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  • Le séjour du pape à Santa Marta a coûté 200.000 euros par mois !

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    De Francesco Capozza sur Il Tempo :

    Vatican, Sainte-Marthe c'est trop cher. Le pape Léon revient au palais apostolique

    Les premiers pas de Léon XIV à la tête de l'Église répondent largement aux attentes des cardinaux qui l'ont élu. Les éminents cherchaient certes un bon pasteur, mais ils étaient encore plus confiants que le nouveau pontife pourrait rééquilibrer cette forme de gouvernement qui, sous le pontificat de Bergoglio, avait pris des tendances autoritaires et déstabilisé le clergé et les fidèles par de nombreuses actions considérées comme beaucoup trop audacieuses. Léon a d'abord rétabli - avec bienveillance mais fermeté - la dignité propre au Souverain Pontife par des gestes petits mais significatifs. Le nouveau pape accepte volontiers le baiser de la main comme une forme de respect et de révérence, mais malheur à celui qui lui demande un selfie, symbole d'une décadence pop à laquelle Bergoglio s'était largement habitué. Même son apparence extérieure est revenue à celle qui convient au successeur de Pierre, avec des vêtements plus appropriés et plus formels : le pape porte la robe de chœur (rochet et mozette rouge sur la soutane) lors des occasions formelles et porte tous les jours l'anneau du pêcheur qu'il a reçu dimanche dernier. De plus, depuis le soir de son élection, Léon XIV n'a pas dormi à Santa Marta, préférant séjourner temporairement dans l'appartement habitée par le cardinal au Palais du Saint Office.

    Le pape a brisé les scellés de l'appartement pontifical au troisième étage du Palais apostolique pour visiter les pièces où tous ses prédécesseurs ont vécu de 1870 à 2013 et où il compte s'installer dès que les rénovations nécessaires auront été effectuées. Durant ses douze années à Santa Marta, François a tout d'abord provoqué plusieurs problèmes d'ordre public et de sécurité mais aussi économiques. Les fameux « cinquante mètres carrés » dans lesquels Bergoglio séjournait dans l'hôtel destiné aux cardinaux pendant le Conclave devinrent peu à peu de nombreuses pièces jusqu'à occuper tout le deuxième étage. Une cuisine, une salle de réception, une chapelle privée et plusieurs pièces pour les collaborateurs les plus proches ont été préparées ces dernières années, rendant les espaces de Santa Marta utilisés par le pontife beaucoup plus grands que l'appartement papal historique. Tout cela a impliqué de nombreux travaux mais surtout d'entretien, sans parler du doublement de la sécurité qui doit être garantie au Palais Apostolique, rendant nécessaire l'embauche de nouveaux agents de gendarmerie et l'enrôlement de gardes suisses beaucoup plus nombreux que par le passé. Les coûts de l'opération, qui n'ont rien de paupériste, ont augmenté au fil des ans, atteignant le chiffre hyperbolique de près de deux cent mille euros par mois pour la gestion de Santa Marta dans la dernière période du règne de François. Léon a donc décidé d'exercer sa fonction avec dignité et sagesse : il vivra là où les Papes ont toujours séjourné et Sainte-Marthe retrouvera son usage ordinaire.

  • En Caroline du Nord, il y a un évêque qui a peur du latin

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    De Stefano Chiappalone sur la NBQ :

    En Caroline du Nord, il y a un évêque qui a peur du latin

    Il n'y a pas que des restrictions sur l'ancien rite : l'évêque de Charlotte prépare aussi des directives sur le nouveau rite, déclarant la guerre aux bancs de communion, aux chasubles et à la langue latine, source de possibles « contagions » traditionnelles. Un document qui a été reporté pour l'instant, mais qui est révélateur d'une idéologie cléricale très répandue.
    30/05/2025

    Dans le diocèse de Charlotte, en Caroline du Nord, un nouveau chapitre de la guerre liturgique s’ouvre. Mais cette fois-ci, il ne s’agit pas d’une simple restriction supplémentaire à la liturgie traditionnelle, décrétée par l’évêque Michael Martin dans le sillage de Traditionis Custodes. La lutte s'étend également à la liturgie post-conciliaire, dont Mgr. Martin voudrait bannir toute « contamination » traditionnelle.

    Sur le front du rite ancien, des mesures draconiennes sont véhiculées par la plus douce Complétez la mise en œuvre de Traditionis Custodes, qui donne son titre à la lettre de Mgr. Martin daté du 23 mai. Un choix linguistique judicieux, adopté également dans d'autres diocèses, à l'école du  cardinal Roche : après tout, "mettre en œuvre Traditionis Custodes " fait moins peur que "supprimer le rite antique", même si l'objectif est le même. Installé il y a un an, l'évêque de Charlotte a avancé l'expiration de la prolongation accordée par Rome à son prédécesseur pour pouvoir continuer la célébration more antiquo dans les églises paroissiales (expire en octobre, comme le rapporte  The Pillar ) et a ordonné qu'à partir du 8 juillet aucune d'entre elles ne pourra l'accueillir. A partir de cette date, les lieux où il sera possible de célébrer selon le Missel de 1962 passeront donc de quatre à un seul dans tout le diocèse : « La chapelle désignée à cet effet est située au 757 Oakridge Farm Hwy., Mooresville, Caroline du Nord 28115. Le nom de la chapelle reste à déterminer », peut-on lire dans le document. La chapelle sans nom semble être l'image la plus éloquente du traitement réservé dans l'Église aux fidèles du rite antique, qui depuis 2021 ne savent plus à quel saint se tourner.

    Mais à Charlotte, la tradition doit aussi disparaître des messes dans le « nouveau » rite, selon des normes non encore promulguées mais exclusivement anticipées par Rorate Caeli. Des règles détaillées d’où émerge une peur presque maniaque que la mentalité traditionnelle abhorrée puisse réapparaître ne serait-ce qu’à travers un simple vêtement ou un candélabre. La publication du document a été temporairement reportée après que certains prêtres ont recommandé de reformuler au moins les points les plus extrêmes et ceux en conflit avec l'Instruction générale du Missel romain lui-même, mais il vaut la peine de relire le projet car il est révélateur d'une mentalité et d'une bataille idéologique que l'évêque semble déterminé à mener en avant. Tous sous la noble bannière de l'unité (confondue cependant avec l'uniformité, comme c'est le cas dans Traditionis Custodes)) qui ne peuvent être compromises par des « préférences personnelles ». Il est toutefois dommage que dans ce cas il ne s’agisse pas d’un caprice mais d’un rite séculaire et que Mgr Martin tolère de nombreuses autres « préférences personnelles », sans parler des excentricités. J'aime son idée de faire porter sa mitre épiscopale par une fille lors de la messe du 29 août 2024 à la Charlotte Catholic High School, peut-être pour tenter de rendre son homélie moins ennuyeuse. « Heureusement que l'évêque de Charlotte se préoccupe de la rectitude liturgique », commente sarcastiquement Rorate Caeli, en publiant la photo sur X.

    Le premier ennemi de Mgr. Martin est le latin. Ce qui l'inquiète, c'est « l'usage fréquent et répandu de la langue latine dans nos liturgies paroissiales » et pour conjurer le danger, il s'aventure dans un funambulisme herméneutique pour neutraliser la recommandation de Vatican II de préserver la langue latine dans les rites latins, tout en permettant l'usage des langues nationales. Selon l'évêque, il faudrait cependant le conserver, oui, mais au grenier et il trouve même son utilisation par les prêtres « dérangeante », car elle ferait fuir les gens. Et qu’en est-il des croyants qui sont attirés par cela ? « Une minorité bruyante. » On se demande si le problème principal vient des fidèles qui ne comprennent pas le latin ou des évêques qui ne comprennent pas les fidèles.

    Mais ce n’est pas la seule source de préoccupation, c’est même la source des inquiétudes de Mgr. Martin : « Quand le latin est utilisé dans nos paroisses, d'autres éléments du Missel de 1962 sont toujours entrelacés », apportant avec eux d'autres éléments qui pour lui sont inacceptables, et donc devraient être interdits ou découragés : les cierges et la croix sur l'autel (qui pour lui ne devraient être placés qu'à côté et à côté) ou la prière finale à Saint Michel Archange, ainsi que (mais c'était facilement deviné) l'autel orienté ad orientem. Précisons qu’aucun de ces aspects n’est interdit par aucune norme du Novus Ordo Missae mais seulement par la « tradiphobie » qui ressort de ce document qui heureusement n’a pas encore été promulgué.

    Pour prévenir toute « infiltration » possible, on ose même réglementer le style des vêtements : sont fortement déconseillées les « chasubles avec une coupe communément appelée « violon » (c'est-à-dire les chasubles, qui n'ont d'ailleurs jamais été abolies par personne), car elles seraient « un signe clair que le célébrant préfère la vie liturgique (et peut-être théologique) de l'Église avant le Concile Vatican II ». Encore moins – horreur ! – si l’on ose réciter les prières classiques qui étaient autrefois prescrites lors de la mise en place des vêtements sacerdotaux. On soupçonne également de préconciliarisme, et donc d'interdiction, la cloche avec laquelle on signale aux fidèles le début de la célébration. « Un accueil verbal du lecteur (ou d’un autre ministre approprié) suivi de l’indication de l’hymne à chanter et d’une invitation à se lever est plus approprié et devrait être la norme dans toutes les messes ». Comme si dans la pratique liturgique actuelle, le rite n'était pas déjà enterré par trop de bavardages et d'admonitions...

    Nous nous arrêtons ici car la quantité et la minutie des détails soulèvent le doute que ceux qui sont attachés aux formes extérieures ne sont pas les fidèles liés à l'ancien rite , mais plutôt les clercs qui s'y opposent. En même temps, nous devons reconnaître que leur aversion n’est pas une question de personnalisation, mais d’idéologie. Et d’un traumatisme qui n’a pas encore été surmonté par une certaine hiérarchie dont le cœur de métier semble être la haine de (son propre) passé plutôt que la proclamation du Christ, craignant de ne pas être suffisamment à la mode pour être acceptée par le monde. Une fracture au sein du monde catholique qui, après la pacification promue par Benoît XVI, a de nouveau explosé avec le motu proprio Traditionis Custodes, déclenchant « une nouvelle guerre contre la messe traditionnelle, source de divisions et d'amertume », comme l'a déclaré récemment l'archevêque de San Francisco, Mgr Salvatore Cordileone, dans une interview, espérant que l'élection de Léon XIV puisse relancer un travail de réparation et de réconciliation sur ce front également : « Il veut être un bâtisseur de ponts : cela a été très clair dès qu'il a posé le pied sur la loggia de la basilique Saint-Pierre. Je crois qu'il peut mettre fin aux guerres liturgiques. » A vrai dire, il y avait déjà beaucoup de ponts avant, mais les seuls destinés à ceux qui suivaient l'ancien rite ou à ceux qui souffraient du manque de sacralité du nouveau étaient des ponts-levis.

  • Les chrétiens européens ont perdu le dynamisme de la mission chrétienne, du témoignage, de la Foi (cardinal Sako)

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    De France Catholique (extraits) :

    « Les chrétiens européens sont timides » estime le cardinal Sako

    Le patriarche de l’Église catholique chaldéenne, le cardinal Louis Raphaël Sako est venu célébrer la messe annuelle de l’œuvre d’Orient, à Notre-Dame de Paris, le 25 mai. Il a salué la restauration de cette « perle française », tout en regrettant la déchristianisation de l’Europe.

    28 mai 2025

    Messe annuelle de l’Œuvre d’Orient, le 25 mai à Notre-Dame de Paris. À droite, le cardinal Sako. © Marie-Christine Bertin - Diocèse de Paris

    Éminence, quel est pour vous le sens de cette journée et de la consécration d’une chapelle dédiée aux chrétiens d’Orient, à Notre-Dame ?

    Cardinal Louis Raphaël Sako : Pour moi, cette cérémonie a été comme une Pâque : devant ces fidèles qui priaient de tout cœur, et qui s’unissaient à cette liturgie orientale, j’ai senti que l’Église était unie et ressuscitée. Nous avons célébré cette liturgie avec beaucoup de joie et beaucoup d’espoir.

    Quelle est la particularité de l’Église chaldéenne, et quelle est sa situation aujourd’hui ?

    Nous sommes l’une des plus anciennes Églises du monde. Notre Église a donné beaucoup de martyrs et en donne encore aujourd’hui. Nous avons une liturgie particulière et un patrimoine très riche. Aujourd’hui, en Irak, nous sommes en proie au sectarisme, à la violence et à la persécution. Nous avons eu beaucoup de difficultés avec Daesh. Un million de chrétiens ont quitté le pays, mais il y en a qui restent, entre 400 000 et 500 000 chrétiens sont encore là. Mais le mal n’a pas d’avenir. Le Salut semble loin, mais il viendra.

    Quel rôle les chrétiens vivant en Irak ont-ils à jouer dans ce pays ?

    Les chrétiens d’Irak sont des citoyens irakiens ! Avant l’arrivée des musulmans, au VIIe siècle, ils étaient majoritaires, et ils ont beaucoup donné à leur pays. Et, malgré toutes les épreuves que nous traversons, nous avons là-bas une vocation, nous sommes des missionnaires. Les musulmans attendent de nous un témoignage différent du leur. Les jeunes chrétiens irakiens sont d’ailleurs très engagés dans les paroisses et se mettent au service des autres.

    Vous avez participé à l’élection du pape Léon XIV, qu’espérez-vous de ce nouveau pontificat ?

    J’ai participé au conclave. J’étais à côté du cardinal Prevost lors des votes. Je lui ai parlé des Églises orientales, de leurs défis et de leurs difficultés. Je lui ai dit : « Il faut prendre cette cause à cœur, et manifester votre soutien et votre proximité. » Il a acquiescé et il a fait un bon discours quand il nous a accueillis à Rome, pour le Jubilé des Églises orientales.

    Vous avez donc l’espoir qu’il prendra soin des chrétiens d’Orient ?

    Bien sûr ! Il est père de tous. Il n’est pas le Pape seulement des catholiques romains, il est aussi le pape des Églises orientales.

    Qu’attendez-vous des chrétiens français et européens, et de tous ceux qui se recueilleront dans cette chapelle dédiée aux chrétiens d’Orient ?

    J’ai étudié ici en Europe [à Rome, N.D.L.R.] et j’y reviens régulièrement. Je trouve que les chrétiens en Europe sont timides : ils ont perdu le dynamisme de la mission chrétienne, du témoignage, de la Foi. Ce sont les chrétiens de l’Occident qui ont prêché l’Évangile en Afrique, en Asie… Où sont-ils aujourd’hui ? Autrefois, l’Orient était la racine du christianisme et l’Occident, avec ses missionnaires, en était le cœur. Aujourd’hui, tout est changé ! Il y a une grande indifférence et cela nous choque en Orient. Mais cela choque aussi les musulmans. Ils ont une religion différente, certes, mais ils ont une grande foi et ils y tiennent. Alors qu’ici, non…

    Paradoxalement, ce sont peut-être les difficultés et les persécutions qui renforcent votre foi, en Orient ?

    Ce qui nous donne la Foi, surtout, c’est Jésus-Christ. Tout est fondé sur le Christ. C’est cette relation d’amour qui nous donne la force de résister dans les épreuves. C’est le Christ, c’est tout.

    Les chrétiens d’Orient parviennent donc à garder l’espérance ?

    Oui, bien sûr. Puisqu’ils ont la Foi, ils ont l’espérance qui est ancrée dans la Foi. C’est ce rapport personnel à l’Église et au Christ qui change tout. 

  • Jeanne d'Arc, une figure de foi et d'amour (30 mai)

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    Le texte intégral du « panégyrique de Jeanne d’Arc » prononcé par le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, le samedi 30 mai 2015 en la cathédrale Notre-Dame de Rouen. (source)

    Jeanne d'Arc, figure de foi et d'amour

    Le cardinal Vingt-Trois encourage les Français à redécouvrir la figure de sainte Jeanne d’Arc, dont la vie « fut d’abord une affaire de foi chrétienne », et qui a « fait la guerre par amour des gens opprimés par la violence et les destructions sauvages, amour de son roi et de son pays, amour même de ses ennemis qu’elle s’emploie à convaincre de se retirer avant le combat ».

    Dans le cadre des « Fêtes Jeanne d’Arc », le cardinal André Vingt-Trois, archevêque de Paris, avait prononcé ce « panégyrique de Jeanne d’Arc » le samedi 30 mai 2015 en la cathédrale Notre-Dame de Rouen – ville où mourut la sainte.

    Dans une société de chrétiens « vivant comme si Dieu n’existait pas », la « leçon de Jeanne d’Arc » est nécessaire, a-t-il souligné : « Quand il aurait été si commode de se taire, d’oublier, voire de renier l’appel de Dieu, quand une simple abjuration semblait capable de lui sauver la vie, elle ne voulut connaître que la fidélité à Celui qui était son seul Seigneur. »

    Panégyrique de sainte Jeanne d’Arc, par le card. Vingt-Trois

    Le 30 mai 1431, après avoir été jugée par le tribunal ecclésiastique et avoir été livrée à la justice séculière des anglo-normands, Jeanne d’Arc fut brûlée vive à Rouen sur la Place du Vieux-Marché et ses cendres jetées à la Seine depuis le pont où nous lui avons rendu hommage ce matin. Un quart de siècle plus tard, la sentence fut rapportée et Jeanne d’Arc réhabilitée. Prise dans l’étau d’une guerre civile dont notre pays a malheureusement trop souvent éprouvé les dégâts, Jeanne d’Arc a très vite, -et pour longtemps-, symbolisé une figure du patriotisme et de l’unité nationale. Sa canonisation en 1920 s’inscrit aussi dans la reconnaissance de ce symbole.

    Cette canonisation a marqué un tournant dans les relations entre l’Église catholique et l’État français. Après les luttes passionnées qui avaient abouti à la loi de Séparation en 1905, les gouvernants des années vingt, héritiers politiques des grandes figures de la lutte anticléricale, n’ont pas hésité à prendre leur part de l’hommage rendu à Jeanne d’Arc. Au lieu d’ignorer, de combattre ou même d’interdire les solennités johanniques, ces gouvernants républicains trouvèrent plus utile à la société d’en faire une fête nationale et d’y associer étroitement l’État français lui-même. Le président de la République protestant, Gaston Doumergue n’hésita pas à présider personnellement en 1929 les fêtes johanniques à Orléans.

    Dans les mêmes années vingt, l’Action Française se taillait une réputation militante à coups d’agressions, verbales ou physiques. Se présentant comme le dernier rempart du nationalisme et la seule école du patriotisme, elle fustigeait l’invasion de la France par des vagues d’immigration et faisait monter la haine contre ceux qu’elle appelait les « métèques ». Elle tentait de récupérer la fête de Jeanne d’Arc, récemment canonisée, et d’en tirer une caution religieuse que son opposition déclarée à la hiérarchie catholique lui rendait d’ailleurs inaccessible.

    La laïcité de la République progressait mieux par l’inclusion des différences et leur gestion raisonnable que par l’interdit et l’exclusion des particularités. Ces gouvernants, sans renoncer à leurs convictions laïques, comprenaient que la force et la richesse d’une société dépendent plus de la vitalité de ses corps intermédiaires que de leur effacement, de leur marginalisation et moins encore de leur extinction. Leur laïcité était assez vigoureuse, -et peut-être, pour certains, était-elle devenue assez sereine !-, pour ne point trembler d’entretenir des relations publiques avec l’Église catholique.

    Il n’est pas anecdotique que Jeanne d’Arc fût l’occasion symbolique de cette nouvelle étape des relations entre l’État français et l’Église catholique. Sa figure héroïque était demeurée très vive dans la conscience collective. Les épreuves récentes et sanglantes de la Première Guerre mondiale pour la défense du territoire national donnaient à sa canonisation un ton d’authentique actualité dans une France où le patriotisme n’avait pas encore sombré dans la défaveur qui l’identifie trop commodément à un nationalisme étroit.

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  • La prière de Jeanne à Domrémy (Péguy)

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    jeanne_d_arc.jpgAujourd'hui, nous célébrons la fête de Jeanne d'Arc qui appartient à l'Eglise universelle et non seulement à la France. Qui a mieux célébré Jeanne que Charles Péguy? C'est l'occasion, en ces temps de détresse où la grande pitié de l'Eglise nous accable et où le mal semble partout triompher de méditer cette prière de Jeanne à Domrémy (Le Mystère de la Charité de Jeanne d'Arc) :

    Ô mon Dieu si on voyait seulement le commencement de votre règne. Si on voyait seulement se lever le soleil de votre règne. Mais rien, jamais rien. Vous nous avez envoyé votre Fils, que vous aimiez tant, votre fils est venu, qui a tant souffert, et il est mort, et rien, jamais rien. Si on voyait poindre seulement le jour de votre règne. Et vous avez envoyé vos saints, vous les avez appelés chacun par leur nom, vos autres fils les saints, et vos filles les saintes, et vos saints sont venus, et vos saintes sont venues, et rien, jamais rien.

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  • La persécution des chrétiens au Nigeria est l’œuvre d’un programme islamique visant à conquérir le territoire et à en faire un État islamique en Afrique de l’Ouest

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    De Madeleine Elhabbal sur le CWR :

    Un massacre au Nigeria fait suite au témoignage d'un évêque américain sur la persécution des chrétiens

    (Image : Google Maps)
    Salle de presse de Washington, DC, 28 mai 2025 /

    Une attaque brutale menée dimanche par des bergers musulmans extrémistes au Nigeria a fait des dizaines de morts et entraîné l'enlèvement d'un prêtre catholique et de plusieurs religieuses.

    Des centaines de bergers peuls djihadistes ont abattu près de 40 personnes, dont plus de la moitié étaient des chrétiens, dans plusieurs villages dimanche, selon un rapport de Truth Nigeria, une organisation humanitaire à but non lucratif qui cherche à documenter les luttes du Nigeria contre la corruption et la criminalité.

    L'attaque a eu lieu trois jours après la fusillade contre le père Salomon Atongo, prêtre de la paroisse Saint-Jean Quasi à Jimba, et l'enlèvement de deux de ses compagnons. Atongo est actuellement soigné pour ses blessures.

    Certaines des attaques de dimanche ont eu lieu à Aondona, la ville natale de l'évêque Wilfred Anagbe de Makurdi, et semblent être des représailles après qu'Anagbe, qui est un missionnaire clarétain, a témoigné lors d'une audience au Capitole à Washington, DC, en mars, que le gouvernement nigérian ne fait rien pour arrêter la persécution systémique et l'élimination des chrétiens.

    La violence dans la région a augmenté depuis le témoignage d'Anagbe dans la capitale américaine, selon Douglas Burton, directeur de Truth Nigeria, qui est apparu sur « EWTN News Nightly » mardi pour discuter de la violence et des enlèvements en cours dans ce pays d'Afrique de l'Ouest.

    « C'est une situation tragique, et l'histoire est en cours », a déclaré Burton au présentateur Erik Rosales à propos des attaques de dimanche dans l'État central de Benue. « Et ce qui s'est passé, c'est que des terroristes peuls ont attaqué le village natal [d'Anagbe]. »

    Comme le rapporte le National Catholic Register, partenaire d'information de CNA, Anagbe a témoigné le 12 mars devant la sous-commission des affaires étrangères de la Chambre des représentants des États-Unis pour l'Afrique : « L'expérience des chrétiens nigérians aujourd'hui peut se résumer à celle d'une Église sous le joug de l'extermination islamiste. Vivre là-bas est effrayant. »

    Plus tard dans la journée, Anagbe a déclaré à « EWTN News Nightly » que « la persécution des chrétiens en général et des catholiques au Nigeria est l’œuvre d’un programme islamique visant à conquérir le territoire et à en faire un État islamique en Afrique de l’Ouest. »

    Burton a estimé le nombre de morts à « jusqu'à 36 » dans le massacre de ce dimanche dans le village d'Anagbe, bien que Reuters ait rapporté que le bilan des morts était d'« au moins 42 personnes » au total dans les attaques dans les villages d'Ahume, Tyolaha et Tse-Ubiam ce jour-là.

    Ancien fonctionnaire du Département d'État, Burton a déclaré ne pas avoir connaissance d'arrestations de la part du gouvernement nigérian en lien avec les attentats de dimanche. « Rien n'indique que ces attaques cesseront », a-t-il affirmé.

    Ce n'est pas une surprise pour Burton, qui a expliqué plus loin sur « EWTN News Nightly » que l'armée nigériane « est vraiment surchargée », avec plus de la moitié de l'armée du pays concentrée dans la région nord-est du pays de 36 États, où sévit actuellement une « insurrection meurtrière ».

    Il a également constaté des troubles dans l'extrême ouest du pays, en plus des États de la ceinture centrale, où se sont produites les attaques de dimanche. « L'armée nigériane a vraiment besoin de renforts et la police a besoin de davantage de recrutements », a déclaré Burton. « C'est la position que nous avons adoptée à Truth Nigeria. »

    Le Nigéria est le plus grand pays du continent africain et le sixième plus grand pays du monde, avec une population d’environ 236 millions d’habitants.

  • Chercher comment mieux vivre en chrétien après l’Ascension, dans le régime de la foi pure

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    De l'abbé Christophe Cossement sur son blog :

    L’Esprit réalise la paix

    homélie de l’Ascension, 29 mai 2025

    Avez-vous parfois comme moi la nostalgie des quelques années de la vie publique du Christ, quand on pouvait aller ici ou là l’écouter, assister à un de ses miracles, sentir son regard posé sur les gens ? Comme cela devait être motivant de pouvoir dire à un membre de notre famille ou un ami : viens écouter quelqu’un qui change la vie ! Le Christ pourrait nous sembler moins accessible aujourd’hui qu’en ce temps-là, mais il nous dit que c’est le contraire. Cela nous motive à chercher comment mieux vivre en chrétien après l’Ascension, dans le régime de la foi pure.

    Écoutons d’abord les mots du Seigneur à ses disciples, qui leur donne en quelque sorte le programme dont nous vivons encore 2000 ans plus tard : à vous d’être témoins de la souffrance du Christ, de sa résurrection, de la conversion que l’on peut vivre en son nom pour le pardon de nos péchés ! À vous d’accueillir le baptême dans l’Esprit Saint, qui réalise la grande communion avec Dieu. Jésus avait dit au sujet du don de l’Esprit que c’est lui qui rendait son ascension intéressante : « il vaut mieux pour vous que je m’en aille, car, si je ne m’en vais pas, le Défenseur ne viendra pas à vous ; mais si je pars, je vous l’enverrai » (Jn 16,7).

    Aujourd’hui commence la première neuvaine de l’histoire des chrétiens, la neuvaine avant la Pentecôte qui nous fait demander davantage le don du Saint-Esprit. Le chrétien vit de la vie du Christ par le Saint-Esprit. C’est lui qui réalise l’intimité avec Dieu, cette intimité qui est la nourriture de notre cœur et de notre âme. Les apôtres ne doivent pas rester là à regarder vers le ciel — le ciel est une image de ce qui nous dépasse, un symbole du transcendant — car le ciel s’ouvre dans leur cœur. Avec l’Esprit commence cette intimité avec le Père qui nous fortifie et nous pousse à être témoins, à proposer à d’autres ce contact avec le Dieu vivant qui nous restaure et nous nourrit de son amour. Tout avait commencé au baptême de Jésus (Lc 3), où le ciel s’ouvrit et l’Esprit descendit sur Jésus. Maintenant l’Esprit veut descendre sur chacun de nous. Jésus a obtenu pour nous ce don, par son sacrifice, détruisant le péché, c’est-à-dire ce qui empêche l’intimité avec Dieu. Il a inauguré pour nous « un chemin nouveau et vivant » (He 10,20), par lequel nous pouvons avancer vers Dieu avec un cœur en paix.

    L’âme qui se laisse ainsi nourrir par Dieu plutôt que par ses conquêtes personnelles devient vraiment capable de paix. Elle est capable de chercher la justice par-dessus ses intérêts propres. Elle devient un point d’ancrage pour le Royaume que le Christ a inauguré. Elle comprend que ses désirs infinis ne seront pas comblés par les biens finis de la terre, mais seulement par l’amour infini du Créateur. Alors elle devient capable de changer le monde. « Acquiers la paix, et des milliers autour de toi trouveront le salut », disaint saint Séraphim de Sarov.

  • Viri Galilaei : introit du jour de l'Ascension

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    Introit de la fête de l'Ascension :

    Viri galilaei, qui admiramini aspicientes in caelum ? Alléluia : Quemádmodum vidístis eum ascendéntem in cælum, ita véniet, alléluia, alléluia, alléluia.

    Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous là dans l’étonnement à regarder le ciel ? Alléluia. Comme vous l’avez vu monter au ciel, ainsi il reviendra. Alléluia, Alléluia, Alléluia.

    Pour écouter le chant de l’Alleluia qui précède la proclamation de l’Evangile du jour, cliquer ici ; pour écouter le chant de communion, cliquer ici.

  • Nigéria : de nouvelles attaques meurtrières contre les chrétiens

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    De Ngala Killian Chimtom sur Crux :

    Les meurtres dans le centre du Nigeria mettent en lumière les attaques continues contre les chrétiens

    27 mai 2025

    YAOUNDÉ, Cameroun – Un éminent prêtre nigérian a averti que si l’armée ne parvient pas à endiguer les massacres continus de chrétiens, une réponse armée pourrait devenir impérative.

    Au moins 50 personnes ont été assassinées dimanche à Aondona, un village du centre du Nigeria.

    « Ce ne sont pas seulement des chrétiens, mais des gens du village de l’évêque Wilfred Anagbe du diocèse de Makurdi », a déclaré le père Moses Aondover Iorapuu.

    Iorapuu est vicaire général pastoral et directeur de la communication du diocèse. Il est également curé de la paroisse du Saint-Esprit à Makurdi.

    Selon le père Humphrey Boyo, de la paroisse Saint-Patrick de Taraku, où se trouvent désormais de nombreux rescapés, l'Aondona a été attaquée dimanche soir. Pendant deux heures, plus de 150 bergers djihadistes peuls à moto ont ouvert le feu sans discernement sur les villageois.

    « C’est au cours de cette attaque que de nombreuses personnes ont perdu la vie aux mains de ces hommes maléfiques », a-t-il déclaré à Crux .

    Cet acte barbare a laissé de nombreux survivants dévastés, jeunes et vieux brutalement assassinés. Des femmes et des hommes ont été emmenés vers une destination inconnue par les Peuls, tandis que de nombreux enfants sont toujours portés disparus. Des efforts concertés sont déployés pour retrouver ceux qui sont encore dans la brousse », a déclaré Boyo.

    Il a qualifié les massacres de « guerre de religion pour conquérir le christianisme ».

    « Ce djihad dure depuis longtemps », a-t-il noté.

    L'Association chrétienne du Nigéria a condamné les meurtres dans un communiqué, affirmant qu'elle partageait le deuil des familles endeuillées dans une « période sombre et difficile ».

    « Nous sommes profondément peinés et alarmés par la perte continue de vies innocentes et par le climat de peur grandissant. Ces événements tragiques soulignent l'urgence d'une action décisive et durable pour mettre fin à la violence », peut-on lire dans la déclaration. « La violence ne fait qu'attiser la haine et aggraver des blessures qui pourraient mettre des générations à cicatriser. »

    Iorapuu a déclaré à Crux que le gouvernement fédéral peut être tenu responsable de la récente attaque – comme d’autres dans le passé – étant donné que l’attaque a eu lieu non loin d’un poste militaire.

    « Tout le système est compromis, et l'armée ne fait pas exception. Des meurtres peuvent être commis là où se trouvent des installations militaires, sans que les victimes ne soient protégées et que les terroristes ne soient tenus responsables de leurs actes », a-t-il déclaré à Crux .

    « C’est à ce point que l’on peut être sur le point de pointer du doigt le gouvernement fédéral », a-t-il ajouté.

    Le gouverneur de l’État de Benue, le prêtre catholique Père Hyacinth Alia, a cependant condamné les attaques en les qualifiant d’« odieuses ».

    La déclaration indique que « ces criminels barbares se faisant passer pour des bergers dont les actions révèlent un mépris flagrant pour la vie humaine et le caractère sacré de nos communautés ; leur lâcheté à attaquer des individus innocents, en particulier nos innocents indigènes, ne sera pas tolérée. »

    Alors que les attaques contre les chrétiens au Nigeria sont monnaie courante, l'attaque du village d'Aondona revêt une signification particulière. Il s'agit du village de l'évêque Wilfred Anagbe du diocèse de Makurdi, qui a notamment témoigné devant le Congrès américain et le Parlement britannique au sujet des massacres de chrétiens au Nigeria, et plus particulièrement dans l'État de Benue.

    « Ce [témoignage] a suscité des menaces de la part de certains groupes islamiques et du gouvernement », a déclaré Iorapuu.

    « Il a fallu le soutien du gouvernement américain pour que l’évêque Anagbe puisse rentrer au Nigeria sans être détenu, mais nous soupçonnions qu’il y aurait des conséquences », a-t-il ajouté, insinuant que l’attaque contre ce village aurait pu être une façon de punir l’évêque pour avoir parlé.

    Depuis 2009, le Nigeria est devenu un champ de bataille pour les chrétiens, lorsque Boko Haram a lancé sa campagne visant à établir un califat au Sahel. Dans un rapport de 2023 intitulé « Chrétiens martyrs au Nigeria », l'ONG d'inspiration catholique Intersociety, Société internationale pour les libertés civiles et l'État de droit, a indiqué qu'au moins 52 250 chrétiens nigérians avaient été brutalement assassinés par des militants islamistes en 14 ans.

    Les récents meurtres ne font que consolider une tendance qui dure depuis des décennies. Face à l'inaction ou à la complicité des gouvernements, les appels se multiplient pour que les chrétiens commencent à se défendre.

    Le dernier de ces appels vient d’Iorapuu, qui a déclaré que prendre les armes pourrait éventuellement devenir une option.

    « Il viendra sûrement un moment où les chrétiens se révolteront, et cela conduira à une stratégie robuste pour défendre leur vie et leur foi si le gouvernement n'agit pas rapidement pour mettre fin à la persécution », a déclaré le prêtre à Crux .

    Lire également : Le génocide djihadiste silencieux contre les chrétiens au Nigéria

  • Belgique : une timide reprise de la pratique dominicale mais...

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    De Luke Coppen et Brendan Hodge sur The Pillar :

    Belgique : la fréquentation des messes augmente de près de 4 % en un an

    Les évêques belges estiment qu'il est « trop tôt pour parler d'un véritable changement de tendance », mais que les communautés religieuses dynamiques dans les zones urbaines « exercent une attraction supplémentaire ».

    La fréquentation des messes en Belgique a augmenté de près de 4% entre 2023 et 2024, selon les chiffres publiés mardi.

    De nouvelles statistiques annuelles, généralement publiées en novembre mais compilées plus tôt que prévu cette année, indiquent que 173 335 personnes ont assisté à la messe un dimanche moyen en 2024, soit 3,6 % de plus qu'en 2023, lorsque la fréquentation moyenne était de 167 360.

    La conférence épiscopale belge a déclaré le 27 mai qu'« il est encore trop tôt pour parler d'un véritable changement de tendance, qui pourrait ou non se poursuivre ».

    « La croissance de la fréquentation semble être un phénomène concentré principalement dans les zones urbaines, où les communautés religieuses dynamiques exercent une attraction supplémentaire », a-t-il commenté.

    Un facteur possible de cette hausse est la visite du pape François en Belgique en septembre 2024 , qui a bénéficié d'une large couverture médiatique. La fréquentation annuelle des messes est estimée à partir du décompte du nombre de personnes assistant aux messes dans tout le pays le troisième dimanche d'octobre, qui a diminué peu après la visite papale. Cependant, la conférence épiscopale n'a pas cité le voyage du pape comme raison de la croissance de la fréquentation des messes.

    Un autre facteur pourrait être l’augmentation des baptêmes d’adultes.

    Le nombre d'adultes demandant le baptême en Belgique a presque doublé en une décennie, passant de 186 en 2014 à 362 en 2024. Le nombre de baptêmes d'adultes devrait augmenter à nouveau pour atteindre 536 cette année, soit une augmentation de près de 50 % par rapport à 2024.

    La Belgique est un pays de la taille de l'État américain du Maryland, bordé par les Pays-Bas, l'Allemagne, le Luxembourg et la France. Environ la moitié des quelque 12 millions d'habitants du pays sont catholiques.

    Malgré la tendance à la hausse en 2024, la fréquentation des messes en Belgique reste bien en deçà des niveaux d'avant la pandémie, lorsque plus de 200 000 personnes assistaient à la messe dominicale.

    D’autres statistiques publiées cette semaine seront moins encourageantes pour les dirigeants de l’Église belge.

    Les baptêmes d’enfants sont passés de 34 826 en 2023 à 29 769 en 2024, soit une baisse de près de 15 % sur un an.

    Cathobel.be, un site d'information pour les catholiques francophones de Belgique, a déclaré que « même si la tendance reste à la baisse, elle semble ralentir », notant que les baptêmes d'enfants ont diminué de 19,6 % entre 2022 et 2023.

    La Belgique affiche un taux de fécondité total de 1,4, bien inférieur au seuil de remplacement de 2,1. Cependant, la population globale augmente régulièrement en raison de l'immigration. Selon le Dicastère pour le service du développement humain intégral du Vatican, la majorité des migrants sont européens et comptent probablement un nombre important de catholiques.

    Les premières communions ont également diminué en Belgique, passant de 33.853 en 2023 à 30.523 en 2024, soit une baisse de près de 10 %.

    De même, les confirmations sont passées de 29 580 en 2023 à 27 458 en 2024, soit une baisse de 7 %.

    On a également constaté une baisse de 7 % des mariages catholiques, passant de 5 241 en 2023 à 4 896 en 2024.

    Cathobel.be a suggéré que le taux de déclin ralentissait, étant donné qu'il y a eu une baisse de 24 % des mariages catholiques de 2022 à 2023. Le chiffre de 2022 était particulièrement élevé en raison de la reprise des mariages après l'assouplissement des restrictions liées au COVID-19.

    Les funérailles catholiques ont poursuivi leur baisse constante, passant de 37 207 en 2023 à 35 515 en 2024, soit une baisse de près de 5 % en un an.

    Les statistiques publiées cette semaine n’incluent pas le nombre de demandes de « débaptisation » en 2024.

    Lorsqu'un catholique demande à être « débaptisé » en Belgique, la demande est notée en marge du registre des baptêmes de l'Église, mais l'inscription du baptême n'est pas supprimée.

    L'Église catholique enseigne que « le baptême scelle le chrétien de la marque spirituelle indélébile de son appartenance au Christ ». Bien qu'une personne puisse abandonner la pratique de la foi, voire y renoncer complètement, il est impossible d'inverser les effets du baptême.

    Un nombre record de 14.251 personnes ont demandé une « débaptisation » en Belgique en 2023, dernière année pour laquelle des chiffres sont disponibles.

    Alors que les militants ont fait appel à la Cour européenne de justice pour forcer l'Église à effacer leurs noms des registres de baptême, le Dicastère pour les textes législatifs du Vatican a publié une lettre plus tôt cette année réitérant qu'il n'est « pas permis de modifier ou de supprimer » des entrées dans les registres sacramentels parce qu'ils enregistrent des « faits historiques fondamentaux » qui doivent être documentés avec précision.

    Cette hausse reflète l’impact de la série documentaire « Godforsaken », qui a provoqué un tollé lors de sa diffusion en Belgique en septembre 2023. La série, qui mettait en lumière les abus et les dissimulations du clergé, a déclenché une enquête parlementaire.

    Les statistiques de cette semaine n'incluent pas non plus les chiffres de 2024 concernant les pèlerinages vers les quatre grands sanctuaires mariaux de Belgique : Banneux Beauraing Oostakker et Scherpenheuvel .

    Les quatre sites ont accueilli un nombre croissant de pèlerins depuis la pandémie. Banneux a accueilli 220 000 pèlerins en 2022 et 350 000 en 2023, tandis que Scherpenheuvel a vu son nombre passer de 600 000 en 2022 à 800 000 en 2023.

  • Pape Léon : dans l’attente des faits. Sur la Curie romaine, le synode et la guerre « juste »

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo (en français sur diakonos.be) :

    Pape Léon : dans l’attente des faits. Sur la Curie romaine, le synode et la guerre « juste »

    Dans les réunions de pré-conclave, on a beaucoup discuté pour savoir s’il fallait poursuivre ou non les processus entamés par le Pape François concernant le gouvernement de l’Église. Et tout le monde est dans l’attente de voir ce que décidera le nouveau pape.

    La Curie vaticane fait partie de ces chantiers de transformation restés inachevés. Et c’est là que le pape Léon (photo, sur la cathèdre de la basilique Saint-Jean-de-Latran)  a donné un premier signal de continuité en nommant, le 22 mai, une femme comme secrétaire du Dicastère pour les instituts de vie consacrée et les sociétés de vie apostolique, ce même dicastère à la tête duquel le Pape François avait installé une autre sœur comme préfète le 6 janvier dernier, Simona Brambilla, toutefois flanquée d’un cardinal-gardien, l’espagnol Ángel Fernández Artime, affublé du titre anormal de pro-préfet.

    La nomination de la part de Léon XIV d’une simple baptisée à une fonction-clé de la Curie romaine a été accueille par les médias comme un pas supplémentaire vers la modernisation du gouvernement de l’Église. Mais ce serait négliger totalement une question capitale connexe, déjà débattue au Concile Vatican II mais restée sans solution claire.

    C’est le cardinal Stella, un vénérable octogénaire, qui a mis le feu aux poudres aux réunions de pré-conclave, avec une intervention qui a fait grand bruit par la sévérité des critiques adressées au Pape François.

    Le cardinal Stella, un diplomate au long cours expert en droit canon, figurait parmi les préférés de Jorge Mario Bergoglio en début de pontificat avant qu’il ne le mette à l’écart en raison de l’incompatibilité évidente de leurs visions respectives.

    Or, le cardinal Stella a non seulement contesté l’absolutisme monarchique avec lequel François avait gouverné l’Église, en violant systématiquement les droits fondamentaux de la personne et en modifiant selon son beau plaisir et de manière désordonnée les normes du droit canon. Mais il lui a également reproché d’avoir voulu séparer les pouvoirs d’ordre, c’est-à-dire ceux qui découlent du sacrement de l’ordination épiscopale, des pouvoir de juridiction, c’est-à-dire ceux qui sont conférés par une autorité supérieure, en optant pour les seconds afin de pouvoir nommer également de simples baptisés, hommes et femmes, à la tête de fonctions-clés de la Curie vaticane et donc du gouvernement de l’Église universelle, sur simple mandat du pape.

    En réalité, cette façon de faire, bien loin d’être un signe de modernisation constituait, au jugement du cardinal Stella et de nombreux experts en droit canon, un retour en arrière à une pratique discutable typique du Moyen-Âge et des Temps modernes, où il était fréquent qu’un pape confère à des abbesses des pouvoirs de gouvernement pareils à ceux d’un évêque, ou confie la charge d’un diocèse à un cardinal qui n’avait été ordonné ni évêque ni prêtre.

    En remontant un peu plus loin dans le temps, ces formes de transmission du pouvoir déconnectées du sacrement de l’ordre étaient totalement inconnues au premier millénaire. Et c’est précisément à cette tradition des origines que le Concile Vatican II a voulu revenir, dans la constitution dogmatique sur l’Église « Lumen gentium », en reprenant conscience de la nature sacramentelle, avant d’être juridictionnelle, de l’épiscopat et des pouvoir qui y son liés, non seulement ceux de sanctifier et d’enseigner, mais également celui de gouverner.

    Lors du Concile, seuls 300 Pères sur environ 3000 ont voté contre cette réforme. Mais avec le remodelage de la Curie entrepris par le Pape François, ce sont les opposants de l’époque qui sortent aujourd’hui gagnants. Et ce n’est pas un hasard si cela leur a valu les critiques des théologiens les plus progressistes et « conciliaires », comme l’a fait récemment le cardinal Walter Kasper.

    Il n’est donc pas étonnant que les critiques du cardinal Stella aient suscité une vague de réaction chez les défenseurs du pape François, dont certains, sous couvert d’anonymat, n’ont pas hésité à crier à la « trahison ».

    Avec la nomination de sœur Merletti comme secrétaire du Dicastère pour les religieux, le Pape Léon, lui aussi très compétent en droit canon, a montré qu’il ne voulait pas se détacher, sur cette question controversée, de l’option adoptée par son prédécesseur.

    Étant entendu que Léon n’entend nullement répliquer l’absolutisme monarchique effréné avec lequel François a gouverné l’Église, comme il a d’ailleurs tenu à en faire la promesse dans l’homélie de la messe inaugurale de son pontificat : « sans jamais céder à la tentation d’être un meneur solitaire ou un chef placé au-dessus des autres, se faisant maître des personnes qui lui sont confiées ».

    *

    Une autre « terra incognita » où l’on attend le Pape Léon concerne précisément celui d’un gouvernement de l’Église non plus monarchique à outrance mais collégial, synodal, conciliaire.

    Là encore, le Pape François a agi de façon contradictoire, avec un torrent de paroles et un synode non-concluant et inachevé pour soutenir la « synodalité », mais dans les faits avec un exercice ultra-solitaire du pouvoir de gouvernement.

    En particulier, dans les réunions de pré-conclave, on avait exhorté de toutes parts le futur pape à restituer aux cardinaux le rôle de conseil collégial du successeur de Pierre qui est le leur et que le Pape François avait complètement supprimé en ne convoquant plus aucun consistoire à proprement parler à partir de celui de février 2014 qui lui avait déplu, sur la question controversée de la communion aux divorcés remariés.

    Mais c’est surtout sur l’avenir du synode des évêques que le pape Léon est attendu au tournant.

    Lors les réunions de pré-conclave, plusieurs critiques ont été soulevées concernant le processus de transformation du synode mis en œuvre par le Pape François. C’est surtout l’intervention argumentée – et publiée par lui en italien et en anglais — du cardinal chinois Joseph Zen Zekiun, 93 ans, selon lequel le changement de nature imprimé au synode des évêques « risque de se rapprocher de la pratique anglicane », et qu’il reviendrait donc au futur pape « de permettre à ce processus synodal de se poursuivre ou bien de décider d’y mettre un terme », parce qu’« il s’agit d’une question de vie ou de mort de l’Église fondée par Jésus ».

    Et l’équipe dirigeante du synode a déjà commencé à mettre la pression sur Léon XIV en réalisant, pendant les derniers jours de vie de François, un agenda détaillé de la poursuite du synode, étape par étape, jusqu’à octobre 2028 et à une « assemblée ecclésiale » conclusive sans plus de précision.

    Cet agenda a été publié le 15 mars avec une lettre adressée à tous les évêques, signée par le cardinal Mario Grech, le secrétaire général du synode, présentée comme « approuvée par le Pape François » qui, à cette période, était hospitalisé dans un état très grave à la Polyclinique Gemelli.

    Et quatre jours après l’élection de Robert F. Prevost, une seconde lettre, cette fois signée également par les deux sous-secrétaires du synode, sœur Nathalie Becquart et l’augustinien Luis Marín de San Martín, a été adressée au nouveau pape avec l’intention non dissimulée de l’inciter à poursuivre le chemin entrepris.

    Mais il n’est pas dit que le Pape Léon – qui a reçu en audience le cardinal Grech le 26 mars – sera lié par cet agenda prévu d’avance, avec l’aval de son prédécesseur, par le groupe dirigeant du synode inachevé sur la synodalité.

    Il est au contraire possible qu’il décide de conclure de synode dans des délais plus brefs, en optant pour une forme de synodalité plus conforme à celle que Paul VI avait établie au lendemain du Concile Vatican II et qui soit cohérente avec la structure hiérarchique de l’Église.

    Ceci afin de permettre de revenir à la dynamique naturelle des synodes, qui est celle d’aborder et de résoudre à chaque fois une question spécifique, choisie pour sa pertinence sur la vie de l’Église.

    Le 14 et le 15 mais, l’Université pontificale grégorienne a hébergé une importante conférence sur le thème : « Vers une théologie de l’espérance pour et par l’Ukraine », dans laquelle une demande de ce genre a été adressée à Léon XIV : celle de convoquer « un synode extraordinaire des évêques pour éclaircir les questions doctrinale ambiguës et ambivalentes de la guerre et de la paix ».

    C’est le cardinal Secrétaire d’État Pietro Parolin et l’archevêque majeur de l’Église grecque catholique d’Ukraine, Sviatoslav Chevchouk qui ont été chargé d’introduire la conférence. Mais c’est le principal conférencier, le professeur Myroslav Marynovych, qui préside l’Institut « Religion et société » de l’Université catholique ukrainienne de Lviv, qui a explicité la demande au pape Léon XIV d’organiser un synode qui fasse la clarté sur ce thème crucial.

    Depuis saint Augustin, la doctrine sociale de l’Église a toujours admis que l’on puisse mener une guerre « juste », à des conditions bien précises.

    Mais tout le monde se rend bien compte aujourd’hui que cette question est en proie à la confusion au nom d’un pacifisme généralisé et capitulard mais aussi à cause du Pape François et de ses invectives incessantes contre toutes les formes de guerre, qu’il rejetait en bloc et sans exception (malgré qu’il ait rarement admis du bout des lèvres le bien-fondé d’une guerre défensive).

    Le discours qu’il a adressé le 17 mai à la Fondation « Centesimus annus » a démontré que Léon XIV était très sensible à la nécessité d’une mise à jour constante de la doctrine sociale de l’Église : une doctrine sociale – a‑t-il déclaré – qui ne doit pas être imposée comme une vérité indiscutable mais élaborée avec un jugement critique et une recherche multidisciplinaire, en confrontant sereinement « des hypothèses, des opinions, avec des pas en avants et des insuccès », à travers lesquels on pourra parvenir à « une connaissance fiable, ordonnée et systématique, sur une question déterminée ».

    La guerre et la paix constituent une matière dramatiquement actuelle pour une confrontation de ce genre, dans l’Église d’aujourd’hui. Et qui sait si le Pape Léon n’y consacrera pas vraiment un synode.

    ———

    Sandro Magister est le vaticaniste émérite de l’hebdomadaire L’Espresso.
    Tous les articles de son blog Settimo Cielo sont disponibles sur diakonos.be en langue française.

    Ainsi que l’index complet de tous les articles français de www.chiesa, son blog précédent.

  • Le pape nomme le bras droit de l'archevêque Paglia à la présidence de l'Académie pontificale pour la vie

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    D'Edward Pentin sur le NCR :

    Le pape nomme le bras droit de l'archevêque Paglia à la présidence de l'Académie pontificale pour la vie

    La nomination du chancelier de longue date, Mgr Renzo Pegoraro, semble être un signe de continuité avec le président sortant, dont le mandat turbulent a suscité de vives critiques de la part des défenseurs du droit à la vie.

    CITÉ DU VATICAN — Le pape Léon XIV a nommé à la tête du groupe de réflexion sur la bioéthique du Vatican Mgr Renzo Pegoraro, adjoint de longue date de son président sortant, l'archevêque Vincenzo Paglia, signalant ainsi sa volonté de poursuivre la voie tracée sous le pape François.

    Jusqu'à sa nomination mardi, Mgr Pegoraro, 65 ans, était chancelier de l'Académie pontificale pour la vie depuis 2011, nommé par Benoît XVI. Il a conservé ce poste tout au long du mandat mouvementé de Mgr Paglia, marqué par la nomination de membres pro-avortement et des déclarations controversées concernant le suicide assisté et la contraception. 

    L'archevêque Paglia prend sa retraite après avoir fêté ses 80 ans.

    Le Dr Thomas Ward, fondateur de l'Association nationale des familles catholiques du Royaume-Uni, a exprimé son inquiétude quant à cette nomination, affirmant qu'il ne se souvenait pas que Mgr Pegoraro « se soit dissocié des positions et commentaires flagrants de l'archevêque Paglia ».

    Il a poursuivi : « Des millions de parents catholiques à travers le monde, dont les enfants sont menacés par les mensonges de la culture de mort, ont un besoin urgent d’entendre la défense sans équivoque de la vérité catholique sur la sexualité et la vie humaines. »

    Fondée par le pape Jean-Paul II et le professeur Jérôme Lejeune en 1994 pour promouvoir et défendre la vie humaine et la dignité de la personne, l'Académie pontificale pour la vie a toujours eu pour objectif de favoriser le dialogue et la recherche interdisciplinaires sur des questions bioéthiques complexes telles que l'avortement, l'euthanasie, la procréation et la thérapie génique. L'objectif était de garantir que ces sujets soient abordés à la lumière de la théologie morale catholique.

    En tant que chancelier, Mgr Pegoraro était le principal dirigeant de l'académie, organisme autonome au sein du Saint-Siège. Il en partageait la direction, collaborait étroitement avec le président et veillait au bon déroulement de ses activités. Il a d'abord servi sous la direction de l'évêque espagnol de l'Opus Dei, Ignacio Carrasco de Paula, qui a présidé l'académie de 2010 à 2016, puis sous celle de l'archevêque Paglia.

    Originaire de Padoue, en Italie, Renzo Pegoraro a obtenu son diplôme de médecine et de chirurgie à l'université de la ville en 1985 et a été ordonné prêtre en 1989. Il a ensuite obtenu une licence en théologie morale et un diplôme en bioéthique avancée. Il a enseigné la bioéthique et l'éthique des soins infirmiers, a été membre de centres de philosophie et d'éthique médicales et a présidé l'Association européenne des centres d'éthique médicale de 2010 à 2013.

    De 2016 à aujourd'hui, il a été le principal collaborateur de l'archevêque Paglia à une époque où l'académie pontificale était accusée de s'éloigner de la mission originelle de Jean-Paul II de défendre le caractère sacré de la vie et de s'adapter plutôt à des arguments éthiques hétérodoxes et laïcs, de modifier ses statuts et de saper sa crédibilité en tant qu'institution pro-vie.

    À au moins deux reprises, en tant que chancelier, Mgr Pegoraro a ajouté sa voix à cette dérive perçue par rapport à la mission de l'académie en soutenant publiquement des positions dissidentes qui avaient gagné la sympathie pendant le pontificat du pape François.

    En 2022, il a déclaré au Wall Street Journal qu'il pensait que la contraception pourrait être autorisée « en cas de conflit entre la nécessité d'éviter une grossesse pour des raisons médicales et la préservation de la vie sexuelle d'un couple ».

    L’Église a toujours interdit toute forme de contrôle artificiel des naissances (à l’exception des traitements médicalement nécessaires qui ne visent pas directement à provoquer l’infertilité), enseignant que la contraception viole le lien intrinsèque entre les aspects unitifs et procréatifs de l’acte conjugal.

    Dans un deuxième incident, également cette année-là, Mgr Pegoraro a semblé soutenir deux membres de l'académie qui étaient publiquement en faveur du suicide assisté comme tactique pour empêcher la légalisation de l'euthanasie volontaire en Italie.

    « Nous sommes dans un contexte particulier, avec un choix à faire entre deux options, dont aucune – le suicide assisté ou l’euthanasie – ne représente la position catholique », a déclaré Mgr Pegoraro au journal catholique français Le Croix .

    Mais affirmant qu'il croyait qu'une sorte de loi était une conclusion inévitable, il a déclaré que des deux possibilités, « le suicide assisté est celle qui restreint le plus les abus car il serait accompagné de quatre conditions strictes : la personne qui demande de l'aide doit être consciente et capable de l'exprimer librement, avoir une maladie irréversible, éprouver des souffrances insupportables et dépendre d'un traitement de maintien en vie comme un respirateur. »

    Le cardinal Willem Eijk, également médecin qualifié et membre de l'académie, a fermement rejeté une telle argumentation, affirmant qu'il n'y avait « aucune différence morale significative » entre le suicide médicalement assisté et l'euthanasie volontaire, « ni du côté du patient ni du côté du médecin », car les deux portent « la même responsabilité morale » dans la mise en œuvre de l'interruption de la vie.

    Le Register a demandé à Mgr Pegoraro s'il maintenait toujours de telles positions sur ces questions et pourquoi il ne s'était pas exprimé pendant les controverses du mandat de l'archevêque Paglia, mais il n'avait pas répondu au moment de la publication.

    Changements radicaux

    L'Académie pontificale pour la vie était généralement admirée par les groupes pro-vie du monde entier pour son inspiration et ses conseils pendant les pontificats de Jean-Paul II et de Benoît XVI jusqu'à ce qu'elle soit frappée par de multiples scandales, d'abord en 2009 pendant la brève présidence de l'archevêque Rino Fisichella et ce qui était connu sous le nom de « l' affaire Recife », impliquant une affaire d'avortement contestée en 2009 au Brésil, mais ensuite plus fréquemment lorsque l'archevêque Paglia et Mgr Pegoraro étaient à la barre.

    En novembre 2016, peu après sa prise de fonction à la présidence, l'archevêque Paglia a modifié les statuts de l'académie, ce qui a entraîné non seulement le licenciement soudain de 172 membres (certains étant susceptibles d'être renouvelés) et de nombreux membres affichant un engagement pro-vie irréprochable, mais aussi la suppression de l'obligation pour les membres de signer une déclaration s'engageant à défendre la vie conformément au magistère de l'Église. Les nouveaux membres pouvaient également appartenir à n'importe quelle religion, à condition de promouvoir et de défendre la vie « conformément au magistère de l'Église ».

    L'archevêque Paglia a déclaré que les décisions ont été prises « dans le contexte de la réorganisation générale de la Curie romaine par le Saint-Père » et qu'il a dû apporter des ajustements logistiques à l'académie pour coopérer étroitement avec les organismes de la Curie, en particulier le Dicastère pour les laïcs, la famille et la vie, alors nouvellement créé.

    Mais en 2017 et 2022, Paglia et Pegoraro ont nommé de nouveaux membres à l'académie, dont certains soutenaient publiquement l'avortement ou se déclaraient athées. Parmi eux, le Dr John Nkengasong, citoyen américain d'origine camerounaise, qui, lorsqu'il a été nommé à la tête du Plan d'urgence de lutte contre le sida (PEPFAR) du président Biden en 2021, a été félicité par le PDG de Planned Parenthood pour ses efforts en faveur du développement des services d'avortement.

    Une autre nomination de Paglia et Pegoraro était celle de Sheila Dinotshe Tlou, ancienne ministre de la Santé du Botswana, qui a siégé au comité de surveillance d'un groupe qui offrait « des fournitures pour l'avortement sans risque et les soins post-avortement ».

    Le Dr Ward, ancien membre de l'académie, a déclaré après les nominations de 2022 que la direction de l'académie poursuivait « l'application d'un changement de paradigme sur la moralité sexuelle au Vatican ».

    Judie Brown, également ancienne membre de l'Académie et actuelle présidente de l'American Life League, a qualifié ces nominations d'« outrageantes », « d'autant plus graves que l'Académie a été créée pour lutter contre l'avortement ». Les principes défendus par les premiers membres de l'Académie « constituaient autrefois le fondement sur lequel nous nous appuyions tous », a-t-elle déclaré, mais ils ont aujourd'hui « disparu de la circulation ».

    D'autres problèmes sont également survenus sous la direction de l'archevêque Paglia et de Mgr Pegoraro. En 2022, l'académie a publié un ouvrage intitulé « Éthique théologique de la vie », vivement critiqué par les experts en bioéthique pour avoir diffusé des informations théologiques et médicales « trompeuses et confuses », en contradiction avec les enseignements établis de l'Église sur la contraception et les techniques de procréation assistée.

    La même année, l'archevêque Paglia a suscité une nouvelle controverse en affirmant que la loi italienne sur l'avortement était un « pilier de la société », ce qui a conduit l'académie à publier un communiqué affirmant que ses propos avaient été « sortis de leur contexte ». L'archevêque italien s'est de nouveau retrouvé dans une situation délicate lorsqu'il a prononcé un discours en 2023, dans lequel il a semblé déclarer que la dépénalisation du suicide assisté était « le plus grand bien commun » possible dans le contexte politique actuel de l'Italie. L'académie a de nouveau dû clarifier ses propos, affirmant qu'il restait opposé à l'euthanasie.

    Pendant la crise de la COVID-19, l’archevêque Paglia a été de nouveau critiqué pour avoir ignoré les préoccupations éthiques concernant les vaccins et pour avoir promu avec zèle, malgré les préoccupations de sécurité, la vaccination des enfants même s’ils ne présentaient aucun symptôme et le fait que les risques que les enfants tombent gravement malades à cause de la maladie étaient « extrêmement faibles ».

    Pragmatisme politique

    Dans l’ensemble, l’archevêque Paglia a été critiqué pour avoir privilégié le pragmatisme politique au témoignage prophétique, ses détracteurs affirmant qu’il partait souvent de la situation politique et cherchait ensuite à y intégrer l’Évangile et la tradition catholique, plutôt que l’inverse.

    Dans une interview accordée au Register en 2020, l'archevêque Paglia s'est défendu en déclarant que sa vision de l'Académie était de traiter un « large éventail de questions qui affectent aujourd'hui la vie à son niveau le plus élémentaire » et de « libérer nos discussions des hypothèses simplistes ».

    Suite aux changements radicaux apportés à l’académie, certains de ses anciens membres ont formé en 2017 l’ Académie Jean-Paul II pour la vie humaine et la famille comme alternative à l’académie pontificale, dans le but de poursuivre le travail qu’elle semblait abandonner.

    Qualifiant d'« inspirée » la vision de saint Jean-Paul II pour l'Académie pontificale pour la vie, Christine de Marcellus Vollmer, ancienne membre et aujourd'hui présidente de l'organisation vénézuélienne pro-vie PROVIVE, a déclaré : « Nous prions pour que notre Saint-Père charge Mgr Pegoraro de restituer à l'Académie pontificale pour la vie son mandat initial, interrompu lors de sa fermeture et de sa réorganisation en 2016. » Elle espérait également que Mgr Pegoraro avait « approfondi ses recherches depuis ses années d'écart avec la prophétique Humanae Vitae et son approbation apparente du suicide assisté. »

    On ne sait pas dans quelle mesure Mgr Pegoraro poursuivra la lignée de l'archevêque Paglia, même s'il semble qu'il conservera de nombreux changements mis en place par son prédécesseur.

    Dans une déclaration du 27 mai, il a déclaré qu'il avait l'intention de « travailler en continuité avec les thèmes et la méthodologie des dernières années, en tirant le meilleur parti des compétences spécifiques de notre vaste groupe international et interreligieux d'universitaires qualifiés ».

    Il a ajouté qu'il souhaitait souligner en particulier les questions de « bioéthique globale », le dialogue avec diverses disciplines scientifiques, l'intelligence artificielle et la biotechnologie, et « la promotion du respect et de la dignité de la vie humaine à toutes ses étapes ».