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  • Viviane Lambert a reçu un appel téléphonique du pape

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    De Jeanne Smits sur son blog :

    Viviane Lambert a reçu un appel téléphonique du pape François : entretien

    Viviane Lambert m'a accordé jeudi un entretien pour LifeSiteNews , le plus important site anglophone d'informations pro-vie, où elle a notamment révélé pour la première fois qu'elle avait reçu, sous forme de message, un appel téléphonique du pape François pour la soutenir dans l'épreuve des derniers jours de vie de Vincent.

    Interpellé par Vatican News qui a certainement trouvé l'information sur LifeSiteNews, la Salle de Presse du Vatican a officiellement confirmé hier cette information.

    Voici la retranscription de mon entretien avec Viviane Lambert dont les réponses sont touchantes à la fois par leur douleur, leur courage et leur grande élévation. Il en ressort un message : il ne faut pas que Vincent Lambert soit mort en vain. Mais notre foi nous dit d'ores et déjà que quoi qu'il advienne dans cette vallée de larmes, il n'en sera pas ainsi.

    *

    Viviane Lambert, vous avez vécu plus qu'une tragédie, vous avez vécu quelque chose d'inouï : que vous en reste-t-il actuellement, qui vous donne espoir pour vivre ?

    Ces derniers jours qui se sont succédé dans la tristesse et dans notre impuissance, puisque nous avons dû assister au crime commis sur Vincent. J'ose dire le « crime sur Vincent », qui s'est déroulé sous nos yeux impuissants. Cela a été épouvantable pour nous. Nous en sommes ulcérés – moi je suis ulcérée. Je garde heureusement ceci : j'ai la foi, sinon ce n'est même pas que nous serions abattus, nous serions désespérés. Mais je garde l'espérance parce que maintenant Vincent n'appartient plus à ses bourreaux : il échappe à ses bourreaux par sa mort, par son départ vers Dieu, et maintenant son âme n'appartient plus qu'à Dieu. Et cela, personne ne peut l'enlever. C'est mon espérance, ma seule espérance.

    Vous avez parlé du docteur Sanchez qui a mené cette sale besogne et je vous ai entendu dire qu'il fallait prier pour lui. Que voulez-vous dire par là ?

    Oui. Cela ne fait pas très longtemps, j'essayais encore de lui faire comprendre que sa conscience va certainement ensuite être différente – et je l'espère pour lui. Je lui ai dit que le seul malheur que je pouvais lui souhaiter, c'était que Vincent le réveille toutes les nuits. Qu'il ait des cauchemars pour qu'enfin il regrette ce qu'il a fait. J'ose encore espérer qu'il le regrette un jour. Il m'a même répondu alors : « Soyez chrétienne, Madame. » Je lui ai dit: « Docteur, je prie pour vous tous les jours. » Et je pense que cela, il ne faut pas l'oublier. Ce sont des êtres humains, ils vont être égarés, ou alors ils vont continuer… c'est cruel. Qu'est-ce qu'ils vont devenir après leur mort ?  Il faut prier pour eux ! Moi j'essaie de recommencer à prier pour eux. J'ai eu un moment de battement, j'étais un peu révoltée, mais je me suis reprise. Il faut prier pour eux, vraiment.

    Oui, c'est un très grand malheur qui est arrivé, pas seulement pour Vincent et pour vous…

    Pour la société ! Oui, c'est cruel mais il y a des conversions. J’espère ceci : qu'ils pourront véritablement se poser les bonnes questions.

    Vous avez parlé du fait que Vincent s'était accroché pour vivre. Est-ce un sentiment que vous avez vu pendant plusieurs jours alors que vous étiez à son chevet ?

    Oui. La veille du jour où ils ont arrêté l'alimentation et l'hydratation ils ont soi-disant préparé son corps pour qu'il ne le ressente pas.  Ils craignaient quand même l'entourage. J'ai vu Vincent complètement avachi, il ne faisait que dormir mais d'un sommeil qui n'était pas son sommeil. Je lui parlais encore, je le rassurais, je lui disais : « On est là, Vincent. » Il ouvrait ses paupières, il nous regardait. Et de nouveau il sombrait. Il s'est accroché pendant plusieurs jours. Il n'y a eu que les derniers jours ou réellement, j'espère qu'il n'a pas souffert. Je ne l'ai pas vu partir…

    On peut espérer que maintenant il est vraiment dans la gloire de Dieu, il est parti en martyr.

    Oui, pour moi il est un martyr de la société. Maintenant, le bon Dieu fera ce qu'il veut faire de lui mais j'ai une très grande confiance. Ce sera mon ange gardien. Peut-être aussi celui de la France. Il y a un Vincent avant, mais il y aura un Vincent, après. Cela ne peut pas être autrement. De toute façon je me battrai jusqu'au bout. Je n'ai pas terminé. Je vais me reposer. Mais je me battrai contre cette loi criminelle. Il faut se battre pour la France : notre France ne mérite pas ça, non. Je continuerai à me battre.

    Est-il exact que vous avez eu un coup de téléphone du pape François ?

    Oui, j'ai eu un coup de téléphone du pape, c'est le cardinal Barbarin qui me l'a signalé. Je ne le savais pas. Le cardinal Barbarin m'a appelée plusieurs fois, bon père, très paternel, et il m'a dit: « J'ai vu le pape, je lui ai dit : “Il faut appeler Mme Lambert.” Il m'a dit que je devais regarder mes messages récents – je ne les avais pas tous vus – et il y avait en effet un message en italien qui a été traduit en français pour moi. Un message touchant, très personnel.

    Vos avocats ont porté plainte pour tentative de meurtre sur personne vulnérable. Comptez vous continuez de vous battre sur ce front ?

    Je leur ai dit que j'ai l'impression dans ma tête de tout vouloir abandonner mais nous irons jusqu'au bout de ce qu'ils ont fait. Une de ces affaires passera devant le tribunal le 26 novembre.

    Vous estimez donc qu'il est important d'obtenir justice ?

    Bien sûr. C'est injuste, ce qui s'est passé devant les tribunaux. C'est un complot politique. Il faut rétablir la justice. Nous continuons de faire confiance à nos avocats. Je ne sais pas jusqu'où cela va aller maintenant. S'il est possible de faire quelque chose, ce sera pour au moins réveiller les esprits des juges. Car où va-t-on, sinon?  Aujourd'hui c'est Vincent. Mais les autres ? Les 1.700 autres handicapés comme Vincent, et après, les maladies d'Alzheimer ?

    En définitive, Vincent a été utilisé.

    Oui. On a manipulé notre famille. Ils se sont laissé manipuler. Je pense que certains croient en ce qu'ils ont fait. Mais il y a quelqu'un comme François Lambert qui ne va plus rien avoir à se mettre sous la dent. Il va se retrouver bien seul. Il a manipulé tout le monde et ils se sont laissé manipuler. Notre famille ne sera plus jamais comme avant, hélas. Il va falloir laisser le temps au temps mais nous ne sommes pas jeunes… A la grâce de Dieu.

    Une grande messe de requiem (sera) célébrée à Reims ce vendredi [vendredi 19 juillet]. Et après ?

    Oui, réellement cela est très beau et consolant. Nous repartirons ensuite très vite parce que je ne supporte plus Reims. Je me suis rendue compte qu'il faut partir très vite pour se reposer, quitter cette ville où nous sommes si proches de l'hôpital. Nous avons le regard des uns et des autres : je passe au-dessus de cela mais c'est malsain, cela réveille des choses. Nous reviendrons simplement pour notre déménagement définitif parce que nous étions en location: elle a duré six ans, c'était du provisoire, mais il y a une fin à tout. Nous sommes arrivés à la fin de ce feuilleton bien dramatique, mais nous allons en commencer un autre qui sera plus élevé, je pense.

    *

    Une messe sera célébrée pour Vincent dans une grande église de Reims, à la mi-septembre, probablement le 14, pour permettre au plus grand nombre de venir prier pour le repos de son âme et d'entourer tous ceux qui se sont battus pour sa vie, si rudement éprouvés.

  • L'Eglise catholique d'Allemagne en plein effondrement

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    La cathédrale d'Eichstätt en Allemagne

    La cathédrale d'Eichstätt en Allemagne 

    De Vatican News :

    200 000 catholiques allemands ont quitté l’Église en 2018

    S’ils représentent encore plus d’un quart de la population allemande, les catholiques sont chaque année moins nombreux. Les dernières statistiques révèlent une nombre important de départs, phénomène qui touche aussi la communauté protestante.

    Avec plus de 23 millions de membres, l’Église catholique en Allemagne rassemble 27,7 % de la population du pays. Les statistiques publiées le 19 juillet dernier par la Conférence épiscopale allemande donnent de nombreuses données sur les 27 diocèses et archidiocèses du pays, où se répartissent un peu plus de 10 000 paroisses. On peut en retenir les 168 000 baptêmes – environ -, ou une légère augmentation du nombre de mariages entre 2017 et 2018, mais c’est surtout le nombre de personnes ayant décidé de quitter l’Église qui se détache: elles étaient 216 000 en 2018, contre 167 500 l’année précédente. Ces chiffres sont «préoccupants» d'après le père Hans Langendörfer, secrétaire de la Conférence épiscopale allemande.

    Cette tendance à la baisse, qui dure depuis plusieurs années, ne se limite pas à l’Église catholique: les Églises protestantes traversent une situation similaire, avec 220 000 départs en 2018, selon les chiffres publiés le même jour par l’Église Évangélique en Allemagne (EKD).  «Chaque départ fait mal», a déclaré Heinrich Bedford-Strohm, président de l'EKD. «Puisqu’aujourd’hui, contrairement au passé, les gens décident en toute liberté d'appartenir ou non à l'Église, il est important pour nous aujourd'hui d'expliquer encore plus clairement pourquoi le message chrétien est une base si solide pour la vie», analyse-t-il.

    Vers une diminution durable? 

    Une étude publiée par l'Université de Fribourg en mai dernier a conclu que le nombre de personnes appartenant aux deux principales Églises allemandes diminuera de moitié d'ici 2060. Les adultes qui quittent l'Église, la diminution du nombre de baptêmes et le vieillissement de la population sont les principaux facteurs de cette baisse, selon les chercheurs.

    L'étude prévoit que le nombre total des membres des Églises catholique et protestante passera d'environ 45 millions actuellement à 34,8 millions en 2035, puis à 22,7 millions en 2060. 

    Bien qu'il n'existe pas de statistiques sur les raisons de ces départs, des enquêtes menées ces derniers mois suggèrent un lien avec les scandales d'abus sexuels qui ont rencontré un fort retentissement médiatique.

    (Avec Fides et Deustche Welle)

  • Evêques chinois à Liège : se laisser convaincre par tant de bonne volonté?

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    Nous avons, sur ce blog, manifesté un certain scepticisme au lendemain de la visite effectuée à Liège (plus précisément à Cornillon et à Banneux) par cinq évêques chinois adhérant à la politique religieuse du régime communiste de la RPC. Il semble que, ce faisant, nous avons manqué de foi dans l'esprit de dialogue qui a présidé à cette rencontre entre ces évêques, l'évêque de Liège et les membres de l'Institut Verbiest de la KUL. Nous avons, par la même occasion, pris la liberté de ne pas souscrire à la politique de rapprochement voulue, semble-t-il, par le pape et activée par le cardinal Parolin, ce nouveau Casaroli.

    Si l'on veut se faire une idée, on pourra toujours visionner les deux videos reprises ci-dessous : la première retrace brièvement la journée du 19 juillet à Liège, la seconde donne la parole au fondateur de l'Institut Verbiest; peut-être se laissera-t-on convaincre par tant de bonne volonté? Ce n'est malheureusement pas notre cas, nous qui pensons avec Georges Weigel que la stratégie chinoise du pape et du cardinal Parolin est franchement anachronique.

  • Malédiction sur l’Est du Congo

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    Depuis l’indépendance immature donnée au Congo en 1960, les guerres endémiques, tribales ou autres, n’ont jamais cessé dans l’Est de ce pays : de l’Uélé au Maniéma, en passant par l’Ituri et le Kivu. Leur histoire, celle d’un chemin de croix jalonné d'un nombre incalculable de morts parmi les populations, reste à écrire : elle crie vengeance au ciel.

    Et voici qu’à la folie des hommes, la nature implacable, sous le regard toujours inquiétant du Nyiragongo surplombant la ville de Goma, ajoute un fléau dont le nom porte aujourd’hui la terreur dans toute la région transfrontalière des Grands Lacs : Ebola. Que fait exactement aujourd’hui la Belgique, ancienne puissance tutélaire de ces régions, pour  leur venir en aide, généreusement et sans calcul ?

    Lu sur le site Afrikarabia, sous la signature de Christophe Rigaud :

    « Le virus tueur poursuit sa route mortelle dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC). Ces derniers jours, une vingtaine de décès a été enregistrée, portant à 1728 le nombre de morts victimes de l’épidémie d’Ebola, déclarée en août 2018 dans les provinces du Nord-Kivu et de l’Ituri. Cette crise sanitaire, la plus grave enregistrée en RDC depuis 1976, a été décrétée « urgence sanitaire mondiale » par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), preuve de l’extrême inquiétude que suscite la rapidité de propagation du virus. L’alerte rouge mondiale fait craindre une épidémie proche de celle qui avait frappé l’Afrique de l’Ouest entre 2014 et 2016… avec plus de 11.000 morts.

    Une propagation éclair

    L’OMS avait refusé à trois reprises de déclarer « l’urgence mondiale » au Congo, mais le cas d’un prêtre signalé à Goma, la capitale du Nord-Kivu de plus d’un million d’habitants, a clairement changé la donne. L’histoire de ce prêtre congolais est un cas d’école, et éclaire de la rapidité de diffusion du virus. Le pasteur, originaire du Sud-Kivu, prêchait dans les églises de Butembo, épicentre du virus, « où il apposait régulièrement ses mains sur ses fidèles », ont expliqué les autorités congolaises. Les premiers symptômes sont apparus le 9 juillet. Il se rend alors à Goma en bus le 14 juillet et passe les contrôles sanitaires en dissimulant son identité. A Goma, il est diagnostiqué positif à Ebola et décède le 15 juillet lors de son transfert dans un centre spécialisé de Butembo. L’homme d’église n’a survécu que 7 jours après l’apparition des premiers symptômes.

    Risque d’épidémie transfrontalière

    L’inquiétude gagne alors la métropole de Goma, jusque-là épargnée par l’épidémie. Une liste de 97 personnes, entrées en contact avec le pasteur, est établie par le ministère de la Santé. Elles seront toutes rapidement vaccinées, mais le risque de contagion dans cette ville-frontière avec le Rwanda préoccupe autorités et habitants. Si la ville de Goma était touchée, le risque de diffusion aux pays de la région est considérable selon les spécialistes de l’OMS. La proximité avec le Rwanda voisin, un pays à très forte densité de population, augmenterait considérablement le risque de contagion régionale au Soudan du Sud et à l’Ouganda. « Plus la transmission est longue, plus il est probable qu’il atteindra l’un de ces pays » estime Ray Arthur, directeur du CDC’s Global Disease Detection Operations Center au site The New Humanitarian. Chaque mois, 100.000 personnes traversent la frontière avec le Rwanda.

    Soudan, Rwanda, Ouganda menacés

    Si les autorités rwandaises semblent avoir pris la mesure du danger en identifiant 15 zones où le virus pourra être traité, ce n’est pas le cas du Sud-Soudan, englué dans un conflit sans fin. La mauvaise qualité des infrastructures, l’insécurité et la crise politique, font craindre une mauvaise prise en charge de l’épidémie. En Ouganda, qui possède une longue frontière avec la RDC, les autorités ont mis en place des scanners de températures aux entrées du pays et des milliers d’agents ont été vaccinés. Chaque mois, près d’un million de personnes passent la frontière entre les deux pays. En dehors du risque sanitaire, la menace de la fermeture des frontières entre la RDC et ses voisins de l’Est pourrait également provoquer une importante crise économique. La zone du Nord-Kivu et de Goma constitue en effet un noeud commercial régional vital pour les populations de l’Est congolais. L’Union africaine, consciente des risques économiques, « déconseille toute restriction de voyage dans la zone ».

    Gagner la bataille de la confiance

    Mais pour l’instant, le plus grand danger de propagation du virus se situe à l’intérieur des frontières congolaises, et s’appelle… la rumeur et la désinformation. Depuis le début de l’épidémie en août dernier, la population se montre extrêmement méfiante envers la maladie et les personnels de santé, surtout lorsqu’ils viennent de pays étrangers. Plus de 120 « incidents » et attaques d’agents de santé ont été recensés dans la région, rendant l’épidémie encore plus difficile à contrôler. De nombreux congolais pensent que le virus « n’existe pas » et que les vaccins proposés par la communauté internationale sont « dangereux » et uniquement destinés à enrichir les laboratoires pharmaceutiques occidentaux. Certaines familles préfèrent également enterrer leurs morts clandestinement pour procéder à des funérailles « traditionnelles », mais extrêmement dangereuses pour la propagation du virus. La confiance des populations constitue l’une des principales batailles à gagner pour l’OMS. Lorsque que l’on rajoute à cela des dizaines de groupes armés qui pullulent dans la région et entravent la circulation des ONG et des personnels de santé… la guerre contre Ebola prendra du temps au Congo. Un temps précieux, puisque plus la crise dure, plus il est probable qu’elle se propage dans les autres pays de la région… reste à savoir quand.

    Christophe Rigaud – Afrikarabia ».

    JPSC

  • Optimam partem elegit sibi Maria, quae non auferetur ab ea in aeternum

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    Optimam partem elegit sibi Maria,
    quae non auferetur ab ea in aeternum.
     
    Marie s'est choisi la meilleure part,
    qui ne lui sera pas enlevée, pour l'éternité.
  • Marthe et Marie, saintes toutes deux et toutes deux attachées au Seigneur (Augustin)

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    SERMON CIV. MARTHE ET MARIE OU LES DEUX VIES (1).

    1. Lc 10,38-42

    ANALYSE. - Marthe en ayant appelé à l'autorité de Jésus-Christ pour obtenir d'être aidée par sa soeur Marie, Jésus-Christ donne droit à Marie. Ne s'ensuit-il pas que nous devons tous abandonner les fonctions de Marthe ou l'exercice de la charité envers le prochain? Gardons-nous en avec soin. Si la part de Marie est préférée à celle de Marthe, c'est que Marie s'occupe de Dieu et Marthe de la créature. L'une fait ce qu'on fera éternellement au ciel, et l'autre ce qu'on ne saurait faire que sur la terre. L'une est ainsi le symbole de la vie future, et l'autre l'image de la vie présente. Servons-nous de l'une pour aller à l'autre; et n'oublions pas que fidèles l'une et l'autre à leur vacation, Marthe et Marie sont saintes toutes deux et toutes deux attachées au Seigneur.

    1. Nous avons vu, pendant la lecture du saint Evangile, une femme pieuse, nommée Marthe, recevoir le Seigneur et lui donner l'hospitalité. Comme elle était occupée des soins du service, sa soeur Marie se tenait assise aux pieds du Sauveur et entendait sa parole. L'une travaillait, l'autre demeurait en repos; l'une donnait, l'autre recevait. Très-occupée cependant des soins et des préparatifs du service, Marthe en appela au Seigneur, et se plaignit que Marie ne l'aidât point dans son travail. Le Seigneur répondit à Marthe, mais ce fut en faveur de Marie et il devint son avocat après avoir été prié d'être son juge. «Marthe, dit-il, tu t'occupes de beaucoup de choses, quand il n'y en a qu'une de nécessaire. Marie a choisi la meilleure part, et elle ne lui sera pas ôtée.»

    Voilà donc, après l'appel de la plaignante, la sentence du Juge. Cette sentence sert à la fois de réponse à Marthe et de défense à Marie. Marie en effet s'appliquait à goûter la douceur de la divine parole; et pendant que Marthe cherchait à traiter le Seigneur, Marie était heureuse d'être nourrie par lui. Marthe préparait un festin au Seigneur, et Marie jouissait des délices de son (449) divin banquet. Mais pendant que celle-ci recueillait d'une manière si suave sa douce parole, pendant qu'elle se nourrissait si avidement à sa table, quelle ne fut pas sa crainte lorsque sa sueur en appela au Seigneur? Ne tremblait-elle pas que le Sauveur ne lui dit: Lève-toi et aide ta sueur? Elle goûtait en effet de merveilleuses délices, car les délices de l'âme l'emportent sur celles des sens. Enfin on l'excuse et elle se trouve plus tranquille. Mais comment Jésus l'excuse-t-il? Soyons attentifs, examinons; approfondissons autant que nous en sommes capables; c'est pour nous aussi le moyen de nourrir notre âme.

    2. Comment donc Marie fat-elle justifiée? Nous imaginerons-nous que le Seigneur blâma les fonctions de Marthe, de Marthe appliquée aux devoirs de l'hospitalité et heureuse hôtesse du Seigneur lui-même? Mais comment la blâmer de la joie que lui inspirait un tel hôte? S'il en était ainsi, ne devrait-on pas renoncer au service des pauvres, choisir la meilleure part, la part qui ne sera point ôtée, s'appliquer à la méditation, soupirer après les délices de l'instruction, ne s'occuper que de la science du salut, sans se demander s'il y a quelque étranger à recueillir, quelque pauvre qui manque de pain ou de vêtements, quelque malade à visiter, quelque captif à racheter, quelque mort à ensevelir? Ne faudrait-il pas enfin laisser-là les oeuvres de miséricorde et ne s'adonner qu'à la science sainte? Si la part de Marie est la meilleure, pourquoi tout le monde n'en ferait-il pas choix? N'aurions-nous pas pour défenseur le Seigneur lui-même? Comment craindre de blesser ici sa justice, puisqu'il a rendu d'avance une sentence si favorable?

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  • Marthe et Marie : temps du service et temps du repos (16e dimanche ordinaire)

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    Du Père Joseph-Marie Verlinde (homelies.fr) à propos de l'évangile de ce dimanche (Lc 10, 38-42) :

    ...Notre-Seigneur veut faire comprendre à ses disciples qu’ils ont à distinguer deux temps, qui ne sauraient être confondus :

    - le temps du service du prochain, au cours duquel nous sommes invités à nous donner sans compter comme le bon Samaritain ; et

    - le temps de repos avec le « Seigneur », dans l’intimité de la « maison » - celle-ci désignant aussi bien l’Eglise que notre cœur.

    Discerner le visage du Christ dans le frère souffrant que nous entourons de notre compassion active, suppose une connaissance intime du Seigneur. Or une telle connaissance nécessite de longs temps de rencontre personnelle avec lui, afin de découvrir progressivement son visage dans la contemplation de sa Parole.

    Pour pouvoir servir Jésus comme il convient dans nos frères, nous avons besoin de retrouver la paix dans l’intimité de sa présence, de laisser le Ressuscité de Pâques infuser en nous l’Esprit de charité sans lequel nos œuvres seraient vaines.

    Peut-être pouvons nous lire en filigrane de l’accueil par les deux sœurs, une allusion au repas eucharistique : contrairement à ce que pense Marthe, ce n’est pas nous qui apprêtons un repas pour le Seigneur, mais c’est lui qui nous invite et nous sert à table.

    La présentation que nous donne l’Evangile n’oppose donc pas la vie contemplative et la vie active, mais souligne seulement que l’alternance action-contemplation devrait caractériser l’attitude de tout disciple, quelle que soit sa vocation particulière. Le diptyque composé de l’icône du Bon Samaritain et de celle de Marie, représente les deux aspects complémentaires et inséparables de la vie du parfait disciple. Le va et vient du service concret du prochain à l’écoute recueillie de la Parole, nous préserve à la fois de l’éparpillement et du repli sur nous-même. Marthe n’a pas échappé à ces deux pièges : son agitation trahit sa dispersion ; et sa critique de l’inactivité de sa sœur et du silence de Jésus est un moyen détourné pour attirer l’attention sur son dévouement et obtenir ainsi la louange qu’elle espère en tirer.

    Son activité fébrile, qu’elle a beau jeu de justifier au nom du service de l’hospitalité, contraste singulièrement avec le zèle « léger » d’Abraham (1ère lect.). Il manque à l’engagement de Marthe au service du Seigneur, la gratuité dont fait preuve le patriarche. Aussi, contrairement à saint Paul, ne trouve-t-elle aucune joie dans les souffrances qu’elle endure (2ème lect.) dans son service, car elle a perdu la paix intérieure, et par le fait même la finalité de son action.

    Pour pouvoir annoncer de manière crédible que « le Christ est au milieu de nous, lui, l’espérance de la gloire » (Ibid.), il est indispensable que l’Apôtre vive lui-même de ce mystère de communion avec son Seigneur.

    Puisse la Marthe en nous accepter de devenir Marie, pour que nous puissions assurer le ministère de bon Samaritain dans un véritable esprit de charité. 

  • L'Agneau mystique des frères Van Eyck : un jeu de piste métaphysique

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    De KTO qui nous en fait cadeau à l'occasion de notre fête nationale :

  • Quand Hugo, Vincent et Antoine, trois "Vincent Lambert", communiquent à nouveau

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    HUGO, VINCENT ET ANTOINE, TROIS "VINCENT LAMBERT" QUI COMMUNIQUENT À NOUVEAU

    de genethique.org

    19 juillet 2019

    Il y a en France environ 1 700 personnes, dans un état similaire à celui de Vincent Lambert et « chaque famille est différente, chacune possède son histoire, son mérite et sa vérité ». Le Monde raconte l’histoire de trois d’entre eux : Hugo, Vincent et Antoine. Ce sont trois jeunes hommes dont le cerveau a été gravement atteint à la suite d’un accident : leur activité cérébrale en est depuis très altérée. Mais grâce au soutien de leurs mères, ils ont tous les trois réalisé des progrès d'année en année.

    Jeanine Zanatta se souvient de l’accident de son fils le 15 juillet 2012. Après plusieurs examens, un médecin lui a annoncé que son fils restera dans un pur état végétatif. Elle lui a répondu : « Mais, moi, j’en ai rien à faire de ce que vous me dites ». Elle n’a jamais eu à regretter puisque contrairement à l’avis médical il a progressé avec le temps : « un jour, on se promenait dans le jardin et mon ami a voulu faire le clown, il a pris un plot de chantier, vous savez les cônes orange et blanc, pour lui faire du bruit dans les oreilles. Vincent a sursauté et puis, après, il a éclaté de rire. C’était il y a quatre ans. Depuis, il rit beaucoup. Et depuis trois mois, aussi, il dit quelques mots. »

    Corinne L’Hostis a beaucoup plus mal vécu l’accident de son fils de 18 ans Hugo : « après la réanimation, Hugo a fait un arrêt cardiaque, ce qui a accentué son handicap. Au début, c’était trop dur d’aller le voir. Pendant deux ans, je ne pensais qu’à ça : “Mais pourquoi l’ont-ils réanimé ?” Je ne pensais qu’à ça et j’ai essayé d’en mourir. » Elle a changé d’avis à la lecture d’une phrase qui l’a bouleversée : « accepter toutes les choses que je ne peux changer, [avoir] le courage de changer les choses que je peux changer[1] ». « Cette phrase m’a permis de surmonter mon incapacité à voir mon enfant dans cet état. Il n’y a pas le Hugo d’avant ni le Hugo d’après. Ce n’est pas tout à fait lui-même, mais ce n’est pas un autre non plus. Il ne communique pas par la parole, il remue le bras droit. Voilà. Chaque jour, on apprend à vivre avec. » Elle se souvient du premier sourire de Hugo depuis son accident : « un moment d’une intensité émotionnelle inouïe », et « maintenant, quand je rends visite à Hugo, quand je toque à sa porte, qu’il tourne la tête légèrement vers moi, qu’il me sourit, c’est le plus beau des cadeaux pour une maman ».

    Antoine avait 16 ans quand il a eu son accident. Sa mère Corinne Enard a fait en sorte qu’il puisse habiter chez lui, dans une maison adjacente à la sienne : « la vie a continué différemment de ce que j’avais imaginé. C’est un peu plus compliqué dans la gestion du quotidien. Ça demande beaucoup d’organisation, de rigueur. Quelquefois aussi, j’en ai marre. Ça fait quatorze ans… Mais je ne trouve pas ma vie malheureuse. On vit, c’est tout. » Elle explique sa difficulté de trouver des aides à domicile : « le plus dur, c’est de trouver des gens qui acceptent de travailler avec un patient dans sa situation. Du coup, on voit défiler un tas de gens. Et le regard sur le grand handicap ne semble pas évoluer dans le bon sens ».

    Elle explique les progrès de son fils dans cet état de conscience minimale : « si on ne leur propose rien, aucune activité, aucun dialogue, ils restent dans leur bulle. Mais, si on les stimule, si on les sollicite… » Certains médecins la prennent pour une folle : « ils pensent qu’Antoine ne communique pas. Je passe pour une mère qui voit davantage que ce qu’il y a. Ils sont peu à comprendre qu’il y a quelqu’un derrière. Qui réagit à sa façon ». A ces mots, Antoine a levé la jambe et ses yeux se sont mis à pleurer.

    S'il est toujours alimenté par une sonde, sa mère raconte qu'Hugo « a toujours évolué. Ça se passe par paliers. Il y a beaucoup de petits signes d’éveil. Même si c’est infime. Il peut tourner la tête. Il arrive à serrer les jambes. Il se passe de plus en plus de choses dans son regard. Ça prend beaucoup de temps, c’est tout. » Corinne Enard dit la même chose : « Les efforts qu’Antoine fait pour communiquer… Je suis tellement fière. Je lui dis tout le temps. Mon fils m’épate tous les jours. Mon fils, c’est un champion olympique ! » Vincent et Hugo ne vivent pas chez eux mais à la clinique des Six Lacs,en Auvergne, où ils continuent de progresser. Ils sont dans la même chambre. La maman d'Hugo s’interroge : « est-ce que Vincent et Hugo communiquent ? Je ne sais pas. Ça nous échappe. Peut-être. »

    Pour aller plus loin :

    Comme Vincent Lambert, ils sont 1500 patients cérébrolésés en France. Voici trois de leurs histoires.


    [1] Une phrase fétiche des Alcooliques Anonymes, qui est en réalité un extrait de la prière de la Sérénité écrite par le théologien Reinhold Niebuhr

    Sources: Le Monde (18/07/2019) - Vivre aux côtés de ces malades au « cerveau cassé »

  • Après Charlie Gard et Alfie Evans, sera-ce le tour de Tafida Raqeeb ?

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    APRÈS CHARLIE GARD ET ALFIE EVANS, TAFIDA RAQEEB ?

    de genethique.org

    19 juillet 2019

    Tafida Raqeeb a cinq ans, elle est hospitalisée au Royal London Hospital depuis le 9 février. Elle est dans le coma, suite à une malforformation artério-veineuse cérébrale (MAV). Une rupture d’un vaisseau sanguin dans son cerveau a provoqué une connexion anormale entre artères et veines, entrainant chez Tarifa un arrêt respiratoire et un traumatisme crânien. Opérée immédiatement, la petite fille s’est « battue avec acharnement ». Ses parents, Shelina Begum, avocate âgée de 39 ans, et Mohammed Raqeeb, 45 ans, expliquent : « cinq mois plus tard, Tafida commence à montrer des signes de progrès, comme la réaction à la douleur, le mouvement des membres et l'ouverture et la fermeture des yeux ».

    Après avoir envisagé un retour à la maison pour poursuivre la convalescence, les médecins ont changé d’avis, jugeant tout type de traitement comme relevant de l’acharnement thérapeutique et préconisant le retrait de la ventilation jusqu’au décès. « Les parents de Tafida sont très désemparés, car ils ont vu leur petite fille faire des progrès au cours des cinq mois qu'elle a passés en soins intensifs ; ils ont donc demandé de lui accorder plus de temps pour se rétablir ».

    Un hôpital italien de Gênes a accepté de poursuivre les traitements de Tafida. Les spécialistes qui ont reçu la fillette en consultation video estiment que le cas de Tafida ne correspond pas à la définition de la « mort cérébrale », notamment à la vue des réponses de son tronc cérébral aux stimulations.

    Une pétition lancée par lundi soir par les parents demande à l’hôpital londonien de « libérer » leur fille et d’accepter son transfert vers l’hôpital de Gênes. Cette pétition rassemble déjà plus de 6000 signatures.

    Ce cas rappelle celui de Charlie Gard, décédé en 2017 à 11 mois, malgré les demandes de transfert vers les Etats-Unis, et celui d’Alfie Evans, débranché en 2018 malgré l’offre d’un hôpital romain de soigner le garçon.

    Pour aller plus loin :

    Sources: The Independant, Peter Stubley (17/07/2019) - Tafida Raqeeb: Parents of five-year-old girl in coma launch legal challenge to decision to allow her to die

    Aleteia, Zelda Caldwell (18/07/2019) - Parents ask UK court for permission to move comatose daughter to Italy

  • Asie : la liberté religieuse toujours plus menacée

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    Du site des Missions Etrangères de Paris :

    La liberté religieuse toujours menacée en Asie selon un nouveau rapport

    Publié le 19/07/2019

    Un rapport du Pew Research Center – un centre de recherche américain qui fournit des statistiques et des informations sociales sous forme de démographie, sondages d’opinion et analyses de contenus – vient de confirmer l’Asie comme le continent où l’on trouve le plus de restrictions et d’obstacles à la liberté religieuse. Le rapport révèle que « durant la décennie 2007-2017, les restrictions gouvernementales contre la religion – par des lois ou des actions destinées à limiter les pratiques et les croyances religieuses – ont considérablement augmenté dans le monde ». Les derniers chiffres montrent que 52 gouvernements – dont plusieurs géants comme la Chine ou l’Indonésie – imposent des restrictions religieuses « élevées » voire « très élevées », par rapport à 2007.

    Selon le dernier rapport du Pew Research Center, un centre américain d’analyses sociales, le nombre de pays dans le monde où la population a subi des formes aggravées d’hostilités sociales contre les religions est passé de 39 pays à 56 pays en dix ans (sur 198 pays étudiés). Dans certains pays, les favoritismes contre certains groupes religieux en particulier se sont particulièrement développés, notamment en Thaïlande, où une nouvelle Constitution est passée en 2017. Une clause de la nouvelle Constitution thaïlandaise élève le statut du bouddhisme theravada à travers l’éducation, la propagation de ses principes et la mise en place de mesures et de dispositifs contre la profanation du bouddhisme sous toutes ses formes. Depuis 2007, les gouvernements asiatiques se sont également davantage référés aux autorités religieuses et aux textes ou aux doctrines religieuses.

    Activités religieuses limitées

    Depuis 2015, l’islam est la religion la plus fréquemment citée au rang de religion d’État ; sur 43 pays ayant une religion officielle, 27 ont adopté l’islam (63 %). En Indonésie, les gouvernements locaux ont continué leurs tentatives de conversions forcées des musulmans ahmadis, en leur demandant par exemple de signer leur renonciation à leurs convictions avant un mariage ou avant de partir en pèlerinage à La Mecque. En Chine, seuls certains groupes religieux sont autorisés à s’enregistrer auprès du gouvernement et à pratiquer des célébrations religieuses. Pour cela, ils doivent appartenir à l’une des cinq « associations religieuses patriotiques » reconnues par l’État (associations officielles bouddhistes, taoïstes, musulmanes, catholiques et protestantes). « Toutefois, des rapports affirment que le gouvernement chinois a arrêté, torturé et abusé physiquement aussi bien des membres de groupes enregistrés et non enregistrés », souligne l’étude. Parmi les pays comptant le plus de limitations contre la religion, de nombreuses mesures ont été appliquées afin de limiter les activités religieuses. Aux Maldives, par exemple, il est interdit de promouvoir toute autre religion que l’islam – un crime qui peut conduire jusqu’à cinq ans d’emprisonnement. Au Laos, les groupes religieux doivent obtenir l’autorisation du gouvernement pour pouvoir se rassembler, organiser des rites religieux, construire des lieux de culte et fonder de nouvelles communautés.

    « C’est le devoir de l’État de protéger tous les citoyens »

    Enfin, l’étude conclut que « globalement, les restrictions gouvernementales contre la religion et les hostilités sociales contre la religion sont restées constantes en 2017 par rapport aux années précédentes. En 2017, il y a également eu peu de changements après deux années de reculs majeurs contre la liberté religieuse, causés par des gouvernements, des groupes privés ou des individus ». « En 2017, près d’un quart des 198 pays étudiés (26 %) a connu des restrictions gouvernementales ‘élevées’ ou ‘très élevées’, contre 28 % en 2016. Ce sont les niveaux les plus élevés depuis 2013, mais cela reste en dessous du pic de 2012 – 33 %. » En 2017, 83 pays (42 %) ont expérimenté des niveaux élevés ou très élevés de restrictions religieuses, dues au gouvernement ou à des actions privées. Ce chiffre s’est maintenu depuis 2016 après deux années d’augmentations, et reste légèrement inférieur à 2012 (43 %). Enfin, comme au cours des années précédentes, la majorité des pays étudiés en 2017 restent à des niveaux de restrictions religieuses considérés comme ‘bas’ ou ‘moyens’. Le 16 juillet, lors de la présentation d’un rapport sur la persécution des chrétiens dans le monde, Mgr Antoine Camilleri, sous-secrétaire du Saint-Siège pour les relations avec les États, a dénoncé « la tendance grandissante, même dans les démocraties stables, à la criminalisation ou à la sanction des autorités religieuses sous prétexte qu’elles proclament leur foi ouvertement, en particulier dans les domaines du mariage et de la famille ». Au contraire, affirme-t-il, « c’est le devoir de l’État de protéger tous les citoyens, qu’ils revendiquent une conviction religieuse ou non ».

    (Avec Asianews)

  • Secret de la confession : quand on impose aux ministres du culte de choisir entre la prison et l’excommunication

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    De Sandro Magister en traduction française sur le site Diakonos.be :

    Attaque mondiale contre le secret de la confession.  La prison ou l’excommunication

    La dernière attaque en date vient d’être déjouée il y a quelques jours à peine en Californie.  Le 13 juillet, le comité d’État pour la sécurité publique a dû faire retirer la proposition de loi SB 360 présentée par le sénateur Jerry Hill – et déjà approuvée par le sénat – visant à abolir le secret de la confession.

    En donnant cette information, « Vatican News » précise qu’il aura fallu « 140.000 lettres, 17.000 mails et des centaines de coups de téléphone » pour obtenir le retrait de cette « menace pour la conscience de chaque américain », comme l’avait définit Mgr Peter Gomez, l’archevêque de Los Angeles, qui a conduit la mobilisation.

    En 2000 déjà, dans le débat sur les « Rules of Procedure and Evidence », la Cour pénale internationale avait rejeté la demande du Canada et de la France pour que cesse d’être reconnu le droit des ministres religieux de s’abstenir de témoigner sur des questions dont ils ont eu connaissance à travers le secret de la confession.

    En 2016 à nouveau, la Cour suprême de l’État de Louisiane avait répété qu’« un prêtre, un rabbin ou un ministre dûment ordonné » ne pouvait être qualifié de « mandatory reporter », c’est-à-dire obligé de dénoncer « ce qu’il a appris au cours d’une confession ou d’une autre communication sacrée ».

    Mais entretemps, surfant sur la vague des scandales des abus sexuels, les attaques contre le secret de la confession sacramentelle sont en train de se multiplier.  Par exemple en 2011 en Irlande, avec à la barre le premier ministre de l’époque, Enda Kenny.  Ou encore en 2014 à Genève, sous l’impulsion du comité de l’ONU pour la Convention sur les droits de l’enfant.  Et à chaque fois c’est l’Église catholique qui se trouvait sur le banc des accusés.

    Jusqu’à ce jour du 7 juin 2018 où le secret de la confession a été battu en brèche en Australie, dans le territoire de la capitale, Canberra, par l’approbation, avec le soutien de tous les paris, d’une loi imposant aux prêtres catholiques – ainsi qu’aux ministres des autres cultes – de violer le sceau sacramentel s’ils viennent à connaissance de faits d’abus sexuels sur mineurs.  Cette loi est entrée en vigueur le 31 mars 2019.

    *

    Jusqu’ici, il ne s’agissait que de faits relativement connus.  Mais ce que très peu savent, c’est que le secret de la confession est sérieusement menacé là où on s’y attendrait le moins.

    L’Italie est l’un de ces cas passés sous silence, y compris de la part des autorités de l’Eglise.  Dans ce pays, le jugement n. 6912 du 14 janvier 2017 rendu par la Cour suprême de cassation a disposé que le prêtre appelé à témoigné dans un procès pénal pour abus sexuel encourt le délit de faux témoignage s’il refuse de divulguer ce qu’il a appris pendant la confession en-dehors des péchés commis par le pénitent, par exemple s’il lui a révélé avoir subi un abus, et pas de l’avoir commis.

    C’est précisément ce jugement italien qui a fait réagir Andrea Bettetini, professeur de droit canon à l’Université catholique de Milan et professeur invité dans de nombreuses universités d’Europe et d’Amérique, dans un article publié dans le dernier numéro de « Vita e Pensiero », la revue de son université, consacré aux attaques contre le secret de la confession.

    Le professeur Bettetini rapproche le jugement italien de la nouvelle loi qui vient d’entrer en vigueur en Australie pour montrer qu’elles sont bien plus proches qu’il n’y paraît puisqu’elles sont toutes les deux en faveur de l’obligation de dénonciation aux dépens de ce « droit juridique et moral fondamental » qu’est « la protection de la conscience de la personne qui ouvre son âme à un ministre du culte ».

    Dans la partie centrale de son article, le professeur Bettetini argumente la protection du sceau sacramentel de l’Église catholique, dans le droit catholique et dans le magistère, en montrant comment une telle protection s’étend à tout ce que le prêtre apprend en confession et pas seulement aux péchés du pénitent.

    Il ne cite pas la « Note de la Pénitencerie apostolique sur l’importance du for interne et sur l’inviolabilité du sceau sacramentel » promulguée le 29 juin dernier avec l’accord du pape François, étant donné que cette dernière est sortie alors que l’article était déjà sous presse.  Mais cette note est tombée bien à propos, vu les « préjugés négatifs » de nombre d’autorités civiles contre le fondement même et l’extension d’un tel secret.

    En outre, le professeur Bettetini montre comment, même dans le droit italien, le secret de la confession aurait été bien protégé sans ce jugement de 2019 de la Cours de cassation.

    Et voici les conclusions dramatiques qu’il tire dans la conclusion de son article.  Quand on impose aux ministres du culte de choisir entre la prison et l’excommunication.

    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso.

    *

    Abus sexuels et secret de la confession

    d’Andrea Bettetini

    […]

    S’il fallait tirer les conclusions de tout ce dont nous avons débattu jusqu’ici, nous pouvons affirmer que les deux exemples [l’Italie et l’Australie] cités au début de notre article sont les paradigmes d’un néojuridictionnalisme aux conséquences incertaines qui est en train de s’insinuer dans de nombreuses structures politiques à cause d’une législation et d’une interprétation législative qui, à bas bruit mais avec des effets importants, est en train de modifier dans les faits la répartition des équilibres (et des compétences relatives) entre ordre temporel et ordre spirituel.  Et par ce dernier, j’entends non seulement la latitude d’autonomie de l’Église catholique mais également celle d’action des confessions religieuses différentes de la foi catholique et, plus généralement, celle de la religion.

    Dans le « Canberra Times », Christopher Prowser, l’archevêque de Canberra et de Goulburn, a vigoureusement critique la nouvelle loi australienne en mettant en évidence la raison ultime de son incohérence : « Sans ce sceau, qui sera encore disposé à se libérer de ses propres péchés, à chercher le sage conseil d’un prêtre et à recevoir le pardon miséricordieux de Dieu ? ».  Le droit de l’Église et dans l’Église sert justement à en préserver la nature en tant qu’instrument de salut pour chaque homme, dont la vie et l’expérience se déplace dans une dimension de droit et de justice, en s’engageant à donner visibilité et contenu à des normes qui répondent, dans les limites de la médiation linguistique humaine, à la vérité et à la justice.

    Or, il se fait que dans l’équilibrage entre deux valeurs capitales telles que la liberté de conscience et de religion d’un côté et l’exercice de l’action pénale pour punir un délit inhumain de l’autre, la tradition juridique occidentale a toujours privilégié la première, aussi bien parce qu’elle constitue le noyau le plus intime de la liberté et de la responsabilité de l’homme que parce qu’après le don de la vie, il s’agit de la réalité qui appartient de la façon la plus originelle et inaliénable à la personne humaine, et qu’il faut lui rendre justice.

    Et il ne s‘agit là de rien d’autre que du reflet de ce qui représente l’apport le plus précieux du monde occidental à l’ordonnancement juridique de la civilisation mondiale : le concept de personne et de sa dignité, de la protection de ses droits inaliénables, au premier titre desquels se trouve justement celui de liberté religieuse.  Agir autrement reviendrait à une régression de notre civilisation juridique, et donc humaine, et c’est d’ailleurs ce que craignait encore une fois l’archevêque de Canberra quand il affirmait, à la veille de de l’entrée en vigueur de la loi qui impose au confesseur de violer si nécessaire le secret sacramentel : « À présent, nous autres prêtres de l’ACT [Asutralian Capital Territory] nous nous trouvons devant un choix impossible.  Soit nous respectons le sceau de la confession et nous risquons une procédure pénale soit nous respectons la loi et nous encourons l’excommunication d’office ».