Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Société - Page 388

  • Euthanasie : le débat faussé par la médiatisation de cas particuliers

    IMPRIMER

    De Paul Sugy sur le site du Figaro "Figaro Vox" :

    Euthanasie: «Comment la médiatisation de cas particuliers fausse le débat»

    FIGAROVOX/ENTRETIEN - «J'ai offert la mort à mon fils»: ce témoignage d'une mère ayant euthanasié son jeune fils handicapé est l'objet d'une médiatisation que le philosophe Damien Le Guay juge indécente. Cet enseignant en éthique juge que les conditions du débat sont faussées par l'instrumentalisation médiatique des témoignages. 


    Philosophe, éthicien, membre émérite du Conseil scientifique de la Société française d'accompagnement et de soins Palliatif (La SFAP), Damien Le Guay enseigne au sein des espaces éthiques régionaux d'Ile-de-France et de Picardie. Il est l'auteur de plusieurs essais sur la mort, dont, notamment Le fin mot de la vie (Le Cerf, 2014).


    FIGAROVOX.- Trente ans après les faits, une femme raconte dans un livre (J'ai offert la mort à mon fils, City Éditions) comment elle a euthanasié son fils lourdement handicapé, né dans un état végétatif. Que vous inspire la médiatisation de son témoignage?

    Damien LE GUAY.- Je suis étonné par la stratégie médiatique autour de cette affaire. Étonné aussi par un plan de communication savamment déployé - et qui a débuté par un entretien avec Marc-Olivier Fogiel sur RTL le 4 février dernier. Il aurait été préférable de n'en pas parler et surtout de ne pas faire de publicité pour ce livre qui raconte, sans le moindre regret, un infanticide, et même le revendique haut et fort. Madame Buzyn, interrogée le 8 mars sur ce cas particulier, a clairement indiqué que «rien ne justifie qu'on puisse donner la mort à un enfant». Rien. Elle a raison. Rien et surtout pas de sordides manières pour relancer, une affaire après l'autre, lancées a un rythme régulier, le débat sur l'euthanasie. Cette complaisance médiatique est un problème éthique. Pourquoi mettre en avant, sans le moindre jugement moral, le «courage» de cette mère qui, sans répondre à l'attente de son fils, lui a «offert» la mort? Pourquoi, sinon pour mettre en avant les mêmes éléments de langage qui pourraient permettre, enfin, de faire avancer la «cause» de l‘euthanasie?

    La complaisance médiatique est un problème éthique.

    Vous pensez que cette affaire s'inscrit dans la continuité de tous les témoignages qui, périodiquement, sont diffusés pour préparer le terrain d'une légalisation de l'euthanasie en France?

    Pour avoir étudié les autres affaires depuis des années, les points en commun sont nombreux. Par le moyen d'un témoignage, des convictions «progressistes», qui n'apparaissent pas comme telles, sont promues d'une telle manière qu'elles échappent à la discussion démocratique. À chaque fois, émotion après émotion, témoignage après témoignage, il s'agit de relancer la mécanique, que certains souhaitent inexorable, des «progrès encore à faire». Nous pouvons identifier six éléments qui, à chaque fois, se retrouvent.

    Lire la suite

  • USA : l'avortement interdit dès que les battements du coeur du foetus sont détectables

    IMPRIMER

    DEUX NOUVEAUX ÉTATS AMÉRICAINS VOTENT UNE LOI INTERDISANT L'AVORTEMENT DÈS QUE LES BATTEMENT DU COEUR DU FOETUS SONT DÉTECTABLES

    une synthèse de presse bioéthique de genethique.org  

    « Si un battement de cœur est utilisé pour déterminer la fin de vie, il doit être utilisé pour établir quand la vie commence » a clamé Ed Setzler, député Républicain, en soutenant son projet de loi mercredi devant le Parlement de l’Etat de Géorgie aux Etats-Unis. Cette loi interdirait tout avortement dès que les battements de cœur du fœtus sont détectables, soit à partir de six semaines de grossesse environ. Une exception est prévue en cas de danger mortel pour la mère ou de viol. Brian Kemp, le gouverneur de Géorgie, a déclaré que le projet de loi « contribuerait à préserver le caractère sacré de la vie et à tenir les promesses de campagne que lui-même et d'autres républicains avaient faites pour restreindre l'avortement ». Le projet de loi a été voté par le Parlement à 93 voix contre 73, et part donc vers le Sénat. De nombreux états américains ont une loi similaire en cours de processus législatif.

    C’est le cas du Tennessee dont le Parlement a adopté la loi jeudi dernier à 66 voix contre 21. « Ce n'est pas trop compliqué, explique Matthieu Hill, un député républicain, en tant que représentants de nos districts et de nos citoyens, nous avons la responsabilité de veiller à ce que la vie, la vie innocente, soit protégée dans toutes ses étapes. Nous allons pouvoir ajouter un peu de bon sens à notre code ». Bill Lee, le gouverneur du Tennessee, connu pour ses positions en faveur de la vie, a déjà déclaré que si le projet de loi était aussi voté au Sénat, il la validerait par sa signature.

    Pour aller plus loin :

  • L’Iran en grand bouleversement

    IMPRIMER

    De Marc Fromager sur le site web du mensuel « La Nef » :

    Iran I am gardian of Iran.jpgLe 11 février 1979, l’ayatollah Khomeiny arrivait au pouvoir à Téhéran avec sa révolution islamique. Dans une société en crise, on observe aujourd’hui de nombreuses conversions au christianisme ! Point de la situation 40 ans après la révolution islamique.

    La révolution iranienne a produit des images très fortes avec les otages de l’ambassade américaine et ces foules d’ayatollahs enturbannés qui avaient pris d’assaut l’espace public. À l’époque, l’islam radical était une expression inconnue. Certes, l’islam wahhabite pratiqué dans la péninsule arabique était déjà ce qu’on nommerait aujourd’hui radical, en particulier en Arabie Saoudite, et cet islam était déjà « exporté » sur fond de pétrodollars à travers la planète. Mais en Iran, c’était différent.

    Le pays était en voie d’occidentalisation, proche allié des États-Unis et les religieux étaient maintenus sous contrôle. Brutalement, tout a basculé dans une espèce de « folie collective » et c’est sans doute ce basculement d’une société apparemment « modernisée » qui a tant marqué les esprits. Et pourtant, cette révolution était en germe dans la société, nourrie d’une perte d’identité habilement instrumentalisée par les ayatollahs.

    Dans les années 1970, les Iraniens voyaient leur pays changer à toute vitesse. Le shah d’Iran, que la télévision nationale montrait en permanence devant les caméras, semblait de plus en plus éloigné des besoins de son peuple et surtout de l’image de l’héritier de l’Empire perse plurimillénaire que les Iraniens auraient souhaité.

    La victoire des ayatollahs

    À la fois contre le régime et contre les communistes, les ayatollahs ont finalement emporté la partie, mais ils héritaient d’un pays en très grande difficulté et réagissaient en imposant leurs lois religieuses avec la plus extrême sévérité. Dès le départ, « j’ai vu arriver des musulmans qui souhaitaient se convertir au christianisme », témoigne le père Humblot, prêtre français arrivé en 1969 en Iran et resté jusqu’en 2012, date à laquelle il a été poussé dehors par la police religieuse. « Confrontés à une police politique dure, beaucoup d’Iraniens ne supportaient pas qu’on leur impose leur religion, et interrogeaient l’islam. »

    Lire la suite

  • RDC : le combat de la vérité et du mensonge

    IMPRIMER

    Fayulu 5c83eaa7d8ad5878f0f81ebd.jpgAu Congo, le mensonge semble aujourd’hui l’avoir emporté sur la vérité. Pour mener le bon combat, septante jours après les élections présidentielle et législatives nationales et provinciales en République démocratique du Congo, Martin Fayulu, donné largement vainqueur par diverses sources mais non désigné vainqueur par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), entame une tournée internationale qui commence par la Belgique. Rencontre avec Hubert Leclercq (La Libre Afrique) :

    « Monsieur Fayulu que comptez-vous faire malgré la décision de la Ceni et le rejet de vos recours par la Cour constitutionnelle ? 

    Je continue à me battre. Je parcours le Congo, je suis allé dans le Kivu, dans le Kwango, le Kwilu et le Congo central et, maintenant, j’entame une tournée à l’extérieur pour rencontrer les Congolais mais aussi les autorités des pays que je vais visiter.

    Quel est l’objectif de votre démarche ? 

    Tenter de trouver une solution à la crise de légitimité que Monsieur Nangaa (le président de la Ceni) a fait naître et qui a été confirmée par la Cour constitutionnelle. Si je vais à la rencontre de mes compatriotes, au pays et à l’étranger, c’est aussi pour leur dire qu’il faut garder confiance dans la démocratie. Pour eux, pour nous, les élections, c’était un moment important. Il ne faut pas que les Congolais perdent confiance dans la démocratie.

    N’avez-vous  pas le sentiment d’être de plus en plus seul sur la scène internationale ? 

    Non, même s’il est vrai que certains Etats ont avoué qu’ils ont préféré la paix à la vérité des urnes. Mais il n’y a pas de paix sans cette vérité. Au Congo, il y a une unanimité de façade. D’ailleurs, depuis que M. Tshisekedi a prêté serment combien de Congolais ont été tués dans l’est du pays, à Beni, à Goma. Rien n’a changé, on ne peut pas continuer comme ça.

    RDC : Sept morts dans des attaques à Butembo et Goma

    Vous avez quelque chose à proposer ? 

    J’ai fait une proposition en deux volets pour obtenir la vérité des urnes qui, seule, peut ramener la paix. Le premier volet : le recomptage des voix mais je comprends que ce soit difficile parce que la Ceni n’a pas les PV des bureaux de vote. Le deuxième volet : de nouvelles élections, pas seulement pour la présidentielle mais aussi pour les législatives nationales et provinciales, parce que tous les résultats ont été fabriqués. Certes, il y a des députés qui sont réellement élus mais beaucoup ont été nommés par Monsieur Nangaa et on doit résoudre cette crise de légitimité. N’oubliez pas que le peuple congolais s’est rendu aux urnes et a choisi ses dirigeants et ce sont ces dirigeants qui doivent gérer le pays et pas d’autres personnes.

    Lire la suite

  • Les origines communistes de la journée de la femme

    IMPRIMER

    De Philippe Bouchat sur le site "Pour une école libre au Québec" : 

    Histoire — Les origines communistes de la journée de la femme

    Ce 8 mars, il n’aura échappé à personne que l’on fête la Journée internationale de la femme. Cette Journée s’inscrit, historiquement, dans la mouvance socialiste révolutionnaire. En effet, l’idée d’une Journée internationale a été lancée en 1910 à Copenhague lors de la 2 Conférence de l’Internationale socialiste des femmes. Le 8 mars 1913, des manifestations ont lieu en Russie. Le 8 mars 1914, le droit de vote pour les femmes est réclamé en Allemagne. La Révolution 1917, des femmes luttent en Russie contre la vie chère. Le 8 mars 1921 est décrété « journée internationale des femmes » par Lénine. La fête passe en Chine en 1924, puis dans les pays de l’Europe de l’est, satellites de l’URSS à partir de 1947.

    Affiche soviétique de 1932. Traduction : « Le 8 mars, jour de l'insurrection contre l'esclavage des travailleuses de cuisine.  À bas l'oppression et la mesquinerie  de la vie domestique ! »

    [Notons que sous l'Ancien régime, les femmes chefs de famille (surtout des veuves) avaient le droit de vote. Car c'est l'unité familiale propriétaire qui votait. Au XIXe siècle, les femmes propriétaires peuvent demander le droit de vote municipal selon le principe « pas de taxation sans représentation ». Au Québec, les femmes propriétaires votent sans restriction entre 1809 et 1849, jusqu'au moment où le mot « mâle » est inséré dans la loi électorale. Ce que les Québécoises perdent, les Ontariennes le gagnent peu après; dès 1850, les femmes propriétaires, mariées ou célibataires, peuvent élire les commissaires d'école. Dès 1900, le droit de vote aux élections municipales est généralement accordé aux femmes propriétaires partout au Canada.]

    … à l’occidentalisation de la Journée de la Femme.

    À partir des années 50, la guerre froide sévit entre les deux blocs occidental et soviétique. Les États-Unis ne veulent pas être en reste dans le combat des femmes et en font remonter la naissance à une grève des femmes qui se déroula à New-York en 1857. Les années 60 sont celles de l’émancipation et de la libération sexuelle. Le combat des femmes traverse l'Atlantique et s’occidentalise ainsi. Cette occidentalisation est consacrée en 1977 par l’ONU qui invite les États à dédier une journée aux droits de la femme.

    Lire la suite

  • L'identité gay ou lesbienne, bisexuelle, transsexuelle ou transgenre ne peut ni effacer ni remplacer la distinction de sexe

    IMPRIMER

    LE CORPS HUMAIN SOUMIS À LA LOI DU MARCHÉ ?

    une synthèse de presse bioéthique de généthique.org 

    Interrogée au sujet du féminisme, Sylviane Agacinski estime que « le plus redoutable, aujourd'hui, c'est l'emprise que l'économie tend à exercer sur l'ensemble des individus - et pas seulement sur les femmes - au nom de la croissance, de la compétitivité et de la course sans fin au profit. La vie de tous est menacée lorsqu'elle est convertie en ‘ressource’ et en ‘capital humain’ ».

    A l’heure de la confusion des sexes, la philosophe rappelle que l'identité gay ou lesbienne, bisexuelle, transsexuelle ou transgenre ne peut « ni effacer ni remplacer la distinction de sexe. Elles la confirment au contraire, car il n'y aurait aucun sens à se dire bisexuel, par exemple, s'il n'y avait pas au moins deux sexes ». Elle poursuit : « Le désir de déterminer soi-même son genre traduit (…) une volonté d'échapper aux limites de notre condition humaine : celle d'un être charnel et vivant, auquel le sexe et la mort signifient sa finitude ».

    A propos de la polémique autour des « parent 1 » et « parent 2 », elle explique que « les philosophes aiment dire, avec Hegel, que ‘c'est dans les mots que nous pensons’. Mais les mots ont le pouvoir ambigu de montrer le réel - ou de le dissimuler. La distinction lexicale entre père et mère tient au fait que l'un ne peut se substituer à l'autre, car leurs rôles ne sont pas équivalents ». Et dans le réel, « deux parents du même sexe, cela ne suffit pas, en tout cas pas pour faire un enfant. Il faut la participation d'une troisième personne, ce que j'appelle un tiers-corps ». Précisant qu’ « en Californie, ce corps humain parcellisé est devenu une ressource biologique disponible sur le marché ».

    Sources: Le Figaro, Eugénie Bastié (07/03/2019)
  • Un comprimé blanc, ovale et sécable...

    IMPRIMER

    Une opinion de Laurent Verpoorten, journaliste pour la Radio chrétienne francophone belge, en contribution externe sur le site de la Libre :

    De la sérotonine à l’hostie

    Ode à l’écrivain visionnaire Michel Houellebecq qui, pour la première fois, abandonne sa position d’observateur et propose un remède au désarroi contemporain dans son nouveau roman "Sérotonine".

    Sa capacité inégalée à dresser le portrait désolant du monde actuel fait de lui l’écrivain le plus important de sa génération. Et sa compréhension froide des ressorts de notre temps est si profonde qu’elle lui a permis d’en prédire le futur. Ainsi trouve-t-on disséminés dans ses romans, avec des années d’avance et des détails criants de vérité, la description des rêves fous de la génétique désormais de l’ordre du possible, la montée de l’islamisme et ses attentats sauvages que nous endurons encore et toujours ou la révolte des laissés-pour-compte de la mondialisation dont les "gilets jaunes" constituent la première concrétisation.

    Comment dès lors, devant un tel monument de pertinence, de lucidité jusqu’ici désespérée, ne pas prendre au sérieux les pages sur lesquelles s’achèvent Sérotonine, son dernier roman, et dans lesquelles Michel Houellebecq, pour la première fois de toute son œuvre, abandonne sa position d’observateur et propose un remède au désarroi contemporain ?

    Dans ces pages ultimes, en trois paragraphes qui devront être médités - mais le seront-ils ? - l’écrivain français que l’on peut accuser de tout sauf de naïveté, dépose sa blouse de médecin légiste du corps social occidental pour déclarer à ses masochistes lecteurs l’inimaginable : oui, le bonheur est possible en ce monde et, audace inouïe, le Christ en est la clef.

    Tabula rasa

    Jusqu’à la dernière page du roman, Sérotonine ressemble à un condensé de l’œuvre antérieure de Houellebecq. Les différents secteurs des activités humaines, qui constituaient les sujets respectifs de chacun des romans précédents, y sont une nouvelle fois passés implacablement à la moulinette : aucun d’entre eux n’est finalement susceptible de rendre les hommes heureux.

    Vingt-cinq ans plus tard, la critique du monde du travail et de l’économie consumériste, inaugurée dans Extension du domaine de la lutte (1994) est confirmée : le capitalisme est une machine à broyer l’humain et la marchandise, aussi sophistiquée qu’elle soit, ne comble pas.

    La solution viendrait-elle de la politique, comme cela était imaginé dans Soumission(2015) ? Car ce roman décrivant le devenir de la France en république islamique était moins une réflexion sur l’islam que sur la perte générale du sens du bien commun au profit d’intérêts particuliers. Dans Sérotonine, la politique tourne à vide et ne parvient plus à produire autre chose que de l’insignifiance - des souvenirs flous où se confondent François Hollande et Emmanuel Macron - ou de la violence : la force publique tirant sur des paysans révoltés.

    Enfin, dans Les Particules élémentaires (1998) ou dans Plateforme (2001), le sexe, bien que dépeint de manière crue, permettait encore d’accéder à une forme de félicité. Mais dans Sérotonine, du nom de l’hormone produite par le Captorix, l’antidépresseur absorbé par le personnage principal, il est tout simplement mis hors-jeu. En effet, la prise quotidienne du médicament annihile complètement le désir du héros et les rares relations sexuelles évoquées dans le roman sont placées sous le signe de la perversion (pédophilie) ou de l’abjection (zoophilie). Manifestement, pour l’auteur, aucune consolation n’est à espérer de ce côté-là non plus…

    S’il me manque l’amour…

    Et pourtant, dans ce panorama dévasté, une source de bonheur n’est pas tarie. Elle seule permet de donner l’envie de continuer à vivre en ce monde alors que, paradoxalement, ce monde n’est pas à son origine. C’est l’amour.

    L’amour reçu, inexplicablement, dont chaque expérience contredit l’absurdité de l’existence et que le personnage de Sérotonine ne cesse de se remémorer. Mais surtout, l’amour donné, gratuitement, ce que le même personnage reconnaît amèrement n’avoir pas suffisamment fait.

    Et Michel Houellebecq de conclure le roman, et jusqu’à nouvel ordre l’ensemble de son œuvre, par un précipité de théologie chrétienne, en forme de syllogisme trinitaire, dans lequel l’aptitude de l’écrivain français à capter l’essence de l’époque excelle à présent à saisir celle du christianisme.

    Abjurant pour la première fois le credo matérialiste et darwinien auquel il doit son succès, Houellebecq reconnaît d’abord à l’amour son caractère surnaturel. "Ces élans d’amour, écrit-il, inexplicables si l’on considère notre nature biologique." Et, sans trembler, d’oser nommer clairement leur origine : Dieu. Chaque manifestation d’amour, explique-t-il, constitue autant de signes que Dieu nous adresse. Et, puisque de tout temps, la plupart des hommes ont été incapables d’en tenir compte, il a bien fallu que Dieu, par amour, leur envoie un signe incontestable : son fils Jésus. "Est-ce qu’il faut vraiment que je donne ma vie pour ces minables, s’interroge le Christ sous la plume de Houellebecq, est-ce qu’il faut à ce point être explicite ?" Dernière phrase du livre : "Il semblerait que oui." Tout est accompli.

    Pour une foi

    Que le message chrétien soit validé par un écrivain majeur contemporain mettra sans doute du baume au cœur des catholiques. Et ne manquera pas d’interroger les autres.

    En ces temps où la religion chrétienne est mise à mal par les scandales qui touchent l’Église, Michel Houellebecq la revalorise en son essentiel. En soutenant que l’amour est une preuve tangible de l’existence du Dieu de Jésus-Christ et, qu’en définitive, le bonheur ne peut se rencontrer en nos vies qu’au travers d’un amour gratuit, l’écrivain français, par la pureté de son propos, clarifie le débat. Ou plutôt en rappelle le préalable, dont devraient se souvenir les croyants comme les détracteurs du christianisme : pas plus que l’éloge de la foi vécue ne peut servir d’excuse aux errements de l’Église, pas plus les fautes de l’institution ne peuvent discréditer la légitimité de l’acte de foi.

    "Que la joie qui est la mienne vous remplisse vous aussi et qu’ainsi votre joie soit complète." Cette promesse de bonheur exprimée par Jésus de Nazareth se devait d’être un jour expertisée par Michel Houellebecq. Car le succès mondial de ses romans parfaitement déceptifs s’explique moins par la maestria de leur auteur à refléter avec des mots justes le regard désabusé que le monde contemporain mérite qu’on porte sur lui qu’au fait qu’une unique question, la seule qui finalement nous importe, y est inlassablement posée : comment parvenir à être heureux ?

    Déçu de tout, le personnage de Sérotonine finit par perdre l’espoir de connaître à nouveau le bonheur et se fixe un objectif moins ambitieux : ne pas souffrir. Pour y parvenir, une augmentation de sa prise de Captorix sera nécessaire. Pourtant, reconnaît-il, ce produit "ne donne aucune forme de bonheur, ni de réel soulagement" mais, "transformant la vie en une succession de formalités" indolores, parvient à l’anesthésier jusqu’à son terme.

    La description du médicament ouvrait le roman : "C’est un comprimé blanc, ovale et sécable." Mais quand on le referme, c’est un autre remède au mal de vivre qui vient à l’esprit, blanc et sécable lui aussi : une hostie.

  • "Je suis troublé avec vous tous" : un évêque parle

    IMPRIMER

    «Je suis troublé avec vous tous»: un évêque parle

    Le diocèse de Rouen publie ce message de Mgr Lebrun:          

    Je suis troublé avec vous tous

    Message de l’archevêque aux fidèles 

    Le cardinal Philippe Barbarin vient d’être condamné pour « non-dénonciation de mauvais traitements envers un mineur ». Je ne commente pas cette décision de justice. Elle s’ajoute à d’autres révélations et condamnations de prêtres, d’évêques, de religieux ou religieuses qui ont abusé d’enfants ou de personnes fragiles, crimes terribles. En raison même des processus psychologiques, on peut penser que les victimes n’ont pas toutes parlé. À cela se sont ajoutés des comportements de la hiérarchie et des proches des victimes qui ont étouffé des paroles. 

    Il y a de quoi être troublé. Je le suis avec vous tous. Nous apprenons de Jésus qu’il n’y a pas d’impasse pour les pécheurs. Nous découvrons des péchés graves, aggravés parce qu’ils ont été cachés. Le chemin passe par l’acceptation de notre péché. Je n’imaginais pas à quel point il y a de la pourriture au sein de notre Église catholique. Est-ce par aveuglement ou par orgueil ? Est-ce par protection plus ou moins consciente de l’Église ou des personnes ? Je ne sais pas répondre. Je m’examine moi-même, et chacun a sans doute sa réponse. En tous les cas, nous avons maintenant à accueillir la lumière qui éclaire ces ténèbres. 

    Notre espérance n’en est pas moins grande. Par avance, Jésus a interrogé l’Église qui critique si facilement la société : « Qu’as-tu à regarder la paille qui est dans l’œil de ton frère alors que la poutre qui est dans ton œil à toi, tu ne la remarques pas ? » (Mt 7,3). Chacun peut accueillir cette question, surtout au temps du carême. Accueillir humblement la question est déjà chemin de salut. 

    Combien de temps encore cette purification va-t-elle durer ? Je n’ai pas de réponse. Je demande seulement au Seigneur de ne pas nous tenter au-delà de nos forces, comme il l’a promis. Je le supplie aussi de regarder tout le bien que nos communautés avec leurs prêtres, leurs religieux et religieuses, leur évêque font en vivant l’Évangile.  

    Oui, Jésus continue de dire à son Église comme à Pierre : « Arrière Satan, tes pensées ne sont pas les pensées de Dieu » (Mt 16, 23) et de l’interroger « Pierre, m’aimes-tu ? » (Jn 21, 15) pour lui redonner sa confiance. Oui Jésus continue de nous « faire de vifs reproches » (Mc 8, 32) en nous disant aussi : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création » (Mc 16, 15). Puisse le carême être vraiment un temps favorable. Avec beaucoup d’amitié et en communion. 

    À Rouen, le 8 mars 2019.
    Dominique Lebrun
    Archevêque de Rouen

  • Philippe Barbarin, une forte personnalité qui n'hésitait pas à monter au feu médiatique

    IMPRIMER

    Du site "La sélection du jour" :

    Barbarin, les questions d’une condamnation (n° 596)

    C’est une surprise, et un symbole. Dans l’affaire de la non-dénociation des agressions commises par le père Preynat à l'encontre de jeunes scouts dans les années 1980 et 1990 - faits qui n’ont pas encore été jugés, Mgr Barbarin a été reconnu coupable de non-dénonciation d'abus sexuel dans son diocèse et condamné à six mois de prison avec sursis. "Je prends acte de la décision du tribunal. Indépendamment de mon sort personnel, je tiens à redire toute ma compassion pour les victimes. J’ai décidé d'aller voir le Saint-Père pour lui remettre ma démission", a-t-il immédiatement déclaré. En avril 2016, aux débuts de l'affaire, l'archevêque avait déjà proposé sa démission, mais celle-ci avait été refusée par le Pape.

    Les avocats de Mgr Barbarin ont déjà annoncé leur intention de faire appel, l’archevêque de Lyon continuant de s’estimer innocent des fait de non dénonciation qui lui sont reprochés. Il avait notamment déclaré n’avoir "jamais cherché à cacher, encore moins à couvrir ces faits horribles", Pour le tribunal, "Philippe Barbarin a fait le choix en conscience, pour préserver l'institution à laquelle il appartient, de ne pas les transmettre à la justice. [...] En voulant éviter le scandale, causé par les faits d'abus sexuels multiples commis par un prêtre, mais sans doute aussi par la mise à jour de décisions bien peu adéquates prises par les évêques qui le précédaient, Philippe Barbarin a préféré prendre le risque d'empêcher la découverte de très nombreuses victimes d'abus sexuels par la justice, et d'interdire l'expression de leur douleur."  "La responsabilité et la culpabilité du cardinal ont été consacrées par ce jugement. C'est un symbole extraordinaire. Une grande émotion historique", a déclaré Yves Sauvayre, l'un des avocats des parties civiles.

    Au-delà de la nécessaire libération de la parole, essentielle pour les victimes de tels abus, cette décision de justice pose toutefois question. N’a-t-on pas, dans un contexte de multiplication des affaires, et alors qu’un film actuellement en salles est même consacré au dossier, voulu faire du Cardinal un symbole, et ce doublement. D’abord le symbole d’une église qui ne saurait avoir ses fonctionnements propres, qui doit respecter les règles et les décisions de la justice de la République. Pour les juges, "une dénonciation adressée au procureur de la République pouvait tout à fait contenir les mêmes informations que celles transmises à Rome."

    Ensuite un symbole personnel : alors que l’AFP parle dans sa dépêche de la condamnation d’un évêque "rigoriste", n’a-t-on pas aussi voulu condamner un évêque connu pour ses prises de position franches, notamment au moment des manifestations de la Manif pour Tous ? Certains voulaient sa tête, et l’auront eu, quitte à en passer par d’autres raisons. "C’est une décision surprenante, explique d’ailleurs à Aleteia Henri de Beauregard, avocat pénaliste. Ce procès est singulier par bien des aspects. On se retrouve avec une affaire dans laquelle le parquet, qui est censé être accusateur public demandant une condamnation, requiert la relaxe et un tribunal qui condamne alors qu’il n’est pas saisi de réquisition de condamnation. C’est techniquement possible mais statistiquement extrêmement rare."

    Dans un éditorial, Jérôme Cordelier, spécialiste des questions de religion au Point, estime que "l’Église a besoin d'un nouveau Lustiger". Pour lui, "condamner le cardinal-archevêque de Lyon, c'est non seulement frapper une forte personnalité qui n'hésitait pas à monter au feu médiatique – non sans courage quand tant de prélats désertent le champ de bataille –, mais aussi toucher au cœur du catholicisme français à un moment crucial où celui-ci vacille.Et la relève ?, s’interroge-t-il. "C'est peu dire qu'elle tarde à venir. Si les Français occupent quelques beaux postes dans l'ombre de la « machinerie » vaticane, ils ne sont plus que portion congrue en première ligne." "Certes, des personnalités intéressantes commencent à émerger parmi les évêques, mais, pour l'heure, leurs interventions publiques (hors la « cathosphère ») restent (très) timides. L'Église de France a besoin de bâtisseurs et de prophètes, mais aussi d'un leader qui porte une parole forte sur la scène publique."

    Lire aussi :

  • Un complot contre l'Eglise ?

    IMPRIMER

    De l'abbé Guillaume de Tanoüarn sur son blog ("Metablog") :

    Un complot contre l'Eglise ?

    C’est un complot contre l’Eglise. Voilà ce que pensent beaucoup de catholiques inquiets devant cet alignement maléfique des Planètes où l'Eglise semble perdre complètement sa crédibilité, au point d'inquiéter fortement les laïcs qui se sont engagés pour elle malgré toutes les difficultés que l'époque oppose à un tel engagement.

    Il y a tant de scandales qui ont explosé ces derniers temps que l'on est bien obligé de leur donner raison. Mais ce ne peut être une conspiration humaine. Quel rapport existe-t-il, en effet, entre le film Grâce à Dieu de François Ozon, sur la non-dénonciation des crimes de pédophilie, le livre Sodoma de Frédéric Martel sur le système homosexuel au Vatican (système: le mot est de Martel qui a enquêté quatre ans dans les cénacles ecclésiastiques du monde entier), et enfin ce documentaire sur les abus sexuels concernant des religieuses dans des couvents catholiques, programmé sur la chaîne Arte pour Mardi Gras ? Dans une telle conjonction, les exploits don-juanesques de Mgr Ventura, nonce à Paris, semblent presque dérisoires. 

    Il y a vraiment quelque chose de pourri au Royaume de Danemark aurait dit Shakespeare. Mais Dieu règle les événements bons ou mauvais pour le plus grand bien de ceux qui l'aiment. Il est dans la même barque que nous. Dans une telle répétition différentiée des symptômes, c’est le Seigneur qui se manifeste, avant et après, dans l'épreuve et dans la consolation. Il va apaiser la tempête comme d'habitude, mais il faut d'abord que nous soyons capables de lui dire : "Seigneur sauvez-nous, nous périssons" ainsi que l'ont fait les apôtres. Comment le lui dirons-nous  en cette occurrence ?

    Il y a quelques années autour du grand jubilé de l'an 2000, la repentance était très à la mode dans l'Eglise. On faisait repentance pour l'inquisition médiévale, pour les Borgia, Alexandre VI et son oncle Calixte III, papes de la Renaissance, toutes choses à la vérité fort anciennes. Ce rituel sociologico-politique n'a convaincu personne. L'Eglise du grand Jubilé a donné l'impression de filtrer le moucheron des anciens temps et de laisser passer le chameau des temps nouveaux. Il me semble qu'il faut être plus classiquement chrétien et envisager un vrai repentir de l'Institution, comme avait commencé de le faire Benoît XVI dans sa Lettre aux catholiques irlandais.

    Ce repentir ne doit absolument pas être le fait de tous les catholiques comme l'indique indistinctement tel prêtre dans sa Lettre de Carême : la mauvaise conscience est aussi dangereuse que la bonne. Ce qui compte c'est la conscience tout court ! De façon évangélique, ce repentir doit concerner ceux qui ont péché, en tant qu'ils ont péché. Il me semble que c'est à quoi nous conduit ce complot divin auquel nous sommes en train d'assister. 

    Le pape François a eu raison de pointer, dans ces abus sexuels, des abus de position dominante. Dans toutes ces histoires, le cléricalisme n’est jamais loin. Les clercs qui auraient abusé de leur fonction ne serait-ce que pour couvrir des crimes sexuels, doivent s'en repentir clairement et à haute voix, sans jouer "grâce à Dieu la prescription".

    L'Eglise ne se sortira pas des scandales par une nouvelle crise de mauvaise conscience. Il faut qu'au moins symboliquement certains hommes d'Eglise soient capables de prendre sur eux la foudre. Noblement. Courageusement. A cause de ce qu'ils ont fait ou de ce qu'ils n'ont pas fait.

    "Là où croît le péril, croît aussi ce qui sauve" dit le Poète, faisant écho à saint Paul : "Là où le péché a abondé, il faut que la grâce surabonde". A scruter les terribles signes des temps qui nous tombent dessus, on peut dire que nous allons sans aucun doute vers un temps de grâce. Il importe avant tout, comme disciple du Christ, non pas de faire disparaître les dossiers, mais au contraire, selon la mission que l'Eglise de France a confié à Jean-Marc Sauvé, de faire la vérité. Le concile Vatican II avait été convoqué il y a plus d'un demi-siècle pour une opération vérité, parce que l'on sentait déjà des dysfonctionnements. Les Pères ont cru s'en tirer avec des généralités théologiques. Nous sommes devant la vraie crise de l'Eglise. Mais le Seigneur nous demande davantage, oui, dans un prolongement inédit de Vatican II, davantage que des mesurettes ou des réformettes liturgiques dont tout le monde se f... : une vraie réforme, une autocritique du cléricalisme, une mise en question des personnes constituées en dignité, qui ont transformé les erreurs humaines toujours présentes dans tout corps constitué en tolérance organisée, dramatiquement efficace contre toutes les victimes de prédateurs sexuels.

    Mais avant tout, il faut que nous sachions voir le complot divin à travers les mauvaises nouvelles. Ne nous y trompons pas : c'est à cause de lui que rien ne sera plus jamais comme avant dans l'Eglise.

  • Abus sexuels : "dans l'Eglise, on passe d'une culture du silence à une culpabilisation générale"

    IMPRIMER

    Du site de l'hebdomadaire La Vie :

    “Dans l'Église, on passe d'une culture du silence à une culpabilisation générale“

    Un prêtre, ancien aumônier scout, a été jugé coupable de viols et agressions sexuelles sur mineurs par la cour d'assises des Pyrénées-Orientales début mars. Les faits se sont déroulés entre 2006 et 2009. Loïc M., père d'une des victimes de ce curé de la paroisse Saint-Joseph de Perpignan, a souhaité s'exprimer sur le « calvaire » de sa famille.

    « Vendredi 1er mars 2019, après dix ans d’attente et un procès d’assises de cinq jours éprouvants, notre fils ainsi que deux autres plaignants ont été reconnus victimes par la Cour d’assises de Perpignan, qui a condamné le prêtre agresseur de nos enfants à quinze ans de réclusion.

    Il n’est pas utile de revenir sur l’impensable : "Comment un prêtre a-t-il pu commettre de pareils actes ?" Nous l’avons expérimenté dans notre chair, aucun homme n’est à l’abri du mal, et même du mal le plus sombre, au point que le président du tribunal m’interpelait : "Mais comment pouvez-vous encore être catholique après cela ?" Non seulement je le suis encore, mais je voudrais dire que si notre fils a été abusé par un prêtre, cela ne diminue en rien l’estime et la confiance que nous avons pour tous ces autres prêtres qui, chaque jour, se dévouent auprès de nous. Trois jeunes prêtres qui œuvraient avec l’accusé dans le ministère ont témoigné, parfois dans les larmes, devant nous. Ils nous ont demandé pardon, pardon de ne pas avoir vu assez tôt, pardon également de ne pas avoir cru assez tôt. Ils ont été trahis par leur frère dans le sacerdoce, salis par celui qu’ils admiraient. Je leur rends hommage et je dis aux évêques : veillez sur vos prêtres comme des pères, car ce monde est rude pour eux et la faute d’un seul ne doit pas jeter le discrédit sur les autres. Je suis contre le mariage des prêtres, mais pour la paternité des évêques.

    Quand j’entends dire de toutes ces affaires, "c’est un péché collectif", je m’insurge. On passe d’une culture du silence à la culpabilisation générale. Ces prêtres ne sont pas coupables des crimes de leurs confrères. Si en tant que père je m’en veux aussi de ne pas avoir pu empêcher ce qui s’est passé, je ne me sens en aucune manière coupable de la même manière que ce prédateur. Ces prêtres ne devraient pas non plus s’en sentir coupables. Pour ce qui est de la hiérarchie, je crains que cette nouvelle doxa ne soit qu’une nouvelle manière de ne pas assumer les choses. La hiérarchie de l’Église doit assumer individuellement ses fautes et ne pas les noyer dans une vague responsabilité collective… Les victimes ne veulent pas du pardon des innocents. Elles espèrent que leur bourreau demandera un jour pardon, et elles seraient tellement apaisées d’entendre leur évêque faire de même. Dans notre cas, l’évêque de l’époque – Mgr André Marceau – n’a jamais reçu notre fils, jamais demandé de ses nouvelles ou des nôtres, jamais eu une parole de compassion pour les victimes … pas plus en dix ans qu’au procès où, tel un fonctionnaire de Dieu, il est venu dire "J’ai fait ce que j’avais à faire", c’est-à-dire rien. Il ne nous a même pas regardés, n’a pas évoqué la douleur des victimes, n’a pas eu un mot pour nos enfants… L’avocat général a jugé cette attitude de l’évêque "scandaleuse" et la Cour, si elle a reconnu à l’audience civile le dédommagement demandé par les victimes, a refusé l’euro symbolique de dédommagement demandé par le diocèse. Ce geste de justice a été un réconfort pour les familles.

    Nous ne sommes que des simples fidèles. Nous n’entendons rien aux beaux discours de réformes toujours annoncées, aux grandes réunions, aux effets d’annonces… Ce que nous voyons, c’est la réalité de l’Évangile. Qu’aurait coûté à ce hiérarque une parole de miséricorde et de compassion ? Notre fils l’attendait et nous aussi ; elle n’est pas venue, elle ne viendra pas. De quoi a-t-il peur ? Qu’on prenne ce geste comme un acte de faiblesse ? Un aveu de culpabilité ? Je ne peux croire que ce soit cela, l’Église de Jésus-Christ. Tant que nos évêques n’auront pas cette attitude simplement évangélique, les beaux discours ne serviront à rien. Tant qu’ils ne seront pas des pères, pour les victimes, pour leurs prêtres, pour leurs fidèles… ils ne seront pas crédibles et ne nous aideront pas à garder confiance dans l’Église, à l’aimer malgré tout. »

    (Les trois victimes étant mineures au moment des faits, leur nom ne peut être cité.)

  • Pourquoi elle a décidé d'offrir la mort à son fils...

    IMPRIMER

    De Cassandre Rogeret sur Handicap.fr :

    Anne Ratier a "offert la mort à son fils" : son livre choc

    "J'ai offert la mort à mon fils". Dans ce livre, Anne Ratier explique les raisons qui l'ont poussée à commettre un meurtre avec préméditation, selon elle "par amour". Un témoignage qui va faire polémique...

    Illustration article

    « Je m'appelle Anne Ratier et je vais vous expliquer pourquoi j'ai décidé d'offrir la mort à mon fils Frédéric ». En 1984, alors qu'elle s'apprête à vivre l'un des plus beaux jours de sa vie et à accueillir son premier enfant, son accouchement tourne au cauchemar. Ses forces s'amenuisent, le cœur du bébé ne bat plus, privé d'oxygène. Les chirurgiens doivent pratiquer une césarienne en urgence. Dès la naissance, Frédéric lutte pour sa vie. Le verdict tombe : « Votre enfant devra rester allongé sur un lit et ne parlera pas ». Une « sentence » qu'Anne n'acceptera finalement jamais et qui la pousse, trois ans plus tard, à commettre l'irréparable. 32 ans après, elle dévoile son secret dans un livre, J'ai offert la mort à mon fils (paru le 13 février 2019, City éditions).

    Lire la suite sur Handicap.fr