Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Doctrine - Page 20

  • Le courrier de Tucho Fernandez : le chemin de l'hérésie est pavé de dubia

    IMPRIMER

    De Tommaso Scandroglio sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Le courrier de Tucho : le chemin de l'hérésie est pavé de dubia

    Sous l'ère Fernández (préfet du Dicatère pour la Doctrine de la Foi), les évêques sont de plus en plus nombreux à poser des questions sur la foi et la morale. Les réponses vont toutes dans le même sens : dans les mots, on ne touche pas à la doctrine, dans la pratique, c'est le contraire qui est clair.

    19_12_2023

    L'angle du courrier du cardinal Fernandez devient de plus en plus obtus, en ce sens qu'il s'élargit chaque semaine au fur et à mesure que le nombre d'évêques qui lui posent des questions sur la foi et la morale augmente. Cette fois, c'est au tour de Mgr Ramón Alfredo de la Cruz Baldera, évêque de San Francisco de Macorís (République dominicaine), de dénoncer le fait que certaines mères célibataires "s'abstiennent de communier par peur du rigorisme du clergé et des dirigeants communautaires". De plus, il y aurait des prêtres qui ne baptisent pas les enfants nés hors mariage. La réponse donnée par le cardinal Fernandez est essentiellement correcte : si elles reçoivent l'absolution sacramentelle pour leurs péchés, comme toute personne baptisée, ces femmes peuvent s'approcher de la Sainte Eucharistie. En ce qui concerne le baptême des enfants nés hors mariage, un passage d'un discours de l'ancien cardinal Bergoglio est cité dans lequel il stigmatise le comportement des prêtres qui refusent d'administrer le baptême à ces enfants.

    Il y a cependant quelques lacunes. La première : on ne sait pas exactement qui est l'objet de la question (la lettre complète de l'expéditeur n'est pas indiquée). Il est question de filles célibataires, c'est-à-dire de mères élevant seules leurs enfants, puis de mères ayant conçu un enfant hors mariage. Deux catégories de personnes différentes. Par ailleurs, il y a une ambiguïté sur le courage de mener une grossesse à terme, sujet abordé à la fois par Fernandez et par un discours du Pape cité par ce dernier. Il semble que toute femme qui mène à terme une grossesse non planifiée soit une héroïne. Ce n'est pas le cas. Bien souvent, aucune pression psychologique insurmontable ne pèse sur les femmes, aucune situation d'extrême pauvreté, aucune difficulté sociale particulièrement dure n'oblige à faire preuve de courage pour mettre un enfant au monde. Il est évident qu'aucune de ces conditions ne peut légitimer l'avortement.

    Nous avons mentionné que la boîte aux lettres du Card. Fernandez est de plus en plus remplie ces derniers temps. Cette dubiamania semble suspecte. Comment est-il possible qu'avant Fernandez, les questions adressées au Dicastère de la Doctrine de la Foi étaient rares et restaient généralement sans réponse et qu'aujourd'hui elles soient beaucoup plus fréquentes et toutes dignes d'une réponse ? En effet, depuis le mois de juillet de cette année, nous en avons compté pas moins de six, sans compter la déclaration Fiducia supplicans publiée pas plus tard qu'hier. On peut légitimement soupçonner que ces dubia sont dopés. En d'autres termes, on est amené à penser qu'on veut aborder certaines questions ou envoyer certains messages et on charge donc un certain Monseigneur d'écrire au Dicastère. Attention : il ne s'agit que de dubia, pas de certitudes.

    Mais au-delà de la genèse de cette dubiamania, il apparaît sans doute, pour rester dans le sujet, que le Magistère ordinaire a trouvé une nouvelle stratégie d'interprétation du munus docendi pour saper la doctrine. Il enseigne ainsi une certaine nonchalance dans l'interprétation de la Révélation et dans les bénédictions des couples homosexuels tant que ces bénédictions ne conduisent pas à une mauvaise interprétation du sens du mariage (thèse officialisée dans le dernier document du Dicastère), de l'Église comme réalité essentiellement synodale, de l'indiscutabilité du concept de "définition définitive" en ce qui concerne le sacerdoce des femmes, la validité de la confession pour certaines personnes même si elles n'ont pas exprimé leur repentir en paroles mais par un comportement concluant, il suffit de s'approcher du confessionnal pour l'exprimer, la possibilité pour les divorcés remariés d'accéder à la communion, la malice non intrinsèque de l'homosexualité et de la transsexualité, et la diminution du caractère sacré des dépouilles mortelles. En cinq mois et demi de travail, les résultats sont remarquables.

    Le protocole dubia rappelle, dans sa structure, les systèmes juridiques de common law. En simplifiant grandement, nous pourrions dire que dans les systèmes juridiques de droit civil, le magistrat applique la loi à des cas concrets. Dans les systèmes de common law, ce sont les cas concrets qui font la loi, en ce sens que les précédents jurisprudentiels sur des cas spécifiques créent une ligne directrice qui, une fois établie, servira de paradigme pour décider des futurs cas similaires. En bref, on ne cherche pas une règle concernant l'affaire à juger, mais le juge se réfère aux précédents. Mgr Fernandez imite cette approche : si un certain comportement est répandu, il n'est pas jugé par l'instrument de la doctrine, mais simplement légitimé. Les précédents dans la société sont reconnus simplement parce qu'ils existent. Ainsi, la norme de l'Église, comprise comme un dogme ou un principe défini de foi et de morale, est dépassée par la pratique qui s'en écarte. C'est l'historicisme ou l'éthique phénoménologique.

    Le stratagème est astucieux : dans les mots, du moins pour le moment, la lettre de la loi n'est pas touchée (le mariage reste indissoluble et exclusif et on ne peut pas parler de mariage homosexuel, les femmes ne peuvent pas devenir prêtres, l'Église est hiérarchique, la vérité révélée est immuable, etc.), mais dans la praxis pastorale indiquée par les responsables du Dicastère, la doctrine est plus qu'écornée.  C'est donc la casuistique qui dicte la loi. Le particulier annule la norme, qui est toujours générale.

    De plus, le protocole dubia semble plus efficace que l'instrument synodal : on n'a pas besoin d'attendre des temps bibliques pour arriver au but, de plus il contourne le problème des dissidents et celui de la recherche d'une synthèse partagée. Un doute à la fois et nous arriverons à de nouvelles certitudes hérétiques.

  • "Oui à la bénédiction des couples homosexuels". Quand le Pape accélère

    IMPRIMER

    De Luisella Scrosati sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    DICASTERE POUR LA DÉMOLITION DE LA FOI

    "Oui à la bénédiction des couples homosexuels". Le Pape accélère

    Avec la déclaration Fiducia supplicans Card. Fernández (Dicastère pour la Doctrine de la Foi) bénit tout type d'union. Il suffit qu'aucun rituel ne soit organisé et qu'il ne soit pas confondu avec le mariage : l'apparence est sûre, la doctrine ne l'est pas.

    19_12_2023

    L'union de personnes de même sexe peut être bénie, à condition de ne pas être confondue avec une bénédiction nuptiale. Telle est la substance des 44 paragraphes de la Déclaration Fiducia supplicans sur le sens pastoral des bénédictions du Dicastère pour la Doctrine de la Foi, publiée hier, 18 décembre 2023, et signée par le Préfet, le Cardinal Victor M. Fernández, par le Secrétaire de la Section Doctrinale, Mgr Armando Matteo, et par le Pape François.

    Voici le paragraphe central de la Déclaration : "Dans l'horizon tracé ici se trouve la possibilité de bénédictions de couples en situation irrégulière et de couples de même sexe, dont la forme ne doit pas trouver de fixation rituelle de la part des autorités ecclésiales, afin de ne pas produire de confusion avec la bénédiction propre au sacrement du mariage".

    Le document propose d'offrir "de nouvelles clarifications (...) sur le Responsum ad dubium formulé par l'ancienne Congrégation pour la Doctrine de la Foi et publié le 22 février 2021" (n. 2), dans le but de répondre aux besoins de ceux qui "n'ont pas été d'accord avec la réponse négative à la question ou ne l'ont pas jugée suffisamment claire dans sa formulation et ses motivations" (n. 3). L'intention de Mgr Fernández est de maintenir "les aspects doctrinaux" du Responsum, en les combinant de manière cohérente avec "les aspects pastoraux", qui en 2021 n'auraient pas été pris en compte de manière adéquate, alors qu'ils auraient été promus par les réponses du Pape François aux dubia des cinq cardinaux.

    Le chemin parcouru peut être résumé de la manière suivante : en accord avec le Responsum, la Déclaration continue à rejeter les bénédictions ou les rites qui pourraient apparaître comme des approbations d'unions non maritales ou qui, de quelque manière que ce soit, ressembleraient à des rites nuptiaux. Afin de laisser suffisamment de place à la clarté, la Déclaration entend placer les bénédictions "en dehors du cadre liturgique" (n. 23), comme "des actes de dévotion qui 'trouvent leur place en dehors de la célébration de l'Eucharistie et des autres sacrements'" (n. 24).

    L'Église, en outre, doit s'abstenir de faire reposer sa pratique pastorale sur la fixité de certains schémas doctrinaux ou disciplinaires (...). Par conséquent, lorsque des personnes invoquent une bénédiction, une analyse morale exhaustive ne doit pas être posée comme condition préalable pour la conférer" (n. 25). C'est donc dans ce contexte haliturgique et rituel que, selon l'Instruction, des bénédictions peuvent également être données aux couples irréguliers et de même sexe, en demandant à Dieu les grâces dont ils ont besoin à travers eux.

    Il s'agirait donc de l'approfondissement (cf. n° 26) du Responsum de 2021. Mais une fois de plus, des documents " gênants " qui le précèdent, Fernández ne sélectionne que ce qui le sert, en en déformant le sens, pour sa thèse préconstituée. Car pour le Responsum, il ne s'agit pas seulement de ne pas confondre extérieurement la bénédiction de ces couples avec le mariage - problème auquel la proposition de l'Instruction pourrait remédier. Il s'agit plutôt d'un autre problème, que Fernández ne mentionne même pas : que bénit-on lorsqu'on bénit un couple ? S'il s'agit précisément d'un couple, cela signifie que l'on bénit une relation ; sinon, on bénirait des individus. Mais, explique le Responsum, "pour être cohérent avec la nature des sacramentaux, lorsqu'une bénédiction est invoquée sur certaines relations humaines, il est nécessaire (...) que ce qui est béni soit objectivement et positivement ordonné à recevoir et à exprimer la grâce" ; et donc "seules les réalités qui sont en elles-mêmes ordonnées à servir ces desseins [de Dieu dans la Création]" peuvent être bénies.

    Lire la suite

  • Le Vatican autorise la bénédiction hors-liturgie des couples de même sexe

    IMPRIMER

    De Jeanne Smits sur Réinformation TV :

    “Fiducia supplicans” autorise la bénédiction de couples homosexuels, sous conditions

    Pour les médias mainstream, l’affaire est dans le sac. « Le Vatican autorise la bénédiction hors-liturgie des couples de même sexe », proclame article après article ; BFMTV ajoute : « Une première. » L’idée que l’Eglise catholique accepte désormais de bénir les paires homosexuelles en tant que telles est dès lors acquise dans les esprits ; d’ailleurs Vatican News dit à peu près la même chose en titrant : « Une déclaration doctrinale ouvre la bénédiction à des couples irréguliers », en précisant dès le premier paragraphe de la dépêche que cela doit se faire hors liturgie :

    « Fiducia supplicans du dicastère pour la Doctrine de la foi, approuvée par le Pape, offre la possibilité de bénir les couples formés par des personnes de même sexe, en dehors cependant de toute ritualisation et imitation du mariage. La doctrine sur le mariage ne change pas et la bénédiction ne signifie pas l’approbation de l’union. »

    La déclaration Fiducia supplicans (« La confiance suppliante du peuple fidèle de Dieu ») souligne, il est vrai, qu’il s’agit d’apporter une réponse pastorale à une « situation de péché ». « Même lorsque la relation avec Dieu est obscurcie par le péché, il est toujours possible de demander une bénédiction, en lui tendant la main, comme l’a fait Pierre dans la tempête », proclame l’un des tout derniers paragraphes de cette longue déclaration signée par le préfet du dicastère, le cardinal Victor Manuel dit « Tucho » Fernandez, récemment amené de Buenos Aires à Rome par le pape François qui ne cache pas sa proximité spirituelle et intellectuelle avec le prélat argentin. Le pape a d’ailleurs signé la déclaration qui lui a été présentée par le cardinal. Avec ses 45 articles et sa publication simultanée en italien, français, anglais, allemand et espagnol, on peut penser que Fiducia supplicans a été mûrement réfléchi ; il s’agit d’ailleurs d’une sorte d’exégèse des Responsa très bavards et passablement alambiqués adressés à deux des cinq cardinaux qui avaient présenté leurs premières questions, notamment au sujet de la possibilité de bénir les couples de même sexe, au mois de juillet.

    Fiducia supplicans : la bénédiction des pécheurs ?

    Pourquoi s’en plaindre ? Lorsqu’on s’approche du sacrement de confession, c’est la première chose que l’on dit : « Bénissez-moi, mon père, parce que j’ai péché. » Ce n’est pas le péché qui attire la bénédiction : cette bénédiction est demandée pour obtenir la grâce de se bien confesser, d’accuser ses fautes comme il se doit, et dans une disposition de de repentir et d’amendement de sa vie.

    Mais comment prétendre qu’en recommandant aux prêtres de bénir « les couples » en « situation irrégulière » qui le demandent, de manière informelle si l’on veut, cet aspect pénitentiel soit au cœur de leur démarche ? Certes, c’est Dieu qui sonde les reins et les cœurs, mais le propos des couples concernés est clairement de poursuivre leur cohabitation, de s’endurcir dans le péché, de demeurer dans une situation où ils seront tentés de commettre des péchés graves, ces péchés mortels qui privent de la grâce sanctifiante, du salut éternel tant qu’ils ne sont pas confessés et n’ont pas été absous.

    Lire la suite

  • Analyse du synode : de quelle Église accouche-t-il ?

    IMPRIMER

    De la Revue mensuelle « La Nef » (décembre 2023) :

    La première partie du synode sur la synodalité voulu par le pape François s’est déroulée du 4 au 29 octobre à Rome. Quel bilan tirer de ce synode ? Quelles pistes de réformes annonce-t-il ? Est-il un synode de rupture ou de continuité ? Comment a-t-il été reçu par les différentes sensibilités de l’Eglise ? Cet article vous offre une analyse et une vue de surplomb sur cet événement ecclésial.

    «Il faut que tout change pour que rien ne change ». C’est peut-être la célèbre phrase de Tancredi Falconeri dans Le Guépard de Lampedusa qui vient à l’esprit lorsqu’on se hasarde à tirer un bilan d’étape de la XVIe Assemblée générale du synode des évêques sur la synodalité, à l’issue de sa première session plénière qui s’est tenue à Rome du 4 au 29 octobre 2023.

    « Il faut que tout change… »

    En apparence, le processus décidé et mis en œuvre par le pape François depuis 2021 semble vouloir imprimer des changements majeurs à l’Église, comme en témoignent la structure adoptée pour le Synode, la forme des débats retenue et les thématiques discutées.

    Tout d’abord, s’agissant de la structure, le pape François a posé, en avril 2023, un geste spectaculaire et sans précédent. En contradiction avec le Code de Droit canonique (can. 346, § 1) ainsi qu’avec sa propre constitution apostolique Episcopalis Communio du 15 septembre 2018, qui prévoient que seuls peuvent composer une assemblée synodale les évêques ainsi qu’un petit nombre de supérieurs d’instituts religieux masculins, le Souverain Pontife n’a pas hésité à désigner, parmi les 364 membres votants, des religieuses et surtout 70 laïcs (hommes et femmes). La conséquence est qu’une proposition peut désormais être adoptée par le synode, alors même qu’elle ne réunirait pas deux tiers des voix des évêques. Cette décision papale n’a pas été sans provoquer quelques remous, puisqu’un certain nombre de canonistes sont allés jusqu’à contester la « nature épiscopale » de cette assemblée synodale ainsi composée. Et si, pour répondre à ces critiques, le pape a souligné que ce « processus synodal » récupérait une ancienne pratique chrétienne qui n’avait jamais été perdue dans l’Orient chrétien, il est à noter qu’aucun des délégués orthodoxes et catholiques de rite oriental conviés à Rome n’ont reconnu dans ledit processus ce qu’ils entendaient dans leurs Églises respectives par le terme de « synode ».

    Ensuite, concernant la forme retenue pour les débats, une innovation remarquée a également eu lieu : à la place de discours tenus par des orateurs juchés sur une estrade et s’adressant à l’assemblée, le choix a été fait – synodalité oblige – de répartir les 364 membres en 35 groupes (les « circuli minores »). Le tout conjugué avec une méthodologie très stricte gouvernant les débats, largement inspirée de la spiritualité ignacienne : chaque groupe s’est vu attribuer des questions précises à débattre et ces questions ont fait l’objet d’un triple tour de table, strictement chronométré, afin de permettre aux participants d’exprimer, en toute égalité, les « résonances ressenties ». Après ces discussions, un rapporteur désigné pour chaque groupe a été chargé d’en présenter la teneur à l’assemblée plénière, avec ses convergences, ses divergences et ses interrogations. Pour finir, le 29 octobre, un rapport de synthèse de 42 pages a été adopté, détaillant les questions à approfondir et formulant 81 propositions qui, « après des recherches canoniques, théologiques et pastorales », devront être tranchées lors de la seconde session du synode en octobre 2024.

    Lire la suite

  • Les pièges potentiels d'une visite papale en Belgique

    IMPRIMER

    De Luke Coppen sur The Pillar, cet "éclairage" d'Outre-Atlantique :

    Les pièges potentiels d'une visite papale en Belgique

    14 décembre 2023

    Dans une interview avec un diffuseur mexicain diffusée mardi, le pape François a annoncé qu'il avait l'intention de se rendre en Belgique en 2024. 

    Cette annonce est surprenante, étant donné que depuis son élection, le pape François a montré une préférence pour les visites aux nations situées aux "périphéries" de l'Europe, en commençant par l'Albanie en 2014. 

    Il a évité ce qu'il appelle les "grands" pays d'Europe, tels que l'Espagne et l'Allemagne, privilégiant les nations plus petites du continent. Lorsqu'il s'est rendu en France en septembre, le Vatican a insisté avec pédanterie sur le fait qu'il visitait Marseille, et non la République française, afin de préserver cette notion. 

    Certes, la Belgique est un petit pays, avec une population de moins de 12 millions d'habitants. Elle est légèrement plus grande que l'État américain du Vermont et se trouve coincée entre ses voisins français et allemand, beaucoup plus grands. 

    Mais la Belgique n'est pas du tout à la périphérie de l'Europe. À l'époque coloniale, elle contrôlait le vaste territoire connu aujourd'hui sous le nom de République démocratique du Congo, ainsi que des pans entiers de la Chine et du Guatemala.

    Aujourd'hui, elle possède la 26e économie mondiale et le deuxième port d'Europe. Elle possède également une famille royale glamour (...) et sa principale ville, Bruxelles, est la capitale de facto de l'Union européenne. 

    Alors, pourquoi le pape tient-il à s'y rendre ? Et quels sont les pièges potentiels de ce voyage ? Jetons un coup d'œil.

    Pourquoi la Belgique ?

    Le pape François aurait été invité à se rendre en Belgique lors d'une audience privée au Vatican, le 14 septembre, avec le roi Philippe et la reine Mathilde, discrets mais fervents défenseurs de l'Église belge.

    Le voyage, qui devrait avoir lieu fin septembre 2024, est destiné à marquer le 600e anniversaire des universités catholiques KU Leuven et UCLouvain, qui tombe en 2025.

    Selon le vaticaniste Emmanuel Van Lierde, les liens entre François et la Belgique remontent à l'Argentine. 

    Lorsque Jorge Mario Bergoglio est entré chez les Jésuites, il s'est lié d'amitié avec un novice de la famille belge Steverlynck, qui possédait une entreprise textile en Argentine. François a parlé avec admiration de l'approche réfléchie de l'entreprise à l'égard de ses employés. 

    En tant que supérieur provincial des jésuites argentins, le père Bergoglio était chancelier d'une université gérée par les jésuites à Cordoue, qui était soutenue financièrement par une association belge dirigée par Jean Sonet, S.J. Le futur pape s'est rendu en Belgique pour montrer sa reconnaissance. Il aurait été séduit par l'atmosphère de la ville de Bruges et par l'œuvre du peintre Hans Memling. 

    Lorsqu'il est apparu pour la première fois sur la loggia surplombant la place Saint-Pierre après son élection, le pape François était flanqué du cardinal belge Godfried Danneels.

    Il a personnellement nommé Danneels délégué au synode des familles de 2015. La même année, il a nommé le protégé de Danneels, Mgr Jozef De Kesel, archevêque de Malines-Bruxelles, rétablissant ainsi la continuité progressiste dans le diocèse le plus important de Belgique, qui avait été interrompue sous Benoît XVI. 

    Mgr De Kesel a rapidement reçu le chapeau rouge de cardinal. François a cherché à faire entrer un autre Belge au Collège des cardinaux en 2022 : Mgr Luc Van Looy, qui avait rencontré le futur pape lors de sa visite à Buenos Aires en tant que prêtre salésien. Mais Mgr Van Looy s'est retiré de la course à la suite de critiques sur sa gestion des cas d'abus en tant qu'évêque de Gand.

    Outre ces liens biographiques, le pape François pourrait également avoir des affinités avec le cardinal belge Leo Joseph Suenens, qui a influencé le concile Vatican II et a fortement prôné la coresponsabilité des laïcs, préfigurant sans doute la volonté de François d'instaurer la synodalité au sein de l'Église catholique.

    Selon Emmanuel Van Lierde, François ne manquerait pas de visiter à la fois la Région wallonne et la Région flamande. Pour ce faire, il pourrait se rendre à l'UCLouvain, dans la ville de Louvain-la-Neuve, dans la province du Brabant wallon, et à la KU Leuven, dans la ville de Louvain, dans la province du Brabant flamand.

    François pourrait également présider une messe à Bruxelles, où il serait sans doute rejoint par Mgr Luc Terlinden, qu'il a nommé nouvel archevêque de Malines-Bruxelles en juin. 

    Outre ses rencontres habituelles avec les jeunes et les jésuites locaux, le pape pourrait également rencontrer en privé des survivants d'abus et, selon qu'il restera un ou deux jours, visiter une nouvelle école jésuite à Molenbeek, l'un des quartiers les plus pauvres de Belgique.

    Un écueil de taille

    Le principal écueil potentiel de cette visite réside sans aucun doute dans le fait que l'Église belge vient d'être ébranlée dans ses fondements par une nouvelle révélation d'abus commis par des membres du clergé.

    Cette révélation a pris la forme d'une série documentaire intitulée "Godvergeten", qui a suscité un tollé lors de sa diffusion en Belgique en septembre de cette année. 

    La série, qui a mis en lumière les abus et les dissimulations, a déclenché une enquête parlementaire et aurait incité un grand nombre de catholiques à quitter l'Église. Elle a également suscité des appels aux autorités fédérales belges pour qu'elles cessent de payer les salaires des personnes désignées comme "ministres du culte", qui comprennent non seulement les prêtres et les diacres catholiques du pays, mais aussi les laïcs nommés par les évêques.

    La série a relancé le débat sur d'anciennes affaires d'abus très médiatisées, notamment celle de l'évêque de Bruges, Mgr Roger Vangheluwe, qui a démissionné en 2010 après avoir admis avoir abusé de son neveu.

    Le scandale a également terni la réputation de Mgr Danneels après la divulgation d'un enregistrement audio dans lequel le cardinal exhorte le jeune homme à ne pas accuser publiquement son oncle - et a suscité une controverse lorsque François a inclus Mgr Danneels dans sa liste d'invités personnels au synode sur la famille de 2015.

    Alors que la crise s'aggravait, la police a effectué des descentes surprises dans les locaux de l'église, ce qui a tendu les relations entre les autorités belges et le Vatican.

    À la suite de la démission de Mgr Vangheluwe, un rapport indépendant a recensé 475 plaintes pour abus contre des membres du clergé et des employés de l'Église entre les années 1950 et 1980. 

    Mais l'affaire Vangheluwe continue de faire de l'ombre à l'Église belge, car le prélat, aujourd'hui âgé de 87 ans, continue de porter le titre d'évêque. 

    Selon les médias catholiques belges, deux évêques ont rendu visite à Mgr Vangheluwe en septembre de cette année au monastère où il est obligé de vivre dans l'anonymat. Ils lui ont demandé de présenter sa démission au pape François. 

    Vangheluwe aurait ensuite dit à l'un des visiteurs, l'évêque d'Anvers Johan Bonny, qu'il avait écrit au pape. Mgr Bonny pense que le pape répondra à la lettre, dont le contenu est inconnu, d'ici la fin de l'année.

    Avec une visite papale à l'horizon, la pression pour résoudre le cas Vangheluwe va augmenter, à la grande frustration des évêques belges, qui disent qu'ils demandent au Vatican de prendre des mesures supplémentaires depuis des années. 

    La crise des abus s'apaisera peut-être au moment où le pape François arrivera dans le pays, mais il est peu probable qu'elle passe à l'arrière-plan, compte tenu de sa profondeur et de son intensité. Le voyage pourrait donc être similaire à la visite de François en Irlande en 2018, qui a été marquée par des protestations de la part des défenseurs des survivants d'abus.

    Petits écueils

    Un autre écueil, moins important, est que le voyage pourrait rouvrir un débat sur l'identité des deux universités catholiques dont le pape marquera le 600e anniversaire. 

    La KU Leuven et l'UCLouvain tirent toutes deux leurs origines de l'ancienne université de Louvain, créée en 1425 et abolie en 1797. L'Université catholique de Louvain a repris le flambeau en 1834 et s'est scindée en 1968, selon des critères linguistiques, en Katholieke Universiteit Leuven (KU Leuven) et en Université catholique de Louvain (UCLouvain).

    Comme aux Pays-Bas voisins, une société fortement sécularisée pose des défis à l'identité catholique des universités. La KU Leuven et l'UCLouvain tiennent à souligner leur caractère intégrateur. Le site web de l'UCLouvain, par exemple, indique que "si le "C" signifie "catholique", l'UCLouvain, qui compte plus d'un million d'étudiants, est une université catholique, l'UCLouvain, avec plus de 120 nationalités, comprend à peu près toutes les croyances, laïques ou religieuses, pratiquantes ou non".

    Un autre écueil est qu'une visite papale pourrait raviver un débat déjà vif au sein de l'Église catholique sur la possibilité d'une bénédiction rituelle des couples de même sexe. Les évêques de Flandre ont publié un texte autorisant précisément cette pratique en septembre 2022, bien que le bureau de doctrine du Vatican ait déclaré l'année précédente que l'Église n'avait pas le pouvoir de bénir les unions entre personnes de même sexe.

    Le Vatican n'a pas réagi publiquement à l'initiative des évêques. Mais le sujet a été abordé lors de la visite ad limina des évêques belges à Rome en novembre 2022. Le Vatican semble autoriser discrètement l'initiative à titre expérimental, peut-être pour les raisons que le pape François a exposées dans sa réponse de juillet à un dubium, ou doute, sur les bénédictions homosexuelles présenté par cinq cardinaux

    Mais les projecteurs braqués sur une visite papale pourraient transformer la position belge sur les bénédictions homosexuelles en une controverse ecclésiale mondiale à la veille de la session finale du synode sur la synodalité, ce qui aggraverait une atmosphère déjà explosive.

  • Le catholicisme allemand : au bord du gouffre ou à la pointe du progrès ?

    IMPRIMER

    De George Weigel sur First Things :

    LE CATHOLICISME ALLEMAND : AU BORD DU GOUFFRE OU A LA POINTE ?

    13 . 12 . 23

    Le 10 novembre, un "Comité synodal" créé par la "Voie synodale" allemande récemment achevée s'est réuni pour la première fois. Le mandat de ce comité est de préparer les bases d'un "Conseil synodal" composé de laïcs, de membres du clergé et d'évêques qui gouverneront l'Église catholique en Allemagne à partir de 2026. L'idée d'un tel "Conseil synodal" a déjà été rejetée par le Saint-Siège. Dans une lettre adressée récemment à quatre laïques allemandes qui avaient démissionné de la "Voie synodale" pour protester contre les déviations par rapport aux vérités et pratiques catholiques établies, le pape François a réaffirmé que le "Conseil synodal" ne peut être concilié "avec la structure sacramentelle de l'Église catholique".

    Le pape a également déclaré ceci à propos de l'état actuel des affaires catholiques en Allemagne :

    Au lieu de chercher le "salut" dans des comités toujours nouveaux et de discuter des mêmes sujets avec un certain repli sur soi, j'ai voulu, dans ma Lettre au peuple de Dieu en Allemagne, rappeler la nécessité de la prière, de la pénitence et de l'adoration, et inviter à s'ouvrir et à aller à la rencontre de "nos frères et sœurs, en particulier ceux qui sont abandonnés sur les marches de nos églises, dans les rues, dans les prisons et les hôpitaux, sur les places et dans les villes". Je suis convaincu que c'est là que le Seigneur nous montrera le chemin.

    A ce sujet, peut-être quelques remarques. 

    Chercher le "salut" dans des comités toujours nouveaux et discuter des mêmes sujets avec un certain égocentrisme" ne décrit-il pas précisément ce que le Synode-2023 a fait pendant quatre longues semaines angoissantes il y a deux mois - et ce que les "phases" préparatoires locales, nationales et continentales du Synode sur la synodalité ont fait, à grands frais de temps et d'argent, au cours des deux dernières années ? 

    Pourquoi le mot "salut" est-il entre guillemets dans la lettre du pape ? Est-ce parce qu'il parle de "sauver" l'institution de l'Église allemande, qui subit une hémorragie de fidèles (et donc une perte de revenus, car moins de fidèles se déclarant catholiques signifie que l'institution reçoit une part moins importante de l'impôt de l'Église allemande) ? Compte tenu du contexte allemand, on peut penser que c'est pour cette raison que le mot "salut" a été mis entre guillemets. Mais on pourrait aussi noter que le thème du salut dans son sens biblique et théologique complet - et la notion corollaire du Seigneur Jésus en tant qu'unique sauveur de l'humanité - n'a pas été exploré en profondeur pendant le Synode 2023, ou pendant le "chemin synodal" allemand.

    Ce qui nous amène à un troisième point : Le pape suggère que le catholicisme institutionnel allemand se sauvera en s'ouvrant aux pauvres, aux déplacés et aux marginaux de la société. L'Église allemande le fait déjà, cependant, en maintenant (avec l'aide de l'impôt ecclésiastique) un réseau considérable d'agences et de programmes de services sociaux. Si la rencontre avec les marginaux était la réponse à l'ennui religieux et à l'anémie évangélique du catholicisme allemand contemporain, l'Église allemande serait devenue un puissant moteur de la nouvelle évangélisation il y a des décennies. 

    Mais ce n'est pas le cas, et ce n'est toujours pas le cas. La raison n'a rien à voir, ou presque, avec l'incapacité à rencontrer les marginaux, mais tout à voir avec la perte de la foi en Jésus comme Seigneur et en l'Église comme son corps sacramentel dans le monde, qui transforme les églises locales en organisations non gouvernementales réalisant de bonnes œuvres. La rencontre avec le Seigneur Jésus dans la Parole et le Sacrement est (pour reprendre la lettre du pape) "ce qui nous montrera le chemin".

    Il est intéressant de constater que, lors du Synode 2023, les questions brûlantes chères à la Voie synodale allemande n'ont pas été abordées par les Allemands, mais par d'autres. Le président de la conférence épiscopale allemande, Mgr Georg Bätzing, a fait preuve de gemütlichkeit tout au long du processus, un sourire constamment sur son visage. Ce profil délibérément bas reflète peut-être le fait que les dirigeants de l'épiscopat allemand reconnaissent qu'il serait déconseillé d'enflammer les choses à Rome, compte tenu de la situation conflictuelle dans laquelle ils se trouvent chez eux. Mais une autre lecture de ces feuilles de thé est possible. 

    Comme nous l'avons déjà suggéré dans cet espace, certains responsables du "Synode sur la synodalité" ont pu considérer la "voie synodale" allemande comme un instrument utile pour ouvrir la voie à une reconfiguration dramatique de la compréhension de soi et de la gouvernance catholiques, déplaçant les poteaux de but si loin vers la gauche que l'ancienne ligne des cinquante yards du Centre vital catholique serait maintenant l'ancienne zone d'en-but à gauche. Ces personnes n'ont peut-être pas voulu que les Allemands prennent une avance telle qu'ils donneraient le change avant que le Synode 2024 ne se réunisse en octobre prochain ; il a donc été conseillé au cheval de bataille allemand de trotter et non de galoper. 

    Ce qui pourrait suggérer que le catholicisme allemand n'est pas considéré dans certains cercles romains comme étant "au bord du gouffre", mais plutôt comme étant "à la pointe du progrès". 

    La chronique de George Weigel "The Catholic Difference" est publiée par le Denver Catholic, la publication officielle de l'archidiocèse de Denver.

    George Weigel est Distinguished Senior Fellow du Ethics and Public Policy Center de Washington, D.C., où il est titulaire de la chaire William E. Simon d'études catholiques.

  • Les paroles fortes du cardinal Zen pour le temps de l'Avent et le temps d'aujourd'hui

    IMPRIMER

    De OnePeterFive :

    Le cardinal Zen parle de Dubia et de la synodalité pendant l'Avent

    12 décembre 2023

    Le temps de l'Avent et de Noël a toujours été l'un des moments les plus intenses de l'année liturgique, car nous nous souvenons de l'Incarnation du Fils de Dieu qui vient nous sauver. L'évêque émérite de Hong Kong, le cardinal Joseph Zen, nous offre un beau témoignage en proposant dans un nouveau livre ses méditations sur ce temps liturgique.

    Nous avons récemment interrogé Son Éminence sur son nouveau livre et sur bien d'autres sujets.

    Aurelio Porfiri : Votre Éminence, comment allez-vous ?

    Cardinal Zen : Je dirais que je vais plutôt bien, ma santé n'est pas trop mauvaise pour mon âge, j'approche les 92 ans et je suis donc très reconnaissant à Dieu qui m'a permis d'arriver jusqu'à aujourd'hui en assez bonne forme. En toute chose, nous devons être reconnaissants à Dieu pour ce qu'il nous offre. Après des moments difficiles, je sens que je reprends des forces et j'espère que je pourrai bientôt reprendre mes activités antérieures, comme la visite des prisonniers, un apostolat qui me tient à cœur et que j'exerce maintenant depuis plus de 20 ans.

    Vous tenez-vous informé de l'actualité ?

    Il est certain que je me tiens très au courant des nouvelles, surtout celles qui concernent l'Église et qui, naturellement, m'intéressent et me concernent d'une manière toute particulière. Aujourd'hui, avec les moyens de communication modernes, il est très facile de se tenir au courant de tout ce qui se passe. Il faut savoir en faire bon usage et naturellement, s'agissant de nouvelles qui nous parviennent de sources multiples et disparates, il faut savoir en faire une lecture critique, en faisant preuve d'une saine prudence. Pensons aux informations contradictoires qui nous parviennent, par exemple, sur les guerres en cours, qui ne sont pas seulement des guerres de territoires, mais surtout des guerres de propagande.

    Lire la suite

  • Que peut-on faire des cendres des personnes incinérées ? La réponse du Dicastère pour la Doctrine de la Foi

    IMPRIMER

    source

    DICASTERE POUR LA DOCTRINE DE LA FOI

    Feuille d'audience avec le Saint Père
    (9 décembre 2023)

    Réponse à Son Éminence, Card. Matteo Maria Zuppi, Archevêque de Bologne,
    concernant deux questions relatives à la conservation des cendres des personnes décédées
    soumis à la crémation.

    Par lettre du 30 octobre 2023 (Prot. n° 2537), le Card. Matteo Maria Zuppi, archevêque de Bologne, a adressé au Dicastère pour la doctrine de la foi deux questions relatives à la conservation des cendres des défunts soumis à la crémation.

    Il a notamment indiqué qu'il avait mis en place une Commission dans le diocèse de Bologne afin d'apporter une réponse chrétienne aux divers problèmes découlant de la prolifération du choix d'incinérer les défunts et de disperser leurs cendres dans la nature. L'objectif est également de veiller à ce que les raisons économiques, suggérées par le coût inférieur de la dispersion, ne prévalent pas, et de fournir des conseils sur la destination des cendres une fois que le délai de conservation a expiré.

    Afin d'être certain de répondre non seulement à la demande des proches, mais surtout à l'annonce chrétienne de la résurrection des corps et du respect qui leur est dû, l'auteur s'est penché sur les questions suivantes :

    1. Compte tenu de l'interdiction canonique de disperser les cendres d'un défunt - à l'instar de ce qui se passe dans les ossuaires, où les restes minéralisés du défunt sont déposés et conservés de manière cumulative - est-il possible de créer un lieu sacré défini et permanent pour l'accumulation mixte et la conservation des cendres des défunts baptisés, en indiquant pour chacun d'eux les données personnelles afin de ne pas disperser la mémoire nominale ?

    2. Peut-on permettre à une famille de conserver une partie des cendres d'un membre de la famille dans un lieu significatif de l'histoire du défunt ?

    Après un examen approfondi du contenu de ces questions, il a été décidé d'y répondre comme suit :

    1) Le n° 5 de l'Instruction Ad resurgendum cum Christo sur la sépulture des défunts et la conservation des cendres en cas de crémation, publiée par la Congrégation pour la doctrine de la foi le 15 août 2016, en ce qui concerne la conservation des cendres dans des urnes spéciales précise que les cendres doivent être conservées dans un lieu sacré (cimetière), ainsi que dans un espace spécifiquement dédié à cet effet, à condition qu'il ait été désigné à cet effet par l'autorité ecclésiastique.

    Les raisons pastorales de cette réglementation sont également données : "Garder les cendres dans un lieu sacré peut aider à réduire le risque de soustraire le défunt à la prière et au souvenir des proches et de la communauté chrétienne. Cela évite également le risque d'oubli et de manque de respect, qui peut se produire surtout lorsque la première génération est passée, ainsi que des pratiques inconvenantes ou superstitieuses" (n. 5). Cette disposition de l'Instruction précitée conserve toute sa validité.

    2) Notre foi nous dit que nous ressusciterons avec la même identité corporelle matérielle, comme toute créature sur cette terre, mais que cette matière sera transfigurée, libérée des limitations de ce monde. En ce sens, la résurrection se fera "dans cette chair dans laquelle nous vivons maintenant" (Formula Fides Damasi nuncupata). On évite ainsi un dualisme néfaste entre le matériel et l'immatériel.

    Mais cette transformation n'implique pas la récupération des mêmes particules de matière qui formaient le corps de l'être humain. Le corps ressuscité ne sera donc pas nécessairement constitué des mêmes éléments qu'avant sa mort. N'étant pas une simple reviviscence du cadavre, la résurrection peut se produire même si le corps a été totalement détruit ou dispersé. Cela permet de comprendre pourquoi, dans de nombreux cinéraires, les cendres des défunts sont conservées ensemble, sans être séparées.

    3) Les cendres du défunt, en outre, proviennent de restes matériels qui ont fait partie du parcours historique vécu par la personne, au point que l'Église a une attention et une dévotion particulières pour les reliques des saints. Ce soin et ce souvenir nous conduisent également à une attitude de respect sacré envers les cendres des défunts, que nous conservons dans un lieu sacré propice à la prière et parfois à proximité des églises où se rendent leurs familles et leurs voisins.

    4) Par conséquent :

    A) Pour les raisons susmentionnées, il est possible de créer un lieu sacré défini et permanent pour l'accumulation et la conservation communautaires des cendres des défunts baptisés, en indiquant pour chacun d'eux les données personnelles afin de ne pas disperser la mémoire nominale.

    B) En outre, à condition d'exclure tout type de malentendu panthéiste, naturaliste ou nihiliste et de conserver les cendres du défunt dans un lieu sacré, l'autorité ecclésiastique, dans le respect des normes civiles en vigueur, peut examiner et évaluer la demande d'une famille de conserver dûment une partie minimale des cendres de leur parent dans un lieu significatif de l'histoire du défunt.

    Víctor Manuel Card. Fernández
    Préfet

    Ex Audientia Die 9.12.2023

    Franciscus

  • Le cardinal Müller : tout le contraire d'un chien muet

    IMPRIMER

    Deux entretiens récents du cardinal Müller qui dit clairement les choses tant en ce qui concerne le Synode que le mondialisme :

  • L'Immaculée Conception selon Jean-Paul II

    IMPRIMER

    Jean-Paul II lors de l'audience générale du 29 mai 1996 :

    L' Immaculée Conception

    Cher(e) ami(e)s ,

    1. Nous avons vu dans nos catéchèses précédentes que, dans la réflexion doctrinale de l'Église d'Orient, l'expression "pleine de grâce " fut interprétée dès le VIe siècle dans le sens d'une sainteté singulière qui saisit Marie dans toute son existence. Elle inaugure ainsi la création nouvelle.

    À côté du récit de l'Annonciation de saint Luc, la Tradition et le Magistère ont vu dans ce que l'on appelle le Protévangile (Gn 3, 15) une source scripturaire de la vérité de l'Immaculée Conception de Marie. Ce texte a inspiré, à partir de l'ancienne traduction latine : " Elle t'écrasera la tête ", de nombreuses représentations de l'Immaculée qui écrase le serpent sous ses pieds.

    Nous avons déjà eu l'occasion de rappeler que cette traduction ne correspond pas au texte hébreu, où ce n'est pas la femme, mais bien sa descendance, qui écrase la tête du serpent. Ce texte n'attribue donc pas à Marie, mais à son Fils, la victoire sur Satan. Cependant, puisque la tradition biblique établit une profonde solidarité entre celle qui engendre et sa descendance, la représentation de l'Immaculée qui écrase le serpent est cohérente avec le sens originel du passage : elle le fait non pas par sa propre force mais par grâce de son Fils.

    2. Dans ce même texte biblique, on proclame en outre l'inimitié entre la femme et sa descendance, d'une part, et le serpent et sa descendance, d'autre part. Il s'agit d'une hostilité expressément établie par Dieu, qui prend un relief singulier si nous considérons le problème de la sainteté personnelle de la Vierge. Pour être l'ennemie inconciliable du serpent et de sa descendance, Marie doit être exempte de toute domination du péché. Et cela dès le premier moment de son existence.

    À cet égard, l'Encyclique Fulgens corona, publiée par le Pape Pie XII en 1953 pour commémorer le centenaire de la définition du dogme de l'Immaculée Conception, propose cette argumentation : "Si, à un moment donné, la Bienheureuse Vierge Marie était restée privée de la grâce divine, parce que souillée dans sa conception par la tache héréditaire du péché, il y aurait eu entre elle et le serpent – du moins pendant cet espace de temps, si court qu'il eût été – non pas l'éternelle inimitié dont il est fait mention depuis la tradition primitive jusqu'à la définition solennelle de l'Immaculée Conception de la Vierge, mais bien plutôt un certain asservissement (AAS 45 [1953], 579) (DC 1953, no 1158, col. 1283. NDLR).

    L'hostilité absolue établie par Dieu entre la femme et le démon postule donc en Marie l'Immaculée Conception, c'est-à-dire une absence totale de péché, dès le début de sa vie. Le Fils de Marie a remporté la victoire définitive sur Satan et en a fait bénéficier par anticipation sa Mère, la préservant du péché. En conséquence, le Fils lui a accordé le pouvoir de résister au démon, réalisant ainsi dans le mystère de l'Immaculée Conception l'effet le plus notable de son oeuvre rédemptrice.

    3. L'appellation " pleine de grâce " et le Protévangile, en attirant notre attention sur la sainteté spéciale de Marie et sur sa complète exemption de l'influence de Satan, nous font comprendre, dans le privilège unique que le Seigneur a accordé à Marie, qu'un ordre nouveau commence, qui est le fruit de l'amitié avec Dieu et qui comporte, par conséquent, une inimitié profonde entre le serpent et les hommes.

    Comme témoignage biblique en faveur de l'Immaculée Conception de Marie, on cite souvent, aussi, le chapitre XII de l'Apocalypse, où l'on parle de " la femme revêtue de soleil" (12, 1). L'exégèse actuelle est d'accord pour voir en cette femme la communauté du Peuple de Dieu, qui engendre dans la douleur le Messie ressuscité. Mais, à côté de cette interprétation collective, le texte suggère une interprétation individuelle lorsqu'il affirme : "La Femme mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les menant avec un sceptre de fer" (12, 5). On admet ainsi, par cette référence à l'enfantement, une certaine identification de la femme revêtue de soleil avec Marie, la Femme qui a mis le Messie au monde (" à la lumière "). La femme-communauté est décrite en effet sous les apparences de la femme-Mère de Jésus.

    Caractérisée par sa maternité, la femme " était enceinte, et elle criait, torturée par les douleurs de l'enfantement" (12, 2). Cette annotation renvoie à la Mère de Jésus au pied de la Croix (cf. Jn 19, 25) où elle participe, le coeur transpercé par une épée (cf. Lc 2, 35), au travail de l'enfantement de la communauté des disciples. Malgré ses souffrances, elle est " revêtue de soleil " – c'est-à-dire qu'elle porte le reflet de la splendeur divine – et elle apparaît comme un " signe grandiose" du rapport sponsal de Dieu avec son peuple.

    Même si elles n'indiquent pas directement le privilège de l'Immaculée Conception, ces images peuvent être interprétées comme des expressions de l'amour du Père qui entoure Marie de la grâce du Christ et de la splendeur de l'Esprit.

    Enfin, l'Apocalypse invite à reconnaître plus particulièrement la dimension ecclésiale de la personnalité de Marie : la femme revêtue de soleil représente la sainteté de l'Église, qui se réalise pleinement dans la Sainte Vierge, en vertu d'une grâce singulière.

    4. À ces affirmations scripturaires auxquelles se réfèrent la Tradition et le Magistère pour fonder la doctrine de l'Immaculée Conception, paraissent s'opposer les textes bibliques qui affirment l'universalité du péché.

    L'Ancien Testament parle d'une contagion due au péché qui touche tout " petit né d'une femme " (Ps 50, 7 ; Jb 14, 2). Dans le Nouveau Testament, Paul déclare que, à la suite de la faute d'Adam, "tous ont péché " et que "la faute commise par un seul a conduit tous les hommes à la condamnation " (Rm 5, 12. 18). Donc, comme le rappelle le Catéchisme de l'Eglise catholique, le péché originel "affecte la nature humaine" qui se trouve ainsi " dans un état déchu ". Aussi le péché est-il transmis "par propagation à toute l'humanité, c'est-à-dire par la transmission d'une nature humaine privée de la sainteté et de la justice originelles" (n. 404). Paul admet cependant une exception à cette loi universelle : le Christ, celui " qui n'a pas connu le péché " (2 Co 5, 21) et qui a pu ainsi faire surabonder la grâce " là où le péché a abondé " (Rm 5, 20).

    Ces affirmations ne portent pas nécessairement à la conclusion que Marie a été impliquée dans l'humanité pécheresse. Le parallèle, établi par Paul, entre Adam et le Christ, est complété par celui qui existe entre Ève et Marie : le rôle, important, de la femme dans le drame du péché, l'est aussi dans la rédemption de l'humanité.

    Saint Irénée présente Marie comme la nouvelle Ève qui, par sa foi et son obéissance, a fait contrepoids à l'incrédulité et à la désobéissance d'Ève. Un tel rôle dans l'économie du salut requiert l'absence de péché. Il convenait que comme le Christ, nouvel Adam, Marie, nouvelle Ève, n'eût pas connu le péché et qu'elle fût ainsi plus apte à coopérer à la rédemption.

    Le péché qui traverse l'humanité comme un torrent, s'arrête devant le Rédempteur et sa fidèle Collaboratrice. Avec une différence substantielle : le Christ est totalement saint en vertu de la grâce qui, dans son humanité, découle de la personne divine ; Marie est toute sainte en vertu de la grâce reçue par les mérites du Sauveur.

  • "Seule la femme fait germer et éclore ce que l’homme ne peut que semer..."

    IMPRIMER

    Une tribune de Jean Duchesne sur le site Aleteia.org :

    Louis Bouyer, un vrai théologien féministe

    05/12/23

    Selon le théologien Louis Bouyer, seule la femme fait germer et éclore ce que l’homme ne peut que semer. L’essayiste Jean Duchesne montre les retombées considérables de cette différence théologique entre le masculin et le féminin : l’humanité s’avère, vis-à-vis de la masculinité paternelle de Dieu, tout entière dans une situation féminine.

    On cherche ces temps-ci à justifier que n’ordonner prêtres que des hommes, en leur demandant de surcroît d’être célibataires, ne contrevient pas à l’égalité entre les sexes. Peut-être pourrait-on tirer parti d’une théologie indubitablement catholique qui, lorsqu’elle a été publiée il y a près d’un demi-siècle, a valu à son auteur d’être accusé de féminisme rabide, bien qu’il défendît énergiquement la discipline de l’Occident latin. Il s’agit de Louis Bouyer (1913-2004) et le livre, intitulé Mystère et Ministères de la femme, est paru en 1976 chez Aubier-Montaigne. Il est de nouveau accessible puisqu’il a été réédité en 2019 par Ad Solem.

    Lire la suite sur Aleteia.org

  • "Ce ne sont pas les traditionalistes qui risquent de provoquer un schisme dans l’Église, mais bien la frange la plus progressiste"

    IMPRIMER

    Une tribune de Jean Bernard sur le site du journal la Croix :

    « Si schisme il doit y avoir, ne viendrait-il pas plutôt du côté progressiste ? »

    Pour Jean Bernard, ce ne sont pas les traditionalistes qui risquent de provoquer un schisme dans l’Église, mais bien la frange la plus progressiste, et en particulier l’Église d’Allemagne. Si des évêques allemands en venaient par exemple à ordonner des femmes, excommunication et schisme deviendraient « inévitables ».

    05/12/2023

    Il n’est pas sans paradoxe de constater que, à l’heure même où l’Église catholique est engagée dans un Synode des évêques dont le thème central est la synodalité et l’accueil inconditionnel de tous (« para todos, todos, todos »), les avertissements se multiplient concernant la possibilité d’une « implosion » ou d’un « schisme ». Dernière intervention en date, celle de J.‑L. Schlegel, pour lequel une rupture pourrait survenir chez les traditionalistes dans le cas où des réformes audacieuses devraient être adoptées à l’issue du synode.

    À lire aussi : Jean-Louis Schlegel : « Si les réformes évoquées sont décidées, les tradis feront-ils un schisme ? »

    À cet égard, nul ne conteste le fait que la frange la plus conservatrice de l’Église éprouve une réserve marquée à l’égard de certaines initiatives du pape François en ce qui concerne, notamment, les questions de morale (Amoris Laetitia), les mesures adoptées contre la messe traditionnelle (Traditionis Custodes) ou encore les engagements politiques du Souverain Pontife. Il suffit, pour s’en convaincre, de considérer les déclarations chaque jour plus virulentes d’un cardinal Müller, l’ancien préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi de Benoit XVI.

    La stratégie des traditionalistes

    Toutefois, jusqu’à maintenant, cette réserve ne s’est traduite par aucun schisme (le cas de la Fraternité Saint-Pie X mis à part), notamment parce que les traditionalistes n’y auraient trouvé aucun intérêt.

    En effet, de la même manière que, après le Concile, de nombreux prêtres progressistes ont exercé leur ministère sans avoir égard au Magistère romain, les traditionalistes vivent tout simplement leur appartenance ecclésiale sans considération des réformes encouragées ou tolérées par le pape François. En outre, ils pensent, à tort ou à raison, que le temps joue en leur faveur : ils constatent que l’effet paradoxal de Traditionis Custodes a été de vider encore davantage les séminaires diocésains au profit de leurs propres maisons de formation ou, à tout le moins, de celle de la Communauté Saint-Martin. Et ils connaissent les conclusions de l’enquête approfondie menée récemment aux États‑Unis, qui a mis en évidence le profil conservateur, voire très conservateur, de la très grande majorité des jeunes prêtres.

    Peut-on néanmoins prédire un schisme de cette partie de l’Église dans l’hypothèse où le Synode sur la synodalité déciderait, à l’issue de ses travaux, d’adopter des réformes substantielles, telles que l’ordination des hommes mariés, l’ouverture des ordres sacrés aux femmes, la procédure de nomination des évêques ou encore l’accueil des personnes LGBT ?

    En fait, la prémisse sur laquelle est fondée une telle prédiction – l’adoption de réformes substantielles – reste très largement incertaine.

    Ordination d’hommes mariés

    Certes, sur plusieurs thèmes, Rome a déjà bougé. L’homosexualité ou le remariage après un divorce ne sont plus des obstacles dirimants à la réception des sacrements. De même, le choix du pape de désigner 70 laïcs parmi les membres votants de l’actuel Synode sur la synodalité témoigne d’une volonté assumée d’associer davantage les laïcs à la définition des grandes orientations de l’Église. Enfin, il n’est pas exclu que, à l’issue de la clôture du Synode en octobre 2024, la règle du célibat sacerdotal soit assouplie et que l’ordination de viri probati devienne possible.

    Lire la suite