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Christianisme - Page 59

  • La troisième grande crise de l'histoire bimillénaire de l'Eglise porte sur le "nous"

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    De George Weigel sur First Things :

    LA CRISE CATHOLIQUE SUR LE "NOUS"

    26 avril 2023

    L'historien de Cambridge Richard Rex a proposé de manière provocante que le catholicisme soit aujourd'hui plongé dans la troisième grande crise de son histoire bimillénaire.

    La première crise a été le débat acharné qui a divisé l'Église sur la question "Qu'est-ce que Dieu ?". Cette question a reçu une réponse définitive lors du premier concile de Nicée (325) et du concile de Chalcédoine (451). Nicée I a affirmé que Jésus est vraiment Dieu, la deuxième personne de la Trinité ; Chalcédoine a affirmé que, par l'incarnation de la deuxième personne de la Trinité, la divinité et l'humanité sont unies dans l'unique personne de Jésus-Christ. C'est ainsi que Nicée I et Chalcédoine ont établi les fondements trinitaires et incarnés de l'orthodoxie chrétienne pour l'éternité.

    La seconde crise, qui a conduit à la fracture de la chrétienté occidentale lors des différentes réformes protestantes du XVIe siècle, tournait autour de la question : "Qu'est-ce que l'Église ?" Le Concile de Trente a donné la réponse orthodoxe à cette question, dans des réponses affinées au fil du temps par l'enseignement du Pape Pie XII sur l'Église en tant que "Corps mystique du Christ", par la Constitution dogmatique sur l'Église du Concile Vatican II et par le Synode extraordinaire des évêques de 1985, qui a synthétisé l'enseignement de Vatican II en décrivant l'Église comme une communion de disciples en mission.

    Et la troisième crise, celle que nous vivons actuellement ? Selon le professeur Rex, elle implique une question qui aurait été exprimée autrefois comme "Qu'est-ce que l'homme ?" Le fait que cette formulation soit aujourd'hui considérée comme problématique est un symptôme de la condition même qu'elle cherche à diagnostiquer. En d'autres termes, qu'est-ce que c'est que d'être humain ? C'est, selon Rex, ce qui est en cause dans "tout un alphabet de croyances et de pratiques : avortement, bisexualité, contraception, divorce, euthanasie, famille, genre, homosexualité, traitement de la stérilité...". Et ainsi de suite, à travers les champs de bataille déchiquetés d'une guerre culturelle qui, commencée à l'extérieur de l'Église, se déroule maintenant à l'intérieur de la maison de la foi.

    Tout d'abord, une crise "théologique", au sens littéral de la théologie : "parler de Dieu". Puis une crise ecclésiologique. Et maintenant une crise anthropologique. Les deux crises précédentes ont divisé l'Église. La troisième pourrait bien le faire également, comme le montrent l'apostasie allemande qui menace de fracturer l'unité de l'Église catholique et l'abandon par d'éminents évêques, théologiens et activistes de la conception de la personne humaine fondée sur la Bible.

    La question "Qui sommes-nous en tant qu'êtres humains ?" est posée de la manière la plus aiguë par l'idéologie du genre et l'insurrection transgenre. Cela a atteint le point d'absurdité où "une drag queen de l'île de Man" (comme l'a rapporté Mary Wakefield le mois dernier dans le Spectator) "a informé les élèves de 7e année qu'il y avait exactement 73 genres. Lorsqu'un enfant courageux a insisté pour dire qu'il n'y en avait que deux, la drag queen aurait répondu "Vous m'avez contrarié" et aurait renvoyé l'enfant".

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  • L’Identité chrétienne des Hongrois

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    L’identité chrétienne des Hongrois: une diffusion KTO « Le pape se rend en Hongrie du 28 au 30 avril 2023 soulignant par-là l’importance de ce pays dans l’identité chrétienne de l’Europe. Pourtant c’est souvent à cause de cette identité chrétienne et sa mise en avant par le premier ministre que la Hongrie est la cible de nombreuses critiques venant surtout de l’ouest de l’Europe et dirigées le plus souvent contre Viktor Orban aux méthodes singulières qualifiées « d’illibérales ». Le peuple hongrois dans son ensemble est souvent pris à partie et sommé de se justifier aux yeux d’une opinion publique qui le soupçonne de complaisance. Ce documentaire ambitionne de dépasser la vision caricaturale que les Hongrois donnent, parfois, d’eux-mêmes dans les médias occidentaux et montrer, tout en nuances, leur vrai rapport avec leur identité chrétienne. Une coproduction KTO/PONS BARIG EUROPE 2023 - Réalisée par Françoise Pons :

  • Rod Dreher, l'Américain qui veut soulever l'Europe conservatrice depuis la Hongrie

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    rod_dreher.jpg"L'écrivain à l'origine du concept de «pari bénédictin» s'est établi à Budapest à l'automne 2022, séduit par le pays de Viktor Orbán. Avec son «pari bénédictin», Rod Dreher apporte une stratégie à une partie des chrétiens déroutés par les mutations sociétales en Occident. | Elekes Andor via Wikimedia Commons :

    En Europe ou aux États-Unis, le terreau est fertile pour une mobilisation des conservateurs, mais dans ce monde vibrionnant, il manque souvent des pensées et des stratégies de référence. D'un côté comme de l'autre de l'Atlantique, l'écrivain américain Rod Dreher parvient à aimanter lecteurs et adeptes de sa pensée stratégique.

    On croit trop souvent que la pensée conservatrice américaine est à l'image des punchlines des conventions de l'association de défense du port d'armes, la National Rifle Association of America (la NRA), ou de la réunion annuelle organisée par les conservateurs, la Conservative Political Action Conference (la CPAC). En vérité, il existe nombre de penseurs conservateurs américains à l'œuvre substantielle et structurée. C'est le cas de Rod Dreher, qui s'est fait connaître voici quelques années en France avec la parution de son ouvrage Comment être chrétien dans un monde qui ne l'est plus – Le pari bénédictin, édité dans l'Hexagone en 2017.

    Communautés pour chrétiens déboussolés par la modernité

    Initialement protestant, puis catholique, et enfin orthodoxe de confession, Rod Dreher postulait dans cet ouvrage très original que, face à la déchristianisation du monde, les chrétiens devaient se regrouper en communautés à l'écart du monde, enlever leurs enfants du système éducatif et faire vivre ces phares spirituels dans un monde à la dérive. Ce «pari bénédictin», comme il le nomme, avait vocation à répondre au légitime questionnement des chrétiens, parfois déboussolés par l'évolution du monde et la modernité, et soumis à des attaques nourries de la part des progressistes ou des woke.

    La pensée de Rod Dreher est, de par sa sophistication, aux antipodes des meetings de l'ex-président Donald Trump, lequel doit être déjà bien en peine d'expliquer succinctement qui est saint Benoît. Son livre a été accueilli avec intérêt en France et son sujet débattu aussi librement qu'honnêtement. Il a participé de la réflexion du monde catholique français post-Manif pour tous. Accords ou désaccords, parfois profonds, avec ce «pari bénédictin» ont permis de discerner quels possibles s'offraient aux chrétiens d'Europe et, d'abord, de France.

    Il existe un large éventail de conservatismes aux États-Unis et tous ne se ressemblent pas, loin s'en faut:

    Des paléoconservateurs aux néoconservateurs, des plus pratiquants à ceux qui sont relativement distants par rapport à la religion, les courants sont nombreux dans le pays.

    Agir face au «totalitarisme mou»

    Avec son «pari bénédictin», Rod Dreher apporte une stratégie à une partie des chrétiens déroutés par les mutations sociétales en Occident. Il pointe d'abord le déclin des valeurs traditionnelles et chrétiennes dans nos sociétés et les menaces qui planent, selon lui, sur la famille ou l'éducation.

    D'après le conservateur, les valeurs adverses sont une attaque massive sur celles portées par les croyants. Il conviendrait donc d'entrer en résistance face à une forme de «totalitarisme mou» qui s'en prendrait aux chrétiens, aux hétérosexuels et, s'il reconnaît qu'il ne s'agit pas d'un totalitarisme comme celui de l'URSS des grandes persécutions, il note que la parole évangélique se confrontait alors directement au KGB tandis que désormais, elle se perd dans le brouillard. D'où l'idée de créer des communautés solidaires chrétiennes à l'écart du monde moderne pour résister. Il cite volontiers Hannah ArendtRené GirardLéon Bloy et sait séduire, au-delà des États-Unis, jusqu'à nombre de catholiques français et ailleurs.

    Face à ce «totalitarisme mou», Rod Dreher encourage en somme à devenir chrétien dissident. C'est l'objet de son second ouvrage, paru en 2021: Résister au mensonge – Vivre en chrétiens dissidents. La réécriture de romans après la mort de leurs auteurs, la chasse sourcilleuse à l'emploi de certains mots, la mise à l'index d'autres, la dénonciation d'enseignants nourrissent considérablement les rangs de ses lecteurs.

    Coup de foudre à Budapest

    Le fait marquant dans l'évolution de Rod Dreher est que ce conservateur américain, qui devrait être comblé par la flambée conservatrice dans son pays, est séduit par la Hongrie de Viktor Orbán et son illibéralisme. Force est de constater que le voyage à Budapest est au conservateur des années 2020 ce que l'excursion à Caracas était au progressiste des années 2000, avec sans doute l'inévitable part d'illusions, la volonté d'ignorer certaines données géographiques et historiques. Toujours est-il que la Hongrie attire différentes familles de la pensée conservatrice, y compris dans sa variante identitaire.

    Comme beaucoup de conservateurs américains (hors néoconservateurs), Rod Dreher est en phase avec le pouvoir hongrois à la fois sur le plan sociétal et sur le plan géopolitique. Dans le magazine d'opinion The American Conservative, il dénonçait ainsi, le 8 mars, les «mensonges» des « liberals » américains à propos de la Hongrie, mais aussi de la guerre en Ukraine. Rod Dreher reproche à ses compatriotes de vouloir ignorer la société hongroise comme ils ont ignoré les Afghans –bien que lui-même tende à projeter sur Charles Maurras, par exemple, sa propre vision des choses, qui en est relativement éloignée.

    S'il a une vision radicale, au sens étymologique du terme, de la mutation que doivent accomplir chrétiens et conservateurs –qu'il tend à confondre, selon une logique propre à ce camp aux États-Unis–, Rod Dreher réussit parfaitement à stimuler le débat dans son pays et en Europe. Incitant à la création de communautés en quasi autarcie pour faire vivre le christianisme à l'abri des excès de la modernité, il a invité à la «dissidence» notamment en matière éducative, puis s'est installé en Hongrie en 2022.

    Puisque l'écrivain n'est pas adepte d'un conservatisme dans un seul pays, on peut comparer sa théorie comme sa pratique à une sorte de foquisme conservateur. Mois après mois, il a, sur les jeunes générations, une influence que certains intellectuels trotskistes (entre autres) eurent sur la jeunesse de leur époque. En matière idéologique, les réflexions stratégiques se comportent parfois comme un balancier."

    En savoir plus: 

    Monde Hongrie Etats-Unis conservatisme chrétiens religion

    Ref. Rod Dreher, l'Américain qui veut soulever l'Europe conservatrice depuis la Hongrie

  • 24 avril : journée de commémoration du génocide arménien

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    24 avril : commémoration du génocide arménien

    Communiqué de L’Oeuvre d’Orient :

    Ce 24 avril a lieu la journée de commémoration du génocide arménien. Perpétré durant la Première Guerre mondiale par l’Empire ottoman contre les Arméniens de son territoire, ce génocide a fait plus d’un million de victimes. Cette année, les commémorations du génocide prennent une teinte particulière, marquées par le blocus organisé par l’Azerbaïdjan contre les Arméniens du Haut-Karabagh depuis plus de 4 mois maintenant.

    L’Œuvre d’Orient s’unit à cette journée de commémoration et réaffirme tout son soutien au peuple arménien. Elle proteste vivement contre le blocus en cours dans le Haut-Karabagh.

    • EN ARMENIE :

    Monsieur Jean-Yves Tolot, Président du conseil d’administration de L’Œuvre d’Orient, sera en Arménie ce weekend du 24 avril, accompagné d’une délégation. Il se rendra notamment à l’entrée du corridor de Latchine, côté arménien, pour manifester le soutien de L’Œuvre d’Orient aux Arméniens du Haut-Karabagh. Le lendemain, la délégation sera conviée aux commémorations du génocide arménien à Erevan.

    • EN FRANCE :
      • L’Œuvre d’Orient participera notamment à la Divine Liturgie célébrée en mémoire du génocide en l’église de la Madeleine, le 23 avril à 15h30. La messe sera présidée par Mgr Élie Yéghiayan, évêque pour les Arméniens catholiques de France, en présence de Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris et ordinaire pour les catholiques orientaux de France.
      • Le Service Jeunes de L’Œuvre d’Orient sera présent à la veillée organisée par les jeunes de la diaspora arménienne, le 23 avril de 17h à 22h, place Baudoyer (Paris 4e).
      • Mgr Pascal Gollnisch, Directeur général de L’Œuvre d’Orient sera présent au rassemblement organisé par le Comité de Coordination des Arméniens de France lundi 24 avril à 18h, Place du Canada (Paris 8e).
    • EN EUROPE :

    À travers le réseau de ses associations sœurs, L’Œuvre d’Orient organise des rassemblements dans toute l’Europe : en Pologne, en Autriche, en Belgique, en Suisse …, une déclaration sera lue suivie d’une prière pour le peuple arménien et une bougie sera allumée aux couleurs de l’Arménie pour perpétuer le souvenir du génocide.

    • PRIERE pour le peuple arménien :

    « Seigneur, en ce jour de commémoration du génocide arménien, nous te confions tous les Arméniens, d’Arménie et du monde. Qu’ils aient à cœur d’entretenir la mémoire de leur peuple, et qu’ils continuent d’enrichir l’Orient et l’Occident de leur héritage. Nous te prions tout particulièrement pour les 120 000 Arméniens du Haut-Karabagh victimes du blocus. Donne-leur l’espérance et la persévérance face à cette épreuve, et inspire les cœurs des dirigeants internationaux pour qu’ils contribuent au rétablissement de la paix dans le Haut-Karabagh. »

  • Il y a 25 ans : la mort d'une grande historienne qui a pourfendu les préjugés relatifs à la civilisation médiévale

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    De Stefano Chiappalone sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Régine Pernoud : Le Moyen Âge au-delà des préjugés

    22-04-2023

    Vingt-cinq ans après la mort de l'historienne française qui a su allier documentation et vulgarisation pour dépasser la vulgate des "âges sombres" - pas plus sombres que d'autres époques, et en plus avec la lumière du christianisme : c'est peut-être la "faute" qu'on ne peut pardonner à la civilisation médiévale.

    Il est providentiel que ce ne soit pas un historien mais une historienne qui démonte les diverses légendes noires sur la condition des femmes dans ces "âges sombres" qu'elle appelle le "temps des cathédrales". Il s'agit de Régine Pernoud, auteur de La femme au temps des cathédrales et de bien d'autres textes qui ont dépassé les préjugés encore vivaces chez ceux qui abordent le millénaire médiéval.

    La femme au temps des cathédrales - Régine Pernoud - Leslibraires.fr

    L'historienne française est décédée il y a exactement 25 ans à Paris, le 22 avril 1998, à l'âge de 89 ans, après une vie passée dans les archives, en contact direct avec les documents qu'elle pouvait se vanter de connaître mieux que certains historiens, qu'elle n'épargnait pas de ses critiques, disant qu'ils écrivaient des livres basés sur d'autres livres plutôt que sur des sources.

    Née en 1909 à Château-Chinon et élevée à Marseille, elle obtient une licence de lettres à l'université de Paris et est également diplômée de l'École nationale des chartes et de l'École du Louvre. Conservateur au musée de Reims, puis au musée de l'Histoire de France, et enfin aux Archives nationales, il a su allier une riche documentation à une grande capacité de vulgarisation, qui lui permet d'être lu même par ceux qui sont imprégnés de clichés sur le Moyen Âge, tellement vitupérants qu'ils en sont méconnus. Combien de fois entend-on des personnes horrifiées s'exclamer : "médiéval !" face à des faits d'actualité et des contextes marqués par l'oppression ? Il est dommage qu'en regardant les fresques et miniatures médiévales, on ne trouve guère de femmes en burqa.

    Régine Pernoud nous rappelle que les femmes de pouvoir ont été inventées au Moyen-Âge, et certainement pas par nous. Si la première femme à la tête d'un gouvernement semble encore une nouveauté pour les Italiens (et pas seulement) du XXIe siècle, dans ce qu'on appelle les "âges sombres", nous allons d'Irène et Théodora byzantines à Hedwig polonaise, en passant par Melisenda de Jérusalem, Constance d'Altavilla, Mathilde de Canossa, et ainsi de suite, jusqu'à toute une série de reines dont nous ne rêverions même pas aujourd'hui. Sans parler des abbesses comme Hildegarde, investie d'une influence sociale et culturelle autant que religieuse, et de bien d'autres figures féminines dont le rôle aurait été impensable dans l'Antiquité, note Pernoud, selon qui même "au Moyen Âge, les femmes lisaient plus que les hommes".

    Et elles avaient aussi une âme, pour tordre le cou à l'une des milliers de légendes noires qui empêchent encore d'aborder sérieusement une époque où l'on cherche trop souvent l'intrigue d'un film d'horreur plutôt que des faits historiques. Au Moyen-Âge, tout le monde pensait que les femmes n'avaient pas d'âme", peut-on lire dans l'un des chapitres les plus connus du stupidarium contemporain. "Et c'est ainsi que pendant des siècles des êtres sans âme seront baptisés, confessés et admis à l'Eucharistie", objecte Pernoud, qui rappelle aussi que les premières martyres canonisées étaient bien des femmes : Agnès, Cécile, Agathe... (la liste des femmes énumérées dans le Canon romain, prière eucharistique datant du IVe siècle, suffirait). Sans parler du culte rendu à la Vierge Marie, incompatible avec la légende précitée, ou de la "vénération littéraire" accordée aux femmes par le Dolce stil novo, pour ne citer que deux exemples.

    Pour l'historienne française, les archives ont renvoyé une image très différente du préjugé séculaire qui donne son sous-titre à l'un de ses ouvrages les plus connus (Medioevo. Un secolare pregiudizio, Bompiani, Milano 2019). Un préjugé vivant non seulement chez ceux qui fondent leurs connaissances sur quelques films, mais aussi chez cet étudiant qui s'est un jour présenté à elle aux Archives nationales, aussi sûr de lui que sans papiers, en déclarant : "Vous comprendrez que lorsque je fais de l'histoire, ce n'est pas pour savoir si tel fait est correct ou non ; je ne cherche que ce qui peut promouvoir mes idées". Ou encore le documentariste qui l'a contactée pour lui demander des "diapositives sur le Moyen-Âge", en insistant : "Vous savez, les tueries, les massacres, les scènes de violence, les famines, les épidémies...". Autant d'éléments qui, outre le Moyen-Âge, ont marqué les siècles précédents et futurs (n'importe quel journal télévisé suffirait à satisfaire la demande de la documentariste).

    En abordant les nombreux textes de Régine Pernoud, on ne remplacera pas la légende noire par une légende rose correspondante, mais on se sentira invité, cartes en main, à approfondir et à dépasser ce "récit" qui curieusement discrédite toujours et seulement le Moyen Âge. Dans ce nouvel arbre qui a fleuri sur les décombres du monde antique, la sève chrétienne a coulé, et c'est peut-être là la véritable "faute" attribuée à des siècles qui n'ont eu ni plus ni moins que toutes les limites et les fautes humaines propres à chaque époque historique - y compris la nôtre ! A ceux qui s'obstinent à affubler le Moyen Age de l'étiquette "barbarie et obscurantisme", nous répondons avec Régine Pernoud : "C'est le seul âge de sous-développement qui nous ait laissé des cathédrales".

  • Une messe anglicane a été célébrée par erreur à l'autel majeur de la cathédrale de Rome

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    Voir ICI et ICI.

    Et Tyler Arnold sur Catholic News Agency :

    Le Vatican accuse un "défaut de communication" pour le service anglican dans l'église du pape à Rome.
     
    20 avril 2023

    Une cinquantaine d'ecclésiastiques anglicans, qui ne sont pas en communion avec l'Église catholique, ont pris part à des services religieux dans la basilique papale la plus élevée de Rome, le mardi 18 avril. Le Vatican a ensuite publié une déclaration de regret, attribuant l'incident à un défaut de communication.

    Les ecclésiastiques, qui étaient accompagnés par l'évêque Jonathan Baker de l'Église d'Angleterre, font partie de la Communion anglicane, qui s'est séparée de l'Église catholique en 1534 à la suite de la frustration du roi Henri VIII de ne pas pouvoir obtenir l'annulation de son mariage. L'Église catholique ne considère pas les ordres sacrés anglicans comme valides et ne reconnaît pas les ordres anglicans comme valides, ce qui signifie qu'ils ne peuvent pas célébrer la messe de manière valide.

    L'office anglican a été célébré à l'archibasilique Saint-Jean-de-Latran à Rome, qui est la plus ancienne basilique de Rome et le siège officiel de l'évêque de Rome, le pape.

    Dans un communiqué publié jeudi, Mgr Guerino Di Tora, vicaire de l'archiprêtre de la basilique du Latran, a déclaré que l'incident était le résultat d'un "défaut de communication" et qu'il "exprime ses profonds regrets pour ce qui s'est passé".

    Le communiqué précise qu'"un groupe d'environ 50 prêtres, accompagnés de leur évêque, appartenant tous à la Communion anglicane, a célébré sur le maître-autel de la cathédrale de Rome en violation des normes canoniques". M. Di Tora a également expliqué que cet épisode regrettable était dû à un défaut de communication".

    Le pape François a rencontré M. Baker et les autres ecclésiastiques mercredi matin, mais on ignore comment et pourquoi ils ont reçu l'autorisation de célébrer un service religieux à l'archibasilique.

    Le clergé anglican qui a participé à l'office est anglo-catholique. Malgré son nom, ce groupe est en communion avec l'Église anglicane et non avec l'Église catholique. Les Anglo-Catholiques ont tendance à avoir des opinions plus traditionnelles que l'Église anglicane dans son ensemble, notamment en s'opposant à l'ordination des femmes.

    Tyler Arnold est journaliste au National Catholic Register. Il a travaillé auparavant pour The Center Square et a été publié dans divers médias, dont The Associated Press, National Review, The American Conservative et The Federalist.

  • Sur KTO : Arménie, le martyre silencieux de la première nation chrétienne

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    De KTO Télévision :

    Arménie : le martyre silencieux de la première nation chrétienne

    21/04/2023

    Dans l’émission Associons-nous ce mois-ci, l’Aide à l’Eglise en détresse attire notre attention sur les difficultés vécues par les Arméniens. Le conflit avec l’Azerbaïdjan autour du territoire du Haut-Karabagh a provoqué depuis septembre de nouveaux morts et des milliers de déplacés. L’unique route reliant le Haut-Karabagh à l’Arménie est bloquée par des Azéris. La population arménienne qui y réside manque de tout. L’acheminement de denrées alimentaires n’est plus possible. Les Eglises sont mobilisées en Arménie pour venir au secours de ces familles. Alors que le 24 avril marque la date de la mémoire du génocide arménien de 1915, la rédaction de KTO s’est rendue en Arménie pour recueillir le témoignage de ces chrétiens qui souffrent dans le silence médiatique et politique. Avec Tigrane Yegavian, chercheur au Centre français de recherche sur le renseignement, Thomas Oswald, Journaliste de l’Aide à l’Église en Détresse, et Diane Chambon, volontaire en Arménie avec l’AED. Participez à l’émission en envoyant vos questions à associons-nous@ktotv.com ou en direct sur les réseaux sociaux avec #AssocionsNous.

  • Pourquoi le parallélisme entre catholicisme et islam ne tient pas

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    Sur la Nuova Bussola Quotidiana, une interview de Rémi Brague par Lorenza Formicola :

    Rémi Brague : « L'islam n'est pas une religion »

    Brague : "Catholicisme et islam ? Un faux parallèle".

    18-04-2023

    Quelle est la finalité de l'islam, quelles sont les similitudes et les différences avec l'islamisme, quelle est l'origine du terme "islamophobie", pourquoi la charia se heurte à la tradition juridique européenne et pourquoi le parallélisme avec le catholicisme ne tient pas. La Nuova Bussola interroge le philosophe Rémi Brague, auteur de Sur l'Islam.

    Qu'est-ce que l'islam ? Pour le philosophe et islamologue Rémi Brague, la perception que les Occidentaux ont de ce credo est trop souvent contaminée par une analyse fondée sur le christianisme.

    Dans Sur l'Islam, récemment sorti en librairie, Brague, grâce à une connaissance approfondie des théologiens et penseurs musulmans, "redessine" le tableau de la civilisation islamique. Un texte précieux si l'on considère le rôle que joue l'islam dans l'Europe d'aujourd'hui. Ce sont des musulmans qui, désobéissant à ce que la charia interdit normalement, se sont volontairement installés dans un pays de mécréants et se retrouvent dans ce qu'ils appellent le "monde de la guerre", c'est-à-dire non soumis à l'islam. Et dans le monde de la guerre, il n'est pas déraisonnable de se comporter en guerrier.

    Brague, spécialiste de la philosophie médiévale arabe et juive, membre de l'Institut de France, professeur de philosophie, ancien professeur émérite de l'université Panthéon-Sorbonne, nous fait visiter le monde islamique, pour de vrai. La Nuova Boussola l'a interviewé.

    Professeur Brague, pourquoi écrire à nouveau un livre "Sur l'islam" ? Qu'est-ce qu'il a de plus que les autres livres ?

    J'ai voulu me situer, dans un langage simple, à mi-chemin entre les ouvrages d'initiation et de vulgarisation et les monographies très techniques. J'ai essayé de présenter l'islam d'une manière qui le rende compréhensible et qui donne la parole aux grands penseurs de son époque. D'où les nombreuses citations dans le texte. En outre, j'ai posé une question très rarement abordée : quel est le but de l'islam, que veut-il accomplir ?

    Et qu'est-ce que l'islam veut réaliser ?

    Un hadith bien connu fait dire à Mahomet qu'il a été envoyé aux rouges (on dirait : les gens à la peau rose, les "blancs") comme aux noirs, c'est-à-dire à tout le monde. Un autre hadith, également célèbre, lui fait dire qu'il a reçu l'ordre de combattre les gens jusqu'à ce qu'ils confessent leur foi en Allah et en son messager, fassent la prière et paient l'impôt. L'objectif est alors la conquête du monde entier, pas nécessairement par la violence. Une fois que le monde sera sous le pouvoir de l'Islam, la conversion sera une action raisonnable pour les soumis.

    L'islam est-il compatible avec la démocratie occidentale ?

    Le Coran ne dit rien sur le meilleur système politique, monarchie, aristocratie ou démocratie. La vie de Mahomet le montre en train de demander conseil à ses compagnons et même d'être d'accord avec eux. Il n'est pas difficile de trouver des musulmans progressistes affirmant que le Prophète a agi en démocrate, ou même que l'Islam promeut la démocratie. Les pays islamiques ont toujours été dirigés par des rois ou un "homme fort", un dictateur, un soldat, le mollah en Iran, etc. Dans l'idéal, rien n'empêche une démocratie parlementaire d'émerger un jour en terre d'Islam. Mais dans un tel régime, chaque parlementaire resterait soumis en interne à l'une des formes de la shari'a et ne voterait que des lois compatibles avec elle. Enfin, le seul législateur resterait Allah, qui a dicté sa volonté dans le Coran et dans les faits et gestes de Mahomet, le "bel exemple" (Coran, XXXIII, 21).

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  • Chinoiseries sino-vaticanes : L'installation de l'évêque Shen Bin à Shanghai

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    Modèle du genre :

    « Rome (Agence Fides) - Le mardi 4 avril au matin, l'évêque chinois Joseph Shen Bin,à la tête du diocèse de Haimen (province de Jiansu), a pris ses fonctions dans le diocèse de Shanghai :

    « La cérémonie - rapporte le site d'information chinois Xinde.org - a été présidée par le père Wu Jianlin, directeur du Comité catholique de Shanghai pour les affaires éducatives. Au cours de l'événement, la lettre de la Conférence des Évêques catholiques de Chine ordonnant le transfert de Mgr Shen Bin à la tête du diocèse de Shanghai a été lue. Ensuite, après les discours de l'évêque de Pékin, Joseph Li Shan, et de quelques prêtres de la communauté de Shanghai, Mgr Shen Bin a également pris la parole.

    Dans son discours, l'évêque Shen Bin a déclaré qu'il souhaitait poursuivre la "belle tradition d'amour de la patrie et de l'Église catholique à Shanghai", dans le respect des principes d'indépendance et d'autonomie. L'évêque a également rappelé l'urgence de suivre la ligne de la "sinisation de l'Église en Chine" et son intention de "promouvoir la proclamation de l'Évangile", conformément à ce qui a été "la grande tradition de Shanghai".

    Environ 200 personnes, dont des prêtres et des religieuses du diocèse de Shanghai, ont assisté à la cérémonie.

    Thaddeus Ma Daqin, qui avait été ordonné évêque auxiliaire en juin 2012 lorsque le diocèse était encore dirigé par l'évêque jésuite Aloysius Jin Luxian, vit également à Shanghai. Ma Daqin avait été élu évêque avec l'accord du Saint-Siège et du gouvernement de Pékin. Puis, dès le jour de son ordination épiscopale, il avait été confiné au séminaire de Shanghai, car à la fin de la liturgie de consécration, il avait exprimé son intention d'abandonner les fonctions qu'il avait occupées jusqu'alors au sein de l'Association patriotique des catholiques chinois. La Conférence des Évêques catholiques chinois lui avait retiré l'autorisation d'exercer son ministère épiscopal et l'avait également suspendu du sacerdoce public pendant deux ans. Pendant tout ce temps, le Saint-Siège a reconnu et continue de reconnaître Ma Daqin comme Évêque auxiliaire de Shanghai.

    Dans l'après-midi du mardi 4 avril (heure italienne), le directeur du Bureau de Presse du Vatican, Matteo Bruni, a déclaré aux journalistes que "le Saint-Siège avait été informé il y a quelques jours de la décision des autorités chinoises" de transférer l'évêque et "a appris par les médias l'installation ce matin". "Pour l'instant, a ajouté M. Bruni, je n'ai rien à dire sur l'évaluation de la question par le Saint-Siège.

    L'accord signé entre le Saint-Siège et le gouvernement chinois le 22 septembre 2018, renouvelé pour deux périodes consécutives de deux ans en 2020 et 2022, et toujours qualifié d'"accord provisoire", se limite à la question des nominations d'évêques chinois. Selon les déclarations d'intention initiales, l'accord devait créer "les conditions d'une collaboration plus large au niveau bilatéral". À l'époque, la voie de la gradualité a été choisie, reconnaissant le fait que tout chemin, même le plus compliqué, se fait pas à pas, abordant progressivement les questions ouvertes qui conditionnent la vie de l'Église catholique en Chine, affrontant chacune d'entre elles jusqu'au bout, jusqu'à ce qu'une solution convenue soit trouvée, sans jamais rompre ni prendre d'initiatives unilatérales, de part et d'autre. Lorsque l'on lance un processus, il faut toujours tenir compte du fait que le chemin à parcourir peut comporter des moments de blocage, des difficultés ou l'émergence de nouveaux problèmes. Des prévisions de ce type ont déjà été faites par de hauts représentants du Saint-Siège au moment de la signature de l'accord, qui reste un point important d'arrivée et de redémarrage d'un processus en cours depuis des décennies.

    Joseph Shen Bin est né en 1970 dans la ville de Qi Dong, dans une famille de longue tradition catholique. Il a étudié la philosophie au séminaire de Sheshan à Shanghai et la théologie au séminaire national de Pékin. Il a été ordonné prêtre le 1er octobre 1996. Il a été curé puis vicaire général à Haimen jusqu'en 2008. Après le décès de l'évêque Yu Chengcai, Shen a dirigé le diocèse en tant qu'administrateur diocésain. Puis, le 21 avril 2010, il a été ordonné évêque de Haimen avec un mandat papal et la reconnaissance des autorités politiques.

    Aujourd'hui, Shen Bin est considéré comme un évêque apprécié et apprécié par l'appareil gouvernemental chinois. En août 2022, la dernière assemblée des représentants catholiques chinois l'a élu président de la Conférence des Evêques catholiques chinois. En mars, Shen Bin a été l'un des trois évêques cooptés dans l'équipe des 11 représentants catholiques qui ont participé au 14e Comité national de la Conférence consultative politique du peuple chinois.

    L'évêque Shen Bin a participé à deux rencontres internationales pour la paix organisées par la Communauté de Sant'Egidio à Münster et Osnabrück (septembre 2017) et à Bologne (octobre 2018). "Il y a vingt ans", a rappelé Shen Bin dans un entretien publié dans la publication en ligne Vatican Insider en octobre 2017, "nous ne pouvions pas prier publiquement pour le Pape. Nous ne pouvions mentionner la communion avec le Pape dans aucun texte, dans aucune formule. Maintenant, à chaque messe, nous prions pour le Pape François. Et nous récitons même des hymnes pour le Pape, des hymnes qui ne sont plus utilisés en dehors de la Chine". Dans la même interview, l'évêque de Haimen de l'époque soulignait que "depuis longtemps, nous avons compris qu'en Chine, pour faire avancer les choses, il est commode et parfois nécessaire de faire la distinction entre les questions ecclésiales, les questions de foi, et les questions économiques et administratives, qui en elles-mêmes ne touchent pas au dépôt de la foi". Il a ajouté : "Jésus dit que nous devons être rusés comme des serpents et simples comme des colombes". (Agence Fides 4/4/2023) ».

    Ref. L'installation de l'évêque Shen Bin à Shanghai

  • Ukraine : l'agenda LGBT et anti-chrétien progresse avec la guerre

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    De Luca Volontè sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Ukraine : l'agenda LGBT et anti-chrétien progresse avec la guerre

    01-04-2023

    Les armements reçus des pays de l'UE et des Etats-Unis s'accompagnent d'une accélération des diktats occidentaux pour que l'Ukraine approuve le "mariage gay" et toute la série de revendications Lgbt. La liberté de religion est menacée. Et parallèlement à la guerre, un conflit religieux plus large se déroule, comme le montre le différend sur le monastère des Grottes.

    La guerre n'a fait qu'accélérer les diktats et les chantages occidentaux auxquels l'Ukraine se soumet pour recevoir des armements et obtenir la "licence européenne". Les deux fronts de cette action de déracinement de l'identité du pays sont : d'une part, une plus grande limitation de la liberté religieuse et une église soumise à l'Etat ; d'autre part, la légalisation progressive de la théorie du genre et des relations homosexuelles.

    Dès janvier dernier, le Conseil de sécurité des Nations unies et, plus récemment, le Haut commissaire aux droits de l'homme, Volker Türk, ont mis en garde contre les restrictions de la liberté religieuse dans toute l'Ukraine, soulignant le danger des perquisitions fréquentes dans les monastères et les églises, ainsi que les projets de loi susceptibles de porter atteinte au droit à la liberté religieuse. Ces derniers jours, les 29 et 30 mars, des échauffourées ont éclaté à l'extérieur d'un monastère à Kiev après qu'une branche ukrainienne de l'Église orthodoxe, qui, selon le gouvernement, a des liens avec la Russie, a défié un ordre d'expulsion. Les tensions concernant la présence de l'Église orthodoxe ukrainienne (UOC) dans le monastère des Grottes de Kiev, vieux de 972 ans, se sont accrues depuis l'invasion de l'Ukraine par la Russie en février 2022.

    Kiev accuse l'Église orthodoxe ukrainienne de maintenir des liens avec le patriarcat de Moscou, qui a soutenu l'invasion de l'Ukraine, tandis que l'Église orthodoxe ukrainienne affirme avoir rompu tous ses liens avec l'Église russe depuis mai 2022. Le conflit autour du monastère des Grottes, le site orthodoxe le plus vénéré d'Ukraine, s'inscrit dans le cadre d'un conflit religieux plus large, parallèle à la guerre. Le complexe monastique appartient au gouvernement ukrainien, qui a notifié son expulsion à l'Église orthodoxe d'Ukraine le 29 mars. La tentative d'étatisation de l'orthodoxie ukrainienne avait déjà commencé sous le gouvernement du précédent président ukrainien, Petro Porochenko, arrivé au pouvoir après le "coup d'État" de Maïdan, et a finalement été sanctionnée le 5 janvier 2019, lorsque l'Église orthodoxe d'Ukraine (OCU) a officiellement obtenu son indépendance et la déclaration d'autocéphalie, célébrée par le patriarche de Constantinople, Bartholomée. À partir de ce moment, l'orthodoxie du pays était divisée en deux églises : l'Église orthodoxe ukrainienne (l'OCU) liée au Patriarcat de Moscou, et l'OCU presque homonyme, une église autocéphale liée à Constantinople.

    Ces jours-ci, avec le siège des moines du monastère des Grottes, c'est-à-dire l'intention explicite de Zelensky de parvenir à une pleine "indépendance spirituelle" vis-à-vis de Moscou, nous assistons donc à la dernière étape de l'affaiblissement de l'orthodoxie et de la destruction de tout ce qui peut nous rappeler les liens historiques profonds entre l'Ukraine et la Russie. La guerre et la rupture des liens identitaires entre les deux pays est un service indispensable à l'enracinement en Ukraine de nouvelles coutumes et cultures antichrétiennes, voulues et imposées par l'Europe et les États-Unis. Ce n'est pas un hasard si dès juillet dernier, cinq mois après le début de la guerre et après des années de refus, l'Ukraine a ratifié la Convention d'Istanbul, exigée par Bruxelles et envisagée par l'Open Society de Soros. L'arrêt de Zelensky, qui, au début du mois d'août 2022, a déclaré au monde entier son soutien total à l'approbation du soi-disant "mariage gay", avait été pris en charge par des mouvements tels que Chrétiens pour l'Ukraine, promettant des protestations et des manifestations sans précédent dans tout le pays pour défendre la conception divine, les droits des enfants et la Constitution ukrainienne (article 51 : "Le mariage est fondé sur le libre consentement d'une femme et d'un homme. Chacun des époux a des droits et des devoirs égaux dans le mariage et dans la famille... La famille, l'enfance, la maternité et la paternité sont sous la protection de l'État").

    La fureur de l'arc-en-ciel semblait s'être calmée ; cependant, ces derniers jours, compte tenu de la nouvelle aide militaire et économique en cours, Zelensky et ses associés de la majorité parlementaire sont revenus à la charge en faveur de la légalisation du mariage et de l'adoption homosexuels. Ils l'ont fait d'abord par l'intermédiaire de groupes pro-LGBT qui, avec le soutien des médias européens, ont scandé des slogans sur l'homophobie russe et la nécessaire différence ukrainienne en matière de droits civils ; puis par l'intermédiaire de législateurs qui ont présenté des projets de loi sur l'enregistrement des couples de même sexe et les droits connexes ; et enfin par l'intermédiaire de couples homosexuels de soldats en larmes qui, depuis le front, ont réclamé des droits égaux à ceux de leurs camarades hétérosexuels. Politico écrit que la guerre fait progresser les droits des LGBT en Ukraine, mais il vaudrait mieux dire la vérité jusqu'au bout, à savoir qu'il y a une tentative d'instrumentaliser la tragédie de la guerre pour satisfaire les revendications arc-en-ciel et accroître la déchristianisation du pays.

    Aujourd'hui, cependant, M. Zelensky et ses mandants occidentaux sont confrontés à l'ensemble du Conseil des églises et des organisations religieuses d'Ukraine, qui s'oppose aux propositions visant à introduire le "mariage homosexuel". Tous les orthodoxes, catholiques, protestants, juifs et musulmans s'opposent à toute proposition en ce sens, qui ne serait "qu'une première étape, car l'étape suivante consistera à introduire la possibilité d'adopter des enfants par des couples de même sexe, avec toutes les conséquences extrêmement négatives pour la formation de la personnalité de ces enfants et la privation de leur droit naturel de grandir dans une famille et d'avoir un père et une mère", peut-on lire dans la déclaration commune.

    Il va sans dire que l'industrie de la maternité de substitution pour les couples hétérosexuels en Ukraine se poursuit à un rythme soutenu et devrait déjà être légalisée pour les couples LGBT d'ici la fin de l'année 2023. Restreindre la liberté religieuse, briser l'Église orthodoxe, implanter de nouvelles doctrines LGBT par le biais d'un néolaïcisme d'État : est-ce pour cela que nous voulons aider le peuple ukrainien ?

  • N'en déplaise à François qui abhorre le prosélytisme, voici comment la foi s'est répandue parmi les femmes en Chine au XVIIème siècle

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    De Sandro Magister sur Settimo Cielo :

    François déteste le prosélytisme. Mais voici comment la foi a été propagée parmi les femmes chinoises au 17e siècle

    Dans le déluge d'interviews qui a accompagné ses dix années de pontificat, Jorge Mario Bergoglio est revenu, comme il l'a fait mille fois, sur le "prosélytisme".

    Pour lui, évangéliser, c'est simplement témoigner. Il cite à l'appui Benoît XVI, qui déclarait à Aparecida en 2007 que l'Église "ne fait pas de prosélytisme, mais se développe par attraction". Il se réfère également à l'exhortation apostolique "Evangelii nuntiandi" de Paul VI, qui, il est vrai, attribuait également une "importance primordiale" au témoignage silencieux, mais ajoutait immédiatement après :

    "Toutefois, cela reste toujours insuffisant, car même le plus beau témoignage restera longtemps impuissant, s'il n'est pas éclairé, justifié - ce que Pierre appelait "donner les raisons de son espérance" -, explicité par une annonce claire et sans équivoque du Seigneur Jésus". La Bonne Nouvelle, proclamée par le témoignage de vie, doit donc tôt ou tard être proclamée par la parole de vie. Il n'y a pas de véritable évangélisation si le nom, l'enseignement, la vie, les promesses, le Royaume, le mystère de Jésus de Nazareth, Fils de Dieu, ne sont pas proclamés".

    Mais rien n'arrête le pape François dans son aversion. Lors de son voyage au Mozambique en septembre 2019, il confiait aux jésuites locaux : " Je l'ai dit plusieurs fois : le prosélytisme n'est pas chrétien. Aujourd'hui, j'ai ressenti une certaine amertume lorsqu'une dame s'est approchée de moi avec un jeune homme et une jeune femme et m'a dit : 'Votre Sainteté, je viens d'Afrique du Sud'. Ce jeune homme était hindou et s'est converti au catholicisme. Cette jeune fille était anglicane et s'est convertie au catholicisme". Elle m'a raconté cela d'une manière triomphante, comme si elle avait chassé avec le trophée. Je me suis sentie mal à l'aise et je lui ai dit : 'Madame, l'évangélisation oui, le prosélytisme non'".

    Même aux catholiques chinois persécutés, dans un message vidéo, François a enjoint de "ne pas faire de prosélytisme", comme s'il s'agissait de leur vice capital.

    Qui sait donc ce que le pape a dû penser en lisant le magnifique article du père Federico Lombardi dans le dernier numéro de "La Civiltà Cattolica", dans lequel il raconte comment les missionnaires jésuites ont propagé la foi chrétienne même parmi les femmes dans la Chine du XVIIe siècle, en dépit des préclusions inflexibles qui les maintenaient à l'écart et hors d'atteinte.

    Selon le décompte d'un jésuite de l'époque, en 1627, les missionnaires avaient fait 13 000 prosélytes en Chine, puis 40 000 en 1636, 60 000 en 1640 et 150 000 en 1651.

    Parmi les femmes, les premières baptisées furent en 1589 "quelques honorables matrones", épouses ou mères d'hommes instruits catéchisés par le Père Matteo Ricci à Zhaoqing, dans le sud de la Chine. Mais "le tournant" se situe en 1601, avec l'arrivée du Père Nicolò Longobardo à Shaozhou, où son premier catéchumène, un mandarin, se chargea d'enseigner aux femmes de sa parenté ce qu'il apprenait progressivement du missionnaire, jusqu'à ce qu'elles soient baptisées à leur tour et "aimaient se réunir avec d'autres femmes de statut social inférieur, même des paysannes, qui étaient également devenues chrétiennes, les traitant comme des sœurs, et c'était une occasion de grand émerveillement".

    Selon les rapports envoyés par les Jésuites à Rome, les femmes recevaient le baptême de la manière suivante : "Une fois l'instruction donnée par un membre de la famille, un autel était érigé dans l'une des pièces principales de l'une de leurs maisons, sur lequel l'image du Sauveur était exposée avec des bougies et de l'encens. Les parents et les connaissances affluaient. Puis vint le missionnaire qui, devant les maris et les parents, interrogea les femmes sur la doctrine chrétienne, qu'elles devaient connaître de fond en comble, et sur les principaux mystères du christianisme. Les femmes répondaient depuis l'appartement qui leur était réservé, sans s'étonner d'être vues et examinées par des étrangers, un spectacle très nouveau dans le monde féminin chinois.

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  • "Retrouver notre culture musicale catholique"

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    De Maitena Urbistondoy sur le site de l'Homme Nouveau :

    Max Guazzini : retrouver notre culture musicale catholique

    26 mars 2023

    Avocat, ancien directeur des programmes de NRJ, ancien président du club du Stade français Paris rugby, Max Guazzini revient à ses premières amours : la musique. Il présente aujourd’hui son album « Les Chants de Jésus » avec le Schola Regina, accompagné de son ami chef de chœur, Philippe Nikolov. Portrait.

    “Il faut le moment pour que les cerisiers soient en fleurs, c’est au printemps. D’ailleurs, c’est au printemps que nous avons enregistré.” Dans un café parisien où il a ses habitudes, Max Guazzini nous explique comment son troisième album de chants religieux, “Les chants de Jésus” s’est préparé. Après avoir dirigé les programmes de NRJ, ancien président du Stade français, il est habitué aux projets de grande ampleur. Mais cette fois, les grands moyens sont mobilisés pour un des derniers disques d’art sacré qui mobilisent encore autant de professionnels : “il faut laisser parler son cœur et sa passion”. L’album vient clore une trilogie entamée en 2011 avec une première sortie d’un ensemble de 46 chants grégoriens intitulé “Credo”, suivi en 2015 de “Les Chants de Marie”.  

    Du haut de ses presque deux mètres, il se penche vers vous curieux de savoir quel chant vous avez préféré parmi les 24 dédiés à Jésus. Puis, il vous raconte l’histoire de chacun d’entre eux. Des morceaux d’histoire religieuse ou populaire qu’on retrouve dans le carnet préparé avec soin avec son ami Philipe Nikolov, chef de chœur et directeur artistique. Max Guazzini insiste sur le travail fourni par son acolyte avec qui il a sélectionné parmi la longue liste possible les œuvres qu’ils ont enregistrées. “On a voulu faire un album pour montrer la richesse des chants liturgiques en allant du Christus Vincit du VIIe siècle au plus récent Anima Christi en passant par celui qu’on appelle chant du Titanic.” Ce dernier est célèbre car la légende veut que le morceau ait été joué pour ceux qui n’avaient pas pu monter dans les canots de sauvetage. Max Guazzini reconnaît que le choix des morceaux a été subjectif, mais se trouve satisfait aujourd’hui car toutes les époques y sont représentées, et tous les styles.  

    Habitué à programmer la musique pendant plus de vingt ans sur une des premières chaînes de radio de France, Max Guazzini a voulu composer un album diversifié allant du grégorien à des pièces plus modernes avec le défi d’en faire un ensemble harmonieux, “il y a de la place pour différentes formes de musiques et de liturgies aussi…” Élevé dans une école catholique où “tout était en latin” pendant les messes, il a cette familiarité avec le grégorien. Enfant, il fera la consécration au Sacré-Cœur d’où le choix de la couverture de l’album, la représentation “du Christ qui vient de sainte Faustine car nous voulions une image d’un Jésus radieux”.  

    Après s’être éloigné pendant un temps, il est revenu ces dernières années à la pratique où la musique a une place importante ; “j’aime la belle musique religieuse et une belle liturgie s’accompagne toujours d’une belle musique”. Il reconnaît avoir un faible pour le grégorien comme ce Te lucis ante terminum, hymne des complies qui sera enregistré en une seule prise “absolument parfait, un moment de pureté”. Il espère par ailleurs pouvoir faire découvrir à un public plus large la richesse de la culture musicale catholique. Bien sûr, les œuvres parleront davantage aux fidèles mais “tant mieux si cela peut devenir missionnaire”.  

    Max Guazzini est assez confiant concernant l’avenir spirituel de la France, “il faut toujours espérer”. Lorsqu’il présente le Lauda Jerusalem de l’album, il évoque la magnifique procession d’entrée de la messe de pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté. Cette longue colonne qui marche jusqu’à Chartres, c’est pour lui une bonne surprise et le signe d’une relève présente chez les jeunes. Il regrette qu’on ait “trop sécularisé certaines choses, notamment dans la liturgie mais les jeunes ont soif d’absolu et ils en reviennent”.  

    >> “Les Chants de Jésus” (2022)