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BELGICATHO - Page 596

  • Il y a 80 ans : les trois sermons courageux de Mgr von Galen, le cardinal antinazi

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    D'Elisabeth Caillemer sur le site de Famille Chrétienne :

    Les trois sermons courageux de Mgr von Galen, l'évêque antinazi

    Les trois sermons courageux de Mgr von Galen, l'évêque antinazi
    U.BILD-AKG IMAGES

    C’est une idée tenace, propagée par une pièce de théâtre, Le Vicaire, sortie en 1963, puis adaptée quarante ans plus tard au cinéma par Costa Gavras (1). L’Église catholique aurait dit « amen » au régime nazi. Parmi d’autres, le parcours du cardinal allemand Clemens August von Galen témoigne pourtant du contraire. Le New York Times ne lui décernait-il pas d’ailleurs, en 1942, le titre d’« opposant le plus obstiné au programme national-socialiste antichrétien » ? Et c’est pour cette même raison que celui qu’on surnommait le « Lion de Münster » fut mis au rang des bienheureux le 9 octobre 2005 par le pape Benoît XVI saluant un défenseur « des droits de Dieu, de l’Église et de l’homme, que le régime nazi violait de façon grave et systématique, au nom d’une aberrante idéologie néopaïenne ». Une vie édifiante qui, si elle contribue quand même à rétablir l’honneur de l’Allemagne et de l’Église catholique, nous offre également un « modèle de foi profonde et intrépide », pour reprendre les termes de Benoît XVI. Un exemple rattaché aux trois sermons mémorables prononcés par le prélat à l'été 1941.

    Premiers écrits contre le néopaganisme

    Clemens August von Galen naît en 1878 au sein d’une famille aristocrate westphalienne catholique pour qui « la noblesse n’a d’existence et de justification que par sa vocation au service du Bien Public, comme clef de voûte d’une société cohérente et tournée vers Dieu ». Il est le onzième de treize enfants. Son père est député du Zentrum (le parti catholique) au Parlement impérial allemand, et son arbre généalogique est parsemé d’hommes d’Église. La foi catholique constitue l’ADN des von Galen. « Les premières années de Clemens August furent le moment de sa vie où se fixa la vision de son existence, avec un point de fuite unique, irremplaçable, évident : le Ciel et son Christ », écrit Jérôme Fehrenbach. Entouré de parents très pieux, pensionnaire chez les Jésuites, il décide de consacrer sa vie à Dieu et est ordonné prêtre en 1904.

    Après avoir exercé son ministère à Berlin il est nommé à Münster en 1929. « Il sait que dans cette Allemagne secouée par la Grande Guerre, l’identité chrétienne est en jeu », écrit Fehrenbach. Dans un opuscule paru en 1932, Le Fléau du laïcisme, le curé de Münster dénonce la déchristianisation de la société, terreau d’un néopaganisme qu’il voit poindre. Il est l’un des premiers à dénoncer la politique du parti nazi qui commence à séduire l’Allemagne, catholiques compris, attirés par l’anticommunisme d’Hitler« Je crains, écrit-il, que des catholiques égarés par l’apparence du bien et du bon, contaminés par une opinion publique fondamentalement antichrétienne, et plus encore non-catholique, ne soient victimes d’erreurs fatales. »

    Il s’oppose à l’extermination des personnes handicapées

    En 1933, Clemens August est sacré évêque. Sa devise, « Nec laudibus, nic timore » (« Ne se laisser influencer ni par la peur, ni par la flatterie ») sera sa ligne de conduite. Sa voix contestataire s’élève à proportion de la progression de l’idéologie nazie. En 1934, il signe courageusement la préface d’un livre attaquant Le mythe du XXIe siècled’Alfred Rosenberg, un des théoriciens du IIIe Reich. Un condensé de cette préface est lu dans toutes les églises du diocèse. Von Galen se pose publiquement en combattant du nazisme. Face à sa détermination, le ministre des Cultes renoncera même à supprimer les croix dans les établissements scolaires. Convoqué à Rome par le pape Pie XI, il participe à la rédaction de l’encyclique Mit Brennender Sorge destinée à « éveiller les réflexions de ceux qui ont déjà commencé à se laisser prendre aux appâts et aux menaces des adversaires du Christ et de son Évangile ». À son retour, il reprend son apostolat devant une foule de plus en plus nombreuse à venir l’écouter prêcher et parmi laquelle, il le sait pertinemment, se mêlent des membres de la Gestapo qu’il n’hésite pas qualifier d’« ennemis du peuple ».

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  • Que faire de nos églises désertées ?

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    De Mélanie Geelkens sur le site du Vif :

    Coût des cultes: les Eglises sont vides et peinent à ressusciter

    11 juillet 2021

    Chaque année, quelques dizaines d'églises sont désaffectées, et certaines mises en vente, les communes refusant d'investir de trop importants montants dans leur rénovation. Déjà que les cultes leur coûtent pas mal d'argent... Mais que faire des édifices désacralisés? La piste des logements est à l'étude.

    Neuf cents mètres carrés, belle hauteur sous plafond, vaste crypte aménageable, vitraux simple vitrage: faire offre à partir de 790 000 euros. Depuis sa mise en vente en 2019, des amateurs se sont manifestés, imaginant y ouvrir tantôt un restaurant, tantôt une maison de repos, voire une mosquée. L'agent immobilier imaginait même de l'escalade sur la tour. L'église Notre-Dame de Lourdes au Bouhay, à Bressoux (Liège), a finalement été vendue en 2020 et son affectation reste à déterminer. Peut-être du logement.

    D'autres se sont transformées en hôtel (à Malines), en restaurants (à Anvers, Gand et Marche-en-Famenne), en discothèque (à Bruxelles)... Les projets de reconversion ne peuvent devenir que de plus en plus nombreux. En Belgique, on recense pas moins de 4 296 églises, selon le décompte officiel effectué en 2018. Mais quelques dizaines sont désaffectées chaque année (31 en 2018, 26 en 2019). Elles sont, dans de rares cas, attribuées à d'autres cultes chrétiens. Sinon laissées vides.

    Et, même lorsqu'elles ne sont plus fréquentées, elles engendrent des frais. De réparations urgentes, de sécurisation... Ce sont alors les communes qui déboursent, toutes historiquement obligées qu'elles sont de devoir assumer les déficits des fabriques d'église depuis un décret datant de... 1809 (mais aussi ceux des cultes protestant, israélite et anglican, tandis que les provinces se chargent de ceux des cultes orthodoxe et musulman). En moyenne, le financement annuel global des cultes au niveau des communes wallonnes représente 40,1 millions d'euros au budget ordinaire et 51,2 millions à l'extraordinaire. Soit environ 1% du budget communal. Ou, plus concrètement, quasi 26 euros par habitant.

    Pour des pouvoirs locaux souvent en déficit structurel, ça pèse lourd. D'autant que les églises sont souvent vides, ou en tout cas trop nombreuses sur un territoire communal par rapport aux besoins des habitants. A Nivelles, il y en a dix (huit catholiques et deux protestantes). Dont coût annuel en 2021 de 3,4 millions d'euros (budgets ordinaire et extraordinaires confondus). L'un de ces édifices, Saint-Sépulcre, est fermé au public depuis 2019. Trop délabré, trop risqué. "Le coût d'une rénovation serait de 2,2 millions au minimum minimorum, détaille Colette Delmotte, présidente du CPAS en charge des cultes et du patrimoine (MR). La commune a dit non, et la fabrique d'église pense à la vendre depuis un petit temps, étant donné aussi qu'il y a de moins en moins de paroissiens." Cette année, bien que fermée, Saint-Sépulcre a continué à coûter plus de 31 000 euros. Si elle est un jour vendue, les caisses communales ne toucheront pas un centime.

    Même si un bien devait être vendu pour l'euro symbolique, il est peu probable qu'un investisseur privé assume les rénovations et y trouve une rentabilité.

    Mais dès l'annonce d'une possible mise en vente, un comité de soutien s'est organisé, "Les amis du Spluc". Même désertée, une église ne disparaît que rarement sans protestation, sans doute en raison des liens affectifs qu'elle suscite. Le lieu d'un mariage, d'une communion, d'un baptême, pour plusieurs générations. "Ces riverains s'imaginaient qu'avec des goûters, des soupers, ils pourraient sauver les lieux, constate Colette Delmotte. Mais il faut rester réaliste, il y a des normes à respecter, et la Ville a d'autres priorités."

    A Liège, c'est la basilique de Cointe qui est à vendre depuis des temps immémoriaux. Plusieurs investisseurs privés s'étaient manifestés, aucun projet n'a réussi à se concrétiser. "C'est difficile, car nous ne sommes pas propriétaires fonciers, explique l'échevine en charge des cultes Christine Defraigne (MR). La Ville ne peut que souhaiter lui donner un avenir." Le territoire liégeois compte pas moins de 57 édifices, dont 48 catholiques. Qui nécessitent un budget annuel de 545 000 euros. "Nous respectons bien sûr nos obligations. Mais vu notre état d'impécuniosité, et étant donné la chute évidemment drastique de la fréquentation, nous avons demandé aux représentants de réfléchir à des formules de rationalisation."

    Lire aussi: Coût des cultes: l'impôt qui fait vivre les Eglises en Allemagne

    Des fidèles aux locataires?

    Rationaliser, c'est aussi ce que propose aux communes l'intercommunale immobilière Ecetia. Et si aucune église n'était déjà construite, combien seraient érigées pour répondre aux besoins? "On pourrait alors envisager une nouvelle affectation, totale ou partielle, aux autres", expose son directeur, Bertrand Demonceau, qui raconte avoir été régulièrement consulté par des bourgmestres en quête de solutions de reconversion. "Souvent, on imagine de les transformer en bibliothèques et centres culturels. Mais quand bien même, les communes ont-elles besoin de cinq de chaque sur leur territoire? Ce qui leur manque, le plus souvent, ce sont des logements, surtout des appartements. On pourrait imaginer soit l'intervention d'agences immobilières sociales, soit des promotions immobilières classiques." Les communes tiennent parfois à proposer une emphytéose plutôt qu'une vente réelle. On ne sait jamais, qu'un jour les fidèles reviennent en masse...

    Ecetia est en contact avec plusieurs communes, et deux dossiers sont plus particulièrement avancés (une étude économique a été réalisée): concernant les églises de Tignée et du Heusay, toutes deux en périphérie liégeoise. Mais ce genre de reconversion ne peut être que complexe, d'abord car les pouvoirs publics ne sont pas toujours eux-mêmes propriétaires et ne peuvent que suggérer les choses. "Le constat que l'on a tiré, poursuit Bertrand Demonceau, c'est qu'il devrait de toute façon y avoir un coût public, pour certains frais de réparation ou de rénovation. Même si un bien devait être vendu pour l'euro symbolique, il est peu probable qu'un investisseur privé assume les rénovations et y trouve une rentabilité." Peut-être certains subsides régionaux pourraient-ils aider mais, à nouveau, l'investissement public sera difficilement épargné.

    "Le sujet est complexe,conclut- il. Et parfois émouvant car le fait même que cette question de l'avenir des églises se pose, à une aussi grande échelle et sans doute pour la première fois depuis la christianisation de l'Europe au Haut Moyen Age, témoigne d'un changement de paradigme. Du passage d'une époque à une autre."

  • Dimanche 15 août 2021 à 15h : pèlerinage à l’Enfant Jésus de Prague présidé par le Père Abbé de Maredsous

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    Dimanche 15 août 2021 à 15h :

    Pèlerinage à l’Enfant Jésus de Prague, présidé par Dom Bernard Lorent, Père Abbé de Maredsous

    Du 15 août 2021 au 15 août 2022, nous allons fêter le 10ème anniversaire du Sanctuaire de l’Enfant Jésus de Prague de Horion-Hozémont. Ce sera l’occasion de rendre grâce à l’Enfant Jésus pour tous les pèlerins que nous avons rencontrés tout au long de ces années. Nous sommes dans l’émerveillement pour tant de signes et de miracles dont nous avons été les témoins directs. Nous revoyons tant de visages... Nous nous souvenons de tant de pèlerins qui ont trouvé la paix en se confiant le petit Roi.

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  • L'Eglise en procès; des historiens répondent

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    De Jean-Pierre Bédéï sur Hérodote.net :

    L’Église en procès

    La réponse des historiens

    7 juillet 2021

    L'Histoire bimillénaire de l'Église est régulièrement l'objet de controverses et de polémiques sans grand rapport avec les faits. Sous la direction de Jean Sévillia, des historiens se sont attachés à rétablir un certain nombre de vérités dans un ouvrage, L'Église en procès (Texto Tallandier), qui face à une « persistante légende noire » n'entend pas pour autant légitimer « la bienveillante légende dorée qui dissimule les faiblesses, les fautes et parfois, malheureusement, les crimes commis par les hommes d'Église. »

    En dix-huit chapitres, autant d'historiens tentent de relever ce pari d'une vision équilibrée, depuis les preuves de l'existence de Jésus jusqu'au scandale des prêtres pédophiles. Les croisades, l'Inquisition, les guerres de religion, l’épopée des Conquistadors, la colonisation, l'antisémitisme, l'argent du Vatican, les confrontations entre le pouvoir politique et le pouvoir religieux, tels sont les autres principaux thèmes abordés.

    De ce kaléidoscope à travers les siècles, on retiendra l'excellent chapitre d'Olivier Hanne intitulé « une papauté avide de pouvoir ? » L'auteur y retrace de manière fort instructive les relations conflictuelles entre la papauté et les différents souverains. Si Pépin le Bref se montra "un auxiliaire zélé de l'Église", en revanche, sous le règne de Charlemagne « la mise sous tutelle de l'Église fut sans précédent, et la soumission du clergé totale, jusqu'à pousser le roi à définir la mission du pape sur terre. »

    L'Église réagit grâce à un vaste mouvement rénovateur, la « réforme grégorienne » dont Grégoire VII (1073-1085) fut le grand artisan qui s'opposa à ce que les évêques tiennent leur autorité du pouvoir monarchique. « Ainsi bien avant la séparation de 1905, le principe de l'autonomie des pouvoirs séculier et spirituel était acquis, et ce en raison de l'insistance de la papauté », observe l'auteur.

    Et quand le pape Boniface VIII (1294-1303) crut qu'en tant que seul représentant du Christ, il pouvait juger les rois, Philippe le Bel « le fit déclarer hérétique et schismatique par une assemblée de prélats français. » Ainsi, déjà au Moyen-Age, émergeaient les prémisses de la laïcité.

    Dans le chapitre sur les Croisades, Martin Aurell, rappelle à juste titre que « la croisade est un pèlerinage pénitentiel vers la Terre sainte, mais en armes. » et « qu’il n’est pas tant une guerre sainte » qu’une « guerre sanctifiante » puisque le pape Urbain II assurait aux expéditionnaires qu’ils seraient lavés de leurs péchés et qu’ils gagneraient la vie éternelle.

    Avec la croisade -cette appellation n’existait pas à l’époque-, « l’idée puis la notion même d’indulgence plénière apparaît en Occident », observe l’auteur. La croisade devait même accélérer la Parousie (le retour du Christ), grâce à la libération des Lieux saints appelés à revenir sous domination chrétienne après leur occupation « par la seule violence d’un islam conquérant ».

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  • D'athée à chrétien : le témoignage de Rod Dreher

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    D’athée à chrétien avec Rod Dreher (Pilule Rouge)

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    Rencontre avec le journaliste américain Rod Dreher. Il est l’auteur de plusieurs livres comme “Comment être chrétien dans un monde qui ne l’est plus : Le pari bénédictin” ou “Résister au mensonge : Vivre en chrétiens dissidents”. Il nous livre son témoignage sur sa conversion faite en France, à Chartres :

  • Pourquoi nous avons besoin de l'Église, des sacrements et des saints pour combattre Satan

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    (Suite de l'article de Paul Senz (Catholic World Report)

    Pourquoi nous avons besoin de l'Église, des sacrements et des saints pour combattre Satan

    "Nous ne pouvons pas divorcer du réseau interpersonnel dans lequel Dieu nous a créés", déclare le père Robert Spitzer, SJ, "... si nous le reconnaissons, tant mieux : vous êtes dans une communauté, alors vous avez intérêt à trouver la bonne."

    8 juillet 2021

    Dans la première partie de mon entretien avec le père Robert Spitzer, SJ, nous avons parlé du combat spirituel, de la lutte contre Satan et de l'évasion des ténèbres du mal. Ces sujets, et bien d'autres, sont abordés dans sa trilogie intitulée Called Out of Darkness : Contending with Evil through the Church, Virtue, and Prayer. Les deux premiers volumes, Christ Versus Satan in Our Daily Lives : The Cosmic Struggle Between Good and Evil (Ignatius Press, 2020) et Escape from Evil's Darkness : The Light of Christ in the Church, Spiritual Conversion, and Moral Conversion (Ignatius Press, 2021) sont maintenant disponibles. Le troisième volume de la trilogie actuelle, intitulé The Moral Wisdom of the Catholic Church : Principles of Personal and Social Ethics, sera publié par Ignatius Press au début de l'année prochaine.

    Dans cette deuxième partie de l'interview, le Père Spitzer discute plus en détail de la nature de la lutte contre le mal et du rôle de l'Eglise, des saints et des sacrements dans la lutte contre le péché.

    CWR : Pourquoi est-il important que nous ayons l'Eglise pour nous aider dans cette lutte contre le mal ? Certains pourraient dire : "Il suffit d'appeler Jésus à l'aide". Alors qu'est-ce que l'Église offre de façon unique dans cette lutte ?

    Père Spitzer : C'est une très bonne question. Bien sûr, nous pouvons toujours commencer par la question : Pourquoi Jésus a-t-il fondé l'Église ? Qu'avait-il en tête quand il a dit : "Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle. Je te donnerai les clés du royaume des cieux. Ce que tu déclares délié sur la terre sera délié au ciel, ce que tu déclares lié sur la terre sera lié au ciel."

    Pourquoi a-t-il dit cela ? Pourquoi a-t-il fait cela ?

    Pour moi, la raison est triple : premièrement, nous sommes interpersonnels par notre nature même. Nous sommes destinés à être en communauté par notre nature même. Nous ne sommes pas seuls au monde, donc la toute première chose que nous devons reconnaître, c'est toute la philosophie des Lumières selon laquelle nous sommes des agents autonomes, en solo. C'est une erreur. Nous sommes tous liés les uns aux autres, et c'est ainsi que Dieu nous a créés. Il ne nous a pas créés comme des êtres humains autonomes, c'est faux. Si nous faisons cette hypothèse dès le début, alors nous n'avons aucune responsabilité envers la communauté, aucune responsabilité envers l'ordre cosmique dans lequel Dieu nous a créés, aucune responsabilité envers le Corps mystique du Christ - si nous partons de cette hypothèse, tout ce que nous ferons à partir de ce moment-là sera complètement faux, parce que nous sommes des êtres interpersonnels, nous sommes communautaires.

    Nous ne pouvons pas nous séparer du réseau interpersonnel dans lequel Dieu nous a créés. C'est la première chose qui est vraiment importante, et si nous le reconnaissons, c'est encore mieux : vous êtes dans une communauté, alors vous avez intérêt à trouver la bonne. Si vous restez seul dans votre chambre, je vous assure que vous n'irez nulle part et ne ferez rien. L'idée de "ma spiritualité privée" est basée sur une hypothèse erronée sur qui vous êtes, et sur une hypothèse erronée sur la façon dont Dieu a créé le monde et dont il interagit avec nous. Nous ne sommes pas de petits automates, il est en relation avec nous à travers la communauté et il est en relation avec la communauté à travers nous.

    Deuxièmement, pensez-vous vraiment que vous pouvez intuitionner la vérité de l'Écriture toute seule ? Pensez-vous vraiment que vous pouvez le faire tout seul ? Croyez-vous vraiment que vous pouvez vous asseoir sur votre lit, lire quelques livres de théologie et tout comprendre sans une Église, sans un interprète définitif ? Croyez-vous vraiment que vous pouvez aller au-delà de vos préjugés ?

    Moi, je ne peux pas aller au-delà de mes préjugés - j'ai le principe de la rationalisation spitzérienne infinie : donnez-moi cinq minutes et je peux rationaliser n'importe quoi à mon avantage ! Si vous êtes assez intelligent, assez sensible, vous pouvez rationaliser à votre guise. Nous avons besoin de quelqu'un vers qui nous tourner afin d'obtenir une évaluation objective de la vérité. Luther avait tort ! Il est impossible qu'un laïc avec les Écritures soit plus puissant qu'une Église", les saints, la sagesse collective de l'Église à travers les âges, par le pouvoir du Saint-Esprit qui est accordé aux offices que Jésus a créés.

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  • Messe traditionnelle : le pape voudrait revenir sur les ouvertures de Benoît XVI

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    De Jean-Marie Guénois sur le site du Figaro via "Pour une école libre au Québec" :

    Le pape François veut réduire l'influence des traditionnalistes en revenant sur les ouvertures de Benoît XVI

    Quatorze ans après la décision de son prédécesseur de libéraliser la messe en latin, le pape argentin envisage de restreindre son application pour réduire l’influence des traditionalistes.

    Le 7 juillet 2007, Benoît XVI avait ouvert un nouvel horizon à la liturgie traditionnelle. Dans un décret devenu célèbre, le motu proprio Summorum pontificum, il accordait une place nouvelle à l’« ancienne messe » alors qu’elle avait été marginalisée par le concile Vatican II (1962-1965).La liturgie traditionnelle dans l’Église ne lésine pas sur l’encens. Ses volutes légères et profondes veulent exprimer un mystère. Un autre mystère plane toutefois sur l’avenir de cette tradition connue sous le nom de « messe en latin ». François pourrait en limiter l’usage. Benoît XVI avait pourtant redonné ses lettres de noblesse à cette liturgie. Nuage fugitif ou orage annoncé ?

    « Extraordinaire » et « ordinaire » Le pape allemand reconnaissait la pertinence de la messe dite de saint Pie V, telle qu’elle était dite avant ce concile en lui conférant un statut pérenne, celui de rite « extraordinaire ». Il demeurerait à côté du rite « ordinaire », celui de la messe dite de Paul VI. Non comme une alternative pour tous les catholiques, mais comme une possibilité pour les fidèles demandeurs. Il suffisait qu’un « groupe stable de fidèles attachés à la tradition liturgique antérieure » se signale au curé de la paroisse pour que celui-ci « accueille volontiers leur demande », sans recourir à l’autorisation de l’évêque. Benoît XVI attendait des deux formes du rite de l’Église latine, « extraordinaire » et « ordinaire », qu’elles vivent un « enrichissement mutuel ». Quelques mois plus tôt, dans une tribune collective publiée dans Le Figaro, des personnalités tels que le philosophe René Girard, le chef d’entreprise Bertrand Collomb, les comédiens Jean Piat et Claude Rich ou encore l’historien Jean-Christian Petitfils appelaient de leurs vœux cette décision pontificale.

    Cette libéralité pourrait avoir vécu. Le pape François lui-même a révélé le 24 mai dernier à Rome, aux évêques italiens réunis à huis clos, que la révision du motu proprio de Benoît XVI ne tarderait pas. De fait, ce projet, toujours tenu secret, en est à sa troisième version. Plusieurs sources fiables indiquent que cette révision ne remettrait pas en cause la reconnaissance du rite de saint Pie V à titre « extraordinaire ». Il ne toucherait pas davantage aux associations religieuses de prêtres constituées et concernés par ce rituel. Serait en revanche visé le libéralisme du motu proprio de Benoît XVI : ce serait désormais l’évêque local, et non plus les fidèles, qui contrôlerait le droit de célébrer selon le rituel extraordinaire. Second axe de révision : au Vatican, les « traditionalistes » — ainsi sont-ils dénommés dans l’Église — ne dépendraient plus d’une structure ad hoc abritée au sein de la Congrégation pour la doctrine de la foi qui protégeait de facto les entités traditionalistes.

    La sphère traditionaliste

    À l’avenir, toute question non soluble par l’évêque local serait traitée, selon la nature du sujet, au sein des congrégations vaticanes compétentes : évêques, clergé, liturgie, qui sont les « ministères » romains spécialisés du gouvernement de l’Église. Le dossier traditionaliste ne serait plus un cas à part.

    Quand cette révision sera-t-elle publiée ? Selon nos informations, la version finale aurait été validée pour une sortie imminente.

    Que représente la sphère traditionaliste en France ? Une enquête de l’épiscopat vient de recenser « un à deux » lieux de cultes par diocèse accueillant « moins de 100 fidèles », voire « entre 20 et 70 ». Soit 20 000 personnes au mieux. Le mensuel de référence en ce domaine, La Nef, vient de publier dans son dernier numéro une enquête complète, estimant ces pratiquants entre 31 000 et 51 000 fidèles. En ajoutant ceux qui désireraient aller à ces messes mais qui habitent trop loin, il estime « les fidèles tradis à environ 60 000 personnes ». Avec de fortes disparités régionales et la présence de bastions comme Versailles, qui représente 10 % de ce chiffre. Le choix pour le rite tridentin, 250 lieux de culte en France, attirerait, selon cette source, 4 % des pratiquants. Sans compter les fidèles de la Fraternité Saint-Pie-X (les « lefebvristes »), qui compteraient 35 000 fidèles en France. Au total, un poids loin d’être négligeable.

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  • Le cas hongrois : idéologie et arguments

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    De Simon-Pál Schümmer sur le site de La Libre via didoc.be :

    Le cas hongrois : idéologie et arguments

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    La loi hongroise votée au parlement hongrois sur la pédophilie et la sexualité a fait couler beaucoup d’encre. Mais au fait, que dit-elle ? Une opinion de Simon-Pál Schümmer, 30 ans, marié et père de trois enfants, citoyen belge francophone, diplômé de sciences politiques et particulièrement passionné par l’analyse de la politique belge, hongroise et américaine. Magyarophone grâce à une mère hongroise, il maîtrise aussi l’anglais et le néerlandais. Ce texte a été publié dans « La Libre Belgique » du 8-7-21.

    La loi hongroise votée à l’Országház (Parlement hongrois monocaméral) sur la pédophilie et la sexualité a fait couler beaucoup d’encre et a été l’objet de polémiques enflammées. On ne compte plus les réactions venant de membres du parlement européen, de chefs et membres de gouvernements, d’associations sportives ou encore de personnalités. Aussi incroyable que cela puisse paraître, alors même qu’une lettre cosignée par 17 chefs d’Etat déclare la honte d’une telle loi, personne ne semble avoir pris la peine de s’interroger sur le contenu du texte en lui-même, et encore même sur son esprit.

    Or, ce qui fait une loi, c’est d’abord l’esprit qui la guide.

    L’esprit de la loi

    Le législateur, dans le cadre de ses compétences et de sa souveraineté démocratique, a voulu clarifier dans son ensemble le principe du rôle de l’Etat en matière de sexualité des mineurs : l’Etat doit être responsable et actif quand il s’agit de protéger un mineur de la violence sexuelle (la plus grande partie du texte développe d’ailleurs un arsenal anti-pédophilie) ; l’Etat doit être garant et protecteur de la liberté parentale en ce qui concerne l’éducation sexuelle, et plus particulièrement la manière d’aborder les thématiques sexuelles plus sensibles que sont l’homosexualité, le genre ou la pornographie, pour ne citer que ces exemples.

    Ainsi, cette loi n’aborde pas les homosexuels en tant que personnes, ni leur droit (défendus dans la Loi Fondamentale Hongroise), mais plutôt l’homosexualité comme thématique sexuelle dont la compréhension, de l’avis des législateurs élus par le peuple, doit rester une prérogative (principalement) des parents et non pas de la société civile ou de l’État.

    Il s’agit finalement d’une déclaration de responsabilité concernant un sujet sensible. « Sensible », car aucune étude scientifique ne permet de dire avec certitude ni l’âge ni l’approche avec laquelle il convient d’aborder ces sujets. Progressistes et conservateurs peuvent trouver des arguments défendables, mais étant donnée la délicatesse de ces sujets, c’est la liberté parentale qui est ici défendue. Le texte a pour objectif de protéger ce concept dans un contexte où cette liberté est perçue comme mise en danger. Pensons par exemple aux associations intervenant dans les écoles, à la télévision, dans la sphère publique, pour sensibiliser des enfants au fait qu’il est possible de « choisir son sexe ». Le problème réside surtout dans le fait que ceci soit fait sans le consentement parental et donc potentiellement contre la manière dont ces derniers auraient voulu aborder la question.

    Le décalage intellectuel des critiques

    La loi hongroise fait un choix de société dont l’axe de la disputatio n’est pas le droit de telle ou telle minorité mais plutôt la responsabilité d’éducation.

    Comme sur tout axe idéologique, il est possible d’être en désaccord. L’erreur faite par les critiques de cette loi est de ne pas débattre sur l’axe du sujet réel mais sur un autre.

    Le vrai débat aurait été de remettre en question le positionnement sur la responsabilité de l’État. Or, ce qui est observé est une dénonciation sur base d’un prétendu « non-respect des valeurs de l’Union Européenne ».

    Deux problèmes sont à relever :

    - Premièrement, nous l’avons dit, cet argument est hors cadre. La loi hongroise n’a pas pour objet les droits homosexuels, mais parle de sujets de sexualité, sans les discriminer ni les hiérarchiser.

    - Deuxièmement, dans aucune des prises de position critiques on ne mentionne les « valeurs » auxquelles cette loi s’opposerait, ni même en quoi elle s’y opposerait.

    L’article 14 de la Charte des Droits Fondamentaux de l’UE déclare : « La liberté de créer des établissements d’enseignement dans le respect des principes démocratiques, ainsi que le droit des parents d’assurer l’éducation et l’enseignement de leurs enfants conformément à leurs convictions religieuses, philosophiques et pédagogiques, sont respectés selon les lois nationales qui en régissent l’exercice. » Deux éléments de cet article démontrent en quoi la loi hongroise s’aligne avec les valeurs précitées : le droit des parents d’assurer l’éducation et l’enseignement et le fait que cela se fasse respecter par les lois nationales. Une des valeurs de l’UE défendue ici est la souveraineté totale des États en la matière. Ceci semble contredire la démarche des 17 chefs d’Etat condamnant un objet relevant de la souveraineté reprise dans les Traités.

    Il y a donc un manque d’honnêteté tant dans le processus de jugement de la situation et que dans celui de la critique formulée.

    En effet, pas de traduction du texte de loi directement accessible. Le seul « résumé » de la situation correspond à une sonnette d’alarme caricaturale donnée par l’opposition ou par des lobbys. Il n’y a clairement pas eu de travail de compréhension (ou de lecture) de la loi en question, ni d’échange sur le fond avec les auteurs de la loi. La démarche de jugement a « omis » l’étape de prise de connaissance de l’objet.

    Et la critique, nous l’avons développé, se focalise sur un axe hors-sujet dont le but semble être, pour résumer une des thèse de Matthieu Bock-Côté dans « L’empire du politiquement correct – Essai sur la respectabilité politico-médiatique », (Éditions du Cerf, 2020), de disqualifier une prise de position en l’empêchant même d’entrer dans l’arène du débat, sans même avoir à en discuter, dès lors qu’elle ne rencontre pas l’agenda progressiste.

    Des préalables aux débats sur le futur de l’UE

    Cet épisode hongrois révèle des trous dans la palette de la réflexion sur le projet européen. En guise de conclusion, voici quelques pistes de solution à un déficit d’honnêteté intellectuelle qui empêche le débat argumenté et constructif. Abordons deux chantiers qui semblent prioritaires :

    D’abord, à la lumière des débats qui se font sur le futur de l’Union Européenne, intégrer en priorité une clarification sur ce qui, aujourd’hui, relève de la souveraineté des États membres. Plus que cela, il s’agirait même de définir ce qu’on entend par la souveraineté. Est-ce un concept qui qualifie le processus de prise de décision ou les réactions et les impacts de la décision ? Ou les deux ? Les universités, les groupes de réflexion, les centres d’étude politiques, les partis, les acteurs politiques pourraient engager un tel travail de définition, sans lutte idéologique. Sans aller — à ce stade — jusqu’au débat d’idées, le focus serait d’abord sur la clarification de ce qui est aujourd’hui dans les traités, puisque c’est ce sur quoi tout est construit.

    Ensuite, et dans la même lignée, proposer un exercice de cartographie des « valeurs » européennes, en partant de la liste objective de ce qui figure aujourd’hui dans les traités. On pourrait au maximum imaginer faire un travail de déclinaison en éléments plus concrets, mais sans aller plus loin dans un premier temps. Ceci permettrait de déclarer « hors scope » ou « dans le scope » toute une série de sujets et empêcher l’utilisation abusive du terme de « valeur ». Dans le cadre de cet exercice, dès qu’il y a un désaccord d’interprétation, on s’arrête sans jugement et reconnait qu’on tombe alors dans le débat politique. L’idée est de lister, pour se rendre compte du « fondamental » du plus petit commun dénominateur.

    Ces deux exercices de clarification sont un préalable pour découvrir sur quelle base l’avenir européen doit se construire, par le biais d’un retour vers une dialectique ouverte et construite sur des arguments, et non pas sur les émotions, les egos et les disqualifications idéologiques.

    Source : https://www.lalibre.be/debats/opinions/disqualification-ideologique-versus-debat-d-arguments-le-cas-hongrois-60e6b8297b50a6318d555c8f. Titre original : Disqualification idéologique versus débat d’arguments : le cas hongrois.

  • L'heure et le malheur de la post-vérité

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    De gènéthique.org :

    Le malheur de la post-vérité

    8 juillet 2021

    Pouvons-nous encore prendre des décisions ? Ne nous faut-il pas craindre que la post-vérité nous ait embarqués plus loin que dans la cancel culture, dans l’annulation pure et simple de la culture, laquelle nous permettait d’évaluer en toute chose ce qui est de bonne ou de mauvaise facture ?

    Des questions que pose Emmanuel Brochier, doyen et directeur de l’IPC. Facultés Libres de Philosophie et de Psychologie.

    Le syntagme post-vérité est entré en 2016 dans le dictionnaire d’Oxford pour désigner « un ensemble de circonstances » parmi lesquelles il y a les réseaux sociaux qui nous conduisent à de promptes réactions plutôt qu’à une réflexion équilibrée. La vitesse vertigineuse avec laquelle nous aimons désormais communiquer implique que nous ne faisons que relayer des informations plus ou moins douteuses pour lesquelles nous ne prenons le temps d’aucune vérification avant de les utiliser dans le débat public. Avec la post-vérité, il ne s’agit plus d’éclairer l’intelligence, mais de constituer une force capable d’écarter un certain nombre de questions ou de positions. Dans l’ère de la post-vérité, les peurs et les désirs se substituent aux arguments soigneusement établis. Dans l’ère de la post-vérité, on parle beaucoup, on prend beaucoup de décisions, mais on parle pour ne rien dire, car il n’est plus possible de ne rien définir. On se contente de répéter ce qui plaît. Et nos décisions se réduisent alors à de simples expérimentations. On essaie ce qui marche. Il n’y a plus ni bien ni mal. En lieu et place, on trouve l’innovation. Il s’agit d’exercer un impact sociétal dont la seule limite est qu’il soit toléré par le plus grand nombre. Donnera-t-on ici des exemples ? Pouvons-nous parler de la pandémie, des lois de bioéthique, du nouveau bac, ou de notre rapport à l’histoire ? Est-il encore possible d’en débattre à la manière d’un Socrate ? Ne sommes-nous pas immédiatement rangés dans un camp ou dans un autre, qui fait de toute prise de position un acte de militance. Bergson aimait au contraire parler de la politesse supérieure de l’esprit, laquelle consistait selon lui à savoir trouver dans l’idée adverse des points communs, car l’idée, disait-il, est au fond amie de l’idée, même de l’idée opposée, à moins qu’elle ne passe devant le tribunal de nos passions. Pour Bergson, tout l’intérêt de l’étude de la philosophie était de nous apprendre à cultiver cette juste impartialité. Le problème est que dans l’ère de la post-vérité la philosophie elle-même est devenue la servante du paradigme technocratique.

    Caractériser notre époque en termes de post-vérité, c’est en même temps faire l’aveu d’un changement profond et d’une incapacité à le nommer. Serait-il possible d’avoir un changement plus profond que celui d’une époque où le mensonge lui-même n’a plus sens, puisqu’il présuppose la vérité ? Cependant, plus qu’à un simple changement, l’avènement de la post-vérité ressemble à une révolution qui nous ramène au point de départ, et en l’occurrence à cette époque présocratique où, ainsi que l’a montré Platon dans ses dialogues de jeunesse, la sagesse n’était pas encore mesurée à l’aune de la vérité, mais consistait tout entière en l’excellence dans l’exercice d’une compétence technique, comme piloter un navire le long des côtes quand on réussit à éviter les écueils, ou écrire à la manière d’Homère un grand récit qui mêle à la tradition l’imagination poétique afin d’évoquer des origines dont personne n’a pu être le témoin, et ce, lorsqu’on est capable d’engendrer au sein d’une communauté politique un consensus et des pratiques communes que presque personne ne veut plus remettre en question. Dans ce cas, certes, nous restons encore des Homo Sapiens, mais dans un sens qui n’est plus le même. C’est dire la profondeur du changement auquel nous assistons, puisqu’il est anthropologique.

    En réalité, la post-vérité n’est que la version sociale de ce qu’on appelle depuis 1979, avec Jean-François Lyotard, la postmodernité. Le philosophe de Vincennes, comme on sait, fut l’auteur d’un rapport commandité par le gouvernement du Québec sur l’état du savoir, qu’il intitula La condition postmoderne. Il lui semblait alors qu’avec l’avènement de l’informatique était arrivée « la fin des grands récits », ceux des philosophes qui proposaient un sens à l’activité scientifique et universitaire, comme Hegel en Allemagne, ou les philosophes des Lumières en France. Dans cette perspective, Lyotard dressait un constat terrible qui a fini, hélas, par devenir une évidence : « on n’achète pas des savants, des techniciens et des appareils pour savoir la vérité, mais pour accroître la puissance ». L’ère de la post-vérité apparaît ainsi comme l’ère de la performance. C’est donc la victoire de Hobbes sur Descartes : dès l’aube des temps modernes, l’auteur du Léviathan était en effet convaincu que le désir de savoir comme celui de richesse ou d’honneur n’est que l’une des formes du désir de puissance. Or nous savons avec lui, qu’habité par un désir de cet ordre, l’homme ne peut être qu’un loup pour l’homme. Tel est sans doute le malheur de la post-vérité.

    Dès lors, pouvons-nous encore prendre de justes décisions ? La post-vérité désigne selon le dictionnaire d’Oxford les circonstances selon lesquelles les faits objectifs influencent moins l’opinion publique que l’émotion ou les croyances personnelles. Le risque en de pareilles circonstances est que nos choix ajoutent de la tragédie au malheur qui est le nôtre. Il nous faudrait pour en sortir recouvrer le sens de la vérité. Mais il nous faudrait la chercher sans en attendre aucun pouvoir. Est-ce seulement encore possible ?

  • Participez aux Journées Mondiales de l’Eucharistie à Budapest du 5 au 12 septembre 2021

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    Vivre la joie des JMJ dans une formule pour adultes et avec le pape pour la messe finale !

    Participez aux JME, les Journées Mondiales de l’Eucharistie à Budapest du 5 au 12 septembre 2021.

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    Venez rencontrer Jésus à Budapest.

    « Toutes mes sources sont en Toi » Ps 87 :7

     Saviez-vous que ces journées ont été initiés en Belgique vers 1900 et ont rassemblé 2 millions de personnes à Cebu aux Philippines en 2016 ?

    La conférence épiscopale belge souhaite renouer avec cette dynamique missionnaire. Une double route belge, présidée par Mgr Jousten, évêque émérite de Liège, entouré d’une équipe, est organisée pour y participer : « route Danube » et « route Express ».

    Choix entre 2 formules :
    - Soit la semaine congrès-découverte sur la

    « Route Danube », environ 1.000 EUR incl. avion.

    - Soit les 3 derniers jours sur la « route express », environ 600 EUR, incl. avion.

    Avec des participants de plus de 60 pays, approfondissez le sens et l’expérience de l’Eucharistie.

    Combinez cela avec la découverte de la splendide ville de Budapest et de la Hongrie, traversée par le beau Danube bleu.

    Confions cette relance inespérée des Journées Eucharistiques de Budapest au bienheureux Carlo Acutis, ce « geek » italien, décédé à 15 ans d’une leucémie foudroyante en 2006, après avoir lancé un site internet et une exposition sur les miracles eucharistiques.

    Voyez plus de détails dans la lettre en annexe

    Infos et inscriptions pour la route belge : https://eucharistiebuda2020belgium.wordpress.com
    Places limitées, il s’agit de s’inscrire et de verser sa participation avant le 15 août. Profitez surtout du tarif avantageux avant le 31 juillet.

    Pour toute question, écrivez à eucharistie.budapest.belgium.2020@gmail.com

    Rejoignez le groupe Facebook belge

    Cordialement,

    Le comité belge délégué par la conférence épiscopale

    Mgr Aloys Jousten
    Chanoine Eric de Beukelaer
    Jacques Galloy

    Site officiel de l’évènement : https://www.iec2020.hu/en

  • Le Conseil des conférences épiscopales d'Europe (CCEE) et la Fédération des associations familiales catholiques en Europe (FAFCE) ont signé un accord

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    De Vatican News :

    Sécularisme et dénatalité, défis majeurs pour les familles d'Europe

    9 juillet 2021

    Le Conseil des conférences épiscopales d'Europe (CCEE) et la Fédération des associations familiales catholiques en Europe (FAFCE) ont signé un accord formalisant leur rapprochement. Au cœur de leur mission figurent la nouvelle évangélisation dans un contexte de baisse de la natalité.

    La coopération entre le Conseil des Conférences épiscopales d'Europe (CCEE) et la Fédération des Associations familiales catholiques en Europe (FAFCE) existait déjà. Initiée après la rencontre mondiale des familles, qui s'est tenue à Dublin en 2018, elle est désormais "intensifiée et étendue" par un protocole d'accord signé ce 9 juillet. L'accord, signé par les présidents des deux associations, le cardinal Angelo Bagnasco et l'avocat Vincenzo Bassi, prévoit que la FAFCE participe – en tant qu’observateur – aux rencontres de la Commission pour la Famille et la Vie du CCEE afin d’y apporter son expertise, aussi dans la promotion des associations familiales catholiques, en cohérence avec sa mission. 

    Selon cet accord, la Fédération apporte également sa contribution à la Commission des épiscopats de l'Union européenne (Comece) et entretient également des relations étroites avec la Mission permanente du Saint-Siège auprès du Conseil de l'Europe, en vertu de son statut participatif auprès de cette institution. Cet accord fera l'objet d'une «évaluation conjointe après trois ans» selon ses termes.

    Les deux parties ont exprimé leur satisfaction: «Les pasteurs et les familles - a affirmé le cardinal Bagnasco - sont appelés à être unis pour la nouvelle évangélisation de l'Europe. Et c'est un signe d'unité. Face aux défis de la sécularisation et de la dénatalité - ajoute le cardinal - il est urgent de fuir le défaitisme, et au contraire, de retrousser les manches et de travailler ensemble».

    Vincenzo Bassi lui fait écho: «Comme l'a souligné le Pape François lors des États généraux de la natalité le 14 mai dernier, l'Europe est en train de devenir le vieux continent non plus à cause de son histoire glorieuse, mais à cause de son âge avancé». Face à la pandémie de solitude, nous sommes appelés à être les témoins de la joyeuse responsabilité des familles et à développer partout des réseaux familiaux. Pour cela, nous nous mettons au service de l'Église en Europe et de nos communautés, familles de familles» a précisé le président de la FAFCE. 

    Créé en 1971, le CCEE est composé de 39 membres qui, ensemble, représentent l'Église catholique dans 45 pays du continent européen. Son siège est situé à Saint-Gall, en Suisse. La FAFCE, quant à elle, regroupe 18 associations, ainsi que 5 membres observateurs et 4 organisations associées de 17 pays européens. Fondée en 1997, elle possède le statut participatif au Conseil de l'Europe depuis 2001 et son secrétariat général est situé à Bruxelles.

  • Au cœur du fanatisme il y a une maladie de la religion elle-même

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    De Stéphane Seminckx sur didoc.be :

    Du fanatisme. Quand la religion est malade

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    Sous ce titre, Adrien Candiard a publié un petit essai intéressant et agréable à lire (90 pages). Il y défait l’un des clichés les plus courants sur le lien entre violence et religion.

    Pour le dominicain et islamologue français, au cœur du fanatisme, il n’y a pas une simple déformation mentale ou la rage de voir sa culture ou sa religion marginalisés. Il y a une maladie de la religion elle-même. Il l’illustre à partir d’une certaine théologie islamique, en vogue dans les milieux salafistes, qui justifie le terrorisme au nom de l’islam. Mais cette maladie de la religion ne se limite pas à l’islam.

    Au cœur du fanatisme, il y a une idolâtrie, une substitution — parfois grossière, souvent subtile — de Dieu par une idole, une image qui évoque Dieu mais n’est pas Dieu. Il n’y a pas un excès de religion mais un défaut, un manque de religion, le mot « religion » venant du latin « religio », dont la racine est « ligare », lier, attacher, qui a formé « religare », lier plus fortement. Le fanatique a perdu le lien personnel avec Dieu, qui est Amour et Vérité : « le fanatisme est un bannissement de Dieu, presque un athéisme, un pieux athéisme, un athéisme de religieux — un athéisme qui ne cesse de parler de Dieu, mais qui en réalité sait fort bien s’en passer » (p. 42). C’est tout le contraire de l’idée courante que l’on se fait du fanatisme, perçu comme une sorte « d’excès de Dieu ».

    Cette dérive surgit dans certaines formes violentes de l’islam, enracinées dans une vision théologique où Dieu est à ce point transcendant qu’« on ne sait pas qui est Dieu, mais on sait ce qu’il veut » (p. 32). Dans cette optique, le musulman fidèle n’est pas celui qui aime Dieu mais celui qui fait ce que Dieu commande et exige des autres — même par la contrainte et la violence — de faire la volonté de Dieu.

    Le christianisme n’échappe pas au risque de cette déformation. L’auteur relève que les guerres de religion ont suivi le développement, à la fin du moyen âge, d’une théologie d’un Dieu arbitraire, dont la liberté est déconnectée de la raison. Dans cette vision, la vie morale n’est plus une participation, par la raison humaine, de la raison divine, mais la soumission à des règles, dont l’arbitraire peut mener aux excès et à la violence. Le commandement de Dieu remplace le Dieu qui est Amour : on « veut ce que Dieu veut, que Dieu le veuille ou non », comme disait André Frossard.

    Mais il y d’autres formes de dérives fanatiques. Le fondamentalisme biblique remplace le Christ, qui est le Verbe, par un texte. L’intransigeance liturgique fait de l’Eucharistie, sacrement de l’unité, une source de divisions, en privilégiant la conformité au rite à l’adoration du Christ. Le prêtre qui, au lieu de guider les fidèles vers le Christ, les guide vers lui-même, peut aussi devenir une idole. Le catholique doctrinaire, disposé à brûler les autres sur le bûcher au nom de la pureté de la foi, est un autre genre de fanatique : il n’aime pas Dieu, ni son prochain, mais une doctrine (oubliant qu’au cœur de celle-ci, il y a l’amour de Dieu et de son semblable).

    La solution n’est pas dans l’athéisme, car il est un autre tenant de l’absence de Dieu. Il peut tout autant mener au fanatisme, car, en reniant Dieu, il idolâtre sa propre raison, faisant violence à la nature religieuse de la personne.

    Blaise Pascal avait déjà signalé le danger : « On se fait une idole de la vérité même, car la vérité hors de la charité n’est pas Dieu, et est son image et une idole qu’il ne faut point aimer ni adorer. Et encore moins faut-il aimer ou adorer son contraire, qui est le mensonge » (p. 59). Et Adrien Candiard rappelle que le démon lui-même connaît les vérités de la foi mieux que quiconque. Dans l’Evangile, un démon reconnaît le Christ comme « Saint de Dieu » (Mc 1, 24) bien avant que les disciples ne découvrent la condition divine de Jésus. Mais si les démons connaissent les vérités sur Dieu, ils ne connaissent pas Dieu, car ils refusent son amour.

    Lire la suite