Toutes les dérives que la France s'apprête à inscrire dans la "loi bioéthique" ont déjà cours chez nous. Les réflexions du Père Laurent Stalla-Bourdillon visant cette loi peuvent également nous aider à réfléchir sur ce qui se pratique dans notre pays. De zenit.org :
« Bioéthique et traite des humains au XXIème siècle »
Le « contournement d’une écologie respectueuse des droits de l’enfant »
Le projet français de loi bioéthique revient à l’Assemblée Nationale en cette fin du mois de juillet 2020. Le débat reprend ainsi dans un contexte inédit de crise sanitaire, où le manque de financements et de moyens s’est manifesté avec une ampleur sans précédent. D’une certaine manière, la dimension commerciale de la réforme du projet de loi, avec l’extension du marché de la procréation n’en apparaît que plus crûment. Le remboursement par la sécurité sociale de la congélation des ovocytes et de la PMA, sans raison médicale, fait entrer, sans crier gare, ces techniques dans les circuits économiques de la santé. Et cependant, le prétexte médical a désormais tout pouvoir sur les pratiques et devient la seule norme du bien. La complexité des notions scientifiques est devenue si technique qu’elle érode tout concept philosophique pour penser la vraie nature des enjeux.
1 – Logique d’optimisation et eugénisme
Ainsi, personne ne semble s’étonner que des députés fassent voter l’extension du tri des embryons afin d’écarter les futurs enfants porteurs d’anomalies chromosomiques. Force est de constater que notre société, si légitimement soucieuse de garder, pour s’en préserver, la douloureuse mémoire des « sélections » de masse, semble avoir collectivement intériorisé l’étrange projet d’une « humanité zéro défaut » à partir des caractéristiques génétiques. Sous couvert de progrès thérapeutique et d’empathie, chaque étape législative banalise le dépistage néonatal et l’élimination de confort mais le scandale éclate dès que l’on ose y voir, avec lucidité, une manifestation de l’eugénisme. Nous sommes en pleine logique économique de recherche et développement, en faisant apparaître un être humain trié et sélectionné, génétiquement corrigé et conforme au contrôle de qualité de l’unité de production.
Dans la même logique, la recherche d’optimisation appelle de son côté la fabrication d’embryons chimères homme-animal, d’embryons transgéniques et de « bébé médicament ». Il n’y a plus d’interdit qui tienne dès que nous sommes devenus sourds à la signification propre du réel, à sa symbolicité. La « procréation de marché » est un train lancé à grande vitesse. Nul ne songe à l’arrêter. Au contraire, il convient, il est même cohérent, dans une logique libérale de recherche et d’innovation de le promouvoir. Quitte à remettre en cause les modalités par lesquelles un homme entre dans l’unique famille humaine et s’en reconnaît membre.
2 – Membre de la famille humaine : par l’ascendance ou l’arbitraire du droit ?
Nous sommes en train de faire muter le critère d’appartenance à la famille humaine. Pour pouvoir soutenir qu’un enfant puisse ne plus être « le fils ou la fille d’un tel et d’une telle », comprenez de deux parents de sexes différents, il faut tordre le bras à certaines évidences qu’une simple observation fait comprendre. Toute personne se reçoit invariablement d’une femme et d’un homme, de « parents biologiques » fussent-ils réduits à leurs semences reproductives (ovocytes et spermatozoïdes). Mère et père biologiques sont le butoir infalsifiable d’une ascendance. Leurs gamètes contiennent les gènes qui forment un individu absolument nouveau et unique. Seul ce critère fait entrer dans la famille humaine par une généalogie et fonde l’égale dignité reconnue à tout homme. Or, avec la réforme, ce critère doit s’effacer. L’organisation délibérée d’une procréation sans sexe et d’une filiation sans père revient à soustraire l’enfant à ce qui permettait d’attester sa pleine appartenance à la famille humaine.