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Bioéthique - Page 17

  • Entre le homard et l’homme il n’y a qu’un petit pas...

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    Du Dr Jean-Marie Le Méné :

    TRANSHUMANISME : UNE VAGUE D'ANTISPÉCISME

    Le coin des experts de genethique.org

    Les voies du transhumanisme sont mystérieuses. La réduction de l’homme à de purs phénomènes biologiques fait surgir une morale inattendue qui nous arrive par des chemins de traverse. Tout le monde sait que les transhumanistes sont antispécistes, c'est-à-dire qu’ils ne reconnaissent pas la prééminence d’une espèce vivante sur une autre. Pour être concret, l’homme ne l’emporte pas en dignité sur le homard par exemple. D’où l’injonction de ne jeter ni l’un ni l’autre dans l’eau bouillante sans estourbissement préalable. Le respect de la vie du homard avait pris beaucoup de retard. Cette époque cruelle est révolue. On note aussi des avancées intéressantes dans l’univers impitoyable des poules pondeuses. Il sera bientôt interdit de commercialiser les œufs de poules élevées en cage. Mais les contrevenants n’iront pas tout de suite en prison. Sur chaque œuf est inscrit un chiffre de 0 à 3 qui indique si la pondeuse était élevée en plein air, en volière ou en batterie. Le reste du code permet d’identifier le producteur qui pourrait être convié à un stage de rééducation au bien-être animal. D’ailleurs, au salon de l’agriculture, le Président de la République vient d’adopter Agathe, une poule codée 0, la meilleure note, qu’il va lâcher dans les jardins de l’Elysée. On voit que l’œuf est pris en considération au plus haut niveau.

    L'homme et la femme préféreront, eux aussi, vivre en plein air plutôt qu’en batterie

    Par effet de ruissellement, il n’est pas exclu qu’on finisse par tirer de ces progrès inespérés quelques bienfaits pour notre espèce. L’homme et la femme expérimenteront les secrets de l’engendrement selon un mode de production biologique. Cela leur permettra d’exprimer des comportements favorables à une naissance dans les meilleures conditions voire même d’y prendre plaisir. Débarrassée de ses odeurs de laboratoire, la procréation naturelle prendra des couleurs séduisantes. Les couples en viendront à concevoir eux-mêmes sans recourir à un incubateur sud asiatique et en s’abstenant de mesurer le QI de leurs enfants à l’aune de l’intelligence artificielle. Comme rien n’échappe à la science, des chercheurs éminents découvriront que l’instinct maternel est presqu’aussi développé dans l’espèce humaine que chez les gallinacés dont on connaît la réaction empathique déclenchée par les signes de détresse des poussins (lesquels sont doués pour le calcul mental d’après les plus grands spécialistes). Cette percée intellectuelle leur vaudra de faire la couverture des magazines féminins et d’être invités sur une radio chrétienne. Délivrés d’une vie vécue par procuration, par délégation, absente d’elle-même, l’homme et la femme n’admettront plus d’être mûs par d’autres. Ils préféreront, eux aussi, vivre en plein air plutôt qu’en batterie.

    Bien sûr cette époque prometteuse viendra mais elle prendra un certain temps. Le temps que les transhumanistes achèvent leur démonstration ad absurdum du crime que constitue la complicité entre le scientisme et le marché. Pour cela, ils devraient encore s’adonner à quelques pratiques dont la prochaine loi de bioéthique pourrait être le temple. Il faudra sans doute accepter la PMA, voire la GPA, ce qui ne représente que la partie émergée de l’iceberg. On devra surtout accepter les chimères homme-animal, le clonage, la fabrication d’humains dotés de trois ADN, la modification de la lignée germinale avec son impact ignoré sur la descendance, la production de gamètes à partir de simples cellules de peau pour permettre une procréation affranchie de sexualité, de père, de mère et parfois de progéniture, le label « enfant » étant réservé à un produit sans malfaçon.

    Entre le homard et l’homme il n’y a qu’un petit pas

    Il suffit d’attendre avec patience que toutes ces folies précipitent leurs lots de désastres. Alors, au nom de l’égalité de toutes les espèces, les braves gens demanderont que les attentions délicates accordées aux poules et aux homards soient étendues à l’humanité. Heureusement, depuis Darwin et ses coreligionnaires, nous savons qu’entre le homard et l’homme il n’y a qu’un petit pas.

    Et c’est ainsi que le transhumanisme est grand.

    Article publié initialement dans le magasine Valeurs actuelles sous le titre : L’avenir est dans l’œuf

  • Suisse : de nouvelles règles sur les tests généthiques mais pas d'avancées significatives en faveur du respect de la vie

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    Suisse : le National fixe de nouvelles règles sur les tests génétiques

    Les assureurs-vie ne doivent pas accéder aux tests génétiques réalisés préalablement par leurs assurés. Le National a suivi lundi en ce sens par 117 voix contre 43 le Conseil fédéral et la gauche dans la loi sur l'analyse génétique. Le dossier passe aux Etats.

    Sur le fond, tous les intervenants se sont retrouvés sur la nécessité de réviser totalement le texte, qui date de 2007, et d'encadrer le domaine face aux progrès techniques et à l'évolution des offres commerciales non médicales toujours plus faciles d'accès. Au vote sur l'ensemble, la loi sur l'analyse génétique humaine a passé la rampe par 175 voix contre 3 et 10 abstentions.

    Grâce au séquençage du génome, des tests permettent actuellement de déterminer une filiation, l'alimentation idéale ou des aptitudes sportives, a expliqué Géraldine Marchand (PDC/VS) au nom de la commission.

    Leurs coûts ont nettement baissé et la nouvelle loi permettra de couvrir l'émergence de ces offres commerciales. Les analyses sur des caractéristiques non sensibles seront autorisées à la vente directe au consommateur.

    Tout en reconnaissant la nécessité d'encadrer ces tests, la gauche a notamment défendu la proposition du Conseil fédéral pour que les résultats d'analyses génétiques réalisées préalablement ne puissent pas être transmis aux assureurs. Celle-ci concerne certaines assurances vie et assurances invalidité facultatives.

    Une interdiction totale n'a pas de sens surtout quand l'utilisation de données génétiques est motivée, a estimé Mme Marchand défendant la proposition de la commission. Il y a risque de discrimination. Des personnes pourraient ne pas contracter d'assurance et subir de manière injuste des primes élevées ou un refus, selon elle.

    Certains pourraient renoncer à tout séquençage de peur que cela ne révèle des informations défavorables à leurs assurances, a répondu Matthias Aebischer (PS/BE). Par exemple, une personne avec des antécédents de cancers dans sa famille évitera de se faire tester pour que le résultat ne soit pas un jour transmis à son assureur, a-t-il dit.

    Le camp rose-vert n'a en revanche pas réussi à faire passer ses autres propositions. Le National a accepté par 100 voix contre 85 d'autoriser les tests génétiques prénataux, pour diagnostiquer d'éventuels bébés sauveurs, avant la douzième semaine de grossesse. Soutenue par les démocrates-chrétiens, la gauche s'y est opposée pour éviter les interruptions de grossesse et protéger le foetus.

    Mathias Reynard (PS/VS) aurait voulu que les analyses prénatales pour déterminer si le sang du cordon ombilical du foetus peut être transféré à un parent, un frère ou une soeur malade ne soient réalisées qu'après douze semaines de grossesse.

    Le Conseil national a estimé que la loi permet suffisamment d'éviter les dérives. Elle stipule que le sexe de l'embryon ne peut être communiqué avant la douzième semaine de grossesse à moins que l'atteinte à la santé ne soit liée au sexe.

    Les députés ont également rejeté par 112 voix contre 68 une autre proposition du socialiste valaisan pour que les analyses prénatales ne soient effectuées qu'en cas de grave atteinte à la santé de l'embryon ou du fœtus.

    Le National a encore donné son aval par 133 voix contre 56 aux publicités sur les tests non médicaux. Il sera en revanche interdit de faire de la publicité dans le domaine médical et de cibler des enfants.

    Les dérives sont contrôlées de fait contre toute forme d'abus et la limite entre médical et non médical est claire, a expliqué Mme Marchand. Les tests génétiques se développent rapidement et c'est un marché très lucratif, a défendu Mathias Reynard (PS/VS). Il risque d'y avoir des dérives notamment pour des caractéristiques sensibles ou des profils ADN, a-t-il dit.

    Le Conseil national a également refusé que le consentement à une analyse génétique ou prénatale se fasse nécessairement par écrit. Les analyses sensibles doivent déjà se faire par écrit, a précisé Mme Marchand. Il n'est pas nécessaire d'alourdir la loi en appliquant le point à tous, selon elle.

    Les députés ont encore refusé que les informations excédentaires soient détruites ou qu'une personne puisse révoquer son consentement en tout temps et que les données collectées soient de toute façon détruite.

  • Qu'est-ce qui nous fait progresser en humanité ? Les réponses d'un médecin devenu archevêque.

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    MGR AUPETIT : « QU’EST CE QUI NOUS FAIT PROGRESSER EN HUMANITÉ ? »

      

    Monseigneur Michel Aupetit, nouvel archevêque de Paris, a répondu aux questions du magazine La Vie à propos de bioéthique. Les états généraux de la bioéthique sont une occasion toute particulière pour l’Eglise : « même si c’était joué d’avance, cela ne nous empêcherait pas de parler » déclare-t-il, assurant plus loin : « Je ne suis jamais inquiet, parce que l’espérance est plus forte que le désespoir ». Faire entendre la voix de l’Eglise, « c’est un devoir de conscience, quitte à être à contretemps ». Le travail de mobilisation est également important : « C’est éclairer les consciences. La plupart des gens se disent ‘pourquoi pas, qu’est-ce que ça change ?’ Nous voulons qu’ils se disent : ‘oui, il y a un problème’ ». Il y a ici « un enjeu de civilisation, la nécessité d’ouvrir les cœurs à l’attention aux plus faibles. Or on revient peu à peu à la loi de la jungle, à cet homme en bonne santé, riche, bien portant, qui pourra se payer tout ce qu’il veut, faire du transhumanisme pour lui-même, mettre une puce dans sa tête, mais aux dépense de qui ? De la majorité des gens qui crèveront de faim ».

    Interrogé sur le « progressisme », Mgr Aupetit questionne : « Comment définir le progrès ? Est-il technique, humain ? (…) La technique doit toujours être évaluée par l’éthique ». « ‘Progressiste’ veut dire que l’on suit un progrès. Qu’est ce qui nous fait progresser en humanité ? C’est le regard que l’on pose sur les plus faibles. J’ai appris cela quand j’étais médecin et que des handicapés sont venus s’installer à côté de mon cabinet. Je les soignais. Ils m’ont appris bien plus sur l’humanité de l’homme que n’importe quel manuel ».

    Sur la fin de vie, il se dit « vigilant », alors que l’euthanasie est de nouveau débattue sans que la loi Claeys Leonetti n’ait été évaluée, ni les soins palliatifs généralisés. « Une personne très âgée, une personne handicapée, ce n’est pas rentable ! Mais ils nous apprennent l’humanité », rappelle-il. Face à des situations dramatiques présentées dans les médias, il répond : « On ne peut pas partir d’un cas pour écrire une loi générale. Qu’est-ce qui peut protéger l’ensemble des patients, leur assurer le meilleur des soins dans l’état actuel des connaissances scientifiques ou médicales ? Il faut raisonner à partir de cela ». Confronté lors de son exercice de la médecine à des situations de fin vie, il ne s’étonne pas que des proches puissent demander l’euthanasie pour la personne qu’ils accompagnent : « C’est insupportable de voir les gens que l’on aime souffrir en étant dans l’impuissance ». Mais si le proche « peut faire un geste qui soulage et qui exprime son affection », il n’y a « presque plus » de demandes d’euthanasie. « Etre dans l’impuissance, c’est insupportable. Donner la mort est une mauvaise réponse ».

    Lucide sur « les puissances financières qui mettent la main sur nous », mais aussi sur l’eugénisme en place qui « ne laisse pas naitre les enfants trisomiques », il invite à l’écologie, qui comprend aussi la « manière dont l’homme respecte sa propre nature » : « Son désir illimité épuise la planète. Son désir illimité par rapport à lui-même va détruire son humanité. Va-t-il accepter une limite à ses désirs ? La loi va-t-elle s’ordonner au désir individuel de chacun ? ».

    Sources: La Vie, Olivia Elkaim et Aymeric Christensen (20/02/2018)

  • Et si on laissait la vie nous surprendre ?

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    MARIANNE DURANO : « ET SI ON LAISSAIT LA VIE NOUS SURPRENDRE ? »

    Le coin des experts de genethique.org

    Dans le livre qu’elle vient de publier « Mon corps ne vous appartient pas »[1], Marianne Durano raconte « l’histoire d’une dépossession et le témoignage d’une reconquête », celle de la femme et de son corps. Elle revient pour Gènéthique sur l’expérience « à corps perdu » de ce livre.

    Gènéthique : Qu’est-ce qui vous a conduit à écrire ce livre ?

    Marianne Durano : Au départ, je voulais faire une thèse sur les biotechnologies, particulièrement les dernières innovations en matière de procréatique. Pendant mon master 2, je suis « tombée » enceinte de mon premier enfant, vivant, pour ainsi dire à vif, l'engendrement dont j'étudiais en même temps les manipulations techniques. Ma grossesse a été une double révélation. D'une part, je découvrais soudainement que j'avais un corps de femme, merveilleux, complexe... et parfois encombrant. D'autre part, simultanément, je vivais l'emprise médicale comme une dépossession : mon corps devenait l'objet d'une surveillance, comme s'il ne m'appartenait plus.

    Mon corps de mère était pesé, ausculté, réifié : les gynécologues à qui j'avais affaire n'y voyaient que des pathologies potentielles, quand ils ne se permettaient pas des remarques paternalistes. Au même moment, à l'université, parmi mes amis, j'avais l'impression d'être devenue un ovni (objet vivant non-identifié) : quelle idée d'avoir un enfant à 23 ans, alors qu'on n'a pas fini ses études ? Quelle indécence d'étaler ainsi son corps de femme enceinte dans les allées de la bibliothèque ? Mon corps, dont je réalisais le mystère, était considéré comme un phénomène gênant dans l'espace public, comme un mécanisme dangereux dans les cabinets médicaux. Comment en étions-nous arrivés là ? Pourquoi me sentais-je moi-même mal-à-l'aise dans ce corps sexué ? Pourquoi acceptais-je sans broncher les regards et les mains froides des médecins ? A partir de cette expérience de la grossesse, j'ai relu tout mon parcours de jeune femme moderne : la puberté, les premières relations sexuelles, la première contraception, les règles, les discours de prévention, les modèles de féminité qu'on nous propose. Partout la même logique technicienne, qui trouve son aboutissement dans la procréation artificielle, et son origine dans un corpus philosophique qui dévalue systématiquement la noblesse du corps féminin.

    G : Vous dénoncez une aliénation du corps de la femme à la technique qui fonctionne comme un miroir aux alouettes et, loin de la libérer, elle maintient la femme sous domination masculine. Comment cette domination, que vous déclinez de la contraception à l’avortement, de la PMA à la GPA, se joue-t-elle ?

    MD : Il y a bien des manières de répondre à cette question. Pour commencer, on propose aux femmes une émancipation qui passe par la mise sous contrôle de leur corps et de leur fécondité. On leur demande de s'adapter à des rythmes – sexuels, affectifs, professionnels – qui sont pensés par et pour les hommes. Ainsi la pilule permet-elle aux jeunes filles d'être disponibles sans restriction au désir masculin, sans que ces derniers aient à assumer aucune responsabilité dans la prise en charge de la contraception. Toutes les techniques de contrôle de la fécondité féminine permettent aux hommes, et à la société toute entière, de se désengager totalement sur cette question, laissant les femmes seules devant leur gynéco, leur plaquette de pilule, leur contraception d'urgence, leur test de grossesse. De même, la carrière-type – des études longues, une productivité maximale autour de la trentaine, le placard passé 45 ans – est absolument contradictoire avec l'horloge biologique des femmes : une grande fécondité avant 25 ans, de jeunes enfants entre 25 et 40 ans, la vie devant soi pour mener d'autres projets après la ménopause. Conséquence : les femmes s'infligent une contraception hormonale lorsqu'elles sont fécondes, au risque d'avoir plus tard des difficultés à concevoir un enfant naturellement. Or, plutôt que d'adapter notre société au corps féminin, on préfère plier ce dernier à coup de techniques toujours plus innovantes : congélations d'ovocytes, stimulations ovariennes, PMA, voire GPA. Selon le rapport d'activité du CNSE (Centre National des Soins à l’Étranger) pour l'année 2015, 50,2% des femmes ayant eu recours à une PMA à l'étranger avaient plus de quarante ans. Le nombre de femmes ayant leur premier enfant passé la quarantaine a ainsi triplé en 20 ans. Pas étonnant, dans ces conditions, qu'on réclame à grands cris la PMA pour toutes !

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  • L’avortement en recul dans plus de la moitié des pays d’Europe

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    L’AVORTEMENT EN NET RECUL DANS PLUSIEURS PAYS D’EUROPE

     

    L’avortement recule dans « plus de la moitié des pays d’Europe », selon Eurostat.

    En Slovaquie et en Estonie, il y a moitié moins d’avortements qu’il y a dix ans. Après un pic dans les années 2000, la baisse est observable aussi en Espagne et au Portugal où l’avortement a été dépénalisé en 2007. La France et le Royaume-Uni restent stables.

    En Suède et en Belgique, au contraire, on enregistre une légère hausse, tandis que la Pologne avec 1044 avortements en 2015 et le Luxembourg, 651 avortements en 2015, font face à une explosion de demandes ces dernières années[1].

    Le Luxembourg est le pays où le taux d’avortement par femme (12-55 ans) est le plus fort en Europe avec 0,37% d’avortement par femme en 2015, contre 0,12% en France et 0,001% en Pologne. 

  • L'Université de la Vie 2018 "Que faire du temps ?" est sur KTO

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    L'édition 2018 de l'Université de la vie donnait chaque soir (15, 22, 29 janvier et 5 février) la parole à de grands témoins. Ils ont partagé leur propre rapport au temps et la manière dont ils tentent de vivre en harmonie avec leur temps. 

    Université de la Vie 2018 : Vivre avec son temps

    Université de la Vie 2018 : Vivre avec son temps

    Intervenants : Tugdual Derville : Individualisme intégral et bioéthique ; Henri de Soos : une éthique intemporelle face à des lois bioéthiques éphémères ; Blanche Streb : décodeur bioéthique, les mots de notre temps ; Damien Desjonquères : bioéthique, s'inscrire dans notre temps.

    Université de la Vie 2018 : Etre présent

    Université de la Vie 2018 : Etre présent

    Intervenants : Valérie Boulanger : grossesse et maternité, vivre le temps ; François-Xavier Bellamy : en temps réel ; Tugdual Derville : décodeur bioéthique, être présent dans le débat ; Caroline Roux : être présent auprès des plus fragiles.

    Université de la Vie 2018 : Se donner le temps

    Université de la Vie 2018 : Se donner le temps

    Intervenants : Caroline Roux : le temps et la vie ; Martin Steffens : le temps et la mort ; Xavier Mirabel : décodeur bioéthique, se donner le temps de la réflexion ; Tugdual Derville : l'urgence du temps long.

    Université de la Vie 2018 : Conserver, progresser

    Intervenants : Pierre-Yves Gomez : les critères de l'écologie humaine pour notre temps ; Blanche Streb : un progrès au service de l'homme ; Tugdual Derville : décodeur bioéthique, s'ajuster au temps ; François-Xavier Pérès : faire du temps notre allié.
  • Antigone contre Créon

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    Qu’un débat vigoureux sur les enjeux bioéthiques mis à l'ordre du jour Outre-Quiévrain soit lancé par les catholiques français serait tout à leur honneur, même si  la partie est a priori perdue comme le pense Jean-Pierre Denis, directeur du mensuel « La Vie » :

    « Emmanuel Macron a-t-il berné les chrétiens ? Les a-t-il cajolés à coup de laïcité positive ou inclusive, d’honneur rendu au père Hamel, de déclarations ricœuriennes et autres réunions Théodule à l’Élysée ? A-t-il flatté leur besoin de reconnaissance pour mieux les ignorer ensuite ? Si je pose la question de manière volontairement choquante, c’est pour soulever un peu de cette ouate « bienveillante » qui s’abat comme manteau neigeux, assourdissant tout. Pour le dire plus poliment, la façon dont démarrent les États généraux de la bioéthique « interroge ». Le remue-méninges n’est-il que l’habillage du remue-ménage ? Tout se passe comme si un scénario maximaliste était écrit, bien qu’il ne soit jamais assumé.

    Un scénario maximaliste, c’est l’adoption de toutes les réformes sociétales restées dans les tuyaux du précédent quinquennat : PMA, gestation pour autrui, suicide assisté… Les indices se multiplient, même s’il reste difficile de savoir jusqu’où l’histoire est écrite. Prenez le malaise d’Édouard Philippe devant la rédaction de La Vie quand nous avions interrogé sa volonté d’interdire l’exploitation de mères porteuses. Prenez le programme des États généraux de la bioéthique, étendu à l’euthanasie, ce qui n’était pas prévu. Prenez, sans attendre ces débats, la création d’un groupe d’études parlementaire sur la fin de vie, présidé avec la bénédiction de l’exécutif par Jean-Louis Touraine, immunologiste réputé et franc-maçon assumé.

    Tout se passe comme si un scénario maximaliste était écrit, bien qu’il ne soit jamais assumé.

    La société, nous susurre-t-on, est « prête ». Arrêtons de nous mentir : c’est vrai. Même si l’on considère que sondages et médias fabriquent l’opinion et même si, sur le terrain, les Français expriment de tout autres préoccupations, de fait la France a changé. Pour le constater, il suffit de discuter avec des jeunes ou de relever à quel point le mariage pour tous est devenu un sujet de jadis. Le principe libéral de tolérance – « laissez-moi vivre ce que je veux, je vous laisse vivre ce que vous voulez » – suffit à clore la plupart des débats. Nous acceptons ou nous approuvons des transformations que nous refusions il y a moins d’une génération. Ajoutons que le point de vue catholique est devenu culturellement minoritaire, y compris… parmi les personnes se réclamant de cette culture, même peut-être parmi les pratiquants.

    Longtemps l’Église a cru pouvoir « peser ». C’est fini. Les logiques frontales type « Manif pour tous » ont profondément creusé le fossé entre le monde catholique et une bonne partie de la société, et durablement divisé de nombreuses communautés. Ne parlons même pas du complexe sénescent de la « forteresse assiégée » ! Quant aux solutions subtiles, type loi Leonetti, elles sont remises en cause sitôt après avoir été unanimement adoptées. La prétention de l’Église catholique à porter le bien commun n’est plus ni réaliste ni crédible, comme le lui font sans cesse remarquer, non sans hargne mais non sans raison, beaucoup de partisans de la révolution en marche. Quant à l’illusion selon laquelle un gouvernement souriant est un gouvernement qui écoute, elle se dissipe sous nos yeux.

    D’une certaine façon, cela clarifie le problème, en le dépolitisant. Je ne prêche pas le renoncement. « Le chrétien doit crier. Nous n’avons pas besoin de son sourire. Nous avons besoin de son cri. Cela consiste à rester lui-même, c’est-à-dire à rejeter sans nuance absolument toutes les idéologies modernes », nous demandait Albert Camus (l’Incroyant et les Chrétiens, 1946). Je ne prêche pas non plus la résignation, mais la libération. Le but n’est plus de peser, de compter ou de marchander, mais de privilégier l’exemplarité, l’espérance, la charité. Il est temps que les chrétiens renoncent à leur fantasme d’influence et de puissance, ces illusoires mondanités.

    Ref. Bioéthique : Macron a-t-il berné les chrétiens ?

    Posons la question autrement: quel rôle prophétique pour l’Eglise aujourd’hui ? Dans une lettre étonnante adressée au pape Paul VI en 1977, Pier Paolo Pasolini écrivait : « Dans le cadre d’une perspective radicale, peut-être utopiste ou dirigée vers la fin des temps, ce que l’Eglise devrait faire pour éviter une fin sans gloire est clair. En un tel combat, qui au demeurant remonte à une longue tradition, jusqu’à la lutte de la papauté contre l’empire séculier, l’Eglise pourrait rassembler toutes les forces qui ne veulent pas se courber contre la nouvelle domination… »  

    A  vingt ans de distance, en 1997 Joseph Ratzinger, futur Benoît XVI, répond en écho à ce communiste hors normes :

    « Il y a beaucoup de vrai là-dedans. Le caractère inactuel de l’Eglise, qui cause d’une part ses faiblesses –elle est refoulée à l’écart- peut aussi être sa force. Sans doute les hommes peuvent-ils sentir qu’il est nécessaire de s’opposer à l’idéologie banale dominant dans le monde, et que l’Eglise peut précisément être moderne en étant antimoderne, en s’opposant à l’opinion commune 

     « A l’Eglise incombe un rôle de contradiction prophétique, et elle doit aussi en avoir le courage. C’est le courage de la vérité –même s’il semble plutôt nuire tout d’abord en diminuant la popularité de l’Eglise et en la refoulant pour ainsi dire dans un ghetto –qui est en réalité sa grande force.

    « Je ne voudrais toutefois pas réduire la mission de l’Eglise à une simple attitude d’opposition. Elle participe toujours essentiellement à une édification positive. Elle cherche toujours à agir positivement, afin que les choses trouvent leur véritable forme. Elle ne devra donc pas se retirer dans une attitude d’opposition générale, mais voir très exactement les points où elle doit offrir de la résistance et ceux où elle doit aider, apporter du renfort, aider à porter, où elle doit dire oui, où elle doit dire non, afin de défendre sa propre essence » (Joseph Ratzinger, Le sel de la terre, Flammarion/Cerf, mars 1997, p. 231 et sq.).

    JPSC

  • La rétrospective 2017 de l'Institut Européen de Bioéthique

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    RETROSPECTIVE 2017

    Institut Européen de Bioéthique

    Institut Européen de Bioéthique

    Bulletin de l'Institut Européen de Bioéthique - Bruxelles - Le 30 janvier 2018

    GPA

    DOSSIERS publiés en 2017 

    Pour les lecteurs qui  aiment avoir une vue d'ensemble des documents publiés au cours de l'année 2017.

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    FLASH EXPERTS

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    FICHES DIDACTIQUES

    DOSSIERS in ENGLISH

  • Vient de paraître : le magazine trimestriel « Vérité et Espérance-Pâque Nouvelle », n° 105, hiver 2017-2018

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    Le magazine trimestriel « Vérité & Espérance – Pâque Nouvelle » édité par l’association « Sursum Corda » (responsable de l'église du Saint-Sacrement à Liège) a publié sa livraison de l’hiver 2017. Tiré à 4.000 exemplaires, ce magazine abondamment illustré parcourt pour vous l’actualité religieuse et vous livre quelques sujets de méditation. Les articles mentionnés en bleu sont disponibles sur le blog de l'église du Saint-Sacrement (cliquez sur les titres ci-dessous pour y accéder).

    Au sommaire de ce numéro n° 105 (hiver 2017-2018) : 

    contrat Delta ingenieur stabilité339.jpg

    Les conditions du dialogue interconvictionnel 

    Du Livre de Job au Livre éternel

    Aux anathèmes, le Savonarole de l’Ucl répond par un livre

     

    contrat Delta ingenieur stabilité340.jpg

    Rome et le monde : 

    Fêter le cinquième centenaire de la réforme protestante ?

    Liturgie : le pape François désavoue le cardinal Sarah

    Accès des divorcés-remariés à la communion sacramentelle

    Le nouvel archevêque de Paris n’a pas la faveur de l’intelligentsia progressiste

     

    Belgique:

    Un essaimage des Clarisses de Bujumbura à Liège

    Archevêché de Malines-Bruxelles : qu’as-tu fait de «Jérusalem»?

    Que faire de l’abbaye de Marche-les-Dames ?

    Pourquoi le cours de religion est important dans l’enseignement secondaire  

     

    Secrétaires de Rédaction : Jean-Paul Schyns et Ghislain Lahaye

    Editeur responsable: SURSUM CORDA a.s.b.l. ,

    Vinâve d’île, 20 bte 64 à B- 4000 LIEGE.

    La revue est disponible gratuitement sur simple demande :

    Tél. 04.344.10.89  e-mail : sursumcorda@skynet.be 

    Les dons de soutien à la revue sont reçus  avec gratitude au compte IBAN:

     BE58 0016 3718 3679   BIC: GEBABEBB de Vérité et Espérance 3000, B-4000 Liège

    JPSC

  • URGENT : plus que quelques jours pour vous inscrire à la prochaine Université de la Vie, un rendez-vous incontournable !

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    L'Université de la vie revient dans toute la France, les lundis 15, 22, 29 janvier et 5 février 2018.

    A Bruxelles + Liège + Mons +

    et cette année Namur + Gand + Louvain-la-Neuve !

    QUE FAIRE DU TEMPS ?

    Défi bioéthique, défi d'écologie humaine.

    Confrontés aux questions de vie et de mort, Alliance VITA en collaboration avec l’Institut Européen de Bioéthique lance une nouvelle session de formation bioéthique sur le thème : Que faire du temps ? Défi bioéthique, défi d'écologie humaine. 

    Module 1 : vivre dans son temps 15 Janvier

    • Introduction générale. Nos défis face au temps. FX Pérès
    • Individualisme intégral et bioéthique. Tugdual Derville
    • Une éthique intemporelle face à des lois bioéthiques éphémères. Henri de Soos
    • Grands témoins. Gaultier Bès et Marianne Durano.
    • Décodeur bioéthique : les mots de notre temps. Blanche Streb
    • Biopolitique : s’inscrire dans notre temps. Damien Desjonqueres

    Module 2 : « Etre présent » 22 Janvier

    • Grossesse et maternité : Vivre le temps. Valérie Boulanger.
    • En temps réel. FX Bellamy.
    • Décodeur bioéthique : Etre présent dans le débat. Tugdual Derville
    • Grands témoins. Sophie et Damien Lutz
    • Etre présent auprès des plus fragiles. Caroline Roux

    Module 3. Se donner le temps. 29 janvier

    • Le temps et la vie. Caroline Roux
    • Le temps et la mort. Martin Steffens
    • Décodeur bioéthique : se donner le temps de la réflexion. Xavier Mirabel.
    • Grands témoins. Philippe Pozzo di Borgo
    • L’urgence du temps long. Tugdual Derville.

    Module 4. Conserver, progresser. 5 février

    • Les critères de l’écologie humaine pour notre temps. Pierre-Yves Gomez
    • Un progrès au service de l’homme. Blanche Streb
    • Décodeur bioéthique : S’ajuster au temps. Tugdual Derville
    • Grands témoins. Jean-Baptiste et Séverine-Arneld Hibon
    • Faire du temps notre allié. FX Pérès. 

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    Face à l’accélération de la vie et l’explosion des biotechnologies, experts et témoins croiseront leurs regards sur l’irruption de la bioéthique dans notre quotidien.

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    => cliquez ici pour voir la vidéo de présentation avec Tugdual Derville, délégué général d'Alliance VITA

    Chaque soir, de grands témoins nous partageront leur propre rapport au temps et lamanière dont ils tentent de vivre en harmonie avec leur temps : Philippe Pozzo di Borgo, Gaultier Bès et Marianne Durano, Jean-Baptiste et Séverine-Arneld Hibon.

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  • Belgique : la loi euthanasie ne tient ni ses promesses de contrôle ni de transparence

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    Du Bulletin de l'Institut Européen de Bioéthique (27/12/2017) :

    Clash et démission au sein de la Commission fédérale de contrôle de l’euthanasie en Belgique

    Une patiente atteinte de démence et de Parkinson a été euthanasiée sur simple demande de sa famille, sans que la personne n’en ait jamais fait la demande elle-même, et n’ait été entendue sur la question. De plus, il appert que le second médecinà consulter n’a en réalité donné son avis médical qu’une fois le décès intervenu. Ces lourdes atteintes aux conditions posées par la loi euthanasie ont amené le médecin impliqué devant la Commission fédérale de contrôle de l’euthanasie (CFCEE).
    Une majorité des membres de la Commission ont confirmé qu’il s’agissait là d’une double violation manifeste de la loi. Et pourtant la Commission n’a, après délibération, pas transféré  le dossier au Ministère Public.

    En effet, à l’issue d’un débat houleux, la majorité de deux-tiers des membres, nécessaire au transfert d’un cas vers la justice, n’a pu, de justesse, être atteinte. Les 6 membres (sur 16) qui n'ont pas souhaité transférer ce dossier à la justice, ne l’ont pas fait par conviction du respect de la loi dans le cas d’espèce, mais bien, semble-t-il, par volonté politique de défendre l’euthanasie dans n’importe quelle circonstance, y compris dans les cas de démence profonde, et par crainte qu’un renvoi en justice freinerait encore plus la pratique de l’euthanasie en Wallonie

    Un médecin spécialiste et membre de la CFCEE, pourtant pro-euthanasie, a posé sa démission, dégoûté par la tournure des événements : « Cette Commission ne remplit pas son rôle. Elle se prend pour un juge. Elle n’élargit pas l’application de la loi euthanasie, elle la viole ». Ici, l’autonomie du patient, souvent avancée pour défendre une application libérale de la loi, n’a même pas été respectée.

    Wim Distelmans, Président de la CFCEE, riposte qu’il ne pouvait s’agir en l’espèce d’un cas d’euthanasie, puisque le consentement du patient n’avait pas été demandé. Malgré les déclarations du médecin, il s’agirait plutôt « d’une sédation terminale décidée par nécessité », acte pour lequel le consentement du patient n’est pas requis. « Si le médecin n’avait pas enregistré sa déclaration, (comme tous les autres médecins), la Commission n’en aurait simplement rien su. », affirme le Président de la Commission euthanasie...

    En tout état de cause, la CFCEE, en avalisant un cas reconnu « d’abus de la loi » par la majorité de ses membres, a montré combien un petit noyau dur pro-euthanasie, manoeuvrait les décisions prises par l'organe de contrôle. C’est déjà ce qui venait d’être critiqué par nombre de praticiens et par une partie du Comité Consultatif de Bioéthique (CCBB) dans son tout dernier Avis (Avis n°73, p.74).

    Selon Willems Lemmens, professeur de philosophie à l’Université d’Anvers et membre du CCBB, cette affaire confirme la « sacralisation malsaine » de l’euthanasie dans notre sociétéNi les médecins, ni la famille de la personne décédée n’ont considéré leur comportement comme répréhensible, et la Commission leur a donné raison, en dépit des conditions légales violées. Certains diront sans doute que ce n’est qu’un « petit abus », un effet secondaire d’une loi que nous sommes socialement priés de considérer comme une « succes story éthique et médicale ». (Article paru dans De Standaard)

    Cette affaire n’est que la « pointe de l’iceberg » affirme Willem Lemmens. En 2015, seuls 73 % des euthanasies en Flandre ont été déclarées à la Commission de contrôle, et 58 % en Wallonie. Qu’est-il arrivé dans les autres cas ? interroge-t-il, et quid de toutes les formes camouflées d’euthanasies ?

    Mais il y a pire. De plus en plus de médecins témoignent de la pression morale qu’ils ressentent. Puisque l’euthanasie est de plus en plus perçue par la population comme un droit sur sa mort et sur celle de ses proches, c’est leur liberté thérapeutique et de conscience à eux, les praticiens, qui est mise sous pression. 

    Lemmens qualifie le lobby d’une « petite minorité de médecins fanatiques », présente au sein de la CFCEE, de « prise d’otage du monde médical ». 

    Il insiste sur le fait que la société n’a encore jamais eu droit à un débat transparent et nuancé sur l’euthanasie, alors qu’elle doit pouvoir entendre les doutes et les questions des médecins.  Une proposition de résolution visant à l’évaluation de la loi a été déposée début décembre à la Chambre par Els Van Hoof.

    Cette énième affaire confirme que la loi euthanasie n’a pas rempli ses promesses de contrôle et de transparence, et confirme l’urgence à sortir de la politique de l’autruche à ce sujet.

    Source : De Standaard 

  • Quand la modification génétique de l'embryon se banalise

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    « LA BANALISATION DE LA MODIFICATION GÉNÉTIQUE DE L’EMBRYON EST EN MARCHE »

     de genethique.org (15 novembre)

    Jean-François Bouvet, docteur ès-sciences et auteur de Bébés à la carte, publie une tribune dans le Point dans laquelle il s’indigne de la « banalisation de la modification génétique de l’embryon ». La première expérience de ce type, rendue publique en 2015 par une équipe chinoise[1], avait suscité « indignation ou enthousiasme », en tant qu’ « intrusion sans précédent, avant la naissance, dans le patrimoine génétique de l’espèce humaine ». Mais les mises en garde formulées alors par des scientifiques américains sont demeurées « sans grand effet pour l’instant ». Et les « expérimentations génétiques sur l’embryon, ou sur l’œuf dont il est issu, se sont succédées à un rythme soutenu en Chine[2], en Suède[3], aux Etats-Unis[4] et au Royaume-Uni[5] ». L’une des dernières en date, celle du Francis Crick Institute de Londres en septembre dernier[5], n’a provoqué que « quelques lignes ici ou là ». Pour Jean-François Bouvet, l’éthique est « dépassée par la multiplication des expériences sur l’embryon » et « ne se fait plus entendre ».

    Outre la multiplication des expériences, leur objectif évolue : dans les premiers cas, il s’agissait de « corriger un gène défectueux ». Mais dans l’étude du Francis Crick Institute, il était question d’ « inactiver un gène précis de l’embryon (…) pour mieux cerner son implication dans l’embryogenèse » : « Après avoir inventé la FIV il y a une quarantaine d’années, on ‘bricole’ génétiquement des embryons obtenus par cette technique en vue d’optimiser les étapes suivantes »,résume Jean-François Bouvet. Ou encore, des « embryons clonés », comme dans la dernière étude chinoise publiée elle aussi en septembre[6].

    Face à ces expériences tout autour du globe, le questionnement éthique peine à suivre, constate Jean-François Bouvet. Et en France, « la révolution procréatique qui se dessine s’inscrit essentiellement dans le champ sociétal ».

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