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Société - Page 2

  • Mgr Rey : ses choix, ses combats et ce qu'il croit

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    Du Forum Catholique (DumVolviturOrbis) :

    Le Figaro Magazine publie des extraits exclusifs du livre de Mgr Dominique Rey intitulé « Mes choix, mes combats, ce que je crois ».

    Ce texte revient sur les raisons de sa démission demandée par Rome, ainsi que sur plusieurs controverses ayant marqué son épiscopat, notamment les questions de gouvernance, de séminaire, de finances, mais aussi son engagement sur les sujets de société et sa vision anthropologique.

    L’article original est ici :
    https://www.lefigaro.fr/vox/societe/ma-demission-a-ete-une-experience-crucifiante-les-extraits-exclusifs-du-livre-de-mgr-dominique-rey-ancien-eveque-de-frejus-toulon-20251116

    Mgr DOMINIQUE REY
    « Mon combat pour ce que je crois »

    Évêque emblématique et peu conformiste de Fréjus-Toulon de 2000 à 2025, Mgr Dominique Rey a fini par démissionner sur fond de tensions avec le Saint-Siège. Dans « Mes choix, mes combats, ce que je crois », livre au titre en forme de profession de foi, il s’exprime sur ce départ vécu, selon ses mots, comme une expérience « crucifiante ». Extraits exclusifs de ce livre écrit avec les journalistes Samuel Pruvot et Henrik Lindell.

    LES RAISONS DE SA DÉMISSION

    À la demande du pape François, Dominique Rey a envoyé sa démission à Rome le 7 janvier 2025. La fin définitive de cet épiscopat long d’un quart de siècle a été accompagnée par des cris de victoire et des soupirs de soulagement de ceux qui le critiquaient [...] Pourquoi, au juste, Dominique Rey devait-il démissionner ? Contrairement à ce que suggèrent nombre d’enquêtes journalistiques orientées ou serviles à l’égard de l’évêque, une réponse précise et objective à cette question est difficile à obtenir. Le rapport de la visite apostolique n’a pas été rendu public et ne le sera jamais. Mais l’homme n’a pas convaincu ses adversaires et n’a jamais été admis à la justice pour les faits qu’ils auront avancés. Si sa gestion était parfois critiquée en interne, par exemple pour une organisation normative « bordélique », et si certaines nominations et ordinations pouvaient surprendre plus d’un, y compris au Vatican, il nous semble difficile de prouver que Dominique Rey a commis de véritables fautes graves nécessitant son départ.
    Samuel Pruvot et Henrik Lindell

    Mgr Dominique Rey :

    « Fin 2024, le nonce m’a informé que le pape François me demandait de déposer ma charge d’évêque diocésain de Fréjus-Toulon. Par fidélité au successeur de Pierre, j’ai accepté de remettre la charge qui m’avait été confiée en l’an 2000 par Jean-Paul II. Au moment même où j’écris, j’aurais déjà fait mes adieux au diocèse lors de la messe d’action de grâce célébrée le 1er février au domaine de La Castille. Que m’a-t-on reproché ?

    La critique la plus sévère qui m’a été faite concernait l’accueil trop large, dans le diocèse, de communautés et de personnes par lesquelles beaucoup venaient de l’étranger. J’aurais fait preuve d’un manque de prudence et d’un excès de décision, jugent le nonce, Pierre, et, certainement, certains évêques qui, venant de l’extérieur, sont peu révélés. Certaines de ces réceptions portaient surtout sur des prêtres externes et de groupes issus du monde traditionaliste, ce qui aurait fragilisé l’unité du diocèse.

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  • One of Us sur le front européen pour défendre la vie

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    Du site de la Fondation Jérôme Lejeune :

    One of Us sur le front européen pour défendre la vie

    13 Nov 2025
    One of Us sur le front européen pour défendre la vie

    Alors qu’une initiative citoyenne demande à l’Union européenne de financer les avortements transfrontaliers, la fédération One of Us rappelle que l’Europe doit respecter la dignité de la vie humaine.

    Une initiative qui menace la souveraineté des États

    Depuis avril 2024, une nouvelle initiative citoyenne européenne (ICE) intitulée My Voice My Choice (MVMC) cherche à faire financer par l’Union européenne le déplacement et l’avortement des femmes dont le pays restreint cette pratique. L’ICE permet aux citoyens européens d’interpeller la Commission en collectant un million de signatures dans au moins 7 États.

    Lancée en Slovénie avec un soutien financier indirect de la Commission européenne, cette initiative a rassemblé un peu plus d’un million de signatures validées, déposées auprès de la Commission européenne le 1er septembre 2025.

    Ses organisateurs réclament désormais un « accès égal et sûr à l’avortement » dans toute l’Union, et demandent que les fonds européens couvrent les frais de voyage et d’intervention des femmes concernées. Celles-ci pourraient dès lors bénéficier gratuitement de la législation la plus permissive, grâce à un financement commun. Une telle mesure reviendrait à imposer à des pays de financer, via leur contribution au budget européen, des actes contraires à leurs législations nationales. Celles-ci varient beaucoup : en Pologne, l’avortement n’est autorisé qu’en cas de viol ou de danger pour la santé ; aux Pays-Bas, il est permis jusqu’à 24 semaines. 

    La réponse d’une Europe fidèle à la vie

    Face à cette offensive, la fédération européenne One of Us, dont la Fondation Lejeune assure actuellement la vice-présidence, a pris la parole avec force le 15 octobre 2025. Née elle-même d’une initiative citoyenne européenne, One of Us avait recueilli 1.89 million de signatures – un tiers de plus que MVMC – avec un budget cinq fois moindre.

    La conférence a réuni à Bruxelles près de 300 personnes. Huit députés PPE et ECR ont appelé l’Union à soutenir la maternité, rappelant que la véritable liberté passe par la possibilité d’accueillir la vie. Les témoignages de femmes ayant vécu une grossesse difficile ou un avortement douloureux ont bouleversé l’assemblée : toutes ont affirmé qu’avec un vrai soutien social, matériel ou psychologique, elles auraient choisi de garder leur enfant.

    L’événement a aussi rappelé que, juridiquement, aucun traité européen ne fonde un “droit à l’avortement”, tandis que la maternité figure, elle, parmi les compétences de l’Union.

    La déclaration finale invite la Commission à respecter la Charte des droits fondamentaux, qui protège la dignité humaine et appelle les institutions à mieux soutenir les femmes enceintes.

    Agissez avec One of Us !

    La Commission européenne dispose désormais d’un an, jusqu’en septembre 2026, pour répondre à MVMC. Le collège des 27 Commissaires devra se prononcer.

    Tout citoyen européen peut écrire à chacun des Commissaires pour rappeler que l’UE n’a pas compétence pour financer l’avortement, mais doit protéger la vie et de soutenir la maternité.

    Faites entendre votre voix auprès du Commissaire français : envoyez-lui un message à cab-sejourne-contact@ec.europa.eu

    Si vous souhaitez être accompagnés dans la rédaction de votre lettre, contactez One of Us : info@oneofus.eu

    L’Europe ne sera fidèle à elle-même qu’en protégeant la vie humaine.

  • Quand une église devient "temple de la raclette"

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    Affiche de Noêl à SteJuju : une grande tablée de scouts qui lèvent leurs verres. Des bougies entourent et illuminent toute la scène. Un grand sapin scintillant au bout de la salle. Façon Harry Potter dans le refectoire de Grande Salle de Poudlard.

    L'église Sainte-Julienne à Verviers sera le théâtre d'un évènement exceptionnel : une méga raclette sous les voûtes de l'édifice. De quoi ramener à l'église des gens qui la fréquentent de moins en moins, nous dit-on ! Les esprits chagrins qui déplorent une perte du sens du sacré et qui s'interrogent sur le laxisme de ceux qui abandonnent un lieu consacré à la mangeaille et à la beuverie n'ont qu'à dégager. Les effluves du fromage fondu remplaceront ceux de l'encens pour le plus grand plaisir de ceux qui se réjouissent de voir notre patrimoine religieux transformé en temples du n'importe quoi.

    Les commentaires parus sous ces articles sont édifiants...
     
    Quelle sera la réaction de l'évêque de Liège et des responsables locaux ? A suivre...
     
    Pour rappel :

    Selon le droit canonique de l'Église catholique, tel que défini dans le Code de droit canonique de 1983 (livre IV, partie III, sur les lieux sacrés), une église est un lieu sacré dédié au culte divin. Le canon 1210 est particulièrement central à cette question : « Dans un lieu sacré, on ne peut admettre que ce qui sert à exercer ou à promouvoir le culte, la piété et la religion ; tout ce qui est incompatible avec la sainteté du lieu est interdit. » Cependant, l'ordinaire (généralement l'évêque) peut autoriser d'autres usages dans des cas particuliers, pourvu qu'ils ne soient pas contraires à la sainteté du lieu.

    Activités permises dans une église

    Les activités autorisées doivent donc être en lien direct avec le culte, la piété ou la religion. Voici les principales, basées sur les canons pertinents (notamment 1210, 1214 et suivants) :

    • Célébrations liturgiques et sacramentelles : La messe (eucharistie), les baptêmes, les mariages, les funérailles, les confirmations, les ordinations, et autres sacrements. L'église est avant tout destinée au culte divin public (canon 1214).
    • Prières et dévotions personnelles ou collectives : Prière individuelle, adoration eucharistique, récitation du rosaire, stations de la croix, ou méditations spirituelles.
    • Cérémonies religieuses : Processions, bénédictions, retraites spirituelles, ou pèlerinages qui favorisent la piété.
    • Activités éducatives ou formatrices religieuses : Catéchisme, conférences sur la foi, ou formations bibliques, si elles promeuvent la religion et ne perturbent pas le caractère sacré.
    • Concerts de musique sacrée : Autorisé si cela élève l'âme vers Dieu (par exemple, musique liturgique ou sacrée), mais seulement avec l'approbation de l'autorité ecclésiastique.
    • Œuvres de charité pieuses : Collectes pour des causes religieuses ou caritatives, dans la mesure où elles servent la piété (par exemple, aides aux pauvres au nom de la foi).

    Activités interdites ou restreintes

    Tout ce qui est « profane » ou incompatible avec la sainteté est prohibé, sauf exception accordée par l'évêque. Exemples :

    • Activités commerciales (ventes, sauf pour des objets pieux comme des cierges).
    • Événements politiques, réunions syndicales ou manifestations civiles.
    • Concerts profanes, spectacles théâtraux ou danses non religieuses.
    • Utilisations qui pourraient causer un scandale ou violer la sainteté (canon 1211), comme des actions gravement injurieuses.

    En résumé, l'église doit rester un espace de rencontre avec le divin, et toute activité doit être évaluée à cette aune. Pour des cas spécifiques, il est recommandé de consulter l'autorité diocésaine locale, car des normes complémentaires peuvent exister.

  • De nouveaux massacres mettent en lumière le « génocide chrétien » qui va croissant au Nigéria

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    De Ngala Killian Chimtom sur Crux :

    De nouveaux massacres mettent en lumière le « génocide chrétien » croissant au Nigéria

    13 novembre 2025

    YAOUNDÉ, Cameroun – Au moins vingt chrétiens ont été tués en 24 heures dans l'État de Taraba, au Nigéria, ce qui est perçu comme une aggravation du spectre de la persécution des chrétiens dans ce pays d'Afrique de l'Ouest.

    Des témoignages indiquent que des éleveurs peuls ont pris d'assaut des maisons et des lieux de culte dans plusieurs localités de la zone de gouvernement local de Wukari entre le 9 et le 11 novembre.

    Truth Nigeria a décrit les attaques comme étant « coordonnées », les assaillants tirant « sans discernement sur les maisons ».

    « Je me préparais à aller à la messe tôt le matin, vers 6 heures, quand j’ai entendu le bruit de motos », a déclaré Christiana Joseph, une agricultrice de 33 ans originaire du village d’Amadu, à TruthNigeria .

    « J’étais dans la cuisine quand ils ont fait irruption dans notre propriété, l’ont encerclée et ont tiré sur la maison principale », a déclaré Joseph.

    « Ils ont tiré pendant environ cinq minutes en criant Allahu Akbar. Quand les coups de feu ont cessé, je suis rentrée et j'ai trouvé mon mari, John Joseph, avec qui j'étais mariée depuis 14 ans, déjà mort », a-t-elle ajouté.

    Le père George Dogo, de la cathédrale de la Sainte-Famille, a déclaré que des corps étaient encore extraits des décombres, signe que le bilan des morts pourrait s'alourdir.

    Le directeur d'Intersociety, la Société internationale pour les libertés civiles et l'État de droit, Emeka Umeagbalasi, a déclaré qu'au moins 78 personnes avaient été tuées au Nigéria durant la même période. Par ailleurs, des milliers de chrétiens sont toujours retenus captifs dans des camps forestiers répartis dans plusieurs États.

    « Des centaines de chrétiens, jusqu’à 800, sont toujours détenus dans le camp forestier de Rijana malgré la proximité de cet endroit avec environ deux camps militaires », a déclaré Umeagbalasi à Crux .

    Il a également identifié d'autres lieux, notamment « un autre appelé le camp de Sule Keneko, où des bergers peuls détiennent des chrétiens », et des camps près des « fermes de Danjuma dans la région de Wukari, dans l'État de Taraba ».

    Umeagbalasi a dressé le tableau d'une persécution systémique qui, selon lui, s'est intensifiée ces dernières semaines.

    « À Enugu, au moins 14 paroisses subissent des attaques constantes depuis 2021 », a-t-il déclaré.

    Il s'agit notamment de douze paroisses anglicanes et de deux paroisses catholiques dans la région de Nhamufu, qui borde les États de Benue et d'Ebonyi.

    « Malheureusement, ces attaques ont été étouffées… par le gouvernement de l’État d’Enugu et les agences des forces de sécurité, notamment la police et l’armée », a-t-il déclaré à Crux .

    Umeagbalasi a accusé les autorités de tenter délibérément de faire taire les témoins et de contrôler le récit. Il a affirmé que des bénévoles d'églises locales qui avaient pris la parole avaient été « arrêtés, piégés et détenus pendant plusieurs semaines », puis sommés de ne pas mentionner les « djihadistes peuls », mais plutôt d'utiliser le terme « affrontements intercommunautaires » pour décrire ce qui se passe au Nigeria.

    Il a énuméré les récents massacres survenus dans l'État de Taraba, où jusqu'à 30 chrétiens ont été tués ; dans l'État de Plateau, où neuf personnes ont été tuées, dont un pasteur ; et dans l'État de Kaduna, où 10 autres personnes, dont un pasteur, ont été assassinées.

    Des données récentes d'Intersociety indiquent qu'au moins 7000 chrétiens ont été tués au Nigéria entre janvier et novembre de cette année.

    La violence a atteint un paroxysme d'horreur en juin avec le massacre de Yelewata dans l'État de Benue, qui a coûté la vie à au moins 280 personnes en seulement deux jours d'attaques. D'autres raids meurtriers ont suivi dans l'État, notamment le massacre de Sankera en avril, où plus de 72 personnes ont été tuées à coups de machette, et des attaques ultérieures à Gwer Ouest et dans d'autres régions, faisant des dizaines de victimes supplémentaires.

    Umeagbalasi a déclaré à Crux que la violence avait atteint des niveaux terrifiants, mais que le plus inquiétant était la « complicité de l'État ».

    « Lorsqu'ils sont attaqués, si vous appelez les soldats, ils ne répondront pas », a-t-il déclaré. « Mais après l'attaque, ils arriveront et vous aideront à ramasser les cadavres. Ils les emporteront. Ils reviendront ensuite saisir tous les téléphones portables des environs, arrêter leurs propriétaires et les accuser de complot. »

    Il a également affirmé l'existence de vastes « camps djihadistes peuls » où des centaines de chrétiens sont retenus en otages, dont un dans le sud de Benue avec « jusqu'à 800 » captifs situés près de deux formations militaires.

    Umeagbalasi a déclaré que la désignation du Nigéria par les États-Unis comme pays particulièrement préoccupant était certes un signe positif, mais qui ne portera aucun fruit si elle n'est pas accompagnée de mesures fermes.

    « Le gouvernement nigérian utilise tous les moyens malhonnêtes et falsifiés pour induire en erreur le gouvernement des États-Unis et lui faire croire qu'il a commencé à agir », a-t-il déclaré.

    Il a exhorté les États-Unis à « dépasser les désignations générales et à cibler plutôt des groupes spécifiques », comme les djihadistes peuls.

    « Une fois que vous serez en mesure de cibler ces personnes, les choses changeront », a-t-il insisté, avertissant que sans intervention directe et ciblée, « l’extermination se poursuit ».

    Le président Donald Trump a récemment désigné le Nigéria comme un pays particulièrement préoccupant, indiquant ainsi que le gouvernement américain considère que le Nigéria se livre à des « violations systématiques, continues et flagrantes de la liberté religieuse ».

  • Pourquoi trois papes affirment que le roman sur l'Antéchrist « Le Maître de la Terre » a prédit notre époque

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    De KV Turley sur le NCR :

    Pourquoi trois papes affirment que le roman sur l'Antéchrist « Le Maître de la Terre » a prédit notre époque

    Dans la vision prophétique de Benson, l'Église persiste au sein d'un monde sans Dieu, obsédé par le progrès, le plaisir et le pouvoir.

    Le pape Benoît XVI, le pape François et le pape Léon XIV.
    Le pape Benoît XVI, le pape François et le pape Léon XIV. (photo : Wikimedia Commons / Domaine public)

    En 2015, lors d'un vol retour des Philippines vers le Vatican, le pape François déclara aux journalistes : « Il y a un livre… il s'intitule Le Maître de la Terre. L'auteur est Benson… Je vous suggère de le lire. Sa lecture vous permettra de bien comprendre ce que j'entends par colonisation idéologique. » Il poursuivit en qualifiant le roman de prophétique, notamment au regard des évolutions modernes telles que la laïcité, le relativisme et la notion de « progrès » déconnectée de tout ancrage spirituel ou moral. 

    Le livre en question, Le Maître de la Terre (1907), est un roman dystopique et apocalyptique écrit par le père Robert Hugh Benson, un Anglais converti. Il imagine un monde du XXIe siècle où le christianisme a largement décliné tandis que l'humanisme séculier – ou « humanitarisme » – a pris le pouvoir, les élites politiques et culturelles s'unissant autour d'un leader charismatique mondial. L'Église – et la papauté – survivent, de justesse, et c'est là le nœud du conflit au cœur de l'intrigue. 

    C’était pour le moins un choix inhabituel de la part d’un pape. Mais le pape François a réitéré sa suggestion lors d’un discours prononcé à Budapest en 2023, mettant en garde son auditoire issu du monde universitaire et culturel contre un avenir dominé par la technologie – et la menace que cela représente pour la culture et, en fin de compte, pour ce que signifie être humain. 

    Le prédécesseur du pape François, alors cardinal Joseph Ratzinger, avait également cité « Le Maître de la Terre » lors d'une conférence à Milan en février 1992, le qualifiant d'ouvrage qui « donne matière à réflexion ». Son successeur, le pape Léon XIV, s'exprimant en septembre 2023 en tant que cardinal Robert Prevost, a lui aussi recommandé le roman de Benson, affirmant qu'il met en garde contre ce qui pourrait arriver à un monde sans foi.  

    Il n'est peut-être pas surprenant que ce roman ait suscité autant d'attention, puisque son intrigue est centrée sur un pontife assiégé à une époque où la religion est attaquée par des élites laïques technologiquement supérieures. 

    Fils d'un ancien archevêque anglican de Canterbury, Benson se convertit au catholicisme le 11 septembre 1903, à l'âge de 31 ans. Il avait publié plusieurs œuvres de fiction avant Le Seigneur du monde , principalement des romans historiques. Son roman de 1907 marquait donc une rupture à bien des égards et soulève la question : d'où lui venait cette inspiration ? 

    « À la fin du XIXe siècle, la littérature apocalyptique connaissait une sorte de renaissance, à l'image de l'essor de la science-fiction », explique l'auteure et critique Kristen Van Uden Theriault. Dans un entretien accordé au Register, elle précise que cette période a vu naître une littérature dystopique largement imprégnée d'une perspective laïque positive, tout en distillant des avertissements prophétiques sur les dangers d'un progrès technologique effréné, du collectivisme et du totalitarisme. Elle cite deux œuvres marquantes qui intègrent une dimension religieuse à la littérature dystopique :  le Conte allégorique de l'Antéchrist de Vladimir Soloviev (1900) et Le Maître de la Terre de Benson  . 

    Elle perçoit également un lien fascinant entre ce genre et saint John Henry Newman. Newman, contemporain de Benson et lui aussi un converti de renom de l'anglicanisme, avait beaucoup écrit sur l'Antéchrist, s'intéressant principalement à la montée des idéologies erronées qui ont préparé le monde à son avènement. 

    « Benson et Newman reconnaissaient tous deux les dangers des idéologies modernes — à savoir le communisme, le socialisme et le modernisme, mais aussi le libéralisme, que l’on peut caractériser comme la version tempérée et lente de ces homologues plus radicaux », a poursuivi Thériault. 

    Au cœur de la mise en garde de Newman, suggérait-elle, se trouve « la tyrannie du subjectivisme » : le désir de réduire la religion à une affaire de conscience personnelle plutôt que de la percevoir comme une vérité objective. Elle affirme que le système fictif de l’humanitarisme de Benson — un substitut athée à la religion — « incarne les forces sociales contre lesquelles Newman nous avait mis en garde. L’ordre social, qui ressemblait jadis à la hiérarchie céleste, est désormais façonné à l’image de l’homme déchu. » 

    Alors, étant donné que le roman se déroule au XXIe siècle, dans quelle mesure le juge-t-elle prophétique aujourd'hui ? Thériault le considère comme « prémonitoire à bien des égards ». Elle cite les prédictions de Benson concernant un organisme de gouvernance international – semblable à la Société des Nations, puis aux Nations Unies – et l'euthanasie institutionnalisée, notamment au regard de la loi canadienne sur l'aide médicale à mourir. 

    « Plus profondément, sa description d'une société sans Dieu, guidée par le plaisir, le scientisme et le rejet de Dieu, résonne comme une description de notre siècle. La vie ne vaut rien dans le paysage apocalyptique infernal de Benson, tout comme dans notre culture de mort contemporaine », ajoute-t-elle. 

    À la fin du roman de Benson, l'Église n'est plus qu'un vestige et l'Antéchrist semble triompher. Pourtant, Thériault estime que le message du livre demeure « celui de tous les écrits véritablement catholiques sur l'Antéchrist : un message d'espoir. Malgré les machinations perfides de l'Antéchrist, nous savons qui l'emporte à la fin. » 

    En tant que roman suscitant un débat théologique, il fonctionne – mais en tant qu'œuvre de fiction, comment résiste-t-il à l'épreuve du temps aujourd'hui ? 

    « Au début du XXe siècle, les romans dystopiques et futuristes pullulaient : un amas sombre, déprimant et mal écrit », observait la romancière et universitaire Eleanor Bourg Nicholson . Pourtant, elle trouve le roman de Benson différent. 

    « À la fois spéculatif et mystique, [cet ouvrage] se distingue pour deux raisons : premièrement, il présente des personnages réels et vivants — des hommes et des femmes crédibles et auxquels on peut s’identifier — et non pas une simple allégorie prosélyte ; et deuxièmement, parce qu’il aborde avec audace la réalité sombre et oppressante que le monde doit et va finir, et qu’il perçoit cette réalité à travers le prisme de la foi. » 

    L'un des grands atouts du genre spéculatif, expliquait-elle, réside dans la possibilité qu'il offre aux lecteurs de se confronter à des questions morales profondes. « Quelle est la relation de l'homme avec Dieu ? Quel est le but de la religion ? Quel est le sens même de l'existence humaine ? La vie et la mort, le salut et la damnation – ces thèmes se retrouvent au cœur de nombreuses œuvres de ce genre, et ils sont assurément au cœur même du Maître de la Terre. » C'est peut-être là, à elle seule, ce qui explique son attrait auprès des papes et des prélats. 

    Nicholson perçoit également une dimension prophétique dans le livre, dont elle constate que nombre d'éléments se retrouvent dans la vie moderne. « Benson conçoit l'Antéchrist comme un homme politique affable et inoffensif, une figure charismatique promouvant la "paix" — quelqu'un que l'on peut facilement imaginer séduire le public de nos jours », a-t-elle observé. 

    S'adressant au Register, l'auteur et éditeur Joseph Pearce considère lui aussi Benson comme « un visionnaire », soulignant que son roman inattendu a ouvert la voie à des œuvres ultérieures telles que Le Meilleur des mondes d'Huxley et 1984 d'Orwell.  

    « Benson était en avance sur son temps, un pionnier, un avant-gardiste au sens le plus profond du terme », a déclaré Pearce, ajoutant : « Ce livre a manifestement exercé une influence considérable sur le XXe siècle et semble résonner de façon tout aussi inquiétante à notre époque. La pérennité de la pertinence est l'une des marques d'un grand livre, et celui-ci en est assurément un. » 

    Benson a bien écrit, sinon une suite à proprement parler, du moins un livre avec un thème similaire mais une perspective totalement différente, a noté Pearce. 

    Il semble qu'il ait écrit son roman futuriste suivant, L'Aube de toutes choses, pour donner une tournure plus optimiste à l'atmosphère sombre du Maître de la Terre. Mais je ne pense pas que l'Apocalypse soit sombre d'un point de vue chrétien. Dans la mesure où le roman se termine sur une note apocalyptique, il annonce le Second Avènement promis par les Écritures. 

    « Comment cela pourrait-il être autre chose que la plus heureuse des fins ? » 

  • Le combat spirituel de l'Europe : le massacre du Bataclan, dix ans après

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    D' sur European Conservative :

    Le combat spirituel de l'Europe : le massacre du Bataclan, dix ans après

    Lorsque nous rejetons Dieu, que nous démembrayons la vérité et que nous déconstruisons notre identité, nous ne devenons pas libres — nous devenons fragiles.

    Dix ans se sont écoulés depuis la nuit du 13 novembre 2015, nuit où le cœur de Paris a été transpercé par une vague d'attentats terroristes coordonnés qui ont coûté la vie à 130 personnes. Parmi les plus sanglants, on compte le massacre du Bataclan, où 90 spectateurs ont été abattus de sang-froid. 

    Une seule photo de cette nuit-là m'est restée en mémoire. Prise quelques minutes avant l'attaque, elle capture la joie et l'abandon. La foule est en extase. Les bras sont levés. Les sourires fusent de toutes parts. L'atmosphère est électrique, empreinte de liberté, de plaisir et d'impatience. Le groupe de rock américain Eagles of Death Metal est sur scène, et le public, emporté par leur performance, semble incarner tout ce que la vie nocturne occidentale moderne prétend être : libérée, exubérante, insouciante. 

    Mais ce concert, en apparence ordinaire, allait bientôt devenir le théâtre de l'un des attentats terroristes les plus horribles de l'histoire européenne moderne. Quelques instants après la prise de cette photographie, trois hommes armés islamistes pénétrèrent dans la salle et ouvrirent le feu. Ce qui avait commencé comme une célébration de la vie se termina en massacre. Cette photographie est bouleversante, non seulement parce que nous connaissons désormais la suite des événements, mais aussi parce que, rétrospectivement, l'instant qu'elle immortalise semble chargé de sens, voire prophétique. 

    Danser sur le fil 

    Ce soir-là, Eagles of Death Metal venait de commencer à jouer l'une de ses chansons les plus populaires : « Kiss the Devil ». Dès les premiers accords, une grande partie du public a répondu par le célèbre geste des « cornes du diable » — l'index et l'auriculaire levés, les autres doigts repliés — un symbole popularisé dans la culture rock, autrefois provocateur, aujourd'hui largement vidé de son sens pour la plupart de ceux qui l'utilisent. 

    Les paroles qu'ils chantaient au moment des premiers coups de feu étaient : 

    Qui aimera le Diable ? 

    Qui chantera sa chanson ? 

    Qui aimera le Diable et sa chanson ? 

    J'aimerai le diable 

    Je chanterai sa chanson 

    J'aimerai le Diable et sa chanson. 

    Quelqu'un dans la foule croyait-il vraiment qu'ils invoquaient Satan au sens propre ? Certainement pas. Tout cela faisait partie du spectacle : ironique, théâtral, sans prétention. Et pourtant, quand le mal véritable a fait irruption dans la salle sous les traits d'hommes armés, prêts à massacrer, le symbolisme est devenu difficile à ignorer. 

    Pour l'esprit moderne, qui perçoit le monde en termes strictement matérialistes, de tels moments sont considérés comme de simples coïncidences. La chanson et le massacre ne sont qu'un sinistre alignement d'événements sans lien apparent. Mais pour ceux qui croient encore au sens, aux signes et aux symboles, à la dimension spirituelle de la vie, la scène invite à une réflexion plus profonde. La question demeure : lorsqu'une culture se vide du sacré et flirte avec l'obscurité, même par plaisanterie, s'expose-t-elle à plus qu'une simple vulnérabilité politique ? Révèle-t-elle un vide spirituel – une maison nettoyée de fond en comble, mais terriblement sans défense ? 

    La parabole de la maison vide 

    L'image de la foule du Bataclan évoque un passage de l'Évangile selon Luc. Jésus parle d'une personne libérée d'un esprit impur. L'esprit s'en va et erre dans des lieux déserts, en quête de repos. N'en trouvant aucun, il retourne auprès de cette personne – à « la maison » – et la trouve « balayée et rangée », mais vide. Alors, il rassemble sept autres esprits plus méchants que lui, et tous reviennent y demeurer. « Et la dernière condition de cette personne », dit Jésus, « est pire que la première. »

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  • Armistice : honorer ceux de 14-18, un devoir de piété filiale

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    De l'abbé Christian Vénard, sur son blog (archive 2018) :

    Honorer ceux de 14-18 pour mieux servir aujourd’hui notre Patrie

    Défendre sa patrie est pour le chrétien une œuvre de charité. Honorer les combattants morts à la guerre est non seulement un devoir de piété filiale, mais plus encore une manière d’accepter avec courage de reprendre le flambeau qu’ils nous ont transmis.

    Ces vers de Charles Péguy (Eve, 1913) semblent appartenir à un monde révolu, et ce n’est pas le spectacle désolant des controverses venues émailler le centenaire de l’armistice de 1918 qui démentira cette impression. 

    « Heureux ceux qui sont morts pour des cités charnelles.
    Car elles sont le corps de la cité de Dieu.
    Heureux ceux qui sont morts pour leur âtre et leur feu,
    Et les pauvres honneurs des maisons paternelles.»

    Il est vrai que l’effroyable massacre de la Première guerre mondiale a poussé les intellectuels européens vers des philosophies pacifistes et antimilitaristes, au point que la défense de la patrie a pu, jusqu’à une période très récente, apparaître comme une valeur réactionnaire, sinon « fascisante », à tout le moins définitivement dépassée.

    Le chrétien défend sa patrie

    Pour les fidèles, le Catéchisme de l’Église catholique (n°2239) est pourtant clair : «L’amour et le service de la Patrie relèvent du devoir de reconnaissance et de l’ordre de la charité.» Ces lignes n’induisent pas que la Foi catholique serait en elle-même porteuse de valeurs bellicistes ; bien au contraire : on le voit ainsi dans la manière dont, aujourd’hui, les théologiens évitent l’utilisation sémantique de la « guerre juste », les principes en étant saufs. De nombreux auteurs, ethnologues, paléontologues, philosophes, écrivains ou juristes ont cherché à comprendre si la guerre et la violence étaient inscrites au cœur même de l’être humain, et de la société. Pour nous chrétiens, cet état est la conséquence terrible du péché de nos premiers parents, de la destruction de l’harmonie voulue aux origines par le Créateur. Au travers de tant et tant de lettres et de témoignages des poilus de 14-18, on entend la lutte intérieure entre leur volonté de défendre la Patrie et leur aspiration à la paix. Leurs expériences décrivent tout à la fois ce désir de paix, de retour au foyer, l’absurdité de la guerre, mais aussi, la ferme décision de remplir leur devoir de Français, quoi qu’il en puisse coûter. Le saint prêtre Daniel Brottier disait : « Si j’ai fait quelque chose de bien dans ma vie, c’est sur les champs de batailles.» Jésus lui-même, dans sa vie terrestre, exprime l’un de ses plus beaux compliments à un officier de l’armée romaine… d’occupation ! « Je vous le dis en vérité, même en Israël je n’ai pas trouvé une aussi grande foi », dit-il à son sujet à ceux qui le suivaient à Capharnaüm (Mt 8.10). La défense de la Cité, par la force armée, n’est pas contradictoire avec le désir de paix universelle que porte le message évangélique. Ainsi poursuit le Catéchisme (n°2310) : « Les pouvoirs publics ont dans ce cas le droit et le devoir d’imposer aux citoyens les obligations nécessaires à la défense nationale. Ceux qui se vouent au service de la patrie dans la vie militaire, sont des serviteurs de la sécurité et de la liberté des peuples. S’ils s’acquittent correctement de leur tâche, ils concourent vraiment au bien commun de la nation et au maintien de la paix.»

    Un devoir de piété filiale

    Laissons donc les controverses benoîtement pacifistes aux oubliettes de l’histoire contemporaine et aux vieilles lunes soixante-huitardes. Un journaliste écrivait il y a quelques jours : « Ne pas placer les commémorations du 11 Novembre sous le signe de la victoire revient à nier la motivation patriotique des soldats français d’alors et à laisser entendre qu’ils sont morts pour rien. » Se pose néanmoins, au moment où nous commémorons la victoire de 1918 la question du pourquoi. Pourquoi commémorer tant de sacrifices consentis ? La première réponse semble évidente : par sens de l’honneur et par respect pour l’héritage reçu. Ainsi le père Doncoeur, célèbre aumônier des tranchées, s’écriait aux lendemain de la Grande Guerre : « Nos morts ont des droits sur nous. Ils exigent autre chose qu’une démarche : un engagement et un don […] Une main vigoureuse nous entraîne au sacrifice, en des modes différents mais également impérieux, et –qui sait ?- peut-être demain à une mort analogue. » Oui c’est un devoir de piété filiale vis-à-vis de ceux qui sont morts, qui ont été blessés dans leur chair et très souvent dans leur âme. Comme le fit Judas Maccabées pour les soldats d’Israël morts au combat : « Car, s’il n’avait pas espéré que ceux qui avaient succombé ressusciteraient, la prière pour les morts était superflue et absurde. Mais il jugeait qu’une très belle récompense est réservée à ceux qui meurent avec piété : c’était là une pensée religieuse et sainte. Voilà pourquoi il fit ce sacrifice d’expiation, afin que les morts soient délivrés de leurs péchés.» (2M 12, 44-45).

    Reprendre le flambeau

    La deuxième réponse est tout aussi impérieuse. À l’heure où nos pays européens (...) sont confrontés à une nouvelle guerre totalitaire, face à l’islamisme combattant, il est du devoir de chacun d’entretenir la mémoire des héros passés, mais plus encore de relever les défis à venir. Or, pour ce faire, il importe que chaque citoyen sache quelles valeurs, quelles vertus, quelle société valent la peine d’y sacrifier son bien le plus cher : sa propre vie. Commémorer n’est donc pas seulement regarder avec respect et émotion le passé glorieux des soldats de 14-18, mais plus encore, accepter avec courage de prendre le flambeau transmis, de retrouver le sens de la transcendance dans une société qui en manque tant. Cela nécessite ce courage dont parlait si bien le père Jerzy Popielusko : « Malheur à la société dont les citoyens ne sont pas guidés par le courage ! Ils cessent alors d’être des citoyens pour devenir de simples esclaves. Si le citoyen renonce à la vertu du courage, il devient esclave et se cause le plus grand des torts, à lui-même, à sa personne, mais aussi à sa famille, à son groupe professionnel, à la Nation, à l’État et à l’Église ; même si la peur et la crainte lui font facilement obtenir du pain et des avantages secondaires… ».

  • Un "réveil inattendu de l'Eglise de France" après des années sombres ?

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    Sur le site du Figaro, Jean-Marie Guénois évoque "un réveil inattendu de l'Eglise de France après des années sombres" :

    extraits :

    Portés par le renouveau spirituel chez les jeunes catholiques, le cardinal Aveline et les évêques ont dressé, cette semaine à Lourdes, leurs priorités pour accompagner ce dynamisme. (...)

    Quant à l’afflux soudain de jeunes adultes candidats au baptême, il ne cesse d’intriguer dans une société qui peine à imaginer un tel réveil spirituel dont le congrès Mission, ce week-end à Paris, a encore témoigné. L’été dernier, lors du jubilé des jeunes à Rome, le cardinal Pietro Parolin, numéro deux du Vatican, avait lâché : « Il se passe quelque chose dans l’Église de France. »

    De fait, cette dernière est plus admirée hors de l’Hexagone que chez elle. Sa centaine d’évêques œuvre autant que possible, avec dix mille prêtres, pour tenir allumée la flamme de la foi, de la charité et de l’espérance chrétienne dans une des sociétés les plus laïques du monde. Naguère princes de l’Église, ses évêques ne payent pourtant pas de mine. Rémunérés au smic, ils sont, comme les prêtres, simplement habillés et voyagent modestement. L’Église de France est ainsi la plus modeste de tous les pays occidentaux, où les législations, non laïques, assurent aux Églises un train de vie nettement supérieur.

    Cette pauvreté est peut-être un atout pour l’archevêque de Marseille, qui prend en main ce bateau pour un mandat de trois ans, une fois renouvelable. Très éprouvé ces dernières années, son équipage semble avoir retrouvé du cœur à l’ouvrage ce printemps avec le raz de marée des baptêmes de jeunes adultes. Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris, le confirme : « Jeune prêtre, je voyais dans mon diocèse un ou deux baptêmes d’adultes ou d’adolescents par an. Aujourd’hui, on en voit mille ! » Ces jeunes adultes baptisés, inscrits dans les paroisses, vont bientôt dépasser en nombre la génération des catholiques des nouvelles communautés des années 1990.

    « Jeune » évêque de 58 ans, nommé début 2025 à Châlons-en-Champagne, Mgr Franck Javary vivait sa première assemblée de Lourdes cette semaine. Ce polytechnicien des ponts et chaussées devenu prêtre de paroisse et aujourd’hui évêque, témoigne lui aussi de ce nouveau climat dans l’Église de France : « C’est la fin du déclin. Quand on a touché le fond, on remonte ! »

    Le moral de l’Église catholique retrouverait donc des couleurs. Mais quel cap le cardinal Aveline va-t-il choisir pour poursuivre ce redressement ? Interrogé vendredi à ce sujet, l’archevêque de Marseille a fixé trois « priorités ». La première est d’avoir « une Église à sa place ». Elle n’est pas une « institution » comme une autre, avait-il développé dans son discours d’ouverture, mais un « mystère ». « Son message n’est pas la résultante démocratique de ses membres »« elle est une action que Dieu lui-même accomplit pour le salut du monde ». La deuxième priorité du cardinal est « la communion », à savoir « l’unité de l’Église » et le service pour « la paix dans le monde » et « dans la société ». Troisième et ultime priorité, « la liberté » « L’Église, a-t-il lancé, doit garder sa liberté de parler, à temps et à contretemps, d’exprimer son opinion quand elle n’est pas d’accord ou qu’elle a quelque chose à dire à cause de l’Évangile. » Certes, « l’Église n’a pas d’adversaire, mais elle a un message, et elle doit le dire, que ce soit facile ou pas ». Notamment dans la « période électorale qui vient où il y aura besoin de liberté, pour ne pas être à la remorque des idées dominantes ». (...)

  • Le lobby de la mort exige que l'Union Européenne finance l'avortement

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    D'Ermes Dovico sur la NBQ :

    Financement de l'UE pour l'avortement, la demande du lobby de la mort

    La commission des droits des femmes a approuvé un projet de résolution appelant au financement de l'avortement transfrontalier et à la « lutte contre les mouvements anti-genre ». Puis, le parallèle absurde : de même que l'UE a financé le dépistage du cancer, elle doit également financer l'avortement.

    11/11/2025

    L’avortement, en tant que « droit fondamental », doit être garanti même aux femmes vivant dans des pays où il est interdit, leur permettant ainsi de se rendre – aux frais du contribuable – dans un autre pays de l’Union européenne. Tel est, en résumé, le contenu du projet de résolution approuvé le 5 novembre par la commission des droits des femmes et de l’égalité des genres (FEMM), avec 26 voix pour – dont celle de Giusi Princi de Forza Italia – et 12 contre. Ce document est issu de l’initiative « Ma voix, mon choix : pour un avortement sûr et accessible », qui a recueilli 1,2 million de signatures et est soutenue par plus de 300 organisations pro-avortement à travers l’Europe. Ce vaste lobbying vise donc à étendre l’accès à l’avortement dans l’UE et, simultanément, à restreindre la liberté de celles et ceux qui défendent la vie des enfants à naître. Examinons maintenant les points principaux de cette proposition, présentée par Abir Al-Sahlani, membre de Renew Europe.

    Le document appelle la Commission européenne à « établir un mécanisme d'adhésion facultatif, ouvert aux États membres sur une base volontaire, avec un soutien financier de l'UE afin de garantir la solidarité, sans interférer avec les législations et réglementations nationales » ; et, en outre, « à présenter une proposition de soutien financier aux États membres leur permettant de garantir l'interruption de grossesse en toute sécurité, conformément à leur législation nationale, à toute personne dans l'UE n'ayant pas encore accès à un avortement sûr et légal ». En clair, comme indiqué, cela revient à utiliser des fonds publics pour financer des avortements transfrontaliers. Nika Kovač, représentante de My Voice My Choice, en donne un exemple frappant : « Les Polonaises disposent d'un bon réseau d'organisations non gouvernementales qui les aident à se déplacer et à bénéficier de procédures médicales [pour un avortement]. Mais ces procédures sont coûteuses, et nous cherchons donc un moyen de faire en sorte que les ONG ou les femmes elles-mêmes n'aient pas à les financer. » Si la proposition est adoptée, elles ne paieront pas, nous paierons tous.

    Tout cela est justifié comme un appel à « créer une UE plus sûre et plus égalitaire », au nom de « nos valeurs européennes », telles que la « non-discrimination » et le respect de « l'intégrité mentale et physique » : il est étrange que toutes ces « valeurs » que nous venons de mentionner ne s'appliquent pas aux enfants dans le ventre de leur mère et soient donc en conflit avec le droit à la vie, qui est le fondement de tous les autres droits.

    De plus, l'égalité et la non-discrimination illusoires prônées par les partisans de l'avortement à l'origine du mouvement « Ma voix, mon choix » ne s'appliquent même pas à ceux qui ne partagent pas leur avis. Le projet de résolution appelle à « une action européenne plus décisive pour contrer les mouvements anti-genre, préserver l'autonomie physique et garantir l'accès universel à la santé sexuelle et reproductive », c'est-à-dire à la contraception et à l'avortement. Par conséquent, les plus de 300 groupes de pression mentionnés ci-dessus ne se contentent pas d'un financement public accru pour l'avortement ; ils visent également à intimider et à éliminer les groupes pro-vie et pro-famille.

    Le document réitère l'appel à l'inscription du droit à l'avortement dans la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne et demande également une révision des traités. En bref, le respect des législations nationales, tel qu'énoncé au point 2, n'est qu'une mesure superficielle. Cela est d'autant plus vrai qu'au point 9, le projet de résolution exerce une pression supplémentaire sur les pays dotés de législations plus restrictives et « invite les États membres à réformer leurs lois et politiques en matière d'avortement afin de les aligner sur les normes internationales relatives aux droits humains et les recommandations de santé publique ».

    Le texte, dans son introduction détaillée, déplore que « deux États membres [la Pologne et Malte étant mentionnées de manière implicite] continuent de ne pas autoriser l'avortement sur demande ; huit États membres maintiennent un délai de réflexion obligatoire ; plusieurs États membres ne remboursent ni ne subventionnent les soins liés à l'avortement, ou offrent une couverture limitée ; onze pays européens ne pratiquent pas l'avortement médicamenteux (non chirurgical) ; et seuls cinq pays autorisent l'avortement par télémédecine ». Il apparaît donc clairement que le financement de l'avortement transfrontalier n'est qu'une étape – certes importante – de cette initiative, qui vise à légaliser, étendre et normaliser davantage l'avortement.

    Concernant cette normalisation, il suffit de dire que les partisans de l'avortement vont jusqu'à affirmer que le financement de l'avortement par des fonds européens devrait être considéré comme faisant partie des compétences de l'UE pour « réduire les inégalités en matière de santé », puisque – attention à cette équivalence glaçante – il est déjà arrivé que « des ressources de l'UE soient utilisées dans d'autres cas, par exemple pour le dépistage du cancer ». Autrement dit, pour les promoteurs de « Ma voix, mon choix », l'avortement et l'égalité d'accès aux soins de santé sont… Après tout, il s'agit là depuis toujours de propagande pro-avortement.

    Enfin, ce groupe de pression demande que la proposition soit incluse dans le cadre financier pluriannuel actuel, c'est-à-dire le budget à long terme de l'UE.

    Le projet de résolution devrait être inscrit à l'ordre du jour de la prochaine session plénière pour discussion et vote. Comment voteront les eurodéputés italiens ? Le site officiel du Parlement européen indique également qu'une audition publique sur cette initiative aura lieu le 2 décembre. À noter : en 2014, une initiative citoyenne de nature opposée, « One of Us », visant à protéger les embryons humains, a recueilli 1,8 million de signatures, soit 600 000 de plus que le nombre de signatures revendiquées actuellement par les organisations pro-avortement. Cependant, ce projet a rapidement été mis de côté par les institutions de l'UE. Cela confirme les priorités poursuivies entre Strasbourg et Bruxelles, et marque le déclin d'un continent.

  • Des victimes d'abus sexuels en Belgique demandent au pape de destituer l'archevêque Luc Terlinden

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    D'InfoVaticana :

    Des victimes d'abus sexuels en Belgique demandent au pape de destituer l'archevêque Luc Terlinden

    Le samedi 8 novembre, le pape Léon XIV a reçu au Vatican une délégation de quinze victimes belges d'abus sexuels au sein de l'Église. La rencontre, qui a duré deux heures – une demi-heure de plus que prévu – a été qualifiée d'« humaine » et attentive par les personnes présentes, bien qu'elle ait révélé des tensions entre les victimes et la hiérarchie catholique belge, notamment avec l'archevêque de Malines-Bruxelles, Mgr Luc Terlinden, dont la démission a été demandée par certains participants.

    Un public attendu

    La rencontre avec le pape a tenu une promesse faite par son prédécesseur, François, lors de sa visite pastorale en Belgique en septembre 2024. La rencontre avec Léon XIV a connu un début difficile : la délégation avait une rencontre prévue avec le préfet du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, Víctor Manuel Fernández, mais celle-ci a été annulée — le cardinal argentin « ne travaille pas le vendredi », selon le journal Le Soir — .

    Aline Colpaert, membre du groupe, a affirmé que le pape avait « fait preuve d'humanité » et reconnu l'importance d'une formation plus poussée pour les futurs prêtres afin de les protéger du risque d'abus. Selon le témoin, Léon XIV « a reconnu avoir reçu une telle formation lors de son propre discernement vocationnel », tout en précisant qu'« il ne s'agit pas d'une garantie absolue ».

    Plaintes et déception

    Un autre membre de la délégation, Jean-Marc Turine, a souligné que le nouveau pape « écoute et semble comprendre », et a noté son « dynamisme et son accessibilité ». Cependant, il a également déploré le manque d’engagement institutionnel de l’Église belge, qu’il a accusée de « se dérober à ses responsabilités » concernant la compensation financière, en reportant les coûts sur la sécurité sociale.

    « Le pape a promis de faire pression sur l’Église de Belgique pour qu’elle assume ses responsabilités et accélère le versement des indemnisations », a expliqué Turine, « mais il a reconnu n’avoir que peu d’influence réelle. Il a répété à plusieurs reprises qu’il n’était en fonction que depuis six mois et qu’il n’était pas pleinement au courant de la situation. »

    Face à ce sentiment de distance, plusieurs victimes ont remis une lettre demandant la destitution de l'archevêque Luc Terlinden, qu'elles accusent de « manquer même de la plus légère empathie envers les victimes ».

    Les chiffres pour la réparation

    Selon De Standaard , le groupe souhaite que l'Église reconnaisse le coût à vie du traumatisme, estimé à « un million d'euros par victime ». Turine a précisé qu'il ne s'agit pas d'une demande formelle, mais plutôt d'une évaluation des dommages psychologiques, physiques et sociaux.

    La Fondation Dignité, créée par l’Église belge en 2022, offre actuellement une aide de 3 000 € pour la psychothérapie, en plus des règlements à l’amiable qui, depuis 2012, ont varié de 2 500 € à 25 000 €. Pour les victimes, ces sommes sont « insignifiantes » comparées à une vie de souffrance.

    La question des réparations demeure épineuse aux États-Unis, pays natal du pape Léon XIV. De nombreux diocèses y ont déposé le bilan, notamment à Los Angeles, San Francisco, Portland et Milwaukee, après avoir été confrontés à des milliers de poursuites. La différence, selon les victimes belges, réside dans le fait que le système juridique américain a contraint l'Église à verser des sommes bien plus importantes à titre de dédommagement, tandis qu'en Belgique, comme le rapporte le média, l'État continue de prendre en charge une partie du fardeau financier.

  • Italie : une Eglise à la dérive ?

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    D'InfoVaticana :

    Après le document du CEI… quelle est la direction que prend l’Église italienne ?

    L’Église en Italie a franchi une étape que beaucoup jugent déjà risquée. Avec 781 voix pour et 28 contre, la Conférence épiscopale italienne (CEI) a approuvé le document final de son processus synodal, intitulé « Levain de paix et d’espérance ». Selon une analyse publiée par le National Catholic Register (NCR), ce texte, loin de clore le processus, ouvre une nouvelle phase de tensions entre les partisans d’un « renouveau pastoral » et les défenseurs de la fidélité au Magistère.

    Lire aussi : L’Église italienne approuve un document synodal comportant de sérieuses ambiguïtés sur l’identité et la famille

    Un texte qui introduit les exigences du monde dans le langage de l'Église

    Le document synodal ne se limite pas aux questions pastorales. Comme le détaille le NCR, il exhorte les évêques italiens à soutenir les protestations contre « l’homophobie » et la « transphobie » et propose d’étudier la possibilité d’un diaconat féminin, sujet déjà abordé par deux commissions vaticanes sans résultat concluant. Bien que présenté comme un texte « pastoral », la publication souligne qu’il « semble vouloir inverser le rapport entre les évêques et les structures synodales » et, comme nous l’avons souligné à Infovaticana, « privilégie des interprétations contraires à la doctrine catholique sur la vérité de l’amour humain ».

    Résultat d'un processus divisé

    Ce document fait suite à des mois de désaccords internes. En avril, le premier projet a été rejeté par plus de mille délégués synodaux faute de consensus. Pour la première fois en cinquante ans, la Conférence épiscopale italienne (CEI) a reporté son assemblée générale afin de réécrire le texte et de parvenir à un accord minimal. Finalement, le 25 octobre, à huis clos, la nouvelle version a été approuvée. La CEI va maintenant constituer un groupe d'évêques chargé d'élaborer des priorités et des résolutions qui serviront de base à l'assemblée générale de 2025.

    Les votes les plus controversés

    Près de deux semaines après la publication du document, le NCR précise que la proposition visant à promouvoir les études sur le diaconat féminin a été approuvée par 625 voix pour et 188 contre , tandis que la motion appelant à « soutenir l’action civile contre la violence, l’homophobie et la transphobie » a recueilli 637 voix pour et 185 contre. Bien que toutes les motions aient été approuvées, les résultats des votes révèlent de profondes divisions parmi les délégués, mais témoignent également d’une forte tendance progressiste.

    Zuppi et Castellucci défendent le texte ; plusieurs évêques mettent en garde contre le risque doctrinal

    Le président de la Conférence épiscopale italienne (CEI), le cardinal Matteo Zuppi, a qualifié le processus d’« entreprise courageuse ». De même, l’évêque Erio Castellucci a appelé la CEI à « adopter le texte et à commencer à mettre en œuvre ses propositions ». Cependant,  l’évêque Giovanni Paccosi de San Miniato a mis en garde contre « toute pression visant à transformer ce qui n’est qu’une demande de quelques-uns en norme générale ». Pour sa part, l’évêque Antonio Suetta de Vintimille-Sanremo a rappelé à l’assemblée qu’il ne s’agissait pas d’un synode formel et a insisté pour que le texte soit « rectifié à la lumière du Catéchisme et du Magistère constant ».

    Un chemin qui s'éloigne de l'esprit catholique

    Le document final introduit une logique d’adaptation aux dynamiques sociales, allant jusqu’à proposer une révision du droit canonique, transformant les paroisses en « communautés énergétiques solidaires » et accordant un pouvoir délibératif aux laïcs. Sous couvert de renouveau, le texte pourrait mener à des changements doctrinaux insidieux .

    La Conférence épiscopale italienne (CEI) tiendra sa prochaine session plénière du 17 au 20 novembre à Assise , où le pape Léon XIV devrait rencontrer les évêques italiens à la clôture des travaux.

  • France : des prêtres heureux

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    De RCF fr :

    Sondage exclusif : "Le sacerdoce aujourd’hui", une enquête auprès des prêtres

    6 novembre 2025

    Les prêtres sont en première ligne pour "assister à la disparition de la foi dans les âmes" et constater de l'intérieur combien l'institution ecclésiale est affaiblie. Pourtant, la grande majorité des prêtres en France se disent "heureux". C'est ce que révèle l'étude de l’Ifop pour l’OFC en partenariat avec RCF-Radio Notre Dame et Famille chrétienne. "Le sacerdoce aujourd’hui" est une enquête réalisée auprès des prêtres eux-mêmes.

    Des prêtres heureux aujourd’hui en France, mais qui ont besoin de soutien. C’est le principal enseignement de l’étude de l’Ifop pour l’OFC en partenariat avec RCF-Radio Notre Dame et Famille chrétienne. Si la plupart des études sur l’Église catholique portent sur la façon dont elle perçue, cette fois, ce sont des prêtres eux-mêmes qui s’expriment. 

    Les chiffres, dévoilés en détail ce vendredi 7 novembre, permettent donc d’en savoir plus sur la réalité du ministère sacerdotal tel qu’il est vécu aujourd’hui dans l’Église de France. Ils montrent que la vie des prêtres diocésains offre une voie d’épanouissement malgré des besoins exprimés. En particulier celui d’être soutenus par la hiérarchie et celui d’être entourés de laïcs "fiables et autonomes" pour poursuivre au mieux leur mission auprès des fidèles.

    Le sacerdoce vu par les prêtres eux-mêmes

    Où en sont les prêtres aujourd’hui ? De quoi est fait leur quotidien ? De quoi ont-ils besoin ? 

    Réalisé en partenariat avec RCF-Radio Notre-Dame et Famille chrétienne, ce sondage Ifop pour l’Observatoire français du catholicisme (OFC) a été mené auprès des prêtres eux-mêmes. Sur les 5.000 prêtres sollicités, 15% ont répondu, au cours du mois d’octobre 2025. Intitulée "Le sacerdoce aujourd’hui", l’enquête s’appuie donc sur les réponses de 766 prêtres.

    Après avoir publié sa première étude sur le catholicisme en France, l’OFC, créé en juin 2025, dévoile des chiffres sur l’Église vue par les membres les plus nombreux de la hiérarchie ecclésiale. En 2020, la Conférence des évêques de France elle-même avait publié son étude sur la santé des prêtres en activité. 93% se disaient en bonne santé, mais il était question pour une minorité d’états de "fatigue mentale" voire de "syndromes dépressifs" chez "deux prêtres sur dix".

    L’étude de l’Ifop pour l’OFC vient donc compléter ces enseignements. En 50 questions, elle offre un large aperçu sur la vie des prêtres, qu’il s’agisse de leur origine sociale et familiale, du sens qu’ils donnent à leur vie ou de leur vision sur le fonctionnement d’une paroisse. Il est également question de leurs habitudes personnelles, comme le temps passé sur les réseaux sociaux ou leur activité du dimanche soir.

    Sur les 766 prêtres interrogés, la majorité ont entre 35 et 64 ans et six à vingt-six ans de sacerdoce. Pour rappel, on compte 12.019 prêtres en France en 2023, selon les chiffres les plus récents de la Conférence des évêques de France publiés en avril 2025.

    Des prêtres "heureux" en France

    Le grand enseignement de cette enquête est qu’une très grande majorité des prêtres se disent "heureux". Ce qui fait leur bonheur ? "Être le témoin privilégié des merveilles que Dieu produit dans les cœurs", répondent-ils en premier. 

    Affermir la foi des paroissiens fait partie des préoccupations premières des prêtres. D'ailleurs, pour la plupart d’entre eux, les demandes de baptême en augmentation sont "un signe de l’Esprit saint". À l'inverse, "assister à la disparition de la foi dans les âmes" fait partie de leurs principales contrariétés. Dans la même catégorie et juste après viennent "les combats inhérents au célibat sacerdotal".

    Des hommes d’Église heureux donc, qui admettent toutefois être "moins idéalistes face à la dure réalité". L’enquête n’élude pas les difficultés rencontrées dans l’exercice du ministère presbytéral, qu’elle permet justement de caractériser.

    Des prêtres qui ont besoin du soutien de leur évêque

    La plupart des sondés sont des prêtres diocésains n’appartenant pas à une congrégation de prêtres ou à une société sacerdotale. Parmi les difficultés qu’ils exposent, celle qui arrive en tête est le fait de "ne pas sentir la confiance et le soutien de [son] évêque ou de [sa] hiérarchie". Arrive non loin, et c'est sans doute lié, "le sentiment d’administrer le déclin humain et spirituel d’une institution affaiblie".

    La question du management au sein de l’Église est ainsi pointée du doigt, même s’ils sont une grande majorité à trouver dans l’exercice de leur ministère au service de l’Église une possibilité de mobiliser leurs talents. Reste que "travailler la qualité du lien de paternité et de confiance entre les prêtres et les évêques" fait partie des enjeux prioritaires pour la majorité d’entre eux. 

    La plupart des sondés sont attachés à la mission de l’Église. "Continuer à avancer, pas à pas, guidés par l’Esprit-Saint, et faire ce que nous avons à faire là où nous sommes : célébrer / gouverner / enseigner" : c’est l’enjeu prioritaire pour une grande majorité de prêtres interrogés.

    Pouvoir être "épaulés" par des "laïcs fiables et autonomes"

    Ils sont nombreux à souhaiter pouvoir compter sur "une équipe de laïcs fiable et autonome" pour les épauler. Leur vision sur la place des diacres est peu abordée, alors même que le nombre d’ordinations pour le diaconat permanent est en augmentation.

    Aux trois-quarts curés de paroisse ou vicaires, les sondés estiment pour la plupart que leur présence est essentielle auprès des fidèles notamment pour la célébration des funérailles – de plus en plus assurées par des diacres ou des laïcs en mission ecclésiale.

    Nos prêtres sont pour beaucoup préoccupés par la question de la formation, et accordent une grande importance à l’éducation chrétienne. L’enseignement catholique ressort comme l’un des chantiers qu’ils estiment prioritaires pour l’Église.

    Loin de l’idée de l’image de prêtres cantonnés dans l’entre soi d’une population CSP+, près de la moitié des sondés exercent leur ministère auprès "d'une population de classes moyennes avec de la mixité sociale".

    La place de la transmission dans la vocation sacerdotale

    Sans surprise, l’étude souligne l’importance du cadre familial dans la vocation sacerdotale. Elle confirme qu’une écrasante majorité de prêtres ont grandi dans une famille catholique pratiquante - engagée ou non dans la vie de l’Église.

    À l’heure où le nombre d’ordinations sacerdotales est en baisse, on peut souligner l’importance des mouvements de jeunesse dans le choix d’une vocation. Le scoutisme ou les aumôneries sont des lieux privilégiés où susciter chez les jeunes gens le désir de devenir prêtre. Plus décisifs encore sont les grands rendez-vous comme les JMJ, les rassemblements de Taizé ou les sessions d’été de formation ou d’évangélisation.