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Actualité - Page 367

  • Le militantisme abortiste de l'OMS

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    La protection de l'enfant à naître ne mérite aucune considération aux yeux de ceux qui gouvernent la planète comme le montrent ces nouvelles recommandations de l'OMS. Mais comme disait Mère Térésa : «Si une mère assassine son propre enfant, comment peut-on demander aux autres de ne pas s’entretuer?» Lu sur le site de la RTBF :

    L'OMS appelle à lever les restrictions à l'avortement

    9 mars 2022

    L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a appelé mercredi à faciliter autant que possible l'accès des femmes à l'interruption volontaire de grossesse (IVG), estimant que les restrictions ne réduisent pas le nombre d'avortements mais en augmentent les risques.

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    "Nous recommandons que les femmes et les jeunes filles puissent accéder à l'avortement et aux services de planning familial quand elles en ont besoin", a déclaré Craig Lissner, un cadre de l'OMS, dans un communiqué.

    L'agence de l'Onu s'exprime alors qu'elle a révisé l'ensemble de ses recommandations sanitaires quant aux procédures d'avortement et à ce qui les entoure: conseils, suivi...

    Plaider pour de moindres restrictions à l'avortement

    Si ces recommandations sont larges et comprennent désormais, par exemple, une incitation à développer les téléconsultations d'orientation, elles sont surtout l'occasion pour l'OMS de plaider pour de moindres restrictions à l'avortement.

    De nombreux pays limitent drastiquement le droit à l'avortement, le réservant à des situations où la santé de la mère est en danger. Quelques-uns, comme le Salvador, l'interdisent même intégralement.

    Les craintes des défenseurs de l'accès à l'avortement se sont récemment concentrées sur les États-Unis où plusieurs États ont adopté des mesures restrictives et où la Cour suprême semble prête à revenir sur l'idée que l'IVG constitue un droit inattaquable.

    L'OMS recommande, elle, de "supprimer les restrictions inutiles sur le plan médical", citant "la criminalisation, des délais obligatoires d'attente, le fait d'imposer l'accord d'autres personnes - conjoints ou famille - ou d'institutions, et le fait d'interdire l'avortement au-delà d'un certain stade de la grossesse".

    Ce type de restrictions ne s'accompagne pas d'une baisse du nombre d'avortements, souligne l'OMS, qui cite une étude publiée en 2020 dans le Lancet Global Health.

    Au contraire, "les restrictions vont surtout pousser les femmes et les jeunes filles à recourir à des interventions risquées", prévient l'OMS.

    En recourant à des avortements illégaux, les femmes prennent donc des risques pour leur santé, alors que les IVG réalisées selon les règles sont extrêmement sûres, selon l'OMS.

    Les restrictions font donc courir des risques de "stigmatisation et de complications médicales", insiste l'agence.

  • Complotistes anti-vaccin hier, complotistes pro-Poutine aujourd'hui

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    D'Elisabeth Fleury sur Le Soleil Numérique :

    Pour la liberté, contre la «dictature sanitaire» mais... pro-Poutine

    Ceux qui fréquentent assidûment les réseaux sociaux l’auront vite remarqué : les complotistes anti-vaccins et anti-mesures sanitaires ont jeté au cours des derniers jours leur dévolu sur la guerre en Ukraine, tenant un discours résolument pro-Poutine. Un phénomène qui n’étonne pas le directeur du Centre d’expertise et de formation sur les intégrismes religieux, les idéologies politiques et la radicalisation (CEFIR), Martin Geoffroy.

    «Les complotistes en général, au départ, ils sont pro-Trump, et comme Trump est pro-Poutine, ils ne se posent pas la question. Ils n’ont pas fait un cours de géopolitique sur la Russie et l’Ukraine, ils sont pro-Poutine par association», résume en entrevue le coauteur du récent rapport Typologie des discours complotistes au Québec pendant la pandémie. 


    « De manière générale, les complotistes sont des extrémistes, des gens qui n’ont aucun respect pour la démocratie, qui sont prêts à appuyer un dictateur si ça rentre dans leur autofiction qu’ils se font faite de la société »
     Martin Geoffroy, directeur du Centre d’expertise et de formation sur les intégrismes religieux, les idéologies politiques et la radicalisation

    Le directeur du CEFIR cite l’exemple de la complotiste Mel Goyer, qui a partagé dimanche sur Twitter le «speech original» de Vladimir Poutine en mentionnant l’avoir «écouté au complet» et avoir trouvé qu’il faisait «énormément de sens» à ses yeux. «Ses propos semblent justes. Ça clash TELLEMENT avec ce que je peux lire à son sujet dans les médias et ailleurs!! Pourquoi?!» écrit Goyer.

    «Vous avez ici le fameux doute systématique qu’on retrouve toujours chez les complotistes», observe Martin Geoffroy, qui note également que «les complotistes diffusent en ce moment des photos de supposés néonazis ukrainiens avec des drapeaux ou des symboles néonazis».

    «Ils reproduisent ce que Poutine a dit, que le gouvernement ukrainien, c’est un gouvernement de nazis.[…] Les complotistes marchent dans la propagande de Poutine parce que c’est une propagande anti-démocratie occidentale, et les complotistes, de manière générale, sont anti-démocratie occidentale. Ils veulent, comme ceux qui manifestaient à Ottawa, que ces régimes antidémocratiques occidentaux s’écroulent au profit de régimes qui seraient contrôlés par des despotes à la Poutine, à la Donald Trump», dit M. Geoffroy, ajoutant que ces complotistes sont «fans au dernier degré de Donald Trump, de Poutine, ils aiment les hommes forts qui prennent des décisions».

    Pour ces gens, «qui vivent un peu isolés de la société démocratique, qui la détestent», la compétence d’un dirigeant importe peu, dit-il. «Ce qui compte, c’est la popularité, le pouvoir charismatique, versus le pouvoir rationnel légal qu’on a dans une démocratie. Poutine fait voler en éclats en ce moment toute la rationalité et toute la légalité des lois internationales au profit du charisme qu’il exerce», analyse Martin Geoffroy.  

    Paradoxal que des gens qui criaient récemment à la liberté à Ottawa et à Québec soutiennent maintenant Poutine? «C’est paradoxal pour quelqu’un qui est dans la rationalité, qui adhère à un système de pouvoir rationnel légal, mais pas pour un complotiste qui adhère à un système de pouvoir charismatique […]. On n’a aucune reconnaissance dans les milieux complotistes des mécanismes de la démocratie libérale», réitère le chercheur, qui rappelle qu’à Ottawa, «les complotistes manifestaient en disant que Justin Trudeau n’avait pas le mandat de faire des règles sanitaires même s’il avait été [réélu] avec ce mandat-là spécifiquement». 

    «On voit donc ici le manque de respect total pour la démocratie libérale, et on sait que ces milieux-là sont très noyautés par l’extrême-droite, qui n’a aucun respect pour la démocratie libérale, comme Poutine et Trump d’ailleurs», insiste Martin Geoffroy, qui rappelle que quand il était président, Trump était «plus à l’aise» avec Poutine et le leader nord-coréen.

    En somme, chaque complotiste, chaque groupe de complotistes se construit sa propre vision de la réalité et vit en quelque sorte «un trouble de l’opposition», dit le chercheur. 

    «Pour les complotistes, l’ensemble de la société dans laquelle ils vivent est corrompu, et ceux qui combattent ces sociétés-là, dans ce cas-ci Poutine, sont nécessairement de leur bord. Poutine dit : l’Occident n’est pas correct, l’Occident est corrompu, et ça rentre dans leur narratif […]. Pour eux, Poutine devient un allié, et un allié de taille, parce qu’il a, lui, les moyens de faire plier les démocraties occidentales, et lorsque ces démocraties répliquent avec des sanctions, bien c’est une fois de plus pour eux l’affirmation de leur tyrannie», observe le directeur du CEFIR.

    Ce qui dérange par ailleurs les leaders complotistes anti-vaccins, anti-mesures sanitaires et anti-identité numérique, c’est que l’attention est détournée d’eux depuis quelques jours, dit Martin Geoffroy, rappelant que «ce sont des gens qui ont un besoin profond d’attention, ce qu’ils ont eu beaucoup ces dernières semaines». 

    «Ils cherchent à attirer de nouveau l’attention sur eux. […] Ils doivent donc inventer un nouveau narratif, et quand on leur montre leurs contradictions, ils vont chercher d’autres choses, d’autres mensonges, pour pouvoir continuer leur histoire, comme ces photos de supposés néonazis ukrainiens, par exemple. Parce qu’au fond, ce n’est pas à vous ou à moi qu’ils parlent, c’est à leur public. Ces influenceurs-là, ce sont comme des gourous sectaires. Leur but, ce n’est pas seulement de faire des adeptes, mais de faire de l’argent aussi avec ça», souligne M. Geoffroy.

  • Un "reset" oecuménique s'impose

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    De George Weigel sur le Catholic World Report :

    Une réinitialisation œcuménique s'impose

    Depuis le début des années 1960, le Vatican s'est entiché de l'idée d'une entente bilatérale avec l'orthodoxie russe. Quelles que soient ses nobles intentions, cela a été une course de dupes.

    9 mars 2022 George Weigel The Dispatch 28Imprimer

    Au début des années 1990, j'ai rencontré Kirill, aujourd'hui patriarche de Moscou et de toute la Rus', alors que l'homme baptisé Vladimir Mikhailovich Gundyayev était le responsable œcuménique en chef de l'Église orthodoxe russe. L'occasion était un dîner organisé à la Bibliothèque du Congrès par le regretté James H. Billington, dont l'histoire de la culture russe, The Icon and the Axe, reste l'ouvrage classique sur le sujet.

    Le métropolite Kirill, comme on l'appelait à l'époque, m'a paru être un cosmopolite sophistiqué, qui n'était pas étranger aux choses les plus fines de la vie ; il n'avait rien de l'ascète ou du mystique dostoïevskien. Et s'il semblait moins être un homme d'église qu'un diplomate suave et mondain en costume ecclésiastique, on ne pouvait qu'être impressionné par le sang-froid avec lequel il jouait ce rôle. Une grande partie des discussions à table et des conversations qui ont suivi lors des repas postprandiaux ont porté sur la possibilité que la Russie devienne une démocratie fonctionnelle - une perspective pour laquelle, si ma mémoire est bonne, Kirill a fait preuve d'un scepticisme considérable, bien qu'urbain.

    Plus tard, en étudiant sa biographie, certains aspects de Kirill sont devenus plus évidents.

    En 1971, à l'âge de 25 ans, l'archimandrite Kirill a été envoyé par le patriarcat de Moscou en tant que représentant orthodoxe russe auprès du Conseil œcuménique des Églises à Genève. Dix ans plus tôt, le régime soviétique, qui menait alors une persécution draconienne ayant entraîné la fermeture de la moitié des églises orthodoxes du pays, avait "autorisé" l'Église orthodoxe russe à rejoindre le Conseil mondial. Les motivations du régime n'étaient toutefois guère œcuméniques. Les représentants orthodoxes russes au Conseil mondial étaient soigneusement sélectionnés par le KGB, les services secrets soviétiques ; leur tâche consistait à bloquer toute contestation des violations de la liberté religieuse par l'Union soviétique, tout en faisant du Conseil mondial un critique constant de l'Occident.

    Tout ceci est détaillé dans The Sword and the Shield : Les archives Mitrokhin et l'histoire secrète du KGB. Et à partir de cette ressource inestimable, il est impossible de ne pas conclure que Kirill était, à tout le moins, un atout du KGB ; il pourrait bien avoir été un agent du KGB comme un autre Vladimir, M. Poutine.

    La carrière ecclésiastique de Kirill a prospéré pendant les décennies Poutine et il serait devenu un homme riche - si ce n'est pas à l'échelle colossale de Poutine lui-même, au point qu'il a été photographié un jour, à son grand embarras, portant une montre Breguet de 30 000 dollars qu'il supposait cachée sous ses robes. (L'Église russe a lancé une fusillade de propagande suggérant que la photo avait été trafiquée, bien que ce qui semble avoir été une photo retouchée par la suite, déployée à la défense de Kirill, montrait maladroitement le reflet de la montre sur une table brillante).

    Quelle que soit sa situation financière, il est indiscutable que Kirill a été un fidèle serviteur de l'État russe depuis son élection comme patriarche en 2009. Et s'il a subi les foudres des cercles orthodoxes russes réactionnaires pour sa rencontre avec le pape François à La Havane en 2016, il devait savoir que, quelle que soit l'opposition interne à laquelle il était confronté de la part du clergé et des congrégations anti-roms, le Kremlin et son maître - sans le feu vert duquel la rencontre de La Havane n'aurait pas eu lieu - assuraient ses arrières.

    Il n'est donc pas surprenant que le patriarche Kirill ait tenté de couvrir l'agression brutale et non provoquée de Poutine contre l'Ukraine, qui, selon Kirill, fait depuis longtemps partie du Russkiy mir, le "monde russe". La guerre en Ukraine, a-t-il déclaré au quatrième jour de l'invasion russe de son voisin, a été causée par des "puissances extérieures obscures et hostiles", les "forces du mal" et "les attaques du malin".

    Le fait que Kirill agisse comme un instrument du pouvoir d'État russe n'a rien de nouveau. Il le fait depuis des décennies. Cependant, sa déclaration du 27 février a atteint un nouveau seuil, en invoquant délibérément l'imagerie chrétienne pour falsifier ce qui se passe en Ukraine. Le terme technique pour une telle utilisation délibérée et aberrante des choses de Dieu est le blasphème. L'agit-prop profane de Kirill a également porté atteinte à sa propre Église en Ukraine, dont le chef, le métropolite Onufry, a condamné l'invasion russe.

    Depuis le début des années 1960, le Vatican s'est entiché de l'idée d'une entente bilatérale avec l'orthodoxie russe. Quelles que soient ses nobles intentions, c'est une course de dupes et il est grand temps de procéder à une remise à zéro œcuménique. Si deux des organisations les plus vénales et les plus corrompues de la planète - le Comité international olympique et la FIFA, l'hégémonie du football mondial - peuvent rompre leurs relations avec la Russie en raison de son agression meurtrière, le Vatican peut certainement informer le patriarche Kirill que les contacts œcuméniques du Saint-Siège avec l'orthodoxie russe sont suspendus jusqu'à ce que Kirill condamne l'invasion de l'Ukraine, prouvant ainsi qu'il n'est pas une marionnette de Poutine.

  • Guerre en Ukraine: les appels des Églises de partout dans le monde

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    De Vatican News :

    Guerre en Ukraine: les appels des Églises à travers le monde

    [En direct] Le président russe Vladimir Poutine a annoncé, jeudi 24 février, une opération militaire en Ukraine pour défendre les séparatistes de l'est du pays. Retrouvez ci-dessous les dernières réactions des conférences épiscopales, institutions ou organismes liés aux Églises, mises à jour quotidiennement.

    9.03.2022

    Lettre ouverte du métropolite Jean de Doubna au Patriarche orthodoxe russe Cyrille

    Le métropolite Jean de Doubna (Archevéché des églises orthodoxes de tradition russe, en Europe occidentale) a fait parvenir, le 9 mars, une lettre ouverte au patriarche Cyrille de Moscou. «Notre unité même est menacée» par la situation qui s’est ainsi créée, a-t-il tenté d'alerter le chef de l'Eglise orthodoxe russe. Dénonçant une guerre «monstreuse» et «insensée», il a imploré Cyrille de participer à la fin de ce conflit, qui «il y a encore si peu de temps semblait impensable entre deux peuples et deux nations unies par des siècles d’histoire et leur foi commune en Christ». Il lui a expréssement demandé d'intercéder «auprès des autorités de la Fédération de Russie pour que cesse le conflit».

    «Rien jamais ne peut justifier que les "bons bergers" que nous devons être cessions d’être "des artisans de paix" et cela quelles que soient les circonstances», a-t-il conclu.

    Au séminaire orthodoxe russe en France, «nous prions pour que le pardon rétablisse la paix entre deux peuples frères»

    Dans un communiqué publié le 9 mars, le séminaire orthodoxe russe en France, l'unique établissement de formation des membres du clergé orthodoxe russe en Europe, s'exprime sur le conflit en Ukraine. «Le Séminaire (...) où Russes et Ukrainiens vivent en harmonie depuis plus d’une décennie, n’a d’autre camp dans cette guerre que celui de ses innocentes victimes», exprime-t-il. «Nous croyons que c’est la paix et non la guerre qui établit la justice. Et à l’inverse nous voyons dans toute déclaration de guerre un progrès de l’injustice», indique le séminaire.

    Le séminaire russe en France condamne ensuite toute forme d'impérialisme et d'idolatrie, mise en avant par l'invasion russe en Ukraine. «Nous croyons exclusivement en l’Église une, sainte, catholique et apostolique, et pour cela nous faisons profession de ne croire à aucun empire humain, comme de récuser toute forme d’impérialisme. Nous ne reconnaissons l’existence des nations que pour la paix et la sécurité qu’elles procurent aux hommes dont la véritable citoyenneté est à nos yeux céleste. Pour cette raison nous voyons en tout nationalisme une forme d’idolâtrie», écrit-il.

    Appel à la solidarité des évêques hongrois

    Dans une déclaration du 1er mars 2022, la Conférence épiscopale hongroise partage la douleur de ceux qui souffrent et exprime sa compassion. Elle éprouve une «peine accrue», d’autant plus que la guerre en Ukraine touche aussi «nos frères et sœurs hongrois vivant dans ce pays». Les évêques demandent à leurs fidèles de faire preuve de générosité afin d'aider tous les réfugiés «en leur donnant tout ce qu'ils veulent», notamment par le biais de dons à Caritas Hongrie. Enfin, ils font leur l’appel du Pape à prier et jeûner demain pour la paix, et invite les prêtres hongrois à relayer l’initiative dans «chaque église» du pays.

    L'Église slovaque aux côtés des réfugiés ukrainiens

    La Slovaquie prie ardemment pour l'Ukraine et accueille les nombreux réfugiés qui arrivent. La Caritas locale organise une aide aux postes frontières depuis jeudi 24 février. De jour comme de nuit, des prêtres et séminaristes de l'Église catholique latine et byzantine, ainsi que des bénévoles laïcs, dont des scouts catholiques, prêtent main forte. De nombreux croyants et non-croyants veulent eux aussi aider.  

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  • Les républiques baltes dans le viseur de Vladimir Poutine ?

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    De Roberto de Mattei sur Corrispondenza Romana :

    Les racines de l'Europe chrétienne et la menace qui pèse sur les États baltes

    9 mars 2022

    Y a-t-il une opération dans le projet de Vladimir Poutine de séparer les trois républiques baltes (Lituanie, Lettonie et Estonie) de l'Union européenne ? Cela pourrait se produire si la Russie occupait le corridor de Suwalki, une bande de terre de 90 km reliant la Pologne à la Lituanie et séparant le Belarus de Kaliningrad, où est basée la flotte russe de la Baltique. Si le conflit ukrainien s'étend et que la Russie parvient à relier le Belarus à l'enclave de Kaliningrad, les États baltes seront isolés de toute aide éventuelle des forces terrestres de l'OTAN. Il ne s'agirait pas seulement d'un isolement militaire, mais d'une tentative de déseuropéanisation de ces peuples, pour lesquels les frontières politiques de l'Union européenne sont, comme celles de l'OTAN, une barrière défensive contre la Russie, leur ennemi séculaire. 

    La Lettonie et l'Estonie se reflètent dans le grand gouffre de Riga. La langue des Lettons, comme celle des Lituaniens, est indo-européenne, tandis que celle des Estoniens appartient à la souche finno-ougrienne. Cependant, au-delà des différences ethniques et linguistiques, le lien historique entre ces deux pays est plus étroit que celui qui les unit à la Lituanie. Ce dernier était un grand État, tandis que la Lettonie et l'Estonie, tout en conservant leur propre caractère national, étaient soumises à des puissances étrangères jusqu'au XXe siècle. Tallinn et Riga, les deux capitales, appartenaient à la Ligue hanséatique, l'alliance de villes qui, entre la fin du Moyen Âge et le début de l'ère moderne, a conservé le monopole du commerce sur une grande partie de l'Europe du Nord. Dans les vieilles villes de Riga et de Tallinn, on respire l'atmosphère médiévale typique des villes allemandes d'autrefois. C'est ainsi que nous imaginons que Lübeck et Gdansk étaient avant d'être détruites par la guerre. 

    Au Moyen Âge, la Lettonie et l'Estonie faisaient partie de la "Livonie", un territoire s'étendant de la basse vallée de la Daugava, ou Dvina occidentale, au golfe de Riga. Ce sont les "croisades baltes", organisées au début du 13e siècle, qui ont fait entrer ces peuples dans l'histoire de l'Occident. Les Allemands, qui avaient été conquis par la force par Charlemagne, ont à leur tour subjugué les peuples baltes et slaves par la force des armes. Riga a été fondée en 1201 par Albert de Buxtehudem, qui en a fait le siège de l'ordre religieux et chevaleresque des Chevaliers porteurs d'épée, plus tard incorporé à l'Ordre Teutonique. Tallinn a été fondée par le roi danois Valdemar II et l'archevêque Anders Sunesen de Lund en 1219. Elle aussi était fortifiée par de puissants murs et tours de guet et a accueilli les croisés de la Baltique.  Le premier évêque de Livonie fut le moine allemand St Meinhard (1134-1196), dont le culte a été restauré par Jean-Paul II lors de sa visite dans la région en 1993.  

    Les villes hanséatiques faisaient partie du Saint Empire romain germanique et avaient pour "protecteur" l'Ordre teutonique. À partir de 1466, elle avait son siège dans la ville de Koenigsberg, rebaptisée Kaliningrad en 1946. La vague protestante qui s'est répandue à partir de l'Allemagne au XVIe siècle a rapidement balayé les États baltes. Gotthard Kettler, le chef de l'ordre livonien, qui a succédé à l'ordre teutonique, se convertit au luthéranisme et devient duc de Courlande. Au cours des siècles suivants, la Pologne, le Danemark et la Suède se sont battus pour le Dominium Maris Baltici, qui est toutefois tombé sous l'influence de la Russie. Les héritiers des chevaliers teutoniques, les "barons baltes", propriétaires d'une grande partie des territoires, constituent une sorte d'"enclave" allemande dans l'immense Empire russe. Les forteresses baltes, disséminées parmi les forêts et les lacs aux couleurs sombres et chatoyantes, gardaient autrefois les frontières de la chrétienté.

    La Première Guerre mondiale éclate et le traité de Brest-Litovsk, signé entre la Russie et les Empires centraux le 3 mars 1918, amorce le processus de libération des États baltes. Avant que leur indépendance ne soit officiellement reconnue par le traité de Versailles, les Russes de l'Armée rouge et ceux de l'Armée blanche, les nationalistes lettons et estoniens et les milices recrutées par les barons baltes s'affrontent violemment dans ces régions. 

    Alors que le traité de Brest-Litovsk de 1917 sanctionnait l'indépendance des États baltes, le pacte Molotov-Ribbentropp du 23 août 1939 les a effacés de l'histoire. L'Estonie, la Lettonie et la Lituanie sont occupées par les Soviétiques et deviennent le théâtre de combats entre la Wehrmacht et l'Armée rouge. Staline ordonne la déportation en Sibérie des politiciens, des fonctionnaires, des prêtres, mais aussi de toute personne possédant une simple propriété. Parmi eux, l'archevêque jésuite Eduard Profittlich (1890-1942), nommé par Pie XI en 1931 administrateur apostolique de l'Estonie, le premier évêque catholique à travailler en Estonie depuis l'époque médiévale. Il est condamné à être fusillé et meurt le 22 février 1942 dans le goulag de Kirov, avant que sa peine ne soit exécutée. Son processus de béatification a été introduit.

    Les premières organisations de résistance à l'envahisseur voient le jour. Les partisans lettons et estoniens, qui ont pris le nom de Frères de la forêt, et l'Armée de la liberté lituanienne ont été les protagonistes, après 1945, d'une résistance armée épique à l'envahisseur soviétique. Contre les guérillas anticommunistes, les Soviétiques ont déployé des unités entières de l'Armée rouge, de la milice et de la police secrète du NKVD. La résistance s'est poursuivie après la fin de la guerre. Les Américains ont essayé dans les premières années de soutenir la lutte armée en parachutant de l'aide et des volontaires, mais l'infiltration soviétique au sein de la CIA a rapidement conduit à la liquidation de leur soutien. La répression sanglante du soulèvement hongrois en 1956 marque la fin des derniers espoirs d'aide occidentale. Des milliers de partisans sont morts dans ce qui fut la plus longue histoire de guérilla dans les pays baltes, mise en lumière surtout par les historiens Heinrihs Strods en Lettonie (Latvian National Partisan War 1944-1956, Latvijas, Riga 2003) et Mart Laar en Estonie (War in the Woods : Estonia's Struggle for Survival, 1944-1956, Whalesback Books, Washington D. C. 1992). C. 1992) et rappelé en Italie par Alberto Rosselli (La resistenza antisovietica e anticomunista in Europa orientale, 1944-1956, Settimo Sigillo, Roma 2004). 

    En décembre 1990, les associations Tradition, Famille et Propriété, dirigées par Plinio Corrêa de Oliveira (1908-1995) avaient apporté 5 212 580 signatures à Vilnius, menacée par Gorbatchev, pour défendre l'indépendance et la liberté de la Lituanie. Le 2 janvier 1991, le chef du Kremlin ordonne à ses chars d'envahir la Lituanie. Le gouvernement s'est retranché dans le Parlement, protégé par des masses de jeunes gens, chapelets à la main, chantant des hymnes à la Vierge. Neuf d'entre eux sont morts héroïquement, mais le président russe a été contraint de battre en retraite. L'exemple s'est répandu comme une traînée de poudre et les républiques soviétiques, à commencer par les républiques baltes, se sont détachées de Moscou, marquant le début de l'effondrement définitif de l'URSS.

    Depuis avril 2004, l'espace aérien balte est sous le contrôle des avions de l'OTAN, à la demande des peuples sur lesquels pèse une mémoire historique tragique. Lors de sa rencontre à Riga avec les dirigeants des trois républiques baltes le 9 mai 2005, le président américain George W. Bush a déclaré que l'occupation soviétique de l'Europe de l'Est après la Seconde Guerre mondiale resterait dans les mémoires comme "l'une des plus grandes injustices de l'histoire", ajoutant que les États-Unis en étaient aussi largement responsables. En effet, la conférence de Yalta de 1945, selon le président américain, s'inscrit dans le sillage de la tradition injuste des accords de Munich et du pacte Molotov-Ribbentrop.

    Aujourd'hui, le peuple ukrainien, mais aussi les habitants des républiques baltes menacées par Vladimir Poutine, regardent avec appréhension l'évolution dramatique de la guerre qui s'est ouverte au cœur de l'Europe. Dans la musique d'une beauté désolante de l'Estonien Arvo Pärt, l'un des plus grands compositeurs contemporains, le cri d'amour de ces terres pour les anciennes racines de l'Occident chrétien semble sortir des profondeurs du Moyen Âge et trouver de nouvelles formes d'expression.

  • Le projet géopolitique de Vladimir Poutine

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    De Luca Della Torre sur Corrispondenza Romana

    Le projet géopolitique de Vladimir Poutine

    9 mars 2022

    Les spécialistes de la géopolitique et les analystes du droit international et des relations internationales s'accordent à dire qu'il n'est pas possible de comprendre la guerre déclenchée par l'invasion de l'Ukraine sans utiliser les critères d'interprétation de l'appareil intellectuel russe sur lequel l'autocrate de Moscou, Vladimir Poutine, a construit son récit personnel de l'Histoire.

    En fait, l'objectif de la politique étrangère russe aujourd'hui n'est pas tant et seulement l'occupation de l'Ukraine, que celui de ramener la Russie au centre du nouvel ordre mondial, avec un rôle de premier plan dans la sphère euro-asiatique, en dépoussiérant l'arme militaire comme seul instrument de confrontation avec les États souverains.

    Dans la vision géopolitique de Poutine et de l'intelligentsia qui le soutient, il s'agit de recréer un nouvel ordre, ou plutôt un désordre mondial, dont la Russie, dans le sillage de l'Empire tsariste d'abord, et de l'Union soviétique communiste ensuite, est l'un des pivots politiques. Dans ce contexte, dominé par la "Macht-politik" ou politique de terreur militaire, l'Europe ne serait qu'un appendice, un pion dans la vision messianique de la suprématie de Moscou dans la domination du continent eurasien.

    Le protagoniste du chaos mondial est Vladimir Poutine, mais en réalité, il ne fait que concrétiser sur le terrain de la guerre une théorie géopolitique aux racines lointaines, qui va au-delà des alignements idéologiques du XXe siècle entre l'Occident libre et le communisme soviétique, et qui s'appuie sur la conception messianique de la primauté russe sur l'Occident et de la Russie comme "troisième Rome" orthodoxe et eurasienne.

    Le document sur la nouvelle doctrine militaire pour la sécurité stratégique signé en 2010 par le président russe de l'époque, Dmitri Medvedev, bras droit de Poutine, exprime bien l'ambition de la Russie de redevenir une superpuissance mondiale. Les piliers de cette doctrine sont : un antagonisme décisif envers l'Occident, la revendication de sa propre sphère d'influence politique et militaire sur les pays voisins de Moscou, et un accent renouvelé sur sa volonté d'utiliser des armes nucléaires. Plus qu'un document technique, en fait, la nouvelle doctrine militaire russe est un véritable manifeste politique, visant à définir les futures priorités géopolitiques du pays dans l'ordre mondial par la négation d'un système de relations internationales concertées entre États souverains, mais avec l'exaltation de la primauté de la mission géopolitique russe dans la présumée Eurasie.

    Autour de ce principe de relativisme stratégique qui exalte le conflit armé comme arme stratégique de la géopolitique, Poutine a déclenché son offensive globale contre la démocratie représentative, contre les droits civils et politiques de la liberté, contre les valeurs et les traditions nationales souveraines de l'Europe, contre les États-Unis, contre l'OTAN qui, ne l'oublions pas, a été pendant soixante-dix ans le seul parapluie salvateur de l'Europe contre l'expansionnisme totalitaire communiste russe. Qui sont les intellectuels, les penseurs et les politologues dont Poutine s'inspire dans cette épreuve de force extrêmement dangereuse avec l'Occident ?

    La première référence est le philosophe Lev Gumilëv (1912-1992), fils de la poétesse Anna Achmatova, l'un des principaux théoriciens de la vision eurasienne de l'histoire et partisan de l'idée que la Russie ne doit pas céder aux tendances pro-slaves, mais plutôt exalter le lien historique et culturel avec les Mongols qui ont envahi et refondé Moscou selon une conception impériale eurasienne protégée par la primauté catholique culturelle et religieuse de l'Europe. Gumilëv a affirmé que le destin de la Russie moderne est de transformer l'Europe en Mongolie, car c'est la culture mongole qui a tempéré le caractère russe.

    Mais surtout, le professeur Sergey Karaganov, président honoraire du Conseil de politique étrangère et de défense, principal think tank du Kremlin, fondé par Vitaly Shlykov (1934-2011), l'un des espions les plus efficaces au service du Kremlin, connu pour ses exceptionnelles capacités de prospective stratégique, mérite l'attention pour son autorité dans le débat au sein de la communauté scientifique internationale et pour sa proximité avec Poutine. Après la mort de Shlykov, Karaganov est probablement la véritable éminence grise de la pensée géopolitique de Poutine. L'analyse de l'universitaire moscovite, publiée dans le journal Russia in Global Affairs et reprise ensuite par Russia Today, parle d'une nouvelle phase de "destruction constructive" dans la politique étrangère de Moscou et décrit ce qu'est la "doctrine Poutine".

    Karaganov affirme que le cadre des relations internationales tel qu'il s'est développé depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale n'a plus de raison d'être ; que l'Occident n'a plus de raison de se targuer d'une prétendue primauté politique, culturelle et éthique dans l'élaboration du cadre des principes juridiques et politiques de la liberté et de l'État de droit qui sont à la base des accords de l'ONU ; que la priorité de toute grande puissance, la Russie in primis, est de garantir la sécurité et la prospérité dans une sphère d'influence sur les États voisins, ignorant ainsi la primauté de la souveraineté des États eux-mêmes. À cet égard, en particulier, Karaganov affirme que l'effondrement regrettable de l'Union soviétique a laissé des peuples entiers sans sentiment de nationalité incapables de s'affirmer en tant qu'États souverains parce que les élites politiques de ces peuples manquent des éléments historiques des valeurs qui devraient les caractériser.

    D'où la mission de la Russie d'établir une union eurasienne, capable de diriger et de coordonner le bien commun de ces peuples sous sa direction autoritaire, en partenariat avec la solide alliance de la Russie avec la Chine. Selon Karaganov, la Russie peut s'appuyer sur ses capacités militaires pour parvenir à ce que les experts occidentaux appellent la "domination par escalade" en Europe et dans d'autres zones d'intérêt vital. "Nous savons aussi que l'article 5 de l'OTAN est absolument inutile - il suffit de le lire - malgré l'avalanche d'assurances. Et en aucun cas, les États-Unis ne se battraient en Europe contre une puissance nucléaire et ne risqueraient une puissance dévastatrice. J'ai étudié l'histoire et le développement de la stratégie nucléaire américaine. De plus, la Russie bénéficie du soutien de la Chine, ce qui renforce considérablement les capacités militaires des deux pays. La Russie a détruit toutes les coalitions européennes qui ont tenté de la vaincre - les dernières menées par Napoléon et Hitler" (https://formiche.net/2022/02/ucraina-russia-karaganov/).

    On peut comprendre à partir de ces déclarations comment les déclarations de Poutine sur la prétendue inexistence d'un peuple ukrainien, et sur la prétendue incapacité de l'Ukraine à exister en tant qu'État souverain, peuvent être appliquées, dans la logique de la primauté eurasienne russe, à de nombreux autres États qui ont souffert du talon communiste pendant plus de soixante-dix ans : Ce n'est pas un hasard si Karaganov va imprudemment jusqu'à mentionner les pays baltes, qui ont plutôt de solides racines historiques et culturelles en Finlande, en Allemagne ou en Pologne, ou plutôt les pays du Caucase fidèles à la primauté religieuse de l'Église catholique de Rome. Face à ce scénario d'agressivité culturelle, plus encore que militaire, l'Europe n'a guère d'options : se préparer à défendre non seulement ses propres intérêts géopolitiques, mais aussi sa survie même.

  • Quelle honte y aurait-il à s’inspirer de l’enseignement social de l’Eglise?

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    De sur cathobel :

    Edito – Qui a peur de Laudato si’ ?

    Dans quelques jours aura lieu le lancement d’un nouveau mouvement politique. Héritier du centre démocrate Humaniste, il sera le fruit d’un large mouvement de consultation opéré sous le nom de « Il fera beau demain ».

    Certains attendent l’événement avec pessimisme. Ils ne croient plus en l’avenir de ce parti devenu très fragile. Ils n’ont jamais compris ce que pouvait politiquement être le « centre ». Ils ne voient pas bien quel miracle permettrait de mettre un terme à une traversée du désert qui semble partie pour ne pas finir.

    Beaucoup n’attendent plus l’événement. Ils ne savent plus trop si le cdH existe encore, et ils s’en moquent. Ils ne comprennent pas bien ce qu’est « il fera beau demain » – et ils estiment que ce n’est pas vrai. Et puis, en cette période de crise internationale, ils peinent à s’intéresser aux vicissitudes du poto-poto particratique de notre tout petit pays.

    En tant que chrétiens, il est difficile de ne pas se rappeler que l’enfant à naître est le (très) lointain héritier du Parti catholique, (plus ou moins) fondé en 1884. Avec nostalgie? Certainement pas! L’heure n’est plus aux partis confessionnels et c’est tant mieux. Au fil des dernières décennies, des catholiques se sont présentés sur bien des listes, et les catholiques ont voté pour bien des partis. La religion n’impose pas forcément une couleur. Il est même assez réjouissant de voir des chrétiens s’engager au service du bien commun au sein de différentes formations politiques.

    La religion ne doit donc plus marquer l’identité d’un parti. Mais pourquoi ne pourrait-elle pas encore, parmi d’autres sources, en inspirer l’action? Certains politiques n’hésitent guère à se référer à Marx, Piketty ou Martin Luther King! Quelle gêne, quelle honte, y aurait-il à s’inspirer de l’enseignement social de l’Eglise? A citer Laudato si’?

    Le cdH ne pourrait-il réaliser ce que l’enseignement catholique semble avoir fait avec succès? Non pas supprimer ses racines, mais les faire entrer en dialogue avec l’air du temps. S’offrant ainsi tout à la fois une identité, une boussole et un cap.

  • La guerre qui ne dit pas son nom

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    Rigaud 9780691194080.jpgRDC : pourquoi cela ne fonctionne pas ? « Depuis (bien) plus de vingt ans, la République démocratique du Congo est plongée dans un conflit sans fin malgré la plus grande mission de l’ONU au monde et les milliards injectés par des bailleurs internationaux. Dans son dernier livre « The War That Doesn’t Say Its Name : The Unending Conflict in the Congo » (*), Jason Stearns analyse pourquoi la violence au Congo a continué malgré des décennies d’intervention internationale, et il esquisse des solutions ». L’auteur est interviewé ici par Christophe Rigaud, responsable du site web Afrikarabia :

    "Afrikarabia : Jason Stearns, vous êtes actuellement le directeur du Groupe d’étude sur le Congo (GEC), après avoir travaillé pour les Nations-Unies en RDC, au sein de la Monuc. En quoi le conflit au Congo est une « guerre qui ne dit pas son nom » ?

    Jason Stearns : Je ne suis pas le premier à soulever ce paradoxe. Les Congolais aussi parlent de « ni guerre, ni paix ». Le Congo a connu deux grandes guerres. Celle de l’AFDL (de Laurent Désiré Kabila) de 1996 à 1997, et celle du RCD, appelée aussi « deuxième guerre du Congo », qui a duré de 1998 à 2003. Il y a eu des accords de paix, et après 2003, le Congo a basculé officiellement en « pays post-conflit » selon la dénomination des Nations-Unies. Officiellement, on s’est accordé sur le fait que le Congo était en paix, mais sur le terrain, c’était tout autre chose. Le conflit s’est transformé, mais n’a pas disparu. Il est devenu plus amorphe et fragmenté. Il y avait, par exemple, une douzaine de groupes armés en 2006, alors qu’aujourd’hui, il y en a environ 120. La guerre est devenue périphérique et ne menace plus les grands centres urbains, mais elle est encore lourde de conséquences pour les populations civiles, puisque l’on compte 5,5 millions de déplacés en 2021. C’est un chiffre qui n’a jamais été aussi élevé dans l’histoire congolaise, même au plus fort de la guerre. La violence a changé de visage, mais n’a pas diminué, c’est pour cela que l’on se trouve dans une situation de « guerre qui ne dit pas son nom »

    Afrikarabia : C’est en effet conflit qui a changé plusieurs fois de physionomie et de belligérants. Pourtant, tout avait relativement bien commencé avec la signature de l’Accord global inclusif de 2002, qui a officiellement mis fin à la guerre. Qu’est-ce qui n’a pas fonctionné ? Est-ce qu’il y a eu des rendez-vous manqués ?

    Jason Stearns : Au début de la transition, après 2003, on avait l’impression que le Congo allait dans la bonne direction. On l’oublie quelques fois, mais le début de la transition a vu la démobilisation de 130.000 soldats, on a vu la création de nouvelles institutions démocratiques, la Troisième République venait de naître. La tendance était très positive. A cette époque-là, je travaillais pour la Monuc (la Mission de l’Organisation des Nations unies en République démocratique du Congo), et on voyait comment la situation s’améliorait pour les Congolais. Mais tout a basculé en 2007 avec l’arrivée de la nouvelle rébellion de Laurent Nkunda. Pour comprendre ce basculement, il faut revenir à l’Accord global inclusif de 2002 qui contenait déjà les germes d’un nouveau conflit. Trois grands belligérants avaient signé cet accord : le RCD, le MLC et le gouvernement. Mais le RCD, qui contrôlait à l’époque 1/3 du territoire national, estimait que l’accord ne lui était pas favorable, et qu’il allait perdre aux élections. Or, pour réussir une transition, il faut que tous les signataires aient l’impression que l’accord leur est favorable. Le RCD, avec son soutien, le Rwanda, a donc décidé de créer une rébellion : le CNDP. Tout part de là.

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  • Ukraine : malgré la guerre, le business de la GPA continue

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    De Gènéthique magazine :

    Ukraine : sous les bombes, le scandale de la GPA

    7 mars 2022

    Alors que le conflit en Ukraine fait largement la une de tous les média internationaux, des Français qui ont pu fuir témoignent. Parmi eux, certains s’étaient rendus dans le pays pour « récupérer » un enfant né d’une mère porteuse ukrainienne [1]. Des personnes présentées comme ayant « bravé la guerre », et auxquelles il faudrait maintenant porter secours. En réalité, des commanditaires ayant eu recours à une pratique interdite en droit français, qui tentent parfois de se dédouaner en proposant à la mère porteuse de les accompagner en France. Une proposition qui peut se muer en pression quand l’enfant n’est pas encore né.

    « Rapatrier les mères porteuses » ?

    Avant que le conflit n’éclate, une mère porteuse avait contacté un avocat pour vérifier que les commanditaires ne pourraient pas la contraindre à quitter son pays, sa famille [2]. Le contrat qu’elle a signé allait-il jusque-là ? Car malgré le conflit, elles sont peu nombreuses à vouloir quitter leur pays, indiquent les avocats de commanditaires irlandais [3].

    Et cette « solution » est parfois vite abandonnée par les commanditaires eux-mêmes : « Si elle accouche en France, nous n’avons aucun droit sur l’enfant. Ma mère porteuse est à terme et c’est dangereux », explique Youna [4].

    Samedi 5 mars, La Manif pour Tous a dénoncé  lors d’un happening que des femmes ukrainiennes soient « coincées à Kiev et à Kharkiv par des ‘GPA commandées’ ». « Ces femmes sont séparées de leur famille, maintenues de force dans les hôpitaux en attendant d’accoucher, sans la possibilité de fuir », dénonce la présidente du mouvement, Ludovine de la Rochère [5]

    Le business continue

    Mais les guerres sont une occasion de s’enrichir. Et la société BioTexCom, le leader de la GPA en Ukraine qui n’en est plus à une provocation près (cf. Black Friday : des promos aussi sur la GPA !), ne se gêne pas. « Make babies not war », a-t-elle twitté le 23 février. Une « communication insupportable » dénoncée dans un tweet par la journaliste Céline Revel-Dumas, auteur de GPA Le Grand Bluff.

    Inna Yefimovych, du département marketing de BioTexCom, explique que « beaucoup de clients dont le contrat est en cours affirment vouloir poursuivre les programmes de fécondation in vitro coûte que coûte » [6]. « Mi-février, la clinique prévoyait que vingt femmes soient inséminées par semaine. Dans les trois mois à venir, environ 200 bébés devraient voir le jour », uniquement par le biais de cette entreprise.

    De son côté la clinique Feskov « assure ses clients de la continuité de ses “programmes” dont l’un prévoit de “garantir légalement à 100 % la naissance d’un enfant en bonne santé” grâce au tri d’embryons ». Vu le contexte, « le choix du sexe est offert par la maison », dénonce Céline Revel-Dumas [7].

    Birol Aydin, embryologiste et directeur du laboratoire IVMED, témoigne avoir transporté 17 réservoirs contenant 12 000 embryons et ovocytes hors d’Ukraine [8]. La « matière première » est précieuse.

    Des clients inquiets

    Car les clients sont préoccupés. « La clinique Surrogacy CMC n’a pas encore communiqué sur la conservation du matériel génétique, le déroulement des transferts, le fonctionnement des ambassades et de l’administration pour les actes de naissance », se révolte Théo sur un groupe Facebook dédié à la GPA [9]. Quand Hugo lui se désole : « Ce matin, nous avons appris par notre mère porteuse qu’elle avait fait une fausse couche… Certainement pour donner suite au stress… Nous sommes anéantis… Nous espérons que pour ceux qui sont en plein programme, cela se passe mieux pour vous ». De la santé de la mère porteuse, il ne sera pas question.

    Avec ce conflit, « contre toute attente, la gestation pour autrui a révélé son véritable visage », souligne Céline Revel-Dumas : « celui d’un opportunisme commercial insensé satisfait par un égoïsme aveugle » [10].

    « La mécanique sous-jacente de la GPA, d’un cynisme implacable, apparaît désormais en pleine lumière, pointe la journaliste : elle révèle un marché sans foi ni loi, des femmes esclavagisées puis jetées, des couples nantis obsédés par leurs propres intérêts et des médias qui se saisissent d’une actualité tragique pour vendre leur programme politique, renonçant à toute déontologie. » « Il n’y a plus qu’à espérer, aussi, une paix des ventres. »

     

    [1] France Info, Guerre en Ukraine : les derniers Français quittent Kiev (05/03/2022)

    [2] The Times, Louise Callaghan, Surrogate mothers fear pressure to flee Ukraine (20/02/2022)

    [3] The Times, Julieanne Corr, Surrogate mothers choosing to stay in Ukraine (07/03/2022)

    [4] Marianne, Violaine des Courières, GPA : l’Ukraine croule sous les bombes, ces clients français s’inquiètent… pour leur contrat (01/03/2022), le prénom a été changé

    [5] Valeurs actuelles, “Exploitée, opprimée, invisibilisée” : à Paris, des militantes de la Manif pour tous dénoncent la GPA en Ukraine (05/03/2022)

    [6] Marianne, Violaine des Courières, GPA : l’Ukraine croule sous les bombes, ces clients français s’inquiètent… pour leur contrat (01/03/2022)

    [7] Le Figaro, Céline Revel-Dumas, Marché de la GPA en Ukraine: «L’égoïste inquiétude des clients occidentaux face à la détresse des mères porteuses» (01/03/2022)

    [8] TMZ, IVF Clinics Under ThreatKYIV DOC TRYING TO SAVE EMBRYOS (05/03/2022)

    [9] Marianne, Violaine des Courières, GPA : l’Ukraine croule sous les bombes, ces clients français s’inquiètent… pour leur contrat (01/03/2022), le prénom a été changé

    [10] Le Figaro, Céline Revel-Dumas, Marché de la GPA en Ukraine: «L’égoïste inquiétude des clients occidentaux face à la détresse des mères porteuses» (01/03/2022)

  • Le patriarche de Moscou bénit la guerre contre le monde des Gay Prides

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    De Bitter Winter :

    Un Sermon Terrible : Le Patriarche de Moscou bénit la guerre "métaphysique" contre le "monde des fiertés gays".

    7 mars 2022

    Le 6 mars, ô ironie, dimanche du pardon pour les orthodoxes, le patriarche Kirill a abandonné toute prudence et a béni la guerre d'agression contre l'Ukraine et la "fausse liberté" des pays démocratiques.

    Note : Nous publions la traduction de la version intégrale du sermon prononcé par le patriarche Kirill de Moscou le 6 mars 2022, dans la cathédrale du Saint-Sauveur à Moscou. Nos lecteurs peuvent juger par eux-mêmes. Certes, il peut y avoir différentes opinions sur les défilés de la Gay Pride, et critiquer ces événements d'un point de vue religieux fait également partie de la liberté religieuse. Cependant, s'en servir comme prétexte pour justifier l'agression militaire d'un autre pays, le bombardement et le meurtre de milliers de femmes, d'hommes et d'enfants, et le faire en tant que chef d'un grand corps religieux prononçant un sermon dans sa cathédrale, est - pour l'appeler par son nom - une honte et un scandale. L'équipe de football russe a été expulsée de la Coupe du monde. Le Conseil œcuménique des Églises et les Églises en dialogue œcuménique avec l'Église orthodoxe russe ne devraient-ils pas prendre des mesures après ce sermon ? Le mouvement international pro-famille ne devrait-il pas lui-même dénoncer la manipulation de ses valeurs pour justifier l'agression et la guerre ?

    **

    Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit !

    Je vous félicite tous de tout cœur, mes chères autorités, pères, frères et sœurs, en ce dimanche, en ce dimanche du pardon, en ce dernier dimanche avant le début des Quarante Jours Saints, le Grand Carême !

    Le Grand Carême est appelé par de nombreux ascètes le printemps spirituel. Il coïncide avec le printemps physique et est en même temps perçu par la conscience de l'Église comme un printemps spirituel. Qu'est-ce que le printemps ? Le printemps, c'est la renaissance de la vie, c'est le renouvellement, c'est la force nouvelle. Nous savons que c'est au printemps qu'un jus puissant perce à une hauteur de dix, vingt, cent mètres, ravivant les arbres. C'est vraiment un miracle étonnant de Dieu, un miracle de la vie. Le printemps est la renaissance de la vie, c'est un grand symbole de la vie. Et donc, ce n'est pas du tout un hasard si la principale fête du printemps est la Pâque du Seigneur, qui est aussi un signe, un symbole de la vie éternelle. Et nous croyons qu'il en est ainsi, ce qui signifie que toute la foi chrétienne que nous partageons avec vous est une foi qui affirme la vie, qui est contre la mort, contre la destruction, qui affirme la nécessité de suivre les lois divines, pour vivre, pour ne pas périr ni dans ce monde ni dans le monde à venir.

    Mais nous savons que ce printemps a été assombri par de graves événements liés à la détérioration de la situation politique dans le Donbass, presque le début des hostilités. Je voudrais dire quelque chose à ce sujet.

    Depuis huit ans, on tente de détruire ce qui existe dans le Donbass. Et dans le Donbass, il y a un rejet, un rejet fondamental des soi-disant valeurs qui sont proposées aujourd'hui par ceux qui prétendent au pouvoir mondial. Aujourd'hui, il y a un test de loyauté envers ce nouvel ordre mondial, une sorte de laissez-passer vers ce monde "heureux", le monde de la surconsommation, le monde de la fausse "liberté." Savez-vous quel est ce test ? Le test est très simple et en même temps terrible - c'est la parade de la Gay Pride. Les demandes faites à beaucoup d'organiser une parade gay sont un test de leur loyauté envers le nouvel ordre mondial ; et nous savons que si les gens ou les pays rejettent ces demandes, alors ils n'entrent pas dans cet ordre mondial, ils y deviennent étrangers.

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  • Monseigneur Léonard va mieux

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    D'Angélique Tasiaux sur cathobel :

    Nouvelles rassurantes de Mgr Léonard

  • Denis Mukwege : “Le silence de la communauté internationale sur le Congo est assourdissant”

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    Le pape, 85 ans, se rendra en RDC du 2 au 5 juillet, dans les villes de Kinshasa et Goma, avant de visiter Juba, capitale du Soudan du Sud, du 5 au 7 juillet, en réponse à l’invitation des chefs d’Etat et des évêques des deux pays, a annoncé le directeur de la salle de presse du Saint-Siège, Matteo Bruni, jeudi 3 mars. Quel impact aura-t-il sur la situation de l’Est congolais? Plus de trois ans après avoir reçu le prix Nobel de la paix, le Dr Denis Mukwege déplore toujours que les crimes qu’il dénonçait, dont les viols de guerre, perdurent dans son pays. Le silence de la "communauté internationale" demeure assourdissant. Entretien avec Olivier le Bussy à Bukavu et à Lubumbashi (RD Congo)lu sur le site web de La Libre Afrique:

    ob_f4ac4a_dr-mukwege-et-ses-patientes.jpg« Plus de trois ans après avoir reçu le prix Nobel de la paix, le Dr Denis Mukwege déplore que les crimes qu’il dénonçait, dont les viols de guerre, perdurent dans son pays.

    Il continue de développer son action pour “réparer” les victimes des violences sexuelles et à défendre, plus largement, les droits des femmes.

    « C’est parfois difficile de sentir qu’on ne peut pas s’exprimer dans son propre pays. J’avais besoin de sentir que j’étais chez moi”. La voix du Dr Denis Mukwege est nouée par une émotion intense, à la mesure de l’accueil effervescent que lui a réservé une assistance d’un bon millier de personnes, rassemblées ce jeudi 2 mars dans l’amphithéâtre de l’excellence de l’Université de Lubumbashi. Elles sont venues écouter la conférence que donne le lauréat 2014 du prix Sakharov du Parlement européen et prix Nobel de la paix 2018 sur le thème “le viol comme arme de guerre”. Un sujet que le gynécologue congolais ne connaît que trop bien. Situé à Bukavu, dans le Sud-Kivu, à l’est de la République démocratique du Congo (RDC), l’hôpital de Panzi que dirige le Dr Mukwege a pris en charge depuis 1999 plus de 70 000 victimes de violences sexuelles commises par des groupes armés, congolais et étrangers, avec, parfois, une sauvagerie qui dépasse l’entendement. Denis Mukwege parcourt le monde pour parler de ce fléau qui détruit les femmes physiquement, psychologiquement, saccage familles et communautés, et pour défendre la cause des victimes. Il va à présent partir en “tournée académique” à Kisangani, Goma, Kinshasa, Bukavu, dans ce Congo où sa voix porte plus difficilement. Ciblé par de puissants ennemis que ses accusations dérangent, il vit confiné dans l’enceinte de son hôpital, protégé par les troupes onusiennes de la Monusco. C’est là qu’il a accordé un entretien à La Libre, poursuivi à Lubumbashi, une semaine plus tard.

    Le Prix Nobel vous ouvre les portes des palais, des chancelleries et des parlements, vous offre des tribunes pour porter votre message. Avec quel effet concret ?

    Le changement que l’on peut observer, c’est que plus personne ne peut prétendre qu’il ne sait pas ce qui se passe à l’est de la République démocratique du Congo. Mais nous continuons au quotidien à traiter les victimes de violences sexuelles et cette pratique n’a pas cessé. Il n’y a pas eu suffisamment d’efforts pour enrayer ces atrocités qui se produisent souvent dans les zones rurales où il y a des conflits armés, mais également, et on le voit de plus en plus, dans les milieux urbains où il n’y a pas de conflits.

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