Que change le nouveau rescrit du pape François ? Pourquoi préférer la messe traditionnelle à la nouvelle messe ? Les réponses du Club des Hommes en noir avec cette semaine autour de Philippe Maxence, les abbés Barthe et Guelfucci, le père Thomas et Jean-Pierre Maugendre.
Débats - Page 108
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Que change le nouveau rescrit du pape François ? Pourquoi préférer la messe traditionnelle à la nouvelle messe ?
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Le pape appréhende une modification substantielle de l'Homo Sapiens et insiste sur la responsabilité éthique des scientifiques
SALUTATION DE SA SAINTETÉ LE PAPE FRANCOIS À UNE DÉLÉGATION DE LA SOCIÉTÉ MAX PLANCK
Jeudi 23 février 2023
Mesdames et Messieurs, bonjour et bienvenue !
Je remercie le Président, le Professeur Martin Stratmann, pour ses aimables paroles. Je suis très sensible à votre visite, qui me permet une fois de plus d'exprimer l'estime du Saint-Siège pour la recherche scientifique et, en particulier, pour le travail de la Société Max Planck, au sein de laquelle des milliers d'individus, au sein de divers Instituts, s'engagent pour l'avancement des sciences et le progrès dans des domaines de recherche spécifiques.
Pour cette raison, j'encourage la Société Max Planck à maintenir, comme elle l'a toujours fait, les plus hauts standards d'intégrité scientifique, afin qu'elle puisse rester libre de toute influence inappropriée, qu'elle soit de nature politique ou économique. Il s'agit d'une exigence essentielle à chaque étape du travail scientifique, de la recherche initiale à la publication des résultats et à la manière dont ils sont utilisés. Je crois qu'à notre époque, le soutien à la science pure doit être défendu et, si possible, accru. En effet, sans préjudice de la science appliquée, la science pure devrait être reconnue comme un bien public, dont les contributions doivent être mises au service du bien commun. Votre Société peut certainement accomplir beaucoup à cet égard.
L'annonce de la naissance prochaine de ce que l'on appelle la "pensée hybride", résultant de la combinaison de la pensée biologique et non biologique, comme moyen d'éviter que l'être humain ne soit supplanté par l'Intelligence Artificielle, soulève des questions importantes tant pour l'éthique que pour la société dans son ensemble. Il faut reconnaître qu'une fusion entre les capacités cognitives humaines et la puissance de calcul des machines pourrait modifier substantiellement l'espèce Homo sapiens. On ne peut donc manquer de se poser la question du sens ultime, c'est-à-dire de la direction vers laquelle tout cela tend. Pour ceux qui se reconnaissent dans le projet transhumaniste, ce n'est pas une source d'inquiétude. Il n'en va pas de même, en revanche, pour ceux qui sont attachés au projet néo-humaniste, selon lequel la séparation de l'agir et de l'intelligence est inacceptable. Si la capacité de résoudre des problèmes est séparée de la nécessité d'être intelligent pour le faire, l'intentionnalité et donc la nature éthique de l'action seront abolies. Je suis certain que la Société Max Planck voudra apporter une contribution fondamentale à cette discussion.
Une dernière considération. Comme on le sait, l'époque de la "seconde modernité" a vu se développer dans certains milieux scientifiques un principe de responsabilité "technique" qui ne laisse aucune place au jugement moral sur ce qui est bien ou mal. L'action, surtout dans les grandes organisations, serait évaluée en termes purement fonctionnels, comme si tout ce qui est possible était, pour cette raison même, éthiquement licite. L'Église ne pourra jamais accepter une telle position, dont les conséquences tragiques ne sont que trop évidentes. Le type de responsabilité qui, aujourd'hui, doit revenir au premier plan de notre culture est la responsabilité pour le soin des autres, qui va au-delà de la simple comptabilité des résultats obtenus. Car, en fin de compte, nous sommes responsables non seulement de ce que nous faisons, mais aussi, et surtout, de ce que nous pouvons faire et que nous choisissons de ne pas faire.
Chers amis, je vous remercie encore pour cette visite et je vous présente mes meilleurs vœux pour vos travaux. Que l'Esprit Saint vous assiste dans vos recherches et dans vos différents projets. Je vous bénis cordialement, et je vous demande, s'il vous plaît, de prier pour moi.
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La pratique de l'euthanasie et ses dérives inquiétantes
D'Aymeric de Lamotte, directeur de l'Institut Thomas More, dans la Libre de ce 24 février, p. 35 :
Les dérives inquiétantes de la pratique de l’euthanasie
La tendance contemporaine qui crée inlassablement de nouveaux droits individuels pousse le législateur à étendre la pratique de l’euthanasie et à vouloir banaliser celle-ci.
Si autrefois, l’Europe, traversée d’anthropologie humaniste, défendait la vie jusqu’à son terme naturel, l’évolution moderne des mœurs a incité les États à légiférer sur l’assistance médicale au suicide. Ainsi, en 2002, le gouvernement Verhofstadt I a décidé de doter la Belgique d’une loi dépénalisant l’euthanasie et encadrant son exécution. En quinze ans, de 2004 à 2019, le nombre d’euthanasies déclarées chaque année a été multiplié par sept et dépasse les deux mille cas par an depuis 2015, sans compter un quart à un tiers d’euthanasies clandestines (en 2022, 2 966 euthanasies ont été déclarées à la Commission fédérale de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie, NdlR). Le récent témoignage d’Olympe, youtubeuse française de 23 ans, qui a exprimé le désir d’avoir recours à l’euthanasie en Belgique (notons que le cas d’Olympe ne tombe pas dans le périmètre de la législation belge, NdlR) nous invite à ausculter la pratique de l’euthanasie sur le sol belge vingt ans après sa dépénalisation.
L’autonomie de l’individu, dans le respect de la volonté du médecin de pratiquer l’acte, est le pilier principal sur lequel repose le régime actuel. Seule une personne majeure capable - ou un mineur sans limite d’âge "doté de discernement" depuis 2014 -, se trouvant dans une situation médicale sans issue, peut être euthanasiée à condition que la demande soit "réfléchie et répétée". Aux termes de la loi, la personne adulte doit endurer une souffrance physique ou psychique constante et insupportable qui ne peut être apaisée. Le mineur, quant à lui, ne peut en théorie pas demander l’euthanasie pour seule souffrance psychique ou à un stade non terminal de la maladie. La pratique vingtenaire du cadre juridique ébauché dans ces lignes a été analysée de manière très complète par l’Institut européen de bioéthique dans un dossier récent (1). L’espace réduit de ce papier ne nous permet que d’ébaucher quatre dérives identifiées.
D’une part, le contrôle a posteriori de la Commission fédérale de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie est défaillant. En effet, celuici ne se réalise que sur la seule base de la déclaration des médecins, sans être en mesure de vérifier les informations transmises. Par ailleurs, les médecins membres de la Commission pratiquant des euthanasies font face à de sérieux conflits d’intérêts : ils sont amenés à évaluer la conformité de leurs propres euthanasies. Enfin, la Commission admet que les moyens financiers et humains dont elle bénéficie l’empêchent d’effectuer un contrôle sérieux.
D’autre part, la loi belge reconnaît la liberté de conscience du médecin ne souhaitant pas participer à une euthanasie quand celui-ci la considère incompatible avec la déontologie médicale et le serment d’Hippocrate. Néanmoins, une modification de la loi, votée le 15 mars 2020, contraint désormais les établissements de santé à accepter la pratique de l’euthanasie en leur sein. Cette modification est une atteinte inadmissible à la liberté constitutionnelle de s’associer et de déterminer sa mission. En outre, sur le plan individuel, cette modification entrave concrètement l’exercice du refus de donner la mort - et dès lors l’exercice de la liberté de conscience - pour tout médecin exerçant dans un hôpital ou une maison de retraite qui doit nécessairement autoriser l’euthanasie.
Par ailleurs, le fait d’associer l’euthanasie au "droit de mourir dans la dignité" nous tend un piège en présentant une fausse alternative : le choix de l’euthanasie ou celui de la souffrance insoutenable. Or, les découvertes scientifiques jusqu’à aujourd’hui permettent pratiquement d’éradiquer toute forme de douleur physique et les soins palliatifs permettent une prise en charge efficace et globale des douleurs du patient. En outre, penser que la dignité suit la courbe ascendante ou descendante de l’état de santé de la personne alors qu’elle en est au contraire intrinsèque et inaliénable est une conception erronée.
Enfin, la tendance contemporaine qui crée inlassablement de nouveaux droits individuels pousse le législateur à étendre la pratique de l’euthanasie et à vouloir banaliser celle-ci. À titre d’exemple, l’Open VLD plaide pour l’euthanasie sans motif lié à l’état de santé, fondé sur la seule "fatigue de vivre" de la personne. En réalité, cette évolution révèle surtout une sorte de fatigue relationnelle, une sorte d’abandon du plus faible qui se meurt dans sa solitude, une dégradation de notre rapport à la vulnérabilité et à la fragilité.
(1) Institut européen de bioéthique, "L’euthanasie, 20 ans après : pour une véritable évaluation de la loi belge", mai 2022 - note réalisée par Léopold Vanbellingen, chargé de recherche.
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L’Institut Européen de Bioéthique et un groupe de soignants belges rencontrent la ministre française Agnès Firmin Le Bodo à propos de la fin de vie en Belgique
L’Institut Européen de Bioéthique et un groupe de soignants belges rencontrent la ministre française Agnès Firmin Le Bodo à propos de la fin de vie en Belgique
Communiqué de presse
Alors que la France s’interroge sur une possible dépénalisation de l’euthanasie, plusieurs experts et professionnels de la santé de Belgique ont rencontré la ministre française Agnès Firmin Le Bodo, en charge du débat sur la fin de vie, ce mardi 21 février 2023 à la Fondation Universitaire (Bruxelles). Co organisé par l’Institut Européen de Bioéthique (IEB) et le Professeur Benoît Beuselinck, médecin oncologue à l’UZ Leuven-KULeuven, cet événement a permis de présenter la situation belge concernant la fin de vie à la ministre et à sa délégation.
Comme a pu le préciser Léopold Vanbellingen, juriste de l’IEB, la loi n’a pas mis fin aux euthanasies clandestines et, vingt ans après sa dépénalisation, l’euthanasie n’est plus « une solution d’exception ». Au contraire, on constate une extension inquiétante de cette pratique - notamment vers les personnes qui ne sont pas en fin de vie -, dont témoignent les nouveaux chiffres record pour l’année 2022 (près de 3000 euthanasies officiellement déclarées).
La ministre s’est d’ailleurs interrogée sur le pourcentage important d’euthanasies clandestines (25 à 35%) toujours constaté malgré la loi ainsi que sur les raisons invoquées pour accéder à l’euthanasie. Comme l’a souligné le professeur Beuselinck, le critère de «maladie grave et incurable » tend peu à peu à s’effacer, en pratique, devant celui d’absence de qualité de vie.
Dans ce contexte, la question se pose de savoir comment encadrer une telle pratique. Les membres de la délégation française (ministre, députés et soignants) ont remercié les experts présents de leur avoir permis de s’informer au plus près de la réalité vécue par les patients et les soignants belges à ce sujet.
Cette rencontre a été l’occasion de s’interroger sur le rôle du médecin et sur la possibilité de continuer à promouvoir l’accompagnement et les soins palliatifs, dans un contexte où la mort par euthanasie apparaît comme une solution de plus en plus évidente et efficace face à la souffrance. Interrogés par la ministre sur le fait de savoir si les soins palliatifs étaient assez développés en Belgique, plusieurs experts ont souligné que de nombreux progrès sont encore nécessaires dans ce domaine, mais aussi dans le soulagement de la souffrance psychologique et existentielle des patients.
Alors qu’un des membres de la délégation française s’interrogeait sur la façon dont la population belge considérait l’euthanasie, médecins et infirmiers belges présents dans la salle ont témoigné avec force du fait que la promotion et la médiatisation régulières de l’euthanasie conduisent de plus en plus chaque citoyen à se demander s’il choisira ou non l’euthanasie pour sa fin de vie.
Enfin, cette rencontre a permis d’aborder la question de la liberté de conscience du personnel soignant. Plusieurs médecins ont témoigné des pressions subies régulièrement de la part de collègues, de patients, ou de familles qui exigent l’euthanasie pour leur proche. L’exception à l’interdit de tuer que proposait la loi dépénalisant l’euthanasie semble, dans les faits, s’être inexorablement transformée en droit du patient à ce qu’un médecin mette fin à sa vie. Plusieurs experts présents ont ainsi invité les décideurs français à tenir compte de cette réalité au moment de légiférer sur la fin de vie.
L’Institut Européen de Bioéthique continuera quant à lui à proposer son éclairage sur la prise en charge de la fin de vie en Belgique et en Europe, afin de soutenir les patients et les soignants, et d’informer au mieux les citoyens et les décideurs sur ces enjeux.
Léopold Vanbellingen, juriste pour l'Institut Européen de Bioéthique
La Ministre Agnès Firmin Le Bodo et les membres de la délégation française
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Traditionis custodes : « Le rescrit du Pape n’a pas été une grande surprise »
Lu sur le site web aleteia, cet article signé Agnès Pinard Legry publie ce 24.02.23 :
« Dans un rescrit publié mardi 21 février le Saint-Siège a renforcé le contrôle de l’application du motu proprio Traditionis custodes. "Ce document confirme seulement ce qui avait été dit dans Traditionis Custodes tout en rappelant que certaines dispenses relèvent exclusivement du Siège Apostolique", explique à Aleteia l’abbé Benoît Paul-Joseph, supérieur du district de France de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre (FSSP). Entretien.
Le pape François a décidé par un rescrit en date du 21 février que les prêtres ordonnés après la promulgation du motu proprio Traditionis custodes – le 16 juin 2021 – devront demander l’autorisation au Saint-Siège pour pouvoir célébrer la messe tridentine. Les évêques doivent ainsi demander une autorisation au dicastère pour le Culte divin et la discipline des sacrements pour que de jeunes prêtres célèbrent avec le Missel romain de 1962, ainsi que pour l’utilisation ou l’érection d’une église paroissiale pour la messe tridentine. « Ce rescrit confirme simplement les normes générales établies par le Motu Proprio concernant les autorisations relevant du Siège Apostolique », explique à Aleteia l’abbé Benoît Paul-Joseph, supérieur du district de France de la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre (FSSP).
Aleteia : Que retenez-vous du rescrit publié ce mardi 21 février ?
Cela n’a pas été une grande surprise, puisque des rumeurs circulaient depuis quelques semaines sur la publication d’un texte romain visant à encadrer de façon plus stricte la liturgie selon l’ancien ordo. J’en retiens, tout d’abord, qu’il s’agit d’un rescrit, c’est-à-dire, en quelque sorte, d’un procès-verbal faisant état, par écrit, de décisions prises au cours d’une discussion. Publié avec l’autorisation du Saint-Père, le document est signé par le préfet du Dicastère pour le Culte divin. Ensuite, ce rescrit confirme simplement les normes générales établies par Traditionis Custodes concernant les autorisations relevant du Siège Apostolique, à savoir l’octroi de la permission aux prêtres ordonnés après la publication du Motu Proprio de célébrer la messe selon le missel romain de 1962, et l’usage des églises paroissiales pour la liturgie romaine selon l’ancien rite.Cela va-t-il changer beaucoup de choses pour la FSSP ?
Le 11 février 2022, donc après la publication de Traditionis Custodes et des Responsa ad dubia (18 décembre 2021), actes qui font l’objet des explications du présent rescrit, le pape François, dans un décret signé de sa main, a accordé, à tous les membres de la Fraternité Saint-Pierre, la faculté de célébrer la messe et d’administrer les sacrements selon les livres liturgiques en usage en 1962. Tout prêtre membre de la Fraternité Saint-Pierre jouit donc de cette autorisation qui a été donnée, je le répète, par le Saint-Père lui-même, après le Motu Proprio du 16 juillet 2021 et après les Responsa. Par ailleurs, le décret du Pape précise que cette permission vaut pour les oratoires propres de la Fraternité Saint-Pierre, et que partout ailleurs il faudra le consentement de l’Ordinaire du lieu, c’est-à-dire de l’évêque. Cette disposition du décret du Saint-Père donne à l’évêque diocésain la faculté d’autoriser, par lui-même, la célébration de la liturgie selon l’ancien ordo par des prêtres de la Fraternité Saint-Pierre dans les églises de son diocèse qui lui semblent adaptées.Notre attachement à la liturgie ancienne n’a rien d’idéologique ; il s’agit pour nous de vivre en profondeur des richesses spirituelles dont elle nous abreuve.
Comment analysez-vous ces allers-retours ?
À vrai dire, le rescrit du 21 février 2023 confirme seulement ce qui avait été dit dans le Motu Proprio Traditionis Custodes tout en rappelant que certaines dispenses (autorisation de célébrer la messe selon l’ancien ordo pour un prêtre ordonné après la publication de Traditionis Custodes, ou l’accueil de cérémonies selon l’ancien ordo dans les églises paroissiales) relèvent exclusivement du Siège Apostolique. C’est d’ailleurs le Saint-Père lui-même qui autorise par son décret du 11 février 2022 tous les membres de la Fraternité Saint-Pierre à user des livres liturgiques de 1962 et, avec le consentement de l’Ordinaire du lieu, de pouvoir célébrer en telle ou telle église de son diocèse. Le Saint-Père a pris cette décision compte tenu de notre histoire et de notre spécificité, en particulier la fidélité de nos fondateurs au successeur de Pierre au moment des sacres de quatre évêques par Mgr Lefebvre sans mandat pontifical. Le pape François nous a dit lors de l’audience privée du 4 février 2022 que cette attitude de nos fondateurs devait être « honorée, protégée, encouragée ». Cette histoire est commune à toutes les communautés ex-Ecclesia Dei, qui relèvent depuis lors, par leur droit propre (Constitutions définitivement approuvées par le Saint-Siège), d’un régime spécifique dérogeant à la loi générale en vigueur.Alors que nous entrons en Carême, quelle est votre Espérance ?
Elle est de saisir les grâces de ce temps liturgique si fécond, en prenant de la distance par rapport à l’agitation du temps, pour revenir à l’essentiel, pour vivre davantage en présence du Seigneur, en nous retirant un peu à l’écart, en le suivant au désert. La liturgie romaine traditionnelle peut ici nous être d’un puissant secours, puisqu’une messe propre est prévue pour chaque jour du Carême, avec de magnifiques textes à méditer, dont nous allons nous nourrir. Notre attachement à la liturgie ancienne n’a rien d’idéologique ; il s’agit pour nous de vivre en profondeur des richesses spirituelles dont elle nous abreuve. Ce Carême en est l’occasion, et pour nous tous, c’est l’heure d’une conversion intérieure, qui nous établira dans la vraie Paix. »Ref. Traditionis custodes : « Le rescrit du Pape n’a pas été une grande surprise »
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"Tout doit être conforme aux exigences de l'Évangile et non aux opinions des conservateurs ou des progressistes"
De Franca Giansoldati sur Il Messaggero :
Le pape François défend ses choix après la répression contre les traditionalistes, "l'Évangile n'est pas de droite ou de gauche, plus de polarisations".
22 février 2023
Cité du Vatican - Au lendemain de la répression du rite latin avec laquelle une muselière définitive a été mise sur le courant traditionaliste, le pape François justifie sa décision en expliquant que "dans l'Église, tout doit être conforme aux exigences de l'Évangile et non aux opinions des conservateurs ou des progressistes, mais au fait que Jésus atteint la vie des gens. C'est pourquoi tout choix, tout usage, toute structure et toute tradition doivent être évalués dans la mesure où ils favorisent l'annonce du Christ". Lors de l'audience générale qui tombe ce matin sur le Mercredi des Cendres, début du Carême, la réflexion papale développée devant les fidèles dans la Salle Paul VI se concentre sur l'annonce de l'Esprit Saint, selon un passage de l'Évangile de Matthieu (Lecture : Mt 28,18-20).
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Mais qui sont donc ces catholiques traditionalistes ?
De Christophe Dickès sur le Figaro Vox (via le Forum Catholique) :
«Pourquoi retirer aux traditionalistes ce que Jean-Paul II et Benoît XVI avaient accordé?»
23/02/2023
Le carême des catholiques traditionalistes commence dans la peine. En charge des questions liturgiques au Vatican, le cardinal Roche qui, dans les faits, n’a jamais caché son opposition à l’œuvre de Benoît XVI, vient de publier un nouveau texte validé par le pape François sur la pratique de l’ancien rite. Contrairement à l’esprit même que le pape a souhaité donner à son pontificat, il réduit drastiquement la liberté des évêques et leur autonomie en la matière. Mais qui sont donc ces catholiques traditionalistes?
À l’échelle de l’Église de France, ils font partie des rares pratiquants réguliers. Soit moins de 4 % des catholiques français. Ils sont donc une minorité d’une minorité. Ils catéchisent leurs enfants en leur apprenant les dix commandements et les prières que les catholiques doivent connaître. À cet égard, ils pratiquent souvent en famille. Certains d’entre eux, souhaitant préserver leurs enfants de la cancel culture qui se développe dans l’environnement scolaire, mettent leurs enfants dans les écoles hors contrat. Ces écoles étant très chères, ils font donc des sacrifices et se privent. Ils savent cependant que l’instruction vaut tous les trésors du monde, notamment l’instruction religieuse assurée par des prêtres.
Ces gens assistent surtout à la messe en latin. Non pas parce qu’ils préfèrent la langue universelle de l’Église, ni par snobisme. Non. Parce qu’il existe une verticalité et une sacralité dans le rite improprement qualifié de tridentin, moins évidentes dans le rite «communautaire» de la messe Paul VI. Ils aiment aussi ce rite parce qu’il est le moins clérical: le prêtre, en effet, leur tourne le dos au moment du Canon. Dans l’ancien rite, nul personnalisme: les fidèles prient dans un face-à-face silencieux avec Dieu.
Or, depuis près de deux ans, ces gens se sont vus retiré par Rome ce que les deux papes précédents avaient accordé après de longues et bienveillantes tractations. Rappelons que ces gens, après le fameux «schisme» de Mgr Lefebvre en 1988, avaient voulu montrer au Saint-Siège leur fidélité en faisant part de leurs besoins spirituels comme le permet le droit canon (C. 212 § 2). Cet acte de fidélité avait été récompensé à sa juste mesure par le pouvoir pontifical. Ces gens savent aussi que, depuis les origines du christianisme et le concile de Jérusalem (acte 15), l’Église tire son unité non pas de la liturgie mais bien de la profession d’une même foi (CEC 814). Pour cette raison, ils savent qu’il existe dans l’Église plusieurs rites romains (anglican, zaïrois) et de très nombreux autres rites reconnus par Rome: alexandrin, byzantin, arménien, etc.
Aujourd’hui, ces gens sont pointés du doigt. On aurait pu se demander pourquoi ils remplissent leurs églises quand bien d’autres se vident. On aurait pu aussi se demander si ces gens ne font pas partie de ce que Benoît XVI a appelé les minorités créatives: écoles, groupes de scouts, chorales, assistance aux personnes âgées, œuvres missionnaires, médias et surtout… conversions et vocations. Les tradis font fleurir leur figuier, mais il semble que cela n’ait pas d’importance.
Surtout, comme saint Paul appelé à Jérusalem par les colonnes de l’Église (Galates 2), on aurait pu essayer de recevoir les chefs des instituts et des fraternités concernées pour les entendre. On aurait même pu leur demander de faire des efforts en travaillant sur certains points. Au même titre que la Fraternité saint Pie X ou les anglicans furent engagés à travailler avec Rome sur une réintégration, toujours sous le pontificat de Benoît XVI. On aurait pu, en cas de mauvaise volonté, faire une correction fraternelle, voire une réprimande et même faire preuve de sollicitude pastorale. Ce qui est œuvre de justice dans le droit canon (C. 1 341). Mieux, comme la parole est aujourd’hui aux laïcs, on aurait pu aussi inviter quelques-uns de ces fidèles de la base, représentatifs de ce courant si singulier de l’Église.
Il n’en fut rien: seul le supérieur de la Fraternité Saint-Pierre a été reçu. Il a eu gain de cause. Quant aux laïcs, des mères de prêtres âgées de 50 à 65 ans, qui ont fait 1500 km à pied de Paris à Rome afin de déposer au pied du vicaire de Pierre une supplique, ont été reçues à peine trois minutes. 1500 kilomètres pour une poignée de secondes… Dans ce groupe, goutte d’eau d’espérance dans un océan d’indifférence, il y avait même une fidèle de la communauté de l’Emmanuel qui, prise de compassion, avait souhaité faire un bout de chemin avec ce petit monde étrange. Cette femme avait créé un pont. Elle fut accueillie par des larmes et aimée selon les mots de Tertullien: « Voyez comme ils s’aiment» (Apologétique, n. 39 § 7).
Aujourd’hui, on donne à ces tradis des noms pour mieux les disqualifier. Ils sont nihilistes nous explique-t-on ou bien encore restaurationnistes. Un critique anglais les considère même comme des nouveaux jansénistes! On leur dit de reconnaître le concile Vatican II alors que l’écrasante majorité d’entre eux n’a lu et ne lira jamais le concile Vatican II. Pas plus quela plupart des fidèles qui assistent à la messe Paul VI. On leur reproche leur ecclésiologie sans se demander si les 96 % des catholiques qui ne pratiquent pas en ont une. On souhaite au fond les rééduquer. De gré ou de force. La synodalité est semble-t-il à la mode, mais «eux» n’ont qu’un seul droit: celui de la souffrance dans le silence.Lien permanent Catégories : Actualité, Débats, Eglise, Foi, liturgie, Patrimoine religieux 2 commentaires -
Le cardinal Roche voulait une constitution apostolique, il n'a eu qu'un rescrit
Rescrit : une humiliation pour le cardinal Roche ?
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La guerre contre l'ancienne messe révèle le bluff de la synodalité
De Stefano Chiappalone sur la Nuova Bussola Quotidiana :
La guerre contre l'ancienne messe révèle le bluff de la synodalité
22-02-2023
Du Saint-Siège vient un nouveau coup subtil au rite traditionnel, déresponsabilisant encore plus les évêques (libres de refuser mais pas d'accorder). Dans l'Église du synode permanent, ce n'est que face à la tradition liturgique que se dressent les murs qu'on dit vouloir abattre ailleurs.
Alors qu'on parle partout de synodalité, laissant chacun choisir la voie qu'il préfère, qu'elle soit " à la française ", " à l'allemande " ou " à la sauce amazonienne ", le Saint-Siège ne transige pas sur un point : cette messe-là ne doit pas être faite. "Cette" messe, c'est-à-dire la forme de la liturgie célébrée pendant des siècles jusqu'en 1970, quand soudain - après quelques années d'expérimentation sauvage - un nouveau rite a été composé et imposé, et le précédent destiné à s'éteindre. Cependant, ce rite ne s'est pas éteint, et maintenant on essaie de le résoudre avec... la pitié (entre autres significations, la pitié était aussi le nom de la dague utilisée pour donner le coup de grâce à un adversaire blessé).
Le nouveau coup stylistique porté au rite romain traditionnel a pris la forme d'un rescrit rendu public hier et daté du 20 février, qui soustrait pratiquement à l'évêque diocésain précisément ce rôle de "modérateur, promoteur et gardien" de la liturgie, pourtant affirmé à l'article 2 et dès les premiers mots du motu proprio Traditionis custodes ("Gardiens de la tradition" se réfère en fait aux évêques). Un rôle qui fait soudainement défaut sur deux aspects que le Saint-Siège a pris en charge depuis hier. En effet, le rescriptum ex audientia Sanctissimi indique que, lors de l'audience du 20 février, le Saint-Père a réservé "de manière spéciale au Siège apostolique" la concession de l'usage des églises paroissiales ou l'établissement de nouvelles paroisses personnelles et l'autorisation de célébrer selon le Missale Romanum de 1962 pour les presbytres ordonnés après Traditionis Custodes. Le Pape confirme l'autre ligne "fermetureniste" déjà exprimée (et appliquée) par le Cardinal Arthur Roche avec les Responsa du 18 décembre 2021, qui sont en fait explicitement cités et approuvés dans le rescriptum.
Dans la foulée du motu proprio, certains évêques avaient dérogé à l'interdiction de célébrer en rite ancien dans les églises paroissiales - d'autres lieux de culte comme les chapelles, les oratoires, etc. sont répandus en Italie, mais pas dans tous les pays - tandis que la possibilité d'autoriser les nouveaux prêtres à utiliser le missel avant les réformes était établie par la même Traditionis Custodes comme une prérogative de l'évêque (art. 4), assignant au Saint-Siège un rôle de consultation et non de décision finale - en ce sens, on peut parler d'une modification encore plus restrictive du motu proprio de juillet 2021. Mais Roche a parlé et agi différemment, et le soutien du pape est désormais explicite. Même les décisions déjà prises ne sont pas sauvées, puisque le rescriptum précise que "si un évêque diocésain a accordé des dispenses dans les deux cas mentionnés ci-dessus, il est tenu d'en informer le Dicastère pour le culte divin et la discipline des sacrements, qui évaluera les cas individuels". La direction dans laquelle il évaluera semble assez claire, étant donné les précédents, par exemple à Savannah, en Géorgie, où l'année dernière l'évêque, bien que favorable, a dû "consulter" le dicastère, qui a imposé une "date limite" pour les célébrations.
Au moins, maintenant, c'est écrit noir sur blanc : les évêques sont libres, oui, mais seulement pour refuser, avec tout le respect dû à la synodalité. Les trop bienveillants devront compter avec Roche, dont l'hostilité à l'égard de l'ancien rite est bien connue depuis l'époque du Summorum Pontificum de Benoît XVI, comme le rappelait récemment le blog Messainlatino. Le mystère demeure entier quant à la raison pour laquelle le pontife de l'époque l'a appelé à Rome en 2012, précisément pour s'occuper de la liturgie (un fait curieux, qui montre à quel point les voix de la dissidence étaient plus libres précisément sous le pontificat du soi-disant "pasteur allemand"). Par rapport à la rumeur d'une "constitution apostolique" (qui pourrait encore arriver) ou à tout autre document plus percutant, ce bref rescrit arrive doucement, presque en sourdine, mais touche une corde plus profonde, laissant entre les mains du cardinal Roche les éventuelles failles restantes pour les fidèles et les prêtres liés à la liturgie traditionnelle. Avez-vous besoin de prêtres ? Et je ne les autorise pas. L'église non paroissiale la plus proche est à 50 km ? Et je refuse la dispense. Ils visent l'extinction, comme cela a déjà été dit explicitement, de l'article 6 du motu proprio aux déclarations répétées du pontife et du cardinal.
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Mettre fin aux célébrations dominicales sans prêtres : un objectif du cardinal Eijk
De Luke Coppen sur The Pillar :
Le cardinal néerlandais défend son projet de mettre fin aux célébrations dominicales sans prêtre
Le cardinal Willem Eijk s'engage à éliminer les services de la parole et de la communion dominicales en l'absence de prêtre au cours des cinq prochaines années.
16 février 2023
Un cardinal néerlandais a déclaré qu'il poursuivait son projet de supprimer progressivement les services de la parole et de la communion dominicales en l'absence de prêtre sur son territoire.
Le cardinal Willem Eijk, archevêque d'Utrecht, a déclaré dans une lettre datée du 14 février qu'il s'engageait à supprimer les célébrations dominicales sans prêtre au cours des cinq prochaines années, afin que la messe puisse "occuper la place centrale qui lui revient" parmi les catholiques locaux, malgré les protestations de certains membres de l'archidiocèse.
Dans les régions d'Europe qui ont connu une forte baisse des vocations sacerdotales, les catholiques se réunissent régulièrement en semaine pour des célébrations de la parole et de la communion, dirigées par un diacre ou un laïc permanent. Les lectures de l'Écriture et la proclamation de l'Évangile sont suivies de la distribution de la Sainte Communion, consacrée lors d'une messe précédente.
Lorsqu'aucun prêtre n'est disponible pour célébrer la messe dominicale, les communautés catholiques peuvent être autorisées à organiser des services de parole et de communion, conformément aux directives locales et au "Directoire pour les célébrations dominicales en l'absence de prêtre" publié en 1988 par le dicastère de la liturgie du Vatican.
Malgré la prévalence croissante de ces liturgies dans certains endroits, Eijk, le primat des Pays-Bas, a d'abord signalé son intention de mettre fin aux célébrations dominicales sans prêtre dans une lettre pastorale de 2019, alors que son archidiocèse marquait une Année de l'Eucharistie.
Le cardinal a dévoilé un plan pour l'élimination progressive de ces célébrations - qui ont eu lieu dans l'archidiocèse pendant des décennies - dans une lettre datée du 27 octobre 2022, qui, selon lui, est le fruit d'une consultation dans l'archidiocèse. Il a annoncé qu'"à partir du 1er janvier 2028, les services de la parole et de la communion le dimanche ne seront autorisés que dans des situations exceptionnelles."
"J'espère qu'ainsi la célébration de l'Eucharistie retrouvera davantage sa place centrale les dimanches et solennités dans l'archidiocèse d'Utrecht comme la célébration du mystère pascal le jour du Seigneur, le dimanche, jour où nous commémorons spécialement que le Seigneur est ressuscité d'entre les morts", a-t-il écrit.
Le Katholiek Nieuwsblad, un hebdomadaire catholique néerlandais, a rapporté en janvier que ce projet avait "provoqué une grande agitation parmi un groupe de fidèles de l'archidiocèse", qui ont lancé une pétition demandant au cardinal de changer de cap.
Dans sa lettre du 14 février, écrite en réponse aux signataires de la pétition, le cardinal de 69 ans a répondu à la suggestion selon laquelle, étant donné que de nombreuses églises où cette pratique a lieu sont vouées à la fermeture en raison d'une baisse constante de la participation à la messe, le plan du cardinal est inutile et elles devraient être autorisées à poursuivre les célébrations dominicales pour le moment.
Eijk a déclaré : "Cependant, il existe des paroisses dans lesquelles le processus de fermeture des églises n'a pas encore commencé et où, par conséquent, pour le moment, de nombreuses églises resteront ouvertes, de sorte que si la politique reste inchangée, le nombre de célébrations de la parole et de la communion - au moins dans ces paroisses - restera élevé, et donc la célébration eucharistique ne pourra pas occuper la place centrale qui lui revient pendant de nombreuses années."
Mais Mgr Eijk, qui dirige l'archevêché depuis 2008, a rassuré les catholiques locaux en affirmant que les services de la parole et de la communion continueraient d'être disponibles en semaine dans les paroisses et le dimanche dans les établissements de soins.
En novembre dernier, les évêques néerlandais ont publié un rapport sévère avant leur visite ad limina à Rome, dans lequel ils notaient que le nombre de catholiques aux Pays-Bas était passé de 4 millions en 2012 à 3,7 millions en 2021.
Les catholiques d'Utrecht ont fait appel au pape François en 2015 après que Mgr Eijk ait proposé de transformer les 326 paroisses de l'archidiocèse en 48 communautés plus grandes, chacune dotée d'un seul "centre eucharistique".
Dans une lettre pastorale, le cardinal a déclaré : "Lorsque j'ai parlé au pape, j'ai prévenu que les anciennes structures de l'Église n'existeraient plus au moment où je prendrais ma retraite - et qu'en 2025, les deux tiers de nos églises auraient été retirées du culte divin. Le pape a été choqué, mais a répété que nous devions aller de l'avant et ne pas céder à la nostalgie d'un passé qui ne réapparaîtra jamais."
Les catholiques d'autres régions des Pays-Bas sont également confrontés à la perspective de fermetures d'églises. L'évêque Jan Hendricks a annoncé en septembre que 60 % des églises de son diocèse de Haarlem-Amsterdam devaient fermer dans les cinq prochaines années en raison de la diminution du nombre de fidèles, de bénévoles et de revenus.
Le cardinal Eijk, ancien médecin, est connu aux Pays-Bas pour sa forte opposition aux lois permissives du pays sur l'euthanasie.
Le cardinal Eijk a également attiré l'attention des médias lorsqu'il a demandé au pape François de "clarifier" l'interprétation de son exhortation apostolique Amoris laetitia. Il a récemment demandé aux évêques belges de retirer un texte autorisant la bénédiction rituelle des couples homosexuels et a suggéré que le pape rédige une encyclique sur la théorie du genre.
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L’alerte d’un grand canoniste sur le projet d’une Église synodale
Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso, traduction de Diakonos.be :
Cinq risques et trois contre-mesures urgentes. L’alerte d’un grand canoniste sur le projet d’une Église synodale
Alors que s’achèvent les synodes continentaux qui vont ensuite confluer vers le synode mondial sur la synodalité programmé à Rome en octobre de cette année et l’année prochaine, l’essai d’un éminent canoniste qui révèle au grand jour, et avec une rare compétence, les limites comme les risques de ce projet majeur du pontificat de François est sur le point de sortir en librairie le 24 février prochain en Italie.
Cet essai, édité chez Marcianum Press, s’intitule : « Metamorfosi della sinodalità. Dal Vaticano II a papa Francesco ». Son auteur est Carlo Fantappiè, professeur de droit canon à l’Université de Rome Trois et à l’Université Grégorienne, membre de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales et auteur d’ouvrages importants notamment sur l’histoire de l’Église, du point de vue du droit.
En un peu plus d’une centaine de pages, faciles à lire mais très bien documentées, le professeur Fantappiè reparcourt dans un premier temps la naissance et le développement de l’idée de synodalité, à partir du Concile Vatican II et des turbulents synodes nationaux des années 1970 aux Pays-Bas, en Allemagne et dans d’autres pays. Il en décrit l’élaboration qui s’en suivit grâce à des théologiens et des canonistes issus de différents pays et de différentes écoles, y compris la Commission théologique internationale avec son document « ad hoc » de 2018. Et enfin, il en étudie la mise en œuvre au sein du « processus » que François a entamé.
Selon Fantappiè, il ne fait aucun doute que François a en tête « un nouveau modèle d’Église ». « Après le modèle grégorien, le modèle tridentin, le modèle juridico-fonctionnel, celui du peuple de Dieu, voilà qu’est en train d’émerger le modèle d’Église synodale ». Il est cependant difficile de comprendre précisément de quoi il s’agit, étant donné qu’il est soumis à des variations continues de la part du Pape lui-même « quasiment de mois en mois ».
« Il me semble comprendre – écrit Fantappiè – que le Pape François ait l’intention de constituer un axe préférentiel, permanent, entre synodalité et synode des évêques », jusqu’au point, peut-être, de « mettre en œuvre la transition d’une ‘Église hiérarchique’ vers une ‘Église synodale’ en état permanent, et donc d’en modifier la structure de gouvernement en tournant le dos à un millénaire basé sur le Pape, la Curie romaine et le collège des cardinaux ».
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"Il y a de l'agitation dans le Collège des cardinaux"
"Chicoutimi", sur le Forum catholique, relaie un entretien accordé par Don Nicolas Bux à Edward Pentin :
Mgr Bux: Il y a de l'agitation dans le Collège des cardinaux
Dans ce nouvel entretien, le Père Nicola Bux affirme qu'il ''essaie d'imaginer la nomination d'un pape restaurateur, tant espéré, quelqu'un comme Pie IX, par exemple, écrivant peut-être un Syllabus d'erreurs pour le 21e siècle''. En attendant, il affirme que François ''ne répond pas à ceux qui lui parlent, même poliment, comme on le voit avec les Dubia des quatre cardinaux, auxquels, de toute façon, tôt ou tard, lui ou son successeur devront répondre.'' Il confirme également que ''la moitié des cardinaux électeurs, et de nombreux évêques, sont convaincus que nous ne pouvons pas continuer ainsi et que des changements sont nécessaires pour remettre l'Église en ordre si elle veut rester catholique.'' Il préconise donc un remède: revenir à l'herméneutique de la continuité et à la réforme de la réforme liturgique initiée par Benoît XVI.
Voici donc la traduction de cet entretien que Don Nicola Bux a accordé à Edward Pentin:
Père Bux: «Il y a de l'agitation dans le Collège des cardinaux»18/02/2023
''Quelle est la gravité de la crise actuelle au Vatican et dans l'Église et que présage-t-elle pour l'avenir?
Pour obtenir une idée plus claire, j'ai parlé avec le Père Nicola Bux, un théologien respecté et ancien consulteur à la fois de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi et de la Congrégation pour les Causes des Saints.
Dans cette interview, le père Bux voit un peu d'espoir dans un monde qu'il considère comme évoluant dans une direction plus conservatrice, mais il se demande si les évêques et les cardinaux sont capables de conduire l'Église sur la même voie et donc d'élire un successeur approprié au pape François.
L'ambiance au Collège des cardinaux est cependant en train de changer, dit le père Bux. «La moitié des cardinaux électeurs et de nombreux évêques sont convaincus que nous ne pouvons pas continuer ainsi et qu'un changement est nécessaire pour mettre l'Église en ordre si elle veut rester catholique — il y a de l'agitation dans le Collège des cardinaux, comme il y en a parmi les prêtres,» explique-t-il, mais ajoute : «Le corps ecclésial se réveille d'un état d'anesthésie.»
Père Bux, quelle est la prémisse de vos réflexions sur la crise de l'Église et comment nous pourrions en sortir?Pour pouvoir discuter concrètement des perspectives, des prédictions, des hypothèses d'un changement de pontificat, beaucoup sont convaincus qu'il faut avoir compris qui a influencé la démission de Benoît XVI et pourquoi. L'archevêque Georg Gänswein affirme que ce n'était pas encombré d'influences, mais il n'a peut-être même pas voulu montrer ces influences, ni qui a influencé la nomination du successeur. Les forces en jeu après dix ans sont les mêmes et plus fortes. Par conséquent, la construction de scénarios devrait identifier et comprendre qui serait "en jeu" dans le prochain conclave et à quel jeu ils prétendraient jouer, avec quels objectifs, avec quelles forces, alliances et moyens, etc.
Au fond, qui prendrait la parole pour soutenir un candidat catholique ou un candidat «progressiste», sachant aussi que les institutions qui jusqu'à récemment connaissaient et pouvaient aujourd'hui influencer un tel événement (Opus Dei, Communion et Libération) ont été réduites? En pratique, sans savoir comment un pape sera «élu» demain, il sera quasiment impossible de faire des scénarios réalistes.