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BELGICATHO - Page 593

  • Comment comprendre le Motu proprio Traditionis Custodes ?

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    De KTO :

    Comment comprendre le Motu proprio Traditionis Custodes ?

    Edition Spéciale - Traditionis Custodes

    18/07/2021

    Le pape François a signé un Motu Proprio intitulé "Traditionis Custodes" (Gardiens de la tradition) qui détermine les nouvelles modalités pour célébrer la liturgie romaine selon le missel de 1962. Pourquoi ces dispositions ? Quel rôle central dévolu aux évêques ? Comment réagissent ceux qui célèbrent selon la forme extraordinaire du rite romain ? La rédaction de KTO vous propose une édition spéciale ce dimanche 18 juillet à 20h15. Enjeux, débat et perspectives avec Mgr Olivier Leborgne, évêque d’Arras et vice-président de la Conférence des évêques de France (CEF), Christophe Geffroy, directeur du magazine La Nef et l’abbé Alexis Garnier, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre. Animée par Philippine de Saint Pierre.

  • Quand le berger, au lieu de prendre l'odeur de ses moutons, les frappe durement avec son bâton

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    De kath.net :

    "Au lieu de prendre l'odeur des moutons, le berger les frappe durement avec son bâton."


    Sur le Motu proprio Traditionis custodes. Un commentaire du cardinal Gerhard Ludwig Müller

    L'intention de ce motu proprio est d'assurer ou de restaurer l'unité de l'Église. Le moyen d'y parvenir est l'unification totale du Rite Romanus sous la forme du Missel de Paul VI (y compris ses variations antérieures). C'est pourquoi la célébration de la messe dans la forme extraordinaire du rite romain, telle qu'introduite par le pape Benoît XVI avec Summorum pontificum (2007) sur la base du Missel de Pie V (1570) à Jean XXIII (1962), est drastiquement restreinte. L'intention perceptible est de les condamner à l'extinction à long terme.

    Dans la "Lettre aux évêques du monde entier", le pape François tente d'expliquer les motifs qui l'ont poussé, en tant que détenteur de l'autorité suprême de l'Église, à supprimer la liturgie du rite extraordinaire. Au-delà de la présentation d'impulsions subjectives, une argumentation théologique rigoureuse et logiquement compréhensible aurait toutefois été appropriée. En effet, l'autorité papale ne consiste pas superficiellement à exiger des fidèles une obéissance de soumission formelle de la volonté, mais bien plus essentiellement à leur permettre de donner également un assentiment convaincu de l'intellect. Déjà, Paul était si courtois avec ses Corinthiens souvent récalcitrants qu'il disait. "Mais devant l'église, je préfère dire cinq mots avec mon intelligence pour instruire les autres que dix mille mots en langues." (1 Co 14, 19). Cette dichotomie entre bonne intention et mauvaise exécution se produit toujours lorsque les objections de collègues compétents sont perçues comme faisant obstacle aux intentions de leur supérieur et sont donc sagement omises. Aussi réjouissante que soit cette fois l'invocation de Vatican II, il faut veiller à utiliser ses déclarations avec précision et dans leur contexte. La citation de Saint Augustin, attribuée à tort à Lumen Gentium 21, sur l'appartenance de l'Église "selon le corps" et "selon le cœur" (Lumen Gentium 14) se réfère à la pleine appartenance à l'Église du catholique. Elle consiste en une incorporation visible au corps du Christ (profession de foi, communion sacramentelle et ecclésiastique-hiérarchique) et en une appartenance selon le cœur, c'est-à-dire dans l'Esprit Saint. Il ne s'agit cependant pas de l'obéissance au pape et aux évêques dans la discipline sacramentelle, mais de la grâce sanctifiante, qui nous incorpore pleinement à l'Église invisible en tant que communauté de vie avec le Dieu trinitaire.

    En effet, l'unité dans la confession de la foi révélée et la célébration des mystères de la grâce dans les sept sacrements n'exigent nullement une uniformité stérile dans la forme liturgique extérieure, à l'image des succursales identiques des chaînes hôtelières internationales. L'unité des fidèles entre eux est enracinée dans l'unité en Dieu en vertu de la foi, de l'espérance et de l'amour et n'a rien à voir avec l'uniformité de l'apparence, l'uniformité d'une formation militaire et l'uniformité de la pensée à l'ère de la grande technologie.

    Même après le Concile de Trente, il y a toujours eu une certaine diversité (musicale, cérémoniale, régionale) dans l'organisation liturgique des célébrations de la messe. L'intention du pape Pie V n'était pas de supprimer la diversité des rites, mais les abus qui avaient conduit à une incompréhension dévastatrice de la substance du Sacrifice de la Messe (caractère sacrificiel et Présence réelle) chez les réformateurs protestants. Dans le Missel de Paul VI, l'homogénéisation rituelle (rubriques) est rompue, précisément pour dépasser une performance mécanique en faveur d'une participation active intérieure et extérieure de tous les fidèles, chacun dans sa langue et sa culture. Cependant, l'unité du rite latin doit être préservée par la même forme liturgique de base et l'orientation précise des traductions par rapport à l'original latin. Il s'agit donc d'une responsabilité pour l'unité du culte que l'Église romaine ne doit pas transmettre aux conférences épiscopales. Une traduction des textes normatifs du Missel de Paul VI ou même des textes bibliques qui obscurcit le contenu de la foi ou même présume améliorer la verba Domini (par exemple "pro multis" dans la consécration, le "et ne nos inducas in tentationem" dans le Pater noster) contredit la vérité de la foi et l'unité de l'Eglise plus que la célébration de la Messe selon le Missel de Jean XXIII.

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  • En Belgique, les paroisses traditionalistes pourront continuer à célébrer la messe en latin

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    De Bruno d’Otreppe sur le site de « La Libre Belgique » ce 19 juillet 2021 :

    Motu proprio HE6K76NLXNHGXH5XMLKXMP6IVI.jpg« Un motu proprio du pape François, publié le vendredi 16 juillet, restreint la possibilité de célébrer des messes "en latin".

    Vendredi, le pape François a annoncé vouloir encadrer de manière plus stricte la possibilité de célébrer la messe "en latin", à savoir la messe dite selon la liturgie qui avait cours dans l'Église avant le Concile Vatican II. Ce faisant, François est revenu sur un décret de 2007 de son prédécesseur Benoît XVI qui avait largement permis que cette messe soit de nouveau célébrée.

    L'Argentin Jorge Bergoglio estime en effet, dans une lettre explicative, que les concessions accordées par Benoît XVI aux traditionalistes, dans un souci d'unité de l'Eglise, ont été utilisées de manière abusive en méprisant les réformes liturgiques issues du Concile Vatican II. En bref, que le fait d'avoir largement permis que cette messe puisse être dite a renforcé "les différences" et "les oppositions" au sein de l'Église.

    Dans son nouveau "motu proprio" (décret) de ce vendredi, le pape François précise que les évêques des diocèses auront désormais la compétence exclusive d'autoriser les messes des traditionalistes, en déterminant l'église et les jours de célébration. L'évêque devra en outre veiller à ce que ces groupes "n'excluent pas la validité et la légitimité de la réforme liturgique, des écrits du Concile Vatican II et du magistère pontifical". Les lectures faites au cours de la messe devront en outre se faire "en langue vernaculaire" (locale), selon des traductions approuvées. Un célébrant, délégué par l'évêque, sera même chargé de vérifier l'opportunité de maintenir de telles célébrations selon l'ancien missel dans son diocèse. En outre, selon le décret publié vendredi, l'évêque "veillera à ne pas autoriser la création de nouveaux groupes" souhaitant célébrer des messes d'avant le Concile Vatican II.

    Contacté par La Libre, Tommy Scholtès, porte-parole des évêques de Belgique, a précisé que les rares paroisses qui célèbrent la messe en latin en Belgique pourraient continuer à le faire, celles-ci ne posant pas de problèmes tels que ceux évoqués par le pape François. »

    En Belgique, les paroisses traditionalistes pourront continuer à célébrer la messe en latin

    JPSC

  • Michel Onfray: «La messe en latin, un patrimoine liturgique»

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    L’écrivain et philosophe Michel Onfray, bien qu’athée, voit dans l’Église catholique et ses rites le pouls de notre civilisation. Sur le site web « Figarovox », il explique pourquoi la décision du pape François de restreindre la messe en latin le consterne :

    Onfray XVM758ecdae-e7dc-11eb-b533-6f01ee28fb44.jpg« Je suis athée, on le sait, mais la vie de l’Église catholique m’intéresse parce qu’elle donne le pouls de notre civilisation judéo-chrétienne bien mal en point. Car si Dieu n’est pas de mon monde, mon monde est celui qu’a rendu possible le Dieu des chrétiens. Quoi qu’en disent ceux qui pensent que la France commence avec la Déclaration des droits de l’homme, ce qui est aussi stupide que de croire que la Russie est née en octobre 1917, le christianisme a façonné une civilisation qui est la mienne et dont j’estime que je peux l’aimer et la défendre sans battre ma coulpe, sans avoir à demander pardon pour ses fautes, sans attendre une rédemption après confession, contrition et agenouillement. C’est fou comme ceux qui répugnent au christianisme en disant qu’il n’a pas eu lieu s’en trouvent imprégnés comme de rhum le baba que l’on sait!

    Benoît XVI fut un pape philosophe formé à l’herméneutique et à la phénoménologie allemande. Il a également lu les auteurs catholiques français dans le texte. Son Jésus de Nazareth (2012) s’inscrit dans l’histoire de l’idéalisme allemand, notamment de l’hégélianisme qu’on dit de droite pour le distinguer de celui qui, dit de gauche, conduit au jeune Marx.

    Le pape François n’est pas de ce niveau théologique, loin s’en faut. Mais il ne manque pas de la rouerie jésuitique qui fait que, venant de la Compagnie de Jésus, il choisit pour nom de souverain pontife celui qui se trouve le plus à l’opposé des intrigues et des antichambres du pouvoir où les jésuites aiment à se trouver, à savoir celui de François d’Assise. Jorge Mario Bergoglio, chimiste de formation, vient du péronisme ; Joseph Ratzinger, théologien de formation, de l’antinazisme.

    À mes yeux, l’acte majeur du pape Benoît XVI a été le discours de Ratisbonne où, le 12 septembre 2006, dans l’université allemande où il a été professeur, il a fait son travail de pape en estimant que le christianisme et l’islam entretiennent par les textes une relation antinomique, notamment sur l’articulation entre foi et raison, mais également sur la question de la violence en général et sur celle du djihad en particulier. Je dis par les textes car c’était ici son souci, il présentait en effet l’exégèse personnelle d’un dialogue situé au début du XV siècle entre l’empereur Byzantin Manuel II Paléologue et un érudit persan. L’invitation à réfléchir sur cette question fut prise pour une insulte planétaire faite à l’islam…

    L’acte majeur du pape François est, toujours selon moi, de s’être fait photographier devant un crucifix sur lequel Jésus porte le gilet de sauvetage orange des migrants. C’est ici l’icône triomphante de Vatican II qui congédie tout sacré et toute transcendance au profit d’une moraline tartinée de façon planétaire comme une gourmandise de scout.

    C’est selon cette logique qu’il faut comprendre la décision du pape François d’abroger, disons-le dans un terme profane, la décision prise par Benoit XVI de permettre la messe en latin, dite messe Tridentine, pour ceux qui le souhaitent. Dans Summorum pontificum, Benoît XVI libéralisait la messe dite de Pie V. Dans Traditionis custodes, François efface cette libéralité. Benoît XVI voulait dépasser le schisme avec les traditionalistes, François va le restaurer en prétextant bien sûr, jésuite un jour, jésuite toujours, qu’il entend de cette façon réunir ce qu’il sépare. Les vocations chutent avec Vatican II. Mais les religieux qui conservent le rite latin ne connaissent pas la désaffection,mieux, ils remplissent les séminaires. Le pape François préfère les églises vides avec ses thèses que pleines avec celles de Benoît XVI.

    Séparer n’est-ce pas la fonction dévolue… au diable? L’étymologie témoigne. Si j’avais la foi catholique, je ne pourrais m’empêcher de penser à l’Épître de Jean qui dit: «Tout esprit qui divise Jésus-Christ n’est point de Dieu ; et c’est là l’Antéchrist, dont vous avez entendu dire qu’il doit venir ; et il est déjà maintenant dans le monde.» (I.4:3).

    Ce qui se joue dans cette affaire, c’est la suite de Vatican II, autrement dit l’abolition du sacré et de la transcendance. La laïcisation du rite réduit à une liturgie dont La vie est un long fleuve tranquille a montré toute la puissance avec son curé cool qui joue de la guitare et chante bêtassement «Jésus, Jé-é-é-é-sus, reviens». On peut préférer le chant grégorien sans être pour autant un nostalgique de Vichy…

    Or le génie du christianisme, les différents conciles sur la possibilité ou non de figurer le christ témoignent, a été de rendre possible une civilisation de l’allégorie, de la symbolique,de la métaphore. Le génie juif se trouve dans l’herméneutique,celui du christianisme dans l’explication des paraboles. Les juifs inventent l’herméneutique pour les plus savants, les rabbins lecteurs de la kabbale ;les chrétiens élaborent l’herméneutique populaire, pour les fidèles à qui l’on raconte des histoires à déchiffrer avec l’histoire sainte. Notre civilisation de l’image, de la raison explicative, de la philosophie séparée de la théologie, procède de ce monde-là.

    La messe en latin est le patrimoine du temps généalogique de notre civilisation. Elle hérite historiquement et spirituellement d’un long lignage sacré de rituels, de célébrations, de prières, le tout cristallisé dans une forme qui offre un spectacle total - un Gesamtkunstwerk,pour utiliser un mot qui relève de l’esthétique romantique allemande.

    Pour ceux qui croient en Dieu, la messe en latin est à la messe du Long fleuve tranquille, celle que semble affectionner le pape François, ce qu’est la basilique romaine contemporaine de saint Augustin à une salle polyvalente dans une barre d’immeubles à Aubervilliers: on y chercherait en vain le sacré et la transcendance. Quelle spiritualité dans ces cas-là?

    Disons-le de façon énigmatique, le pape François fait bien ce pour quoi il est là où il se trouve… Ajoutons d’une façon tout aussi énigmatique, mais pas tant que ça, qu’on se demande pourquoi nous vivons dans une époque avec deux papes. »

    Ref.Michel Onfray: «La messe en latin, un patrimoine liturgique»

     Pas si énigmatique que cela, lorsqu'on repense aux « prophéties » sociologiques du philosophe Auguste Comte…

    JPSC

  • Un motu proprio inutile et source de division

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    De Peter M.J. Stravinskas sur le Catholic World Report :

    Un motu proprio inutile et source de division

    La lettre du pape François aux évêques apparaît comme un jugement et une mesquinerie, empestant une herméneutique du soupçon.

    17 juillet 2021

    Le vendredi 16 juillet, nous nous sommes tous réveillés avec un nouvel exemple de la lourdeur du Pape Bergoglio, avec la promulgation de son dernier motu proprio, Traditionis Custodes, qui annule la législation de ses prédécesseurs, Saint Jean-Paul II (1984 et 1988) et Benoît XVI (2007), sur l'utilisation du Missel du Pape Saint Pie V, appelé "forme extraordinaire" du Rite Romain par Benoît XVI (1).

    Dans l'intérêt d'une divulgation complète, permettez-moi de dire d'emblée que je n'ai pas vraiment de cheval dans cette course. Bien que je célèbre la Messe de la "forme extraordinaire" (FE) quand on me le demande, ma préférence personnelle va à la "forme ordinaire" (FO) en latin, tournée vers l'Est. Cela dit, comme les lecteurs réguliers de CWR le savent grâce aux homélies publiées ici, j'aide fréquemment la paroisse Holy Innocents à Midtown Manhattan et j'y célèbre la Messe dans les deux formes. En fait, j'ai aidé cette paroisse pendant plus de vingt-six ans. Avant l'introduction de la messe tridentine (ou FE - Forme Extraordinaire -) en 2008, j'offrais la FO - Forme Ordinaire - en latin.

    Dans la "lettre de présentation" de François à l'épiscopat mondial, il dit :

    "Après 13 ans de pratique, j'ai chargé la Congrégation pour la Doctrine de la Foi de faire circuler un questionnaire aux évêques concernant la mise en œuvre du Motu proprio Summorum Pontificum.

    Les réponses révèlent une situation qui me préoccupe et m'attriste, et me persuade de la nécessité d'intervenir.

    Malheureusement, l'objectif pastoral de mes Prédécesseurs, qui avaient l'intention de "tout faire pour que tous ceux qui ont vraiment le désir de l'unité trouvent la possibilité de rester dans cette unité ou de la redécouvrir", a souvent été gravement négligé.

    L'opportunité offerte par saint Jean-Paul II et, avec encore plus de magnanimité, par Benoît XVI, destinée à retrouver l'unité d'un corps ecclésial aux sensibilités liturgiques diverses, a été exploitée pour élargir les fossés, renforcer les divergences et encourager les désaccords qui blessent l'Église, bloquent son chemin et l'exposent au péril de la division."

    En d'autres termes, sa principale motivation pour restreindre l'"ancienne" messe est la crainte qu'elle ait favorisé la désunion. C'est ici que j'ai un "cheval dans la course". Dans ma prédication et mon enseignement liturgique (par le biais d'un programme d'éducation théologique permanent, étendu et régulier) à Holy Innocents, je cite régulièrement le Catéchisme actuel de l'Église catholique et les documents de Vatican II et, lorsque cela est approprié, j'explique les différences entre la FO et la FE, ainsi que leurs calendriers respectifs. Je n'ai jamais perçu le moindre signe d'opposition. En outre, Holy Innocents offre cinq messes quotidiennes pendant la semaine de travail, la messe du soir étant célébrée en FE. Une fois de plus, je dois dire que je n'ai jamais rencontré de division entre les participants réguliers à l'une ou l'autre forme ; encore une fois, il faut observer que pas mal de personnes qui assistent aux célébrations dominicales en FE et qui ne travaillent pas dans la région de Holy Innocents assistent à la messe quotidienne en FO. Nous reviendrons sur cette évaluation en temps voulu.

    La lettre de François aux évêques apparaît comme un jugement et une mesquinerie, empestant une herméneutique du soupçon. Il est très ironique que le Pape, décidé à faire preuve de "miséricorde" envers les militants homosexuels et les adultères (c'est-à-dire les divorcés et les remariés), ne fasse pas preuve d'une once de sollicitude pastorale envers les catholiques fidèles. Si la situation désastreuse de désunion qu'il évoque existe quelque part, n'incombe-t-il pas à l'évêque diocésain de s'en occuper ? Quelqu'un qui souffre d'un ongle incarné ne mérite pas l'amputation de son doigt ou de sa main. En réalité, il est perversement amusant que le Pape s'engage dans la même conduite que certains traditionalistes radicaux lorsqu'ils découvrent un abus liturgique dans l'Eglise "traditionnelle" et accusent ainsi la FO du problème.

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  • Quand la RTBF découvre que Mère Teresa s'opposait à l'avortement

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    Un article renversant publié sur le site de la RTBF (radio télévision belge francophone) :

    Le saviez-vous : Mère Teresa était contre l’avortement

    Adulée par les foules, Mère Teresa de Calcutta est célébrée comme une icône de la lutte en faveur des pauvres et des souffrants. Pourtant, le processus de canonisation express en 2016 de la “sainte des caniveaux” ne fait encore l’unanimité…


    Mère Teresa à Calcutta,
    le 23 août 1996
     
    Défenseure d’une doctrine traditionaliste

    Alors qu’elle consacrait sa vie à soulager la misère des plus malheureux, Mère Teresa ne s’est jamais cachée de sa fidélité aux valeurs traditionalistes de l’Église catholique. Des principes moraux, dira-t-on, allant bien à l’encontre de l’émancipation des femmes.

    Deux discours de la sainte albanaise d’origine et naturalisée indienne traduisent son rejet viscéral pour le divorce, la contraception et l’avortement : En 1979, lorsqu’elle reçoit le prix Nobel de la Paix, elle déclare :

    "L’avortement est la plus grande force de destruction de la paix aujourd’hui, par le meurtre d’innocents enfants, un meurtre commis directement par la mère elle-même. Que signifie de s’entretuer ainsi ? Même si les mères oublient leurs enfants tués, moi je n’oublierai pas ces millions d’enfants non nés parce que tués. Et personne ne parle d’eux. Pour moi, les pays qui légalisent l’avortement sont de pauvres nations".

    (Source : "Canonisation de Mère Teresa : une sainte, vraiment ?", TV5 Monde)

    Lors de la Conférence internationale sur la population au Caire, en 1994, elle va jusqu’à condamner l’avortement même dans les cas les plus extrêmes, comme le viol.

    "C’est pour moi en contradiction avec sa sincère compassion pour la personne souffrante." commente Matreyi Chaterjee, personnalité féministe indienne.

    Également présidente du Forum against Oppression of Women (Association contre l’oppression des femmes), Chaterjee poursuit dans cet article de Libération : "On ne peut lui reprocher ce qui fait partie du discours officiel de l’Eglise catholique, mais qu’est-ce qui l’oblige à faire du zèle dans un pays qui souffre de surpopulation ?".

    Mère Teresa ne s’est pas arrêtée à ces deux déclarations publiques. Immiscée dans le débat sur l’avortement en Espagne, en 1983, elle était également proche des “pro life” américains. En 1995, en France, elle avait également parrainé un colloque du cercle Renaissance, lié au Front National.

    Une critique parmi d’autres

    Comme le rappelle Le Courrier international ou encore L’Express, on reproche également à la Sœur au sari de coton blanc un dogmatisme excessif, des adoptions polémiques, une accointance avec des personnalités controversées, un penchant pour la mortification et même, des doutes sur l’existence de Dieu.

    Certaines critiques plus méritées que d’autres mais, quoi qu’il en soit, le mythe d’altruisme et de générosité accolé à “la petite sœur des pauvres” a pour le moins été remis en question.

  • Etats-Unis : les messes traditionnelles en latin promises à un bel avenir

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    De Christine Rousselle sur le National Catholic Register :

    Archevêque Cordileone : La messe traditionnelle en latin se poursuivra à San Francisco

    Il semble que les messes traditionnelles en latin dans les diocèses des États-Unis vont se poursuivre comme prévu, pendant que les évêques préparent les réponses à Traditionis custodes.

    Archbishop Salvatore Cordileone of San Francisco.
    L'archevêque Salvatore Cordileone de San Francisco. (photo : CNA / CNA)

    16 juillet 2021

    Alors que les évêques diocésains examinent comment mettre en œuvre le motu proprio du pape François sur l'utilisation de la messe traditionnelle en latin, l'archevêque de San Francisco a déclaré qu'elle continuerait à être disponible dans son église locale.

    L'archevêque Salvatore Cordileone de San Francisco a déclaré à CNA le 16 juillet que "la messe est un miracle sous toutes ses formes : Le Christ vient à nous dans la chair sous l'apparence du pain et du vin. Ce qui compte, c'est l'unité sous le Christ. Par conséquent, la messe traditionnelle en latin continuera d'être disponible ici dans l'archidiocèse de San Francisco et fournie en réponse aux besoins et désirs légitimes des fidèles."

    Il semble que les messes traditionnelles en latin dans les diocèses à travers les États-Unis vont largement continuer comme prévu, pendant que les évêques préparent les réponses à Traditionis custodes.

    Le motu proprio indique qu'il est de la "compétence exclusive" de chaque évêque d'autoriser l'utilisation du Missel romain de 1962 dans son diocèse.

    Il définit également les responsabilités des évêques dont les diocèses comptent déjà un ou plusieurs groupes qui offrent la messe sous la forme extraordinaire, en demandant aux évêques de déterminer si ces groupes ne nient pas la validité de Vatican II et du Magistère.

    Les évêques ont pour instruction de "désigner un ou plusieurs lieux où les fidèles adhérents de ces groupes peuvent se réunir pour la célébration eucharistique (pas toutefois dans les églises paroissiales et sans l'érection de nouvelles paroisses personnelles)".

    Le sentiment de Mgr Cordileone a rejoint celui d'autres évêques. 

    Mgr Edward Scharfenberger, évêque d'Albany, a écrit : "En ce qui concerne la célébration de la liturgie romaine avant les réformes de 1970, je souhaite réitérer le grand bien pastoral et spirituel qui a été expérimenté par ceux qui ont été et qui sont engagés dans cette forme de liturgie. Je voudrais également reconnaître les nombreuses et précieuses contributions apportées à la vie de l'Église par ces célébrations."

    Il a ajouté que lui, ainsi que les autres évêques, ont été consultés l'année dernière au sujet de la messe traditionnelle en latin : "Celle-ci a été dûment remplie et expédiée, bien que, à ma connaissance, aucun résumé des différentes réponses des évêques n'ait été fourni à ce jour. Ma réponse donnait des détails sur les dispositions et expériences actuelles au sein du diocèse ; ainsi que d'autres points, tels que ceux mentionnés dans le paragraphe ci-dessus."

    Le diocèse d'Arlington a déclaré à CNA que toutes les paroisses qui avaient prévu d'offrir des messes sous la forme extraordinaire seraient en mesure de le faire. 

    "L'évêque Burbidge a lu le motu proprio concernant le Missel de 1962", a déclaré une déclaration de Billy Atwell, responsable de la communication du diocèse d'Arlington. "Il l'examinera plus en détail et donnera des conseils supplémentaires à nos prêtres dans un avenir proche. Les paroisses qui doivent actuellement célébrer la messe sous la forme extraordinaire ce week-end ont reçu la permission de le faire."

    Mgr Thomas Tobin, évêque de Providence, a qualifié le motu proprio de "défi et d'opportunité".  "Dans le diocèse de Providence, nous allons l'étudier et le mettre en œuvre ensemble, dans la paix et la prière. Mais par-dessus tout, nous affirmerons notre amour pour la Sainte Messe, et notre unité dans le Christ et sa Sainte Église", a-t-il déclaré. 

    À propos du Nouveau mouvement liturgique, Gregory DiPippo a noté que le motu proprio a été publié le jour de la fête de Notre-Dame du Mont Carmel, et que "lorsque les ordres mendiants comme les Carmes sont apparus au 13ème siècle, dans le cadre du mouvement de réforme en cours dans l'Église, ils ont été attaqués pour divers motifs par les représentants des institutions ecclésiastiques plus établies, qui n'aimaient pas voir leur propre décadence et leur complaisance remises en question par la vitalité évangélique du nouveau mouvement. Semper idem". "Si vous aimez l'Église et la liturgie traditionnelle, adoptez une dévotion mariale, si vous n'en avez pas déjà une, et faites-vous un devoir de demander l'intercession de la Vierge pour dénouer ce nœud d'injustice flagrante. De même, invoquons continuellement l'intercession de saint Joseph, que nous honorons du titre de Patron de l'Église universelle, qui a le plus grand besoin de sa puissante protection, et de saint Pie V, dont le Missel reste l'expression la plus authentique de la lex orandi de l'Église romaine."

  • Motu proprio Traditionis Custodes : cinq questions plus une

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    De Philippe Maxence sur le site de l'Homme Nouveau :

    Traditionis Custodes : cinq questions plus une

    Traditionis Custodes : cinq questions plus une

    Le motu proprio de François publié ce vendredi 16 juillet 2021 sous le titre Traditionis Custodes, met fin à l’esprit et aux dispositions pratiques du motu proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI.

    Celui-ci soulignait l’existence d’un seul rite romain et de deux formes légitimes : la forme ordinaire, la plus récente, née dans le sillage du Concile Vatican II, et la forme dite extraordinaire, codifiée par saint Pie V (mais dont l’essentiel est plus ancien) et réformée une dernière fois en 1962, par Jean XXIII.

    La forme extraordinaire : le bien commun de l'Église entière

    Offrant à tout prêtre, la possibilité de célébrer cette forme extraordinaire et aux fidèles d’en profiter également, sans recours à des dispositions tatillonnes, Benoît XVI était allé, en fait, bien plus loin que le seul règlement d’une division à l’intérieur de l’Église. Il avait rendu à la liturgie ancienne, patrimoine immatériel de l’Église, son rang de bien commun de l’ensemble des catholiques et non seulement bien d’une partie d’entre eux. Prêtres comme fidèles pouvaient profiter ou non de cette richesse et de ce trésor. Nul n’était obligé.

    Au bout de quatorze ans, François a décidé de mettre fin à cette situation et de revenir à une situation pour l’heure quasi équivalente à celle de 1984 (année de l’indult du pape Jean-Paul II réautorisant sous certaines conditions la célébration de la messe dite de saint Pie V).

    Des questions

    Les nouvelles dispositions posent plusieurs questions. On aurait tort de croire qu’elles ne touchent que la frange dite traditionaliste de l’Église. En élargissant la possibilité de célébrer la forme extraordinaire, Benoît XVI espérait une amélioration générale de la célébration de la liturgie, forme ordinaire comprise. Le pari, malgré des résistances, avait été en partie réussi, principalement auprès des nouvelles générations de prêtres. Ce qui était un bien commun redevient aujourd’hui, non le bien particulier de certains, mais un mal à abattre définitivement. Reste donc quelques questions (parmi d’autres) qui se posent :

    1°) L’Église estime-t-elle que la foi véhiculée par la forme extraordinaire n’est pas la même que celle véhiculée par la forme ordinaire ? Si c’est le cas, et dans la mesure où la forme ordinaire ne date que de 1969, n’est-ce pas reconnaître implicitement que celle-ci rompt avec la tradition de l’Église et que partant, le concile dont elle est issue, est réellement une rupture, contrairement à ce qu’avait essayé de souligner le pape Benoît XVI dans son discours de décembre 2005 sur les deux herméneutiques (rupture et continuité) ?

    2°) Les fidèles du rang doivent-ils comprendre que la fonction papale n’exprime dans son exercice disciplinaire que les opinions du moment du Souverain Pontife en place, lequel peut contredire son ou ses prédécesseurs, tout en s’attendant à son tour à être contredit éventuellement par ses successeurs ? L’Église, sans une continuité doctrinale et disciplinaire, ne risque-t-elle pas alors de devenir une simple association, porteuse de l’idéologie religieuse du moment ?

    3°) Quel sens revêtent les termes de charité et de miséricorde quand on prend des décisions aussi violentes, sans même un mot d’égard à l'endroit des fidèles visés, dont beaucoup sont fervents (quoique tous pécheurs) et pourvoyeurs de vocations ?

    4°) Comment comprendre que les fidèles, attachés à un rite utilisé pendant des siècles par l’Église et qui a participé à la formation des saints, doivent s’attendre à reprendre les chemins des catacombes, des garages, des salles profanes pour entendre la messe, alors même que tant d’églises des pays occidentaux sont vides et à l’abandon ?

    5°) Quelle est la justice pratiquée dans l’Église à partir du moment où des fidèles qui tentent, malgré leurs péchés, d’être fidèle à l’enseignement de l’Église, sont durement touchés alors que l’Église d’Allemagne (par exemple) tombe pour une grande partie dans l’hérésie, que des prêtres nient certains éléments de la foi ou ne respectent pas les normes de la célébration de la forme ordinaire et ne sont pas sanctionnés ?

    Ajoutons une dernière question d’un autre ordre :

    Ce motu proprio ne signe-t-il pas l’enterrement de l’œuvre de Benoît XVI (et dans une certaine mesure de Jean-Paul II) alors que le pape Benoît est toujours vivant, et avec lui, la fin de la paix liturgique en raison d'une politique du rétroviseur qui voit l’avenir de l’Église avec les lunettes des années 1970 ?

  • Réflexions sur le motu proprio Traditionis Custodes du pape François

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    Geffroy2.jpgLe point de vue de Christophe Geffroy, Fondateur et directeur du mensuel  « La Nef », publié ce jour sur le site web de la revue :

    « L’incompréhension est ce qui domine en lisant le motu proprio Traditionis Custodes et la lettre aux évêques qui l’accompagne. On ne comprend pas la justification ni la nécessité d’un tel texte, et ce d’autant plus que le pape a légiféré sur la base d’un argument incomplet et d’informations fausses.

    1/ L’argument incomplet. Affirmer que le motu proprio Ecclesia Dei de Jean-Paul II n’était motivé que pour « une raison ecclésiale de recomposer l’unité de l’Église » n’est pas exact. Certes, cela en était une raison majeure, mais il y en avait une autre omise par François : « tous les pasteurs et les autres fidèles doivent aussi avoir une conscience nouvelle non seulement de la légitimité mais aussi de la richesse que représente pour l’Église la diversité des charismes et des traditions de spiritualité et d’apostolat. Cette diversité constitue aussi la beauté de l’unité dans la variété : telle est la symphonie que, sous l’action de l’Esprit-Saint, l’Église terrestre fait monter vers le ciel » (Ecclesia Dei n. 5-a).

    2/ Les informations fausses. Le pape François affirme que la générosité de Jean-Paul II et Benoît XVI aurait été utilisée par les tradis pour s’opposer à la messe de Paul VI et au concile Vatican II en mettant en péril l’unité de l’Église. Il écrit en effet : « L’occasion offerte par saint Jean-Paul II et avec encore plus de magnanimité par Benoît XVI de restaurer l’unité du corps ecclésial, dans le respect des diverses sensibilités liturgiques, a été utilisée pour accroître les distances, durcir les différences et construire des oppositions qui blessent l’Église et entravent son progrès, l’exposant au risque de la division. […] Mais je suis également attristé par l’utilisation instrumentale du Missale Romanum de 1962, qui se caractérise de plus en plus par un rejet croissant non seulement de la réforme liturgique, mais du Concile Vatican II, avec l’affirmation infondée et insoutenable qu’il a trahi la Tradition et la “vraie Église”. […] Il est de plus en plus évident, dans les paroles et les attitudes de beaucoup, qu’il existe une relation étroite entre le choix des célébrations selon les livres liturgiques antérieurs au Concile Vatican II et le rejet de l’Église et de ses institutions au nom de ce qu’ils considèrent être la “vraie Église”. Il s’agit d’un comportement qui contredit la communion, alimentant cette pulsion de division. »

    Le vocabulaire même utilisé par François est celui de la Fraternité Saint-Pie X : la « vraie Église » ! Aucun tradi fidèle à Rome ne l’emploie ! Donc, son constat est vrai si on se limite à la Fraternité Saint-Pie X. Mais il est faux si on l’applique à la mouvance « Ecclesia Dei » dans sa grande majorité ; qu’il existe des cas répondant à ce que dit le pape est vrai, mais ils sont très minoritaires : pourquoi appliquer une punition collective pour la faute de quelques-uns, n’aurait-il pas suffi de sévir contre ceux-là ? Visiblement, nous ne connaissons pas le même monde tradi que le pape ou ses conseillers, car cela ne correspond tout simplement pas à la réalité ; ils le voient comme un monde homogène qui serait en fait celui de la seule Fraternité Saint-Pie X ! Qui conseille et éclaire le pape sur ces sujets ?

    À partir d’informations biaisées sur la situation réelle, on fait croire que le pape répond à une demande qui n’est que celle d’une petite minorité qui a toujours été farouchement hostile à la forme extraordinaire.

    3/ L’objectif du pape… et ses conséquences dramatiques prévisibles : « C’est pour défendre l’unité du Corps du Christ que je suis obligé de révoquer la faculté accordée par mes Prédécesseurs. L’usage déformé qui en a été fait est contraire aux raisons qui les ont conduits à accorder la liberté de célébrer la messe avec le Missale Romanum de 1962. » En voulant défendre l’unité, ce motu proprio va apporter incompréhension, désarroi, drames et finalement attiser les divisions au lieu de les réduire : il va aboutir à l’inverse de son objectif ! En un coup de crayon, il balaie 35 années d’efforts de Jean-Paul II et Benoît XVI pour apaiser la situation et apporter une paix certes imparfaite mais réelle. Même la synthèse de la CEF, pourtant peu bienveillante à l’égard du monde tradi, reconnaissait que Summorum Pontificum avait conduit globalement à une « situation apaisée », ce que notre enquête a largement confirmé (cf. le dossier sur les « tradis » dans La Nef n°338 de juillet-août 2021).

    Il va réveiller la guerre liturgique, exacerber la résistance des tradis et, surtout, entraîner pas mal de départs vers la Fraternité Saint-Pie X (qui doit se réjouir de ce motu proprio qui va alimenter leurs troupes et confirmer ce qu’ils ne cessent de répéter depuis 1988, à savoir qu’on ne peut faire confiance à Rome, les confortant dans le refus de toute réconciliation) – ce que précisément Jean-Paul II et Benoît XVI avaient su éviter par leur attention à l’égard de ce monde tradi. Cela risque d’être un immense gâchis.

    Ajoutons une remarque importante d’un point de vue historique et psychologique : Paul VI était prêt à des concessions sur la messe si Mgr Lefebvre n’avait pas rejeté Vatican II (c’est la fameuse déclaration du 21 novembre 1974 contre la « Rome moderniste » du concile qui a fait difficulté) ; mais Jean-Paul II et Benoît XVI avaient compris que l’apaisement liturgique était la condition nécessaire pour que les tradis les plus réservés sur Vatican II puissent s’ouvrir au concile et se l’assimiler. En resserrant l’étau sur la messe, François va aboutir au résultat inverse à celui légitimement recherché.

    4/ Deux poids, deux mesures ? Le ton du motu proprio et de la lettre est d’une dureté et sévérité telles à l’encontre des tradis que l’on ne peut s’empêcher de penser qu’il y a deux poids, deux mesures : alors que François insiste si souvent sur la miséricorde, la mansuétude, le pardon… alors qu’il est si patient avec l’Église d’Allemagne qui est au bord du schisme, lui, le Père commun, ne montre pas l’ombre d’un signe d’amour ou de compréhension pour ceux qui sont pourtant une petite partie de son troupeau ! À travers ces textes, les tradis apparaissent comme nuisibles, en étant juste tolérés dans des « réserves d’Indiens » le temps qu’ils rentrent dans le rang, l’objectif affiché étant de les faire disparaître (sans jamais s’interroger pour savoir s’ils pouvaient apporter quelque chose à l’Église, en termes de jeunesse, dynamisme, vocations…). Y a-t-il tant de catholiques pratiquants convaincus en Occident qu’il faille prioritairement limiter drastiquement une partie d’entre eux ?

    L’histoire récente a montré que mépriser ainsi les tradis, les persécuter n’aide pas à les faire évoluer ; au contraire, on attise la résistance des plus durs, ils deviennent plus rigides, cela va à l’encontre du but recherché de favoriser l’unité.

    Rendons hommage ici à la Conférence des évêques de France pour leur communiqué du 17 juillet qui montre de l’estime pour les « tradis » : « Ils [les évêques] souhaitent manifester aux fidèles célébrant habituellement selon le missel de saint Jean XXIII et à leurs pasteurs, leur attention, l’estime qu’ils ont pour le zèle spirituel de ces fidèles, et leur détermination à poursuivre ensemble la mission, dans la communion de l’Église et selon les normes en vigueur. »

    5/ Le mépris pour la grande œuvre de Benoît XVI ! Ces deux textes du pape reviennent sans nuance aucune sur l’œuvre de réconciliation de Jean-Paul II et surtout de Benoît XVI à partir d’une analyse des faits qui est fausse, et vont jusqu’à annuler l’apport essentiel du pape émérite qui avait distingué les deux formes ordinaire et extraordinaire du même rite romain ; ce faisant, le pape supprime du même coup toute existence juridique à l’ancienne forme extraordinaire (comme si elle n’existait plus), replongeant ainsi l’Église dans une querelle liturgique sans fin sur le statut juridique de la messe de saint Pie V. On revient au régime de la tolérance selon des modalités plus sévères que celles de 1988, celui de la « parenthèse miséricordieuse »… qui n’est plus guère miséricordieuse ! Soit un recul de plus de trente ans par un seul geste de gouvernement.

    6/ Quelle stratégie de Rome peut-on lire en filigrane ? Les deux textes de François montrent très clairement que le pape veut éradiquer le monde tradi dans l’Église, faire en sorte que la messe de saint Pie V disparaisse : tout est fait pour empêcher que croisse cette mouvance (interdiction de tout nouveau groupe et parcours du combattant pour le prêtre diocésain qui voudrait célébrer avec l’ancien Ordo), ce motu proprio étant là le temps que les adeptes de la forme extraordinaire s’approprient le nouveau missel. Tout est fait pour qu’à terme la messe traditionnelle ne soit plus célébrée que dans la Fraternité Saint-Pie X et ses satellites. Il semble donc que la stratégie du pape est de pousser les récalcitrants vers la Fraternité Saint-Pie X, afin que tout le monde tradi s’y retrouve : ils seront ainsi parfaitement maîtrisés et isolés dans une réserve d’Indiens coupée de Rome et des diocèses mais avec laquelle on maintient un lien minimum pour éviter un schisme formel. Cela explique que le pape ne cherche plus de réconciliation avec la Fraternité Saint-Pie X, mais montre une grande générosité à son égard en leur reconnaissant la pleine validité des mariages et des confessions, en encourageant à les recevoir dans des églises lors de pèlerinages, etc. Tout cela est cohérent… et à l’exact opposé de tous les efforts passés de Jean-Paul II et Benoît XVI… pour l’unité de l’Église.

    7/ Exclusivisme liturgique ? Ce motu proprio n’est-il pas l’occasion, pour les instituts qui refusent de célébrer la forme ordinaire (qui, précisons-le, sont minoritaires au sein de la galaxie « Ecclesia Dei »), de s’interroger très sérieusement sur le bien-fondé liturgique, théologique et ecclésial de ce refus ? Depuis 1988, les papes invitent à ne pas refuser le principe même de la célébration du nouvel Ordo (il est vrai que les positions de la Commission Ecclesia Dei ont été plus fluctuantes sur le sujet, ne contribuant pas à l’éclairer), ce qui ne retire en rien le charisme propre de ces instituts pour l’ancienne messe. Benoît XVI avait été très explicite dans sa lettre aux évêques de 2007 et, à cet égard, force est de constater que les lignes n’ont guère bougé depuis. En obéissant au pape sur ce point névralgique, ces instituts ne démontreraient-ils pas, par leur exemple même, que François se trompe dans son analyse ?

    8/ Conclusion. Tout cela est triste car injuste, il est donc légitime de s’en plaindre, d’argumenter, de demander inlassablement une réforme de ce motu proprio ou une application la plus souple possible de ce texte, dans le respect de l’autorité et de la fonction du pape. Les évêques vont avoir un rôle essentiel à jouer, tout dépendra de la façon dont ils vont appliquer ce motu proprio – les premières réactions observées sont encourageantes, un grand merci à ces évêques soucieux de tout leur troupeau. C’est aussi à eux de faire remonter à Rome une information plus juste sur ce que sont réellement les tradis. L’histoire récente a montré qu’ils n’étaient pas habitués à se laisser faire sans réagir : espérons que la plupart ne retombent pas dans une « résistance » qui verse dans la révolte et la désobéissance ouverte : l’exemple à ne pas suivre est celui de Mgr Lefebvre et de la Fraternité Saint-Pie X, on voit où cela conduit… Il est dur de souffrir par l’Église, mais cela ne peut pas ne pas porter de fruits… »

    Christophe Geffroy

    Ref.Réflexions sur le motu proprio Traditionis Custodes du pape François

    Sur ce sujet, la rédaction de KTO vous propose l'édition spéciale que voici ce dimanche 18 juillet à 20h15: enjeux, débat et perspectives avec Mgr Olivier Leborgne, évêque d'Arras et vice-président de la Conférence des évêques de France (CEF), l'abbé Alexis Garnier, prêtre de la Fraternité Sacerdotale Saint-Pierre et Christophe Geffroy, directeur du magazine La Nef. L’émission est animée par Philippine de Saint Pierre: 

     

    A propos de CHRISTOPHE GEFFROY:

    Fondateur et directeur de La Nef, auteur notamment de Faut-il se libérer du libéralisme ? (avec Falk van Gaver, Pierre-Guillaume de Roux, 2015), Rome-Ecône : l’accord impossible ? (Artège, 2013), L’islam, un danger pour l’Europe ? (avec Annie Laurent, La Nef, 2009), Benoît XVI et la paix liturgique (Cerf, 2008).

    JPSC

  • "Un texte offensant et violent"

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    D'Elisabeth Caillemer sur le site de Famille Chrétienne :

    « C’est un texte offensant et violent » : les tradis blessés par le motu proprio du pape François

    Tristesse, incompréhension, colère… Le motu proprio « Traditionis Custodes », promulgué par le Pape François le 16 juillet et restreignant l’usage du rite tridentin, a plongé les fidèles attachés à la forme extraordinaire du rite romain dans une profonde affliction. « C’est un texte très offensant et très violent », estime l’abbé Paul-Joseph, supérieur du district de France de la Fraternité Saint Pierre (FSSP) qui rejette en bloc les accusations portées à l’encontre des communautés tradis, accusations sur lesquelles le pape semble s’être appuyé pour remettre en cause le motu proprio « summorum pontificum » de son prédécesseur libéralisant la messe traditionnelle. « Les motifs invoqués sont difficilement recevables, explique-t-il. On y parle d’une part de rejet du concile, or la Fraternité Saint Pierre n’a jamais rejeté le concile Vatican II. Pour nous, il ne présente pas de difficultés fondamentales mais uniquement des demandes de précisions sur certains points que nous interprétons à la lumière de la tradition de l’Eglise comme le préconise Benoit XVI. Le deuxième motif qui me semble démenti par les faits est celui de la division ce alors même que, comme plusieurs publications récentes l’ont démontré, les relations entre les diocèses et les communautés ecclesia dei se sont considérablement apaisées depuis une quinzaine d’années ».

    Des accusations injustifiées

    Même sentiment d’injustice pour l’Abbé Mateusz Markiewicz, supérieur du district d’Europe de l’Institut du Bon Pasteur (IBP), qui qualifie ce texte d’« acte contre la charité parce que nous ne savons pas sur quoi s’appuient les accusations portées à notre encontre dans ces documents car rien de ce qui est écrit n’est conforme à la réalité ». Un écart confirmé par l’abbé Guy-Emmanuel Cariot, recteur de la basilique d’Argenteuil qui précise « ne pas célébrer habituellement selon l’ancien rite » : « Je ne comprends pas ce motu proprio, nous a-t-il confié. Ce qui est dit dans le discours du pape ne correspond en rien aux tradis que je connais. Cela semble plutôt s’adresser à des membres de la Fraternité Saint-Pie X. Je n’ai jamais entendu des membres de communautés ecclesia dei parler de « vraie Eglise » en parlant d’eux. Benoit XVI voulait que le concile Vatican II soit reconnu et je pense qu’un gros travail a été fait du côté des communautés ecclesia dei dans ce sens. Je ressens beaucoup de tristesse parce que ce texte semble balayer les efforts faits par Benoit XVI pour maintenir l’unité de l’Eglise et mépriser les efforts faits depuis quinze ans par les communautés traditionalistes. En outre, à une époque où on parle tant de synodalité, je suis étonné que choses semblent aussi définitives et méprisantes ».

    Après le calme, la tempête ? C’est ce que redoute l’abbé Timothée Pattyn, curé de la paroisse de la Trinité en Beaujolais. « Je pense que ce motu proprio va produire l’effet inverse de ce que désire le pape - l’unité et la communion - car cela va braquer les fidèles et les prêtres qui ne se sentent pas compris. Certains vont se diriger vers la Fraternité Saint Pie X, d’autres vont se remettre en porte à faux avec les évêques, des évêques vont rallumer des guerres là où il n’y en avait plus… Ce texte déchire les artisans d’unité qui célèbrent volontiers la forme extraordinaire, en adhérant au concile, à la forme ordinaire et au magistère des papes », regrette cet ancien prêtre de la FSSP qu’il a quittée pour célébrer la messe dans les deux formes du rite romain. « Au sein de ma paroisse où cohabitent les deux formes du rite romain il n’y a aucune querelle entre les fidèles : ils se fréquentent sans problème, oeuvrent ensemble dans les mêmes équipes d'évangélisation, et participent aux mêmes évènements paroissiaux. Mais, avec ce texte, certains ont désormais le sentiment d’être les vilains petits canards, et d’être surveillés de près. Le plus saisissant est de lire qu’on veillera à ce "qu’aucun nouveau groupe ne se forme" : quelle est la part laissée au discernement pour le bien des âmes et sur la volonté du Saint Esprit dans une telle affirmation ? », ajoute-t-il.

    « Nous sommes peu payés pour notre obéissance à Rome  »

    « Ces restrictions apportées par Rome me choquent énormément, fustige Gabrielle, 43 ans. On exige des tradis une communion sans faille qu’on ne demande à aucun autre fidèle dans l’Eglise. Vouloir discuter de l’interprétation de quelques passages du concile est quand même moins grave que de remettre en cause le célibat des prêtres, l’ordination sacerdotale des femmes ou la bénédiction des unions homosexuelles. Nous avons l’impression d’être continuellement dans le viseur pendant que d’autres peuvent se permettre de critiquer ouvertement le pape et la doctrine de l’Eglise ». Une impression de « deux poids, deux mesures » partagée par l’abbé Mateusz Markiewicz qui remarque qu’« on punit des prêtres et des fidèles attachés à une messe multiséculaire tandis que des évêques en Allemagne produisent quasiment un schisme ». Moins bien tolérées que la mouvance progressiste, les communautés ecclesia dei se retrouvent également moins bien loties que la Fraternité Saint Pie X.

    « Nous sommes peu payés pour notre obéissance à Romeobéissance qui est la pierre angulaire de notre fondation, souligne en effet l’abbé Paul-Joseph. La Fraternité Saint Pie X est finalement mieux traitée que nous, ce que je ne regrette pas pour eux, pour autant on ne peut pas s’empêcher d’avoir le sentiment du frère ainé de l’enfant prodigue qui lui est resté auprès de son père. Depuis notre création, nous avons essayé d’être dans cet esprit filial, avec le droit qui nous a été accordé de pouvoir émettre des critiques constructives mais il demeure chez certains une suspicion sur notre communion ecclésiale, notre état d’esprit, notre obéissance, notre reconnaissance de la validité et la fécondité du missel de Paul VI que nous n’avons jamais remise en cause ».

    Une volonté de supprimer le Missel de Saint-Pie V

    Que va-t-il advenir dans les mois prochains ? L’abbé Cariot se veut confiant : « Une grande liberté est laissée à nos évêques. Il faut espérer qu’ils auront à cœur de veiller à l’unité de leur peuple dont ces personnes attachées à la forme extraordinaire font partie. On ne peut pas nier du jour au lendemain ce qu’elles sont, ce qu’elles désirent, ni leur vitalité ».

    Pour l’abbé Paul-Joseph, en revanche, il fait aucun doute que ce motu proprio vise tout simplement à enterrer la messe dite de Saint Pie V. « L’avenir va être à géométrie variable car il va dépendre des évêques. Je crois que certains n’ont pas envie de partir dans des conflits car les choses sont paisibles dans leur diocèse et n’ont aucun intérêt à revenir en arrière. Mais il n’y aura plus de stabilité. Nous passons de la bienveillance à un régime de tolérance, illustré notamment par le fait que les messes traditionnelles ne sont plus censées être célébrées dans des églises paroissiales, qu’il n’y aura plus d’érection de paroisses personnelles et qu’on demande aux évêques de ne plus accepter de demande venant de nouveaux groupes. C’est l’acheminement vers l’unique missel de Paul VI. La bonté propre et la fécondité de la liturgie pré conciliaire n’est absolument pas reconnue et elle est même niée. Il s’agit donc d’un encadrement des dernières personnes attachées au missel de Saint Pie V que l’on accompagne de façon thérapeutique comme en soins palliatifs ». « Dans un contexte de déchristianisation, vouloir donner un tel coup d’arrêt à des communautés qui se développent et portent des fruits est incompréhensible », conclut l’abbé Mateusz Markiewicz. 

  • Les partisans de la messe traditionnelle réagissent avec désarroi aux nouvelles restrictions sévères du pape

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    D'Edward Pentin sur le National Catholic Register :

    Les partisans de la messe en latin réagissent avec désarroi aux nouvelles restrictions sévères du pape

    "Je prie pour que les fidèles ne cèdent pas au découragement qu'une telle sévérité engendre nécessairement, mais qu'ils persévèrent, avec l'aide de la grâce divine, dans leur amour de l'Église et de ses pasteurs", a déclaré le cardinal Raymond Burke au Register.

    16 juillet 2021

    Le pape François a émis des restrictions importantes à la célébration de la messe traditionnelle en latin, annulant les décrets papaux précédents qui avaient libéralisé la messe célébrée avant les réformes liturgiques du pape Paul VI en 1970, et exhortant à un "retour en temps voulu" à la liturgie instituée après le Concile Vatican II. 

    Les partisans de la messe en latin ont réagi avec inquiétude au nouveau document papal, affirmant qu'il s'en prend de manière injustifiée, rapide et sévère à la célébration de la sainte liturgie. 

    Dans une nouvelle lettre apostolique publiée motu proprio intitulée Traditionis Custodes (gardiens de la tradition) et signée le 16 juillet, en la fête de Notre-Dame du Mont Carmel, le pape a pris la "ferme décision" d'annuler immédiatement le motu proprio Summorum Pontificum de 2007 de Benoît XVI et le motu proprio Ecclesia Dei de 1988 du pape Jean-Paul II qui libéralisaient la disponibilité de la messe célébrée avant 1970. 

    L'un des éléments clés du Summorum Pontificum de Benoît XVI, qui affirmait que le Missel romain promulgué par Jean XXIII en 1962 n'a "jamais été abrogé en tant que forme extraordinaire de la liturgie de l'Église", était qu'il accordait que tout groupe stable de fidèles laïcs pouvait demander à un prêtre de célébrer cette forme de la messe (également appelée forme extraordinaire du rite romain), et qu'il n'avait besoin "d'aucune permission du Siège apostolique ou de son propre Ordinaire". 

    Mais selon le nouveau motu proprio de François, il sera désormais de la "compétence exclusive" de l'évêque diocésain "d'autoriser l'utilisation du Missel romain de 1962 dans son diocèse, selon les directives du Siège apostolique." L'évêque se verra également confier d'autres pouvoirs étendus, notamment celui d'accorder la permission aux prêtres qui souhaitent célébrer l'ancienne messe et à ceux qui le font déjà, et celui de mettre fin au droit des groupes de faire célébrer cette forme de messe dans les églises paroissiales. 

    François a déclaré qu'il apportait ces changements après avoir "soigneusement examiné" les résultats d'une enquête en neuf points envoyée par la CDF aux évêques l'année dernière pour évaluer la mise en œuvre de Summorum Pontificum, et "à la lumière de l'expérience qui a mûri au cours de ces années". 

    "Les réponses révèlent une situation qui me préoccupe et m'attriste, et me persuade de la nécessité d'intervenir", a écrit le pape dans une lettre d'accompagnement aux évêques publiée vendredi. 

    "Malheureusement, l'objectif pastoral de mes prédécesseurs, qui entendaient 'faire tout leur possible pour que tous ceux qui possédaient vraiment le désir de l'unité trouvent la possibilité de rester dans cette unité ou de la redécouvrir à nouveau', a souvent été sérieusement négligé", a-t-il déclaré. 

    Il a ajouté que les efforts de Jean-Paul II et de Benoît XVI pour "retrouver l'unité" après la rupture de la Fraternité Saint-Pie X avec Rome en 1988 à cause des réformes liturgiques et doctrinales qui ont suivi Vatican II ont été "exploités pour élargir les fossés, renforcer les divergences et encourager les désaccords qui blessent l'Église, bloquent son chemin et l'exposent au péril de la division". 

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  • Communiqué d’Esprit de la liturgie sur le motu proprio Traditionis Custodes

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    Communiqué d’Esprit de la liturgie sur le motu proprio Traditionis Custodes

    La publication par le pape François du motu proprio Traditionis Custodes est une source de grande souffrance pour Esprit de la liturgie comme pour tous ceux, fidèles de l’une ou l’autre forme du rite romain, qui sont attachés à la pensée de Benoît XVI en matière de liturgie.

    Il n’est pas envisageable d’adhérer à la volonté explicite du Souverain Pontife de voir disparaître l’usage ancien au profit de l’usage réformé, tant que la situation de fait de cet usage réformé est celle d’une rupture avec la tradition liturgique latine.

    Cette rupture se fait selon trois axes : premièrement, une grande partie des éléments les plus antiques de la liturgie traditionnelle (oraisons, lectures, antiennes), est absente de la liturgie réformée ; deuxièmement, les options les plus couramment choisies dans la liturgie réformée ne correspondent pas à la tradition liturgique latine (abandon du grégorien, de l’orientation, plus généralement du hiératisme) ; troisièmement, même si les abus liturgiques au sens strict se font plus rares que par le passé, ils sont encore assez fréquents pour qu’on souhaite s’en prémunir.

    Cette rupture, Esprit de la liturgie a toujours voulu contribuer à la réduire, encouragée par l’appel de Benoît XVI à recevoir les usages nouveaux avec une herméneutique de réforme dans la continuité. Le Motu Proprio Traditionis Custodes, au contraire, entérine cette rupture.

    Dans la situation présente, la possibilité de célébrer la Messe, l’Office divin et les Sacrements selon l’usage ancien est un témoignage, ô combien vivant, de la tradition liturgique latine, qui doit continuer d’informer l’ars celebrandi de l’usage réformé et ses éventuelles réformes ultérieures.

    La généreuse liberté donnée par le pape Benoît XVI à tout fidèle du rite latin de bénéficier des livres liturgiques en usage en 1962 avait arrêté net la “guerre des missels” qui empoisonnait la vie de l’Église depuis les années 1970. C’est dans le cadre de cette coexistence, largement paisible, que notre association s’est proposée d’encourager une réflexion qui aille au-delà d’une prise de position pour l’un ou l’autre missel, et permette de promouvoir un vrai sens liturgique et traditionnel dans les célébrations de l’Église latine aujourd’hui. Elle était en cela encouragée par l’affirmation de l’égale dignité des deux formes du rite romain, affirmation que Traditionis Custodes répudie dès son premier article. Le motu proprio ramène ainsi la liturgie préconciliaire, et l‘Église avec lui, quarante ans en arrière, et déterre au passage la hache de guerre liturgique.

    L’association Esprit de la liturgie, son blog, son groupe Facebook et sa revue, continueront de promouvoir l’ars celebrandi traditionnel du rite romain, son esthétique, son chant et sa symbolique, dans l’usage ancien comme dans l’usage réformé, toujours convaincue de la profonde vérité de ces paroles de Benoît XVI dans la lettre accompagnant le motu proprio :

    “L’histoire de la liturgie est faite de croissance et de progrès, jamais de rupture. Ce qui était sacré pour les générations précédentes reste grand et sacré pour nous, et ne peut à l’improviste se retrouver totalement interdit, voire considéré comme néfaste. Il est bon pour nous tous, de conserver les richesses qui ont grandi dans la foi et dans la prière de l’Eglise, et de leur donner leur juste place.”

    Le comité d’Esprit de la liturgie