossible).

    " Marx, poursuit le texte, a dit un jour : " Le communisme procède directement de l'athéisme. Tous les communistes chinois devraient être de fermes matérialistes et athées dès le jour où ils prêtent le serment d'adhérer au Parti. Les membres du PCC sont des "citoyens spéciaux" qui ont une conscience politique plus élevée, des convictions politiques plus fortes et une discipline organisationnelle plus solide que les citoyens ordinaires. La chose la plus fondamentale pour les communistes de croire au marxisme est d'adhérer au matérialisme approfondi et à l'athéisme scientifique. Il s'agit d'une question fondamentale liée à l'essence des membres du Parti et des cadres. Les membres du Parti qui organisent ou participent à des activités superstitieuses perdent leurs croyances correctes, abandonnent leurs armes théoriques, encouragent la superstition, vont à l'encontre de l'esprit du Parti et s'égarent facilement dans la corruption et la dégénérescence, nuisent à l'image du Parti et du gouvernement et causent de graves dommages. Ils doivent être tenus pour responsables."

    Le religieux Gao Qiqiang devient un criminel, mais il est finalement vaincu par le bras fort du Parti communiste athée. L'athéisme gagne, la religion perd. Ce message simple est inculqué à nouveau par tous les moyens possibles, y compris les séries télévisées produites "sous la direction de la Commission centrale des affaires politiques et juridiques du Parti communiste chinois".

  • Le carnaval : un héritage catholique ?

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    De Bosco d'Otreppe sur La Libre de ce 21 février, p. 33 :

    Pourquoi la Belgique est-elle une terre de carnavals ?

    Patchwork de bourgades et de communes catholiques, le pays a particulièrement soigné les carnavals qui participaient notamment à l’affirmation de soi.

    Binche, Malmedy, Alost, Eupen, La Roche, Ninove, Nivelles, Morlanwelz, Lobbes… Sans oublier les Lætares de La Louvière, Fosses-laVille, Tilff ou Stavelot. Des gilles aux Blancs Moussis, la Belgique est bel et bien une terre de carnaval.

    "D’autres régions du monde cultivent de tels folklores", note Clémence Mathieu, directrice du musée international du Carnaval et du Masque (Binche), mais le carnaval trouve chez nous "un écho spécifique dans le cœur des gens." "Sans doute est-ce parce que notre pays est composé de petits villages et de communes qui soignent leur identité ; et le carnaval participe de celle-ci."

    Citoyens de communes et de bourgades, les Belges seraient donc soucieux de leur folklore, peut-être davantage que dans des pays plus "jacobins" et centralisés autour d’une capitale. "Notez que si l’on pense à la France, on remarque que dès que l’on s’avance dans des régions plus reculées et moins tournées vers une capitale - les Alpes par exemple - l’on retrouve de telles coutumes régionales", poursuit Clémence Mathieu.

    Président de la Société de géographie à Paris, Jean-Robert Pitte propose une hypothèse comparable. "Le carnaval est souvent une affirmation des libertés urbaines. Ainsi, de nombreuses villes carnavalesques sont aussi des villes ‘à beffroi’", historiquement soucieuses de leur indépendance. "Il suffit de penser au Carnaval de Dunkerque lors duquel le maire et ses adjoints lancent des harengs depuis l’hôtel de ville et son beffroi. C’est aussi le cas du Carnaval de Venise, affirmation haute en couleur de la Sérénissime."

    Face aux protestants

    Célébration de la transgression, de la mascarade, du burlesque et de l’inversion des rôles, le carnaval trouve son origine dans les fêtes antiques qui jalonnaient le printemps. Si ces fêtes ont été reprises par le catholicisme pour en faire le carnaval - dernier exutoire avant l’entrée en Carême -, c’est qu’elles s’accordent bien à cette religion qui octroie une grande importance à la bonne chère et aux cinq sens. Le catholicisme a toujours pris très au sérieux l’incarnation, c’est-à-dire le fait que son Dieu "s’est fait homme", qu’il a cassé la croûte en partageant le poisson sur les berges du lac de Tibériade, qu’il a multiplié les banquets et changé l’eau en vin pour sauver une noce à la dérive.

    Dans le sillage de l’Église, "la nourriture rayonne de sainteté", note le philosophe Rémi Brague, et la tradition catholique a dès lors toujours pris au sérieux l’exultation du plaisir. Les fêtes catholiques - et les carnavals en sont un bon exemple - "mélangent cérémonies religieuses et réjouissances profanes, écrit Jean-Robert Pitte dans son ouvrage La planète catholique (Tallandier, 2020).

    Tous les arts sont concernés, au premier rangs desquels la musique et la danse, l’art vestimentaire, la gastronomie, mais aussi le théâtre, etc." Le catholicisme veille cependant à ce que cette recherche des plaisirs soit maîtrisée dans les limites du respect de l’autre et de soi-même. Le Carême qui débute au lendemain du carnaval est en ce sens une période de frugalité qui rend le primat à Dieu.

    À côté du catholicisme, le protestantisme rigoureux se présente à certains égards comme une religion plus austère et iconoclaste qui ne connaît d’ailleurs pas de carême en tant que tel. Pour cette raison, la culture du carnaval est moins répandue dans les villes protestantes, bien que les Carnavals de Bâle ou Hambourg - parmi d’autres - aient survécu à la Réforme en tant qu’affirmations des libertés urbaines.

    Jean-Robert Pitte avance dès lors une deuxième hypothèse. Si les carnavals sont si nombreux aux confins du monde réformé, chez nous au nord de l’Europe ou dans la vallée du Rhin, c’est qu’ils ont pu, tout au long de l’histoire, se présenter comme un geste d’affirmation catholique face aux voisins protestants. Le géographe propose cette explication avec prudence, mais il note que ce fut aussi le cas pour l’architecture baroque et rococo qui s’est épanouie en Autriche ou en Bavière pour mieux y défier l’iconoclasme et l’austérité protestante.

  • Mardi gras et Mercredi des Cendres

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    Du Père Roch Valentin sur le site du diocèse de Belley-Ars :

    Mardi gras et mercredi des cendres

    Après le carnaval et ses festivités, nous entrons dans le temps du carême. Pour tout savoir sur le sens du mardi gras et du mercredi des cendres, début du temps liturgique du carême.

    Le Carnaval et mardi gras

    La semaine précédant le mercredi des Cendres, c'est le carnaval, temps de fantaisie avant l'austérité. Et le dernier jour du carnaval, c'est le mardi gras. Ce sont les dernières réjouissances avant de se lancer résolument dans le temps de la pénitence. C'est le dernier moment pour consommer les provisions d'aliments « gras » dont on se passera en carême. Il est de tradition de faire des crêpes ou des bugnes (appelées merveilles ou oreilles suivant les régions). Cela nous rappelle le temps où, pour écouler les oeufs avant de n'en plus manger pendant le carême, on les consommait dans la pâte à crêpe, à beignet... Mais les oeufs sans réfrigérateurs ne se conservent pas six semaine, et les poules ne cessent pas de pondre parce qu'on ne mange pas leurs oeufs, alors, à la mi-Carême (4e dimanche dit de Laetare), on recommencera, avant de se replonger avec sérieux dans nos efforts. Et enfin, à Pâques, on les décorera avant de les cacher dans le jardin.

    Le mercredi des Cendres

    La Bible

    Dans la Bible, les cendres sont la manière de confesser publiquement sa faute et d'exprimer sa volonté de changer de vie. Pensons à la grande ville de Ninive dont le roi, en entendant la prédication de Jonas annonçant la destruction dans quarante jours, ordonne à tous les habitants, hommes et animaux, de jeûner et de faire pénitence avec un sac comme habit et dans la cendre. Se couvrir la tête de cendre, c'est aussi dans l'Ancien Testament, la manière de se préparer à prier le Seigneur de façon à être entendu. Nous voyons cela par exemple avec la reine Esther qui quitte tous ses atours et se couvre de cendre pour prier avant de se parer à nouveau pour se présenter devant le roi et intercéder en faveur du peuple juif. Les livres de Sagesse, eux, montre par cette réalité poussiéreuse la fugacité de la vie, la pauvreté de l'existence, invitant à ce confier davantage au Seigneur.

    L'origine

    Dans l'Antiquité chrétienne, le carême était la période de préparation à la réintégration des pénitents. Les pénitents étaient des chrétiens ayant commis des fautes graves et désirant retrouver la communion avec Dieu dans l'Eglise. Pour cela, ils confessaient en secret à l'évêque leurs péchés et étaient admis ensuite publiquement dans l'ordre des pénitents en recevant les cendres sur la tête. A la fin de la période de pénitence faite de renoncements, de charité et de prière intense, ils recevaient l'absolution de l'évêque le Jeudi Saint et retrouvaient leur place parmi les fidèles pour célébrer Pâques. Jusqu'au VIe siècle, cette cérémonie avait lieu le 6e dimanche avant Pâques, mais avec Grégoire le Grand, elle a été avancée au mercredi précédant pour totaliser 40 jours de pénitence, car les dimanches n'en sont pas. Mais dès cette époque, le Pape lui-même se faisait imposer les cendres en signe de pénitence et de préparation à Pâques. Cela se faisait à la basilique Sainte-Anastasie au Palatin, avant de monter pieds nus à Sainte-Sabine sur l'Aventin pour la première prédication de carême. Elle lui rappelait que, tout pape qu'il était, il était poussière et y retournerai. Ce signe de la pénitence est désormais reçu par tous les fidèles catholiques. Mais se souvenir de son origine doit nous inciter à bien nous confesser avant la grande fête, même si nous ne faisons plus publiquement notre pénitence, à entrer véritablement dans une logique de conversion et d'intensification de la vie chrétienne.

    Aujourd'hui

    La liturgie du mercredi des cendres, de nos jours, peut être célébrée soit au cours d'une célébration de la Parole, soit au cours de la messe. On entend toujours l'évangile selon saint Matthieu (chapitre 6) dans lequel le Christ nous apprend à faire l'aumône, à prier et à jeûner dans le secret, sous le seul regard de notre Père. Ça sera notre feuille de route pour le carême. Après l'homélie, le prêtre bénit les cendres, produites en principe par l'incinération des rameaux de l'année précédente. Puis il s'impose à lui-même la cendre, s'il n'y a pas d'autre prêtre pouvant le lui faire, et ensuite il l'impose à chaque fidèle, soit en en répandant un peu sur la tête, soit en marquant le front en signe de croix. Il joint à ce geste ces mots : « Convertissez-vous et croyez à l'Evangile. » C'est l'exhortation à entrer en vérité dans le carême. Ou encore : « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras en poussière. » C'est l'invitation à accepter notre condition mortelle du fait du péché, dans la confiance que Dieu peut nous pardonner et nous ressusciter.

    Jour de jeûne et d'abstinence

    Ce jour est l'un des deux seuls jours de jeûne et d'abstinence de l'année (avec le Vendredi Saint), ne passons pas à coté. Pour mémoire, tous les vendredis de l'année, c'est abstinence. C'est-à-dire qu'on s'abstient de viande, d'alcool, de tabac... et on prend plus de temps pour la prière et le partage. Les vendredis de carême, en France, c'est spécifiquement de viande que l'on s'abstient. Les jours de jeûne, on s'abstient de viande et se prive substantiellement de nourriture selon son âge et ses forces.

  • Cantates BWV 22 et 23 de J.-S. Bach pour le Dimanche de la Quinquagésime

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    Au temps de Jean-Sébastien Bach, le dernier « dimanche-avec-cantate » avant le Carême, le 7ème dimanche avant Pâques, était appelé dimanche de la Quinquagésime (50ème jour avant Pâques), comme dans le calendrier liturgique traditionnel de l'Eglise catholique: avec le même récit évangélique ( en st Luc, 18, 31-43) illustré à Leipzig par deux cantates composées par le "Cantor" de Saint-Thomas : l'une, BWV 22 Jesus nahm zu sich die Zwölfe (Jésus prit avec lui les Douze) se chantait avant le sermon, l'autre, BWV 23 Du wahrer Gott und Davids Sohn (Toi Dieu véritable et Fils de David), après celui-ci.

    JPSC

  • La mission de l’Église consiste plus que jamais à maintenir toute la force de son message

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    Une tribune du père Luc de Bellescize publiée sur le site de La Nef :

    L’Église doit tenir face aux nouvelles idoles

    Tribune du père Luc de Bellescize — Les grandes idéologies du XXe siècle ont refusé le Fils et ont prétendu apporter elles-mêmes le salut aux hommes. À ce refus du Fils Sauveur succède aujourd’hui le refus du Père Créateur : la pensée libérale vante un homme qui ne se reçoit de rien ni de personne, un homme qui se façonne totalement lui-même. Nous avons pourtant tout à y perdre, et le père Luc de Bellescize rappelle ici que la mission de l’Église consiste plus que jamais à maintenir toute la force de son message, fût-ce à contretemps. Elle n’a pas le droit de céder aux sirènes des modes idéologiques de l’époque, elle a au contraire le devoir d’être courageuse et de rester fidèle à sa façon d’aimer les hommes : en ne sacrifiant jamais l’exigence de son message.

    Tribune du père Luc de Bellescize initialement parue sur Aleteia.

    Les grandes idéologies qui ont ravagé le XXe siècle étaient fondées sur la pensée d’un salut de l’homme par l’homme, soit par l’exaltation d’une race prétendument supérieure, soit par la révolution qui, en renversant des structures dominatrices, allait faire advenir la paix. National-socialisme et marxisme étaient deux figures de l’antéchrist dans l’histoire et deux bêtes de l’Apocalypse. Elles ont ravagé la terre et versé le sang des saints. Il s’agissait d’idéologies de la rédemption contre l’unique Sauveur. Saint Jean-Paul II, qui les avait vécues dans sa chair, leur répondit dans sa première encyclique, Redemptor hominis, que le Christ est l’unique sauveur des hommes et qu’il n’y a pas d’autre Nom sous le Ciel par lequel nous devons être sauvés. 

    De nouvelles idoles

    Nous sommes entrés au XXIe siècle dans une ère où se lèvent de nouvelles idoles. Elles sont encore plus radicales car elles ne s’opposent plus directement au Sauveur, mais elles consistent en une rupture avec le Créateur. Au refus du Fils a succédé le refus du Père. Au refus d’être sauvé a succédé le refus d’être créé. Nous nous voulons aujourd’hui notre propre origine et notre propre fin, tel le Phénix qui s’auto-détruit et renaît par lui-même de ses cendres. Nous nous prétendons les créateurs de nous-mêmes dans l’illusion d’une liberté pure, radicalement autonome de tout « donné » naturel et de toute obéissance au réel. L’idéologie actuelle est celle d’une liberté qui refuse sa limite et veut choisir absolument sa vie comme elle entend choisir sa mort. Il ne s’agit pas de « devenir ce que nous sommes » en consentant à notre origine sexuée, en acceptant d’être « qualifiés dans l’être » par notre héritage et notre corps, mais de devenir absolument ce que nous voulons être. Nous l’avons entendu dans une émission stupéfiante : « Je ne suis pas un homme, je suis non-binaire. Qu’est-ce qui vous fait dire que je suis un homme ? »

    Dieu crée en séparant. Il sépare le jour et la nuit, le ciel et la terre, l’homme et la femme, la distinction fondamentale entre l’humain, doué du souffle de Dieu et d’une liberté spirituelle, et le monde animal, fondé sur l’instinct. Non une séparation comme conflit, mais comme correspondance. Nous voici dans un temps d’extrême confusion où la complémentarité de l’homme et de la femme, naturellement ouverte à la vie, n’est plus reconnue comme une réalité qui pose une frontière à notre volonté démesurée de puissance. Où, plus grave encore, la distinction de l’homme et de l’animal apparaît comme fallacieuse chez certains « influenceurs » minoritaires, mais incroyablement violents. Ces grands idéologues font obstruction à toute contradiction, aux États-Unis et de plus en plus en Europe, jusque dans ce temple du questionnement et du débat d’idées que devrait constituer la recherche universitaire. 

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  • Le Luxembourg s'enfonce dans l'irréligion

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    De Laura BANNIER sur virgule, (wort.lu) :

    De moins en moins de Luxembourgeois croient en une religion

    Contrairement aux personnes âgées, les jeunes générations sont moins croyantes. 
    16.02.2023

    Les pratiques religieuses traditionnelles sont en net recul au Luxembourg. Alors que 75% des résidents croyaient ou pratiquaient une religion en 2008, ils n'étaient plus que 48% en 2021, selon le Statec.

    Importance de la religion, appartenance à un culte, fréquentation d'un lieu de culte ou encore pratique de la prière, la spiritualité et les religions ont été passées au crible au Luxembourg. Les réponses des résidents interrogés sur leurs pratiques religieuses ont principalement permis de constater que les Luxembourgeois étaient de moins en moins croyants.

    Menée à la fin de l'année 2020 et au début de l'année 2021, cette enquête de l'European Value Survey relayée par le Statec révèle que 48% des résidents se réclamaient de croyances et pratiques religieuses traditionnelles en 2021. C'est nettement moins qu'en 2008 (75%). Parmi les personnes revendiquant leur appartenance à un culte, les catholiques sont largement majoritaires (92%), tandis que les croyants se revendiquant musulmans n'atteignent que 2,7%.

    Les données récoltées laissent transparaître que la religion est peu importante au Luxembourg. 40,86% des répondants estiment qu'elle n'est «pas du tout importante», et 35,45% la jugent «pas importante» tandis qu'à l'extrême opposé, seuls 5,27% des sondés la conçoivent comme «très importante». L'insignifiance de la religion est davantage marquée au Luxembourg, comparé à la moyenne européenne, puisqu'à l'échelle du Vieux continent, la religion est importante pour 36% des habitants.

    Une spiritualité alternative

    Parmi les personnes interrogées, 59% ont affirmé ne jamais fréquenter de lieux de culte. Si 4% s'y rendent une fois par semaine et la même proportion une fois par mois, 15,5% n'assistent à un office religieux qu'à l'occasion de fêtes ou de cérémonies.

    Alors que les résidents n'étaient que 39% à affirmer que «Dieu n'était pas important dans leur vie» en 2008, cette proportion a explosé pour s'établir à 60% en 2021. À noter que la part de résidents sans religion est passée de 35% à 44% tandis que la part d'athées a grimpé de 10% à 18%.

    Au-delà de mettre en évidence le déclin des religions traditionnelles, cette étude souligne la montée des spiritualités alternatives au Luxembourg. En effet, 41% des résidents croient en «un esprit, une force surnaturelle». À ces personnes s'ajoutent les 15% de répondants qui pensent qu'il existe un «dieu personnel», et les 18% d'agnostiques, qui ne savent pas. Les 21% restants estiment qu'il n’« y a pas de divinité ».

    Si Dieu, sous toutes ses formes, est donc encore présent, d'autres croyances subsistent également. C'est le cas de la vie après la mort, à laquelle 30,7% des personnes interrogées croient, tandis que 40% n'y croient pas et 26,5% ne se prononcent pas sur le sujet. La réincarnation convainc 23,6% des répondants tandis que 61,8% déclarent ne pas y croire. L'enfer, lui, est moins populaire avec seulement 10,1% de croyants. 

    Ainsi, «il est ardu de tracer la frontière entre religions traditionnelles et formes de spiritualité modernes», notent les statisticiens. «Les individus se fabriquent des mythes et croyances religieuses à la carte.»

    Une fois compilé, cet ensemble de données permet au Statec d'indiquer que les personnes nées au Luxembourg, les hommes et les personnes orientées à gauche affichent une tendance à être moins religieuses que les autres, tandis que les personnes âgées croient davantage. «Dieu n'est pas mort», conclut l'institut d'études économiques et statistiques, qui souligne que les pays d'Europe de l'Est et du Sud restent très fortement attachés aux principes religieux.

  • Le principal acteur de "The Chosen": ma prestation anti-avortement lors de la Marche pour la Vie était ce que Dieu voulait que je fasse

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    De kath.net/news :

    Acteur de "The Chosen": ma prestation anti-avortement était ce que Dieu voulait que je fasse

    Sa décision devrait être basée sur la volonté de Dieu, et non sur des considérations de carrière, a déclaré Jonathan Roumie, qui joue Jésus.

    Washington DC (kath.net/LifeNews/jg) Jonathan Roumie, le casting de Jesus Christ sur The Chosen, a admis dans une interview qu'il avait hésité avant d'accepter de parler à la Marche pour la vie à Washington DC. D'autres acteurs ont perdu des offres après avoir professé publiquement des politiques pro-vie. Dans une interview accordée à l' Agence catholique de presse , il a déclaré que certains de ses conseillers lui avaient conseillé de ne pas se présenter à la Marche pour la vie .

    Finalement, il a accepté parce qu'il s'est rendu compte que Dieu l'appelait à prendre position contre l'avortement. Il ne le voulait pas, mais s'est finalement soumis à la volonté de Dieu, a-t-il dit.

    Lorsque la demande de participation est arrivée, il a commencé à beaucoup réfléchir et à réfléchir à ce qui pourrait arriver dans le pire des cas. "C'est alors que la peur a parlé et que c'était l'ennemi qui essayait d'entrer dans ma tête", se souvient Roumie.

    Lorsqu'il a demandé conseil, les gens l'ont averti que cela pourrait nuire à sa carrière d'acteur. D'un point de vue purement pratique, ils auraient eu raison, mais sa décision devrait être basée sur la volonté de Dieu et non sur des considérations de carrière.

    Roumie n'a pas mâché ses mots lors de son discours à Washington DC. Tout comme Dieu est réel, Satan est réel, a-t-il dit. Satan se rend compte que son temps est limité. C'est pourquoi il jette tout ce qu'il a sur le monde et sur nous. Beaucoup seraient donc induits en erreur, a-t-il averti. L'un des grands mensonges du diable est l'affirmation que l'avortement ne nous fait pas de mal individuellement ou en tant que société. Il a ensuite invité les participants de la Marche pour la vie à prier pour ceux qui manquaient de conviction, de force et de clarté.

    Après son témoignage, il a confié au CNA qu'il s'était complètement abandonné à Dieu. Dieu l'a accompagné dans sa prestation. Il ne s'était pas senti bien avant, mais ça s'est beaucoup mieux passé qu'il ne le pensait et c'était une bien meilleure décision qu'il n'aurait pu l'imaginer, a déclaré l'acteur.

    Le discours de March for Life de Roumie a été visionné plus d'un million de fois sur YouTube.

  • Vermeer et les Jésuites

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    De Bert Daelemans, SJ, sur Alfa & Omega :

    Vue de Delft (Mauristhuis La Haye)

    Vermeer et les Jésuites

    La Compagnie de Jésus a influencé non seulement la vie personnelle de Vermeer et le sujet de certaines de ses œuvres, mais aussi sa technique.

    16 février 2023

    À trois égards au moins, les jésuites ont été déterminants pour le peintre de la célèbre Fille à la boucle d'oreille de perle (1665), dont une rétrospective de 28 œuvres (sur les 35 connues) est présentée au Rijksmuseum d'Amsterdam jusqu'au 4 juin. Tout d'abord, il a été aidé dans sa vie familiale. Le dimanche de Pâques 1653, Johannes Vermeer (1632-1675), alors protestant, épouse la jeune catholique Catharina Bolnes, dont la mère, Maria Thins, étroitement liée aux jésuites de Delft, avait d'abord émis des réserves quant au mariage de sa fille avec un protestant. Il est probable que la messe ait été présidée par un jésuite. Par ailleurs, les mariages interreligieux étant rares à cette époque, il est possible que le peintre se soit converti au catholicisme. Il est vrai que ses 15 enfants ont été baptisés dans l'Église catholique et que ses filles ont étudié à l'école des Jésuites. Vermeer a appelé l'une d'entre elles Ignatius et une autre Franciscus. Quoi qu'il en soit, quelques années après son mariage, le peintre s'installe avec sa femme, sa belle-mère et le premier de ses enfants dans le Papenhoek, le quartier papiste de la ville protestante de Delft, où les jésuites tiennent une église cachée dans un grenier ou schuilkerk - en 1656, sur 23 000 habitants, 5 500 sont catholiques. Non que les catholiques aient dû se cacher ou garder le lieu de réunion secret. La liberté de culte était garantie et les non-protestants étaient tolérés, même s'ils devaient être discrets dans la République des Provinces-Unies des Pays-Bas.

    Deuxièmement, les jésuites ont marqué son travail. Une recherche récente, Johannes Vermeer : Foi, Lumière et Réflexion, menée par le commissaire de l'exposition, Gregor Weber, confirme l'influence décisive non seulement sur la vie privée et familiale de Vermeer, mais aussi sur son œuvre qui, comme on le sait, comprend des tableaux à thème catholique, comme Sainte Praxede (1655). Grâce aux Jésuites, Vermeer a dû entrer en contact avec de nombreuses œuvres d'art catholiques, comme La Crucifixion de Jacob Jordaens (1593-1678), qu'il inclut en arrière-plan de l'Allégorie de la foi catholique (1670-74). Dans sa maison familiale étaient accrochés une Crucifixion et une Véronique, typiques d'un environnement domestique catholique. Après L'évaluateur de perles (1662-1664) est accroché un Jugement dernier.

    Dans Le Christ dans la maison de Marthe et Marie (1655), Vermeer traite cet épisode de l'Évangile d'une manière très différente de celle de ses prédécesseurs et contemporains, qui soit se concentrent sur la scène remplie de nourriture et d'ustensiles de cuisine - comme Pieter Aertsen (1508-1575), Joachim Beuckelaer (1533-1574) et même Velázquez (1599-1660) - soit placent le Christ entre les deux sœurs, comme pour les distancier, comme Rembrandt (1606-1669). Dans Johannes Vermeer en de jezuïeten in Delft (Johannes Vermeer et les jésuites à Delft), les jésuites Dries van den Akker et Paul Begheyn soutiennent que ces changements décisifs s'inscrivent dans la lignée d'une compositio loci dans le style des Exercices spirituels de saint Ignace de Loyola. Elle se concentre sur les trois protagonistes, leur donne un espace et une hauteur spécifiques et les présente presque grandeur nature comme dans un tableau de dévotion.

    Troisièmement, outre l'influence des jésuites sur la vie de famille et sur la manière dont ils traitent les thèmes catholiques dans leurs œuvres, il existe également une influence sur leur peinture d'un point de vue plus technique. Les jésuites étaient à la fois experts dans le domaine de l'optique - il faut mentionner le réputé Opticorum libri sex (1613), illustré par Rubens, du jésuite flamand Franciscus d'Aguilon (1567-1617), architecte de l'église jésuite d'Anvers - et auteurs d'ouvrages de spiritualité, dans lesquels la lumière a un arrière-plan divin. La boule de cristal suspendue au plafond dans l'Allégorie de la foi catholique, dans laquelle se reflète la pièce illuminée, est représentée dans un emblème de Emblemata sacra de fide, spe, charitate (1624) du jésuite flamand Willem Hesius (1601-1690), mathématicien et architecte de l'église jésuite de Louvain. Le père Isaac van der Mye (1602-1656), membre de la communauté jésuite de Delft, qui avait suivi une formation de peintre avant de rejoindre la Compagnie et qui était proche de Vermeer, lui a probablement enseigné l'utilisation de la camera obscura, selon un dessin retrouvé par Weber. En effet, dans certains des tableaux de Vermeer comme La Dentellière (1669-1670) - montrent des effets lumineux spécifiques de la camera obscura, comme la mise au point sur un seul point et le fait de laisser le reste flou, il ne fait donc aucun doute qu'il connaissait l'instrument, même s'il est peu probable qu'il l'ait utilisé pour peindre. La caméra obscure apparaît également dans plusieurs emblèmes de la spiritualité ignatienne comme un symbole de foi.

  • ChatGPT : de quoi s’agit-il ? Quelles en sont les possibilités et les dangers ?

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    De Carmen Camey sur ACEPRENSA via didoc.be :

    ChatGPT : expectatives et illusions

    10 février 2023

    On parle beaucoup de ChatGPT ces derniers temps. Mais de quoi s’agit-il ? Quelles en sont les possibilités et les dangers ?

    Une nouvelle année, une nouvelle peur d’être remplacé par des robots basés sur l’intelligence artificielle. Le produit développé par OpenAI, une société dans laquelle Elon Musk et Sam Altman, entre autres, sont investisseurs, s’appelle ChatGPT et a été rendu public en novembre 2022. Au cours de ses quelques mois d’existence, le programme a fait fureur dans tous les secteurs, de la technologie à l’éducation. Nombre de ses utilisateurs prédisent qu’il pourrait changer la donne pour l’humanité comme l’a fait la révolution industrielle en son temps.

    En substance, ChatGPT est un modèle qui a été entraîné sur un grand ensemble de données pour comprendre et générer des expressions naturelles. Cette technologie a la capacité de répondre à des questions, de rédiger des textes complets et d’effectuer des tâches de traduction automatique.

    La peur du chômage

    L’une des principales caractéristiques de ChatGPT est sa capacité à générer un texte cohérent et naturel, ce qui le rend utile pour une variété d’applications, telles que les assistants virtuels, les chatbots et la génération automatique de contenu. La demande croissante de ces outils dans le monde numérique devrait avoir un impact majeur sur le marché du travail.

    Tout d’abord, ChatGPT devrait réduire le besoin d’employés réalisant des tâches répétitives, comme répondre aux questions fréquemment posées. Cela pourrait conduire à l’automatisation de nombreux travaux, ce qui pourrait avoir un impact négatif sur l’emploi dans certains domaines, comme les call centers. Il pourrait également devenir un outil pour des secteurs tels que le journalisme, le marketing ou la création de contenus. Avec une seule demande, ChatGPT peut épargner beaucoup de travail aux rédacteurs, car il est capable de générer des textes adaptés à différentes campagnes ou situations.

    Il pourrait également avoir un fort impact sur l’éducation. Il est capable d’écrire des rédactions, de faire des comparaisons, de répondre à des questions complexes et d’émettre des hypothèses sur la base des connaissances qu’il possède. Lorsqu’on lui demande par exemple d’écrire un essai comparatif sur la compréhension du concept de jugement chez Hannah Arendt et Thomas d’Aquin, il répond d’une manière élémentaire mais correcte.

    Ainsi, deux mois seulement après son lancement, des outils de détection de texte générés par intelligence artificielle ont déjà vu le jour — dans le style de l’outil Turnitin, qui détecte les textes plagiés. Il a également été testé pour être utilisé dans d’autres disciplines, comme la programmation. Il est capable de fournir des exemples de code pour une application qui analyse les relevés bancaires. Dans ce cas, ChatGPT fournit un exemple en Flask, mais sa réponse varie si vous demandez la même chose dans une autre langue.

    Les utilisations dans les différentes disciplines sont innombrables. Il est capable, par exemple, de créer des régimes pour des personnes aux caractéristiques différentes et en fonction de différents paramètres. On peut par exemple lui demander de créer un régime pour une personne présentant une résistance à l’insuline, mais la réponse du chat peut être améliorée en ajoutant des paramètres : où vit la personne, quels ingrédients utiliser, ce qu’elle n’aime pas manger, etc.

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  • Deux critères pour réutiliser au mieux les églises fermées

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso (traduction de Diakonos.be)

    Églises fermées. Deux critères pour les réutiliser au mieux

    Marcel Proust était prophétique quand il voyait, en 1904 déjà, bien trop d’ « églises assassinées » par décision du gouvernement français qui les transformait « selon leur bon plaisir en musées, salles de conférences ou en casinos ». Aujourd’hui en France, il y a même pire, avec trois églises incendiées en moins d’une semaine, en janvier dernière, au terme d’une série d’actes hostiles contre les lieux de culte dont la seule faiblesse est d’être sans cesse plus vides de fidèles.

    Plus que d’agressions, des milliers d’églises en Europe souffrent de l’abandon. Avec toujours moins de catholiques à la messe, elles se retrouvent vides. Et elles finissent donc par être fermées. En Allemagne, aux Pays-Bas, en Belgique, les chiffres donnent le vertige. Mais en Italie aussi, le nombre d’églises désaffectées est en augmentation. Ici, au moins, les églises appartiennent non pas à l’État mais à l’Église et elles jouissent donc d’une tutelle spontanée et durable de la part de leurs communautés diocésaines et paroissiales respectives. Mais quand ces communautés s’étiolent et disparaissent, c’est la fin pour leurs églises respectives. Elles risquent sérieusement d’être vendues et de se retrouver sur le marché, transformées par exemple en supermarchés ou en discothèques, ou à tout le moins en quelque chose d’opposé à leur raison d’être.

    Au Vatican, certains ont essayé de trouver des solutions pour remédier à cette situation. À la fin de l’année 2018, le Conseil pontifical de la culture présidé par le cardinal Gianfranco Ravasi avait organisé un colloque à la Grégorienne avec des délégués des évêchés d’Europe et d’Amérique du Nord sur le thème : « Dio non abita più qui ? » [Dieu n’habite-t-il plus ici ?]. Ce colloque a permis de faire émerger des « lignes directrices » qui déconseillaient « des réaffectations commerciales à but lucratif » et qui encourageaient en revanche des « réaffectations solidaires », à finalité « culturelle ou sociale » : musées, salles de conférences, librairies, bibliothèques, archives, laboratoires artistiques, centres Caritas, dispensaires, réfectoires pour les pauvres, et autres. Restant sauve « la transformation en logements privés » dans le cas « d’édifices plus modestes et dépourvus de valeur architecturale ».

    Mais plus de quatre ans après ce colloque, le risque continue à peser toujours plus lourdement. Le nombre d’églises désaffectées est en croissance accélérée, avec l’exigence encore plus forte d’identifier des critères de réaffectation qui aient du sens.

    C’est ce que tente de faire le père Giuliano Zanchi dans le dernier numéro de « Vita e Pensiero », la revue de l’Université catholique de Milan. Le P. Zanchi est prêtre du diocèse de Bergame, professeur de théologie et directeur de l’autre mensuel de la même université, la « Rivista del Clero Italiano », c’est un grand expert d’art et de thèmes liés à la frontière entre esthétique et sacré.

    Dans un article intitulé « Diversamente chiese, la posta in gioco » [églises autrement, les enjeux], le P. Zanchi suggère de suivre deux critères en matière de réaffectation des églises qui ont cessé d’être utilisées pour le culte mais qui « souhaitent se reproposer à la vie civile dans une fonction de carrefour culturel et de seuil spirituel ».

    Le premier critère, écrit-il, est celui qui « capitalise sur la dignité artistique normalement liée aux édifices historiques qui, dans l’actuel esprit du temps défini comme ‘post-sécularisme’, a acquis universellement la faculté d’agir en tant que repère de transcendance ».

    Ceci parce que « les formes de l’art, et particulièrement celles qui raniment la fascination des périodes de gloire de la culture occidentale, se présentent comme un culte laïc qui hérite clairement des fonctions autrefois remplies par la dévotion religieuse ».

    C’est une fascination qui touche « aussi le citoyen agnostique de la cité contemporaine ». Il y a en effet un « culte social de l’art, qui a ses propres sanctuaires, ses liturgies, ses prêtres, ses mythes, ses sacrements, ses pèlerinages et ses fêtes de précepte » qui à leur tour, tout comme la musique, le cinéma, la littérature, « délimitent un espace particulièrement hospitalier d’un univers de pensée commun et partagé ».

    Pour le dire autrement, « le sacré historique de nombre d’édifices religieux qui ne sont plus utilisés comme lieux de la liturgie a toutes les qualités pour pouvoir héberger ces besoins sociaux bien enracinés et pour être candidats à jouer le rôle de véritables carrefours d’une ‘fraternité culturelle’ dans laquelle animer, dans le respect du débat, des échanges d’idée, de la pluralité et de l’hospitalité, un sens commun de l’humain ».

    Le second critère, poursuit le P. Zanchi, consiste en revanche en « ce besoin typique de la cité contemporaine » de disposer d’espaces-frontières, de seuils, « en mesure de nous renvoyer vers la profondeur et la transcendance, un rôle qui, faute de mieux, est habituellement rempli par les théâtres, les musées, les bibliothèques et d’autres lieux d’un dépassement non utilitariste ».

    Les églises en activité remplissent déjà ce dépassement, ce « désir de spiritualité », même pour celui qui n’y entre pas ou qui est étranger au culte qu’on y célèbre. Mais il faudrait également le maintenir vivant même dans les églises désaffectées.

    Le P. Zanchi écrit : « Dans nos villes, qui restent impitoyablement horizontales, même quand on construit des gratte-ciels qui défient les cieux, nous avons besoin d’espaces susceptibles d’être franchis comme des ‘seuils spirituels’ et qui vivent d’un élan vertical même quand ils restent cachés au rez-de-chaussée de la vie urbaine. Maintenir de toutes les façons possibles cette fonction serait, pour de nombreuses églises désaffectées au culte, un destin cohérent avec leur nature, dans les manières concrètes avec lesquelles tout cela pourrait se produire ».

    Ces deux critères, poursuit le P. Zanchi, « peuvent se croiser entre eux » et l’Église devrait faire tout son possible pour les mettre en pratique elle-même, de sa propre initiative. En effet, si elles sont bien utilisées, ces reliques d’églises pourraient offrir « des espaces de symbolique forte encore en mesure de recueillir, de rassembler, de réunir, autour des besoins que tous ressentent que personne ne voit ».

    Naturellement, tout en sachant bien que, pour y parvenir, la « condition préalable essentielle » c’est qu’il y ait dans l’Église « une vision pastorale spirituellement libre et capable d’imagination, qui ait le sens de la perspective, le talent de la créativité et d’une vision fraternelle de sa propre présence dans le monde ».

    « Et sur ce sujet », conclut le P. Zanchi, « le catholicisme semble encore hésitant ». En Italie et ailleurs.