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Société - Page 208

  • Communiqué de Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, sur le Motu proprio du Pape François Traditionis custodes

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    Aillet 12-Mgr-Marc-Aillet.jpgVoici le texte de Mgr Aillet publié sur le site web du diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron dont on voudrait espérer que l’exemple sera suivi par un grand nombre de ses confrères :

    « Chers frères et sœurs,

    Le Pape François a promulgué le vendredi 16 juillet 2021, en la mémoire de Notre-Dame du Mont Carmel, un Motu proprio, intitulé Traditionis Custodes - Gardiens de la Tradition -, sur l’usage de la liturgie romaine antérieure à la Réforme de 1970. Il va sans dire que nous accueillerons ce motu proprio avec le même sens de l’Eglise et la même communion avec le Successeur de Pierre que le Motu proprio Summorum Pontificum, promulgué par le Pape Benoît XVI, le 7 juillet 2007.

    Le Pape rappelle qu’en tant que « gardiens de la tradition, les évêques, en communion avec l’évêque de Rome, constituent le principe et le fondement visible de l’unité dans leurs Eglises particulières ». Aussi, comme le stipule l’art. 2 du Motu proprio, « En tant qu’il est le modérateur, le promoteur et le gardien de toute la vie liturgique dans l’Eglise particulière qui lui a été confiée, c’est à l’évêque diocésain qu’il appartient de régler les célébrations liturgiques dans son propre diocèse. Par conséquent, c’est sa compétence exclusive d’autoriser l’usage du Missel Romain de 1962 dans le diocèse, selon les orientations du Saint-Siège ».

    Dans la lettre adressée aux évêques pour accompagner ce motu proprio, le Pape François explique pourquoi il a été amené à prendre de nouvelles dispositions qui abrogent celles prises par ses vénérés prédécesseurs. Tout en saluant la sollicitude paternelle et la magnanimité de Saint Jean Paul II et du Pape émérite Benoît XVI, pour faciliter l’usage du Missel de 1962, en vue de promouvoir la communion au sein de l’Eglise, le Saint-Père dit sa tristesse de constater, au terme de l’enquête qu’il a diligentée auprès des évêques du monde entier, que la possibilité offerte par ses prédécesseurs « ait été utilisée pour augmenter les distances, durcir les différences, construire des oppositions qui blessent l’Eglise et en entravent la progression, en l’exposant au risque de divisions ».

    Conscient de possibles dérives induites ici ou là dans l’Eglise et toujours à corriger, j’atteste pour ma part que l’application loyale du Motu proprio Summorum Pontificum dans le diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron, a favorisé un climat de paix et de respect mutuel entre les prêtres et les fidèles attachés à ce que Benoît XVI désignait comme la forme ordinaire et la forme extraordinaire de l’unique rite romain. Il me semble pouvoir attester que les prêtres assurant dans le diocèse de Bayonne le service de la liturgie selon le Missel de 1962, adhèrent pleinement au Concile Vatican II, reconnaissent la légitimité du Missel de 1970, expression par excellence de la lex orandi de l’Eglise latine, et cultivent un sens aigu de la communion ecclésiale en participant activement aux manifestations et célébrations, comme aux orientations pastorales et missionnaires du diocèse. Je sais qu’ils ont le souci de faire grandir dans la foi, la vie chrétienne et le sens de la communion et de la mission, les fidèles qui participent habituellement ou occasionnellement aux célébrations liturgiques qu’ils président. Je constate d’ailleurs que leurs assemblées sont relativement jeunes et qu’on y trouve des familles très soucieuses de transmettre la foi à leurs enfants et de les éduquer à « sentire cum Ecclesia –  sentir avec l’Eglise ».

    Je veux leur redire ma confiance et les invite à poursuivre leurs efforts dans le même sens, dans l’esprit du nouveau Motu proprio Traditionis Custodes, dont je préciserai ultérieurement les modalités d’application. Et s’ils ressentent de l’incompréhension, je les invite à ne pas céder à la colère ni à des attitudes de fermeture ou de repli, mais bien plutôt, à l’instar de l’apôtre Thomas dans l’Evangile (cf. Jn 14, 5-6), à demander au Seigneur lui-même des explications, dans une prière d’abandon à sa volonté.

    Les prêtres qui célèbrent le Missel de 1962, en communion avec l’évêque, appartiennent pleinement au presbyterium du diocèse, au sein duquel ils entretiennent des relations fraternelles avec les autres prêtres et y assument des services diocésains appréciés. Je redis aux fidèles attachés au Missel de 1962 qu’ils sont membres à part entière de la communauté des fidèles qui constituent le diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron et je les invite à recevoir ce Motu proprio avec foi, confiance et sens de l’Eglise.

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  • Allemagne : en 2020, la fréquentation des églises est tombée à son plus bas niveau depuis plusieurs décennies

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    De KathNet/news :

    La fréquentation des églises tombe à son plus bas niveau depuis plusieurs décennies en 2020 en Allemagne - A peine 5,9% aujourd'hui !

    14 juillet 2021

    Statistiques ecclésiastiques 2020 : malgré les informations médiatiques faisant état de "nombreux départs d'églises" dans l'archidiocèse de Cologne, les départs d'églises sont nettement moins nombreux en 2020 qu'en 2019, avec 17.281 départs d'Eglises.

    En Allemagne, les statistiques ecclésiastiques pour 2020 ont été publiées mercredi, montrant qu'en Allemagne les catholiques sur le papier représentent 26,7 % de la population totale. Officiellement, il y a encore 22.193.347 membres d'Eglise. Environ 221.000 membres ont quitté l'Église catholique, tandis que chez les protestants, le chiffre était de 220.000. Selon une dépêche de la DBK, les statistiques pour 2020 sont fortement influencées par les effets de la pandémie de coronavirus, car celle-ci a eu de nombreuses répercussions sur la vie ecclésiale. "En raison des mesures de protection et d'hygiène nécessaires, les services religieux n'ont pas pu être célébrés et les offrandes religieuses n'ont pas pu être prises en charge comme les années précédentes. Cela a eu un effet correspondant sur les chiffres. A cela s'ajoutent les changements structurels dans les (arch)diocèses. Par exemple, le nombre de paroisses a diminué pour atteindre 9.858 (2019 : 9.936). " Selon la DBK, il y a un total de 12.565 prêtres (2019 : 12.983), dont 6.303 sont des aumôniers de paroisse (2019 : 6.460). Dans les autres ministères pastoraux, les statistiques 2020 font état de 3.245 diacres permanents (2019 : 3.335), 3.244 assistants/référents pastoraux (femmes : 1.539, hommes : 1.705) et 4.426 assistants/référents paroissiaux (femmes : 3.479, hommes : 947). Le nombre d'ordinations sacerdotales en 2020 était de 56 prêtres séculiers et onze religieux.

    Selon la DBK, la fréquentation des services religieux a fortement chuté en 2020 pour atteindre 5,9 % (2019 : 9,1 %) - notamment en raison de la corona. Les chiffres relatifs à la réception des sacrements sont également le reflet de la pandémie de Corona et de changements internes à l'église et démographiques plus longs. Par exemple, le nombre de mariages à l'église a été de 11.018 (2019 : 38.537), le nombre de baptêmes de 104.610 (2019 : 159.043) et le nombre de premières communions de 139.752 (2019 : 166.481). Les inhumations sont en légère hausse à 236.546 (2019 : 233.937). En 2020, 1.578 personnes ont rejoint l'Église catholique (2019 : 2.330), et 4.358 personnes ont été réadmises (2019 : 5.339). Le nombre de personnes quittant l'Église reste élevé en 2020, mais à 221.390, il est en baisse de 18,8 % par rapport à 2019 (2019 : 272.771).

    La situation dans l'archidiocèse de Cologne est remarquable. À la fin de l'année 2020, 1.868.567 catholiques appartenaient à l'archidiocèse de Cologne. C'est 37.335 de moins que l'année précédente. Malgré les informations médiatiques faisant état de "nombreux départs d'Eglises", il y a eu nettement moins de départs d'églises en 2020 qu'en 2019, avec 17.281. L'année précédente, il y a eu 24.298 départs. Dans d'autres diocèses allemands, le nombre de personnes quittant l'Eglise en 2020 a également diminué.

  • Inondations : le communiqué de l'évêque de Liège

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    Diocèse de Liège – Communiqué de l’évêque

     

     

    Chers Frères et Sœurs,

     

    Les inondations de plus en plus catastrophiques de ces derniers jours ont provoqué de grandes souffrances dans la population de notre province. De nombreux endroits sont inondés, comme les centres-villes d’Eupen-bas, de Verviers, de Spa, de Theux, de Chaudfontaine, de Chênée, d’Angleur. La ville de Liège est menacée aussi. Nous déplorons le décès de plusieurs personnes. Nos autorités font le maximum pour venir en aide à chacun, nous les en remercions de tout cœur. Elles sont évidemment limitées dans leurs moyens par la violence des éléments naturels. Merci aussi à tous les bénévoles qui s’emploient à secourir leurs proches.

    L’angoisse étreint beaucoup de familles au vu des dégâts dus aux eaux et sous la menace d’une crue plus forte encore. C’est pourquoi nous invitons chacun à la solidarité avec ses proches et avec les personnes dans le besoin. Les locaux paroissiaux ou les églises peuvent être mis à la disposition des personnes nécessiteuses s’ils sont protégés contre les eaux. Malheureusement de nombreuses églises sont inondées à leur tour.

    Que cela ne nous empêche pas de nous porter mutuellement dans la prière. Vous trouverez ci joint un texte de prière préparé par l’abbé Pierre Hannosset, curé de l’UP Notre-Dame des Sources – Chaudfontaine-Trooz, et disponible sur le site http://www.ndds.be/images/Annoncer/meditations/2021-07-14b.pdf. Merci à lui de nous aider à prier en ces temps pénibles, à garder espoir et confiance dans l’épreuve. Soyons confiants dans la force du Seigneur, communiquée à nous par son Esprit-Saint. Prions par l’intercession de Marie, la Vierge des Pauvres, elle qui nous a précédés dans la voie des épreuves et qui nous protège dans l’adversité.

    Courage à tous !

    Jean-Pierre Delville, évêque de Liège

    Liège, jeudi 15 juillet

     

    Et aussi : Inondations en Belgique : le card. Jozef De Kesel appelle à la solidarité

  • Nicolás Gómez Dávila : un penseur antimoderne authentique

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    De Denis Sureau sur le site de La Nef :

    Nicolás Gómez Dávila, antimoderne authentique

    Nicolás Gómez Dávila (1913-1994), écrivain, philosophe et moraliste colombien est un esprit puissant peu connu en France. Deux parutions récentes sont l’occasion de découvrir ce penseur antimoderne original.

    Le penseur colombien Nicolás Gómez Dávila (1913-1994) est de la lignée des moralistes français qu’il appréciait tant – La Rochefoucauld, La Bruyère ou Rivarol –, alliant acuité de la réflexion et beauté du style.

    Si son œuvre est magistrale, le récit de sa vie n’a rien d’éclatant. Sa riche famille de Bogota vivant du commerce du tissu décide en 1919 de s’installer à Paris pour donner au jeune Nicolás une bonne éducation à la française. En 1929, alité deux ans suite à une grave pneumonie, il se forme aux humanités grâce à un précepteur et se passionne pour la littérature classique. Outre le latin et le grec, il pratiquera le français, l’anglais, l’allemand, l’italien, le portugais, le russe et le danois afin de lire les œuvres dans leur langue originale. Son amour pour la France et sa langue égale son mépris hautain pour la culture hispanique.

    De retour en Colombie en 1936, il se marie avec une jeune fille de bonne famille qui lui donnera trois enfants. Après un périple automobile en Europe, il passera le reste de son existence dans sa bibliothèque de 30 000 volumes – souvent beaux et précieux – qu’il ne cessera pas d’étudier ; sa fille rapportera : « Sa bibliothèque était son monde. Il y vivait, lisait, écrivait, s’y réunissait avec ses amis. Lorsqu’il est tombé malade nous avons descendu son lit dans la bibliothèque. » Il était entouré d’un cercle d’amis qui admiraient ses réflexions. Ses activités mondaines se limitèrent principalement à des réunions d’administrateurs. Il aurait refusé d’être ambassadeur à Londres et candidat du Parti conservateur à la présidence de la République. Son idéal d’humaniste au sens classique était de « vivre avec lucidité une vie simple, silencieuse, discrète, parmi les livres intelligents, aimant quelques êtres chers ».

    Ses nombreuses lectures lui inspirèrent plus de 13 000 aphorismes qu’il intitulait mystérieusement « scolies pour un texte implicite », peut-être parce qu’il les considérait comme des notes en marge des grandes œuvres qu’il lisait et méditait. Ses amis l’incitèrent à publier ces formules brèves mais percutantes, ce qu’il fit, sans avoir le souci de la célébrité, alors qu’il avait déjà dépassé la soixantaine : sept livres qui sont le fruit d’une vie intellectuelle et spirituelle. Des traductions suivirent en allemand, puis en français (1), en italien, en polonais et en anglais, remarquées par des personnalités aussi différentes que Robert Spaemann, Martin Mosebach, Ernst Jünger, Jean Raspail ou Alain Finkielkraut.

    Deux récentes publications

    Le Bogotain est encore peu connu en France. C’est pourquoi il faut saluer deux parutions de nature à attirer l’attention. D’une part la publication d’un petit livre qui se présente comme un petit traité et non la succession d’aphorismes : la traduction de son De Iure sous le titre de Critique du droit, de la justice et de la démocratie (2) – qui manifeste une convergence avec la pensée de Michel Villey, qu’il n’a pourtant pas lu. Et d’autre part la sortie de la thèse de Michaël Rabier, Nicolás Gómez Dávila, penseur de l’antimodernité (3), qui montre les diverses faces d’un auteur dont le mode d’expression même pourrait décourager toute systématisation. Il était en effet hostile à tous les systèmes, qu’il s’agisse de constructions telles que celle de Kant ou de Hegel, mais aussi d’une scolastique trop aristotélicienne ou du « droit-naturalisme néothomiste ». Dans ses derniers écrits, il va jusqu’à déclarer : « J’ai vu la philosophie s’évanouir peu à peu entre mon scepticisme et ma foi ». Plus précisément : « Qu’est la philosophie pour le catholique sinon la manière dont son intelligence vit sa foi ? » Le choix de la scolie n’est pas innocent pour un philosophe « antiphilosophe » qui pense que la philosophie ne devrait s’écrire que sous une forme littéraire : « La littérature est la plus subtile et, peut-être, la seule philosophie exacte. »

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  • Pro et anti-vaccins : un dialogue électrique

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    De Jeanne Ferney sur le site du journal La Croix :

    Covid-19 : entre pro et anti-vaccins, un dialogue électrique

    Alors que le variant Delta fait planer la menace d’une nouvelle vague dès cet été, la pression sur les non-vaccinés monte d’un cran. Au bureau, à la maison ou sur les réseaux sociaux, les échanges entre ceux qui ont sauté le pas et ceux qui s’y refusent se tendent rapidement.

    « Et vous, comptez-vous vous faire vacciner ? » Ludivine (1), psychologue en Bourgogne, pose souvent la question à ses patients. Et, quelle que soit la réponse, tâche d’écouter sans juger. Cette vaccinée de la première heure est en revanche nettement moins compréhensive quand la réticence provient de professionnels en contact avec des personnes vulnérables.

    « L’autre jour, pendant une session avec des éducatrices, j’ai suggéré que le vaccin allait nous permettre de nous passer du masque en septembre, raconte-t-elle. L’une d’elles a répliqué : “Ça ne passera pas par moi !” Non seulement, on va devoir continuer à porter le masque, mais en plus, elle met en danger les personnes handicapées auprès desquelles elle travaille. » Sur le coup, elle n’a fait aucune remarque. « À quoi bon ? Les positions sur ce sujet sont trop tranchées, cela va forcément déboucher sur un conflit. »

    Combien de scènes de tension similaires se sont-elles déroulées ces dernières semaines, alors que la dégradation de la situation épidémique accroît la pression sur les réfractaires à la vaccination, en particulier chez les soignants ? Infirmière dans un Ehpad en Moselle, Mélodie, elle aussi, a renoncé au dialogue. « Dans mon établissement, les rares infirmières ou aides-soignantes qui ne veulent pas se faire vacciner flottent dans le complotisme et bien souvent, votent aux extrêmes, explique la jeune femme. Je n’ai pas envie de discuter avec elles. »

    La liberté de dire non

    Si la rupture entre vaccinés et non-vaccinés se calque parfois sur des oppositions politiques, elle est avant tout sociologique, selon l’épidémiologiste Yves Buisson. « Chez les soignants, le refus vient souvent des gens moins instruits ou moins haut dans la hiérarchie », rappelle ce membre de l’Académie nationale de médecine. Une résistance qui peut en partie se comprendre : « Ces personnes ont fait tout ce qu’on leur demandait depuis un an et demi. Pour la première fois depuis longtemps, elles ont la liberté de dire non. »

    Une liberté que revendique Camillepour qui la vaccination est « une folie expérimentale alors que 99,5 % des gens guérissent de la maladie et qu’il existe des traitements ». Cette professionnelle du tourisme, qui refuse d’être taxée d’« irresponsabilité » et d’« égoïsme », clame : « On ne veut pas nous entendre mais nous sommes des citoyens à part entière ».

    Si leur manque d’altruisme leur est souvent reproché, les réfractaires, eux, dénoncent l’intolérance de leurs « adversaires ». Pour Sandrine, retraitée en Camargue, « il est particulièrement difficile de discuter avec les pro vaccins, tellement formatés par les médias” mainstream” qu’ils sont devenus sourds à toute autre information ».

    Pas le même langage

    Pour le sociologue Gérard Mermet, si ces deux « camps » ont tant de mal à communiquer, c’est parce qu’ils ne parlent pas le même langage. « Les personnes qui défendent la vaccination se basent sur des arguments scientifiques, les opposants sur des impressions, des craintes, jusqu’au complotisme le plus irrationnel », résume-t-il, parlant de « fracture morale ».

    « Finalement, chacun considère qu’il est dans le camp du bien et que ce sont les autres qui dysfonctionnent », confirme l’historien Laurent-Henri Vignaud, maître de conférences en histoire moderne à l’Université de BourgogneAu risque que cette condamnation morale n’aboutisse à une forme de chasse aux sorcières.

    « Les non-vaccinés deviennent des boucs émissaires qui seraient seuls coupables de l’épidémie et qu’on va traquer », avertit l’historien. « Au Moyen Âge, on a jeté des gens dans des puits parce qu’on les considérait comme responsables de la peste », met aussi en garde Annick Opinel. Pour cette historienne et philosophe des sciences, la radicalisation des discours de part et d’autre est alimentée par un sentiment d’urgence inédit : « D’habitude, les enjeux de la vaccination sont plus abstraits, cette fois-ci, on peut les voir de nos propres yeux : ce sont les terrasses et les cinémas qui ont rouvert, la vie qui a repris… Un tel effet de réel ne s’était pas vu auparavant, et nourrit le dépit des vaccinés. »

    Un dépit qui, sur les réseaux sociaux, se transforme souvent en colère. « Franchement les antivax… Vous n’en avez jamais marre d’être cons ? », s’emporte un internaute sur Twitter, répondant au message d’un utilisateur assurant que la mort du généticien Axel Kahn, atteint d’un cancer, a été « accélérée par la vaccination ».

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  • Les anti-vaccins ou l'esprit critique devenu fou

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    De Mathieu Bock-Côté sur le site du Figaro via le blog artofuss.blog :

    «Les antivax ou l’esprit critique devenu fou»

    CHRONIQUE – Le refus du vaccin contre le Covid-19 s’appuie généralement sur une méfiance envers l’industrie pharmaceutique et s’accompagne souvent d’une relativisation des dangers du virus.

    9 juillet 2021

    La pandémie dont nous sortons peu à peu a remué et ranimé les peurs enfouies dans les entrailles du corps social et de l’inconscient collectif, où se logent hantises archaïques et craintes irrationnelles. Alors qu’elles étaient refoulées et ne survivaient plus que dans le domaine de la science-fiction, de la littérature d’épouvante, du militantisme survivaliste ou dans les marges ésotériques plus déconsidérées, l’effondrement des digues symboliques qui les contenaient leur permet de s’investir dans la vie publique. Elles y surgissent tout en s’accouplant avec des inquiétudes légitimes quant au dérèglement du système politique et de l’organisation sociale des sociétés occidentales, ce qui les rend particulièrement explosives.

    La résistance au vaccin en témoigne. Que le commun des mortels soit réservé devant l’arrivée d’un nouveau traitement médical va de soi, même si, dans les circonstances, il n’était pas interdit d’être enthousiaste, dans la mesure où le vaccin représente la seule sortie de crise à court terme de la pandémie. Le refus du vaccin s’appuie généralement sur une méfiance revendiquée à l’endroit de l’industrie pharmaceutique s’accompagnant souvent d’une relativisation des dangers du Covid. Le principe de précaution vient vernir artificiellement ce refus d’une légitimité philosophique. La recherche des scientifiques ayant rendu possible le vaccin se transforme en discours parmi d’autres, souffrant du discrédit généralement porté aux élites. Mais ce scepticisme peut aussi s’accoupler à une défiance antisystème pouvant aller jusqu’à la déraison et basculer dans un monde parallèle, où se déploie ce qu’on appelle plus ou moins exactement la mouvance complotiste, qui en vient à politiser son opposition au vaccin.

    Cette dernière a très rapidement voulu voir dans la pandémie une immense manipulation servant de prétexte au déploiement d’un nouvel ordre sanitaire mondial. Dès lors, le refus du vaccin est réinterprété comme un acte de dissidence pour défier le système qui s’installe. Car, si la pandémie n’est qu’une fiction, ou si le virus n’est finalement qu’une petite grippe, pourquoi se faire vacciner? Dans sa forme extrême, ce conspirationnisme vire à la bêtise pure et simple, surtout lorsqu’il s’imagine que la vaccination relève d’une mascarade visant à empoisonner et à contrôler la population. Se retrouve au fond de cette théorie cette croyance primitive et hypnotique voulant que derrière l’histoire visible et complexe des sociétés humaines se déploierait une histoire secrète, animée par des forces maléfiques auxquelles résisteraient des hommes ayant vu la lumière et voulant désormais dissiper les mensonges du système.

    La pandémie est alors intégralement idéologisée: elle n’a plus de réalité propre. La confusion s’empare des esprits. Si la critique des excès de la politique sanitaire était et demeure nécessaire, et s’il faut rappeler que tous les pouvoirs, même ceux associés à la santé publique et à l’industrie pharmaceutique, ont tendance à abuser des privilèges qu’on leur accorde, et s’il faut dénoncer le discours de certains médias cédant aux délices de la fabrique de la peur, il ne faut pas non plus renier la raison, non plus que les formidables avancées de la science, qui ont permis d’authentiques progrès dans l’histoire humaine en général, dans l’histoire occidentale en particulier. Le scepticisme peut conduire à la folie, et à la contemplation du néant. Si la classe politique, généralement, a piloté la crise de manière approximative, en se perdant souvent dans des propos relevant au mieux de l’élucubration et au pire du mensonge, on ne fera pas l’erreur de confondre avec elle les chercheurs et scientifiques qui ont su trouver en un temps record la voie de sortie permettant un retour à une société de libertés.

    Car il faut y revenir: au fil des semaines, on prend conscience des ravages causés par le confinement. S’il s’agissait probablement d’un mal nécessaire dans un premier temps, il s’agissait néanmoins d’un mal, qui a réservé aux sociétés s’y soumettant une existence carcérale dans laquelle elles se sont juré avec raison de ne plus replonger. Cela ne sera possible toutefois qu’en sortant d’une mentalité anxiogène héritée des premiers temps de la pandémie, et qui domine encore la classe médiatique, comme si elle ne parvenait pas à s’en arracher et guettait toujours le prochain variant, la prochaine vague, le prochain signe d’un retour au confinement, la promesse effrayante de la fin des temps. La vaccination massive est l’étape permettant de sortir de cette folie. Je confesse un sincère émerveillement devant cet accomplissement scientifique qui a permis de trouver en moins d’un an un vaccin capable, selon toutes les indications disponibles, de dominer le virus, de vivre avec lui, en limitant sa circulation et en le rendant globalement inoffensif.

  • Nous sommes entrés dans l'ère de "l'hygiénisme sécuritaire"

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    D'Agnès Pinard Legry sur Aleteia.org :

    Pierre Dulau : « Nous entrons dans une société de l’hygiénisme sécuritaire »

    9/7/21

    Port du masque, entrée en vigueur du pass sanitaire, politique de vaccination… Alors que les mesures visant à lutter contre la pandémie de Covid-19 font de plus en plus débat, le philosophe Pierre Dulau, auteur de "Faire face, le visage de la crise sanitaire" avec Martin Steffens, revient pour Aleteia sur ces mesures et leurs conséquences pour la société.

    Alors que le déconfinement amorcé depuis plusieurs mois se trouve confronté à une recrudescence de cas liés au variant Delta, les Français se retrouvent, une nouvelle fois, dans l’incertitude. Le président de la République, Emmanuel Macron, a annoncé ce vendredi 9 juillet qu’il s’exprimerait lundi à 20h. Le même jour, Malte a annoncé la fermeture de ses frontières aux voyageurs non vaccinés. La veille, la Cnil autorisait la diffusion de la liste des patients non vaccinés auprès des médecins traitants. Depuis plusieurs jours, différentes mesures dont l’extension du champ d’application du pass sanitaire et la vaccination obligatoire pour les soignants sont à l’étude. Autant de mesures qui déroutent et interpellent nombre de personnes. « La virtualisation de l’expérience a largement préparé le terrain à ce qui nous arrive », analyse auprès d’Aleteia le philosophe Pierre Dulau, auteur avec Martin Steffen de Faire face, le visage et la crise sanitaire. « La dématérialisation des rapports humains a rendu possible l’institution d’un nouveau régime : l’hygiénisme sécuritaire. » Entretien.

    A lire sur Aleteia.org

  • Quand triomphe "l'esprit bourgeois"

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    De Bernard Dumont sur le site de la Revue Catholica :

    Numéro 152 : Le triomphe de l’esprit bourgeois

    11 Juil 2021

    Pour l’Encyclopaedia Universalis, la modernité « n’est ni un concept sociologique, ni un concept politique, ni proprement un concept historique. C’est un mode de civilisation caractéristique, qui s’oppose au mode de la tradition, c’est-à-dire à toutes les autres cultures antérieures ou traditionnelles »[1]. C’est pourquoi la modernité fait l’objet d’expressions multiples, éventuellement contraires (par exemple, l’omnipotence de l’État et l’anarchisme, austérité socialiste et société de consommation, nationalisme et internationalisme) mais fondamentalement associées entre elles par cette négation initiale. Et cette conception n’est pas une abstraction avançant toute seule dans le temps. Elle est portée historiquement par une avant-garde d’intellectuels, de groupes d’influence, de grands chevaliers d’industrie, de managers, de politiciens exerçant une fonction motrice, avec l’acquiescement progressif des masses qu’elle réussit à faire entrer dans son jeu.

    Si l’on pense spontanément au rôle joué par les philosophes des Lumières, on ne peut oublier la classe sociale dans laquelle Marx a vu l’activateur de l’évolution historique conduisant, par contradictions ultérieures, à l’émancipation totale de l’humanité, en l’espèce, la bourgeoisie, au sens économique du terme. Dans une première partie (« Bourgeois et prolétaires »), le Manifeste communiste (1847), suivant sa logique matérialiste, présente la catégorie sociale des marchands et l’ascension de sa puissance liée à la maîtrise des affaires et, plus encore, de la technique. Il décrit sa progressive appropriation du pouvoir politique, dans des termes qui aujourd’hui ne manquent pas de sel : « Le gouvernement moderne n’est qu’un comité qui gère les affaires communes de la classe bourgeoise tout entière. » Mais c’est surtout le long éloge de cette classe qui retient l’attention : « La bourgeoisie a dépouillé de leur auréole toutes les activités qui passaient jusque-là pour vénérables et qu’on considérait avec un saint respect. Le médecin, le juriste, le prêtre, le poète, le savant, elle en a fait des salariés à ses gages. » « La bourgeoisie ne peut exister sans révolutionner constamment les instruments de production, ce qui veut dire les rapports de production, c’est-à-dire l’ensemble des rapports sociaux. » Elle a secoué la « rouille » de l’économie traditionnelle, elle a créé des « merveilles » plus splendides que les Pyramides, et finalement dominé la planète entière. « Tout ce qui avait solidité et permanence s’en va en fumée, tout ce qui était sacré est profané, et les hommes sont forcés enfin d’envisager leurs conditions d’existence et leurs rapports réciproques avec des yeux désabusés. » Marx annonce la disparition des cultures nationales, et ce que l’on n’appelait pas encore la mondialisation, dans la pure logique de ce triomphe de la matière[2].

    Et pourtant, selon le Manifeste, « les conditions bourgeoises de production et d’échange, le régime bourgeois de la propriété, la société bourgeoise moderne […] ressemblent au magicien qui ne sait plus dominer les puissances infernales qu’il a évoquées ». Après avoir joué son rôle destructeur de la société traditionnelle, la bourgeoisie est donc censée entrer en crise fatale, au profit de la révolution prolétarienne qu’elle. aura suscitée. Obnubilé par sa conception millénariste (quoique matérialiste) de la révolution – sa prophétie du « royaume de la liberté » – Marx n’a pas entrevu la possibilité que celle-ci « s’ossifie » un jour comme la société traditionnelle dont il proclamait la déchéance.

    Avant de poursuivre, remarquons que dans la conception de Marx, c’est l’activité technique des acteurs économiques et son évolution qui sont mises en évidence, mais l’esprit qui les inspire est exclu de. la considération, puisqu’il est censé n’être que l’image inversée de leur conduite matérielle[3]. Or la bourgeoisie, avant même la possession des richesses matérielles et leur désir, par une manière de concevoir la vie, un état d’esprit commun à tous ceux qui se pensent et se comportent comme l’avant-garde de la modernité, laquelle aspire, comme on l’a dit, à rompre avec tout ce qui peut évoquer la tradition. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle il est plus judicieux de parler d’esprit bourgeois, ou encore de bourgeoisisme, disposition qui peut se rencontrer non seulement chez les éléments moteurs du système économique moderne et ses très riches bénéficiaires, mais aussi dans des couches nettement moins à l’aise de la société, mais partageant en fait les mêmes désirs ; et de même, aussi bien dans les partis de la droite conservatrice qu’au sein du socialisme révolutionnaire. Par ailleurs, et pour cette même raison, il faudrait se garder de confondre bourgeoisie et classes moyennes, justement parce que celles-ci sont loin d’avoir toujours partagé l’ensemble des aspirations « bourgeoisistes », même si une lente érosion a tendu toujours plus à les voir s’aligner sur les « nouvelles valeurs » en matière d’hyper-consommation, de situations familiales « libérées », d’athéisme pratique.

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  • L'adoption de la Résolution Matic : un dévoiement du droit à la santé

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    De l'European Center for Law & Justice :

    Adoption de la Résolution Matic
     

    Madame, Monsieur,
     
    Vous le savez probablement : le Parlement européen a finalement adopté la Résolution Matić sur l’avortement, par 378 voix pour, 255 voix contre et 42 abstentions. C’est une défaite, marquée toutefois par une forte mobilisation de tous les partis de droite, y compris du principal, le Parti populaire européen (PPE), dont l’engagement en faveur des enfants à naître n’était pas assuré d’avance.
     
    Toutefois, cette mobilisation n’a pas suffi pour contrer l’alliance des libéraux, des écologistes et des socialistes qui disposent actuellement au Parlement européen d’une large majorité.
     
    Cette défaite est donc en premier lieu le résultat de la perte de la majorité de la droite au Parlement européen depuis les dernières élections européennes. Même si les trois groupes de droite -Identité et démocratie (I&D), Conservateurs et réformistes européens (CRE) et le PPE- avaient voté comme un seul homme contre ce projet pro-avortement, ils n’auraient pu l’emporter. C’est presque ce qui s’est passé ; les groupes I&D et CRE ont voté contre la Résolution Matić quasi-unanimement et le PPE au deux tiers contre.
     
    Face à eux, le centre et la gauche forment un bloc presque sans faille sur ce sujet de l’avortement. Seule une tout petite minorité qui se compte sur les doigts de la main s’est abstenue de voter pour la résolution Matić.
     
    En considérant ces votes et en voyant les propositions alternatives portées par les groupes de droite, force est de constater la libéralisation de ces partis sur le sujet de l’avortement. Seule une minorité de députés du Parlement européen est activement opposée à « un droit à l’avortement ». Les résolutions alternatives des groupes CRE et PPE ne proposaient pas d’interdire l’avortement eugénique ou l’avortement à la demande.
     
    La proposition du groupe CRE était courte et consensuelle de par son rappel objectif du droit : incompétence de l’Union européenne sur le sujet de la santé, l’avortement n’est pas un droit fondamental mais l’objection de conscience l’est.
     
    La proposition du groupe PPE était un peu plus longue. Tout en faisant des concessions, notamment sur la promotion « d’une éducation sexuelle complète », cette résolution alternative faisait davantage de propositions allant dans le bon sens. Elle promouvait d’abord une distinction claire entre « avortement » et « santé sexuelle et génésique », car les « pro-avortement » cherchent à intégrer et assimiler l’avortement à un droit relevant de la santé sexuelle et génésique. Le groupe PPE voulait aussi rappeler que l’avortement n’est pas une méthode de contraception et qu’il faut « tout faire pour réduire le nombre d’avortements », en soutenant les familles et en les aidant également lorsqu’elles ont des problèmes d’infertilité.
     
    Cependant, malgré quelques concessions et une rédaction consensuelle, la proposition PPE n’a eu qu’une seule voix de la gauche, celle d’un député Verts/ALE (voir les résultats des votes).
     
    La gauche est en effet toujours plus unie et déterminée pour promouvoir un droit à l’avortement, tant et si bien qu’elle n’est objectivement plus « pro-choix », mais uniquement « pro-avortement ». En effet, toute tentative d’amender la résolution Matić en rappelant le devoir et l’intérêt des États de prévenir l’avortement et d’aider les femmes à garder leur enfant furent rejetées en commission parlementaire. Le combat de la gauche contre les délais de réflexion des femmes avant un avortement illustre également cette détermination à véritablement pousser les femmes à avorter, comme si l’alternative à l’avortement ne devait pas exister. L’objection de conscience est devenue pour la gauche une scorie légale, un vestige d’un ordre moral qu’il faut achever. La résolution lui consacre trois paragraphes (36 à 38) pour pousser les États à la vider de sa substance et de son efficacité. En matière d’avortement, les femmes ne doivent pas trop réfléchir et le personnel médical non plus.
     
    Cet aveuglement idéologique est aussi parfaitement illustré par le député français Raphaël Glucksmann, qui fut un fervent défenseur de cette résolution Matić tout au long des débats. Quelques jours avant le vote, des associations pro-vie ont envoyé à tous les députés européens une petite boîte dont le contenu a été partagé par certains, dont M. Glucksman :

    Foetus
    Face à cela M. Gluksmann s’exclame sur son compte Linkedin contre les associations ayant envoyé le fœtus en plastique : « vous ne nous impressionnez pas. Vous nous encouragez au contraire à défendre la liberté de choix et d’autodétermination ! »
     
    Comment ne pas voir que ces associations veulent lui faire comprendre de la manière la plus concrète possible à quoi un avortement pratiqué à 12 semaines met fin ? Quel aveuglement !
     
    D’ailleurs l’unique mention du mot « bébé » qui existait dans la proposition de résolution Matić a été supprimée lors du vote final du paragraphe 38, qui concerne l’objection de conscience. La proposition disposait que « cette clause de conscience entrave également l’accès au dépistage prénatal, […] empêche également le bébé de recevoir un traitement efficace pendant la grossesse ou juste après la naissance; ». La version finale accuse toujours l’objection de conscience d’empêcher « un traitement efficace pendant la grossesse ou juste après la naissance; », mais l’on ne parle plus de « bébé ». C’est la seule et unique modification du document entre la proposition et la résolution finale.
     
    L’adoption de la Résolution Matić est donc une nouvelle étape. Ce n’est pas une victoire finale pour la gauche, car les États ne sont pas obligés de transposer dans leur droit national son contenu, mais c’est un texte supplémentaire qu’elle va utiliser pour faire pression sur les gouvernements conservateurs européens.
     
    Le combat contre cette dérive doit continuer car ce n’est, encore une fois, qu’une étape pour faire de l’avortement partout en Europe non seulement « une liberté », mais « un droit » au titre de la santé et peut-être bientôt « un devoir » au nom de l’écologie. En effet, légalement, dès lors que le législateur consacre en droit une pratique, celle-ci devient un bien. Logiquement, le législateur peut aussi inciter et parfois même, sous certaines conditions, forcer les tenants de ce droit à l’exercer. C’est ce qu’ont commencé à promouvoir certaines personnalités politiques écologistes, qui assument pleinement d’être néo-malthusiennes, comme Yves Cochet, ancien ministre de l’environnement. Il faudrait selon lui réduire les allocations familiales : « Plus vous avez d’enfants, plus vos allocations diminuent jusqu’à disparaître à partir de la troisième naissance » ; et il faudrait le faire au nom de l’écologie : « Ne pas faire d’enfant supplémentaire, c’est le premier geste écologique. »
     
    Des articles de presse se font de plus en plus l’écho de l’impact environnemental d’un enfant supplémentaire en évaluant sa production de CO2. Des groupes de citoyens, ainsi que des personnalités médiatiques, affirment souhaiter avoir moins d’enfants ou aucun, par respect pour la planète.
     
    Une sorte de politique de l’enfant unique matinée d’écologisme guette l’Europe. Bien que cette perspective semble lointaine ou irréaliste, la gauche européenne va continuer sa lutte contre l’objection de conscience et promouvoir l’avortement dans le cadre du droit à la santé.
     
    Ces résultats de vote et ces perspectives nous confirment la nécessité d’adopter, à l’égard de l’avortement, une approche à la fois sociale et intellectuelle.
     
    Intellectuelle : car il faut défendre les véritables droits de l’homme et combattre la culture de mort jusqu’à sa racine.
    Sociale : car il faut aider les couples et les femmes à ne pas recourir à l’avortement, en promouvant une politique sociale de prévention de l’avortement.
     
    Il n’est pas possible de combattre la culture de mort sans effort pour la comprendre, et sans proposer une politique d’accueil et de respect de la vie.
    À l’ECLJ, nous sommes résolus à poursuivre cet effort, convaincus de la valeur de toute vie humaine.
     
    Pour tous ceux qui sont désireux de poursuivre cet effort, nous mettons à disposition des documents et analyses de la meilleure qualité possible. Sachant que l’été est un temps favorable aux lectures, nous vous proposons deux textes de synthèse :
     
     
     
    Vous pouvez trouver d’autres textes de fond sur cette page.
     
    Merci à tous ceux qui ont soutenu nos actions contre cette Résolution Matić.

     

     

     

     

    © 2021 ECLJ
  • RDC : Décès de Mgr Monsengwo, la disparition d’un pilier du Congo

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    Mgr-Monsengwo.jpgLu ce jour sur le site web de la Libre Afrique, cet éloge funèbre très mérité du Cardinal Laurent Monsengwo, archevêque émérite de Kinshasa, un Congolais de premier plan dont la mémoire honore son cher Pays et la Belgique à laquelle l’unissaient aussi tant de liens :

    "Une des plus grandes figures du Congo indépendant s’est éteinte ce dimanche 11 juillet à Paris. Mgr Laurent Monsengwo, 81 ans, avait été évacué de Kinshasa vers l’Europe le 5 juillet pour des soins. Si des difficultés de santé l’avaient éloigné, ces dernières années, des prises de position publiques, il reste, pour de nombreux Congolais, une référence morale primordiale.

    Ce brillant intellectuel fut le premier Africain docteur en exégèse (1971). Le premier Africain secrétaire spécial d’un synode des évêques (2008). En 2012, il copréside avec Benoît XVI le synode sur la nouvelle évangélisation. Membre de diverses sociétés savantes, il parlait sa langue maternelle, le kisakata, ainsi que le lingala (lingua franca de l’ouest du Congo), le swahili (idem pour l’est), le français, l’italien, l’allemand, l’anglais, le néerlandais, l’hébreu moderne, l’espagnol et le portugais ; il avait aussi “appris l’hébreu ancien, le grec, l’araméen, le syriaque et le latin” (1). Il a composé une dizaine de pièces pour orgue mais se défendait d’être, pour les jouer, autre chose qu’“un dilettante quelque peu formé” ; ce goût pour la musique classique européenne ne l’empêchait pas d’apprécier les grandes vedettes de la musique populaire congolaise – Rochereau, Franco, Kabasele ou Simaro.

    Mgr Monsengwo : « Félix Tshisekedi aurait dû reconnaître sa claire et nette défaite »

    Ses capacités intellectuelles et sa rigueur morale lui donnaient une sûreté de soi qui faisait défaut à nombre de ses interlocuteurs, hommes de pouvoir dont la plupart n’étaient, à ses yeux, que “des invertébrés”, girouettes reniant leur signature avant que l’encre ait séché sur le document. Elles ont contribué à donner à ce prélat à la voix douce, démentie par un visage sévère, un rôle politique essentiel pour le pays.

    Une famille de chefs du Maï Ndombe

    Laurent Monsengwo est né le 7 octobre 1939 près d’Inongo (Maï Ndombe, ex-Bandundu, ouest du pays), dans une famille de chefs des Basakatas “connus pour leur endurance et leur obstination” (1). Son père était charpentier et menuisier à la Forescom, une entreprise belge, et accroissait ses revenus en construisant des meubles après le travail. De quoi subvenir aux besoins de la famille, très chrétienne, qui comptera huit enfants, dont six garçons ; “nous étions une famille heureuse”, dira le prélat.

    Il fait ses études secondaires au petit séminaire de Bokoro et trois années de philosophie au grand séminaire de Kabwe, après lesquelles ce brillant élève est envoyé à Rome étudier la théologie ; il y est ordonné prêtre en 1963. Il deviendra le fils adoptif de Gaston Leysen et son épouse, des Anversois chez qui le jeune Congolais logera pendant ses études, dans les années 60.

    En 1980, Jean-Paul II le fait évêque et, huit ans plus tard, Mgr Laurent Monsengwo est archevêque de Kisangani ; il deviendra celui de Kinshasa en 2007, charge qu’il laissera à Mgr Fridolin Ambongo en 2018. En 2010, Benoît XVI le fait cardinal.

    Laurent Monsengwo a aussi été secrétaire général puis, par deux fois, président de la Conférence épiscopale du Zaïre ; président du Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et Madagascar ; président de Pax Christi International. Il représentait l’Afrique dans le collège des neuf cardinaux nommés par le pape François pour travailler à la réforme de la Curie.

    Hors du Zaïre, toutefois, c’est son irruption sur la scène politique qui le fera connaître du grand public.

    À partir des communautés ecclésiales de base

    En 1990, l’archevêque de Kisangani est la cheville ouvrière du mémorandum de l’Église adressé au président Mobutu et demandant, en définitive, un changement de régime. Les prélats jugent en effet de leur devoir de prendre position “lorsqu’un système de gouvernement est entaché dans ses principes ou traduit, dans ses structures et moyens d’action, des normes contraires au bien commun et aux droits de l’Homme”. L’Église en est venue à ces positions en développant, depuis quelques années, notamment sous l’impulsion de Laurent Monsengwo, les communautés ecclésiales de base – confiées à des laïcs locaux – pour approfondir la foi des chrétiens et organiser la solidarité dans les villages.

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  • Il y a 80 ans : les trois sermons courageux de Mgr von Galen, le cardinal antinazi

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    D'Elisabeth Caillemer sur le site de Famille Chrétienne :

    Les trois sermons courageux de Mgr von Galen, l'évêque antinazi

    Les trois sermons courageux de Mgr von Galen, l'évêque antinazi
    U.BILD-AKG IMAGES

    C’est une idée tenace, propagée par une pièce de théâtre, Le Vicaire, sortie en 1963, puis adaptée quarante ans plus tard au cinéma par Costa Gavras (1). L’Église catholique aurait dit « amen » au régime nazi. Parmi d’autres, le parcours du cardinal allemand Clemens August von Galen témoigne pourtant du contraire. Le New York Times ne lui décernait-il pas d’ailleurs, en 1942, le titre d’« opposant le plus obstiné au programme national-socialiste antichrétien » ? Et c’est pour cette même raison que celui qu’on surnommait le « Lion de Münster » fut mis au rang des bienheureux le 9 octobre 2005 par le pape Benoît XVI saluant un défenseur « des droits de Dieu, de l’Église et de l’homme, que le régime nazi violait de façon grave et systématique, au nom d’une aberrante idéologie néopaïenne ». Une vie édifiante qui, si elle contribue quand même à rétablir l’honneur de l’Allemagne et de l’Église catholique, nous offre également un « modèle de foi profonde et intrépide », pour reprendre les termes de Benoît XVI. Un exemple rattaché aux trois sermons mémorables prononcés par le prélat à l'été 1941.

    Premiers écrits contre le néopaganisme

    Clemens August von Galen naît en 1878 au sein d’une famille aristocrate westphalienne catholique pour qui « la noblesse n’a d’existence et de justification que par sa vocation au service du Bien Public, comme clef de voûte d’une société cohérente et tournée vers Dieu ». Il est le onzième de treize enfants. Son père est député du Zentrum (le parti catholique) au Parlement impérial allemand, et son arbre généalogique est parsemé d’hommes d’Église. La foi catholique constitue l’ADN des von Galen. « Les premières années de Clemens August furent le moment de sa vie où se fixa la vision de son existence, avec un point de fuite unique, irremplaçable, évident : le Ciel et son Christ », écrit Jérôme Fehrenbach. Entouré de parents très pieux, pensionnaire chez les Jésuites, il décide de consacrer sa vie à Dieu et est ordonné prêtre en 1904.

    Après avoir exercé son ministère à Berlin il est nommé à Münster en 1929. « Il sait que dans cette Allemagne secouée par la Grande Guerre, l’identité chrétienne est en jeu », écrit Fehrenbach. Dans un opuscule paru en 1932, Le Fléau du laïcisme, le curé de Münster dénonce la déchristianisation de la société, terreau d’un néopaganisme qu’il voit poindre. Il est l’un des premiers à dénoncer la politique du parti nazi qui commence à séduire l’Allemagne, catholiques compris, attirés par l’anticommunisme d’Hitler« Je crains, écrit-il, que des catholiques égarés par l’apparence du bien et du bon, contaminés par une opinion publique fondamentalement antichrétienne, et plus encore non-catholique, ne soient victimes d’erreurs fatales. »

    Il s’oppose à l’extermination des personnes handicapées

    En 1933, Clemens August est sacré évêque. Sa devise, « Nec laudibus, nic timore » (« Ne se laisser influencer ni par la peur, ni par la flatterie ») sera sa ligne de conduite. Sa voix contestataire s’élève à proportion de la progression de l’idéologie nazie. En 1934, il signe courageusement la préface d’un livre attaquant Le mythe du XXIe siècled’Alfred Rosenberg, un des théoriciens du IIIe Reich. Un condensé de cette préface est lu dans toutes les églises du diocèse. Von Galen se pose publiquement en combattant du nazisme. Face à sa détermination, le ministre des Cultes renoncera même à supprimer les croix dans les établissements scolaires. Convoqué à Rome par le pape Pie XI, il participe à la rédaction de l’encyclique Mit Brennender Sorge destinée à « éveiller les réflexions de ceux qui ont déjà commencé à se laisser prendre aux appâts et aux menaces des adversaires du Christ et de son Évangile ». À son retour, il reprend son apostolat devant une foule de plus en plus nombreuse à venir l’écouter prêcher et parmi laquelle, il le sait pertinemment, se mêlent des membres de la Gestapo qu’il n’hésite pas qualifier d’« ennemis du peuple ».

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  • Que faire de nos églises désertées ?

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    De Mélanie Geelkens sur le site du Vif :

    Coût des cultes: les Eglises sont vides et peinent à ressusciter

    11 juillet 2021

    Chaque année, quelques dizaines d'églises sont désaffectées, et certaines mises en vente, les communes refusant d'investir de trop importants montants dans leur rénovation. Déjà que les cultes leur coûtent pas mal d'argent... Mais que faire des édifices désacralisés? La piste des logements est à l'étude.

    Neuf cents mètres carrés, belle hauteur sous plafond, vaste crypte aménageable, vitraux simple vitrage: faire offre à partir de 790 000 euros. Depuis sa mise en vente en 2019, des amateurs se sont manifestés, imaginant y ouvrir tantôt un restaurant, tantôt une maison de repos, voire une mosquée. L'agent immobilier imaginait même de l'escalade sur la tour. L'église Notre-Dame de Lourdes au Bouhay, à Bressoux (Liège), a finalement été vendue en 2020 et son affectation reste à déterminer. Peut-être du logement.

    D'autres se sont transformées en hôtel (à Malines), en restaurants (à Anvers, Gand et Marche-en-Famenne), en discothèque (à Bruxelles)... Les projets de reconversion ne peuvent devenir que de plus en plus nombreux. En Belgique, on recense pas moins de 4 296 églises, selon le décompte officiel effectué en 2018. Mais quelques dizaines sont désaffectées chaque année (31 en 2018, 26 en 2019). Elles sont, dans de rares cas, attribuées à d'autres cultes chrétiens. Sinon laissées vides.

    Et, même lorsqu'elles ne sont plus fréquentées, elles engendrent des frais. De réparations urgentes, de sécurisation... Ce sont alors les communes qui déboursent, toutes historiquement obligées qu'elles sont de devoir assumer les déficits des fabriques d'église depuis un décret datant de... 1809 (mais aussi ceux des cultes protestant, israélite et anglican, tandis que les provinces se chargent de ceux des cultes orthodoxe et musulman). En moyenne, le financement annuel global des cultes au niveau des communes wallonnes représente 40,1 millions d'euros au budget ordinaire et 51,2 millions à l'extraordinaire. Soit environ 1% du budget communal. Ou, plus concrètement, quasi 26 euros par habitant.

    Pour des pouvoirs locaux souvent en déficit structurel, ça pèse lourd. D'autant que les églises sont souvent vides, ou en tout cas trop nombreuses sur un territoire communal par rapport aux besoins des habitants. A Nivelles, il y en a dix (huit catholiques et deux protestantes). Dont coût annuel en 2021 de 3,4 millions d'euros (budgets ordinaire et extraordinaires confondus). L'un de ces édifices, Saint-Sépulcre, est fermé au public depuis 2019. Trop délabré, trop risqué. "Le coût d'une rénovation serait de 2,2 millions au minimum minimorum, détaille Colette Delmotte, présidente du CPAS en charge des cultes et du patrimoine (MR). La commune a dit non, et la fabrique d'église pense à la vendre depuis un petit temps, étant donné aussi qu'il y a de moins en moins de paroissiens." Cette année, bien que fermée, Saint-Sépulcre a continué à coûter plus de 31 000 euros. Si elle est un jour vendue, les caisses communales ne toucheront pas un centime.

    Même si un bien devait être vendu pour l'euro symbolique, il est peu probable qu'un investisseur privé assume les rénovations et y trouve une rentabilité.

    Mais dès l'annonce d'une possible mise en vente, un comité de soutien s'est organisé, "Les amis du Spluc". Même désertée, une église ne disparaît que rarement sans protestation, sans doute en raison des liens affectifs qu'elle suscite. Le lieu d'un mariage, d'une communion, d'un baptême, pour plusieurs générations. "Ces riverains s'imaginaient qu'avec des goûters, des soupers, ils pourraient sauver les lieux, constate Colette Delmotte. Mais il faut rester réaliste, il y a des normes à respecter, et la Ville a d'autres priorités."

    A Liège, c'est la basilique de Cointe qui est à vendre depuis des temps immémoriaux. Plusieurs investisseurs privés s'étaient manifestés, aucun projet n'a réussi à se concrétiser. "C'est difficile, car nous ne sommes pas propriétaires fonciers, explique l'échevine en charge des cultes Christine Defraigne (MR). La Ville ne peut que souhaiter lui donner un avenir." Le territoire liégeois compte pas moins de 57 édifices, dont 48 catholiques. Qui nécessitent un budget annuel de 545 000 euros. "Nous respectons bien sûr nos obligations. Mais vu notre état d'impécuniosité, et étant donné la chute évidemment drastique de la fréquentation, nous avons demandé aux représentants de réfléchir à des formules de rationalisation."

    Lire aussi: Coût des cultes: l'impôt qui fait vivre les Eglises en Allemagne

    Des fidèles aux locataires?

    Rationaliser, c'est aussi ce que propose aux communes l'intercommunale immobilière Ecetia. Et si aucune église n'était déjà construite, combien seraient érigées pour répondre aux besoins? "On pourrait alors envisager une nouvelle affectation, totale ou partielle, aux autres", expose son directeur, Bertrand Demonceau, qui raconte avoir été régulièrement consulté par des bourgmestres en quête de solutions de reconversion. "Souvent, on imagine de les transformer en bibliothèques et centres culturels. Mais quand bien même, les communes ont-elles besoin de cinq de chaque sur leur territoire? Ce qui leur manque, le plus souvent, ce sont des logements, surtout des appartements. On pourrait imaginer soit l'intervention d'agences immobilières sociales, soit des promotions immobilières classiques." Les communes tiennent parfois à proposer une emphytéose plutôt qu'une vente réelle. On ne sait jamais, qu'un jour les fidèles reviennent en masse...

    Ecetia est en contact avec plusieurs communes, et deux dossiers sont plus particulièrement avancés (une étude économique a été réalisée): concernant les églises de Tignée et du Heusay, toutes deux en périphérie liégeoise. Mais ce genre de reconversion ne peut être que complexe, d'abord car les pouvoirs publics ne sont pas toujours eux-mêmes propriétaires et ne peuvent que suggérer les choses. "Le constat que l'on a tiré, poursuit Bertrand Demonceau, c'est qu'il devrait de toute façon y avoir un coût public, pour certains frais de réparation ou de rénovation. Même si un bien devait être vendu pour l'euro symbolique, il est peu probable qu'un investisseur privé assume les rénovations et y trouve une rentabilité." Peut-être certains subsides régionaux pourraient-ils aider mais, à nouveau, l'investissement public sera difficilement épargné.

    "Le sujet est complexe,conclut- il. Et parfois émouvant car le fait même que cette question de l'avenir des églises se pose, à une aussi grande échelle et sans doute pour la première fois depuis la christianisation de l'Europe au Haut Moyen Age, témoigne d'un changement de paradigme. Du passage d'une époque à une autre."