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Témoignages - Page 93

  • Interview de Guillaume Cuchet : Les tradis, « Un des pôles de l’Église »

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    Guillaume Cuchet, universitaire, professeur d'histoire contemporaine et spécialiste d'histoire desGuillaume-Cuchet-684x400.jpg religions, a publié en 2018 une analyse qui a fait date sur la crise dans l’Église : Comment notre monde a cessé d’être chrétien (1). Il commente ici l’enquête du mensuel « La Nef » sur le monde traditionaliste et développe son analyse de cette mouvance :

    « La Nef – Notre enquête recense pour la France environ 51 000 catholiques pratiquant régulièrement la forme extraordinaire au sein des diocèses (et environ 35 000 pour la Fraternité Saint-Pie X) : que vous inspirent ces chiffres ?
    Guillaume Cuchet
     – Le premier constat est qu’il y a plus de « traditionalistes » que d’« intégristes », pour reprendre un vocabulaire usuel. Par conséquent, si le but de Rome, en autorisant l’ancien rite, était d’éviter de voir trop se développer le schisme lefebvriste, on peut dire qu’il est atteint. Ensuite qu’on a affaire, même en comptant les sympathisants, à une petite minorité. Le taux de pratique hebdomadaire en France aujourd’hui est de 2 %, soit environ 1,3 ou 1,4 million de personnes qui vont à la messe tous les dimanches, sans parler des occasionnels. Les « tradis » ne pèsent donc que 5 à 6 % du total. Cela reste un petit monde, même s’il est dynamique et organisé, et qu’il peut peser localement d’un poids non négligeable, comme dans le diocèse de Versailles. Est-il cependant en croissance ? Il faudrait des points de comparaison antérieurs pour le dire mais si croissance il y a, elle est modeste. Il faut se méfier dans ce domaine des impressions que produit dans le catholicisme la miniaturisation tendancielle de ses effectifs, notamment en matière de vocations.

    Dans Comment notre monde a cessé d’être chrétien, vous expliquez que Vatican II n’a pas créé la crise mais a amplifié la vague : que pensez-vous des études réalisées par les traditionalistes qui font du concile le principal responsable de la crise ?
    Il y a une part de vérité dans cette thèse mais une part seulement, et à condition de s’entendre sur ce qui dans le concile a pu provoquer ce genre d’effets. J’ai proposé de parler de rupture de pente pour désigner ce qui s’est passé au milieu des années 1960 en matière de pratique religieuse. Il y avait une pente, légèrement déclive, tirée par de puissants facteurs socioculturels, même si l’après-guerre a connu un petit boom religieux et que les situations locales étaient très variées. On le voit bien à Paris par exemple où l’on dispose d’une belle série d’enquêtes pour 1954, 1962 et 1975. Les résultats de 1954 ont paru plutôt bons à l’époque ; or la situation n’avait pas bougé en 1962 ; l’enquête de 1975, en revanche, a révélé une chute de la pratique de 47 % ! Une rupture s’est donc produite, chez les jeunes en particulier dont il ne faut pas oublier qu’ils faisaient largement les taux dans les régions ou les quartiers déchristianisées du fait de la communion solennelle (80 % de la génération). Moyennant quoi, les facteurs religieux de cette rupture sont bien, pour une part, liés au concile et à tout ce qu’il a ébranlé dans le catholicisme français : la réforme liturgique, sans doute, mais davantage encore la sortie de la culture de la pratique obligatoire, la réforme de la communion solennelle, le silence sur les fins dernières, la redéfinition de l’excellence chrétienne alignée sur les critères de l’Action catholique chère à l’épiscopat français, etc. Bref, le concile a non pas provoqué la rupture en ce sens qu’elle n’aurait pas eu lieu sans lui (puisqu’elle a eu lieu aussi bien dans l’Angleterre anglicane, peu de temps auparavant), mais il l’a déclenchée, c’est-à-dire qu’il lui a fixé son calendrier tout en lui donnant une intensité particulière. Ce n’était pas prévu au départ mais l’histoire a parfois de ces ironies.

    Vatican II a « déclenché » la crise, mais a été cependant nécessaire, écrivez-vous : pouvez-vous expliquer ce paradoxe ?
    Nécessaire parce que je crois qu’on ne pouvait pas faire l’économie de la modernisation du catholicisme dont le concile a été le vecteur, même si on peut toujours spéculer sur ce qu’aurait pu donner la poursuite d’une politique de réformisme prudent à la manière de Pie XII. Une réforme de ce genre est nécessairement compliquée mais l’opération devient franchement périlleuse quand, comme ce fut le cas, elle coïncide avec une révolution culturelle majeure qui fait souffler dans ses voiles des vents puissants difficilement contrôlables.

    Qu’est-ce qui a fondamentalement créé la résistance des traditionalistes : Vatican II, la réforme liturgique de 1969 ou d’autres raisons ? Et comment expliquer son succès depuis maintenant un demi-siècle ?
    Les causes sont multiples et, pour une part, antérieures au concile (la question du latin, par exemple, à des racines qui remontent à la Réforme). Mais Vatican II, qu’est-ce à dire ? La réforme liturgique, le texte sur la liberté religieuse, parfois interprété comme une sorte de dépénalisation implicite du bricolage croyant ou d’allergie à l’égard des moyens « sociologiques » de transmission de la foi, le parti pris de l’ouverture large de Gaudium et spes (le plus français des textes du concile), l’optimisme candide qui pousse à croire qu’il suffit de se montrer aimable avec les modernes et se rapprocher des normes ambiantes pour convertir le monde, etc. ? À noter que la réforme liturgique ne date pas de 1969. C’est la date du nouvel Ordo de la messe mais la réforme elle-même a commencé dès 1964 (pendant le concile) et la messe de 1965 était déjà sensiblement différente de celle de 1962.
    Quant aux causes du succès du traditionalisme (assez relatif en réalité et plus sensible sur le plan des vocations que de la pratique), il faudrait voir quelle est la part en lui de la croissance « interne », liée à la vitalité démographique des familles et à leur capacité de transmission de la foi, et « externe », par ralliement d’éléments venus de la forme ordinaire ou de plus loin. Sans oublier bien sûr l’effondrement général des indices depuis les années 1960 : dans un tel contexte, celui qui parvient à seulement défendre ses positions voit mécaniquement sa part relative s’accroître.

    Dans notre société très sécularisée, il semble que la foi se transmette mieux dans le monde traditionnel qu’ailleurs : comment expliquez-vous ce phénomène ?
    C’est un constat que font tous les sociologues de la religion et qui ne concerne pas que le catholicisme. On en devine assez facilement les causes : le soin mis à transmettre la foi, une sociabilité sélective, l’intensité des convictions (seuls les convaincus sont vraiment convaincants et l’incertitude se transmet mal), l’insistance sur la pratique, etc. Un peu de « bunkérisation » ne nuit pas à la persévérance dans les conditions du monde actuel, même si elle a tout de même intérêt à être intelligente si elle ne veut pas produire des crises de sortie carabinées.

    On observe chez les jeunes catholiques français une porosité bien plus grande entre traditionalistes et catholiques conservateurs attachés à la forme ordinaire du rite romain que chez leurs aînés : comment analysez-vous ce phénomène et laisse-t-il présager à terme un effacement du monde traditionaliste absorbé dans la mouvance conservatrice catholique plus large… ou l’inverse ?
    Il y a de fait un phénomène de « traditionalisation » diffuse dans une partie du catholicisme, notamment dans ce monde des « observants » de la frange conservatrice (comme les appelle Yann Raison du Cleuziou) pour qui les « tradis » font un peu figure d’influenceurs. Mutatis mutandis, on pourrait faire le parallèle avec les liaisons, longtemps interdites, entre électeurs de l’ex-Front national et de la droite dite « républicaine » : dans l’Église, la digue a en partie sauté (pas complètement). Le fait qu’il existe dé­sormais en son sein une aile traditionaliste reconnue, l’éloignement temporel par rapport aux conflits nés du concile, la vitalité relative du milieu en matière de vocations religieuses et sacerdotales (la jeunesse va à la jeunesse), le développement de l’enseignement hors contrat, etc., favorisent ce métamorphisme spirituel de droite, visible à l’œil nu dans les assistances dominicales.

    Comment envisagez-vous l’avenir du catholicisme en France, et en particulier du monde traditionaliste ?
    L’avenir n’est pas la période favorite de l’historien… Les tendances ne sont pas bonnes mais le produit est excellent et l’avenir dure longtemps. Le monde traditionaliste est un des pôles de l’Église et il n’est pas sans mérite d’avoir su persister dans l’être dans des conditions si adverses. Mais vos chiffres le montrent bien : il ne détient pas la solution des problèmes généraux du catholicisme. La distance à franchir est trop grande pour la masse des Français ordinaires auquel cet univers est devenu très étranger et à qui l’Église est bien obligée de trouver le moyen de parler la langue qui lui rendra accessible le « Dieu inconnu ».

    Propos recueillis par Christophe Geffroy

    • Seuil, 2018, réédité en poche chez Points-Histoire, 2020, 320 pages, 8,90 €. Il a depuis publié Une histoire du sentiment religieux au XIXe siècle(Cerf, 2020) et vient de sortir Le catholicisme a-t-il encore un avenir en France ? (Seuil, 2021).

    Ref. Les tradis : « Un des pôles de l’Église »

    Il serait intéressant d'élargir la réflexion à l'ensemble d'un pôle qui ne se limite pas à la France

    JPSC

  • France : selon « Le Figaro », le Ministre Darmanin et Mgr de Moulins-Beaufort s'accordent sur le secret de la confession

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    Darmanin 82fd9e13c8b934ff20289bba0a7cf8f0bec9b847022e753d7e8ec561fcc63237.jpgMais quel accord exactement ? la CEF cherche à contenter deux maîtres à la fois… Un article de Jean-Marie Guénois publié par le « Figaro » :

    « Le président de la Conférence des évêques a rencontré le ministre de l'Intérieur pour clore la polémique.

    Entre l'Église et la République, l'incident est clos. Il était né des propos de Mgr Éric de Moulins-Beaufort, le président de la Conférence des évêques de France, sur France info le 5 octobre à propos du secret de la confession qui serait « plus fort que les lois de la République ». Cette phrase, qui a provoqué une polémique nationale, lui a valu d'être invité par le ministre de l'Intérieur et des Cultes, Gérald Darmanin, à s'expliquer, dans son bureau, place Beauvau, mardi 12 octobre. Et ce, à la demande expresse du président de la République.

    Dans un communiqué publié après cette rencontre, l'archevêque de Reims commence par «demander pardon» à tous ceux qui ont pu être choqués par ses paroles et par le fait que cette polémique «ait pris le pas» sur les propositions du rapport Sauvé. Devant le ministre, le prélat a d'ailleurs reconnu «la formulation maladroite» qu'il avait employée car si «la foi fait appel à la conscience de chacun» pour «chercher le bien sans relâche», cette démarche ne va pas «sans respecter les lois de son pays».

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    Polémique et entretien sur lesquels est aussitôt revenu publiquement le ministre de l'Intérieur. Il participait dans la foulée de ce rendez-vous épiscopal à la séance de questions au gouvernement à l'Assemblée nationale. Saluant «le courage de l'Église de France» d'avoir commandé une telle étude, le ministre a précisé à propos de son échange avec Mgr Éric de Moulins-Beaufort : «Je me suis permis de le lui redire, comme je le dis à chacun des cultes, qu'il n'y a aucune loi qui soit supérieure aux lois de l'Assemblée nationale et du Sénat et qu'il n'y a aucune loi au-dessus de celles de la République.» Il a été très applaudi sur cette dernière partie de sa phrase.

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    « Échange fructueux »

    Remerciant publiquement le prélat pour « l'échange fructueux et long » qu'ils ont eu, Gérald Darmanin, a aussi abordé à l'Assemblée nationale la question du « secret de la confession », qui existe « depuis deux cents ans dans notre droit, reconnu comme un secret professionnel, au même titre que les médecins ou les avocats ». Il y a cependant une exception pour « les crimes commis sur des enfants de moins de 15 ans» : «Tout religieux ou toute personne qui a connaissance d'abus sexuels doit porter à la justice de notre pays pour la protection des enfants.»

    Sur ce même secret de la confession, Mgr Éric de Moulins-Beaufort a promis au ministre de l'Intérieur que l'Église allait lancer un «travail nécessaire» pour «concilier la nature de la confession et la nécessité de protéger les enfants». Réunis en assemblée plénière à Lourdes du 3 au 8 novembre, les évêques vont également décider d'autres «mesures et réformes à poursuivre et à entreprendre» contre ces abus.

    Plus globalement, le président de la Conférence des évêques de France, a redit au ministre «la détermination de tous les évêques et, avec eux, de tous les catholiques, à faire de la protection des enfants une priorité absolue, en étroite collaboration avec les autorités françaises». Il a cité, comme exemples, les protocoles qui existent entre 17 diocèses - sur 100 - et les parquets pour «faciliter et accélérer» le traitement des signalements «pour tout fait dénoncé».

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    Lundi prochain, Gérald Darmanin accompagnera Jean Castex à Rome. Le premier ministre sera reçu par le pape François dans le cadre du centenaire de la reprise des relations diplomatiques entre la France et le Saint-Siège. À côté des questions bilatérales, de l'écologie, des flux migratoires, il sera aussi question du rapport Sauvé sur les abus sexuels dans l'Église.

    Ce sujet est une préoccupation majeure du pape François. Lors d'un entretien privé avec Angela Merkel, le 7 octobre, venue lui dire au revoir après tous ses mandats politiques, le sujet des abus sexuels dans l'Église a été l'un des thèmes de conversation. La veille, lors de l'audience générale, le pape François avait exprimé à haute voix et par trois fois sa «honte» devant les chiffres révélés par le rapport Sauvé. La commission estime que 216.000 mineurs auraient été abusés par des religieux depuis 1950.

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    Ref. Darmanin et Mgr de Moulins-Beaufort s'accordent sur le secret de la confession 

    JPSC

  • Carlo Acutis : un an déjà !

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    D'Antoine Bordier via Le Salon Beige :

    Bonne fête, bienheureux Carlo Acutis

    Bonne fête, bienheureux Carlo Acutis

    Déjà un an ! C’était le 10 octobre 2020. Assise, la « cité sainte » du Poverello, de saint François, rayonnait de tous ses éclats. De toute l’Italie, de Londres, d’Espagne, de France, et, de Suisse, principalement, les parents, les amis, et, de nombreux pèlerins avaient fait le déplacement pour la béatification du jeune Carlo Acutis. Ce qui était marquant, surtout, c’était toute cette jeunesse présente sur le parvis de la Basilique Sainte-Marie-des-Anges, la veille. Deux jours après sa béatification, le 12 octobre, le bienheureux Carlo Acutis était fêté pour la première fois. Immersion dans la vie d’un saint.

    Située au pied de la colline d’Assise, en contre-bas, la basilique attire les foules. Un millier de jeunes sont là, dans le quasi silence de la nuit qui étend lentement son manteau noir étoilé. Nous sommes le 9 octobre 2020. La façade de la Basilique Sainte-Marie-des-Anges est légèrement éclairée. Cachés derrière les immenses colonnades, d’autres jeunes s’affairent et règlent sur leur pupitre de commandes, leur table de mixage, et, leur moniteur, les différentes caméras, la sonorisation et l’éclairage. La veillée en l’honneur du futur bienheureux va bientôt commencer. A l’entrée, son effigie-kakémono le représente avec en arrière-plan un ostensoir. Et, l’eucharistie qu’il a tant adorée, donne le ton de la veillée. Elle se déroulera en trois temps : une biographie scénique jouée par une troupe d’amateurs, des danses et des morceaux musicaux suivront. Puis, ce sera le temps du témoignage, par un franciscain, et, enfin, un temps de prières et d’adoration.

    A l’intérieur de la grande basilique règne le silence complet. Il n’y a pas de fidèles. Quelques franciscains déambulent. A la place du chœur de la basilique, se trouve la petite église de la Portioncule. Elle date du 6è siècle. Le futur saint François, Giovanni di Pietro Bernadone, la restaurera quelques années après sa conversion, vers l’an 1205. C’est là, qu’il aurait pris pleinement connaissance de sa vocation de missionnaire, et, qu’il aurait reçu la visite des anges. Ce qui dénote aux premiers abords, en s’approchant, c’est sa toute petite taille. Elle ne mesure que 7 mètres de longueur et 4 mètres de largeur. Sur sa façade ogivale, une fresque médiévale raconte la vie du Poverello. A l’intérieur, d’autres fresques entourent l’autel en bois précieux. La contemplation de ce petit édifice, véritable trésor artistique, mystique et religieux, est une bonne introduction, à la fois, à la veillée et à la vie du bienheureux.

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  • Le « lent génocide » des chrétiens au Nigeria

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    De Filipe Avillez sur Aleteia.org :

    L’Église dénonce le « lent génocide » des chrétiens au Nigeria

    09/10/21

    L’Église catholique du Nigeria affirme que les chrétiens de ce pays sont victimes d’un processus de nettoyage ethnique effectué par les musulmans peuls, avec la complicité de l’État.

    Les mots sont forts et témoignent de l’urgence de la situation au Nigeria. « Il ne s’agit pas seulement de questions de pâturage. Pour moi, c’est une guerre de religion », a déclaré Mgr Wilfred Anagbe, évêque du diocèse de Makurdi, dans l’État de Benue (Nigeria), lors d’une conférence organisée par l’Aide à l’Église détresse (AED). Plusieurs participants ont confirmé que la violence qui sévit dans le pays depuis plusieurs années n’est pas seulement due à des « affrontements » entre bergers musulmans et agriculteurs chrétiens pour la possession de la terre. « Ils ont un programme qui est d’islamiser ce pays. Et ils le font en éliminant méthodiquement tous les chrétiens et en occupant les territoires. S’il s’agissait de pâturage, pourquoi tuer des gens ? Et pourquoi brûler leurs maisons ? », interpelle-t-il.

    Implication des plus hautes sphères de l’État

    Johan Viljoen, directeur de l’Institut sud-africain Denis Hurley Peace, qui œuvre à la promotion de la paix, de la démocratie et de la justice et qui étudie les attaques armées des Peuls dans le sud-est du Nigeria, parle d’une « occupation concertée et bien planifiée ». « Tout cela se passe sous le couvert de Miyetti Allah, dirigée par le président Buhari », dit-il, faisant référence à une organisation qui prétend défendre les droits des bergers peuls.

    L’implication des plus hautes sphères de l’État est l’une des raisons pour lesquelles les forces armées se sont montrées réticentes à intervenir et à contrôler la violence. « Je ne pense pas que l’armée essaie de résoudre quoi que ce soit. Ils chercheraient plutôt à encourager les choses », a déclaré Johan Viljoen, en rappelant une récente mission d’enquête au Nigeria au cours de laquelle des collaborateurs de son institut ont été arrêtés tous les cinq kilomètres par des soldats, tous peuls, qui se montraient menaçants et pointaient des armes sur eux. Après des années de violence, « pas un seul Peul n’a été poursuivi en justice pour violences », ajoute-t-il. 

    Mgr Wilfred a souligné que les forces armées sont sous le contrôle direct du président, et que par ailleurs, « tous les chefs de service, de la marine, de l’armée de l’air et de la police, sont musulmans ». Les chiffres officiels indiquent que cette vague de violence a causé environ 3.000 morts au cours des dernières années, mais les personnes présentes sur le terrain affirment que ce chiffre pourrait atteindre 36.000, sans compter les nombreuses personnes déplacées, démunies et profondément traumatisées par ce qu’elles ont vécu. De nombreuses ONG ayant quitté les zones dangereuses, l’Église catholique et ses institutions sont les seules alternatives fiables pour apporter de l’aide aux populations sur le terrain.

    Les représentants de l’Église demandent aux occidentaux de contribuer à l’acheminement des secours, mais aussi d’aider autrement. « Il faut changer le discours, on ne peut pas suivre le récit du gouvernement nigérian », a insisté le père Remigius Ihyula, qui est également du diocèse de Makurdi. « Ils ont placé leurs protégés dans les ambassades du monde entier, si bien que la parole officielle donne l’impression qu’il ne se passe rien ». 

    Ce n’est pas un affrontement, c’est un lent génocide. Déplacer des personnes de leur terre ancestrale, les priver de leurs moyens de subsistance et les massacrer est une forme de génocide.

    Le père Joseph Fidelis, du diocèse de Maiduguri, a expliqué pour sa part qu’il est irritant d’entendre parler « d’affrontements » ou de « conflits » entre groupes opposés. « Ce n’est pas un affrontement, c’est un lent génocide. Déplacer des personnes de leur terre ancestrale, les priver de leurs moyens de subsistance et les massacrer est une forme de génocide ».

    Le Nigeria est le pays le plus peuplé d’Afrique. Il n’y a pas de chiffres officiels, mais les estimations indiquent une répartition égale entre musulmans et chrétiens, les premiers étant majoritaires dans le nord et les seconds dans le sud. Cependant, la violence s’est maintenant propagée dans tout le pays, menaçant la stabilité de l’ensemble du pays.

    Lire également : Persécutions religieuses, violences… Le cri d’alarme d’un évêque nigérian

  • France : Mgr de Moulins-Beaufort va défendre le secret de la confession devant Gérald Darmanin

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    Le président de la Conférence des évêques de France rencontrera le 12 octobre le ministre de l’Intérieur pour « s’expliquer sur ses propos » au sujet du secret de la confession. Interrogé sur France Info après la remise du rapport sur les abus sexuels dans l’Eglise, il expliquait en quoi ce secret était « plus fort que les lois de la République ». Un compte rendu précis fait le point avec clarté sur le site web du magazine « Famille chrétienne » :

    mgr_de_moulins_beaufort.jpg« Le Président de la Conférence des évêques de France (CEF), Mgr Éric de Moulins-Beaufort, a reçu du ministre de l’intérieur à 13h15 un message [exprimant son] souhait de ‘’convenir d’un entretien’’ », a fait savoir la CEF dans un communiqué ce jeudi 7 octobre. Ce rendez-vous se tiendra le 12 octobre à 14 heures, a-t-elle précisé. En cause, la déclaration de Mgr de Moulins-Beaufort le 6 octobre sur France Info expliquant en quoi le secret de la confession était « supérieur aux lois de la République », pour reprendre les mots des journalistes qui l’interrogeaient au lendemain de la remise du rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise. Ce rapport préconise justement la levée du secret de la confession en cas de révélation d’abus sexuels, ravivant un débat récurrent depuis plusieurs mois.

    Les prêtres soumis au secret professionnel

    Les propos de l’archevêque de Reims ont provoqué un tollé sur les réseaux sociaux, si bien qu’il a « souhaité apporter des précisions » dans un communiqué le soir même sur Twitter. « Il ne faut pas opposer le secret de la confession aux lois de la République puisque celles-ci n’imposent pas sa levée (Articles 226 13 et 14), a-t-il précisé. « Mgr Éric de Moulins-Beaufort sera heureux d’échanger avec M. le Ministre de l’Intérieur sur le sens du sacrement de la confession pour les catholiques et sur les fondements théologiques, spirituels et canoniques du secret de la confession. Ce sera pour lui l’occasion de rappeler qu’aujourd’hui, le secret de la confession, imposé aux prêtres par le droit canonique, n’est pas contraire au droit pénal français, comme le souligne la circulaire de la chancellerie du 11 août 2004 », a déclaré à son tour la CEF dans son communiqué du 7 octobre après-midi.

    Certains des contradicteurs de Mgr de Moulins-Beaufort brandissaient l’article 434-3 du code pénal, punissant l’absence de dénonciation en cas de violences sexuelles. L’article indique que « le fait, pour quiconque ayant connaissance d’agressions ou atteintes sexuelles infligés à un mineur de ne pas en informer les autorités judiciaires ou administratives […] est puni de trois ans d’emprisonnement et de 45 000 € d’amende. » Une peine qui monte à « cinq ans d’emprisonnement et 75 000 € d’amende » pour des faits concernant un mineur de moins de 15 ans.

    En réalité, la loi française n’oblige pas les prêtres à briser le secret de la confession pour révéler des cas d’abus sexuels.  « Cette obligation de dénonciation ne s’applique pas pour les personnes soumises au secret professionnel, ce qui est le cas des prêtres lors de la confession ou de leurs mission de ministres du culte », précise l’avocat Me Emmanuel Le Miere à Famille Chrétienne. En effet les prêtres sont soumis au secret professionnel dans le cadre d’une jurisprudence de 1891, qui confirme celle de 1810. « La loi de 1905 n’y a rien changé », poursuit Me Le Miere. La trahison du secret professionnel est punie par la loi française « d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende. » (article 226-13 du code pénal).

    Ces sanctions ne s’appliquent pas si le professionnel choisit d’alerter les autorités compétentes dans plusieurs cas exceptionnels, notamment les cas de « violences physiques, sexuelles ou psychiques ». Article 226-14 du code pénal). Mais le professionnel n’est pas obligé d’alerter. Ainsi le prêtre n’est pas « contraint » par la loi française de briser le secret de la confession –secret professionnel aux yeux de la loi – en cas d’abus sexuel. Et le droit canon, quant à lui, le lui interdit.

    À lire aussi

    Sanctions, levée du secret de la confession, réforme de l'Eglise : les recommandations chocs du rapport Sauvé

    La loi française pourrait lever le secret de la confession

    Un risque réel plane cependant sur le secret de la confession en France : « Le fait que les prêtres soient soumis au secret professionnel [protégeant ainsi le secret de la confession] est simplement le fait d’une jurisprudence et non d’une loi spécifique, comme c’est le cas pour les avocats, alerte Me Emmanuel Le Miere. Ainsi, une nouvelle loi pourrait être votée pour défaire les prêtres du secret professionnel, ou les obliger à le rompre dans certains cas notamment les cas d’abus. »

    Que faudrait-il faire, dans ce cas où le droit français s’opposerait alors frontalement au droit canon ? « Ce dernier n’a aucune valeur aux yeux de la République. Il faudrait passer par les juridictions internationales, notamment la cour européenne des droits de l’homme et son article 9 évoquant la notion de ‘’confident nécessaire’’ », explique Me Le Miere. Pour l’heure, impossible de savoir jusqu’où envisage d’aller Gérald Darmanin. Inutile d’imaginer en tout cas une réforme du droit canon sur le secret de la Confession. Ce point « ne peut même pas être discuté en droit Canon, il est inaliénable », souligne le père Thomas Poussier, qui a publié en février l’ouvrage Le secret de confession (Salvator). En 2019, alors que la crise des abus sexuels battait déjà son plein, la pénitencerie apostolique avait déjà rappelé dans une note que le secret de la confession était « inviolable ».

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  • Le texte intégral du rapport de la CIASE sur les abus sexuels dans l'Eglise de France

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    Du site du diocèse de Lille :

    PUBLICATION DU RAPPORT DE LA CIASE

  • Requiem pour Bernard Tapie : parmi les mille facettes du personnage, il y avait celle du "croyant".

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    Tapie 870x489_maxnewsspecial410919.jpgComme chez François Mitterrand et bien d’autres vedettes du théâtre d’ombres que constitue cette vie passagère, la dimension religieuse n’était pas absente dans le répertoire de Bernard Tapie. Jusqu’à quel point? C’est le secret intime entre Dieu et chaque créature humaine. Sur le site « aleteia » de ce jour, Lauriane Vofo Kana écrit :

    « Bernard Tapie est mort ce dimanche 3 octobre des suites d'un cancer de l'estomac et de l'œsophage. Parmi les milles facettes du personnage, il y avait celle du "croyant". Vers la fin de sa vie, l'homme d'affaires avait évoqué à plusieurs reprises la foi qui l'animait.

    Homme d’affaires, acteur ou encore ministre, les vies de Bernard Tapie ont été nombreuses. C’est entouré des siens qu’il est décédé ce dimanche 3 octobre à Paris, à l’âge de 78 ans. Bernard Tapie n’avait pas caché son combat contre le cancer de l’estomac et de l’œsophage. Dès l’annonce, en septembre 2017, il avait voulu apparaître déterminé dans l’épreuve qui le mettait face à la mort. Une mort que le « croyant » ne vivait pas comme une fatalité : « La mort c’est l’épisode ultime de la vie. Celui qui a peur de la mort a peur de la vie », confiait-il sur France 2.

    « Ça m’est tombé dessus »

    Durant ses quatre années de lutte contre la maladie, Bernard Tapie s’est livré à des confidences sur son parcours de fils d’ouvrier, sa vie de président de l’Olympique de Marseille ou encore de patron de presse. Quelques fois, il s’est aussi attardé sur la foi qui l’animait : « Je veux rester ce que j’ai toujours été face à la religion, un pratiquant monolithique, convaincu que c’est la loi du cœur ».

    Invité sur le plateau de BFMTV à l’hiver 2020, l’habitué des coups d’éclat était revenu pudiquement sur les origines de sa foi. « Ça ne m’est pas tombé dessus parce que mes parents me l’ont inculquée ! Ça m’est tombé dessus parce que je jouais au violon le dimanche matin dans une église et qu’un jour, je n’ai pas joué du violon comme les autres fois. » Dans ses mémoires [Bernard Tapie, leçons de vie, de mort et d’amour, Ndlr], écrits par Franz-Olivier Giesbert, on découvre un homme qui se met à « genoux » pour prier chaque matin. Même dans les moments de difficulté, cette habitude ne l’aurait pas quitté.

    Tous les soirs à 18 heures lorsqu’il était en prison, il avait un rite avec Dominique, sa femme. […] Ils priaient l’un et l’autre et ils faisaient comme s’ils se tenaient la main, et ça l’aidait à passer la nuit et à repartir pour la journée.

    Mis en cause dans le match truqué Marseille-Valenciennes en 1993, Bernard Tapie est condamné à huit mois de prison en 1995. Un proche de l’ancien homme d’affaires assure même que tout le temps de sa détention le businessman Tapie serait resté attaché à la prière : « Tous les soirs à 18h lorsqu’il était en prison. Il avait un rite avec Dominique sa femme. […] Ils priaient l’un et l’autre et ils faisaient comme s’ils se tenaient la main, et ça l’aidait à passer la nuit et à repartir pour la journée. »

    Une messe en mémoire de Bernard Tapie sera célébrée ce mercredi en l’église Saint-Germain-des-Prés, à Paris, à 11h.

    Mais c’est à Marseille, sa ville de cœur, que ses obsèques auront lieu vendredi à la Major, cathédrale Sainte-Marie-Majeure. Elles seront présidées par l’archevêque de Marseille, Mgr Jean-Marc Aveline, à 11h.

    Lire aussi :Le credo de Bernard Tapie sur le plateau de BFMTV

    Lire aussi :L’inattendu témoignage de foi de Bernard Tapie

    Ref. Bernard Tapie, la foi lui était « tombé dessus »

    « Anima vagula blandula », la foi n’aurait-elle pas encore dit son dernier mot dans l’Europe apostate ?

    JPSC

  • Mais où sont les neiges d’antan ? à la recherche d’une littérature catholique disparue

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    "Le XXème siècle: un âge d’or des écrivains catholiques ? A la fin du XIXe et au début du XXe siècle, la France connaît une période d’effervescence religieuse, perceptible dans le monde de l’art et de la pensée. Alors que triomphent la séparation des Églises et de l’État, la laïcisation de la société, bien des intellectuels adhèrent à la foi catholique. Qui sont ces hommes ? Quel est leur parcours ? Comment l’Église réagit-elle à ce phénomène ? Comment l’écrivain voit-il son propre rôle après sa conversion ? Et, au fond, l’écrivain catholique ne se pense-t-il pas tout autant nécessaire que le prêtre, pour la conversion des âmes ? L’émission Au risque de l’histoire propose de percevoir le XXe siècle comme un âge d’or des écrivains catholiques. Pour éclairer cette question, Christophe Dickès reçoit les historiens Frédéric Gugelot et Claire Daudin". Diffusé sur KTO, dans la série "Au risque de l'histoire".

    Cliquer sur ce lien : https://www.youtube.com/watch?v=KM_XoFKsVOY

    JPSC

  • Nouvelle abbaye traditionnelle en France : La charité, seule vraie grandeur

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    Fondé par l’abbaye du Barroux en 2002, le monastère Sainte-Marie de la Garde a été érigé en abbaye au printemps dernier. La bénédiction abbatiale du nouveau Père Abbé a eu lieu le 24 juin 2021. Entretien avec ce dernier lu sur le site web du mensuel « La Nef » :

    La Nef – Vous venez d’être érigé en abbaye et vous-même avez reçu la bénédiction abbatiale récemment : qu’est-ce qu’un tel événement dans la vie d’une communauté comme la vôtre ?
    abbaye image (1).jpgTRP Dom Marc Guillot
    – Notre monastère bénédictin de Sainte-Marie de la Garde a été élevé à la dignité d’abbaye. Cela signifie qu’une grâce toute particulière et un certain honneur enveloppent désormais ce lieu. À ce privilège insigne, la communauté doit cependant répondre par la vraie grandeur. Or, comme le Christ nous l’a enseigné, il n’y a en ce monde qu’une seule vraie grandeur : celle de la charité. Certes, le rang d’abbaye nous établit, nous fonde, nous enracine sur cette terre agenaise afin qu’en émane un certain éclat sur l’Église et sur le monde. Mais à quelle fin et pour quel but ? En saint Jean, Jésus donne la réponse : afin que nous portions le seul fruit qui demeurera ici-bas et dans l’éternité bienheureuse, le fruit de la charité. Cette charité, elle est dans le Christ Jésus, et c’est en Lui, dans une communion toujours plus profonde et passionnée avec Lui, que nous la trouverons. En outre, cette charité, il faut également que nous soyons capables de la laisser transparaître et de la dispenser auprès de tous ceux qui viennent nous visiter. Ce témoignage-là est incontournable.

    Le 24 juin dernier, il y a eu aussi – en quelque sorte – la naissance d’un abbé. Bien vite après l’élection, les mots bien connus de Jésus ont fait irruption en ma mémoire : à travers le choix des frères, « c’est Moi qui t’ai choisi ». Je me suis alors immédiatement senti poussé à mettre sur les lèvres du Seigneur des paroles comme celles-ci : souviens-toi toujours que nul ne s’arroge cet honneur, mais on y est appelé par Dieu seul, par ma pure miséricorde. Tout abbé que tu es dé­sormais, tu apprendras l’obéissance par ce que tu souffriras ; rendu un peu moins imparfait chaque jour si tu es fidèle à ma grâce, tu deviendras pour ta communauté un petit instrument entre mes mains, afin que vous cheminiez tous ensemble et joyeusement, afin que vous pénétriez un jour par-delà le rideau, là où Moi, Jésus, je suis entré pour vous en avant-coureur. Et que vous me rejoigniez dans le sein du Père de toute gloire !

    Quels sont désormais vos liens avec l’abbaye-mère du Barroux ? Et quelles sont maintenant les différences entre les deux abbayes ?
    Désormais, Sainte-Marie de la Garde jouit d’une complète autonomie. Les conditions pour cela étaient les suivantes : que la vie régulière puisse être menée en conformité avec nos Constitutions ; que l’emplacement du monastère et ses bâtiments soit adaptés pour mener notre vie bénédictine ; que l’espérance fondée de vocations sérieuses et de leur formation de manière convenable soit bien réelle ; que la communauté subvienne à ses besoins économiques. Au fil des ans, le Seigneur a bâti la communauté, l’a faite mûrir afin qu’elle puisse aujourd’hui voler de ses propres ailes. Ceci dit, il restera bien évidemment un lien familial très fort entre nos deux maisons. Nous avons tous Dom Gérard comme fondateur, nous vivons selon les mêmes Constitutions et nous restons attachés à un unique coutumier monastique. Par ailleurs, les échanges de services continueront : je pense en particulier à l’entraide dans le domaine de la formation philosophique et théologique des frères appelés au sacerdoce.
    Mais, à votre question, je crois qu’il y a une réponse plus profonde et dès lors plus cruciale à donner. L’autonomie véritable, qu’est-ce donc ? C’est être désormais plus ancrés dans l’esprit de saint Benoît de façon à ce qu’il imprègne peu à peu toute notre existence ; c’est être avec cette soif au cœur que le Père soit en nous et que nous soyons en Lui ; c’est être des frères qui, à travers les joies et les croix, les offenses et les pardons, se trouvent de plus en plus accomplis dans l’unité : c’est être une communauté pour laquelle, « ne préférer absolument rien au Christ » équivaut à cette liberté de livrer sa vie pour nos frères devenus, en quelque manière, nos amis.

    Cette indépendance change-t-elle quelque chose à votre identité, vos charismes ?
    Comme je vous le disais à l’instant, nous demeurons avec les mêmes Constitutions. Nous envisagerions même de créer une Congrégation rassemblant nos maisons ; mais ce projet ne dépend pas uniquement de nous.
    Quant aux charismes, à l’esprit de nos deux abbayes, souvenez-vous de cette parole de sagesse des anciens : « la reine fait la ruche ». Nous bénéficions effectivement de la même vie, de la même Règle, des mêmes usages, et pourtant, chaque monastère a son faciès propre. Comment en serait-il autrement puisque nous constituons, chacun pour notre part, une vraie famille. Ceci posé, du Barroux et de la Garde, c’est tout un ! Certes, ici ou là-bas, la pluviométrie n’est pas la même ; le tempérament et la personnalité des deux abbés en charge non plus ; les richesses naturelles et surnaturelles s’expriment en nos deux communautés de façon différente, et pourtant – nos amis et visiteurs en témoignent constamment : « De Sainte-Madeleine et de Sainte-Marie, c’est tout un ! »

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  • Le mythe Casaroli

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    De George Weigel sur le Catholic World Report :

    Le mythe Casaroli

    La célébration romaine de l'Ostpolitik de Casaroli comme un triomphe de la diplomatie vaticane et un modèle pour l'avenir est un pur mythe.

    29 septembre 2021

    Lorsque j'ai rencontré le cardinal Agostino Casaroli le 14 février 1997, l'architecte de l'Ostpolitik du Vatican et de son approche discrète des régimes communistes d'Europe centrale et orientale dans les années 1960 et 1970 n'aurait pas pu être plus cordial. Je préparais alors le premier volume de ma biographie du pape Jean-Paul II, Témoin de l'espoir, et en demandant une séance avec le cardinal retraité, j'ai insisté sur deux points : Je voulais comprendre la théorie derrière l'Ostpolitik, et j'étais impatient de connaître les impressions de Casaroli sur le cardinal Karol Wojtyła avant que l'archevêque de Cracovie ne devienne pape. Nous avons discuté pendant près de deux heures, et en repensant à mes notes de cette rencontre, je trouve toujours les observations du cardinal fascinantes.

    Il est intéressant de noter qu'il a exprimé son admiration pour le cardinal Stefan Wyszyński, qui a été béatifié le 12 septembre. Les deux hommes se sont affrontés pendant des années - Wyszyński pensait que l'Ostpolitik était singulièrement malvenue - mais Casaroli a fait l'éloge du primat polonais, qu'il a surnommé "un vrai prince... bien qu'il soit issu d'une famille plutôt pauvre." Ce que le diplomate du Vatican admirait chez Wyszyński, semblait-il, était le sens tactique aigu de ce dernier. Ainsi, à un moment donné, le cardinal a dit que le Primat était "comme un de ces jouets de garçon que l'on remonte" - et qui s'arrête juste avant de s'écraser (une manœuvre que Casaroli a illustrée en promenant ses doigts sur le bord de la table basse entre nous). Quant à l'homme qui l'a fait secrétaire d'État du Saint-Siège, Casaroli pensait que "la Pologne était trop petite pour la grande personnalité du cardinal Wojtyła [qui était] plus adaptée à un pape."

    Le cardinal Casaroli a longuement discuté de sa relation avec le pape Paul VI, dont les portraits et les photographies étaient amplement exposés dans l'appartement du cardinal au Palazzina dell'Arciprete. L'Ostpolitik que Casaroli a menée pour le pape Paul partait d'une prémisse et d'une question : pour sauver l'Église derrière le rideau de fer, il fallait que les catholiques aient accès aux sacrements ; mais comment maintenir cet accès sous le totalitarisme ?

    La réponse de l'Ostpolitik s'ensuivit : l'accès aux sacrements nécessitait des prêtres ; l'ordination de prêtres nécessitait des évêques ; obtenir des évêques en place signifiait conclure des accords avec les régimes communistes ; obtenir ces accords signifiait éviter les confrontations rhétoriques. Paul VI avait compris que ce n'était "pas une politique glorieuse" (comme il l'a dit un jour à Casaroli). Casaroli se souvient qu'"il était difficile pour [le pape Paul] de ne pas s'exprimer ouvertement et fermement" pour défendre la liberté religieuse ; l'autocensure était un "tourment pour lui". Paul VI disait souvent, à propos de diverses situations de persécution derrière le rideau de fer, "C'est impossible, je dois dire quelque chose." Mais le pape est resté "fidèle à la vision" de l'Ostpolitik, même si cela a nécessité que Casaroli le "retienne", et "ce fut une agonie pour nous." Sans surprise, Casaroli a intitulé ses mémoires publiées à titre posthume Le martyre de la patience.

    Quelles que soient ses intentions, cette stratégie n'a pas réussi à créer une situation catholique viable derrière le rideau de fer. Et l'affirmation toujours entendue à Rome selon laquelle l'Ostpolitik de Casaroli a été un grand succès, ouvrant la voie à la révolution non violente de 1989 et à l'effondrement du communisme en Europe centrale et orientale, n'a aucun fondement dans la réalité historique.  L'Ostpolitik a transformé l'Église catholique de Hongrie en une filiale virtuelle du parti et de l'État communistes hongrois. L'Ostpolitik a démoralisé les parties vivantes de l'Église dans ce qui était alors la Tchécoslovaquie. Elle compliquait inutilement la situation de l'Église polonaise. Et elle a donné une marge de manœuvre dans toute la région à des organisations faussement catholiques composées de partisans et de compagnons de route des régimes communistes. Telles étaient les réalités sur le terrain. Tout étudiant sérieux de cette période le sait.

    L'Ostpolitik a également permis aux services de renseignements communistes de pénétrer au Vatican et de compromettre davantage les positions de négociation du Saint-Siège : une sale affaire que j'ai documentée dans le deuxième volume de ma biographie de Jean-Paul II, The End and the Beginning, en utilisant des documents originaux provenant des archives du KGB, de la Stasi allemande, du SB polonais et d'autres.

    J'ai été reconnaissant de la courtoisie du cardinal Casaroli lorsque nous nous sommes rencontrés il y a 24 ans. Et si j'avoue que, contrairement à son récent critique papal, j'ai trouvé son mémoire peu instructif, je ne lui en veux pas. Néanmoins, la célébration romaine actuelle de l'Ostpolitik de Casaroli comme un triomphe de la diplomatie vaticane et un modèle pour l'avenir est une pure fabrication de mythes - et une fabrication de mythes préjudiciable. Car ce mythe façonne les politiques vaticanes d'accommodement et de "dialogue" du XXIe siècle qui sapent le témoignage moral de l'Église catholique contre la répression à Hong Kong, en Chine, au Venezuela, en Biélorussie, à Cuba, au Nicaragua et ailleurs.

    L'Église persécutée mérite mieux. Il en va de même pour un monde qui a un besoin urgent de clarté morale.

  • Un ange de la charité face à la cruauté nazie

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    De Vatican News (Benedetta Capelli / Adelaide Patrignani) :

    Don Giovanni Fornasini (à gauche), prêtre de l'archidiocèse de Bologne béatifié ce 26 septembre

    Don Giovanni Fornasini (à gauche), prêtre de l'archidiocèse de Bologne béatifié ce 26 septembre 

    Béatification de don Fornasini, un ange de charité face à la cruauté nazie

    Ce dimanche 26 septembre aura lieu à Bologne la béatification de don Giovanni Fornasini, tué à l'âge de 29 ans par des soldats allemands à proximité de Bologne, lors du massacre du Monte Sole, l’un des épisodes les plus sanglants de la Seconde guerre mondiale sur le sol italien. Don Angelo Baldassarri, responsable du comité de béatification, estime que la charité et le sens fraternel de ce jeune prêtre sont un exemple pour les jeunes d’aujourd’hui.

    «Nous voulons être le levain qui agit de manière cachée dans les masses, pour les masses». Tel est l'objectif de la "République des Rêveurs", née le 5 avril 1942 comme projet de vie de quelques séminaristes. Une alliance au nom de Jésus, «le plus grand rêveur de l'histoire», comme l’écrivent ces jeunes hommes, futurs prêtres, prêts à s’entraider dans une période sombre comme l’est celle qu’ils traversent, la Seconde guerre mondiale. Parmi eux, Giovanni Fornasini a comme ses confrères l'intention de devenir «un saint prêtre». Une prophétie qui se réalise, moins de soixante ans plus tard. La messe de sa béatification aura en effet lieu ce dimanche 26 septembre à Bologne. Elle sera célébrée par le cardinal Marcello Semeraro, préfet de la Congrégation pour les causes des saints.

    Tué en apportant les derniers sacrements

    Le Pape François a reconnu en janvier dernier le martyre du jeune prêtre, mort le 13 octobre 1944 en «haine de la foi», tué par les nazis-fascistes près du cimetière de San Martino di Caprara, l’un des lieux des massacres du Monte Sole (ou «massacres de Marzabotto»), alors qu'il apportait les sacrements aux mourants. Entre l’été et l’automne 1944, plus de 1600 personnes ont été tuées par les nazis et les fascistes dans cette zone de la campagne bolognaise. Les SS, qui voulaient chasser les partisans, s’en prenaient même aux jeunes et aux personnes âgées.

    Don Giovanni, curé d’une localité du Monte Sole, se retrouve dans les derniers jours de sa vie à seulement enterrer les morts. «Il était simplement un bon prêtre, jusqu'à la fin, qui pensait à lui avec son peuple, qui n'avait pas peur parce que son amour pour le Seigneur était plus fort que la peur», a déclaré à son sujet le cardinal Matteo Zuppi, archevêque de Bologne.

    «L’ange de Marzabotto»

    Giovanni Fornasini est né à Pianaccio di Lizzano à Belvedere, dans les Apennins, le 23 février 1915. Dix ans plus tard, la famille déménage à Porretta Terme et c'est là que le jeune homme grandit, jusqu’à vouloir devenir prêtre. En 1931, il entre au séminaire, période marquée par la fatigue des études et une mauvaise santé. Ordonné prêtre en 1942, il est envoyé à Sperticano, une petite communauté d’à peine plus de 300 habitants près de Marzabotto, où il reste jusqu'à sa mort. Certains l'appellent encore «l'ange de Marzabotto», d'autres le «petit prêtre», qui a offert sa vie pour sauver les autres.

    Don Angelo Baldassarri, responsable du Comité pour la béatification de don Giovanni Fornasini, explique: «C’est un prêtre qui, en temps de guerre, a essayé de faire de sa paroisse une communauté accueillante, attentive aux petits, aux jeunes, au service, à la prière. Puis, lorsque la guerre est revenue, il a ressenti le désir et le besoin d'aider tous ceux qui étaient dans le besoin. C'est une charité silencieuse, sans distinctions, qui a fini par le compromettre, l'exposant à être jugé par les autorités comme "quelqu'un qui se mêle de ce qui ne lui appartient pas"». Une charité «qui se salit les mains», comme le dirait le Pape François.

    La charité jusqu’au bout

    La veille de sa mort, don Giovanni se rend à une fête organisée par les soldats allemands, conscient du danger que couraient certaines filles du village. Le soir même, le commandant des SS l'invite à se rendre le lendemain sur les lieux du massacre. Malgré les craintes de son entourage, le prêtre part. Il ne reviendra jamais. Il est tué derrière le cimetière de Caprara et ce n'est qu’après l'analyse de ses restes que l'on a compris qu'il avait été frappé et visé au cou par une baïonnette. La dépouille de don Giovanni, dont la tête était détachée, n'a été retrouvée qu'au printemps 1945 par son frère.

    «Sa charité, souligne don Angelo Baldassari, était dirigée vers tous. Un amour qui ne s'éteint pas même lorsque la violence se déchaîne, ce qui a troublé les soldats qui, en le tuant, pensaient l'anéantir et le faire oublier rapidement. Ça n’a pas été le cas». «Ce qui est frappant dans la figure de don Giovanni, ajoute-t-il, c'est qu'il a pu vivre les derniers moments de sa vie avec courage et aussi avec une grande force physique, lui qui avait été malade, qui avait été pauvre, qui avait échoué plusieurs fois à l'école. Dans la figure de Giovanni, il apparaît que la fragilité et les difficultés de sa vie l'ont fait devenir un levain, car il a su se mettre à la place de ceux qui vivaient les mêmes difficultés».

    Un vélo près de l'autel

    Lors de la béatification du prêtre italien seront visibles des objets liés à sa vie et à son martyre. Son vélo par exemple, qui était pour lui «l'instrument pour le rapprocher encore plus de ses paroissiens». Mais aussi ses lunettes et son goupillon, trouvés à côté de son corps martyrisé. «Les lunettes, précise don Angelo, représentent le fait qu'il allait voir ce qu'il pouvait faire pour les autres et le goupillon était pour bénir les morts. C'était aussi le dernier outil pastoral de sa vie car, dans ses derniers jours, il n'avait fait qu'enterrer les morts du massacre». «Beaucoup de gens se souviennent que le père Giovanni avait l'habitude de se parfumer, probablement pour pouvoir supporter la mauvaise odeur et pour pouvoir faire au moins ce dernier acte de charité», ajoute-t-il. Il y aura aussi son sac à provisions, le sac dans lequel il avait toujours du pain, des bonbons ou ce dont les gens qui le rencontraient avaient besoin.

    Qu’aurait fait Jésus à ma place ?

    Un des secrets de la sainteté de don Fornasini se trouve dans une question. Certains de ses confrères qui l'avaient vu à la fin du mois d'août 1944 l'accusaient d'exagérer avec la charité, surtout en temps de guerre. Don Giovanni avait alors répondu: «Mais Jésus aurait-il dit ce que tu dis ? Aurait-il fait comme vous ?» «Il y a un message qui me semble très fort pour tous les jeunes - conclut don Angelo, lié au fait que Fornasini n'était pas un “super-héros”. Dans sa vie il a eu beaucoup de difficultés et beaucoup de fragilités, mais c'est précisément dans ces difficultés qu'il a appris à donner le meilleur de lui-même. Il n'est pas un héros inaccessible, mais il nous montre le chemin de ceux qui apprennent de leurs épreuves, il nous dit que face à la violence qui voulait diviser, lui, par sa charité, par son accueil, est devenu un point de référence pour unir et marcher ensemble».

    Un extrait de ses écrits

    Don Fornasini avait écrit dans son journal de séminariste :

    «pas la sagesse, pas le succès. Le Christ est ta joie. Tu es à Lui et tu n'y penses pas, tu es à Lui et tu cherches ce qui n'est pas à Lui, et tu t'arrêtes aux créatures et tu t'attaches aux choses. Tu es à Lui et tu ne veux pas du manteau de la dérision, du diadème d'épines, de la condamnation injuste. Tu es à Lui et tu refuses de partager son lit, la croix; tu es à Lui et tu te plains, et tu as peur et tu es triste... Qui veillera avec toi dans la nuit noire, qui te tiendra la main dans la solitude ? Marie, cause de joie ! Avec elle, nous remontons la route obscure pour revenir à la lumière et pour reprendre et chanter à nouveau le Magnificat de la vie sacerdotale.

    Une vie qui exalte la grandeur du Christ Jésus, Prêtre avec son prêtre».

  • Eglise vivante : dix nouveaux Jésuites ordonnés prêtres le 10 juillet 2021 … à Kimwenza (RDC)

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    Par Mgr Carlos Ndaka, évêque auxiliaire de l’archidiocèse de Kinshasa:

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