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Culture - Page 60

  • L'Église catholique est la mère de la science moderne

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    De Thomas Maino sur le National Catholic Register :

    L'Église catholique est la mère de la science moderne

    Dans toutes les civilisations, la science a été "mort-née", mais dans la chrétienté, elle a prospéré et a donné lieu à des réalisations telles que le télescope spatial James Webb.

    21 septembre 2022

    "Je te prie, mon enfant, de regarder le ciel et la terre et de voir tout ce qui s'y trouve, et de reconnaître que Dieu ne les a pas faits avec des choses qui existaient. Et c'est de la même manière que le genre humain est né."

    Ainsi parla la mère à son fils qui allait être martyrisé pour sa foi. Ce passage du deuxième livre des Maccabées exprime la fascination des Juifs de l'Antiquité pour l'œuvre de Dieu. La Creatio ex nihilo, ou création à partir de rien, a été introduite dans la conscience du monde par l'Écriture des Hébreux. Les Pères de l'Église ont suivi cette croyance, s'opposant aux néo-platoniciens, qui considéraient que le monde faisait partie de Dieu.

    Le télescope spatial James Webb, récemment lancé, a capturé des images de l'espace lointain encore plus impressionnantes que son prédécesseur, le télescope spatial Hubble. L'un des premiers concepts de télescope remonte à Roger Bacon, un franciscain du 13e siècle. Dans un article écrit en 1260, il décrit la possibilité d'un instrument grossissant : "Une petite armée peut paraître très grande", et il prophétise également que "l'homme sera capable d'étudier la lune et les étoiles dans les moindres détails". Ce concept étonnant ne sera réalisé que lorsque les brevets et la construction de télescopes commenceront au début du 17e siècle.

    Lorsque l'on étudie l'histoire des sciences, il devient immédiatement évident que quelque chose dans le monde occidental a donné naissance à la science moderne. Mais pourquoi cela ? C'est un sujet qui a profondément fasciné le père bénédictin Stanley Jaki. Influencé par les travaux pionniers du physicien et historien des sciences Pierre Duhem, Jaki a consacré sa vie académique à l'étude de la relation entre la foi et la science, et plus précisément à l'essor de la science et à l'implication du christianisme dans ce processus. En étudiant l'ensemble de l'histoire des sciences, Jaki a identifié ce qu'il a appelé des moments "mort-nés" de la science - des exemples de génie scientifique qui n'ont jamais abouti à l'établissement de la méthode scientifique en tant que discipline dans une culture donnée. Il a constaté que c'était le cas dans de nombreuses cultures anciennes : l'Égypte, Babylone, l'Inde, la Chine, la Grèce et le monde musulman. La découverte de Jaki est que c'est la vision du monde omniprésente dans ces cultures qui a étouffé tout développement de la science.

    L'Égypte ancienne était consumée par l'animisme, le panthéon des dieux régissant tous les aspects du monde. Un manque de signification était attribué au cosmos en raison de la perception de la nature immuable et cyclique de la réalité, ce qui empêchait toute discipline intellectuelle continue de prendre racine.

    Babylone, une culture imprégnée de mathématiques et d'astronomie, ne pouvait séparer ses dieux du monde. Leur cosmologie consistait à attribuer les événements célestes à des combats de dieux - une fantaisie qui rendait leur concept de "science" trop abstrait pour être durable. Les recherches dans un monde imaginé comme un conflit entre le chaos et l'ordre étaient vouées à l'échec.

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  • Ces bénédictins qui défient le temps

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    De Christophe Geffroy sur le site de La Nef (septembre 2022) :

    Solesmes : les bénédictins qui défient le temps

    L’abbaye de Solesmes, fondée par Dom Guéranger, est l’une des plus prestigieuses de France. Nous avons rencontré le jeune nouveau Père Abbé, Dom Geoffroy Kemlin (43 ans), élu le 17 mai dernier.

    La Nef – Pourriez-vous d’abord nous décrire rapidement votre parcours et comment notamment vous êtes arrivé à Solesmes ?

    Dom Geoffroy Kemlin – Je suis issu d’une famille catholique pratiquante. Mes parents m’ont transmis la foi et l’amour de l’Église, ainsi qu’une éducation catholique, via en particulier le scoutisme. De tout cela, je leur suis profondément reconnaissant. J’ai découvert le missel de 1962 lorsque j’avais douze ans, en participant au pèlerinage de Chartres, et j’ai été tout de suite séduit. Cela a correspondu à un approfondissement réel dans ma vie de foi. Je quittais l’enfance, et dès ce moment, je me suis affirmé comme catholique, désireux de pratiquer et d’approfondir ma foi. Ce qui ne signifie pas que j’étais un saint… Ma vocation s’est affirmée à ce moment-là. Elle était sans doute déjà présente auparavant, mais elle a pris de la consistance dans ces années-là. Je me souviens avoir eu une expérience forte au Barroux. Puis j’ai fait une retraite à Fontgombault quand j’étais en Première. Il me semble que c’est là que j’ai commencé à penser à la vie monastique. Il m’a fallu attendre quelques années avant d’entrer au noviciat, en septembre 1999. Mais une fois au monastère, je me suis assez rapidement retrouvé mal à l’aise par rapport à la liturgie. Ne pas célébrer avec le même missel que le pape et les évêques ne me satisfaisait pas. Néanmoins, cela m’a pris du temps pour prendre la décision de quitter Fontgombault et de rejoindre Solesmes. Je ne l’ai fait qu’en décembre 2001, soit plus de deux ans après mon entrée à Fontgombault. Aujourd’hui, je ne regrette pas cette décision. Ce qui ne m’empêche pas d’entretenir des rapports très fraternels avec le Père Abbé et les moines de Fontgombault.

    Que représentait Solesmes pour vous avant votre entrée, avec le poids important de l’histoire de cette abbaye qui a joué un rôle de premier plan, notamment dans la restauration de la liturgie avec Dom Guéranger ? Ces aspects ont-ils joué dans votre vocation ?

    Solesmes ne représentait pas grand-chose pour moi avant mon entrée à Fontgombault. J’y avais passé trois jours de retraite avec mon lycée quand j’étais en Terminale. J’avais apprécié cette retraite, mais ça n’avait pas été le coup de foudre. En fait, c’est à Fontgombault que j’ai découvert le charisme de Solesmes. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à être attiré par ce monastère. Et en même temps, c’était une connaissance très théorique. D’où ma difficulté à faire le pas. Mais il est clair que ce qui m’attirait à Solesmes – et ce qui m’attire toujours – c’est l’attachement au Siège apostolique, fondé non pas sur une vénération déplacée de la personne du pape, mais sur les paroles du Christ à Pierre : « Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église… tout ce que tu lieras sur la terre sera lié dans les cieux, et tout ce que tu délieras sur la terre sera délié dans les cieux. » C’est aussi l’attachement à la grande Tradition de l’Église, l’amour de la liturgie, des Pères et de l’histoire de l’Église, etc. C’est cette réception tranquille de la Tradition de l’Église, dans la confiance en l’action permanente du Saint-Esprit en son sein, qui m’a séduit et me séduit encore aujourd’hui.

    Pourriez-vous nous dire un mot de l’histoire de Solesmes et de la congrégation dont elle est la tête ? Quelles sont les abbayes de cette congrégation et qu’ont-elles en commun ?

    Le prieuré de Solesmes a été fondé autour de 1010. Mais l’histoire de la Congrégation de Solesmes – qu’on appelait autrefois la Congrégation de France – ne commence qu’en 1837, lorsque Dom Guéranger, qui avait restauré la vie bénédictine au prieuré de Solesmes, obtient du pape la reconnaissance de son œuvre et la création de la Congrégation bénédictine de France. Aujourd’hui, cette congrégation compte 31 monastères, 23 de moines et 8 de moniales, répartis en Europe, Amérique du Nord et Afrique. Les monastères français de la congrégation sont, outre Solesmes, Ligugé, Ganagobie, Saint-Wandrille, Wisques, Kergonan, Fontgombault, Randol, Triors, Donezan, auxquels il faut ajouter les monastères de moniales de Solesmes, Wisques et Kergonan. Tous, nous sommes unis autour du charisme de Dom Guéranger, c’est-à-dire l’amour de l’Église et de sa Tradition, de la liturgie et de la prière.

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  • Un auteur injustement oublié : Hilaire Belloc

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    A écouter sur Radio Notre-Dame :

    L'émission "Le grand témoin" de Louis Daufresne du 22 septembre 2022 consacrée à Hilaire Belloc.

    Et, du site des Editions Artège :

    Les grandes hérésies

    L'Eglise dans la tourmente

    Benjamin Ferrando
    Hilaire Belloc

    Qu'est-ce qu'une hérésie ? Quelles ont été les grandes hérésies du passé ? Quel profit pouvons-nous encore tirer de leur étude ?
    Cet ouvrage nous offre sans doute la meilleure synthèse jamais publiée sur le sujet. La confusion et le manque de sens des proportions propres à l'esprit moderne ont rendu la question obscure voire inintelligible ; elle demeure pourtant essentielle pour qui voudrait non seulement comprendre les ressorts profonds de notre histoire, mais aussi identifier les sources de nos convulsions présentes.
    Servi par l'écriture claire et limpide, l'érudition colossale et le souffle prophétique de l'auteur, cet essai condense et met en scène les plus redoutables tentatives de subversion dont a fait l'objet l'Église catholique, depuis ses origines jusqu'à nos jours :
    • L'hérésie arienne et sa cristallisation au coeur de l'Empire romain.
    • L'islam, dont Belloc annonce l'inévitable résurgence.
    • L'hérésie albigeoise, forme médiévale de l'affection manichéenne.
    • La Réforme et l'implosion moderne de la Chrétienté.
    • L'entreprise de destruction contemporaine, manifeste à tous les plans de la vie sociale.

    Hilaire Belloc (1870-1953) est un géant oublié des lettres anglaises. Grand ami de G.K. Chesterton, cet historien, figure incontournable de la pensée catholique au XXe siècle, a laissé une oeuvre de plus de 150 ouvrages, aussi divers que substantiels.

    Cette première traduction française de The Great Heresies (1938 constitue un événement éditorial majeur. Nous la devons à Benjamin Ferrando dont le prologue particulièrement riche et savoureux nous présente un écrivain unique, un homme aussi lucide qu'attachant qui mit toute sa combativité au service de la Vérité.
     
  • La Belgique : le pays où l'on planifie sa mort

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    De Pierre Jova sur le site de l'hebdomadaire La Vie :

    Euthanasie : Belgique, le pays où l’on planifie sa mort

    Vingt ans après sa dépénalisation, l’euthanasie est entrée dans les mœurs du royaume. Ses conditions sans cesse étendues, malgré des critiques persistantes, ont bouleversé la société dans son rapport à la fin de vie. Enquête

    21/09/2022

    Un matin de septembre 2017, Amélie, 76 ans, habitant près de Liège, dans l’est de la Belgique, reçoit un faire-part dans sa boîte aux lettres. Pas d’annonce d’une naissance ou d’un mariage, mais de l’euthanasie de son beau-frère et de sa belle-sœur, le même jour à Knokke-le-Zoute, au bord de la mer du Nord. « Nous avons pris la décision de partir ensemble », lit-elle sur la carte, en français et en néerlandais. « Quinze jours avant, nous étions chez eux, sans qu’ils nous disent rien !, s’émeut-elle. Mon beau-frère avait des problèmes de dos. Ma belle-sœur avait aussi une mauvaise santé. Ils avaient nonante (90, ndlr) et nonante-deux ans. »

    En y repensant, Amélie oscille entre colère et fatalisme. « Se tuer soi-même, c’est un crime ! Mon mari en a beaucoup souffert… Mais il y a tellement de gens qui le font que ça devient normal. »

    Depuis 20 ans, la Belgique a dépénalisé l’euthanasie : un exemple grandeur nature offert aux législateurs français, tentés de dupliquer le « modèle belge » vanté par Emmanuel Macron lors de sa réélection de 2022. A contrario, les opposants à l’euthanasie y voient un pays en proie à des dérives incontrôlables.

    A lire aussi : Euthanasie : le « modèle belge » s’exportera-t-il en France ?

    Qu’en est-il vraiment ? À la source de la loi belge, il y a la souffrance d’innombrables foyers, réelle, indéniable. « Voir souffrir ceux qu’on aime est la plaie la plus douloureuse qui soit », nous explique la veuve d’un Liégeois atteint d’un cancer et récemment euthanasié.

    Lutte culturelle traditionnelle et clivage linguistique

    Il y a aussi ces médecins comme François Damas, ancien chef du service des soins intensifs de l’hôpital la Citadelle, dominant la ville de Liège. « Quand on a commencé à débattre de la fin de vie, j’ai réagi comme tous les docteurs : de quoi se mêlent-ils ? Et puis, il y a eu un événement dans le service. »

    En 2000, il a pris la défense de collègues accusés d’avoir pratiqué une euthanasie, alors illégale. « Je me suis rendu compte qu'il y avait une insécurité juridique majeure nécessitant de réviser la loi », raconte François Damas, aujourd'hui membre de l’Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD), fer de lance de la dépénalisation de l’euthanasie.

    Et il y a cette lutte, aussi vieille que la Belgique, entre catholiques et libéraux. Unis pour s’affranchir de la domination des Pays-Bas en 1830, les deux camps ont chacun leur « pilier » culturel : l’Université catholique de Louvain (UCL), le quotidien La Libre Belgique, la démocratie-chrétienne pour les uns ; l’Université libre de Bruxelles (ULB), fondée par la franc-maçonnerie, Le Soir, le socialisme ou la droite libérale pour les autres. Un clivage complexifié par la querelle linguistique entre Flamands et Wallons, scindant les universités et les partis à la fin des années 1960.

    A lire aussi : L’euthanasie divise les électeurs chrétiens

    Mais en 1999, les élections portent au pouvoir une coalition « arc-en-ciel », entre écologistes libéraux et socialistes, sans les chrétiens-démocrates. « Nous avons bénéficié d’une fenêtre pour voter l’euthanasie, mais aussi le mariage et l’adoption pour couples de même sexe et la PMA », énumère Jacqueline Herremans, avocate bruxelloise et présidente de l’ADMD, qui a participé en coulisses à la rédaction de la loi.

    Porté au Sénat notamment par Philippe Mahoux, élu socialiste de Namur, le texte est débattu deux ans avant d’être voté à la Chambre des représentants le 16 mai 2002, faisant de la Belgique le second pays d’Europe à autoriser l’euthanasie, après les Pays-Bas en 2001. « Nous n’avions pas de comparatif, et nous étions hantés par le doute : est-ce qu’on a raison ? », se souvient la présidente de l’ADMD. Le premier malade euthanasié est Mario Verstraete, souffrant de sclérose en plaques, le 29 septembre 2002.

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  • Le "Christ russe" de Dostoïevski

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    De Madeleine Vatel et Odile Riffaud sur RCF :

    Le Christ russe de Dostoïevski

    12/09/2022

    Qui n'a pas entendu la célèbre phrase : "La beauté sauvera le monde" ? Elle est extraite de "L'Idiot", l'un des romans de Dostoïevski. Ce géant de la littérature russe était profondément chrétien, son œuvre est traversée par la foi chrétienne. Mais plus que la religion, Dieu ou l'Église, c'est la personne du Christ qui le fascinait. Le seul être parfaitement beau. Un Christ fortement associé à la Russie et au salut de son pays.

    Dostoïevski en 1876 ©Wikimédia commons
    Dostoïevski en 1876 ©Wikimédia commons
     
    Pour écouter l'émission : LE CHRIST RUSSE DE DOSTOÏEVSKI (Durée: 58 min)

    Le Christ et l'incarnation au fondement de la pensée philosophique et religieuse de Dostoïevski

    Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski (1821-1881) est considéré comme un véritable géant de la littérature russe. Aujourd'hui encore son œuvre - "Crime et châtiment" (1866) ou de "L'Idiot" (1868-1869) ou "Les Frères Karamazov" (1880) - ne cesse de captiver. Notamment pour sa conception de la religion. Dostoïevski était très chrétien, rappelle Marguerite Souchon, professeure agrégée de russe en classe préparatoire, auteure de "Le Dieu de Dostoïevski" (éd. Première Partie, 2021). Mais plus que la religion, Dieu ou l'Église, c'est la personne du Christ qui le fascinait. Le Christ, c'est-à-dire Dieu fait homme : l'incarnation est au fondement de sa pensée philosophique et religieuse.

    Le Christ de Dostoïevski est fortement associé à la Russie et au devenir de son pays. "Il croyait très fort à l'âme russe, précise Marguerite Souchon, il était persuadé que les Russes avaient un être à part, une spiritualité à part." Dans la conception de l'écrivain, "l'homme russe était le seul capable de conduire l'humanité sur le chemin de la vérité et de la rédemption, qui devait être chrétienne..."

    Dostoïevski contre le socialisme, vu comme le christianisme sans le Christ

    Dans la Russie du XIXe siècle, Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski (1821-1881) est parti en croisade contre le matérialisme, le nihilisme et l'athéisme de ses contemporains. En lutte contre une conception du monde où l'être humain est déresponsabilisé de tout puisqu'il est déterminé par son environnement. Si en effet l'homme n'est pas responsable de ses actes, il n'est pas libre... Dostoïevski ne cesse d'interroger le péché originel et la culpabilité dans son œuvre. Il considère que si nous portons le mal, nous sommes irrésistiblement attirés par le beau et le bien. Et qu'il nous faut considérer notre incomplétude et la parcelle de divin qui nous manque, pour accepter le salut offert par le Christ.

    Dans "Le Grand Inquisiteur" célèbre passage des "Frères Karamazov" (1880), Dostoïevski raconte une parabole qui se passe dans l'Espagne du XVIe siècle, où un vieil évêque voit le Christ revenir et déranger tout ce qui avait été organisé. Mis en prison, il est condamné à mort par le Grand Inquisiteur, qui prononce un réquisitoire contre le Christ. Le Grand Inquisiteur trouve que ce que le Christ demande aux hommes, c'est trop dur. Ce qu'il défend, c'est le christianisme sans le Christ. Une religion qui se soucie du bonheur matériel de l'humanité mais qui prive les hommes de leur idéal et de la liberté de tendre vers cet idéal. Ce passage, véritable métaphore du socialisme, représente pour Marguerite Souchon, "le couronnement philosophique de l'œuvre de Dostoïevski".

    "La beauté sauvera le monde"

    Qui n'a pas entendu la célèbre phrase : "La beauté sauvera le monde" ? Elle est extraite de "L'Idiot" (1868-1869), l'un des romans de Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski (1821-1881). En réalité, dans le roman, elle est formulée sous forme de question. C'est un jeune nihiliste révolté qui demande avec agressivité au héros de l'histoire, le Prince Mychkine (un avatar du Christ) : "Est-il vrai, prince, que vous ayez dit une fois que la « beauté » sauverait le monde ?" Dans la pensée de Dostoïevski, "la beauté est apocalypse au sens propre du terme", nous dit l'auteure du "Dieu de Dostoïevski". C'est-à-dire qu'elle est "révélation, dévoilement de la vérité". Une beauté associée au Christ, car pour le grand écrivain russe, seul le Christ est parfaitement beau.

    La grande idée de Fiodor Mikhaïlovitch Dostoïevski (1821-1881), c'est que l'homme contient en puissance ce dont Dieu est capable. La dualité traverse son œuvre, rappelle Marguerite Souchon : dualité entre la foi et l'athéisme, le sale et le pur, le passionné et le rationnel, le bien et le mal, le céleste et le terrestre... Ses romans rendent compte du germe du mal en l'homme et de sa capacité à faire le bien. Il y a dans "Les frères Karamazov" (1880) un très beau passage sur la prière, cette communion entre les hommes sur terre et ceux qui sont au ciel. "Et puis, Dieu vous regardera tous les deux avec plus de clémence ; car du moment que tu l’as tellement plaint, combien Il le plaindra, Lui dont la miséricorde et l’amour sont infiniment plus grands que les tiens. Et Il lui pardonnera pour l’amour de toi."

  • Liturgie 18 : Les messes à l’époque baroque (XVIIe / XVIIIe s) : cathédrales, églises, clergé et fidèles

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    SUITE DU COURS D'HISTOIRE LA LITURGIE

    Liturgie 18 : Les messes à l’époque baroque (XVIIe / XVIIIe s) : cathédrales, églises, clergé et fidèles (44 mn)

    https://youtu.be/QUevhzcd37o

    Après le Concile de Trente, on constate que les directives concernant la liturgie n’aboutissent pas forcément aux résultats escomptés lorsqu’elles sont à la charge d’un clergé peu ou mal formé. C’est très visible aux XVIIe et XVIIIe siècle (comme au XXe s après Vatican II). La lecture de statuts synodaux datant de 1777 prouve que les directives épiscopales ne sont guère suivies et que les enseignements du concile de Trente concernant le déroulement de la liturgie ne parviennent pas à éviter les interactions entre le culte idéal souhaité par l’Église et les goûts de l’époque : liturgies exagérément spectaculaires, goût de la mondanité où les dignitaires écclésiastiques passent souvent avant Dieu. De même, il y a décalage entre ce qui se fait à l’autel et le comportement assez souvent relâché des fidèles dans les nefs.  

    Selon James Anthony, spécialiste de la musique baroque en France, l’Église marchait à cette époque là de son plein gré au même pas que toutes les autres institutions soumises aux ordres des puissants de ce monde.  

    COURS DE LITURGIE, PAR DENIS CROUAN, DOCTEUR EN THEOLOGIE, 2022 

    Pour accéder à la totalité de la playlist :  

    https://www.youtube.com/playlist?list=PLuko328jWH_06CYFfUP8d6v_vzl9f4UbI 

    Cours donné par Denis Crouan, docteur en théologie, en entretien interactif avec Arnaud Dumouch. 

    Vidéo du site http://docteurangelique.free.fr/fichiers/InstitutDocteurAngelique.htm, les œuvres complètes en français de saint Thomas d'Aquin. 

    Denis Crouan 2022. 

  • Le cardinal Müller et le "nouvel ordre mondial" : une interview détonante

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    De kath.net/news :

    Le "Nouvel ordre mondial" : une théorie du complot ou une vision politique ?

    13 septembre 2022

    Cardinal Gerhard Müller : "Le déclin de l'Eglise en Allemagne et en Europe n'est pas dû à la sécularisation, au combat de l'Eglise... mais au manque de foi, à l'amour refroidi des catholiques..." interview kath.net par Lothar C. Rilinger

    Vatican (kath.net) L'expression "Nouvel ordre mondial" est interprétée comme une métaphore de la théorie du complot. Pourtant, il ne fait que décrire un projet de société qui - comme tout autre - doit se confronter au discours intellectuel. La chute du communisme en 1989/90 marque la fin d'un processus historique que le sociologue américain Francis Fukuyama a qualifié de fin de l'histoire. Selon lui, le communisme avait fait son temps en tant qu'antithèse de la démocratie, de sorte qu'il fallait penser à une nouvelle base sociale. Une nouvelle compétition était ainsi ouverte : Il s'agit de l'avenir du développement social au-delà du marxisme. La lutte des classes de type marxiste devrait avoir fait son temps - ce que les marxistes ne sont toutefois pas prêts à accepter - mais dans la lutte pour la suprématie dans le discours sur la société et l'État, le modèle démocratique n'était plus non plus considéré comme un idéal. Le principe "un homme, une voix" est associé à l'époque des Lumières. C'est pourquoi il doit être transgressé afin de pouvoir attribuer l'attribut de "progrès" à l'évolution de la société. On se réfère ainsi à un principe selon lequel l'homme - détaché de Dieu, qui n'est plus supposé exister - peut faire tout ce qu'il peut. L'autolimitation est un obstacle au progrès.

    Comme Dieu est rejeté en tant qu'instance ultime de l'action humaine dans la croyance au progrès, le Nouvel Ordre Mondial doit construire une société qui ne connaît pas de limites et dans laquelle tout ce que les hommes sont capables de développer et de penser est autorisé ; rien ne doit entraver le progrès ou l'empêcher de se développer. La métaphysique, considérée comme prémoderne, est bannie du discours social et, avec elle, la croyance en une rédemption de l'homme dans l'éternité. Seul doit être valable ce qui peut être falsifié ou vérifié, de sorte que la rédemption de l'homme doit avoir lieu sur terre, dans la vie terrestre. Ce que Karl Marx a appelé le paradis sur terre doit être atteint d'une autre manière grâce au progrès qui caractérise le Nouvel ordre mondial. Comme cet ordre mondial nie le recours à Dieu et le déclare, comme Feuerbach, inexistant, il n'est pas étonnant que l'ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, le cardinal Gerhard Ludwig Müller, se sente interpellé et condamne le Nouvel ordre mondial. Nous nous sommes entretenus avec lui à ce sujet.

    Rilinger : Depuis quelques décennies, l'exigence selon laquelle l'ordre mondial existant doit être remplacé par un ordre qui ne connaît plus le recours à Dieu, mais seulement celui au progrès inconditionnel, hante à nouveau le discours politique. La revendication de cet ordre mondial, appelé "Nouvel ordre mondial", se fait presque en marge du discours politique, public. Que devons-nous comprendre par "Nouvel ordre mondial" ?

    Cardinal Gerhard Ludwig Müller : Aussi bien selon la confession de foi juive que chrétienne, c'est Dieu lui-même qui, dans sa souveraine bonté, a créé le monde à partir du néant et l'a ordonné dans sa parole (logos, raison) et son esprit (force, sagesse) éternels. La raison humaine est finie et en principe - en raison du péché originel - susceptible d'être perturbée par des pulsions égoïstes, comme le désir désordonné de pouvoir, d'argent, de jouissance de soi/plaisir. L'homme est donc intellectuellement et moralement faillible.

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  • A découvrir : "Rome ou Babel. Pour un christianisme universaliste et enraciné" de Laurent Dandrieu (13 septembre- éditions Artège). Mathieu Bock-Côté (Préface)

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    Découvrez "Rome ou Babel. Pour un christianisme universaliste et enraciné" de Laurent Dandrieu (13 septembre- éditions Artège). Mathieu Bock-Côté (Préface)

    À l'heure des migrations de masse, des pandémies mondiales, du réchauffement planétaire et des multinationales omnipotentes, la notion d'enracinement semble vouée à la ringardise. Pour beaucoup de chrétiens, elle paraît s'opposer de plus en plus à l'impératif de fraternité universelle. L'idée s'impose qu'il faudrait choisir entre la patrie du ciel et la patrie terrestre, qu'il serait urgent de dépasser les frontières pour réaliser l'unité du genre humain. L'universalisme semble n'être plus qu'un autre nom du mondialisme. Pour Laurent Dandrieu, cette vision est en contradiction avec l'essence même du catholicisme, religion de l'incarnation. Une contradiction aussi avec l'idée même d'universalisme chrétien, unité spirituelle qui a toujours marché main dans la main avec l'attachement de l'Église à la diversité des peuples et des cultures.

    À contre-courant des oppositions binaires, l'auteur renouvelle de fond en comble le sujet, appuyé sur un imposant travail de recherche et une analyse précise des textes catholiques. Ouvrant un débat vital pour l'avenir du christianisme, il défend l'idée qu'en oubliant l'esprit de la Pentecôte au profit de son exact contraire qu'est la tentation de Babel, l'Église prêterait la main à son pire ennemi, ce mondialisme qui vise à arracher l'homme à tous ses liens, culturels, historiques, humains et religieux.

    Appel vibrant à un renouveau catholique, Rome ou Babel trace une ligne de crête exigeante : la voie étroite qui mène à Dieu passe par une contribution singulière et enracinée à la civilisation chrétienne. « Un ouvrage essentiel, d'une exceptionnelle richesse. » (Mathieu Bock-Côté)

    Laurent Dandrieu est essayiste et journaliste. Il est l'auteur d'une dizaine de livres sur les questions religieuses, le cinéma ou l'histoire de l'art.

    A retrouver chez votre libraire et sur EditionsArtege.fr https://www.editionsartege.fr/livre/f...

  • Le mouvement woke ne fait pas mystère de sa volonté d’endoctriner les enfants

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    Du Figaro via Le Salon Beige :

    Le fanatisme woke

    Jean-François Braunstein, professeur émérite de philosophie à la Sorbonne, vient de publier La Religion woke. Extraits publiés dans Le Figaro :

    Les wokes expliquent que le genre est au choix et que seule compte la conscience que l’on a d’être homme ou femme ou n’importe quoi d’autre. La race redevient un déterminant essentiel de nos existences en société : les Blancs seraient par définition racistes et les « racisés » ne pourraient l’être en aucun cas. Quant à l’intersectionnalité, elle est un « outil » pour potentialiser toutes les identités victimaires et appeler à la lutte contre le responsable de ces discriminations. Il est tout trouvé, c’est l’homme blanc occidental hétérosexuel, par définition sexiste, raciste et colonialiste, qui est le « bouc émissaire parfait » . Ceux qui n’acceptent pas ces théories wokes sont dénoncés sur les réseaux sociaux et, chaque fois que cela est possible, chassés de leur poste, à l’université ou ailleurs.

    Les médias et bon nombre de politiques embrassent ces théories avec enthousiasme et ce qui n’était naguère qu’une curiosité américaine est devenu, à une vitesse extraordinaire, le discours officiel de nos élites. On pourrait être tenté de se rassurer en se disant que cela ne touche que les facultés de lettres et de sciences humaines, qui en ont vu d’autres. Mais c’est aujourd’hui dans les facultés de sciences et de médecine que se poursuit l’offensive woke : les sciences dures elles-mêmes sont mises en accusation comme « racistes » et « virilistes » .

    Mais le wokisme ne se limite pas au monde de l’éducation. Comme l’a très justement noté le journaliste américain Andrew Sullivan, « nous vivons tous sur les campus maintenant » . Les élites occidentales, devenues militantes pendant leurs études, diffusent maintenant ces idées sur les réseaux sociaux, dans les médias, l’édition et les industries culturelles. Dans les grandes entreprises se développe un capitalisme woke qui met en place des politiques « diversité, équité, inclusion » , c’est-à-dire des politiques de discrimination positive qui vont contre tous les principes méritocratiques. Les Gafam, comme Netflix et les réseaux sociaux, font une promotion massive d’une pensée politiquement correcte (…). Avec le wokisme, nous avons ainsi proprement affaire à une nouvelle religion. Certains auteurs américains sont persuadés qu’il s’agit là de la « prochaine religion américaine » qui veut « effacer toute la mémoire historique de la civilisation » , comme le christianisme devenu religion d’État au IVe siècle avait voulu effacer l’ensemble du monde gréco-romain. Le caractère très intolérant de la religion woke et son refus de s’adresser à ceux qui ne partagent pas son point de vue, son absence de transcendance, font qu’elle ressemble plus exactement, pour l’instant, à une secte à dimension politique et sociale.

    Le spécialiste de Tocqueville qu’est Joshua Mitchell a fait le rapprochement entre les wokes et le post-protestantisme. Il évoque un Great Awokening, un Grand Réveil woke, qui ferait écho aux Grands Réveils (Great Awakenings) protestants des siècles passés. Mais Mitchell insiste sur deux différences essentielles : avec la religion woke, « nous vivons au milieu d’un Réveil américain (…) mais sans Dieu et sans pardon » . Le « privilège blanc » semble alors être l’équivalent d’une sorte de péché originel. Le Blanc est coupable du fait que ses ancêtres ont opprimé, et qu’il continue d’opprimer, les Noirs et toutes les personnes de couleur. Il est responsable de quasiment tout le mal qui existe sur la terre. Mais ce privilège est en un sens plus grave que le péché originel. En effet, à la différence du péché, qui est en général le résultat d’un choix libre, le nôtre ou celui d’Adam, le privilège blanc est un fait biologique, dont il est absolument impossible de se défaire. (…)

    La religion woke ne se limite pas au seul monde universitaire, elle vise maintenant l’enseignement primaire et secondaire. Dans la mesure où les wokes sont des croyants convaincus, ils sont aussi des prosélytes. Ils veulent faire triompher leurs idées et former les nouvelles générations, plus malléables. Puisqu’il n’est pas toujours facile de convaincre des adultes que l’identité sexuelle n’a rien à voir avec le corps ou que le racisme est inhérent au fait d’être blanc, les wokes vont s’efforcer d’en persuader les enfants, dès leur plus jeune âge. (…)

    C’est là que le mouvement woke prend ses aspects les plus inquiétants : il ne fait pas mystère de sa volonté d’endoctriner les enfants. Pour les wokes les plus militants, comme les juristes Richard Delgado et Jean Stefancic (universitaires américains considérés comme les pères de la théorie critique de la race, NDLR), cette présence dans les écoles est le vrai signe de leur réussite : « Voir la théorie critique de la race prendre son essor dans l’éducation a été une source de grande satisfaction pour nous deux. » Les années d’école, de collège et de lycée sont désormais des années d’endoctrinement continu par des enseignants qui ont eux-mêmes été convertis au wokisme à l’université. Il y a là une vraie dimension totalitaire et on ne peut que penser à la manière dont communistes et fascistes se sont efforcés d’enrégimenter les jeunes.

    L'intégralité de l'article est accessible ICI.

  • Liège, 24 septembre : "Canti e sospiri" par l'ensemble vocal Marignan

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    Peut être une image de 1 personne et texte qui dit ’L'ENSEMBLE VOCAL MARIGNAN sous la direction de Joël Hurard présente Canti e sospiri Motets sacrés italiens du 17e siècle Monteverdi, Gabrieli, Gesualdo, Carissimi... Samedi 24 septembre 2022 à 20h À L'église Sainte-Catherine Rue Neuvice 54, 4000 Liège S Réservations 0498 788 637 Entrée: 12 €/ étud. sans emploi: Province deuoge Avec collaboration la Province de Lièqe de enfant: gratuit Service Culture’

  • Inde : l’héritage de Mère Teresa mis à mal par le nationalisme hindou

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    Vingt-cinq ans après sa mort, la religieuse reste une figure reconnue dans son pays d’adoption, où elle a fondé les Missionnaires de la Charité pour se mettre au service des plus démunis. Si la congrégation y est toujours bien implantée, les sœurs de Mère Teresa sont régulièrement visées par des accusations du parti au pouvoir.

    Dans les rues de Calcutta, les murs des bâtiments ont été repeints en bleu et blanc il y a quelques années. Un hommage simple, aux couleurs du sari que la religieuse a revêtu dès son arrivée dans le pays. « Ici, Mère Teresa fait partie du quotidien des habitants », résume le père Laurent Bissara, prêtre des Missions étrangères de Paris (MEP) dans la capitale de l’État du Bengale, où se trouve la maison mère des Missionnaires de la Charité, la congrégation qu’elle avait fondée en 1950.

    Vingt-cinq ans après sa mort, le 5 septembre 1997, son héritage reste ancré dans la société indienne. Les foyers des sœurs comptent plus de 20 000 salariés et personnes accueillies dans le pays, dont 1 902 religieuses ayant formulé le vœu – spécifique à la congrégation – de consacrer leur vie aux pauvres. « Mère Teresa a été la première à mener une œuvre missionnaire sans aucune discrimination de religion, de caste, de couleur », rappelle le père Vincent Kundukulangara, prêtre des MEP dans le Kerala, dans le sud de l’Inde, qui témoigne de la reconnaissance de la population envers l’œuvre des sœurs.

    Contexte politique de tensions

    L’héritage spirituel de Teresa de Calcutta, canonisée en 2016, s’inscrit toutefois dans un contexte politique tendu. Depuis 2014, le BJP, parti nationaliste hindou au pouvoir, mène une politique répressive envers les minorités religieuses, dont font partie les 28 millions de chrétiens du pays (2,3 % de la population). « Pour Narendra Modi (le leader du BJP et premier ministre de l’Inde), Mère Teresa est une figure à oublier », observe le père Yann Vagneux, également prêtre des MEP, installé à Bénarès.

    Les missionnaires ont été régulièrement visées par des accusations de baptêmes forcés ces dernières années, alors que le pouvoir traque toute tentative de prosélytisme par le vote de lois anti-conversions. Une suspicion de trafic d’enfants avait en outre ébranlé la congrégation en 2018, lorsqu’un couple avait affirmé avoir payé les sœurs d’un foyer de Ranchi, dans le nord-est de l’Inde, pour adopter un enfant. Cette déclaration avait mené à l’interpellation d’une religieuse, à l’ouverture d’une enquête dans toute la congrégation pour commerce de nourrissons et à la fermeture, l’année suivante, du foyer.

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  • 40% des moins de 35 ans croient en la sorcellerie

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    Lu ICI :

    Derrière l’affaire Pogba, la recrudescence de la croyance dans la sorcellerie : 40% des moins de 35 ans croient en la sorcellerie, contre 25% des plus de 35 ans

    Le footballeur Paul Pogba ferait l’objet d’un chantage rocambolesque, qui a justifié l’ouverture d’une enquête judiciaire. En cause notamment, des messages dans lesquels le joueur demanderait à un marabout de jeter « des sorts » à Kylian Mbappé. L’affaire prêterait à sourire si 40 % des jeunes de moins de 35 ans ne croyaient pas sérieusement en la sorcellerie.

    Un marabout, de la sorcellerie, des « sorts » jetés à Kylian Mbappé. Ce n’est pas un Kamoulox, mais bien les éléments d’une extravagante procédure judiciaire, ouverte au début du mois d’août. Selon les informations de franceinfo, le footballeur Paul Pogba a confié aux enquêteurs de l’Office central de lutte contre le crime organisé qu’il était menacé par des amis d’enfance, originaires comme lui de Lagny-sur-Marne (Seine-et-Marne).

    Ces « amis » lui réclameraient 13 millions d’euros. Selon le témoignage du footballeur français, ces hommes l’ont plusieurs fois intimidé, accompagnés de son propre frère, Mathias. En mars dernier, Paul Pogba aurait même été entraîné dans un appartement parisien, et menacé par deux hommes armés de fusils d’assaut.

    « Grandes révélations »

    Aux enquêteurs, Paul Pogba a aussi expliqué que cette bande menacerait de divulguer le contenu d’une clé USB. Des messages y seraient stockés dans lesquels Pogba demanderait à un marabout de jeter « un sort » à ses adversaires et à certains de ses coéquipiers, dont Kylian Mbappé, son partenaire en équipe de France. Une demande que le joueur dément, tout en reconnaissant avoir déjà payé un marabout de son entourage pour se protéger des blessures.

    L’objet de ce chantage présumé pourrait prêter à sourire s’il n’était pas pris très au sérieux par les protagonistes. Dans une vidéo publiée ce samedi 27 août, Mathias Pogba menace son frère Paul de « grandes révélations ». Dans des posts sur Twitter, Mathias Pogba fait explicitement référence à cette histoire de « sorcellerie » qui, dans son esprit, pourrait ternir l’image de son frère et l’empêcher d’être sélectionné pour la prochaine Coupe du Monde.

    40 % des jeunes croient en la sorcellerie

    Un signe, sans doute que dans la société française, la sorcellerie n’est plus considérée comme une lubie farfelue. Une fraction croissante de la population accorde du crédit à cette pseudoscience, définie par le Larousse comme une « pratique magique en vue d’exercer une action, généralement néfaste, sur un être humain (sort, envoûtement, possession), sur des animaux ou des plantes ».

    Une enquête de l’Ifop pour la Fondation Jean Jaurès en décembre 2020 observait une recrudescence de cette superstition. « Alors que cela touchait à peine un Français sur six il y a quarante ans (18 % en 1981), la croyance dans les envoûtements et la sorcellerie séduit maintenant près de trois Français sur dix : 28 %, soit une hausse de 7 points depuis 2000, mais surtout de 10 points depuis 1981 », révélait l’enquête.

    Ces croyances sont particulièrement répandues chez les plus jeunes. « Aujourd’hui, 40 % des moins de 35 ans croient en la sorcellerie contre 25 % des plus de 35 ans », poursuivait l’enquête de la Fondation Jean Jaurès qui expliquait notamment cette recrudescence par le fait que « les générations nées à partir des années 1980 sont beaucoup moins marquées par une défiance vis-à-vis des croyances religieuses et le matérialisme dominant jusque-là depuis l’après-guerre ».

    (…)

    Marabouts

    En Afrique de l’ouest (Sénégal, Mali, Guinée), les marabouts sont des « lettrés musulmans, [qui] assument différents rôles, celui d’enseignant du Coran, de régulateurs de conflits, ils président aux cérémonies religieuses des baptêmes, des mariages, des funérailles », relevait l’anthropologue Liliane Kuczynski dans un article scientifique paru en 2010.

    (…) Marianne