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Témoignages - Page 93

  • Un motu proprio inutile et source de division

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    De Peter M.J. Stravinskas sur le Catholic World Report :

    Un motu proprio inutile et source de division

    La lettre du pape François aux évêques apparaît comme un jugement et une mesquinerie, empestant une herméneutique du soupçon.

    17 juillet 2021

    Le vendredi 16 juillet, nous nous sommes tous réveillés avec un nouvel exemple de la lourdeur du Pape Bergoglio, avec la promulgation de son dernier motu proprio, Traditionis Custodes, qui annule la législation de ses prédécesseurs, Saint Jean-Paul II (1984 et 1988) et Benoît XVI (2007), sur l'utilisation du Missel du Pape Saint Pie V, appelé "forme extraordinaire" du Rite Romain par Benoît XVI (1).

    Dans l'intérêt d'une divulgation complète, permettez-moi de dire d'emblée que je n'ai pas vraiment de cheval dans cette course. Bien que je célèbre la Messe de la "forme extraordinaire" (FE) quand on me le demande, ma préférence personnelle va à la "forme ordinaire" (FO) en latin, tournée vers l'Est. Cela dit, comme les lecteurs réguliers de CWR le savent grâce aux homélies publiées ici, j'aide fréquemment la paroisse Holy Innocents à Midtown Manhattan et j'y célèbre la Messe dans les deux formes. En fait, j'ai aidé cette paroisse pendant plus de vingt-six ans. Avant l'introduction de la messe tridentine (ou FE - Forme Extraordinaire -) en 2008, j'offrais la FO - Forme Ordinaire - en latin.

    Dans la "lettre de présentation" de François à l'épiscopat mondial, il dit :

    "Après 13 ans de pratique, j'ai chargé la Congrégation pour la Doctrine de la Foi de faire circuler un questionnaire aux évêques concernant la mise en œuvre du Motu proprio Summorum Pontificum.

    Les réponses révèlent une situation qui me préoccupe et m'attriste, et me persuade de la nécessité d'intervenir.

    Malheureusement, l'objectif pastoral de mes Prédécesseurs, qui avaient l'intention de "tout faire pour que tous ceux qui ont vraiment le désir de l'unité trouvent la possibilité de rester dans cette unité ou de la redécouvrir", a souvent été gravement négligé.

    L'opportunité offerte par saint Jean-Paul II et, avec encore plus de magnanimité, par Benoît XVI, destinée à retrouver l'unité d'un corps ecclésial aux sensibilités liturgiques diverses, a été exploitée pour élargir les fossés, renforcer les divergences et encourager les désaccords qui blessent l'Église, bloquent son chemin et l'exposent au péril de la division."

    En d'autres termes, sa principale motivation pour restreindre l'"ancienne" messe est la crainte qu'elle ait favorisé la désunion. C'est ici que j'ai un "cheval dans la course". Dans ma prédication et mon enseignement liturgique (par le biais d'un programme d'éducation théologique permanent, étendu et régulier) à Holy Innocents, je cite régulièrement le Catéchisme actuel de l'Église catholique et les documents de Vatican II et, lorsque cela est approprié, j'explique les différences entre la FO et la FE, ainsi que leurs calendriers respectifs. Je n'ai jamais perçu le moindre signe d'opposition. En outre, Holy Innocents offre cinq messes quotidiennes pendant la semaine de travail, la messe du soir étant célébrée en FE. Une fois de plus, je dois dire que je n'ai jamais rencontré de division entre les participants réguliers à l'une ou l'autre forme ; encore une fois, il faut observer que pas mal de personnes qui assistent aux célébrations dominicales en FE et qui ne travaillent pas dans la région de Holy Innocents assistent à la messe quotidienne en FO. Nous reviendrons sur cette évaluation en temps voulu.

    La lettre de François aux évêques apparaît comme un jugement et une mesquinerie, empestant une herméneutique du soupçon. Il est très ironique que le Pape, décidé à faire preuve de "miséricorde" envers les militants homosexuels et les adultères (c'est-à-dire les divorcés et les remariés), ne fasse pas preuve d'une once de sollicitude pastorale envers les catholiques fidèles. Si la situation désastreuse de désunion qu'il évoque existe quelque part, n'incombe-t-il pas à l'évêque diocésain de s'en occuper ? Quelqu'un qui souffre d'un ongle incarné ne mérite pas l'amputation de son doigt ou de sa main. En réalité, il est perversement amusant que le Pape s'engage dans la même conduite que certains traditionalistes radicaux lorsqu'ils découvrent un abus liturgique dans l'Eglise "traditionnelle" et accusent ainsi la FO du problème.

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  • Quand la RTBF découvre que Mère Teresa s'opposait à l'avortement

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    Un article renversant publié sur le site de la RTBF (radio télévision belge francophone) :

    Le saviez-vous : Mère Teresa était contre l’avortement

    Adulée par les foules, Mère Teresa de Calcutta est célébrée comme une icône de la lutte en faveur des pauvres et des souffrants. Pourtant, le processus de canonisation express en 2016 de la “sainte des caniveaux” ne fait encore l’unanimité…


    Mère Teresa à Calcutta,
    le 23 août 1996
     
    Défenseure d’une doctrine traditionaliste

    Alors qu’elle consacrait sa vie à soulager la misère des plus malheureux, Mère Teresa ne s’est jamais cachée de sa fidélité aux valeurs traditionalistes de l’Église catholique. Des principes moraux, dira-t-on, allant bien à l’encontre de l’émancipation des femmes.

    Deux discours de la sainte albanaise d’origine et naturalisée indienne traduisent son rejet viscéral pour le divorce, la contraception et l’avortement : En 1979, lorsqu’elle reçoit le prix Nobel de la Paix, elle déclare :

    "L’avortement est la plus grande force de destruction de la paix aujourd’hui, par le meurtre d’innocents enfants, un meurtre commis directement par la mère elle-même. Que signifie de s’entretuer ainsi ? Même si les mères oublient leurs enfants tués, moi je n’oublierai pas ces millions d’enfants non nés parce que tués. Et personne ne parle d’eux. Pour moi, les pays qui légalisent l’avortement sont de pauvres nations".

    (Source : "Canonisation de Mère Teresa : une sainte, vraiment ?", TV5 Monde)

    Lors de la Conférence internationale sur la population au Caire, en 1994, elle va jusqu’à condamner l’avortement même dans les cas les plus extrêmes, comme le viol.

    "C’est pour moi en contradiction avec sa sincère compassion pour la personne souffrante." commente Matreyi Chaterjee, personnalité féministe indienne.

    Également présidente du Forum against Oppression of Women (Association contre l’oppression des femmes), Chaterjee poursuit dans cet article de Libération : "On ne peut lui reprocher ce qui fait partie du discours officiel de l’Eglise catholique, mais qu’est-ce qui l’oblige à faire du zèle dans un pays qui souffre de surpopulation ?".

    Mère Teresa ne s’est pas arrêtée à ces deux déclarations publiques. Immiscée dans le débat sur l’avortement en Espagne, en 1983, elle était également proche des “pro life” américains. En 1995, en France, elle avait également parrainé un colloque du cercle Renaissance, lié au Front National.

    Une critique parmi d’autres

    Comme le rappelle Le Courrier international ou encore L’Express, on reproche également à la Sœur au sari de coton blanc un dogmatisme excessif, des adoptions polémiques, une accointance avec des personnalités controversées, un penchant pour la mortification et même, des doutes sur l’existence de Dieu.

    Certaines critiques plus méritées que d’autres mais, quoi qu’il en soit, le mythe d’altruisme et de générosité accolé à “la petite sœur des pauvres” a pour le moins été remis en question.

  • Etats-Unis : les messes traditionnelles en latin promises à un bel avenir

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    De Christine Rousselle sur le National Catholic Register :

    Archevêque Cordileone : La messe traditionnelle en latin se poursuivra à San Francisco

    Il semble que les messes traditionnelles en latin dans les diocèses des États-Unis vont se poursuivre comme prévu, pendant que les évêques préparent les réponses à Traditionis custodes.

    Archbishop Salvatore Cordileone of San Francisco.
    L'archevêque Salvatore Cordileone de San Francisco. (photo : CNA / CNA)

    16 juillet 2021

    Alors que les évêques diocésains examinent comment mettre en œuvre le motu proprio du pape François sur l'utilisation de la messe traditionnelle en latin, l'archevêque de San Francisco a déclaré qu'elle continuerait à être disponible dans son église locale.

    L'archevêque Salvatore Cordileone de San Francisco a déclaré à CNA le 16 juillet que "la messe est un miracle sous toutes ses formes : Le Christ vient à nous dans la chair sous l'apparence du pain et du vin. Ce qui compte, c'est l'unité sous le Christ. Par conséquent, la messe traditionnelle en latin continuera d'être disponible ici dans l'archidiocèse de San Francisco et fournie en réponse aux besoins et désirs légitimes des fidèles."

    Il semble que les messes traditionnelles en latin dans les diocèses à travers les États-Unis vont largement continuer comme prévu, pendant que les évêques préparent les réponses à Traditionis custodes.

    Le motu proprio indique qu'il est de la "compétence exclusive" de chaque évêque d'autoriser l'utilisation du Missel romain de 1962 dans son diocèse.

    Il définit également les responsabilités des évêques dont les diocèses comptent déjà un ou plusieurs groupes qui offrent la messe sous la forme extraordinaire, en demandant aux évêques de déterminer si ces groupes ne nient pas la validité de Vatican II et du Magistère.

    Les évêques ont pour instruction de "désigner un ou plusieurs lieux où les fidèles adhérents de ces groupes peuvent se réunir pour la célébration eucharistique (pas toutefois dans les églises paroissiales et sans l'érection de nouvelles paroisses personnelles)".

    Le sentiment de Mgr Cordileone a rejoint celui d'autres évêques. 

    Mgr Edward Scharfenberger, évêque d'Albany, a écrit : "En ce qui concerne la célébration de la liturgie romaine avant les réformes de 1970, je souhaite réitérer le grand bien pastoral et spirituel qui a été expérimenté par ceux qui ont été et qui sont engagés dans cette forme de liturgie. Je voudrais également reconnaître les nombreuses et précieuses contributions apportées à la vie de l'Église par ces célébrations."

    Il a ajouté que lui, ainsi que les autres évêques, ont été consultés l'année dernière au sujet de la messe traditionnelle en latin : "Celle-ci a été dûment remplie et expédiée, bien que, à ma connaissance, aucun résumé des différentes réponses des évêques n'ait été fourni à ce jour. Ma réponse donnait des détails sur les dispositions et expériences actuelles au sein du diocèse ; ainsi que d'autres points, tels que ceux mentionnés dans le paragraphe ci-dessus."

    Le diocèse d'Arlington a déclaré à CNA que toutes les paroisses qui avaient prévu d'offrir des messes sous la forme extraordinaire seraient en mesure de le faire. 

    "L'évêque Burbidge a lu le motu proprio concernant le Missel de 1962", a déclaré une déclaration de Billy Atwell, responsable de la communication du diocèse d'Arlington. "Il l'examinera plus en détail et donnera des conseils supplémentaires à nos prêtres dans un avenir proche. Les paroisses qui doivent actuellement célébrer la messe sous la forme extraordinaire ce week-end ont reçu la permission de le faire."

    Mgr Thomas Tobin, évêque de Providence, a qualifié le motu proprio de "défi et d'opportunité".  "Dans le diocèse de Providence, nous allons l'étudier et le mettre en œuvre ensemble, dans la paix et la prière. Mais par-dessus tout, nous affirmerons notre amour pour la Sainte Messe, et notre unité dans le Christ et sa Sainte Église", a-t-il déclaré. 

    À propos du Nouveau mouvement liturgique, Gregory DiPippo a noté que le motu proprio a été publié le jour de la fête de Notre-Dame du Mont Carmel, et que "lorsque les ordres mendiants comme les Carmes sont apparus au 13ème siècle, dans le cadre du mouvement de réforme en cours dans l'Église, ils ont été attaqués pour divers motifs par les représentants des institutions ecclésiastiques plus établies, qui n'aimaient pas voir leur propre décadence et leur complaisance remises en question par la vitalité évangélique du nouveau mouvement. Semper idem". "Si vous aimez l'Église et la liturgie traditionnelle, adoptez une dévotion mariale, si vous n'en avez pas déjà une, et faites-vous un devoir de demander l'intercession de la Vierge pour dénouer ce nœud d'injustice flagrante. De même, invoquons continuellement l'intercession de saint Joseph, que nous honorons du titre de Patron de l'Église universelle, qui a le plus grand besoin de sa puissante protection, et de saint Pie V, dont le Missel reste l'expression la plus authentique de la lex orandi de l'Église romaine."

  • Réflexions sur le motu proprio Traditionis Custodes du pape François

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    Geffroy2.jpgLe point de vue de Christophe Geffroy, Fondateur et directeur du mensuel  « La Nef », publié ce jour sur le site web de la revue :

    « L’incompréhension est ce qui domine en lisant le motu proprio Traditionis Custodes et la lettre aux évêques qui l’accompagne. On ne comprend pas la justification ni la nécessité d’un tel texte, et ce d’autant plus que le pape a légiféré sur la base d’un argument incomplet et d’informations fausses.

    1/ L’argument incomplet. Affirmer que le motu proprio Ecclesia Dei de Jean-Paul II n’était motivé que pour « une raison ecclésiale de recomposer l’unité de l’Église » n’est pas exact. Certes, cela en était une raison majeure, mais il y en avait une autre omise par François : « tous les pasteurs et les autres fidèles doivent aussi avoir une conscience nouvelle non seulement de la légitimité mais aussi de la richesse que représente pour l’Église la diversité des charismes et des traditions de spiritualité et d’apostolat. Cette diversité constitue aussi la beauté de l’unité dans la variété : telle est la symphonie que, sous l’action de l’Esprit-Saint, l’Église terrestre fait monter vers le ciel » (Ecclesia Dei n. 5-a).

    2/ Les informations fausses. Le pape François affirme que la générosité de Jean-Paul II et Benoît XVI aurait été utilisée par les tradis pour s’opposer à la messe de Paul VI et au concile Vatican II en mettant en péril l’unité de l’Église. Il écrit en effet : « L’occasion offerte par saint Jean-Paul II et avec encore plus de magnanimité par Benoît XVI de restaurer l’unité du corps ecclésial, dans le respect des diverses sensibilités liturgiques, a été utilisée pour accroître les distances, durcir les différences et construire des oppositions qui blessent l’Église et entravent son progrès, l’exposant au risque de la division. […] Mais je suis également attristé par l’utilisation instrumentale du Missale Romanum de 1962, qui se caractérise de plus en plus par un rejet croissant non seulement de la réforme liturgique, mais du Concile Vatican II, avec l’affirmation infondée et insoutenable qu’il a trahi la Tradition et la “vraie Église”. […] Il est de plus en plus évident, dans les paroles et les attitudes de beaucoup, qu’il existe une relation étroite entre le choix des célébrations selon les livres liturgiques antérieurs au Concile Vatican II et le rejet de l’Église et de ses institutions au nom de ce qu’ils considèrent être la “vraie Église”. Il s’agit d’un comportement qui contredit la communion, alimentant cette pulsion de division. »

    Le vocabulaire même utilisé par François est celui de la Fraternité Saint-Pie X : la « vraie Église » ! Aucun tradi fidèle à Rome ne l’emploie ! Donc, son constat est vrai si on se limite à la Fraternité Saint-Pie X. Mais il est faux si on l’applique à la mouvance « Ecclesia Dei » dans sa grande majorité ; qu’il existe des cas répondant à ce que dit le pape est vrai, mais ils sont très minoritaires : pourquoi appliquer une punition collective pour la faute de quelques-uns, n’aurait-il pas suffi de sévir contre ceux-là ? Visiblement, nous ne connaissons pas le même monde tradi que le pape ou ses conseillers, car cela ne correspond tout simplement pas à la réalité ; ils le voient comme un monde homogène qui serait en fait celui de la seule Fraternité Saint-Pie X ! Qui conseille et éclaire le pape sur ces sujets ?

    À partir d’informations biaisées sur la situation réelle, on fait croire que le pape répond à une demande qui n’est que celle d’une petite minorité qui a toujours été farouchement hostile à la forme extraordinaire.

    3/ L’objectif du pape… et ses conséquences dramatiques prévisibles : « C’est pour défendre l’unité du Corps du Christ que je suis obligé de révoquer la faculté accordée par mes Prédécesseurs. L’usage déformé qui en a été fait est contraire aux raisons qui les ont conduits à accorder la liberté de célébrer la messe avec le Missale Romanum de 1962. » En voulant défendre l’unité, ce motu proprio va apporter incompréhension, désarroi, drames et finalement attiser les divisions au lieu de les réduire : il va aboutir à l’inverse de son objectif ! En un coup de crayon, il balaie 35 années d’efforts de Jean-Paul II et Benoît XVI pour apaiser la situation et apporter une paix certes imparfaite mais réelle. Même la synthèse de la CEF, pourtant peu bienveillante à l’égard du monde tradi, reconnaissait que Summorum Pontificum avait conduit globalement à une « situation apaisée », ce que notre enquête a largement confirmé (cf. le dossier sur les « tradis » dans La Nef n°338 de juillet-août 2021).

    Il va réveiller la guerre liturgique, exacerber la résistance des tradis et, surtout, entraîner pas mal de départs vers la Fraternité Saint-Pie X (qui doit se réjouir de ce motu proprio qui va alimenter leurs troupes et confirmer ce qu’ils ne cessent de répéter depuis 1988, à savoir qu’on ne peut faire confiance à Rome, les confortant dans le refus de toute réconciliation) – ce que précisément Jean-Paul II et Benoît XVI avaient su éviter par leur attention à l’égard de ce monde tradi. Cela risque d’être un immense gâchis.

    Ajoutons une remarque importante d’un point de vue historique et psychologique : Paul VI était prêt à des concessions sur la messe si Mgr Lefebvre n’avait pas rejeté Vatican II (c’est la fameuse déclaration du 21 novembre 1974 contre la « Rome moderniste » du concile qui a fait difficulté) ; mais Jean-Paul II et Benoît XVI avaient compris que l’apaisement liturgique était la condition nécessaire pour que les tradis les plus réservés sur Vatican II puissent s’ouvrir au concile et se l’assimiler. En resserrant l’étau sur la messe, François va aboutir au résultat inverse à celui légitimement recherché.

    4/ Deux poids, deux mesures ? Le ton du motu proprio et de la lettre est d’une dureté et sévérité telles à l’encontre des tradis que l’on ne peut s’empêcher de penser qu’il y a deux poids, deux mesures : alors que François insiste si souvent sur la miséricorde, la mansuétude, le pardon… alors qu’il est si patient avec l’Église d’Allemagne qui est au bord du schisme, lui, le Père commun, ne montre pas l’ombre d’un signe d’amour ou de compréhension pour ceux qui sont pourtant une petite partie de son troupeau ! À travers ces textes, les tradis apparaissent comme nuisibles, en étant juste tolérés dans des « réserves d’Indiens » le temps qu’ils rentrent dans le rang, l’objectif affiché étant de les faire disparaître (sans jamais s’interroger pour savoir s’ils pouvaient apporter quelque chose à l’Église, en termes de jeunesse, dynamisme, vocations…). Y a-t-il tant de catholiques pratiquants convaincus en Occident qu’il faille prioritairement limiter drastiquement une partie d’entre eux ?

    L’histoire récente a montré que mépriser ainsi les tradis, les persécuter n’aide pas à les faire évoluer ; au contraire, on attise la résistance des plus durs, ils deviennent plus rigides, cela va à l’encontre du but recherché de favoriser l’unité.

    Rendons hommage ici à la Conférence des évêques de France pour leur communiqué du 17 juillet qui montre de l’estime pour les « tradis » : « Ils [les évêques] souhaitent manifester aux fidèles célébrant habituellement selon le missel de saint Jean XXIII et à leurs pasteurs, leur attention, l’estime qu’ils ont pour le zèle spirituel de ces fidèles, et leur détermination à poursuivre ensemble la mission, dans la communion de l’Église et selon les normes en vigueur. »

    5/ Le mépris pour la grande œuvre de Benoît XVI ! Ces deux textes du pape reviennent sans nuance aucune sur l’œuvre de réconciliation de Jean-Paul II et surtout de Benoît XVI à partir d’une analyse des faits qui est fausse, et vont jusqu’à annuler l’apport essentiel du pape émérite qui avait distingué les deux formes ordinaire et extraordinaire du même rite romain ; ce faisant, le pape supprime du même coup toute existence juridique à l’ancienne forme extraordinaire (comme si elle n’existait plus), replongeant ainsi l’Église dans une querelle liturgique sans fin sur le statut juridique de la messe de saint Pie V. On revient au régime de la tolérance selon des modalités plus sévères que celles de 1988, celui de la « parenthèse miséricordieuse »… qui n’est plus guère miséricordieuse ! Soit un recul de plus de trente ans par un seul geste de gouvernement.

    6/ Quelle stratégie de Rome peut-on lire en filigrane ? Les deux textes de François montrent très clairement que le pape veut éradiquer le monde tradi dans l’Église, faire en sorte que la messe de saint Pie V disparaisse : tout est fait pour empêcher que croisse cette mouvance (interdiction de tout nouveau groupe et parcours du combattant pour le prêtre diocésain qui voudrait célébrer avec l’ancien Ordo), ce motu proprio étant là le temps que les adeptes de la forme extraordinaire s’approprient le nouveau missel. Tout est fait pour qu’à terme la messe traditionnelle ne soit plus célébrée que dans la Fraternité Saint-Pie X et ses satellites. Il semble donc que la stratégie du pape est de pousser les récalcitrants vers la Fraternité Saint-Pie X, afin que tout le monde tradi s’y retrouve : ils seront ainsi parfaitement maîtrisés et isolés dans une réserve d’Indiens coupée de Rome et des diocèses mais avec laquelle on maintient un lien minimum pour éviter un schisme formel. Cela explique que le pape ne cherche plus de réconciliation avec la Fraternité Saint-Pie X, mais montre une grande générosité à son égard en leur reconnaissant la pleine validité des mariages et des confessions, en encourageant à les recevoir dans des églises lors de pèlerinages, etc. Tout cela est cohérent… et à l’exact opposé de tous les efforts passés de Jean-Paul II et Benoît XVI… pour l’unité de l’Église.

    7/ Exclusivisme liturgique ? Ce motu proprio n’est-il pas l’occasion, pour les instituts qui refusent de célébrer la forme ordinaire (qui, précisons-le, sont minoritaires au sein de la galaxie « Ecclesia Dei »), de s’interroger très sérieusement sur le bien-fondé liturgique, théologique et ecclésial de ce refus ? Depuis 1988, les papes invitent à ne pas refuser le principe même de la célébration du nouvel Ordo (il est vrai que les positions de la Commission Ecclesia Dei ont été plus fluctuantes sur le sujet, ne contribuant pas à l’éclairer), ce qui ne retire en rien le charisme propre de ces instituts pour l’ancienne messe. Benoît XVI avait été très explicite dans sa lettre aux évêques de 2007 et, à cet égard, force est de constater que les lignes n’ont guère bougé depuis. En obéissant au pape sur ce point névralgique, ces instituts ne démontreraient-ils pas, par leur exemple même, que François se trompe dans son analyse ?

    8/ Conclusion. Tout cela est triste car injuste, il est donc légitime de s’en plaindre, d’argumenter, de demander inlassablement une réforme de ce motu proprio ou une application la plus souple possible de ce texte, dans le respect de l’autorité et de la fonction du pape. Les évêques vont avoir un rôle essentiel à jouer, tout dépendra de la façon dont ils vont appliquer ce motu proprio – les premières réactions observées sont encourageantes, un grand merci à ces évêques soucieux de tout leur troupeau. C’est aussi à eux de faire remonter à Rome une information plus juste sur ce que sont réellement les tradis. L’histoire récente a montré qu’ils n’étaient pas habitués à se laisser faire sans réagir : espérons que la plupart ne retombent pas dans une « résistance » qui verse dans la révolte et la désobéissance ouverte : l’exemple à ne pas suivre est celui de Mgr Lefebvre et de la Fraternité Saint-Pie X, on voit où cela conduit… Il est dur de souffrir par l’Église, mais cela ne peut pas ne pas porter de fruits… »

    Christophe Geffroy

    Ref.Réflexions sur le motu proprio Traditionis Custodes du pape François

    Sur ce sujet, la rédaction de KTO vous propose l'édition spéciale que voici ce dimanche 18 juillet à 20h15: enjeux, débat et perspectives avec Mgr Olivier Leborgne, évêque d'Arras et vice-président de la Conférence des évêques de France (CEF), l'abbé Alexis Garnier, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre et Christophe Geffroy, directeur du magazine La Nef. L’émission est animée par Philippine de Saint Pierre: 

     

    A propos de CHRISTOPHE GEFFROY:

    Fondateur et directeur de La Nef, auteur notamment de Faut-il se libérer du libéralisme ? (avec Falk van Gaver, Pierre-Guillaume de Roux, 2015), Rome-Ecône : l’accord impossible ? (Artège, 2013), L’islam, un danger pour l’Europe ? (avec Annie Laurent, La Nef, 2009), Benoît XVI et la paix liturgique (Cerf, 2008).

    JPSC

  • Communiqué de Mgr Marc Aillet, évêque de Bayonne, Lescar et Oloron, sur le Motu proprio du Pape François Traditionis custodes

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    Aillet 12-Mgr-Marc-Aillet.jpgVoici le texte de Mgr Aillet publié sur le site web du diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron dont on voudrait espérer que l’exemple sera suivi par un grand nombre de ses confrères :

    « Chers frères et sœurs,

    Le Pape François a promulgué le vendredi 16 juillet 2021, en la mémoire de Notre-Dame du Mont Carmel, un Motu proprio, intitulé Traditionis Custodes - Gardiens de la Tradition -, sur l’usage de la liturgie romaine antérieure à la Réforme de 1970. Il va sans dire que nous accueillerons ce motu proprio avec le même sens de l’Eglise et la même communion avec le Successeur de Pierre que le Motu proprio Summorum Pontificum, promulgué par le Pape Benoît XVI, le 7 juillet 2007.

    Le Pape rappelle qu’en tant que « gardiens de la tradition, les évêques, en communion avec l’évêque de Rome, constituent le principe et le fondement visible de l’unité dans leurs Eglises particulières ». Aussi, comme le stipule l’art. 2 du Motu proprio, « En tant qu’il est le modérateur, le promoteur et le gardien de toute la vie liturgique dans l’Eglise particulière qui lui a été confiée, c’est à l’évêque diocésain qu’il appartient de régler les célébrations liturgiques dans son propre diocèse. Par conséquent, c’est sa compétence exclusive d’autoriser l’usage du Missel Romain de 1962 dans le diocèse, selon les orientations du Saint-Siège ».

    Dans la lettre adressée aux évêques pour accompagner ce motu proprio, le Pape François explique pourquoi il a été amené à prendre de nouvelles dispositions qui abrogent celles prises par ses vénérés prédécesseurs. Tout en saluant la sollicitude paternelle et la magnanimité de Saint Jean Paul II et du Pape émérite Benoît XVI, pour faciliter l’usage du Missel de 1962, en vue de promouvoir la communion au sein de l’Eglise, le Saint-Père dit sa tristesse de constater, au terme de l’enquête qu’il a diligentée auprès des évêques du monde entier, que la possibilité offerte par ses prédécesseurs « ait été utilisée pour augmenter les distances, durcir les différences, construire des oppositions qui blessent l’Eglise et en entravent la progression, en l’exposant au risque de divisions ».

    Conscient de possibles dérives induites ici ou là dans l’Eglise et toujours à corriger, j’atteste pour ma part que l’application loyale du Motu proprio Summorum Pontificum dans le diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron, a favorisé un climat de paix et de respect mutuel entre les prêtres et les fidèles attachés à ce que Benoît XVI désignait comme la forme ordinaire et la forme extraordinaire de l’unique rite romain. Il me semble pouvoir attester que les prêtres assurant dans le diocèse de Bayonne le service de la liturgie selon le Missel de 1962, adhèrent pleinement au Concile Vatican II, reconnaissent la légitimité du Missel de 1970, expression par excellence de la lex orandi de l’Eglise latine, et cultivent un sens aigu de la communion ecclésiale en participant activement aux manifestations et célébrations, comme aux orientations pastorales et missionnaires du diocèse. Je sais qu’ils ont le souci de faire grandir dans la foi, la vie chrétienne et le sens de la communion et de la mission, les fidèles qui participent habituellement ou occasionnellement aux célébrations liturgiques qu’ils président. Je constate d’ailleurs que leurs assemblées sont relativement jeunes et qu’on y trouve des familles très soucieuses de transmettre la foi à leurs enfants et de les éduquer à « sentire cum Ecclesia –  sentir avec l’Eglise ».

    Je veux leur redire ma confiance et les invite à poursuivre leurs efforts dans le même sens, dans l’esprit du nouveau Motu proprio Traditionis Custodes, dont je préciserai ultérieurement les modalités d’application. Et s’ils ressentent de l’incompréhension, je les invite à ne pas céder à la colère ni à des attitudes de fermeture ou de repli, mais bien plutôt, à l’instar de l’apôtre Thomas dans l’Evangile (cf. Jn 14, 5-6), à demander au Seigneur lui-même des explications, dans une prière d’abandon à sa volonté.

    Les prêtres qui célèbrent le Missel de 1962, en communion avec l’évêque, appartiennent pleinement au presbyterium du diocèse, au sein duquel ils entretiennent des relations fraternelles avec les autres prêtres et y assument des services diocésains appréciés. Je redis aux fidèles attachés au Missel de 1962 qu’ils sont membres à part entière de la communauté des fidèles qui constituent le diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron et je les invite à recevoir ce Motu proprio avec foi, confiance et sens de l’Eglise.

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  • Asia Bibi veut être une voix pour les chrétiens persécutés dans le monde entier

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    De Christine Rousselle sur le National Catholic Register :

    Asia Bibi veut être une voix pour les chrétiens persécutés dans le monde entier

    "Joignons nos mains et restons unis pour pouvoir être une voix pour nos frères et sœurs chrétiens qui souffrent, et les aider à sortir de leur situation", a déclaré Asia Bibi, ajoutant : "Comme le Seigneur l'a fait pour moi."

    Asia Bibi
    Asia Bibi (photo : Blanca Ruiz/ACI Prensa / Blanca Ruiz/ACI Prensa/EWTN)

    15 juillet 2021

    Asia Bibi, une chrétienne condamnée à mort pour blasphème au Pakistan mais finalement libérée, veut maintenant être la voix des chrétiens du monde entier.

    Mme Bibi, qui s'est adressée mercredi au Sommet international sur la liberté de religion par le biais d'un message vidéo depuis le Canada, a exprimé sa gratitude envers les personnes qui ont œuvré pour qu'elle soit libérée de prison, et a remercié Dieu pour sa libération. 

    "Du fond de mon cœur, je suis très reconnaissante envers le Seigneur, qui m'a sauvée de mes souffrances et de mes difficultés", a déclaré Mme Bibi dans un discours traduit en anglais. "Il m'a donné un nouveau départ et la possibilité de commencer une nouvelle vie avec ma famille". 

    Désormais en sécurité au Canada, Bibi a déclaré qu'elle "veut être une voix pour les chrétiens, les chrétiens en prison et dans les difficultés." 

    Bibi a été reconnue coupable de blasphème en 2010 et condamnée à mort, suite à un incident survenu en 2009.

    Bibi a déclaré que, alors qu'elle travaillait dans un champ, une autre personne l'a vue boire de l'eau dans une tasse utilisée auparavant par les musulmans et lui a fait savoir qu'il n'était pas correct pour un chrétien d'utiliser cette tasse. Une dispute s'en est suivie, et Bibi a été dénoncée à un religieux musulman cinq jours plus tard pour son supposé blasphème. Bibi et sa famille étaient les seuls chrétiens résidant dans la région, et avaient subi des pressions pour se convertir à l'islam.

    Elle a été condamnée à la mort par pendaison pour blasphème présumé. Le code pénal pakistanais criminalise les propos qui insultent ou souillent la religion d'État qu'est l'islam, mais il est souvent utilisé contre les minorités religieuses et de nombreuses accusations seraient fausses. Le Pakistan possède l'une des lois les plus strictes au monde en matière de blasphème, puisqu'il est l'un des quatre seuls pays où la peine de mort est prévue pour ce type d'infraction. 

    Bibi a immédiatement fait appel de sa condamnation à mort, mais la Haute Cour de Lahore a confirmé sa condamnation en 2014. Elle a ensuite fait appel devant la Cour suprême du pays, et a été acquittée en 2018. Elle a ensuite obtenu le statut de réfugiée au Canada et s'y est installée en mai 2019 avec sa famille. 

    "Lorsque j'étais en prison, j'étais très inquiète pour mes enfants et mon mari", a déclaré Bibi. "Je ne savais pas où ils étaient et s'ils étaient en sécurité ou non". 

    "En même temps, j'avais un espoir dans le Seigneur", a déclaré Bibi. "Merci à tous les frères et sœurs qui ont prié et jeûné. Grâce à leurs prières, je suis maintenant libre." 

    Bibi a expliqué que ses "frères et sœurs chrétiens ont travaillé très dur pour ma liberté", et a dit qu'elle est "très reconnaissante à tous du fond du cœur." 

    "Joignons nos mains et restons unis afin de pouvoir être une voix pour nos frères et sœurs chrétiens qui souffrent, et les aider à sortir de leur situation", a-t-elle déclaré. "Comme le Seigneur l'a fait pour moi."

    Au début de la vidéo, Bibi a décrit ce qu'était sa vie au Pakistan avant son arrestation et sa condamnation pour blasphème. Elle a déclaré que certains de ses souvenirs les plus heureux de son village au Pakistan étaient la célébration de Pâques et de Noël avec sa famille. 

    Le Pakistan a appliqué ses lois sur le blasphème 184 fois entre janvier 2014 et décembre 2018, soit le nombre le plus élevé de tous les pays du monde, selon la Commission américaine sur la liberté religieuse internationale. En 2020, il y aurait eu 30 chrétiens emprisonnés pour blasphème au Pakistan, dont sept dans le couloir de la mort. Le pays n'a encore exécuté personne pour blasphème.

  • Summorum Pontificum : et si on laissait l’œuvre liturgique de Benoît XVI poursuivre son chemin sans tracasseries cléricales ?

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    Un appel sans ambigüité du Cardinal Sarah sur sa page facebook :

    Sarah images (6).jpg« Dans l'histoire, on se souviendra de Benoît XVI, non seulement comme d’un grand théologien mais aussi comme du Pape de Summorum Pontificum, le Pape de la paix liturgique, celui qui aura construit un pont œcuménique avec l'Orient chrétien à travers la liturgie latino-grégorienne.

    Il restera comme le Pape qui aura eu à cœur la volonté de retrouver les racines chrétiennes et l'unité de l'Europe et se sera opposé au laïcisme vide de sens et à la déstructuration de la culture européenne.

    À partir du Motu Proprio Summorum Pontificum, malgré les difficultés et les résistances, l'Église a entamé un chemin de réforme liturgique et spirituelle qui, bien que lente, est irréversible.

    En dépit des attitudes cléricales intransigeantes d’opposition à la vénérable liturgie latino-grégorienne, attitudes typiques de ce cléricalisme que le Pape François a dénoncé à plusieurs reprises, une nouvelle génération de jeunes a émergé au coeur de l'Église.

    Cette génération est celle des jeunes familles, qui montrent que cette liturgie a un avenir parce qu’ elle a un passé, une histoire de sainteté et de beauté qui ne peut être effacée ou abolie du jour au lendemain.

    L'Église n'est pas un champ de bataille où l'on joue pour gagner en essayant de nuire aux autres et à la sensibilité spirituelle de ses frères et sœurs dans la foi.

    Comme Benoît XVI l'a dit aux évêques français : « Dans l'Église il y a de la place pour tout le monde », parce que nous savons nous traiter avec respect et vivre ensemble en louant le Seigneur dans son Église et en restant dans l'unique vraie foi.

    La crise liturgique a conduit à la crise de la foi. De la même manière, le respect des deux formes ordinaire et extraordinaire de la liturgie latine, nous conduira à un élan missionnaire d'évangélisation, et nous pourrons enfin sortir du tunnel de la crise. »

    https://twitter.com/Card_R_Sarah/status/1413090720097910784?ref_src=twsrc%5Egoogle%7Ctwcamp%5Eserp%7Ctwgr%5Etweet

    JPSC

  • RDC : Décès de Mgr Monsengwo, la disparition d’un pilier du Congo

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    Mgr-Monsengwo.jpgLu ce jour sur le site web de la Libre Afrique, cet éloge funèbre très mérité du Cardinal Laurent Monsengwo, archevêque émérite de Kinshasa, un Congolais de premier plan dont la mémoire honore son cher Pays et la Belgique à laquelle l’unissaient aussi tant de liens :

    "Une des plus grandes figures du Congo indépendant s’est éteinte ce dimanche 11 juillet à Paris. Mgr Laurent Monsengwo, 81 ans, avait été évacué de Kinshasa vers l’Europe le 5 juillet pour des soins. Si des difficultés de santé l’avaient éloigné, ces dernières années, des prises de position publiques, il reste, pour de nombreux Congolais, une référence morale primordiale.

    Ce brillant intellectuel fut le premier Africain docteur en exégèse (1971). Le premier Africain secrétaire spécial d’un synode des évêques (2008). En 2012, il copréside avec Benoît XVI le synode sur la nouvelle évangélisation. Membre de diverses sociétés savantes, il parlait sa langue maternelle, le kisakata, ainsi que le lingala (lingua franca de l’ouest du Congo), le swahili (idem pour l’est), le français, l’italien, l’allemand, l’anglais, le néerlandais, l’hébreu moderne, l’espagnol et le portugais ; il avait aussi “appris l’hébreu ancien, le grec, l’araméen, le syriaque et le latin” (1). Il a composé une dizaine de pièces pour orgue mais se défendait d’être, pour les jouer, autre chose qu’“un dilettante quelque peu formé” ; ce goût pour la musique classique européenne ne l’empêchait pas d’apprécier les grandes vedettes de la musique populaire congolaise – Rochereau, Franco, Kabasele ou Simaro.

    Mgr Monsengwo : « Félix Tshisekedi aurait dû reconnaître sa claire et nette défaite »

    Ses capacités intellectuelles et sa rigueur morale lui donnaient une sûreté de soi qui faisait défaut à nombre de ses interlocuteurs, hommes de pouvoir dont la plupart n’étaient, à ses yeux, que “des invertébrés”, girouettes reniant leur signature avant que l’encre ait séché sur le document. Elles ont contribué à donner à ce prélat à la voix douce, démentie par un visage sévère, un rôle politique essentiel pour le pays.

    Une famille de chefs du Maï Ndombe

    Laurent Monsengwo est né le 7 octobre 1939 près d’Inongo (Maï Ndombe, ex-Bandundu, ouest du pays), dans une famille de chefs des Basakatas “connus pour leur endurance et leur obstination” (1). Son père était charpentier et menuisier à la Forescom, une entreprise belge, et accroissait ses revenus en construisant des meubles après le travail. De quoi subvenir aux besoins de la famille, très chrétienne, qui comptera huit enfants, dont six garçons ; “nous étions une famille heureuse”, dira le prélat.

    Il fait ses études secondaires au petit séminaire de Bokoro et trois années de philosophie au grand séminaire de Kabwe, après lesquelles ce brillant élève est envoyé à Rome étudier la théologie ; il y est ordonné prêtre en 1963. Il deviendra le fils adoptif de Gaston Leysen et son épouse, des Anversois chez qui le jeune Congolais logera pendant ses études, dans les années 60.

    En 1980, Jean-Paul II le fait évêque et, huit ans plus tard, Mgr Laurent Monsengwo est archevêque de Kisangani ; il deviendra celui de Kinshasa en 2007, charge qu’il laissera à Mgr Fridolin Ambongo en 2018. En 2010, Benoît XVI le fait cardinal.

    Laurent Monsengwo a aussi été secrétaire général puis, par deux fois, président de la Conférence épiscopale du Zaïre ; président du Symposium des Conférences épiscopales d’Afrique et Madagascar ; président de Pax Christi International. Il représentait l’Afrique dans le collège des neuf cardinaux nommés par le pape François pour travailler à la réforme de la Curie.

    Hors du Zaïre, toutefois, c’est son irruption sur la scène politique qui le fera connaître du grand public.

    À partir des communautés ecclésiales de base

    En 1990, l’archevêque de Kisangani est la cheville ouvrière du mémorandum de l’Église adressé au président Mobutu et demandant, en définitive, un changement de régime. Les prélats jugent en effet de leur devoir de prendre position “lorsqu’un système de gouvernement est entaché dans ses principes ou traduit, dans ses structures et moyens d’action, des normes contraires au bien commun et aux droits de l’Homme”. L’Église en est venue à ces positions en développant, depuis quelques années, notamment sous l’impulsion de Laurent Monsengwo, les communautés ecclésiales de base – confiées à des laïcs locaux – pour approfondir la foi des chrétiens et organiser la solidarité dans les villages.

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  • D'athée à chrétien : le témoignage de Rod Dreher

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    D’athée à chrétien avec Rod Dreher (Pilule Rouge)

    source

    Rencontre avec le journaliste américain Rod Dreher. Il est l’auteur de plusieurs livres comme “Comment être chrétien dans un monde qui ne l’est plus : Le pari bénédictin” ou “Résister au mensonge : Vivre en chrétiens dissidents”. Il nous livre son témoignage sur sa conversion faite en France, à Chartres :

  • Les Martyrs de Gorcum (Gorinchem) (9 juillet)

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    De La Porte Latine :

    Les Martyrs de Gorcum

    8 juillet 2021
    Représentation des Martyrs de Gorcum. Peinture de Cesare Fracassini (1838-1868) exposée au Vatican.

    Dix neuf religieux furent victimes en Hollande des protestants « Gueux de mer », plus cruels encore que les Turcs infidèles.

    Ces saints martyrs sont fêtés le 9 juillet.

    Depuis 1566 la révolte des Gueux embrase les Pays-Bas. Menée par Guillaume le Taciturne, prince d’Orange, celle-ci mêle l’expansion du protestantisme et une opposition politique au roi d’Espagne. Le 1er avril 1572, des protestants partisans du prince d’Orange chassés d’Angleterre débarquent en Hollande dans le port de Brielle. Ce fut le début du soulèvement des provinces calvinistes du Nord au cours de laquelle les Gueux s’illustrèrent par d’innombrables horreurs et cruautés. Dès le 26 juin 1572, Les Gueux de mer encerclent la ville de Gorcum[1]. Les assiégés répondent de leur mieux ; mais la disproportion des forces est trop évidente, la citadelle n’est guère en état d’opposer une longue résistance. Le gouverneur propose de rendre la ville ; le chef des Gueux accepte les conditions de la capitulation : Marin s’engage à ne faire aucun mal à ceux qui sont réfugiés dans la citadelle, soit laïques, soit ecclésiastiques, et à les renvoyer tous libres. Seuls les biens qui s’y trouvent deviendraient la propriété des vainqueurs. Pendant ce temps, les ecclésiastiques et les religieux, qui s’attendent à tout, se confessent les uns aux autres ou entendent les confessions des laïques. Le curé Nicolas Poppel a apporté avec lui les saintes hosties afin de les dérober aux insultes habituelles des hérétiques. Presque tous les réfugiés viennent pieusement recevoir la communion de sa main, semblables à ces premiers chrétiens qui, dans la nuit des prisons, se nourrissaient une dernière fois du pain des forts avant de comparaître dans les amphithéâtres.

    Torturés à Gorcum pour l’unique vraie foi

    Une fois entré avec toute sa troupe, Marin fait réunir dans une salle supérieure toutes les personnes qu’il trouve dans la forteresse et les calvinistes fanatiques se jetent sur les captifs comme des bêtes féroces. Dix-sept prêtres, séculiers et réguliers, ainsi que deux frères lais,[2] sont injuriés, menacés et atrocement torturés. Ils demeurèrent ainsi dix jours et dix nuits à la merci de la soldatesque de la citadelle. C’était surtout le soir qu’ils avaient à souffrir ; l’habitude était si bien prise de venir les injurier et les torturer après le dîner, qu’il semble que la digestion eût été impossible sans cet aimable passe-temps. Quand une partie de ces bourreaux était rassasiée ou plutôt fatiguée, une autre bande prenait la place et recommençait de plus belle.

    Ils appuyèrent également le pistolet sur la poitrine de Nicolas Poppel : « Ton trésor ou la vie ! » lui criaient-ils. Ensuite, leur avarice cédant pour un instant à leur passion de sectaires. « Livre-nous au moins les dieux que tu as fabriqués à la messe : on dit que tu en portes une provision sur toi. Est-ce vrai ? Toi qui as si souvent déblatéré contre nous dans la chaire de ton église, que penses-tu maintenant, en face de ce pistolet, de toutes les sottises que tu débitais aux imbéciles ? » — « Je crois », répondit Nicolas Poppel, « à tout ce que croit et enseigne l’Eglise catholique, apostolique et romaine, et en particulier à la présence réelle de mon Dieu sous les espèces sacramentelles. Si vous voyez là une raison de me tuer, tuez-moi : je serai heureux de mourir à la suite de la confession de foi que vous venez d’exiger ». Mais son sacrifice n’était pas encore consommé ; Dieu, qui voulait ajouter à ses mérites, retint le coup prêt à partir, et le soldat n’osa pas tirer.

    Amenés dans la féroce ville de Brielle

    Au milieu de la nuit du 5 au 6 juillet, les saints confesseurs de la foi se voient éveillés en sursaut, dépouillés de tous leurs vêtements qui ont quelque valeur et jetés dans une grande barque. La nuit est fraîche. En entrant dans la barque, le curé Léonard Wichel reconnait au gouvernail un de ses paroissiens nommé Roch, auquel il avait donné jadis des témoignages particuliers de sa sollicitude : « Eh quoi ! » lui dit-il, « Roch, c’est donc toi qui nous mènes à la mort ? » Le marin baissa la tête et répondit : « Hélas ! » monsieur le curé, « je ne suis pas le maître ! » Le curé n’ajouta aucune observation. Les saints Martyrs, en quittant Gorcum, étaient au nombre de dix-neuf. Il y eut des défections parmi eux, mais les lâches furent exactement remplacés et, par une permission spéciale de la Providence, ce nombre de dix-neuf se maintint complet jusqu’à la consommation du sacrifice.

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  • Nouvel enlèvement de masse au Nigéria

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    De "Portes Ouvertes" :

    Nigéria: 140 élèves enlevés dans un lycée chrétien

    Des hommes armés, probablement des islamistes, ont enlevé 140 élèves d'un pensionnat chrétien baptiste dans le Nord-Ouest du Nigéria ce lundi 5 juillet.

    Des assaillants non identifiés ont ouvert le feu et maîtrisé les agents de sécurité du lycée mixte Bethel Baptist, dans l'État de Kaduna (Nigéria) tôt dans la matinée de lundi. Puis ils ont enlevé la plupart des 165 élèves qui y passaient la nuit: 140 en tout, 25 ayant réussi à s'échapper. «Nous ne savons toujours pas où les élèves ont été emmenés», précise Emmanuel Paul, un enseignant de l'école.

    Les islamistes soupçonnés

    La communauté baptiste du Nigéria est particulièrement touchée à travers cet enlèvement. Mais c'est l'ensemble des chrétiens du pays qui sont victimes des violences perpétrées par les islamistes depuis plusieurs années. En 2020, pour la 6ème année consécutive, le Nigéria est le pays où les chrétiens meurent le plus à cause de leur foi.

    Il s'agit au moins du quatrième enlèvement de masse dans l'État de Kaduna cette année. Depuis décembre dernier, plus de 1000 élèves ont été enlevés dans le Nord du Nigeria et 9 ont été tués. Plus de 200 sont toujours portés disparus, dont certains n'avaient que 3 ans au moment des faits.

    «Jusqu'à présent, personne n'a revendiqué la responsabilité de cet enlèvement», explique Jo (pseudonyme), un partenaire de Portes Ouvertes en Afrique Subsaharienne. Mais pour les experts, il existe au moins «une influence des militants islamiques» ou « un lien informel » avec eux, précise Jo.

    Des parents désemparés

    Dans la journée de lundi, des dizaines de parents désemparés se sont rassemblés dans l'enceinte du lycée. Certains pleuraient et criaient, dans l'attente de nouvelles de leurs enfants disparus. Des sandales abandonnées jonchaient le sol à proximité des dortoirs déserts...

    Devant les médias, des parents ont laissé s’exprimer leur désarroi. La voix brisée par le chagrin, un père a confié qu'il avait dit à sa fille que Dieu la protégerait pendant qu'elle était à l'école. Bouleversée elle aussi, une maman s’est exclamée: «Que Dieu leur ôte leurs larmes et la souffrance qu'ils vont endurer!» Des paroles déchirantes à laquelle seule la foi en Jésus peut apporter du réconfort.

    Garder espoir

    Face à ce nouveau kidnapping de jeunes chrétiens, on ne peut s’empêcher de penser à Leah Sharibu, enlevée au Nigéria en 2018. Alors qu’elle regardait partir ses amies musulmanes relâchées par leurs ravisseurs, elle a fait suivre ce message à sa mère:

    «Maman, ne sois pas inquiète. J'ai confiance qu’un jour je reverrai vos visages. Si ce n’est pas ici sur Terre, cela sera au ciel, dans les bras de notre Seigneur Jésus-Christ.»

  • La mort apaisée d'un grand savant

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    D'Agnès Pinard Legry sur Aleteia.org :

    La bouleversante sérénité d’Axel Kahn face à la mort

    6/7/2021

    Médecin et généticien, Axel Kahn est mort des suites d’un cancer à l’âge de 76 ans, a annoncé ce mardi 6 juillet la Ligue nationale contre le cancer dont il a été le président. Agnostique, il n'aura cessé de nourrir jusqu'au seuil de la mort une profonde réflexion sur la vie.

    Axel Kahn en avait lui-même fait l’annonce il y a quelques semaines. Avec sérénité et apaisement. « Jusqu’en avril, je planifiais les années civiles ; puis des saisons. Ce furent bientôt plutôt les semaines. Ce ne sont plus désormais que les aubes naissantes que je verrai, émerveillé, bleuir. Cela en vaut pourtant toujours la peine », avait tweeté le médecin et généticien Axel Kahn le 29 mai dernier. Il s’est finalement éteint à l’âge de 76 ans d’un cancer, a annoncé ce mardi 6 juillet la Ligue nationale contre le cancer dont il a été le président jusqu’en juin 2019.

    De sa mort, Axel Kahn, agnostique (il ne croyait pas à la vie après la mort, ndlr), n’a cessé d’en parler avec calme, sans l’ombre d’une angoisse. « Selon moi, limiter la vie au désir de ne pas mourir est absurde. J’ai par exemple souvent écris que lorsque je ne marcherai plus, je serai mort. Il y aura un petit décalage puisque je ne marche plus, mais il sera bref », écrivait-il dans un message d’adieu publié le 21 mai sur sa page Facebook intitulé « Au bout du chemin ». « Alors, des pensées belles m’assaillent, celles de mes amours, de mes enfants, des miens, de mes amis, des fleurs et des levers de soleil cristallins. Alors, épuisé, je suis bien ». Un texte qu’il conclut ainsi : « Alors, souriant et apaisé, je vous dis au revoir, amis ».

    Apprendre à vivre à proximité de la mort est un superbe défi.

    Sachant son échéance proche, il n’en a pas pour autant arrêté de partager les joies simples et essentielles de la vie. Pour la fête des pères, dimanche 20 juin, Axel Kahn, a ainsi partagé sur Twitter : « Que mes enfants me souhaitent « bonne fête papa » donne tout son sel à la vie ».

    xel Kahn est revenu une dernière fois sur la mort lors de son passage dans l’émission « La grande librairie » le 23 juin. « Je suis d’une totale impavidité par rapport à la mort. Elle m’indiffère totalement. D’ailleurs en gros, elle n’existe pas. Ce qui existe c’est la vie qui s’interrompt. Mais la mort, en tant que telle, pour un agnostique comme moi, ce n’est pas plus que la fin de la vie ». Une vie riche, qu’il aura veillé à vivre à bras le corps et qui aura témoigné jusqu’au bout, à l’approche de la mort, d’une sérénité étonnante.