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Société

  • L'Europe doit redevenir chrétienne. Nous n'avons pas d'autre choix, mais c'est un choix réjouissant.

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    L'éditorial de l'European Conservative pour Noël :

    La chrétienté se relève : un chemin vers l'espoir

    Détail de l'Adoration des Mages (vers 1420), une tempera sur panneau de bois de 115 × 170–183 cm de Lorenzo Monaco (1370-vers 1425), située à la Galerie des Offices à Florence, en Italie.

    Lorenzo Monaco, domaine public, via Wikimedia Commons

    L'Europe doit redevenir chrétienne. Nous n'avons pas d'autre choix, mais c'est un choix réjouissant. Une étoile brille dans le ciel, il nous suffit de la suivre.

    Ce 25 décembre, seule une minorité d'Européens se rendra à l'église pour célébrer cette journée. Parmi les fêtes chrétiennes, Noël est la seule à rester vivante dans l'imaginaire occidental moderne. Il y a une raison à cela : les objets. 

    À Noël, les gens reçoivent des cadeaux. Une société fondée sur le matérialisme et la marchandisation, une société qui a transposé notre désir inné d'infini sur le fini, continuera de célébrer une fête chrétienne si elle peut être présentée comme une occasion d'acquérir davantage de biens.

    Heureusement, partout dans le monde, des gens connaissent encore le véritable sens de Noël. Ils se lèvent et vont à l'église, sachant qu'en chemin, ils risquent d'être lapidés, massacrés à la machette dans la rue, ou encore, arrivés à l'église, réduits en miettes par une bombe soigneusement placée. Je pense aux chrétiens d'Égypte, du Nigeria, du Pakistan et de nombreux autres pays à travers le monde. 

    L'organisation Portes Ouvertes, une organisation non confessionnelle qui soutient les chrétiens persécutés dans le monde entier, a recensé, l'an dernier, 7 679 églises et propriétés chrétiennes incendiées ou gravement endommagées, 4 744 personnes emprisonnées pour leur foi chrétienne et 4 476 chrétiens tués pour leur religion. Pourtant, la plupart d'entre nous, en Occident, ne prenons même pas la peine d'assister à la messe de Noël du quartier. 

    Hormis la Jordanie – un pays qui n'existe que depuis quatre-vingts ans –, il n'existe aucun exemple d'État islamique qui ne persécute pas les chrétiens. Ce constat est significatif, car une montée en puissance de l'islam en Europe pourrait signifier que le vieux continent se retrouve sous domination islamique dans un avenir proche. Les conséquences que cela pourrait avoir pour les chrétiens d'Europe méritent d'être examinées.

    L’hostilité envers les chrétiens, observable à travers le monde, explique peut-être la profonde sympathie que nourrissent nos dirigeants laïcs pour l’islam ; ils voient sans doute en l’islam un moyen essentiel d’exorciser l’Europe de son christianisme. Mais nos élites s’inquiètent. Elles craignent un retour du christianisme, malgré tous leurs efforts pour le saper et l’anéantir. Leur dernière tactique est intéressante : elles prétendent que la droite politique s’approprie cyniquement le christianisme à des fins de division. Les signes d’un réveil chrétien, disent-elles, ne sont rien d’autre qu’un fascisme voilé se faisant passer pour de la piété.

    Mais que se passerait-il si une part importante de la population en venait réellement à croire que sa civilisation ne pouvait survivre sans un retour à la foi chrétienne ?

    Ceux qui sont accusés de « politiser le christianisme » ne font en réalité que reconnaître que le christianisme est déjà intrinsèquement politique. Après tout, le christianisme appelle à faire des disciples parmi toutes les nations (Matthieu 28:19) ; il enseigne qu'il n'y a de pouvoir terrestre que celui qui vient d'en haut (Jean 19:11) ; que tout genou fléchit au nom de Jésus, au ciel, sur la terre et sous la terre (Philippiens 2:10) ; et le christianisme attend avec impatience la résurrection des morts, lorsque toutes les nations de la terre se rassembleront devant l'Agneau (Apocalypse 7:9). Quoi qu'en dise votre pasteur, le christianisme est déjà politique. 

    Nombreux sont ceux qui prennent conscience que des décennies d'athéisme, de laïcité, de progressisme et de matérialisme nous ont affaiblis et rendus efféminés. L'Europe redécouvrira-t-elle l'esprit de Charles Martel et de saint Boniface, que Martel soutint et protégea, ou bien elle s'effondrera-t-elle. Comme l'écrivait le grand historien anglais Christopher Dawson, vers le milieu du siècle dernier :

    Aucune civilisation, pas même celle de la Grèce antique, n'a jamais connu un processus de transformation aussi continu et profond que celui qu'a connu l'Europe occidentale au cours des 900 dernières années. … Le principe de ce changement a été spirituel, et le progrès de la civilisation occidentale est intimement lié à l'éthique dynamique du christianisme occidental.

    Chacun des cinquante mille clochers et tours d'églises à travers l'Europe témoigne que la Foi est l'âme de notre civilisation. Et si Dawson a raison dans ce qu'il écrit plus haut, alors soit le christianisme est politique – en ce sens qu'il anime et influence les sociétés qu'il imprègne –, soit il ne l'est plus, auquel cas il a tout intérêt à le redevenir, car l'alternative est la fin de notre civilisation.

    Il convient de méditer sur le rôle des Rois mages. Ces sages venus d'Orient, probablement des prêtres-astrologues zoroastriens originaires de Perse, sont devenus, dans l'imaginaire chrétien, le symbole des nations. 

    Les Rois mages sont venus représenter tous les peuples de la terre, qui doivent s'humilier et se prosterner devant le Seigneur, et finalement devenir ses disciples. Les nations occidentales ne font pas exception. Si elles ont abandonné le Seigneur dans quelque accès damné d'apostasie hystérique, elles doivent se repentir et revenir à Lui. Et si les athées et les progressistes désespèrent à l'idée d'une telle conversion des nations, nous devrions nous réjouir d'autant plus des premiers signes de celle-ci.

    L'Europe doit redevenir chrétienne. Nous n'avons pas d'autre choix, mais c'est un choix réjouissant. Une étoile brille dans le ciel, il nous suffit de la suivre. 

  • Mais où sont les contes de Noëls d'antan ?

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    D'Anne Bernet sur le site de l'Homme Nouveau (archive 2021) :

    Noël : contes roses, contes noirs

    Le monde a-t-il donc tant changé en à peine un demi-siècle que certaines coutumes, certains usages, qui tissaient depuis si longtemps la trame des jours catholiques semblent aujourd’hui appartenir à des époques révolues sans retour ?

    Je me souviens qu’enfant, et cela ne remonte tout de même pas à Mathusalem, le 24 décembre, avant de partir en famille à la messe de Minuit, mon grand-père nous réunissait dans le salon et, tirant de la bibliothèque les Lettres de mon moulin, nous lisait Les trois messes basses. « Une dinde truffée, Garrigou ? » « Oui, Don Balaguer, une dinde truffée, grosse comme cela … » et la maudite petite clochette du clergeon endiablé de tinter et de tinter encore aux oreilles du pauvre prêtre malade de gourmandise jusqu’à voler au Seigneur les trois messes de la sainte nuit de la Nativité.

    Lit-on encore Alphonse Daudet ? Ou les Christmas Carols de Dickens ? Ou même cette délicieuse nouvelle de Jean de La Varende, Le Saint Esprit de Monsieur de Vaintimille, qui voyait un gentilhomme, saisi devant la pauvreté d’une crèche villageoise, y jeter, magnifique, afin d’honorer l’Enfant Dieu, son prestigieux grand cordon de l’Ordre royal … 

    Pour commencer, les messes de minuit, sauf exception, ne sont plus à minuit, ce qui leur enlève, reconnaissons-le, une bonne part de leur mystère et de leur charme, et si elles le sont encore, avant de s’y rendre, ce n’est plus autour d’un aïeul et d’un livre que l’on se réunit, mais d’un poste télévisé qui, indifférent à la grâce de la Bonne Nouvelle, distille en continu des programmes d’année en année plus désespérément vulgaires …

    Les Anglo-Saxons ont trouvé moyen de sauver le conte de Noël à leur manière, qui consiste souvent à ne pas perdre une bonne occasion de gagner de l’argent et, chaque année, en décembre, les auteurs de romans policiers sont mis à contribution afin de proposer aux lecteurs de magazines des nouvelles sur fond de crime se passant dans l’ambiance ultra codifiée des fêtes de fin d’année, accompagnées de préférence d’une fin heureuse et de quelques références morales, sinon religieuses, de bon aloi. Puis ces histoires sont, l’année suivante, reprises en volume, car il n’y a pas de petits profits.

    La regrettée Phyllis Dorothy James, dernière souveraine britannique du genre, n’avait pas échappé à cet usage. Voici donc réunis à titre posthume (P.D. James Les douze indices de Noël. Fayard ; 192 p) quatre textes publiés entre 1969 et 1996, offrant pour certains des aventures inédites du super-intendant Adam Dalgliesh, héros récurrent de la romancière.

    Bien qu’elle eût des principes, sans doute plus que la moyenne de ses confrères, Mrs James ne donnait pas dans les bons sentiments et ces histoires sont d’un parfait cynisme. 

    L’on y verra Dalgliesh, tout jeune flic encore, confronté par hasard, un jour de Noël, à un suicide qui se révèlera un crime, puis, pour obliger un proche, enquêtant avec soixante ans de retard sur la mort très suspecte d’un vieillard saisi par le démon de midi, avant de déboucher sur le plus inattendu des dénouements, car les meurtriers ne sont pas toujours ceux que l’on soupçonne … Encore ces deux textes, de bonne tenue, conservent-ils une certaine morale. Impossible d’en dire autant de cette veillée de Noël en 1941 dans un manoir anglais digne d’Agatha Christie qui verra la soirée finir par l’implacable exercice d’une cruelle justice familiale, et moins encore des destinées d’un assassin bien sous tous rapports revenu sans scrupules sur les lieux de son crime après avoir laissé pendre à sa place un innocent …

    Et l’esprit de Noël, cher à Dickens tant tout cela ? Eh bien, soyez tranquilles, il est absolument absent de ces histoires cruelles et réalistes … Comme la justice divine et les promesses faites aux hommes de bonne volonté.

    Dans ces conditions, si je puis me permettre un conseil, éteignez ce maudit téléviseur, coupez le sifflet à ces rires gras qui insultent au mystère de la Vierge qui mit au monde un Fils et ouvrez, pour votre plaisir et celui de vos proches, les délicieux Contes de Noël (Elor. 150 p.) signés de Mauricette Vial-Andru, Jean-Louis Picoche, Yolande Desseau et Maël de Brescia, pour le simple bonheur de retrouver un peu de votre âme d’enfant et de croire encore que tous les miracles sont possibles en cette nuit bénie.

    Comme dans tout conte de Noël qui se respecte, vous y rencontrerez de braves bergers de Bethléem surpris aux champs et désireux d’aller voir un petit enfant couché dans la paille, en emportant de beaux cadeaux, quitte à s’expliquer avec la femme forte des Écritures qui les attend à la maison et n’aime pas voir gaspiller l’argent du ménage. Vous connaîtrez la vraie et belle histoire du petit âne qui porta Notre-Dame en Égypte. Vous saurez comment la Nouvelle Ève rédima la première. Et pourquoi l’humble sauge guérit tous les maux ou presque. Vous découvrirez le petit peuple des Santounais et vous saurez pourquoi Dieu permit que l’on se souvint d’eux. 

    Puis vous croiserez une grand-mère provençale dont la foi sauva le mas menacé par les flammes, et le bon Père Raphaël qui, à force de se prendre pour un grand pécheur, avait perdu le don du bonheur et de l’amour. Et cette famille pieuse qui, pour faire moderne, renonça à « s’agenouiller devant des figurines en argile. », donc à installer la crèche.

    Enfin, comme il faut bien admettre que tout n’est pas rose dans notre douce époque, vous rencontrerez un petit enfant orphelin qui demanda à Jésus de le délivrer de ses malheurs, un vieux curé que ses paroissiens laissaient seul, même le 25 décembre, devant « un pain boulot et un pichet d’eau ». Vous ne serez donc pas étonnés, avec de pareils chrétiens, qu’un jour, Noël ait disparu de villes grises où toute croyance sera interdite.

    Mais qui a dit qu’il fallait désespérer ?

    Joyeux Noël ! 

  • Comment célébrer Noël si la foi a disparu ? Un excellent article de Mgr Aguer

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    D'InfoVaticana :

    Un excellent article de l'archevêque Aguer

    Images de la naissance de l'enfant Jésus

    La sécularisation de Noël

         Avec le début de l'Avent, la publicité pour certains produits liés aux fêtes de Noël commence également. Bien que le mot lui-même ne soit pas mentionné explicitement, il serait surprenant pour quiconque l'ignore que ce terme signifie  Nativité, c'est-à-dire la naissance de Jésus-Christ. On y voit notamment un petit sapin, des ballons et autres décorations, ainsi qu'une figure corpulente et barbue vêtue de rouge et de blanc. Cette représentation de la période précédant le 25 décembre est typique de l'hémisphère nord et du monde protestant.

         Il y a quelques années, en flânant dans le centre de Naples, j'ai remarqué que, dans les semaines précédant Noël, chaque magasin proposait des crèches, de tailles et de qualités variées.  La crèche  est la représentation catholique de la venue de Jésus au monde : la grotte, ou une petite maison, la Vierge Marie, saint Joseph et l'Enfant, accompagnés de la vache et de l'âne. N'oublions pas les Rois mages, mentionnés dans l'Évangile selon Matthieu :  astronomes  et sages, ils représentaient toute l'humanité attendant le Sauveur. La tradition populaire, s'appuyant sur les apocryphes, les a érigés en rois et leur a donné à chacun un nom. Dans la crèche, leur arrivée est prévue jusqu'au 6 janvier. La tradition catholique s'est sécularisée. De même, les anges et leurs chants ont disparu ; toutefois, ils sont préservés dans le  Gloria  et le  Sanctus  de la messe. On retrouve quelque chose de ces origines dans les chants de Noël, qui ont su franchir le mur de la sécularisation. Le souvenir de Naples évoque une foi populaire qui s'est affaiblie ces derniers temps et qui, dans de nombreux pays, semble avoir disparu.

         L’Église devrait proclamer le mystère de l’Incarnation du Fils de Dieu pendant l’Avent. La foi en ce mystère doit s’enraciner dans les familles ; c’est pourquoi l’exhortation à « installer la crèche » est tout à fait appropriée. Même lorsque la pratique religieuse s’est raréfiée, voire a disparu, la contemplation de la crèche ravive le sentiment de foi transmis au sein de la famille ou lors de la catéchèse de la Première  Communion (et souvent de la seule ).

         Comment célébrer Noël si la foi a disparu ? Il s'agit donc d'une sécularisation de la fête chrétienne, souvent associée au Nouvel An. On parle des « fêtes » – comme d'une période récurrente – et l'on souhaite, en guise de vœux, « Bonnes fêtes » ou même le plus courant « Félicitations ». Dans ce contexte culturel, Noël a disparu. La publicité commerciale exploite le souvenir d'une époque où l'on conservait encore quelque chose des premiers enseignements. L'Église doit recréer ces origines en proclamant Jésus-Christ comme Rédempteur ; chaque Avent est une nouvelle occasion de cette proclamation confiée aux Apôtres. Il s'agit donc d'inverser la sécularisation de Noël. Et pour cela, une Église véritablement ouverte sur le monde est essentielle ; une Église qui recherche ceux qui se sont égarés et ceux qui n'ont jamais été pleinement présents.

          Dans cet esprit, je vous souhaite à tous un très saint et donc un très joyeux Noël. Que personne ne nous vole l'Enfant Jésus !
     
    + Hector Aguer
    Archevêque émérite de La Plata
     
    Buenos Aires, lundi 22 décembre 2025. 
  • Affaire Gaël Giraud : les jésuites s’expliquent après les révélations de La Vie

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    De Camille Meyer sur RCF - Radio Notre-Dame :

    Affaire Gaël Giraud : les jésuites s’expliquent après les révélations de La Vie

    18 décembre 2025

    Accusations contre Gaël Giraud : réaction des jésuites en France

    Face aux révélations visant Gaël Giraud, la Compagnie de Jésus sort du silence. Invité à s’exprimer, le père Grégoire Le Bel, adjoint du Provincial, reconnait la gravité des témoignages tout en expliquant les choix opérés par les jésuites dans la gestion de cette affaire sensible. Il était l'invité de la matinale. 

    Au lendemain des révélations de La Vie mettant en cause le jésuite et économiste Gaël Giraud pour des faits d’emprise spirituelle et psychologique ayant conduit à des abus sexuels, la Compagnie de Jésus a pris la parole. Invité à réagir sur notre antenne, le père Grégoire Le Bel, jésuite et adjoint du Provincial pour la province Europe-Occidentale francophone, a d’abord tenu à redire sa pensée pour les personnes ayant témoigné.

    Soulignant le "courage de briser le mur de la peur, de la honte et du mépris", évoquant des récits  "extrêmement graves", le père Le Bel estime que la Compagnie de Jésus "a toujours essayé de réagir en fonction des témoignages reçus ", alors même que Gaël Giraud conteste formellement l’ensemble des accusations portées contre lui, qu’il qualifie d’allégations.

    Affaire Gaël Giraud : une première alerte dès 2021

    Retraçant la chronologie de l’affaire Gaël Giraud, le père Grégoire Le Bel rappelle qu’en 2021, les jésuites reçoivent le témoignage d’une première femme signalant une relation amoureuse consentie.

    En 2024, une relation sexuelle est évoquée, conduisant au retrait de Gaël Giraud de la vie publique et à une période de probation de près de deux ans, assortie de mesures restrictives strictes. À l’automne 2025, une plaignante requalifie les faits en agressions sexuelles. Quelques jours plus tard, la Compagnie de Jésus effectue un signalement auprès du procureur de la République et ouvre une enquête canonique préliminaire confiée à un enquêteur externe. Aujourd’hui, Gaël Giraud n’exerce plus aucune mission pastorale.

    Pourquoi ne pas avoir pris de mesures plus contraignantes dès 2024 ? "À chaque étape, nous avons pris des mesures proportionnées aux faits qui nous étaient connus", explique le père Grégoire Le Bel, soulignant la nécessité de respecter le rythme des personnes victimes, dont les récits peuvent évoluer dans le temps. Interrogé sur la fin des mesures conservatoires avant la requalification des faits en agression sexuelle, il assume une position de prudence, rappelant que l’Église ne peut ni précipiter ni forcer la parole.

    Gaël Giraud, entre “face brillante” et “face sombre”

    Le responsable jésuite reconnaît la difficulté particulière liée à la personnalité de Gaël Giraud, figure intellectuelle très exposée dans l’espace public. Il évoque une possible "dualité" entre une "face brillante" et une "face sombre", aujourd’hui révélée par l’enquête de La Vie. "C’est un compagnon, un membre de ma famille. Mais en même temps, c’est quelqu’un qui, visiblement, a fait beaucoup de mal", confie-t-il, non sans émotion, tout en reconnaissant la gravité des faits rapportés.

    Violences sexuelles dans l’Église : une responsabilité institutionnelle en question

    Réagissant en fin d’émission, Matthieu Poupard, cofondateur d’Agir pour notre Église et accompagnateur de plusieurs victimes, propose une lecture plus large. Selon lui, "tout récit d’abus est un récit collectif", révélateur de responsabilités institutionnelles.

    Au-delà des personnes mises en cause, ce sont les structures elles-mêmes qui, selon lui, rendent possibles les situations d’emprise et de silence.

  • Haine anti-chrétienne en Europe : un rapport met en garde contre un phénomène croissant

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    D'Hélène de Lauzun sur The European Conservative :

    Haine anti-chrétienne en Europe : un rapport met en garde contre un phénomène croissant

    Les chrétiens sont devenus une minorité parmi d'autres, mais avec moins de droits que les autres.

    La Vierge Marie en tant que Mater Dolorosa (Mère des Douleurs) - Musée Unterlinden, CC BY 2.0 , via Wikimedia Commons

    La « christianophobie » – définie comme l’hostilité, la discrimination ou la violence dirigées contre les personnes et les symboles chrétiens en raison de leur appartenance à la religion chrétienne – est un phénomène de plus en plus visible et grave en Europe. Un rapport publié le 1er décembre par le Centre européen pour le droit et la justice (ECLJ) met en lumière une réalité souvent sous-estimée : la montée des crimes de haine antichrétiens – physiques, juridiques et sociaux – affecte profondément la liberté religieuse et le quotidien des chrétiens sur le continent.

    L’ECLJ et l’Observatoire de l’intolérance et de la discrimination à l’encontre des chrétiens en Europe (OIDAC) ont compilé des données montrant qu’au moins 2 211 crimes antichrétiens ont été commis en 2024, dont 274 agressions physiques, dans un panel de 35 pays européens étudiés.

    Ces actes englobent un large éventail de violences : du vandalisme à la profanation d’églises, des incendies criminels aux menaces directes, voire aux agressions physiques graves. L’une des tragédies les plus marquantes fut l’assassinat, le 1er septembre à Lyon, d’un chrétien, Ashur Sarnaya , tué en raison de sa foi alors qu’il témoignait en direct sur les réseaux sociaux – un meurtre passé sous silence par les médias, à l’exception des plateformes conservatrices et chrétiennes.

    Ce niveau d'agression n'est pas un phénomène isolé, mais s'inscrit dans une tendance croissante de ces dernières années, reflétant une augmentation inquiétante des violences antichrétiennes en Europe.

    Le rapport de l'ECLJ établit une typologie des actes antichrétiens, révélant l'ampleur du phénomène. Le vandalisme est la forme d'hostilité la plus courante. Églises et symboles religieux dans l'espace public sont régulièrement pris pour cible : graffitis, croix renversées, statues endommagées ou brisées. Une part importante de ces actes consiste en des incendies criminels de lieux de culte, souvent sans revendication explicite. Les profanations sont en augmentation : de nombreux lieux sacrés sont délibérément profanés, portant atteinte à la dimension spirituelle des édifices religieux, sans susciter d'indignation publique. Croix, reliquaires et autres objets sacrés sont volés ou détruits, privant les communautés de leur patrimoine symbolique. Mais le problème le plus grave demeure la recrudescence des menaces et des violences interpersonnelles : fidèles, prêtres et responsables religieux sont victimes d'intimidations et d'agressions physiques, y compris de tentatives de meurtre.

    Cette diversité d’attaques montre que la christianophobie ne se limite pas à des incidents isolés : elle se manifeste par des attaques répétées contre les croyants, leurs lieux de culte et leurs pratiques, donnant l’impression du début d’une persécution systématique.

    Le rapport de l'ECLJ met en lumière plusieurs facteurs expliquant cette montée de l'hostilité envers les chrétiens. La sécularisation et le laïcisme militant ciblent explicitement la foi chrétienne. Dans certains pays, une culture laïque forte tend à rejeter toute expression publique de la foi chrétienne, considérant les symboles religieux comme des obstacles à une société « neutre ». L'extrémisme idéologique prospère sur cette sécularisation, devenue partie intégrante des sociétés européennes. Les groupes d'extrême gauche, souvent opposés aux valeurs traditionnelles associées au christianisme, contribuent à la stigmatisation et à la marginalisation des croyants. Mais les chrétiens sont aussi victimes de la radicalisation religieuse violente de certains musulmans , responsables d'agressions physiques graves et victimes de « guerre sainte » ou de djihad .

    Ces facteurs se conjuguent pour créer un climat dans lequel la haine envers les chrétiens peut se banaliser, être sous-estimée ou, trop souvent, rester sans réponse institutionnelle adéquate.

    L'un des points clés du rapport est la sous-estimation importante de l'ampleur réelle du phénomène. Nombre de victimes chrétiennes hésitent à signaler les actes antichrétiens par crainte d'être accusées de se victimiser ou d'« attiser les tensions ». De plus, les autorités publiques elles-mêmes ont tendance à sous-estimer ces actes, car certains ne relèvent pas des catégories officielles de « crimes de haine ». Par exemple, en Allemagne, seules les attaques reconnues comme « à motivation politique » sont officiellement enregistrées, excluant ainsi un grand nombre d'actes à motivation religieuse.

    Au-delà des violences physiques, le rapport met en lumière une marginalisation généralisée des chrétiens dans l'espace public. Ils subissent des restrictions à leur liberté religieuse. Dans certains contextes, la pratique religieuse est entravée par des interdictions implicites ou des sanctions administratives pour des comportements aussi simples que la prière silencieuse à proximité d'un établissement public. Sur le plan social ou professionnel, les chrétiens peuvent être sanctionnés ou marginalisés au travail ou dans leurs cercles sociaux en raison de leurs convictions, notamment lorsque celles-ci sont perçues comme conservatrices (sur des questions telles que la famille, l'avortement, etc.). Cette forme de discrimination, parfois plus subtile, joue un rôle tout aussi important que les violences explicites dans la création d'un climat d'intolérance et d'exclusion.

    Le rapport de l'ECLJ est particulièrement utile, mais il se heurte à une limite institutionnelle, notamment au niveau européen : l'absence d'un mécanisme spécifique pour reconnaître et combattre la christianophobie comme une forme distincte de haine religieuse. Contrairement à d'autres formes de haine religieuse, telles que l'antisémitisme ou l'islamophobie, il n'existe pas de coordinateur européen dédié à la lutte contre la haine antichrétienne. De ce fait, malgré l'ampleur avérée du phénomène, les réponses institutionnelles demeurent souvent fragmentées et insuffisantes. Les données montrent également que la christianophobie tend à être marginalisée dans les stratégies générales de lutte contre les discriminations, contribuant ainsi à une certaine invisibilité politique du problème.

    Pour lutter contre cette montée de la haine anti-chrétienne, le rapport de l'ECLJ formule plusieurs recommandations concrètes :

    • Améliorer les mécanismes de collecte et de signalement des actes antichrétiens afin d’obtenir des données plus fiables et plus complètes ;
    • Reconnaître officiellement la christianophobie comme une forme spécifique d’intolérance religieuse dans les politiques européennes et internationales ;
    • Renforcer la protection juridique des chrétiens aux niveaux national et européen, notamment en ce qui concerne la liberté de religion, d'expression et de réunion.

    Ces mesures visent à garantir aux chrétiens l'exercice de leurs droits fondamentaux sans discrimination ni violence. La déchristianisation les a relégués au rang de minorité parmi d'autres. Pire encore, cette minorité dispose désormais de moins de droits que les autres.

    Hélène de Lauzun est la correspondante parisienne du European Conservative . Elle a étudié à l'École normale supérieure de Paris, où elle a enseigné la littérature et la civilisation françaises à Harvard. Docteure en histoire de la Sorbonne, elle est l'auteure de * Histoire de l'Autriche*  (Perrin, 2021).
  • Belgique : le suicide de trois jeunes filles qui avaient entamé une « transition de genre » pose la question de l’utilité de ces traitements

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    En Belgique, le suicide de trois jeunes filles qui avaient entamé une « transition de genre » pose la question de l’utilité de ces traitements

    12 décembre 2025

    Depuis cet été, 3 jeunes filles se sont suicidées en Belgique. L’une d’entre elles a fait une demande d’euthanasie qui a été acceptée. Le point commun entre ces jeunes filles est qu’elles avaient, peu de temps auparavant, entamé une « transition de genre »[1].

    A partir de 2010 environ, le nombre de jeunes, en grande majorité des filles, qui se déclarent « transgenres » a connu une multiplication spectaculaire dans les pays développés. Certains militants, qui défendent la « transition de genre » pour les mineurs, affirment que le nombre de cas n’a pas évolué, mais qu’à présent, enfin, les « jeunes trans » osent s’affirmer comme tels.

    Un ensemble de facteurs externes à l’origine du phénomène

    Dans Les Ravages du genre [2], la journaliste Pauline Arrighi a analysé le faisceau de causes qui font que, depuis 15 ans, de nombreuses adolescentes sont amenées à qualifier leur mal-être de « dysphorie de genre ». Parmi ces facteurs, on peut compter une détérioration massive de la santé mentale des jeunes avec un assèchement des soins en psychiatrie (cf. En Belgique, la jeune Siska sera bientôt euthanasiée à 26 ans pour trouble dépressif sévère), l’utilisation des smartphones et réseaux sociaux qui entament gravement le rapport au corps, un changement de définition à l’OMS qui a amené à une « inflation de diagnostics », ou encore une pression militante pour imposer la notion d’« identité de genre » jusque dans les écoles (cf. Le programme Evars d’« éducation à la vie affective, relationnelle et à la sexualité » de la maternelle à la terminale sera mis en place dans tous les établissements à la rentrée 2025).

    La « contagion sociale par les pairs »

    La chercheuse en santé publique Lisa Littman a forgé la notion de dysphorie de genre à apparition rapide (« rapid-onset gender dysphoria). Des groupes d’adolescentes se déclarent « transgenres » ou « non-binaires » quand rien ne le laissait présager ; alors que dans le cas des personnes transsexuelles, qui comptent surtout des hommes, documentés depuis des décennies, le sentiment d’inadéquation avec le corps sexué est prégnant depuis l’enfance.

    Certains psychologues parlent de « contagion sociale par les pairs » (cf. Transition de genre : une étude documente la « contagion sociale ») et dressent un parallèle avec la vague d’anorexie des années 1990 et 2000. Est-ce que les jeunes filles anorexiques « osaient enfin être maigres » ? Personne n’avancerait une idée pareille. Au contraire, ces adolescentes étaient influencées par des sites web « pro-ana » (pro-anorexie) où elles étaient encouragées à maigrir toujours plus, en signe de maîtrise de soi, et où celles qui reprenaient du poids étaient considérées comme faibles.

    Le danger des bloqueurs de puberté en réponse à une souffrance psychique

    A cette époque, aucun médecin n’aurait dit qu’il fallait « affirmer l’identité anorexique » des jeunes filles en leur prescrivant des coupe-faims. Pourtant, des médecins prescrivent à des adolescentes, et même des enfants, des bloqueurs de puberté en réponse à leur souffrance psychique.

    D’une part, l’efficacité de ces traitements sur la santé mentale des patients n’a jamais été démontrée (cf. Le Royaume-Uni lance la première étude randomisée sur les effets des bloqueurs de puberté sur le cerveau) ; d’autre part, administrer des hormones destinées à « appuyer sur le bouton pause » du processus naturel de la puberté présente de nombreux effets secondaires graves connus (cf. Enfants « trans » : des études, des faits ; La Nouvelle-Zélande interdit l’accès aux « bloqueurs de puberté » pour les mineurs ). La liste des effets délétères est longue : stérilité, ostéoporose précoce, risque multiplié de cancer, infarctus, AVC ou embolie pulmonaire. La prise d’hormones a des effets secondaires définitifs, même après une interruption du traitement : chez les jeunes filles, on observe une voix masculine, une pilosité faciale, une atrophie vaginale qui rend les rapports sexuels quasiment impossibles ; et le développement du cerveau est entravé, ce qui a pour effet un risque de réduction du QI et des troubles cognitifs permanents.

    « Et pendant ce temps, Nathan, Aero et Mélodie-Téo sont mortes, et leurs familles doivent traverser une douleur insoutenable. » Elles avaient 20, 18 et 16 ans.

    [1] La Libre, Dysphorie de genre : trois jeunes vies brisées en trois semaines Rose Kelleher, Muriel Petit, Suzy Eeckelaerts et Vera Schlusmans, Pour les Femmes, Voor Vrouwen (08/12/2025)

    [2] Publié en novembre 2023 aux éditions du Cerf

  • One of Us condamne le vote « My Voice, My Choice »

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    One of Us condamne le vote « My Voice, My Choice »
    Les traités européens ignorés, l'idéologie imposée

    La Fédération européenne One of Us exprime son profond regret à la suite du vote en séance plénière du Parlement européen qui a adopté aujourd'hui la résolution « My Voice, My Choice » (MVMC) appelant à un « tourisme de l'avortement » financé par l'UE et les citoyens européens. Avec 358 voix pour, 202 contre et 79 abstentions, ce vote représente une grave dérive idéologique et un mépris inquiétant pour les traités européens, qui avec 358 voix pour, 202 contre et 79 abstentions, ce vote représente un grave dépassement idéologique et un mépris troublant des traités de l'UE, qui établissent clairement que la politique en matière d'avortement relève exclusivement de la compétence des États membres.

    En soutenant cette résolution, le Parlement européen a choisi l'idéologie plutôt que le droit et le message politique plutôt que la responsabilité juridique.

    Malgré l'opposition et la présentation de contre-résolutions menées par les groupes PPE et ECR, qui cherchaient à réaffirmer la subsidiarité, le respect de la souveraineté nationale et les limites juridiques de l'UE, la résolution a néanmoins été adoptée.

    One of Us rappelle que l'avortement n'a aucune base juridique en tant que droit fondamental ou droit humain en vertu du droit européen ou international. Il n'est inscrit dans aucun traité contraignant relatif aux droits de l'homme et n'est pas reconnu dans les traités de l'UE ou dans la Charte des droits fondamentaux.

    Il ne peut donc être présenté comme une valeur de l'UE. Au contraire, les valeurs fondatrices de l'UE
    exigent le respect de la dignité humaine et la protection de la vie, qui doivent rester au cœur du projet européen.

    Utiliser les institutions européennes pour promouvoir des programmes idéologiques qui divisent sape la confiance dans le projet européen et ignore la voix de millions de citoyens européens qui ont à plusieurs reprises appelé l'Union à rester dans les limites de son mandat légal.

    Le professeur Tonio Borg, président de One of Us, a déclaré : « Le vote d'aujourd'hui est une occasion manquée pour le Parlement européen d'agir en tant que gardien des traités. Promouvoir des revendications idéologiques qui dépassent la compétence de l'UE affaiblit la démocratie, manque de respect aux États membres et, en fin de compte, érode la confiance des citoyens dans l'Union européenne ».

    La fédération européenne One of Us continuera sans relâche à promouvoir le droit à la vie, le pluralisme démocratique et le respect du droit de l'UE, et restera vigilante face à toute nouvelle tentative d'instrumentalisation des institutions européennes à des fins idéologiques.

    À propos de One of Us

    La Fédération européenne ONE OF US rassemble 50 ONG dans 18 pays européens.
    Chacune d'entre elles apporte une aide concrète aux femmes et aux hommes en matière de maternité et de paternité. ONE OF US protège la vie et la dignité humaines depuis la conception jusqu'à la mort naturelle, dans le cadre des politiques de l'UE, conformément à la demande explicite de 1,89 million de citoyens dans le cadre de l'ICE la plus réussie de l'histoire de l'UE.

    Contact presse : 07 84 63 43 67

  • L'UE contre la vie et la famille : pas de financement pour la FAFCE mais oui à l'avortement

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    De Luca Volontè sur la NBQ :

    L'UE contre la vie et la famille : pas de financement pour la FAFCE, oui à l'avortement

    Le parti Patriots a déposé des questions contestant les critères utilisés par la Commission européenne pour réduire le financement de la Fédération des associations familiales catholiques européennes. Par ailleurs, le Parlement a adopté hier une résolution visant à faire financer les avortements transfrontaliers par l'ensemble des contribuables.

    18/12/2025

    Suite à la décision de la Commission européenne de ne pas allouer de fonds à la Fédération des associations familiales catholiques européennes (FAFCE), les Patriots au Parlement se préparent à un affrontement avec la Commission elle-même. Parallèlement, hier, la majorité à Strasbourg a approuvé la résolution relative au financement des avortements transfrontaliers – dont La Bussola a parlé ici – qui sera à la charge de tous.

    Commençons par la FAFCE . Fin novembre, une nouvelle inquiétante a émergé : la Commission européenne avait justifié la suppression totale du soutien financier à la FAFCE (association regroupant 33 associations issues de 20 États membres de l’UE et fondée en 1997), dont l’objectif principal est la promotion de la famille traditionnelle. Cette suppression a été décidée malgré les dispositions explicites de la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, qui, au point 33, paragraphe 1, garantit « la protection économique, juridique et sociale de la famille ». La justification avancée par les services bruxellois était empreinte de préjugés antichrétiens et d’une volonté manifeste de discriminer la famille traditionnelle fondée sur le mariage entre un homme et une femme. Cette décision a été prise, comme indiqué précédemment dans ces colonnes, car « le manque d’informations sur les disparités entre les sexes en matière de participation aux organisations de la société civile pourrait limiter la diffusion des analyses de genre et la compréhension de la manière dont les obstacles à la participation sont levés au sein des différents groupes démographiques… cette approche pourrait enfreindre les mesures de l’Union européenne en matière d’égalité ». La décision de Bruxelles a été qualifiée de « discrimination idéologique », comme l'a dénoncé Vincenzo Bassi, président italien de la FAFCE. La FAFCE avait soumis six propositions de projets à des programmes européens clés tels qu'Erasmus+ et Citoyens, Égalité, Droits et Valeurs (CERV), axées sur des domaines prioritaires pour la Commission : la prévention de l'accès des mineurs à la pornographie, la lutte contre l'isolement des jeunes et la garantie du bien-être numérique et de la protection de l'enfance. Toutes les propositions de la FAFCE ont été rejetées.

    La Fédération des associations familiales catholiques a averti ces derniers jours que, sans fonds européens ou dons correspondants d'un montant de 150 000 euros, elle ne pourra pas poursuivre ses projets en cours et devra licencier une partie de son personnel, réduisant ainsi sa présence dans les débats au niveau européen.

    Il est donc probable que la Commission décide d'apporter son plein soutien à la résolution non contraignante adoptée par le Parlement européen, issue de l'initiative « Ma voix, mon choix : pour un avortement sûr et accessible ». Cette initiative, parrainée par des personnalités telles que George Soros et l'industrie internationale de l'avortement (plus de 300 organisations y ont adhéré, recueillant 1,2 million de signatures), vise à élargir l'accès à l'avortement dans tous les pays de l'UE en prenant en charge les frais de déplacement des femmes contraintes de se rendre dans un autre pays pour avorter. Ce soutien à l'avortement implique donc également un financement important , comme l'ont dénoncé les évêques de la COMECE (Commission des conférences épiscopales des Communautés européennes) dans une déclaration tardive publiée le mardi 16 décembre , soit la veille du vote au Parlement européen. Les députés européens ont approuvé la proposition par 358 voix pour, 202 contre et 79 abstentions. Tous les députés européens italiens de centre-droit présents ont voté contre. Tous les eurodéputés libéraux, socialistes, du Mouvement Cinq Étoiles et de gauche ont voté en faveur de la liberté de voyager pour les femmes ayant recours à l'avortement. La Conférence épiscopale italienne (CEI), présidée par le cardinal Matteo Zuppi, devrait en prendre note. Cette résolution appelle la Commission à mettre en place un mécanisme financier facultatif et volontaire afin d'aider les pays à fournir des soins d'avortement aux femmes qui n'y ont pas accès dans leur pays et qui choisissent de se rendre dans un autre pays où l'avortement est légal.

    La vice-présidente du groupe Patriots , l'eurodéputée hongroise Kinga Gál, et l'eurodéputé de la Ligue du Nord, Paolo Borchia, ont déjà déposé des questions parlementaires contestant les critères d'évaluation de la Commission et interrogeant Bruxelles sur sa volonté de remédier au déclin démographique de l'Europe si elle marginalise les associations qui placent la famille au cœur de leur action sociale. Ce nouveau scandale – cette fois-ci centré sur le refus de financement à des groupes pro-famille, alors que le silence persiste sur le gaspillage de milliards de dollars de fonds publics alloués ces dernières années aux organisations LGBT, pro-avortement et environnementales – confirme une fois de plus que la Commission n'est plus la « gardienne des traités », mais une interprète de plus en plus idéologique, reniant le pluralisme inscrit à l'article 2 du traité sur l'Union européenne et le subordonnant à une vision unique. Exactement comme en Europe de l'Est sous l'Union soviétique.

  • Quand le vicaire du Christ prend part à la mêlée médiatique

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    D'Edward Pentin sur le NCR :

    Quand le vicaire du Christ se joint à la mêlée médiatique

    COMMENTAIRE : Quels sont les avantages, les dangers et les conséquences indésirables des échanges informels du pape Léon XIV avec la presse mardi soir à Castel Gandolfo ?

    C'est devenu une nouvelle convention papale.

    Chaque mardi soir, après sa journée de repos désormais habituelle à la résidence d'été papale de Castel Gandolfo, située juste à l'extérieur de Rome, le pape Léon XIV quitte la ville pour le Vatican, s'arrêtant pour discuter avec la presse. 

    Les journalistes interrogent le Saint-Père sur l'actualité, généralement liée à la politique internationale ou à l'Église catholique, et le pape répond spontanément, sans préparation. Ce format rappelle les points presse improvisés, fréquents lors des rencontres entre personnalités politiques et célébrités et médias. 

    Pour un pape, c'est toutefois une première. Aucun souverain pontife, pas même le pape François, pourtant friand d'interviews en tant que pape, ne s'était jamais adressé à la presse de manière aussi spontanée . Les conférences de presse papales en vol, instaurées par saint Jean-Paul II, sont similaires, mais plus rares et encadrées. 

    Les motivations du pape Léon XIV quant à cette approche médiatique restent floues. Il a inauguré cette pratique en juin, lorsque le journaliste Ignazio Ingrao, de la RAI, la chaîne de télévision publique italienne, l'a interpellé à sa sortie du territoire de Radio Vatican, près de Rome. 

    Le Saint-Père semblait à l'aise pour répondre aux questions d'Ingrao, d'autant plus qu'elles portaient sur des sujets qui le passionnent : le développement durable, l'environnement et les menaces qui pèsent sur la paix mondiale. Mais cet échange était frappant en ce que, pour la première fois en dehors d'un voyage papal, il abolissait une certaine distance, pourtant reconnue, que le pape entretient naturellement en tant que Vicaire du Christ.

    Certains apprécient l'aspect terre-à-terre, spontané et convivial de ces échanges ; d'autres estiment que ces rencontres informelles risquent d'estomper la frontière entre le bureau de Petrine et une célébrité politique, même si elles offrent des avantages en termes de relations publiques et d'image.

    Leur atout réside dans leur capacité à rendre le Pape moins distant, plus accessible, plus humain et plus responsable envers les fidèles, à l'ère de la démocratie, de l'exigence de transparence et de l'information en continu. Ils répondent à l'insatiable soif contemporaine de transparence en toutes choses, devenue particulièrement criante au Vatican suite aux scandales d'abus sexuels commis par des membres du clergé, de malversations financières et de mauvaise gouvernance. 

    La franchise inhérente à ces échanges peut permettre aux fidèles de mieux connaître Léon, encore méconnu et quelque peu énigmatique. Le Saint-Père peut également saisir cette occasion pour enseigner, toucher un public plus large qui n'aurait peut-être pas accès à ses messages déjà publiés, et appliquer son enseignement aux problématiques actuelles les plus brûlantes. 

    Pourtant, les qualités mêmes qui justifient cette pratique engendrent aussi de nouveaux risques. Depuis que le pape a commencé à accorder ces interviews « à domicile » à Castel Gandolfo début septembre, les médias l'ont amené à commenter spontanément des questions politiques et des problèmes de société, ce qui a provoqué de nombreuses polémiques indésirables et, de l'avis de certains, évitables. 

    L'exemple le plus significatif remonte à octobre, lorsqu'un collègue d'EWTN a interrogé Léon XIV au sujet de la distinction décernée par le cardinal Blase Cupich de Chicago au sénateur démocrate Dick Durbin de l'Illinois, partisan du droit à l'avortement, pour l'ensemble de son œuvre. En réponse, le pape Léon a présenté le débat comme une éthique « pro-vie » unifiée, semblant ainsi contredire les évêques américains qui s'étaient majoritairement opposés à cette distinction. Léon a également affirmé que quiconque s'oppose à l'avortement mais soutient la peine de mort ou le « traitement inhumain des immigrants » ne peut être véritablement qualifié de pro-vie – une critique claire de la politique de l'administration Trump. 

    Le pape a introduit son propos en déclarant qu'il n'était « pas très au fait » de l'affaire du prix Durbin – une remarque qui, de l' avis des observateurs, aurait dû le dissuader de s'exprimer davantage. Au lieu de cela, en répondant de cette manière, Léon XIV s'est livré à une rare incursion papale dans une affaire particulière de séparation de l'Église et de l'État. Bien que Durbin ait décliné le prix peu après, les propos du pape ont contribué à exacerber les divisions entre les différents camps. 

    Lors d'autres points de presse à Castel Gandolfo, Léon s'est immiscé dans la politique d'immigration américaine et a critiqué la politique étrangère des États-Unis, exhortant le président Trump à ne pas lancer d'invasion militaire du Venezuela . 

    Plus récemment, il a déclaré préférer ne pas commenter le plan de paix américain visant à mettre fin à la guerre russo-ukrainienne, car il ne l'avait pas lu en entier. Il a néanmoins affirmé que certains passages représentaient, « malheureusement », un « changement radical dans ce qui fut, pendant de très nombreuses années, une véritable alliance entre l'Europe et les États-Unis ». Sans le nommer, Léon XIV a déclaré que les récentes déclarations du président Trump concernant l'Europe visaient à « briser ce qui, à mon avis, doit être une alliance essentielle aujourd'hui et pour l'avenir ». Les médias ont interprété ses propos comme une rare réprimande papale à l'encontre d'un président américain en exercice. 

    Est-il donc prudent et nécessaire pour un pape de participer à ces échanges ?  

    Un pape n'est ni un homme politique ni un technocrate supranational, mais le vicaire du Christ, oint comme son représentant suprême pour guider les âmes vers le Ciel. Ses déclarations exigent donc non seulement une mûre réflexion et une profonde considération, mais aussi une attention particulière aux réalités transcendantes et éternelles. Sa priorité est de former les consciences, d'affirmer la foi et de préserver l'unité, plutôt que de donner des directives détaillées sur la politique et les affaires temporelles, qui pourraient être instrumentalisées à des fins partisanes. Certains pourraient également prendre ces propos tenus lors d'une interview pour des déclarations magistérielles, alors que ce titre est réservé aux annonces officielles du pape.

    Le pape saint Jean-Paul II, ainsi que les papes Benoît XVI et surtout Pie XII, l’avaient bien compris. Ce dernier se montra extrêmement prudent, évitant les confrontations médiatiques qui auraient pu être perçues comme un acte de partisanerie manifeste.

    Jean-Paul II et Benoît XVI abordaient avec habileté (mais pas toujours) les questions d'actualité brûlantes, selon leur propre perspective et généralement en termes généraux. Ils réagissaient aux événements récents en se référant à la doctrine de l'Église, notamment à son enseignement moral et social, et laissaient aux journalistes le soin d'établir un lien entre cette doctrine et l'actualité du jour. Ce faisant, ils respectaient le principe catholique de subsidiarité, laissant ainsi aux évêques d'un pays ou aux responsables vaticans compétents, tels que le secrétaire d'État, le soin de répondre aux spécificités de ces questions s'ils le souhaitaient.

    Ils respectaient également la distance nécessaire et établie de longue date entre le pape et le peuple. Il ne s'agissait pas d'un motif clérical ni d'une volonté de se croire supérieur aux autres, mais bien du fait que, comme tout prêtre ordonné, il est mis à part, participant à l'autorité et à la médiation du Christ d'une manière que les fidèles ne connaissent pas. Un pape ne doit pas non plus être inaccessible, distant ou physiquement éloigné des gens, mais, par sa certaine distance et son détachement vis-à-vis des affaires temporelles, il reflète l'essence de la sainteté et la dignité de l'office pétrinien. 

    Cette séparation renforce également le mystère qui entoure la fonction papale, consolidant sans doute l'autorité papale – une qualité qui semble aller de soi chez les monarques. Une partie du charme de la reine Élisabeth II résidait dans le fait qu'elle accordait très rarement des interviews aux médias et que, de par son rôle constitutionnel, elle laissait rarement transparaître ses opinions politiques. Cela contribuait à rehausser son aura royale, que les papes possèdent également de par la nature monarchique de leur fonction.

    Enfin, mis à part les journalistes en quête d'un sujet, personne n'exige que le pape Léon XIV partage son point de vue sur une question de politique intérieure particulière avec autant de détails, ni sur aucun autre sujet d'actualité d'ailleurs. Le Saint-Père n'a de comptes à rendre à aucun électorat ; son seul juge est Dieu. Il est également libre de pontifier comme il l'entend, quand et comment, et dispose de nombreuses occasions de le faire, que ce soit dans ses homélies, ses messages ou ses documents magistériels. 

    À l'inverse, ces entretiens spontanés « à domicile » se déroulent selon les conditions d'autrui et exigent une réponse immédiate et non réfléchie, le rendant ainsi vulnérable à la controverse et à la commission d'erreurs doctrinales qui seront probablement interprétées comme magistrales. 

    Compte tenu des problèmes, des risques et des écueils que présentent ces rencontres avec les médias, il serait prudent que le pape Léon XIV et ses conseillers en reconsidèrent le recours. Ils pourraient instaurer des garde-fous et des règles de communication internes. Ou, vu leur faible utilité, les supprimer purement et simplement, ainsi que les conférences de presse en vol. 

    Le silence est d'or. Et à l'ère agitée, versatile et querelleuse des réseaux sociaux, plus que jamais.

  • Les évêques catholiques de l'Union Européenne expriment leur inquiétude concernant les votes du Parlement européen sur l'avortement

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    De kath.net/news :

    Des évêques catholiques expriment leur inquiétude concernant les votes du Parlement européen sur l'avortement.

    17 décembre 2025

    COMECE : « Le débat sur l’avortement n’a pas besoin de nouvelles divisions idéologiques, mais plutôt de mesures politiques prudentes qui protègent et soutiennent véritablement les femmes tout en préservant la vie humaine à naître. »

    Bruxelles/Strasbourg (kath.net/KAP/red) Le Parlement européen abordera la question de l'avortement à deux reprises cette semaine : mercredi, il votera sur une résolution visant à faciliter et à sécuriser l'accès à l'avortement en Europe, à l'initiative d'un groupe de citoyens pro-avortement. Parallèlement, l'avortement sera mentionné pour la première fois dans le cadre de la révision de la directive européenne relative aux droits des victimes. En amont du vote, les évêques catholiques de l'Union européenne ont exprimé de sérieuses réserves. La Commission épiscopale de l'UE (COMECE) a mis en garde contre la normalisation politique de l'avortement et a insisté sur le respect des limites éthiques et juridiques de la législation européenne.

    Dans sa déclaration, la COMECE se réfère à l'enseignement de l'Église catholique, selon lequel la vie humaine est digne d'être protégée dès sa conception. L'avortement ne saurait donc être considéré comme un acte médical ordinaire. Une intervention médicale d'une telle ampleur et aux conséquences éthiques si profondes ne devrait pas être intégrée aux soins de santé courants. Les évêques de la COMECE affirment : « Le débat sur l'avortement ne nécessite pas de nouvelles divisions idéologiques, mais plutôt des mesures politiques prudentes qui protègent et soutiennent véritablement les femmes tout en préservant la vie humaine à naître. »

    Par ailleurs, la COMECE appelle à la retenue institutionnelle. Conformément aux traités européens en vigueur, la réglementation juridique de l'avortement relève de la compétence des États membres. Une initiative européenne dans ce domaine sensible risque de créer de nouvelles tensions au sein de l'Union. Les décisions d'une importance éthique fondamentale ne devraient donc pas être prises de force au niveau supranational.

    Demande de financement pour l'avortement

    Le point de départ du débat actuel est l'initiative citoyenne européenne « Mon corps, mon choix », qui affirme avoir recueilli plus d'un million de signatures. Ce succès oblige le Parlement européen à se saisir de la question. L'initiative plaide pour un accès sûr et légal à l'avortement pour tous les citoyens de l'UE. Compte tenu des disparités importantes entre les réglementations nationales au sein de l'UE, la Commission européenne est invitée à mettre en place un mécanisme de financement volontaire. Ce mécanisme permettrait aux États membres participants de financer les avortements pour les femmes dans le cadre de leur législation nationale respective. Le droit à la vie de l'enfant est relégué au second plan, de même que le fait qu'un avortement ne peut être « sûr » que pour la mère, alors qu'il est destiné à être fatal pour l'enfant.

    Actuellement, 25 des 27 États membres de l'UE autorisent l'avortement sous certaines conditions, comme un accompagnement obligatoire ou le respect de délais précis. Ces délais varient considérablement. À Malte et en Pologne, en revanche, l'avortement n'est autorisé que dans des cas exceptionnels très limités, par exemple lorsque la vie de la mère est en danger. Ces différences illustrent la diversité des perceptions juridiques et sociétales de cette question en Europe.

    L'avortement est inclus pour la première fois dans la législation de l'UE.

    Parallèlement à cette résolution, une révision de la directive européenne 2012/29/UE relative aux droits des victimes fait également l'objet de critiques. Initialement destinée à soutenir les victimes de violences domestiques et sexuelles, cette directive mentionne explicitement l'avortement dans sa nouvelle version, parmi les services de soutien institutionnels. Plusieurs organisations, dont la Fondation NEOS, l'Assemblée pour la Vie et la Fédération européenne One of Us, y voient un précédent problématique.

    Les critiques soulignent qu'il s'agit de la première fois que le terme « avortement » est explicitement inscrit dans le droit de l'UE. Cette inscription revêt une importance non seulement juridique, mais aussi symbolique, car elle donne l'impression que l'avortement fait partie intégrante des soins de santé de base au sein de l'Union européenne. Parallèlement, certains craignent que cela n'accentue à long terme le flou des responsabilités entre l'UE et ses États membres.

    De plus, certains estiment qu'inclure la question de l'avortement dans une directive de lutte contre les violences faites aux femmes n'est pas indispensable. Si la nécessité d'une protection efficace des victimes de violence fait l'objet d'un large consensus, étendre le champ d'application à la politique de reproduction dépasse l'objectif initial. Les observateurs y voient une tentative d'introduire des éléments politiquement controversés dans le droit européen par le biais des instruments de protection existants.

    La prochaine étape du processus législatif est un vote en séance plénière du Parlement européen. Cependant, modifier des passages spécifiques s'avère complexe, car cela affecterait l'ensemble de la directive. Les critiques y voient un dilemme entre la préservation de garanties éprouvées et le rejet d'extensions de fond controversées.

    Un appel à l'objectivité

    Dans ce contexte, la COMECE appelle à un débat objectif et responsable. L’objectif doit être de soutenir les femmes confrontées à des situations de vie difficiles sans pour autant simplifier à l’excès les questions éthiques fondamentales ni minimiser les responsabilités nationales. Le débat autour de l’avortement demeure ainsi un enjeu sociétal et éthique majeur pour l’Union européenne.

  • Le renouveau chrétien en Occident est une réalité, mais les dirigeants seront-ils capables de le pérenniser ?

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    De Solène Tadié sur le NCR :

    Le renouveau chrétien en Occident est une réalité, mais les dirigeants seront-ils capables de le pérenniser ?

    Par le biais du Réseau international des législateurs catholiques, le professeur néerlandais Christiaan Alting von Geusau s'efforce de remédier à la crise mondiale du leadership.

    Le renouveau catholique en Occident , notamment chez les jeunes, n'est plus un phénomène isolé. Il se manifeste désormais dans les paroisses, les communautés et les groupes de pèlerinage de nombreux pays. Pour ceux qui suivent cette tendance depuis cinq ans, la question fondamentale n'est plus de savoir si un renouveau est en cours, mais si ce mouvement a les fondements nécessaires pour se pérenniser. 

    Peu d'experts sont mieux placés pour analyser ce moment historique que le philosophe du droit et pédagogue néerlandais Christiaan Alting von Geusau, fondateur et président du Réseau international des législateurs catholiques (ICLN), dont le travail auprès des dirigeants publics s'est longtemps déroulé loin des projecteurs.

    Né en 1971, ce père de cinq enfants accompagne depuis vingt ans ceux qui traduisent leurs convictions en décisions. Son approche intellectuelle s'appuie sur une expérience pratique. Pour lui, la foi doit être intelligible pour être vécue et vécue pour influencer la vie publique. Il a exposé cette vision avec clarté lors d'une conférence prononcée à Budapest le 21 novembre, à l'occasion d'un symposium organisé par le Centre Axioma et animé par le Register, sur le thème « Communautés rayonnantes : l'avenir du christianisme ».

    COVID-19 et la redécouverte de la transcendance

    Face à des idéologies promettant pouvoir et autonomie, mais qui n'ont apporté que fragilité et désespoir, les jeunes, épuisés, se tournent de plus en plus vers l'Église, a affirmé Alting von Geusau. La pandémie, selon lui, a cristallisé ce tournant. Une culture persuadée de sa maîtrise – scientifique, technologique et institutionnelle – a été soudainement mise à genoux par un ennemi invisible. « Forte de ses progrès fulgurants en science et en technologie, l'humanité se croyait devenue Dieu », a-t-il déclaré au Register à l'issue de la conférence de Budapest. « Puis elle a découvert son impuissance face à un simple virus. »

    Ce qui a émergé de cette période, selon lui, n'est pas seulement une polarisation, aussi flagrante fût-elle, mais une profonde désillusion, notamment chez les jeunes, comme en témoigne la forte hausse du taux de suicide chez les jeunes pendant la pandémie. D'après son analyse, nombre de jeunes avaient le sentiment de vivre une époque où la vie publique était moins guidée par des principes constants que par des émotions fluctuantes : les règles se durcissaient et s'assouplissaient de manière arbitraire, justifiée davantage par la peur que par un raisonnement logique.

    « Nous sommes passés de l'État de droit à l'État des sentiments », a-t-il déclaré. Les jeunes adultes, a-t-il ajouté, « ne sont pas dupes ». De ce fait, ils se tournent désormais vers des lieux où la vérité est stable plutôt qu'improvisée et où le culte n'est pas une thérapie psychologique mais un contact avec la transcendance.

    Pour le philosophe du droit néerlandais, cela explique pourquoi les expressions les plus vivantes du renouveau sont celles qui placent la beauté , le respect et la rigueur intellectuelle au cœur de leur démarche, car la beauté et la cohérence signalent que la réalité est ordonnée, intelligible et non accidentelle. Et c'est précisément ce que les récits séculiers ne peuvent plus offrir.

    Le retour de la masculinité dans une époque confuse

    L'une des caractéristiques les plus frappantes de ce renouveau — tant en Europe qu'aux États-Unis — est la présence étonnamment élevée de jeunes hommes . Alting von Geusau l'attribue à un phénomène de plus en plus observé mais encore insuffisamment compris : les hommes ont longtemps été privés de la permission d'être des hommes.

    Non pas par les femmes, a-t-il insisté, mais par des modèles idéologiques du féminisme qui, selon lui, avaient dépassé les objectifs sains et fini par assimiler la masculinité à une menace. « On a dit aux hommes qu’ils étaient dangereux, toxiques, que les femmes pouvaient tout faire de la même manière, alors à quoi bon avoir besoin d’eux ? » Il en a résulté, selon lui, une désorientation, une insécurité croissante et une passivité grandissante.

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  • Léon XIV : Un pape européen ?

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    D'Andrea Gagliarducci sur Monday Vatican :

    Léon XIV : Un pape européen ?

    L'un des aspects les plus intéressants du pontificat encore très récent de Léon XIV est la place centrale qu'a occupée l'Europe – l'idée d'Europe et les réalités sociopolitiques de l'Europe en ce milieu du XXIe siècle – à travers les paroles, les déclarations et les actions du nouveau pape.

    Léon XIV recentre l'attention de l'Église sur la situation en Europe, replaçant ainsi l'Europe au cœur des enjeux. Ce choix est d'autant plus intéressant qu'il s'agit du deuxième pape américain consécutif.

    Il est vrai que le pape François, premier pape américain, a consacré un voyage à Strasbourg aux institutions européennes (manquant obstinément de visiter la ville et sa cathédrale, qui célébrait alors son millénaire) et a même reçu le prix Charlemagne. Ses discours sur l'Europe, à l'instar de ses voyages, visaient à réveiller la conscience sociale du continent. Son appel à une révolution démographique face à une Europe « grand-mère » reste gravé dans les mémoires, de même que sa préoccupation pour les migrants, manifestée dès son premier voyage à Lampedusa .

    Mais si le pape François avait un œil sur l'Europe et ne méprisait pas les institutions européennes, il ne souhaitait pas pour autant que l'Europe soit au centre du village.

    Concernant le conflit en Ukraine, le pape François a souvent semblé privilégier le discours russe — souvenez-vous de ses déclarations sur l'OTAN aboyant aux frontières de la Russie ? Ou encore son choix, tout à fait inhabituel, de se rendre à l'ambassade de Russie auprès du Saint-Siège au début de l'agression à grande échelle, au lieu de convoquer l'ambassadeur au Vatican ? — plutôt que celui porté sur l'Europe, qui lui apparaissait comme faisant partie du monde occidental, en opposition avec le Sud global dont était issu le pape François.

    Il est vrai que nombre de décisions du pape François semblaient répondre à une logique du Premier Monde plutôt qu'à celle du Tiers Monde — comme par exemple les trois commissions sur le diaconat féminin, le débat ouvert sur les soi-disant viri probati et même sa réforme de Caritas Internationalis — mais en réalité, le pape considérait alors l'Europe comme un continent riche, incapable de compassion envers les migrants et marginalisé dans une histoire du monde qui devait changer.

    Léon XIV est un pape américain, mais il considère l'Europe moins avec suspicion qu'avec préoccupation. Ses propos sur la nécessité d'inclure l'Union européenne dans les pourparlers de paix en Ukraine témoignent de son désir de voir l'Europe pleinement intégrée à la scène internationale.

    Dans cette perspective, l'audience accordée par Léon XIV aux membres du groupe des conservateurs et réformistes européens du Parlement européen le 10 décembre revêt une importance réelle et considérable.

    Dans son discours aux députés européens le 10 décembre, Léon a même relancé le thème des racines judéo-chrétiennes de l'Europe, réaffirmant la contribution du christianisme à la civilisation européenne et évoquant « les riches principes éthiques et les modes de pensée qui constituent le patrimoine intellectuel de l'Europe chrétienne » et « essentiels pour sauvegarder les droits donnés par Dieu et la dignité inhérente de chaque personne humaine, de la conception à la mort naturelle ».

    « Ces principes », a déclaré Léon XIV, « sont essentiels pour sauvegarder les droits divinement conférés et la valeur inhérente de chaque personne humaine, de la conception à la mort naturelle », et « sont également fondamentaux pour répondre aux défis posés par la pauvreté, l’exclusion sociale, la précarité économique, ainsi que par la crise climatique actuelle, la violence et la guerre. »

    « Pour que la voix de l’Église, notamment à travers sa doctrine sociale, continue de se faire entendre, il ne s’agit pas de restaurer une époque révolue », a déclaré Léon, « mais de garantir que les ressources essentielles à la coopération et à l’intégration futures ne soient pas perdues. »

    Ce sont des mots lourds de sens, qui marquent le retour de l'Église sur la scène européenne avec tout son poids et ses valeurs. Et le moment est sans doute venu.

    La liberté religieuse semble bel et bien menacée en Europe, et les chrétiens sont particulièrement visés. L’Observatoire de l’intolérance et de la discrimination à l’égard des chrétiens en Europe a recensé plus de 2 000 incidents antichrétiens en 2024 , dont le meurtre d’un prêtre en Espagne, des vols et des profanations. On a dénombré 93 incendies criminels d’églises, soit près du double du nombre enregistré en 2023.

    Alors que les agressions se multiplient, des formes subtiles de discrimination se perpétuent sous couvert de l'appareil bureaucratique et au nom de l'égalité. Des articles de presse récents indiquent que la Commission européenne a refusé à sept reprises à la Fédération des associations familiales catholiques d'Europe (FAFCE) l'accès à des fonds européens – alors même que les projets soumis étaient éligibles – au seul motif que la conception de la famille défendue par la fédération – un père, une mère et des enfants – serait incompatible avec les valeurs européennes, notamment celles d'égalité et de non-discrimination.

    Ce n'est pas tout. La World Youth Alliance, une organisation internationale basée aux États-Unis qui sensibilise les jeunes à la dignité de la vie, a reçu des fonds pour des projets, et ces fonds ont déjà été dépensés, ce qui soulève des questions et le risque de devoir les restituer, précisément parce que la bureaucratie européenne a décidé que ces projets violaient également les principes de non-discrimination.

    Mais qu’en est-il alors de Päivi Maria Räsänen, ancienne ministre finlandaise, actuellement jugée par la Cour suprême de Finlande après un procès de six ans ayant traversé plusieurs instances judiciaires ? La raison ? Elle avait exprimé son opposition au soutien apporté par son Église luthérienne à la marche des fiertés LGBT dans un tweet (désormais publié sur X) où elle citait un passage de la Bible condamnant l’homosexualité.

    L’affaire Räsänen illustre comment les « discours de haine » peuvent être utilisés contre les chrétiens. L’affaire FAFCE démontre l’existence d’un préjugé non seulement contre les chrétiens, mais aussi contre les opinions chrétiennes au sein de la société, opinions qui découlent en définitive du droit naturel .

    En replaçant l'Europe au centre du village global, Léon XIV met également ces questions au premier plan et, d'une certaine manière, demande aux hommes politiques de prendre position.

    C’est la « diplomatie de la vérité », citée par Léon XIV dans son premier discours au Corps diplomatique accrédité auprès du Saint-Siège, le 16 mai .

    À cette occasion, Léon XIV a fait remarquer que « l’Église ne peut jamais s’abstenir de dire la vérité sur
    l’homme et le monde, recourant si nécessaire à un langage franc, ce qui peut donner lieu à quelques malentendus initiaux ».

    Tout cela laisse fortement penser que l'Europe ne sera pas un enjeu secondaire du pontificat de Léon XIV. Ce retour de l'Europe au cœur des préoccupations pourrait également influencer la diplomatie papale. Il s'agit d'un changement de paradigme subtil et progressif – pour reprendre une expression courante sous le pontificat de François – qu'il convient d'observer et d'analyser attentivement.