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Doctrine - Page 110

  • Synode allemand : il y a eu des antécédents mais cela s'est chaque fois terminé par un schisme

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    De Sandro Magister (Settimo Cielo) en traduction française sur Diakonos.be :

    Le synode d’Allemagne a au moins trois antécédents.  Qui ont tous fini par un schisme

    Le « Synodale Weg » en cours en Allemagne se révèle chaque jour un peu plus comme un risque sérieux pour le « chemin » de l’Église catholique non seulement allemande mais universelle.

    Il suffit, pour s’en rendre compte, de parcourir les documents publiés jusqu’ici :

    > Sexe, femmes et pouvoir.  Les trois défis que l’Allemagne lance à l’Église

    Ainsi que de se rendre compte des inquiétudes qu’il provoque dans le chef d’un Pape pourtant philo-germanique tel que François :

    > François et le schisme d’Allemagne. Chronique d’un cauchemar

    Sur Settimo Cielo, le professeur Pietro De Marco a critiqué de fond en comble, à plusieurs reprises, les fondements théologiques et ecclésiologiques de ces assises :

    > Le synode de l’Église allemande sous la loupe de l’analyste. Une révolution qui s’auto-détruit

    > Du synode d’Allemagne au monastère de Bose. Anatomie des révolutions catholiques

    Mais une analyse au niveau historique est particulièrement très éclairante elle aussi.  Et c’est ce que nous propose ici Roberto Pertici, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Bergame et spécialiste des rapports entre État et Église.

    L’agenda et les objectifs du synode qui est en train de se dérouler en Allemagne a en fait un nombre de points communs impressionnant avec les velléités réformatrices de trois courants du catholicisme allemand du XIXe siècle, qui ont tous les trois débouchés sur un schisme.

    À une différence près cependant, que souligne le professeur Pertici.  Alors que ces trois courant n’ont reçu qu’un soutien limité auprès de rares et isolés représentants de l’épiscopat allemand, c’est aujourd’hui la quasi-totalité des évêques d’Allemagne qui ont apporté leur soutien aux téméraires réformes synodales.

    Ce processus s’accompagne en outre de la volonté de détacher l’Église catholique de sa « romanité », à travers un processus de « déconfessionnalisation » déjà largement entamé par les protestants, comme Pertici lui-même le montrait dans une intervention sur Settimo Cielo il y a deux ans :

    > La réforme de Bergoglio, Martin Luther l’a déjà écrite

    Par un concours de circonstances, ce dernier dimanche de Pentecôte, 30 théologiens catholiques et protestants allemands – par la voix de leur porte-parole Johanna Rahner – ont signé un appel pour que soit levé aussi bien l’excommunication catholique envers Luther que la qualification luthérienne du Pape comme « Antéchrist ».

    > Theologin über Luther-Bannbulle: Aufhebung wäre « ökumenisches Zeichen »

    *

    L’Église allemande entre « repli national » et primat romain

    de Roberto Pertici

    Les interventions de Sandro Magister et de Pietro De Marco sur le « Synodale Weg » qui est en cours en Allemagne et sur la possible dérive schismatique de l’Église allemande sont très intéressantes pour ceux qui cherchent à comprendre le rapport entre l’Église catholique et la société contemporaine.

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  • De la Voie synodale allemande au cas d'Enzo Bianchi : l'anatomie des révolutions catholiques

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    De Sandro Magister (Settimo Cielo) en traduction française sur Diakonos.be :

    Du synode d’Allemagne au monastère de Bose.  Anatomie des révolutions catholiques

    Rien ne semble pouvoir ralentir la course du « chemin synodal » entrepris par l’Église catholique d’Allemagne. Ni les critiques ni les défections des rares évêques dissidents, ni les sérieuses préoccupations de Rome :

    > François et le schisme d’Allemagne. Chronique d’un cauchemar

    À la tête de la Conférence épiscopale, c’est l’évêque du Limbourg, Georg Bätzing (photo) qui a succédé au cardinal Reinhard Marx, mais sans infléchir la trajectoire.  Non moins loquace que son prédécesseur, le nouveau président a immédiatement enchaîné une série de déclarations téméraires sur les questions les plus brûlantes à l’agenda du synode, du sacerdoce féminin aux couples de même sexe, avec en plus la prétention de dicter à l’Église universelle la ligne à suivre :

    > Bätzing: “Die Zeit läuft uns weg”

    > Bischof Bätzing für Segnung gleichgeschlechtlicher Paare

    > German bishop calls for Rome synod to discuss German synod

    Les objectifs de la faction de l’Église allemande qui est à la manoeuvre sont sous les yeux de tous, dans les textes que le synode a produit jusqu’à présent :

    > Sexe, femmes et pouvoir.  Les trois défis que l’Allemagne lance à l’Église

    Mais derrière cette entreprise, il y a la volonté évidente de subvertir la structure originelle de l’Eglise, non seulement allemande mais universelle, au nom d’une démocratisation en ligne avec les temps.

    Le professeur Pietro de Marco, philosophe et historien de formation, ancien professeur de sociologie de la religion à l’Université de Florence et à la Faculté théologie d’Italie centrale s’était déjà exprimé mi-mai contre cette dérive.

    > Le synode de l’Église allemande sous la loupe de l’analyste. Une révolution qui s’auto-détruit

    Mais les déclarations du nouveau président de la Conférence épiscopale d’Allemagne ont poussé le professeur De Marco a apporter de nouveaux éléments à sa critique du « Synodale Weg », dans lequel sont à l’œuvre les mécanismes révolutionnaires typiques d’une certaine « intelligentsia » catholique qui n’est pas seulement allemande, à l’instar de la communauté de Bose en Italie et son fondateur Enzo Bianchi, que le Pape François a puni récemment en l’exilant de son monastère.

    *

    Synode allemand.  Sur le nouveau président de la Conférence épiscopale et autres mésaventures

    de Pietro De Marco

    Dans les aventures révolutionnaires, les formulations de la culture « critique » voient alterner – en fonction des interlocuteurs et des situations – les énoncés radicaux avec leurs grands objectifs subversifs et les énoncés circonscrits, plus ciblés, banaux à premier vue.  Ce double langage idéologique appartient également à l’opinion publique critique catholique, en ce qu’elle s’inscrit elle aussi dans la catégorie des « sociétés de pensée » révolutionnaires analysées par Augustin Cochin.

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  • Eglise d'Allemagne : la réaction conservatrice s’organise

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    De Claire Bernole sur le site reforme.net (extrait) :

    La réaction conservatrice s’organise

    Comme précédemment dans plusieurs églises catholiques nationales, ce type de proposition (qui consiste à  « réévaluer » l’enseignement de l’Église sur l’homosexualité, la morale sexuelle en général, ainsi que les sacrements de l’ordre et du mariage) a irrité la partie la plus conservatrice de l’Église catholique d’outre-Rhin. L’évêque Rudolf Voderholzer de Ratisbonne a critiqué récemment la direction du Synode allemand, dont Mgr Georg Bätzing (évêque de Limbourg et président de la Conférence épiscopale allemande). « On décide de suivre un procédé participatif. Donc il faut le respecter et éviter d’agir d’une façon autoritaire et tout seul ».

    Dans le même ordre d’idées, l’évêque auxiliaire de Cologne, Dominik Schwaderlapp, vient d’annoncer son retrait du forum de discussion sur la sexualité humaine car à ses dires, la majorité de ses membres serait opposée à l’enseignement de l’Église dans ce domaine.

    Enfin, pour l’instant, un ancien nonce apostolique en Allemagne, l’archevêque Erwin Josef Ender, a vivement critiqué l’orientation prise par le Synode dans l’hebdomadaire catholique Die Tagespost. « Sans aucune considération pour les véritables sources de foi et de révélation, à savoir l’Écriture et la Tradition, l’Église est censée se réinventer, pour ainsi dire. J’ai lu les ébauches des quatre forums de la “voie synodale” (dont celui sur la sexualité NdlR) et je suis alarmé par la direction que semble prendre la discussion », a-t-il martelé.

    Une vingtaine de catholiques traditionalistes allemands connus a aussitôt lancé une pétition qui se fixe pour objectif de « résister au plan des évêques de “protestantiser” l’Église », ce qui mènerait à la « destruction de sa structure hiérarchique établie par Jésus Christ lui-même ».

    Des cardinaux comme Gerhard Müller, Paul Josef Cordes, Walter Brandmüller et Rainer Woelki ont mis en garde sur le risque de schisme qu’engendre ce chemin synodal, lit-on dans la présentation de la pétition qui s’adresse aux fidèles du monde entier.

    Lire également : German cardinal criticizes ‘synodal path,’ exhorts German Church to ‘remain Catholic’ traduit en français ICI.

  • A propos du Covid 19 : nous avions oublié que l’histoire est tragique

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    Covid-19©Pixabay-768x410.jpgLa pandémie de Covid a donné lieu à de multiples interprétations et interrogations, des plus classiques aux plus farfelues, notamment à propos de l’idée de « châtiment divin ». Petit retour ici aux réalités avec l’abbé Christian Gouyaud sur le site du mensuel « La Nef » :

    « Il faudra le temps du recul pour analyser cette étrange séquence de pandémie et de confinement.

    Les chrétiens ont pu vivre la privation sacramentelle en termes de désir ou de frustration, un carême inachevé, un Samedi Saint sans issue, un matin de Pâques encore en réclusion sépulcrale sans que quiconque descelle la pierre tombale. Entre, d’une part, la prudence sécuritaire des gestes barrières et, d’autre part, la décontraction de minimiser l’ampleur de la contagiosité ; entre, pour certains, la révolte face à l’interdit de la liberté de culte public et, pour d’autres, l’accoutumance à une pratique religieuse virtuelle par les moyens télématiques, chacun a placé le curseur là où il a pu dans un contexte exceptionnel. Les pasteurs de l’Église, de leur côté, resteront durablement sidérés par des célébrations sans peuple et légitimement interpellés par des brebis détournées du pâturage eucharistique. Plus profondément, sans doute, la réalité nous a rappelé que l’histoire est tragique.

    Plutôt que de recourir à la catégorie de la « fin des temps » – puisque, selon le philosophe Agamben, nous sommes plutôt, depuis l’Incarnation, aux « temps de la fin » –, le phénomène de l’épidémie massive nous a en effet mis en face de ce que le cardinal Ratzinger a nommé « la déliquescence interne de l’histoire ».

    On sait qu’il y a deux lignes divergentes de lecture dans le Nouveau Testament : la première récusant tout pronostic qui postulerait la venue du Christ comme immanente à l’histoire, au terme d’un processus de maturation suprême ou, au contraire, d’involution dialectique ; la seconde évoquant la vigilance à l’égard de signes avant-coureurs de la Parousie, au nombre desquels figurerait la circonstance traversée. En réalité, même si nous l’avions oublié, chaque génération a connu de tels bouleversements, depuis des ébranlements cosmiques jusqu’aux situations de relégations. L’histoire est tragique car structurellement inaccomplie. Tous les millénarismes en sont confondus : le maître de l’histoire ne surgit en son retour qu’à l’extérieur de l’histoire. C’est ainsi qu’une disponibilité eschatologique du croyant est constamment requise et que le calfeutrage nous a paradoxalement projetés vers l’au-delà.

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  • Homélie pour les ariens de notre temps

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    Dans le rite byzantin, le dimanche après l'ascension commémore les 318 pères du concile de Nicée (325) qui définit le Credo trinitaire et la double nature de Jésus-Christ. Voici à ce sujet l'homélie prononcée ce 24 mai 2020 à l’abbaye de Chevetogne par le P. Ugo Zanetti et reproduite sur le site web du Père Simon Noël, osb:

    concile-de-nicc3a9e-325.jpg

    Les textes de l’office n’ont cessé de louer les Pères de Nicée, dont nous fêtons la mémoire aujourd’hui, d’avoir délivré l’Église de l’hérésie d’Arius. C’est peut-être l’occasion pour nous de nous interroger sur ce que signifie la foi au Christ, Fils de Dieu fait homme, 2e personne de la Sainte Trinité, signifie pour nous-mêmes et pour notre salut. Nous ne cessons de répéter, dans le Credo, que « pour nous les hommes et pour notre salut, Il descendit du ciel, Il a pris chair de la Vierge Marie et s’est fait homme ». Et c’est bien sûr à partir de ce que Jésus lui-même nous a révélé que l’Église peut l’affirmer. 

    Mais pourquoi donc fallait-il que Dieu se fasse homme?

    Le premier point à voir, c’est que Dieu est à peu près le contraire de ce qu’en pensent les hommes. Il suffit de voir ce que disent de Dieu les religions naturelles, et ce qu’en pensent les incroyants, qui s’imaginent que nous avons peur d’un dieu tout-puissant qui exercerait son pouvoir comme le ferait un dictateur, ou d’un père fouettard qui se chargerait de châtier tous nos manquements. Et nous devons bien constater que c’est une image que l’on retrouve aussi dans l’Ancien Testament (« celui qui punit les fautes des pères jusqu’à la troisième et quatrième génération » Ex 34,7 etc. etc.), et même quelque peu dans la terrible image du Jugement Dernier de l’évangile (Mt 25). Rien d’étonnant à cela: comme nous allons le dire, Dieu ne pouvait pas nous parler autrement qu’à travers un langage que nous pouvons comprendre, et Il a respecté le cheminement intellectuel de l’humanité, même s’il n’est pas le chemin le plus court pour arriver à la connaissance de Dieu…

    Si nous pouvons résumer en quelques mots – une gageure ! – le message de Jésus, c’est d’abord que Dieu est Trinité ; même si nous ne pouvons pas réaliser vraiment ce que cela signifie, nous pouvons en comprendre au moins l’essentiel, à savoir que Dieu, tout en étant tout-puissant et absolument indépendant de qui et et quoi que ce soit, existant par lui-même, n’est pas un « isolé »; certes, Il est Dieu absolument indépendant, mais cette indépendance ne signifie pas absence de « relation », si l’on ose appliquer des termes humains à cette réalité qui nous dépasse infiniment.

    Jésus nous a aussi appris que Dieu a voulu que cette relation s’exerce non seulement à l’intérieur de la Trinité divine, mais aussi avec des êtres créés, dont nous sommes. Et que, tout en étant tout-puissant, Dieu n’est pas celui qui domine, voire écrase, mais au contraire qu’Il est Amour (cf. 1 Jn 4,8), et que, justement parce qu’Il est amour, Il ne peut pas ne pas respecter entièrement la liberté de ceux qu’Il aime. Il la respecte tant et si bien qu’Il ne se permet pas de nous imposer quoi que ce soit, mais veut que nous acceptions librement son salut. C’est bien là le sens dernier du récit de la création et de l’histoire d’Adam et Ève dans la Genèse : Dieu a créé l’humanité pour être un partenaire, mais forcément un partenaire qui ne peut pas, par nature, être égal à Dieu, puisque créé par Lui – et l’humanité a refusé cette relation, car elle a voulu son indépendance totale (c’est bien là ce que suggère le serpent en disant à Ève : « si vous en mangez, vous serez comme des dieux » Gen 3,5), ce qui est une impossibilité radicale, puisque nous sommes des créatures ; c’est donc une illusion mortelle, et le fruit en sera, en effet, la mort.

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  • L’Eglise synodale : un coronavirus s’est échappé de la boite de Pandore ouverte par Rome

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    Lu sur LifeSiteNews (traduit de l’anglais) :

    Georg_Batzing_1024_512_75_s_c1.jpg« 29 mai 2020 ( LifeSiteNews ) - Mgr Georg Bätzing, Président de la Conférence épiscopale allemande, a insisté sur le fait que le rejet des femmes prêtres par les papes récents n'est pas concluant et qu'il doit y avoir plus de discussions «car la question est présente, au milieu de l'Église »!

    D'autres projets mentionnés par lui sont la communion pour les protestants et une bénédiction pour ceux qui ne peuvent pas recevoir le sacrement du mariage - les couples homosexuels et les couples divorcés et civilement «remariés». Il propose de «transporter» les conclusions de la «voie synodale» qui se déroule actuellement en Allemagne à Rome, «au niveau de l'Église universelle».

    "Ce qui est développé par le biais d'un synode doit également être clarifié et répondu avec l'aide d'un synode", a-t-il déclaré, "parce que c'est le nouvel élément qui est devenu fort sous le pape François." Cet évêque souhaite également changer le catéchisme de l'Église concernant la sexualité humaine.

    S'exprimant avec la revue en ligne allemande Publik-Forum  l'évêque du diocèse de Limbourg indique clairement qu'il n'y a pas d'alternative aux changements initiés par les évêques allemands, en collaboration avec l'organisation laïque catholique le Comité central des catholiques allemands (ZdK). Il a récemment été élu président de la Conférence épiscopale allemande, après que le cardinal Reinhard Marx, dans un geste surprenant, ait déclaré qu'il ne serait pas disponible pour un autre mandat.

    La voie synodale allemande a été fortement critiquée pour avoir remis en question les enseignements de l'Église sur la sexualité (y compris l'homosexualité, la contraception et la cohabitation), l'ordination féminine et la hiérarchie cléricale de l'Église, ainsi que le célibat sacerdotal.

    L'évêque auxiliaire Dominik Schwaderlapp, de Cologne, vient d'annoncer qu'il a retiré sa collaboration du forum de discussion sur la sexualité humaine puisque la majorité de ses membres sont contre l'enseignement de l'Église dans ce domaine. En outre, Mgr Rudolf Voderholzer, de Ratisbonne, vient de critiquer publiquement les méthodes «autoritaires» de la direction de la voie synodale - parmi eux Mgr Bätzing - qui a décidé, sans consulter l'Assemblée générale, d'établir des réunions de discussion régionales, ainsi que de ajouter un nouveau sujet - la crise corona - à la discussion.

    «Si vous décidez de suivre une procédure participative», a déclaré Mgr Voderholzer, «il faut également s'y conformer et éviter d'agir de manière autoritaire et solitaire.»

    Dans ce contexte, la nouvelle interview du chef de la Conférence épiscopale allemande revêt une importance particulière.

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  • Quand la promotion de l'homosexualité s'invite dans les milieux ecclésiastiques

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    On a pu voir récemment, lors de la journée contre l'homophobie, l'un ou l'autre ecclésiastique de notre pays s'afficher sur facebook ou ailleurs, nimbé des couleurs arc-en-ciel, pour y affirmer sa militance contre les discriminations dont sont victimes les différentes catégories LGBT, avec un message comme celui-ci : "Lutter contre l'homophobie, la transphobie, l'interphobie, la queerphobie, etc., c'est lutter contre la haine. "Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés." "Ne jugez pas." Dieu nous appelle à aimer, pas à haïr; il nous appelle à accueillir l'autre, pas à le rejeter. Soyons signes de l'amour de Dieu pour chaque personne de notre monde!" Mais le contexte invite à s'interroger s'il s'agit vraiment de promouvoir l'amour et la tolérance à l'égard du prochain ou bien de rejoindre très ouvertement la militance homosexuelle dont on arbore ostensiblement les symboles. Ainsi sont bannis les distinctions et le discernement auxquels invite la morale catholique : de cette façon on ne distinguera plus la personne (objet d'amour inconditionnel) et ses actes (éventuellement répréhensibles). L'article paru aujourd'hui (25 mai) sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana sous la plume de Riccardo Cascioli pose, nous semble-t-il, les bonnes questions.

    Catho-Gay Connection, comment je te fais la promotion de l'homosexualité

    Avvenire, le cardinal Zuppi, l'éditeur San-Paolo : tous ensemble pour lancer une nouvelle offensive pour la légitimation de l'homosexualité dans l'Église. Un livre, avec la bénédiction de l'archevêque de Bologne, qui rassemble les voix des théologiens, des psychologues, qui poussent tout le monde du même côté. Sous prétexte d'accueillir les gens, on efface la différence entre l'orientation sexuelle et les actes homosexuels, allant jusqu'à s'ouvrir à une certaine reconnaissance des unions homosexuelles. Ratzinger avait déjà mis en garde il y a 34 ans : dans l'Eglise, un lobby gay veut subvertir l'enseignement sur la sexualité.

    Elle mène la croisade catholique-gay. A présent, ce n'est même plus un scoop. Mais lorsqu'on ouvre une page du journal de la Conférence épiscopale italienne et que l'on y trouve le titre "Zuppi : les homosexuels ? La diversité est une richesse", cela fait toujours un certain effet, aussi parce que c'est une affirmation qui implique presque la nécessité de l'homosexualité, étant donné que sans elle nous serions plus pauvres. Ce qui contraste assez nettement avec le Catéchisme de l'Eglise catholique et toute la tradition. Il suffit de rappeler que le Catéchisme fait figurer la sodomie parmi les quatre "péchés qui crient au ciel", une langue modernisée par rapport aux "péchés qui crient à la vengeance devant Dieu", en usage auparavant.

    Mais pour bien voir la page en question, il y a plus : les déclarations de l'archevêque de Bologne, le cardinal Matteo Zuppi, font partie de la préface-interview du livre du journaliste de l'Avvenire Luciano Moia (qui s'est fait de la croisade catholique-gay une raison de vivre) intitulé "Eglise et homosexualité. Une enquête à la lumière du Magistère du Pape François". Dans le livre, explique-t-on, il y a place pour une série d'interviews réalisées par l'équipe d'Avvenire "Nous, famille et vie" au tournant de 2018 et 2019, qui vont évidemment tous dans la même direction. Et pour y apposer le sceau de l'autorité, il y a aussi la préface du directeur de l'Avvenire, Marco Tarquinio. Il ne s'agit donc pas d'un travail d'intérêt personnel d'un journaliste, mais d'une véritable opération qui catalyse autour de l'organe officiel de la CEI : des théologiens, des psychologues, un cardinal considéré comme dans la manche du Pape et donné pour le prochain président de la CEI, et l'éditeur San Paolo, pilier de l'édition catholique.

    En tout cas, l'interview du cardinal Zuppi suffit à mettre en évidence les mensonges et les ambiguïtés qu'un certain cléricalisme utilise pour promouvoir les modes de vie homosexuels. Pour le reste, on se souvient que le cardinal Zuppi avait déjà signé la préface du livre du père James Martin "Un pont à construire - Une nouvelle relation entre l'Église et les personnes LGBT", véritable manifeste de l'homosexualisme (autoproclamé) catholique.

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  • In memoriam : retour sur la célébration du centenaire de la naissance de Jean-Paul II (1920-2005)

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    Mémoire et identité 51XZK3V2RGL._SX290_BO1,204,203,200_.jpgEn relisant « Mémoire et Identité » qui constitue le testament spirituel (l’ouvrage fut publié chez Flammarion en 2005) de ce grand pape, on comprend mieux encore ses affinités avec son proche collaborateur le futur Benoît XVI, et la distance qui les sépare, l’un et l’autre, des intellectuels post-modernes sévissant aujourd’hui, plus que jamais, en Europe. Extraits choisis d’une pensée qui fâche un monde qui a cessé d’être chrétien :

    1.- Descartes et les Lumières : à la source de l’enracinement des idéologies du mal dans la pensée philosophique européenne (pp. 19 à 25).

    « Je dois me référer ici, déclare le pape Jean-Paul II, à certains faits liés à l’histoire de l’Europe, et de manière particulière à l’histoire de sa culture dominante.

    Quand fut publiée l’encyclique sur l’Esprit-Saint [« Dominum et vivificanten, en 1986] certains milieux en Occident ont réagi négativement, et cela d’une manière plutôt vive. D’où venait une telle réaction ? Elle provenait des mêmes origines que celles dont étaient nées, plus de deux cents ans auparavant, les Lumières européennes – en particulier françaises, sans pour autant exclure les Lumières anglaises, allemandes, espagnoles et italiennes. […]

    Pour mieux illustrer un tel phénomène, il faut remonter à la période antérieure aux Lumières, en particulier à la révolution de la pensée philosophique opérée par Descartes.

    Le « cogito, ergo sum » (« je pense, donc je suis ») apporta un bouleversement dans la manière de faire de la philosophie. Dans la période pré-cartésienne, la philosophie, et donc le « cogito », ou plutôt le « cognosco » (je connais), étaient subordonnés à l’« esse » (être) qui était considéré comme quelque chose de primordial. Pour Descartes, à l’inverse, l’« esse » apparaissait secondaire, tandis qu’il considérait le « cogito » comme primordial.

    Ainsi, non seulement on opérait un changement de direction dans la façon de faire de la philosophie mais on abandonnait de manière décisive ce que la philosophie avait été jusque là, en particulier la philosophie de saint Thomas d’Aquin : la philosophie de l’ «esse». Auparavant, tout était interprété dans la perspective de l’ «esse» et on cherchait une explication de tout selon cette perspective. Dieu, comme Être pleinement autosuffisant (ens subsistens) était considéré comme le soutien indispensable pour tout « ens non subsistens », pour tout « ens participatum », c’est-à-dire pour tout être créé, et donc aussi pour l’homme.

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  • Coronavirus et déconfinement : pourquoi autoriser la célébration de la messe est essentiel pour un catholique

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    En Belgique, le déconfinement de la célébration du culte n’a apparemment fait, jusqu’ici, l’objet d’aucun examen sérieux avec les pouvoirs publics et, contrairement à leurs homologues français, les évêques belges n’ont, jusqu’à présent, dévoilé aucune indication sur la manière dont ils proposent d’avancer: prudence tactique, indifférence ou mollesse servile ?

    L'impossibilité présente pour les catholiques de participer à la messe, sinon par des représentations virtuelles, incite plus d’un à vouloir retrouver au plus vite, à sa juste place, l’eucharistie réelle, absente de leur vie depuis plus de deux mois de confinement presque planétaire.  

    Le site web de « La Vie » publie aujourd’hui en ce sens une réflexion du Père Jean-Baptiste Nadler, curé de paroisse à Vannes et auteur des « Racines juives de la messe » (Ed. de l’Emmanuel) :

    “Corps du Christ et chair de l’Église :

    messe-017.jpg

    la messe est un mariage“

    « Si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous » (Jn 6,53). Alors que l’immense majorité des catholiques est actuellement empêchée de participer à la messe et de communier au corps du Christ, la liturgie de ces derniers jours nous a pourtant invités à manger la chair eucharistique du Fils de Dieu. Cruelle coïncidence !

    « Les chrétiens se retrouvent unis dans un même dépouillement »

    Vu le principe de laïcité, sans doute le gouvernement français est-il dans son rôle lorsqu’il traite les principales religions sur le même plan en donnant ses consignes de reprise des « offices religieux ». Mais ce que la laïcité peut difficilement prendre en compte, c’est que ces diverses religions ont des conceptions très différentes les unes des autres de la notion de culte et des rassemblements religieux : les prières à la mosquée n’ont évidemment pas les mêmes significations ni règles que les offices à la synagogue, le culte au temple protestant n’est pas non plus la messe catholique. Ajoutons que toutes ont des traditions de prières domestiques, ce qui relève donc du cadre de la vie privée, et des prières dans le lieu du rassemblement des croyants – mosquée, synagogue, église – obéissant aux normes ERP (établissement recevant du public). Au sein d’une même religion, les croyants eux-mêmes ont des rapports différents à leur propre culte : tel pratique sa foi sans jamais mettre les pieds dans une église, tel autre ne manquera aucune messe mais ne priera guère dans le secret de sa chambre.

    La messe est l’acte religieux le plus complet qui soit, et, parce que l’homme est « une âme dans un corps »

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  • Une réflexion en marge de la pandémie du Coronavirus : Dieu et le mal, un double mystère

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    9782866795269.jpgEn concluant son essai apologétique « Les raisons de croire » publié chez Fayard (1e édition en 1987) Mgr André Léonard, alors professeur de métaphysique et de philosophie à l’UCL, illustre ces questions que posent déjà des enfants eux-mêmes lorsque leur conscience s’éveille à l’étrangeté de la condition humaine :

    Les raisons de croire ont leurs limites. Le mal, sous toutes ses formes, demeure énigmatique. Pourquoi Dieu a-t-il pris le risque de créer un monde où le mal était « nécessairement possible »? Et, quoi qu’il en soi de ses promesses eschatologiques, pourquoi laisse-t-il ce monde transitoire, où nous sommes, aller encore vers sa fin, avec son cortège de maux et de souffrance, au lieu d’instaurer tout de suite les cieux nouveaux et la terre nouvelle inaugurés par la Résurrection de Jésus ?

    Pourquoi, écrit André Léonard, au moment où nous nous révoltons, nous mets-tu le doigt sur la bouche en nous montrant ton Fils crucifié, criant sur la croix : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? ». Pourquoi tardes-tu à faire éclater universellement la résurrection de ton Christ ? Je ne sais et je m’humilie devant toi. Et surtout, poursuit-il, pourquoi encore cet enfant martyrisé, cette fille violée, ces handicapés à perpétuité, ces hommes exploités ou écrasés, pourquoi ? Je connais la réponse : « à cause du pouvoir du mal, à cause du péché des anges et des hommes, à cause de notre péché à tous, à cause du mystère d’iniquité qui, forgé par Satan, accueilli par Adam et ratifié par chacun de nous, emprisonne l’univers et le tient provisoirement asservi à la vanité ».

     Mais quel sera donc le sens ultime de tant de souffrances et de cette histoire dont, toi-même Seigneur, tu as porté le poids ?

    Je ne sais, avoue le théologien, mais je crois que je puis te faire confiance jusqu’au bout car tu en as payé le prix de ton amour crucifié : le prix du sang de Jésus. Mais c’est aussi pourquoi le doute peut s’infiltrer dans mon esprit, la pensée peut me venir de trouver excessive la confiance que tu nous demandes et la tentation peut me guetter de rejoindre tous ceux qui se détournent de toi. Malgré tout, je souscris aux raisons que j’ai de croire en toi et je te prie qu’en mon nom propre et au nom de mes frères ma réponse soit toujours celle de Pierre à la question de Jésus : « Jésus dit alors aux Douze : « voulez-vous partir, vous aussi ? ». Simon-Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as, toi, les paroles de la vie éternelle. Nous croyons, nous, et nous savons que tu es le Saint de Dieu » (Jn 6, 6-69).

    JPSC

    « Credo, Domine, adjuva incredulitalem meam » : je crois Seigneur, viens au secours de mon incrédulité (St. Marc, ch. 9, verset 23).

  • In memoriam : André Manaranche, jésuite franc-tireur

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    Andre-Manaranche-decede-coronavirus-93_0_430_288.jpgDans la nuit de Pâques, dimanche dernier 12 avril 2020, le Père jésuite André Manaranche nous a quittés à l’âge de 93 ans, emporté par l’épidémie de coronavirus.

    Des amis se souviennent du temps où, alors jeunes Liégeois rassemblés autour de leur mentor l’abbé Guy Janssens, ils réunirent plus de mille auditeurs au Palais des Congrès de la Cité ardente pour écouter ce fils de saint Ignace dont ils appréciaient le profil: conseiller religieux des routiers des Scouts d’Europe, sociologue fuyant la théologie sociologisante et qui, pour fuir l’ambiance ouest-européenne, avait aussi consacré de nombreuses années de sa vie à l’Afrique francophone réceptive à une formation alliant le sens du contact humain à une foi solide. 

    JPSC

    Sur le site de l'Homme Nouveau, l'abbé Thierry Blot lui rend un hommage justifié :

    In memoriam : Père André Manaranche

    In memoriam : Père André Manaranche

    Le 12 avril dernier, le Rév. Père André Manaranche, de la Compagnie de Jésus, mourait du coronavirus tandis que l’Eglise chantait l’Exultet pascal. Le devoir de piété filiale m’incite à rendre hommage à ce prêtre que le Seigneur Jésus a rappelé à Lui en la nuit de Pâques si spéciale de cette année 2020. Cet humble témoignage s’ajoute à ceux qui ont été publiés dans L’Homme Nouveau en 2014 ; ils concernaient deux autres figures sacerdotales de premier plan que j’ai eu la grâce de connaître chez les Scouts d’Europe, les abbés Edmond Barbotin[1] et Pierre Gaudray[2].

    Qui était le Père André Manaranche ? Je n’ai aucunement la prétention d’épuiser la richesse de cette personnalité exceptionnelle dans un article aussi bref. Il reviendra à d’autres d’écrire sa biographie, de présenter et d’analyser son œuvre prolifique (sa bibliographie ne compte pas moins de trente-cinq livres !), qui couvre des domaines aussi divers que la théologie fondamentale et celle du sacerdoce, les sciences sociales, l’apologétique, la morale, l’ecclésiologie…sans oublier ses nombreux ouvrages de nature pastorale destinés plus particulièrement aux jeunes. A partir de quelques faits qui surgissent spontanément de ma mémoire, le lecteur pourra se remémorer et redécouvrir ce trésor théologique et pastoral que le Père Manaranche nous a offert tout au long de sa vie avec générosité et humilité, et évoquer ses propres souvenirs qui ont émaillé ses rencontres avec ce prêtre bon et fidèle que les jeunes de l’Ecole d’Evangélisation de Jeunesse-Lumière appelaient affectueusement « Tonton », sans oublier ses innombrables conférences, méditations, homélies prononcées en divers lieux (abbayes, séminaires, paroisses…), ainsi que la lecture de ses ouvrages et de ses nombreux articles parus dans diverses revues[3].

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  • Du modernisme à la crise de l'Eglise : un débat éclairant entre Emile Poulat et Jean Madiran

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    Du site de La Nef :

    Emile Poulat et Jean Madiran lors du débat de 2011 © La Nef

    Débat Poulat-Madiran : du modernisme à la crise dans l’Église

    Nous publions ici un débat enregistré début 2011 entre le journaliste et chroniqueur Jean Madiran (1920-2013) et l’historien et sociologue Émile Poulat (1920-2014), deux témoins de plus d’un demi-siècle de la vie de l’Église. L’un et l’autre ont écrit sur les rapports entre l’Église et la modernité. Une confrontation de ces deux esprits qui ont marqué leur époque n’avait jamais été faite.

    La Nef – Commençons notre débat avec la crise moderniste : qu’est-elle exactement et quelle est l’importance du modernisme dans l’histoire contemporaine de l’Eglise ?

    Emile Poulat – La crise moderniste est un fait essentiel de l’histoire de l’Eglise et je m’élève sans arrêt contre le silence qui est fait autour d’elle et contre le fait qu’elle n’est pas intégrée par la culture catholique, que ce soit dans le clergé ou dans le laïcat. L’avènement de la IIIe République est dans cette affaire un événement majeur avec l’imposition, durant 25 ans environ, de 1880 à 1905, des lois laïques qui développent une culture laïque. Laïcité et modernisme sont donc deux événements inséparables qui ont pourtant été vécus de manière assez séparée et cloisonnée. Il semblait que la séparation des Eglises et de l’Etat relevait des politiques et la crise moderniste des théologiens : en réalité nous sommes en face d’une totalité inséparable.

    La Nef – Quel lien y a-t-il entre ces deux événements ? Et quelle définition donneriez-vous à la crise moderniste ?

    Emile Poulat – Le « modernisme », c’est le conflit de deux cultures, d’une part une culture laïque telle qu’elle s’est développée depuis le début du XVIIIe siècle, depuis les Lumières, et d’autre part la culture catholique traditionnelle. On n’a pas mesuré la violence de ce conflit, ni ses raisons profondes qui sont de deux ordres : d’une part la culture laïque, par définition, ignore le surnaturel, ignore par conséquent ce qui est proprement, spécifiquement religieux  et d’autre part, devant sa nouveauté, il y a une sorte de retard dans la culture catholique, dans la mesure où elle ne se tient pas au courant des développements de la nouvelle exégèse et des nouvelles méthodes scientifiques historiques. Prenons l’exemple de la Santa Casa de Lorette, la maison où « le Verbe s’est fait chair » : d’après la tradition catholique de cette époque, cette Santa Casa a été transportée par le ministère des anges  par la voie des airs pour se déplacer de Nazareth à Lorette. Quelle place tient aujourd’hui cette conviction ? Plus personne ne l’enseigne, même au Saint-Siège où l’on considère la Santa Casa comme un lieu de pieuse dévotion mais sans fondement historique. Ça a été à l’époque, un des hauts lieux de la crise, même si on l’a limité trop souvent à des problèmes d’exégèse.

    Jean Madiran – Mais vous n’avez pas dit en quoi consistait le modernisme.

    Emile Poulat – Dans ma pensée, la première crise moderniste dans le champs des sciences historiques, remonte à Dom Guéranger dans son livre, Essai sur le naturalisme contemporain (1856). Le restaurateur de Solesmes s’y oppose au prince Albert de Broglie, auteur d’un magnifique ouvrage en quatre volumes sur L’Eglise et l’Empire romain au IVe siècle, où il explique comment l’Empire romain s’est converti au christianisme. En bon historien, il en étudie les causes secondes et Dom Guéranger lui répond que la conversion n’est pas affaire de causes secondes mais de la grâce. Vous avez là le conflit entre deux types de cultures, l’une qui fait référence au surnaturel, qui l’intègre dans son analyse, et l’autre qui entend s’en passer en demeurant strictement au niveau de l’analyse rationnelle. Nous allons avoir la même chose avec la nouvelle exégèse – en particulier avec Alfred Loisy pour les Evangiles ou le père Lagrange et l’Ecole biblique de Jérusalem. La Bible est alors examinée scientifiquement comme un texte ordinaire, elle n’est plus lue spirituellement mais comme un texte historique : on naturalise la Bible. Le mot-clef du modernisme, c’est le naturalisme et ses problèmes dont on n’est toujours pas sorti. On y verra certes plus clair le jour où le père de Lubac rappellera que l’Ecriture a toujours eu plusieurs sens pour les auteurs du Moyen-Age, mais le conflit est irréductible entre une interprétation qui se veut strictement positive et une autre qui invoque d’abord la Révélation, sans rejeter au demeurant les méthodes historico-critiques, comme le père Lagrange l’a fait.

    Jean Madiran – On n’en est pas sorti parce que cette question se posera toujours. Je suis très heureux que vous ayez parlé des causes secondes et de la cause première, mais il est très difficile aujourd’hui de faire comprendre aux gens cette simple vérité philosophique que l’existence de causes secondes ne supprime pas l’existence de la cause première et que l’existence de la cause première ne supprime pas l’existence des causes secondes. Le développement des études sur les causes secondes n’a pas qualité pour juger la réalité de la cause première.

    Pour la foi de l’Eglise, le modernisme est un phénomène absolument scandaleux qui explique très bien que le pape Pie X ait pris des mesures extrêmement combatives et fait une encyclique très sévère, entourée, préparée et suivie de diverses mesures disciplinaires, parce qu’il y va de l’essentiel. S’il ne peut rester de la religion chrétienne que ce que les sciences de la matière admettent, alors il ne reste rien, puisque les sciences de la matière ne connaissent que la matière : le modernisme est ce scandale. Or la religion catholique enseigne, comme dit Dom Guéranger, que la foi – donc la conversion – est un don de Dieu.

    Aujourd’hui on ne veut plus parler du modernisme. Seule en parle encore l’école contre-révolutionnaire. On subit une sorte de tabou officiel qui fait que les héritiers du modernisme ne veulent pas qu’on en parle sous ce nom. La différence entre le modernisme historique, dont vous êtes l’historien éminent, et le modernisme d’aujourd’hui, c’est que celui de la fin du XIXe, début XXe, n’atteint absolument pas les catholiques. Ce sont des contestations entre gens très savants dont la science formera peu à peu des professeurs et toute une culture, mais l’ensemble de la culture chrétienne, la vie des paroisses ou celle des séminaires ne sont guère concernés par le modernisme. Aujourd’hui la maladie s’est répandue partout ; tous les débats supposés ou réellement théologiques ou scientifiques sont à la portée de tous, tout le monde en parle. Maritain, à la sortie du Concile, pour ne citer que lui, a parlé du modernisme originel pour dire, dans une formule un peu exagérée, que ce modernisme était un léger rhume des foins en comparaison à celui de la seconde moitié du XXe siècle.

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