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Société - Page 193

  • Valérie Pécresse et la politique familiale : un double jeu qui ne laisse présager rien de bon

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    Une tribune publiée sur le site de Valeurs Actuelles en septembre dernier :

    Politique familiale : le double jeu de Valérie Pécresse

    Un collectif d’élus et d'anciens élus de droite dénonce les allers et retours de Valérie Pécresse sur la question de la politique familiale.

    Par Un collectif d'élus et d'anciens élus de droite

    Il fut par exemple, un temps où Valérie Pécresse assistait aux Manifs Pour Tous et proposait de « démarier les couples homosexuels quand la droite reviendrait au pouvoir ». L’afflux de manifestants dans la rue avait convaincu à l’époque Madame Pécresse de s’emparer de ce sujet afin d’amadouer une bonne partie de l’électorat de droite, qui s’était fortement mobilisé contre le mariage pour tous. Elle a depuis changé totalement d’avis. « Si la droite revient au pouvoir, elle n’abrogera jamais le mariage pour tous, parce que c’est impensable humainement », a-t-elle ainsi affirmé en 2017. Pendant son premier mandat comme présidente de région, elle a largement soutenue les actions pro-LGBT en Île-de-France. C’est une politique assumée et revendiquée, qui va pourtant à l’encontre des valeurs familiales traditionnelles. En 2021, Valérie Pécresse a choisi de faire élire sur sa liste Catherine Michaud, présidente de Gaylib, « Rôle modèle LGBT 2020 », comme nouvelle conseillère régionale. Le positionnement de Valérie Pécresse a été parfaitement synthétisé par le porte-parole de son mouvement Libres au moment de la campagne pour les Régionales : « Qui peut croire aujourd’hui qu’elle est homophobe ou anti-avortement, alors que la région n’a jamais fait autant pour les associations LGBT ou le Planning familial ? »

    Valérie Pécresse a un discours attractif, mais des actes politiques qui viennent le contredire

    Malgré des inquiétudes légitimes soulevées sur la baisse de la natalité, elle ne remet pas en cause son soutien très actif à l’IVG et ses conséquences désastreuses en matière démographique, puisque nous enregistrons dans notre pays un avortement pour un peu plus de trois naissances.

    Il semblerait que cette baisse de la natalité ait été nettement moins préoccupante lorsqu’elle doublait quasiment les budgets facilitant l’accès à l’avortement, ou que sa colistière élue aux régionales, Marie-Ève Perru, défendait la dénatalité en juin dernier : « Il faudrait inverser les dispositifs fiscaux et les aides diverses, pour cesser de pénaliser les couples qui n’ont pas d’enfant et, inversement, ne plus avantager ceux qui en ont plus de deux. »

    Dans sa tribune, Valérie Pécresse s’inquiète également de l’accompagnement des adolescents et de leurs problèmes de santé physique ou mentale. Elle oublie les expositions Happy Sex et Sex in the City, de nature pornographique, qui sont des phares du festival de musique Solidays, généreusement financé par la région Île-de-France. Cela favorise des comportements à risque et la fragilisation d’une partie de notre jeunesse avec l’encouragement à des pratiques sexuelles libertaires. Il eut été au contraire courageux de promouvoir un discours et des actes sur une éducation affective et sexuelle responsable et une écologie intégrale à laquelle beaucoup aspirent, à la prévention de l’avortement auxquelles les jeunes filles sont poussées par la culture dominante.

    Valérie Pécresse a donc un discours attractif, mais des actes politiques qui viennent le contredire. Si les Français rejettent le « en-même-temps » macronien, gageons qu’ils ne pourront pas non plus accorder de crédit aux politiques n’assurant pas une cohérence et une constance entre leurs paroles et leurs actes.


    Signataires du texte :
    Catherine Bolze (Auvergne- Rhône-Alpes)
    Aude Etcheberry (Auvergne-Rhône-Alpes)
    Blandine Krysmann (Nantes)
    François Martin (Yvelines)
    Olivier Pirra (Lyon)
    Nicolas Tardy-Joubert (Ile de France)

  • La névrose médiatique par temps de Covid

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    Lu sur le site web « aleteia » :

    « Le bombardement d’informations massives, constantes, répétées, crée un climat de dépendance névrotique qu’analyse le journaliste  Louis Daufresne. Au lieu de responsabiliser, ce bombardement aliène entre les mains des experts… qui ne s’y retrouvent plus eux-mêmes.

    overdose médiatique 61EUYuHrpPL.jpgMichel Lejoyeux dirige le service psychiatrique de l’hôpital Bichat. Voici quinze ans, il publia un petit essai remarqué, Overdose d’info, guérir des névroses médiatiques (Seuil, 2006). À relire par temps de Covid. Le médecin réfléchit aux dépendances à ce que nos grands-parents appelaient « les nouvelles ». Qui pouvait imaginer que l’information fonctionne comme l’alcool ou la cigarette ? Lejoyeux distingue trois symptômes et ceux-ci jouent à plein régime depuis l’épidémie de la Covid.

    La rhétorique de la peur : « moi » est la cible

    La personnalisation, d’abord : « Je suis la première victime de tout ce qui arrive. » L’actualité s’abat sur mes épaules comme la misère sur le monde. Sans pare-chocs intellectuel ou spirituel, les bolides du malheur percutent ma pauvre carcasse et à chaque gnon, c’est tout mon être qui s’en retrouve plus cabossé. De la rue, par la fenêtre des living-rooms, on voit les ombres du dieu TV se dilater sur les écrans géants. Tout le domicile s’ordonne à son adoration. Ces ombres montent jusqu’au plafond, enveloppent l’atmosphère, la terrorisent. L’être solitaire et urbain communie tous les jours à ce spectacle.

    Lire la suite sur Aleteia.org : la névrose médiatique par temps de Covid

    Lire aussi :Alerte sur les effets du Covid sur la santé mentale des jeunes

  • Quand le pape compare les camps de réfugiés aux camps d'extermination d'Hitler et de Staline

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    Lu sur Riposte catholique :

    Camps de réfugiés comparés aux camps nazis: la bourde du Pape François ?

  • L'optimisme prudent des pro-vie américains

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    D'Ermes Dovico sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana :

    La Cour suprême maintient les espoirs des pro-vie

    4-12-2021

    Les neuf juges de la Cour suprême des États-Unis ont entendu les arguments des parties dans l'affaire Dobbs. À la lumière des questions des juges, la possibilité de renverser Roe ou, à tout le moins, d'approuver la loi du Mississippi interdisant l'avortement après 15 semaines reste ouverte. Dans ce dernier cas, le vote du juge Roberts pourrait être le vote décisif.

    L'arrêt Roe v. Wade sera-t-il annulé ou restera-t-il en vigueur ? Depuis quelques jours, cette question, qui divise les Américains depuis près d'un demi-siècle, est plus pressante que jamais, à l'intérieur et à l'extérieur des frontières des États-Unis. Mercredi 1er décembre, la Cour suprême a entendu les arguments des parties impliquées dans l'affaire Dobbs contre Jackson Women's Health Organization, qui oppose l'État du Mississippi aux organisations pratiquant l'avortement. L'administration Biden est du côté de ces derniers. L'objet du litige est le HB 1510, une loi qui interdit les avortements après 15 semaines de gestation, sauf en cas d'urgence médicale et d'anomalie grave du fœtus. La principale question qui se pose à la Cour est de savoir si toutes les interdictions d'avorter avant la viabilité, c'est-à-dire avant que la conception puisse survivre en dehors de l'utérus, sont inconstitutionnelles.

    L'affaire Dobbs est considérée par les experts comme la plus importante depuis l'arrêt Casey v Planned Parenthood de 1992, qui a confirmé le droit à l'avortement introduit par Roe en 1973, mais qui, en ce qui concerne la possibilité pour les États d'introduire des restrictions, a remplacé la norme des trois trimestres (aucune restriction à introduire au cours du premier trimestre, certaines au cours du deuxième, interdiction possible au cours du troisième sauf pour des raisons de "vie ou de santé" de la mère) par une évaluation de la probabilité de survie de l'enfant.

    Eh bien, après le débat général qui s'est déroulé le 1er décembre au matin, les parties ayant présenté leurs arguments dans le respect des délais impartis et répondu aux questions des neuf juges suprêmes, les commentateurs pro-vie conservent généralement, avec quelques distinctions, un optimisme prudent quant à la possibilité de renverser Roe ou du moins de le limiter, avec des effets en cascade sur l'ensemble du système d'avortement. Un scénario également considéré comme réaliste par l'autre camp, étant donné l'inquiétude exprimée par plusieurs médias libéraux après l'audience de la Cour suprême.

    Cet optimisme prudent repose sur les questions et le raisonnement des juges nommés par les Républicains (6), qui ont les moyens, s'ils le souhaitent, de réécrire l'histoire judiciaire américaine en faveur de la vie. Du côté des conservateurs, le vote du juge Clarence Thomas, qui, bien avant Dobbs, avait souligné que rien dans la Constitution américaine n'empêche un État fédéral d'interdire l'avortement, semble acquis. À ses côtés, l'avocat le plus fiable du banc était Samuel Alito, qui, dans son interrogatoire, a pressé Julie Rikelman, représentante légale de la Jackson Women's Health Organization et d'autres avorteurs, sur un point précis : l'incohérence et l'arbitraire de la loi dans l'établissement de la ligne avant et après laquelle il est légal ou non de prendre la vie d'un enfant à naître. Alito a également mis Elizabeth Prelogar, procureur général du gouvernement fédéral, en grande difficulté sur le principe du stare decisis (s'en tenir à ce qui a été décidé précédemment), lui faisant valoir qu'une décision "manifestement erronée" devrait être annulée à tout moment, sans autre considération. Le juge conservateur a rappelé le tristement célèbre arrêt Plessy contre Ferguson, un jugement de 1896 qui a confirmé la légitimité de la ségrégation raciale et qui, 58 ans plus tard seulement, a commencé à être démantelé (par l'affaire Brown et les suivantes).

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  • Peut-on questionner le rapport Sauvé ?

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    L'Homme Nouveau publie dans son numéro 1748 du 4 décembre huit pages exceptionnelles sur les décisions prises par les évêques de France lors de leur assemblée à Lourdes. Pour analyser ces décisions il était nécessaire de revenir sur le rapport de la Commission Indépendante sur les Abus Sexuels dans l'Eglise (CIASE) qui est à l'origine d'une grande partie des décisions sus-mentionnées. En parallèle de la sortie de ce numéro, huit membres de l'Académie catholique de France ont rédigé une note divulguée dans la presse et mettant en doute la méthodologie du rapport Sauvé. Face à ce travail de fonds Mgr Emmanuel de Moulin-Beaufort a annoncer démissionner de cette instance, sans répondre sur le bien-fondé de cette note. Est-ce à dire qu'il n'est plus possible de dialoguer dans et avec l'Eglise ? Philippe Maxence recevait pour parler de ce sujet : le Père Michel Viot, l'abbé Celier, l'abbé Guelfucci et Guillaume de Thieulloy.

  • Chili : rejet d'une proposition de loi visant à dépénaliser l'avortement jusqu'à 14 semaines de grossesse

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    Chili : les députés rejettent la dépénalisation de l’avortement

    2 Déc, 2021
     

    Mardi, les députés chiliens ont rejeté une proposition de loi qui visait à dépénaliser l’avortement jusqu’à 14 semaines de grossesse[1]. Elle avait été déposée en 2018 par l’opposition de gauche (cf. Des députées chiliennes déposent un projet de loi en vue de légaliser l’avortement jusqu’à 14 semaines). Les mêmes députés l’avaient approuvée en septembre (cf. Chili : la Chambre basse du Parlement vote l’avortement jusqu’à 14 semaines), mais ils ont rejeté la version modifiée adoptée par la Commission[2]. Le texte est ainsi « gelé » et ne pourra revenir devant le Parlement avant un délai d’un an.

    Au Chili, l’avortement est légal depuis 2017 en cas de danger pour la vie de la mère, de non viabilité du fœtus ou encore en cas de viol (cf. Le Chili dépénalise l’avortement dans certains cas).

    Par ailleurs dans ce pays, une proposition de loi visant à « légaliser le mariage entre personnes de même sexe » doit être examinée lundi prochain par une commission mixte paritaire, avec des conséquences sur l’adoption et la filiation des enfants. Plusieurs points ont « suscité des désaccords », notamment « l’élimination de motifs de divorce en cas de changement de sexe » ou l’ouverture à la GPA. Si le Parlement vote ce texte, le président devra encore le ratifier.

    [1] 65 votes contre, 62 votes pour et une abstention

    [2] La Commission avait « adapté [le texte] à la loi existante sur l’identité de genre ».

    Sources : AFP (30/11/2021) ; France 24 (2/12/2021)

  • Etats-Unis : la politique d'avortement rendue au peuple ?

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    Etats-Unis : « L’annulation de « Roe » rendra la politique d’avortement au peuple »

    2 Déc, 2021

    Les 1er et  2 décembre 2021, la Cour suprême examinait la plainte de Lynn Fitch, Procureur Général du Mississippi qui défend la loi de l’État sur l’avortement. Le Gestational Age Act interdit l’avortement après 15 semaines de grossesse (cf. Etats-Unis : L’avortement devant la Cour suprême). Lynn Fitch a porté plainte devant la Cour suprême des Etats-Unis, afin d’invalider son arrêt « Roe vs. Wade » qui autorise l’avortement aux Etats-Unis « tant que le foetus n’est pas “viable”, soit vers 22 à 24 semaines de grossesse ».

    Pour Scott Stewart, représentant de l’Etat, « mettre un terme à “Roe v. Wade” permettra, comme avant 1973, à chaque Etat de décider d’autoriser ou non les avortements et de rendre “la décision au peuple” ». Car lorsque la Cour suprême a rendu son arrêt Roe contre Wade, « elle a créé une série de règles spéciales qui ont confisqué la politique de l’avortement en la maintenant derrière les tribunaux, où des juges non élus décident le sort des lois du peuple », estime Lynn Fitch.

    Une Cour divisée

    Les positions des magistrats sont partagées. « Une interdiction après 15 semaines ne me semble pas un changement énorme par rapport à la viabilité, c’est la règle adoptée par une majorité de pays », estime John Roberts, le chef de la Cour.

    De son côté le juge Brett Kavanaugh estime que la Cour devrait « être scrupuleusement neutre », et donc « laisser cette décision aux élus ». « Si les gens pensent que tout est politique, comment la Cour pourrait-elle survivre ?”, estime quant à elle Sonia Sotomayor. Le président Biden a confirmé son soutien au maintien de l’arrêt.

    Des lois annulées en justice

    Depuis l’arrêt « Roe vs. Wade », les Etats ont tenté d’élaborer de nouvelles lois promouvant notamment « la défense du caractère sacré de la vie et la protection de la santé des femmes », affirme Lynn Fitch. Mais, elles ont été annulées par le pouvoir judiciaire. (Cf. Avortement au Texas : la Cour suprême laisse la loi en vigueur ; Texas : la loi interdisant les avortements après 6 semaines bloquée temporairement par un juge).

    Les évolutions du droit, des politiques publiques et de la société ont offert aux femmes la possibilité de concilier vie professionnelle et vie de famille, indique le procureur. De même, les lois « Safe Haven » existent désormais dans tous les Etats. Elles permettent aux femmes de confier leur nouveau-né à un établissement.

    Ouvrir un véritable débat

    L’arrêt « Roe vs. Wade » a créé de fortes oppositions entre les Américains, déplore Lynn Fitch. Il a plongé la « société dans un chaos », en obligeant « les Américains à décider entre être pro-vie ou pro-choix ».

    « Confiante dans le peuple américain », elle se dit « certaine que lorsque la Cour renversera Roe, un débat honnête sur une politique juste s’ensuivra » Un débat « difficile » qui pourra aboutir à des conclusions variables d’un État à l’autre« Mais c’est le rôle que la Constitution nous a donné, à nous, le peuple, et c’est le rôle que la Cour doit nous rendre maintenant. »

     

    Sources : The Washington Post, Lynn Fitch (28/11/2021) ; AFP (01/12/2021)

  • Le célibat des prêtres est incompréhensible, bien sûr !

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    Lu sur le site web « didoc » cet article de Jean de Saint-Chéron publié le 30 novembre 2021 :

    « Lors de la publication du rapport Sauvé, le célibat des prêtres a parfois été présenté comme une des causes des actes pédocriminels. Jean de Saint-Chéron (*) réfute avec force cette accusation et réaffirme le sens du célibat sacerdotal.

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    Le christianisme est une histoire de fou. Que voulez-vous. C’est la religion de tous les excès. On le sait depuis le début. « Nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les nations païennes », comme disait saint Paul (1 Co 1, 23). Le célibat « pour le Royaume », selon la formule consacrée, c’est-à-dire pour l’amour de Dieu et des hommes, qu’il concerne les religieux, les laïcs consacrés ou encore les prêtres, manifeste un peu de cette folie. « Mais, ajoute Paul, pour ceux que Dieu appelle, qu’ils soient Juifs ou Grecs, ce Messie, ce Christ, est puissance de Dieu et sagesse de Dieu » (1 Co 1, 24). Pour les chrétiens, la « folie » du christianisme est une image de la sagesse de Dieu. Or c’est toujours à cette dernière que se heurte notre bon sens bien terre à terre, quand nous essayons de comprendre la religion.

    S’agissant du célibat des prêtres dans l’Église catholique latine — où l’on n’ordonne prêtres que des hommes célibataires, tandis qu’en Orient, y compris dans l’Église catholique, il est possible d’ordonner des hommes mariés —, le débat n’est pas neuf, bien sûr. Au IVe siècle, saint Jean Chrysostome, évêque de Constantinople, rappelait à l’occasion de débats sur les mœurs sacerdotales : « Tout le monde juge le prêtre, et on le juge comme s’il n’était plus dans sa chair, comme s’il n’était pas pétri du limon commun, comme s’il était un ange affranchi de toutes les faiblesses de l’homme ». Or nous savons bien que c’est plus compliqué que ça. Mais pourquoi alors l’Église s’obstine-t-elle à prendre ses prêtres parmi des célibataires qu’elle appelle à garder cet état ?

    En 1967, en ce temps où la continence sexuelle n’était pas franchement dans l’air du temps, le pape Paul VI s’était fendu d’une encyclique sobrement intitulée Sacerdotalis caelibatus. Il y présentait en détail la triple signification du célibat sacerdotal : correspondance au Christ célibataire ; don radical de soi-même au peuple de Dieu ; témoignage de la vie éternelle. Loin de tout angélisme, le texte était non seulement bien incarné — et n’éludait pas l’épreuve que constitue le célibat, même choisi librement et par amour, dans la vie d’un homme — mais faisait droit aux grandes objections du monde et du « pragmatisme ». La lettre ouvrait en effet sur un exposé de ces objections (complexité historique de la question du célibat ; pénurie de prêtres ; « violence faite à la nature » ; risque d’infidélité au célibat et donc de défroquage, etc.). Cette liste demeure tout à fait actuelle en 2021, et les détracteurs du célibat sacerdotal en manque d’idées seraient bien inspirés d’aller y puiser de nouveaux arguments pour leurs dîners en ville.

    Avant d’essayer d’éclairer, par un très parcellaire rappel de ce qu’est au fond le christianisme, le sens du célibat sacerdotal, il est une objection contemporaine que l’on entend, que l’on lit, et qui se fraie aujourd’hui un chemin dans les méandres de certaines consciences visiblement très éclairées : il y aurait une causalité entre le célibat sacerdotal et les crimes abominables révélés par le rapport Sauvé. Il m’est extrêmement pénible d’avoir à rappeler ici que l’immense majorité des crimes pédophiles sont commis par des hommes qui n’ont pas voué le célibat, et qui ont d’ores et déjà une, un, ou plusieurs partenaires sexuels appartenant à la catégorie des adultes consentants. Il est pénible de le rappeler, mais sans doute faut-il que quelqu’un s’en charge. Qu’on établisse un lien entre la discipline du célibat et les prêtres qui partent avec une paroissienne ou, plus tragique, qui mènent une double vie dans l’ombre, soit. Mais avec la pédocriminalité !... Une telle suspicion de causalité repose d’ailleurs sur une étrange conception des penchants naturels de l’homme. Et ce serait une bien piètre vision du mariage que d’y voir un remède aux pires turpitudes sexuelles.

    Passée la mention de cette absurdité, il faut rappeler que le sens du célibat ne saurait en aucun cas se limiter à une discipline ecclésiastique, comme un « fardeau obligé » imposé à tous ceux qui auraient le désir de devenir prêtres. Au contraire, il faut comprendre que l’Église catholique latine n’appelle ses prêtres que parmi ceux qui choisissent d’être célibataires. Et si l’on est un catholique romain de rite latin, le fait de ne pas se sentir « appelé » au célibat est un excellent indice que l’on n’est tout simplement pas appelé à être prêtre. (Encore une folie que seule la foi permet de reconnaître comme une sagesse).

    Une fois que l’on a dit cela, n’esquivons pas la question du combat qui reste à vivre pour ceux qui sont appelés au célibat. Il ne s’agit pas de faire l’innocent, le désincarné ou le naïf, comme si de rien n’était. Mais de reconnaître l’épreuve pour en découvrir le sens profond, la grandeur, la joie mystérieuse d’une vie donnée et prophétique, selon le témoignage de tant de prêtres à la vie belle et féconde, aujourd’hui et au cours de l’histoire. Cette joie échappe à qui refuse d’entendre que dans le christianisme, « ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes » (1 Co 1, 25). Mais comprenons au moins que la « folie de Dieu » est toujours ordonnée à l’amour, et nulle radicalité chrétienne ne saurait aboutir à un fanatisme violent — qui est bien plutôt la marque d’une absence de dieu.

    Le Père Albert Chapelle, grand théologien jésuite, écrivait en 1977 dans Sexualité et sainteté que « qui n’accepte pas de ressentir le célibat de manière douloureuse ne sait pas ce qu’est le célibat. Le célibat appauvrit au niveau pulsionnel ; le célibat est renoncement au complément d’humanité qu’un partenaire de vie peut apporter ». Or seul le mystère de l’Évangile, ainsi que le mystère d’une vocation propre, peuvent faire entrer dans l’intelligence d’un acte aussi élevé que celui du renoncement volontaire à la vocation naturelle de l’homme (le mariage), qui est chose bonne et archi-bonne. Écartons tout de suite que dans la spiritualité chrétienne le mariage ne serait pas vu comme un choix radical, un don de sa vie par amour. Le célibat des prêtres est incompréhensible, bien sûr ! Mais le Christ lui-même proclame au sujet de ceux qui renoncent à se marier « à cause du royaume des cieux », que peut seul le comprendre « celui qui peut le comprendre » (Mt 19, 12). Or ceux qui à la fois « peuvent comprendre » et sont appelés à embrasser cette vie ne forment qu’une infime partie de la population (sinon le taux de natalité en prendrait un coup).

    Nous autres laïcs, croyants ou non, que pouvons-nous comprendre ? Certains prêtres eux-mêmes confient n’avoir compris que bien tard le sens du célibat auquel ils s’étaient sentis appelés des années plus tôt, en discernant sans doute la grandeur amoureuse radicale, sans bien la saisir. Tel est le cas de Mgr Gobilliard, évêque auxiliaire du diocèse de Lyon, qui évoque la « croix » du célibat et la « souffrance » du renoncement à être père selon la chair, tout en disant la joie très haute de ce sacrifice : « Je me souviens très bien du jour où j’ai à la fois compris et accepté mon célibat, écrit-il. J’étais déjà prêtre. C’était à l’hôpital Spallanzani, hôpital de phase terminale des maladies infectieuses où j’étais aumônier. Mario, auprès de qui je me trouvais, était en train de mourir du S.I.D.A. Un jour, me regardant bien dans les yeux, il m’a dit : “Je crois avoir compris le célibat des prêtres !” Du tac au tac, je lui ai répondu : “Eh bien explique-moi parce que moi, je n’ai pas tout compris !” Il a réfléchi et paisiblement il m’a dit : “Quand tu es là, je me repose dans ton cœur ! […] Il n’y a personne dans ton cœur que tu dois aimer plus que moi lorsque tu es à côté de moi. Ton cœur est libre d’être pour moi tout seul, et c’est cela qui me repose. […] Si tu étais marié, alors je saurais qu’il y a dans ton cœur quelqu’un de plus important que moi et ce serait normal. Pareil si tu avais des enfants. […]” Il avait raison, le célibat que vit le prêtre diocésain, c’est le célibat même du Christ. Tout cela nous dépasse et, bien sûr nous ne sommes jamais à la hauteur de l’exigence que ce célibat implique ». C’est en découvrant qu’il avait choisi d’être un pauvre parmi les pauvres que celui qui était alors un prêtre mûr a compris le sens de ce qu’il vivait depuis quinze ans.

    La question surnaturelle, quand il s’agit de christianisme, ne peut être éludée. C’est toujours à ça qu’il faut revenir. Car rien n’est plus concret que le célibat d’un prêtre, ni plus mystérieux. C’est une réalité physique, visible, difficile, dont le sens redit par le pape Paul VI il y a plus de cinquante ans révèle la haute dignité de l’homme, capable d’aimer au-delà de ses forces, et ainsi de parler de l’invisible. Si la sagesse de ce monde est folie devant Dieu, le christianisme a l’audace d’enseigner que c’est parce que la sagesse du monde ne regarde pas assez loin. « Tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celle des hommes » (Mt 16, 23), dira le Christ à Pierre effrayé à l’idée de la croix.

    Le célibat consacré ne rabaisse ni la dignité de l’acte sexuel ni la splendeur du mariage. Il dit autrement, de façon plus surnaturelle, de façon incompréhensible peut-être à nos esprits trop inquiets de ne plus jouir, que l’amour est un don total de soi, et que les chrétiens vivent déjà d’une autre vie, éternellement joyeuse. Les prêtres qui vouent le célibat sont des témoins de l’invisible, comme des sentinelles de l’espérance. Ils témoignent que, selon le mot de Thérèse d’Avila, Dieu seul suffit à remplir une vie humaine. Ils nous disent que nous sommes faits pour nous donner entièrement et pour vivre éternellement.

    Devant une signification si haute, on perçoit mieux la blessure que fait à toute l’Église l’infidélité à ce célibat. On perçoit aussi combien — par-delà tous les arguments fallacieux calqués sur l’esprit du monde — l’Église catholique de rite latin perdrait de son prophétisme, même incompris ou mal compris, en revenant sur cette discipline qui veut qu’elle n’ordonne prêtres que des célibataires. Jamais on ne pourra comprendre le christianisme et son ahurissante folie si l’on cesse de considérer qu’un chrétien est quelqu’un qui croit vraiment à la résurrection du Christ, dans sa chair. Et qui affirme que la vie est éternelle.

    Ref. Le célibat des prêtres est incompréhensible, bien sûr !

     

    (*) Jean de Saint-Chéron est essayiste et a publié « Les bons chrétiens » en 2021 (Salvator), un essai sur le sens du christianisme dans le monde contemporain. Source : https://www.lefigaro.fr/vox/religion/les-pretres-qui-vouent-le-celibat-sont-des-temoins-de-l-invisible-des-sentinelles-de-l-esperance-20211124.

  • Le wokisme : une idée chrétienne devenue folle ?

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    De Jean-Pierre Denis sur le site de l'AntiEditorial.fr :

    Le wokisme, nouveau visage du militantisme

    Êtes-vous woke ? C’est un mot, un petit mot anglais. Ce mot, woke, certains n’en ont jamais entendu parler. Et pourtant, d’autres sont en train de s’écharper à ce sujet. L’AntiÉditorial s’est plongé dans ce concept, certains disent cette nouvelle idéologie.

    De quoi s’agit-il ?  

    Woke… rien à voir évidemment avec le wok asiatique utilisé en cuisine ou au Scrabble. Pour les uns, c’est la seule façon de voir le monde, le grand combat pour la justice, voire la cause des causes. Pour les autres, c’est la nouvelle lubie venue des États-Unis, la nouvelle idéologie, voire la nouvelle folie. Mais en vrai, c’est quoi le woke ?

    C’est d’abord le passé simple du verbe to wake up, « se réveiller ». Être woke, c’est ouvrir les yeux sur les injustices raciales et sexuelles et penser le monde à partir de cette grille de lecture. C’est considérer que ces oppressions réelles ou ces violences symboliques, que personne ne semblait voir, sont en fait aveuglantes. Et elles ne sont pas le fait des individus, mais le produit d’une culture. Il ne faut donc pas seulement lutter contre les discriminations. Il faut combattre le système pour abattre une structure sociale.

    En 1939, un chanteur de blues, Lead Belly emploie le mot pour la première fois dans un sens militant, engagé contre le racisme. En juin 1965, Martin Luther King l’utilise dans un discours à l’université Oberlin, dans l’Ohio. En 2008, il y a eu la chanson d’Erykah Badu, Master Teacher. Son refrain lancinant, I stay woke, est devenu viral. Puis le concept a fini par échapper à l’artiste.

    En quelques années, on a changé de dimension. Du mot, on est passé au phénomène de société. C’est à partir du moment où le terme a été repris par le mouvement américain Black Lives Matter qu’il s’est vraiment imposé dans les médias et sur les réseaux sociaux. En 2016, un documentaire sur le mouvement Black Lives Matter s’intitule, justement, Stay woke.

    Le triangle woke

    Et pourtant, le racisme n’est déjà plus que l’un des sujets du mouvement wokeL’historien Pap Ndiaye parle d’un « triangle militant qui mobilise une partie de la jeunesse mondiale ». À l’angle de l’antiracisme s’ajoute la lutte contre le réchauffement climatique. Selon Pap Ndiaye, « Greta Thunberg est une figure typiquement woke ». Et le troisième angle, c’est l’égalité femmes-hommes, la lutte contre les violences sexuelles et contre le sexisme, la défense des minorités sexuelles ou même de minorités dans ces minorités.

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  • Joséphine Baker : une femme qui croyait en Dieu et qui priait tous les soirs

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    De Michel Janva sur le Salon Beige :

    Joséphine Baker : “Il faut croire en Dieu. Je crois, il n’y a pas de meilleure force. On dira ce que l’on voudra. Tous les soirs, je fais ma prière”

    Au Panthéon repose désormais une femme qui croyait en Dieu et qui priait tous les soirs. Mais Emmanuel Macron a “oublié” de le dire dans son discours.

    “Il faut croire en Dieu. Je crois, il n’y a pas de meilleure force. On dira ce que l’on voudra. Tous les soirs, je fais ma prière, une prière que j’imagine et que je chante sur un air de chanson.”

    Dans Les mémoires de Joséphine Baker :

    Joséphine Baker est récupérée par les militants de l’antiracisme. Mais en 1975, Libération insultait Josephine Baker. Elle était accusée de réunir un public réac…

    Mais Libé a une excuse : “Libération de 1975 était plus un terrain d’expérimentations journalistiques.”
  • Vers une nouvelle guerre scolaire ?

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    De Ralph SCHMEDER, responsable du Service de presse du diocèse de Liège :

    La menace d’une nouvelle guerre scolaire ?

    Chère lectrice, cher lecteur,

    D’habitude, le mois de décembre est un mois paisible. Le temps de l’Avent, dont les lumières éclairent l’obscurité de l’hiver naissant, conduit vers la fête de la Nativité, fête de la paix. Qu’en sera-t-il cette année puisque le cours de religion dans nos écoles est une fois de plus en danger ?

    Le 22 novembre laissera des traces d’une autre époque, avec un triste air déjà vu de guerre scolaire. Lors d’une déclaration conjointe, des parlementaires issus du Parti Socialiste, d’Ecolo et du Mouvement Réformateur, trois partis de la majorité de la Fédération Wallonie-Bruxelles, ont présenté les conclusions du groupe de travail en charge d’un examen du cours d’Education à la Philosophie et à la Citoyenneté (EPC). Sans avoir consulté les représentants des cultes, ils recommandent l’augmentation de ce cours à deux heures par semaine dans l’officiel et la suppression de l’obligation du cours de religion. L’enseignement libre serait alors le seul réseau où le cours de religion serait encore clairement inscrit dans le programme.

    Dès l’annonce de ce projet, le porte-parole francophone de la conférence des évêques, Tommy Scholtes, a immédiatement réagi : « Cela me paraît une grave erreur de sortir les cours de religion ou de morale de la grille scolaire habituelle des élèves. Si la constitution en son article 24 demande qu’on organise un cours, ce n’est pas pour le sortir de la grille. C’est oublier que la religion et la morale font partie de manière constitutive de la vie sociale et culturelle des jeunes citoyens que sont les élèves. Transférer de manière facultative le cours en le rendant à option, c’est laisser place à toutes sortes d’initiatives qui seront organisées en dehors des écoles et donc du contrôle d’une inspection scolaire. »

    A l’heure où j’écris ces lignes, la première vague d’indignation dans le monde catholique est déjà passée, et on peut espérer que l’Eglise (comme d’ailleurs les autres religions) puisse encore faire entendre sa voix pour répondre à cette nouvelle attaque. Même si ce projet ne concerne que les écoles officielles, on peut penser qu’il ne s’arrêtera pas là. Tôt ou tard, on remettra aussi en question le cours de religion dans le réseau des écoles catholiques. Le mardi 23 novembre, j’ai assisté à une réunion « en distanciel » du conseil presbytéral, où l’assemblée (y compris notre évêque et son vicaire général) s’est prononcée à l’unanimité pour la nécessité de se défendre par rapport à ces tentatives de plus en plus ouvertes de faire disparaître l’enseignement de la religion chrétienne dans nos écoles.

    Un confrère curé témoignait : « Dans les écoles communales de mon Unité pastorale, déjà à l’heure actuelle, il n’y a plus eu de cours de religion depuis deux ans, et à la catéchèse de profession de foi, on sent déjà clairement la différence de niveau de culture religieuse entre les enfants qui fréquentent l’officiel et ceux qui sont dans une école catholique ».

    Comment réagir ? Les représentants des cultes n’ont plus les mêmes appuis politiques que par le passé. Faut-il lancer des pétitions, écrire des cartes blanches dans la presse ? La mobilisation des parents, qui devraient réclamer le droit à une formation aux valeurs chrétiennes, est une autre possibilité qui pourrait avoir un certain poids.

    Toute cette discussion est un bon exemple de cette « guerre froide » malheureuse qui divise notre société, entre ceux qui veulent réduire la pratique d’une religion à une affaire strictement privée et ceux, dont je suis, qui restent persuadés que les valeurs (morales et spirituelles) véhiculées par les religions sont des biens publics constitutives de notre société. Une « société laïque », est-ce une société dirigée par une certaine laïcité dont l’idéologie est le combat contre les religions établies, notamment le catholicisme et l’islam ? Est-il encore permis de rêver d’une société où il y a de la place pour toutes les convictions, où on peut s’enrichir mutuellement, dans le respect de ceux qui se réclament du Dieu de Jésus-Christ, d’Allah ou de Bouddha ?

    Mais que ces rumeurs de guerre idéologique ne nous empêchent pas de nous préparer intérieurement à la fête de l’Incarnation de Dieu dans notre monde. Déjà il y a 2000 ans, un petit nouveau-né, venu au monde dans une étable à Bethléem, a fait frémir les puissants de son temps. Et pourtant, il est venu pour annoncer la paix de Dieu et pour inaugurer ce qu’il appellera lui-même le « Royaume des cieux ».

  • France : toujours plus d'avortement...

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    De Gènéthique Magazine :

    Toujours plus d’avortement : un débat idéologique de plus à l’Assemblée

    1 Déc, 2021

    La deuxième lecture de la proposition de loi visant à « renforcer le droit à l’avortement » (PPL Gaillot) s’est achevée mardi 30 novembre, après 9 heures de débat, seulement. Elle a été votée par 79 voix contre 36.

    Au cours de cette 2ème journée de discussion, si la clause de conscience spécifique n’a finalement pas été supprimée (cf. La clause de conscience : seule rescapée de la « loi Gaillot »), le prétendu « droit à l’avortement » a été vivement défendu par la majorité face à la protection de la vie humaine soutenue par plusieurs députés.

    Le renforcement du « droit à l’avortement » acté : une victoire de l’idéologie féministe

    Aucun amendement n’a été adopté concernant l’article 1er, disposition phare du texte.

    L’allongement du délai à 14 semaines de grossesse a été voté, malgré l’opposition bien présente : le rejet de l’amendement proposant sa suppression a donné lieu à une égalité des voix.

    Le droit d’être informée et de choisir sa méthode d’IVG reflète l’idée que l’avortement est uniquement un « droit des femmes », laissant penser que le médecin n’est là que pour réaliser une prestation réclamée par sa patiente.

    L’extension de la compétence des sages-femmes en matière d’IVG a été renforcée à l’article 1bis par l’adoption de 4 amendements.

    Par 4 amendements de Cécile Muschotti (LREM), Annie Chapelier (LREM), et Marie-Noëlle Battistel (PS), les sages-femmes pourront désormais pratiquer une IVG chirurgicale jusqu’à 14 semaines dans un établissement de santé (amendements n° 432, 457, 438, 439).

    La suppression du délai de 48h suivant l’entretien psycho-social a été maintenue à l’article 1er Ter.

    Le seul délai restant de 48h après l’entretien psycho-social facultatif a été supprimé définitivement, malgré l’indignation de plusieurs députés : « Prendre le temps de réfléchir n’est pas un signe de faiblesse. La femme a le droit de douter, d’avoir cette liberté de choisir ! », s’exclame Nathalie Bassire (LR), quand Philippe Gosselin (LR) appelle à « cess[er] de mettre une pression sur les femmes ».

    La suppression de la clause de conscience a été amendée avec succès par 3 députés

    La clause de conscience spécifique est maintenue mais un répertoire des médecins et établissements pratiquant des avortements sera créé (cf. La clause de conscience : seule rescapée de la « loi Gaillot »).

    L’obligation de soigner a été étendue définitivement à la contraception d’urgence à l’article 2bis A

    Les articles 2bis et 2ter relatifs au délit d’entrave et l’« accès à l’IVG » n’ont pas été modifiés :

    Un rapport sur le délit d’entrave et l’accès à l’IVG est désormais prévu. Les efforts pour amender leur contenu sont restés lettre morte.

    Certains députés ont pourtant insisté sur le besoin de pluralité des sources, celui de faire également le bilan des actions de prévention, des conséquences physiques et psychologiques de l’avortement, un point de situation sur les aides pour les femmes qui veulent garder leur enfant, la réintroduction de ces informations dans les documents guides distribués aux femmes. En vain.

    Olivier Véran condescendant face à l’opposition

    Le ministre des solidarités et de la santé, Olivier Véran, s’est montré condescendant envers les opposants au texte, utilisant un ton dédaigneux à leur égard. Malgré ses avis de « sagesse » et l’absence d’engagement exprès du gouvernement, il n’a pas manqué une occasion de caricaturer ses opposants et d’apporter un soutien marqué dans son argumentation à la proposition de loi. En témoigne ce qu’il dit : « Que les parlementaires permettent aux sages-femmes de pratiquer des IVG chirurgicales, c’est une bonne nouvelle ».

    Tout ce qui était expérimental devient pérenne sans plus attendre.

    Deux dispositions ont été pérennisées alors qu’elles avaient été adoptées à titre expérimental : d’une part l’IVG chirurgicale par les sages-femmes, permise dans la loi de financement de la sécurité sociale pour 2021, à titre expérimental pour 3 ans. Avant même que l’expérimentation ne commence, comme l’a souligné Olivier Véran, les députés s’empressent de la pérenniser en allongeant son délai : les sages-femmes pourront désormais pratiquer l’IVG chirurgicale jusqu’à 14 semaines.

    D’autre part, l’IVG médicamenteuse avait été étendue jusqu’à 7 semaines à domicile pendant la crise sanitaire. De la même manière, les députés se sont empressés de pérenniser cette extension, alors même que la fin du confinement rend caducs les motifs invoqués pour la mise en place de cette mesure.

    Philippe Gosselin conclut : « C’est bien la peine que le Parlement vote quelque chose, l’exécutif n’en fait qu’à sa tête ». En réalité, on constate que toute mesure prise à titre expérimental a vocation à être pérennisée, et parfois avant même toute expérimentation effective. La loi Veil avait été adoptée à titre expérimental pour 5 ans (cf. De la loi “Veil” à la loi “Gaillot”)…

    Des députés engagés qui osent, face à une majorité aveuglée par l’idéologie

    Quand les termes qui reflètent la réalité sont bannis (cf. Débat à l’Assemblée : Avorter sans jamais parler de la réalité) et que le droit des femmes est défendu comme le seul droit fondamental, des députés courageux ont marqué un souci de revenir à la réalité des faits et à l’intérêt général. Ils ont ainsi recentré le débat : Julien Aubert (LR) a rappelé qu’il fallait débattre sur « les droits fondamentaux de la femme, mais aussi sur le fœtus ». « Un enfant à naître n’est pas un droit mais un enfant », a ajouté Marie-France Lorho (NI).

    Ils n’ont cessé de dénoncer l’idéologie criante de la majorité : « Vous avez une vision unique » a dénoncé Patrick Hetzel (LR). Philippe Gosselin a souligné qu’il ne fallait « pas considérer que le recours à l’IVG est systématiquement la réponse qui doit être donné à [la] détresse » des femmes. De son côté, Anne-Laure Blin (LR) a questionné les députés sur leur approche idéologique du débat : « Vous voulez faire tout pour que les femmes n’aient plus qu’un seul choix : celui d’avorter ? De quoi avez-vous peur ? Faites-vous aussi peu confiance aux femmes ? »

    La proposition de loi visant à « renforcer le droit à l’avortement » a donc été adoptée à l’Assemblée Nationale, sans réticence du gouvernement. Au contraire. Le seul espoir de ne pas aggraver l’atteinte à la vie des enfants in utero repose désormais entre les mains des sénateurs. Ils n’ont que trois mois pour inscrire le texte à l’ordre du jour du Sénat. A ce stade, aucun groupe ne semble être décidé. Mais les temps à venir seront très politiques…