Belgicatho a dû interrompre ses publications du 9 au 13 septembre; c'est donc avec retard qu'il publie cette chronique de Sandro Magister publiée le 9 septembre dernier sur diakonos.be et qui n'a rien perdu de sa pertinence :
Carnets de voyage. En avant toute pour le dialogue, mais les missions et l’école n’y trouvent pas leur compte
Selon une étude du Pew Research Center de Washington, l’Indonésie est le pays « le plus religieux » au monde. Pas moins de 98% de ses 280 millions d’habitants attribuent une « grande importance » à la religion dans leur vie et ils sont 95% à prier au moins une fois par jour.
Il semblerait donc qu’il s’agisse d’un terrain fertile, donc, pour une expansion évangélisatrice de l’Église.
Et pourtant, à peine son avion avait-il atterri dans ce qui était la première et la principale étape du voyage qu’il est en train de faire, que le Pape François a immédiatement brandi son sempiternel avertissement : « Jamais de prosélytisme ».
Cet avertissement ne figurait pourtant pas dans le discours que le Pape était en train de lire le 4 septembre aux autorités indonésiennes au palais présidentiel de Jakarta. Mais c’était bien le premier ajout spontané que le Pape a fait au premier discours du voyage.
Le Pape François s’est prononcé des dizaines et des dizaines de fois contre le prosélytisme, au cours des ans. C’est un véritable mantra de sa prédication. Pour le mettre en avant, il aime citer une phrase de Benoît XVI de 2007 (« L’Église ne fait pas de prosélytisme mais se développe plutôt par attraction ») et un document de Paul VI de 1975, l’exhortation apostolique « Evangelii nuntiandi », qui accorde une « importance primordiale » au témoignage silencieux.
Sans jamais tenir compte pourtant de ce que Paul VI disait ensuite :
« Et cependant cela reste toujours insuffisant, car le plus beau témoignage se révélera à la longue impuissant s’il n’est pas éclairé, justifié – ce que Pierre appelait ‘donner les raisons de son espérance’ –, explicité par une annonce claire, sans équivoque, du Seigneur Jésus. La Bonne Nouvelle proclamée par le témoignage de vie devra donc être tôt ou tard proclamée par la parole de vie. Il n’y a pas d’évangélisation vraie si le nom, l’enseignement, la vie, les promesses, le Règne, le mystère de Jésus de Nazareth Fils de Dieu ne sont pas annoncés ».
Mais évidemment, pour Jorge Mario Bergoglio, la maladie qui dénature l’Église d’aujourd’hui, c’est celle d’un caractère missionnaire excessif, forcé, superficiel, qui se mesure au nombre des nouveaux adeptes.
Alors que s’il y est une réalité incontestable, dans l’Église de ces cinquante dernières années, ce n’est pas l’excès mais bien l’effondrement de l’élan missionnaire.