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International - Page 13

  • La foi catholique s'effondre au Mexique

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    Lu sur la Libre du 25 novembre (p. 19) sous le plume de Clément Detry :

    L’Église mexicaine face à une crise de foi

    Mexique La foi catholique enregistre une chute historique dans le pays.

    Nul besoin d’être particulièrement observateur pour se rendre compte que le Mexique, depuis plusieurs mois, fait l’objet d’une campagne promotionnelle massive de la part de l’Église catholique. Il suffit de faire partie des millions de personnes qui, chaque jour, voyagent en métro à Mexico, échappant ainsi aux affres du trafic de la mégapole. Le pape François, du haut des écrans de télé disposés de part et d’autre du quai, a un message pour ces dernières.

    "La vie est un voyage qui porte ses fruits", annonce-t-il dans un spot d’une minute trente diffusé par TeleUrban, la chaîne concessionnaire de ces moniteurs. "Je vous souhaite une vie prospère qui porte de bons fruits : des fruits d’amour, de paix et de sérénité."

    La foi catholique, de même que la foi en général, a en effet enregistré une chute historique dans le deuxième pays où le Vatican compte le plus de fidèles dans le monde. Le nombre de fidèles dans le pays n’a pourtant pas cessé de croître en termes absolus. En 2020, ils étaient même le double de ce qu’ils étaient en 1970, soit presque cent millions de personnes. Mais le tableau change du tout au tout, en revanche, dès qu’on se place du point de vue de la proportion de catholiques par rapport à la population totale. Cette dernière ayant quasiment triplé en cinquante ans, cela donne une baisse de la proportion de catholiques de plus de vingt points de pourcentage depuis 1970. Moins de 80 % de la population mexicaine, d’après les derniers recensements de l’Institut national de statistique et de géographie (Inegi), se dit catholique au pays de Notre-Dame de Guadalupe.

    Éviter un effondrement "à la brésilienne"

    "Le Mexique est un cas particulier de déclin lent mais certain de la foi catholique, assure l’écrivain et journaliste catholique Felipe de Jesús Monroy. C’est un pays où le Vatican cherche à agir avant qu’il soit trop tard, pour éviter un effondrement à la brésilienne", ajoute-t-il avant de rappeler les "hécatombes" survenues dans des pays comme le Brésil ou le Chili, où cette foi concerne aujourd’hui à peine la moitié de la population, contre la quasi-totalité il y a à peine trente ans.

    L’avancée des évangélistes

    Les Églises évangélistes sont à l’œuvre depuis une cinquante d’années pour conquérir les Amériques. Le Mexique, depuis le début du siècle, ne peut plus se dire épargné par cette tendance lourde régionale. "Le catholicisme recule tandis que l’évangélisme progresse, bien qu’à des rythmes différents, d’un bout à l’autre de l’Amérique latine, confirme le sociologue des religions Felipe Gaytán Alcalá. Le Mexique, s’il suit le mouvement, le fait néanmoins à un rythme beaucoup plus lent qu’en Amérique centrale et du Sud."

    Les affiliations protestantes et évangélistes, de fait, n’ont progressé "que" de quatre points de pourcentage dans les statistiques de recensement de 2010 à 2020. Malgré le déploiement de moyens souvent importants, ces mouvements religieux ont à peine réussi à dépasser les quatorze millions de fidèles au détour de la décennie, jusqu’à parvenir à représenter 11 % de la population en 2022.

    La progression évangéliste, aussi réelle qu’elle ait pu être, "n’explique pas à elle seule le déclin de la foi catholique au Mexique", d’après José de Jesus Aguilar Valdés, directeur adjoint de radio et de télévision de l’Archidiocèse du Mexique. "Elle n’est même pas le premier facteur à prendre en compte", ajoute-t-il dans une interview qui met en évidence toute la spécificité du Mexique au regard de ses voisins, sur fond d’un recul généralisé de la spiritualité dans le pays.

    Le nombre de personnes se disant sans religion, en effet, est l’autre grand bouleversement de ces dix dernières années. Cette tendance, toujours selon les statistiques de recensement de l’Inegi, a doublé d’une décennie à l’autre, jusqu’à atteindre dix millions de personnes aujourd’hui. Le Mexique de 2030, si l’on en croit les billets de blog de Felipe de Jesus Monroy, "pourrait assez probablement compter davantage d’athées et d’agnostiques que de personnes se disant protestantes ou évangélistes".

  • Prochaines élections en RDC : l’opposition parlera-t-elle d’une seule voix ? Ce sera difficile…

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    « La Libre Afrique » fait le point avec Hubert Leclercq :

    Félix-Tshisekedi-campagne-2023.jpg« Moins de quarante jours avant le passage par les urnes en République démocratique du Congo pour les présidentielles et les législatives nationales et provinciales.

    Un scrutin qui est loin d’être acquis, vu les défis qui se dressent encore devant la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), les dimensions gigantesques du pays et le manque criant d’infrastructures.

    Pour tenter de respecter les impératifs du calendrier constitutionnel, le patron de la Ceni, Denis Kadima Kazadi, a loué deux avions au Kenya et acquis une flotte de petites embarcations afin de dispatcher les milliers de machines à voter dans tout le pays. “Tout est trop tardif, explique un député de l’opposition qui souligne : “l’impact des contingences météorologiques. On est en saison des pluies, tout déplacement est compliqué dans certaines zones du pays. C’est chaque année comme ça, la Ceni devait l’anticiper”, poursuit-il.

    Qu’importe, le pouvoir en place continue de marteler que les scrutins se tiendront le 20 décembre coûte que coûte. “Souvenez-vous de la prophétie de Denis Kadima quand il avait annoncé chez vous (à Bruxelles lors d’un séminaire sur les élections en RDC, organisé en décembre 2022 par l’institut Egmont, NdlR) que les élections ne seraient pas parfaites et qu’il ne fallait pas vouloir le beurre et l’argent du beurre, pour reprendre ces mots”, rappelle un expert politique présent ce jour-là. “Cela va être les élections les plus cochonnées de l’histoire. Il faut s’attendre à ce que la moitié des bureaux ne soient même pas ouverts”, annonce un opposant, proche de l’ancien président Joseph Kabila qui évoque le dernier communiqué de la mission d’observation des catholiques et des protestants publié ce lundi 13 novembre qui constate que “3 706 bureaux de vote ont été dupliqués 2,3 voire 4 fois”. Le même kabiliste évoque aussi la réunion de ce lundi dans le cadre de concertation entre la Ceni et les représentants des candidats à la présidence. “Une nouvelle démonstration du forcing envers et contre tout de Denis Kadima pour organiser des élections impossibles qui vont générer tant de frustrations qu’il faut craindre le pire au lendemain du scrutin”.

    RDCongo : Le match Tshisekedi – Katumbi peut commencer

    Rendez-vous à Pretoria

    C’est dans ce contexte de vives tensions politiques qui ne cessent de croître dans un pays miné par une véritable guerre dans le Kivu, des violences à caractère ethnique sur plusieurs fronts sur toute l’étendue du territoire, que cinq candidats à la présidence se parlent en Afrique du Sud. À partir de ce lundi, les premiers lieutenants de Katumbi, Fayulu, Mukwege, Sesanga et Matata sont réunis à Pretoria, à l’invitation d’une l’ONG sud-africaine déjà active il y a cinq ans, à Genève, dans le même exercice de désignation d’un candidat commun. À l’époque, c’est Martin Fayulu qui s’était imposé. “Être désigné à ce stade ne suffit pas pour gagner des élections”, explique Luc Malembe, un des porte-parole de Martin Fayulu qui insiste “il faut gagner les élections nationales et, surtout, faire en sorte que les voix des électeurs comptent vraiment”.

    « On est conscient de l’attente de la population pour une candidature commune”, enchaîne Jean-Pierre Muongo, le directeur de campagne de Delly Sesanga. “Notre objectif est de dégager les grandes lignes d’un programme commun qui doit nous permettre de bâtir ce front de l’opposition en 48 heures. C’est court mais la majorité des négociateurs ne sont pas des novices. On peut y arriver si tout le monde joue le jeu.”

    La détermination est présente dans les QG contactés mais tous savent que la tâche sera difficile. “Avant de parler d’un candidat commun, il faut que la Ceni vide les questions autour du fichier électoral”, reprend-on dans le camp Fayulu. Le candidat “unique” de l’opposition de 2018 est loin de faire l’unanimité à Pretoria. Son inscription à la présidentielle en dernière minute, après avoir demandé aux membres de son parti de ne pas participer aux législatives, interrogent plusieurs participants à cette réunion. “C’est un comportement pour le moins étrange”, assure un proche de Matata, qui pointe “la faiblesse de ce candidat qui n’aura donc pas d’élu à l’Assemblée nationale.” “Denis Mukwege est aussi parti seul”, enchaîne un autre lieutenant.

    Hervé Diakiese, le porte-parole d’Ensemble pour la République, le parti pour de Moïse Katumbi a insisté début de semaine dernière sur la volonté de son candidat de se mettre au service du pays. “Ce qui ne veut pas dire que Katumbi va accepter de s’effacer au profit d’un autre candidat”, explique un proche de Fayulu.

    RDC : « Denis Mukwege sera le facteur X de l’élection de 2023 »

    « Un candidat commun, c’est possible”, explique un membre de l’équipe de Sesanga, “sera-t-il commun aux cinq qui se retrouvent à Pretoria ? C’est loin d’être gagné”. Le scénario de Genève, où un candidat est porté par l’ensemble des acteurs présents avant que deux candidats (Tshisekedi et Kamerhe) renient leur engagement le lendemain, est dans toutes les têtes. “Cet embrouillamini n’a pas empêché Fayulu de remporter le scrutin et Tshisekedi de devenir iniquement Président de la République. Le clan Kabila n’a pu se maintenir au pouvoir. Tshisekedi doit être conscient qu’il abat sa dernière carte et que la mobilisation et le contrôle de l’appareil de l’État ne sont plus suffisants face à la détermination du peuple et aux moyens technologiques qui peuvent être mis en place pour contrôler le fichier.”

    « 2018 n’est pas 2023”

    « La déception face au régime en place nous pousse à trouver une voie d’entente”, explique un proche de Sesanga. “Ceux qui ne joueront pas le jeu seront montrés du doigt par la population”.

    Pourtant, malgré ces déclarations ; le doute est clairement de mise. “2023 n’est pas 2018, explique le professeur Bob Kabamba, politologue à l’Université de Liège. “Il y a cinq ans les poids lourds qu’étaient Bemba et Katumbi étaient sur la touche. Ils étaient les moteurs externes de la conciliation. Cette année, il n’y a plus de profil similaire. Les cinq candidats qui se retrouvent à Pretoria ont engagé des frais pour cette candidature et n’ont pas nécessairement envie de céder leur place. L’autre grande question porte sur les élections elles-mêmes. Le doute reste de mise sur la tenue du scrutin malgré les propos rassurants du président de la Ceni. Certains candidats savent qu’ils ne feront pas le poids, mais ils veulent exister et monnayer leur ralliement si les élections sont retardées et que tout le monde doit se retrouver à la table des négociations.”

    RDC : Perquisitions en série, Katumbi et Kalonda dans le viseur d’un régime de plus en plus dictatorial

    L’interrogation Denis Mukwege 

    La figure de Denis Mukwege, Prix Nobel de la paix 2018 est au cœur des biens des interrogations. “L’homme a un ego surdimensionné”, explique un homme d’affaires congolais qui le connaît “depuis de longues années. Son prix Nobel n’a rien arrangé. Il ne se retirera jamais au profit d’un autre candidat”. “Il est entré dans la course pour être président, les calculs politiques, ce n’est pas pour lui”, ajoute un autre businessman de l’est du pays, qui poursuit : “Ses amis occidentaux le portent aux nues, mais au pays, il manque cruellement d’assise, de popularité”.

    Katumbi et la mauvaise expérience de 2018

    Moïse Katumbi est aussi parmi les candidats qui ont déjà injecté beaucoup d’argent dans la campagne. “Mais il pourrait faire un pas de côté s’il est convaincu, explique un diplomate occidental. “Mais il faudra le convaincre. Il ne faut pas oublier qu’entre 2016 et 2018, c’est lui qui a porté financièrement l’opposition congolaise. Quand Tshisekedi est arrivé au pouvoir, il a vite oublié ce passé. Katumbi a investi beaucoup d’argent et voit aujourd’hui le clan Tshisekedi lui tailler des croupières jusque chez lui, à Lubumbashi. Dans ce contexte, on voit mal le candidat n°3 se retirer”, poursuit le diplomate.

    RDC : Salomon Kalonda, le prisonier encombrant

    Félix Tshisekedi sait que Moïse Katumbi est son adversaire le plus dangereux. Il coche toutes les cases pour être l’outsider n°1 depuis que la Cour constitutionnelle a validé sa candidature : il est très populaire à l’intérieur et l’extérieur du pays, il a un vrai parti, les moyens financiers et il a affiché sa détermination. “Il est fort possible de sortir de Pretoria sans accord à 5 mais avec, malgré tout, un candidat qui sortirait renforcé et qui pourrait agréger d’autres candidats qui ne sont pas à Pretoria. Katumbi est le plus à même de réussir ce pari”, conclut le diplomate. »

    Bref, les cinq cadors de l’opposition sont entrés en négociation en Afrique du Sud, mais sans grand résultat : à un mois des élections, Tshisekedi semble le plus probable en l’absence d’une candidature unique de l’opposition. Pourtant, le faible bilan du Président Tshisekedi ne plaide pas en faveur de sa réélection mais qu’est-ce que l’opinion démocratique au Congo : mwana soko mobali ? (Belgcath)

  • Nigeria : de plus en plus de religieux sont kidnappés

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    Lu sur le Tagespost :

    Nigeria : de plus en plus de religieux sont kidnappés

    Dans ce pays africain, 23 prêtres, religieuses et séminaristes ont été kidnappés en 2023, soit plus que dans tout autre pays.
    Le séminariste Na'aman Danlami
    Le séminariste Na'aman Danlami a été tué lors d'une attaque contre le presbytère du village de Fadan Kamantan, dans l'État de Kaduna.

    Selon les informations dont dispose l'organisation humanitaire, il ne se passe pas un mois sans au moins un enlèvement depuis avril. L'un des incidents les plus récents s'est produit le 3 novembre lorsque le pasteur Andrew Anana a été enlevé à Godogodo, dans l'État de Kaduna. Il a pu s'enfuir au bout de quelques heures. Le prêtre avait déjà été kidnappé une fois en 2021. Quelques jours plus tôt, des hommes armés avaient enlevé trois religieuses, un séminariste et leur chauffeur. Ils ont été libérés au bout d'une semaine.

    Bien que la plupart des personnes enlevées ne soient entre les mains de leurs ravisseurs que pendant une courte période, il existe des exceptions tragiques. L'un des cas les plus dramatiques s'est produit le 17 octobre, lorsque Godwin Eze, un novice bénédictin , et deux candidats monastiques ont été enlevés à Eruku, dans l'État de Kwara, à l'ouest du Nigeria. Alors que les deux postulants étaient libérés, le frère Godwin a été abattu et son corps jeté dans une rivière, selon le monastère.

    Un séminariste meurt dans un incendie criminel

    Le 7 septembre, il y a eu deux agressions contre des aspirants prêtres, dont une mortelle. A cette époque, le séminariste Ezekiel Nuhu avait été enlevé dans l’État de Kaduna. Il a été libéré au bout de deux mois. Le même jour, le séminariste Na'aman Danlami a été tué lors d'une attaque contre le presbytère du village de Fadan Kamantan, dans l'État de Kaduna. Deux prêtres ont réussi à s'enfuir pour se mettre en sécurité, mais Danlami est mort brûlé vif dans le bâtiment qui a été incendié.

    « Church in Need » documente les cas de membres du clergé catholique assassinés, kidnappés ou emprisonnés à tort dans le monde entier depuis 2022. Les chiffres seront publiés à la fin de l'année. L'année dernière, il y a eu 118 incidents individuels, dont 16 prêtres et religieuses tués à cause des persécutions.

  • La situation en RDC reste une des zones les plus conflictuelles du monde et compte des millions de victimes passées sous silence

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    Une tribune de Fatou Elise Ba publiée sur le site de l'IRIS :

    La République démocratique du Congo : un cas significatif de « crise oubliée »

    22 novembre 2023

    Avec la récente intensification de la violence dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC), un nombre record de déplacés forcés a été recensé par lOrganisation internationale pour la migration (OIM), soit 6,9 millions de personnes en situation de déplacement principalement interne mais également en direction des pays voisins (Ouganda, Rwanda, Tanzanie). Loin d’être un sujet très médiatisé, dans un contexte de guerre en Ukraine et de conflit israélo-palestinien, la situation complexe en RDC reste malgré tout une des zones les plus conflictuelles du monde et compte des millions de victimes passées sous silence ces trois dernières décennies.

    Un cycle interminable de violences banalisées

    Selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR), la RDC est l’un des pays du monde où l’on compte le plus de déplacés forcés. L’escalade de la violence et la répétition des situations conflictuelles causent de grandes souffrances aux civils et un contexte d’instabilité constante. En effet, de nombreux groupes armés non étatiques sont très actifs dans l’est de la RDC, notamment au Nord Kivu et en Ituri. La zone a été récemment témoin d’une nouvelle accélération des exactions envers les populations civiles. Sur le seul mois de septembre, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a relevé une détérioration de la situation et fait état de plus de 8200 violations des droits de l’Homme. Ce contexte est directement lié aux affrontements impliquant le Mouvement du 23 mars (M23) et les Forces armées de la République démocratique du Congo (FRADC), à tel point que les opérations humanitaires à destination des civils sont en péril. La fin du mois d’octobre 2023 a été marquée par une prise de contrôle par le M23, des villes et villages stratégiques du Nord Kivu proches de Goma. À noter que le M23 existe déjà depuis plus d’une décennie et reste l’un des acteurs principaux de déstabilisation dans les régions de l’est. Il est notamment accusé de nombreux massacres. Ce groupe armé base son existence sur des fondements communautaires « protutsis ». Il a accéléré son avancée depuis l’année dernière, participant à la dégradation de la situation sécuritaire.

    En novembre 2022, Human Right Watch avait alerté sur la résurgence du M23 et le recrutement forcé en masse des civils. Soutenu par le Rwanda, le M23 participe à de nombreuses exactions à caractère « ethnique ». L’armée congolaise se serait manifestement, elle aussi, adonnée a bon nombre d’abus et collaborations contestées avec des groupes armés locaux, et ceci malgré la déclaration du président Felix Tshisekedi en mai 2022. La fibre dite « ethnique » est massivement revendiquée par les groupes armés tels que le M23 et représente un des objets phares d’instrumentalisation du conflit. Un type de revendication hélas loin d’être nouvelle dans la région des grands lacs.

    La violence envers les civils s’est installée depuis la première guerre du Congo (1996) avec le recours régulier aux massacres, pillages, exactions et tortures multiples. Depuis le début des conflits, l’utilisation du viol envers les femmes et les filles comme « arme de destruction massive » est une pratique banalisée par les groupes armés dans l’est de la RDC selon le docteur Denis Mukwege, prix Nobel de la Paix 2018 et candidat aux prochaines élections présidentielles. Les ONG sur place, ainsi que quelques médias, ont collecté de nombreux témoignages de survivantes à la limite de l’entendement, qui mettent en évidence un climat de terreur et dont les femmes et les filles sont les plus menacées. Or, il est difficile de traduire les auteurs de ces actes devant la justice dans un contexte d’instabilité récurrente. La pratique des violences sexuelles, rapts, exécutions sommaires et mutilations génitales féminines représentent un mode d’action privilégié pour déstabiliser la zone ce qui augmente largement les stigmatisations envers les femmes. Des violences basées sur le genre tellement systématiques qu’elles sont tout de même massivement perpétuées même hors des situations de conflits. Ces agissements se sont accrus depuis l’année dernière et constituent des crimes de guerre selon Amnesty International. En 2022, 38 000 cas de violences basées sur le genre ont été signalés au Nord-Kivu, et une augmentation de 37% a été notifiée par l’ONU depuis le premier trimestre 2023. De nombreux cas d’agressions sexuelles ont aussi été décomptés dans les camps de déplacés autour de Goma. De plus, les femmes et les filles font face à une grande précarité et plusieurs se sont résignées au travail du sexe pour survivre. Les enfants représentent aussi un public particulièrement vulnérable en temps de conflit. La RDC vient notamment d’enregistrer un nouveau record d’enfants tués, mutilés, enlevés et violés en 2023 selon l’ONU, et ceci pour la troisième année consécutive. Ce contexte est particulièrement favorable pour le développement des trafics humains en tout genre. Les enfants sont facilement enrôlés du fait de la proximité géographique des groupes armés avec les communautés, et certains, en très bas âge, sont utilisés comme explosifs humains.

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  • Inde : les persécutions religieuses redoublent d’intensité avec la politique du premier ministre actuel Narendra Modi

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    De Louis d'Auteroche sur le site de l'Homme Nouveau :

    L’INDE COMPLICE SILENCIEUSE DES PERSÉCUTIONS RELIGIEUSES

    14 novembre 2023

    Des centaines d’églises détruites, des milliers de chrétiens tués et un silence assourdissant. La situation des persécutions en Inde peut nous rappeler celles qu’ont vécu les premiers chrétiens sous l’Empire romain.

    Représentant 2,3 % de la population indienne soit 29 millions de personnes, les chrétiens sont répartis essentiellement dans le sud-ouest et le nord-est du territoire. L’église syro-malabar s’est implantée en Inde avec l’évangélisation de saint Thomas. Ainsi les chrétiens se trouvent sur le sol indien depuis 2000 ans. Depuis maintenant quelques années, des persécutions apparaissent et redoublent d’intensité avec la politique du premier ministre actuel Narendra Modi.

    Narendra Modi est Premier ministre depuis 2014. Il désire faire de l’Inde ce que l’on appelle une « démocratie éthnique », c’est-à-dire une société moderne mais non occidentalisée. Ainsi, au sein de son pays, c’est l’hindouisme qui prime et qui doit s’imposer comme seule culture légitime. Le premier ministre y est très attaché et le fait comprendre en répondant par la persécution et l’expulsion aussi bien des chrétiens que des musulmans.

    Celles-ci ont débuté par des mouvements hindouistes qui ont commencé à détruire des lieux de cultes et à tuer des fidèles. L’association Forum Chrétiens Uni (UCF) relève entre janvier et juin 2023 plus de 400 attaques contre les chrétiens en Inde.

    Néanmoins, face à ces chiffres, l’État indien n’intervient pas. Habituellement à chaque grande catastrophe, le Premier ministre se rend sur place, adresse son soutien ou encore intervient pour aider les rescapés. Dans le cas de ces persécutions, c’est le silence total qui a régné. On est donc en mesure de supposer que l’État soutient ces persécutions et plus encore les commandite.

    Depuis, certains états indiens font passer des lois dans le but de limiter l’expansion chrétienne en Inde, comme par exemple les lois « anti-conversion » : lorsqu’un citoyen décide de changer de religion, il doit en informer les autorités administratives au moins un mois avant. Une manifestation hindouiste a été organisée pour protester contre ces conversions et Swami Parmatmanand, un religieux, a déclaré : « Vous les arrêtez, vous leur expliquez que vous n’approuvez pas leur décision et, s’ils persistent, vous les abattez ! » [1]

    Des réactions se font entendre d’abord au sein du pays. De nombreux évêques ont dénoncé « le silence prolongé et l’apathie des forces de l’ordre », condamnant « toutes les formes de violence, d’atrocités et d’attaques ». [2]

    Amnesty International dénonce le fait que l’Inde va à l’encontre des droits universels de l’homme. Dans son rapport sur les droits en Inde, il est écrit :

    « Des lois et des mesures adoptées sans consultation publique ni législative satisfaisante ont fragilisé les droits des défenseurs des droits humains et des minorités religieuses. Le gouvernement a exercé une répression brutale et ciblée contre certaines minorités religieuses, et il était courant que des figures politiques et des représentants des autorités prônent explicitement la haine à l’encontre de ces minorités sans être inquiétés ».

    L’Inde ne se cache donc plus de ces persécutions qui se durcissent de mois en mois. Le projet du Premier ministre est d’accomplir l’hindutva (hindouité), il s’agit d’un projet politique qui considère que tous les Indiens doivent nécessairement être hindous. Ainsi ceux qui ne le sont pas (musulmans, chrétiens…) ne peuvent être des citoyens à part entière.

    Mgr Mascarenhas explique cela en disant :

    « Les chrétiens sont des étrangers, ennemis de la nation. Certains groupes fondamentalistes hindouistes ont déclaré que d’ici à 2025, l’Inde serait une nation hindoue, que les musulmans devaient partir au Pakistan et que les chrétiens devaient partir pour le Vatican ou pour des pays chrétiens… » [3]


    1. https://www.lavie.fr/actualite/geopolitique/en-inde-les-musulmans-et-chretiens-sous-le-rouleau-compresseur-du-nationalisme-hindou-80137.php
    2. https://www.vaticannews.va/fr/eglise/news/2023-07/eglise-eveques-inde-manipur-violences.html
    3. https://www.google.com/amp/s/www.la-croix.com/amp/1201012744
  • Le Caucase bientôt en proie à une guerre régionale ?

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    De Ludovic Lavaucelle sur "La Sélection du Jour" :

    UNE GUERRE D'AMPLEUR RÉGIONALE MENACE LE CAUCASE

    20/11/2023

    On n'a pas vu de grandes manifestations dans les capitales occidentales… Dans un silence à peine troublé par quelques « protestations » officielles, le dictateur azerbaïdjanais Ilham Aliyev a pris le contrôle du Haut-Karabakh en septembre dernier. Le nettoyage ethnique a suivi un blocus de 9 mois qui avait privé 120 000 habitants de nourriture, de carburants et de médicaments… On ne peut donc pas dire que l'offensive des Azerbaïdjanais, soutenus activement par leurs alliés turcs, fut une surprise. Washington regardait ailleurs : les milliards ont afflué en Ukraine et aucune miette n'est restée pour la petite Arménie. La crise brulante dans la bande de Gaza est devenue la nouvelle priorité. Un génocide effroyable a pourtant eu lieu en 1915 causant la mort d'1,5 million d'Arméniens et l'exil de nombreux survivants. Le « devoir de mémoire » semble sélectif chez les Occidentaux de 2023 s'indigne James W. Carden pour The American Conservative (voir notre sélection). Ancien conseiller du Département d'Etat sous l'administration Obama, il dénonce l'aveuglement des dirigeants politiques de son pays alors que les candidats se préparent à l'élection présidentielle de 2024 et semblent indifférents - pour la plupart d'entre eux - à la situation dans le Caucase.

    Les deux complices islamistes, Erdogan et Aliyev, n'ont pas caché leurs intentions : la province arménienne du Syunik est dans leur ligne de mire. La prise par la force de cette région méridionale leur permettrait de libérer un couloir reliant l'Azerbaïdjan à son enclave occidentale du Nakhitchevan. Or cette dernière borde la Turquie… Aliyev a été on ne peut plus clair dès décembre 2022 : « Ce qu'on appelle aujourd'hui l'Arménie est notre terre »… Après le Haut-Karabakh, le Syunik doit suivre, et on aurait tort de croire que Bakou s'arrêtera là ! Appuyé sur son parrain turc, bénéficiant d'armes sophistiquées en provenance d'Israël, l'Azerbaïdjan a augmenté son budget militaire pour atteindre les 3,1 milliards de dollars. L'argent ne manque pas : Bakou est devenu un exportateur stratégique de pétrole alors que l'OTAN a les yeux rivés sur la Russie. Les provocations s'enchaînent à la frontière arménienne sans réaction de la communauté internationale, et les exactions contre les civils et les prisonniers s'accumulent. Aliyev ne craint pas la Cour pénale internationale. Son ancien procureur général, Luis Moreno-Ocampo a dénoncé les atrocités commises qu'il a même qualifiées de génocidaires. Mais il a pris soin de rappeler que Bakou était un allié capital pour l'Occident face à l'Iran : un fournisseur majeur pour l'Europe et un client profitable pour Israël. Au-delà des grands principes énoncés, la petite Arménie est devenue un pion qui ne vaut pas cher sur l'échiquier international…

    Les Arméniens sont d'autant plus démunis que leur premier ministre depuis 5 ans, Nikol Pashinyan, a réussi l'exploit de s'aliéner la seule grande puissance pouvant les protéger : la Russie. Soutenu par le camp occidental et ses ONG droit-de-l'hommistes, au premier rang desquelles figure l'Open Society de George Soros, il a insulté Moscou en refusant les invitations de commémoration de la « grande guerre patriotique » en mai dernier, tout en se montrant incapable de défendre son territoire. Les atteintes à la liberté de la presse sont devenues courantes en Arménie sous le régime de l'homme poussé par les libéraux… Il semble être aujourd'hui un obstacle majeur à l'intervention de la Russie pour calmer les ardeurs de Bakou.

    C'est l'Arménie en tant que nation qui risque d'être écrasée par ses voisins turcophones mais le danger dépasse ce vieux pays, insiste James W. Carden. Les conditions sont réunies pour une déflagration régionale. Si Erevan ne peut pas compter aujourd'hui sur l'Occident, l'Iran considère la souveraineté arménienne comme essentielle pour ses propres intérêts. Si Bakou envahit le Syunik et ouvre un couloir d'accès terrestre avec la Turquie, la situation pourrait obliger Téhéran à intervenir. On serait du point de vue iranien dans le cadre d'une menace existentielle (à l'image d'une adhésion ukrainienne à l'OTAN pour les Russes). Le régime iranien a – pour l'instant – empêché le Hezbollah de venir en aide au Hamas sur la frontière nord israélienne. La bande de Gaza n'est pas essentielle – la présence d'une armée otanienne à sa frontière nord serait par contre inacceptable. La capacité de nuisance de Téhéran est conséquente : de la Palestine au Liban, en passant par le détroit d'Ormuz et l'Irak, jusqu'à l'Afghanistan. Quant à la Russie, elle ne peut pas laisser le Caucase sous le contrôle turc pour les mêmes raisons – sans compter les enjeux historiques. Elle a besoin de marquer des points cet hiver en Ukraine pour s'investir dans le Caucase – cimentant son alliance avec l'Iran.

    Lire : The coming war in Caucasus

  • Les "crimes de haine anti-chrétiens" en Europe ont augmenté de 44% l'année dernière

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    De Daniel Payne sur Catholic News Agency :

    Les "crimes de haine anti-chrétiens" en Europe ont augmenté de 44% l'année dernière, selon un groupe de surveillance

    17 novembre 2023 Catholic News Agency The Dispatch 7Print

     17 nov. 2023.

    L'Europe a connu une augmentation de 44 % des crimes de haine antichrétiens dans plus de deux douzaines de pays européens au cours de l'année écoulée, selon un groupe qui surveille la discrimination à l'égard des chrétiens.

    L'Observatoire de l'intolérance et de la discrimination envers les chrétiens en Europe (OIDAC Europe), basé à Vienne, a publié jeudi son rapport annuel détaillant le pic des incidents antichrétiens, qui, selon lui, est "lié à une augmentation de la motivation extrémiste et à une plus grande acceptation du ciblage des églises".

    L'OIDAC Europe indique sur son site web qu'elle recherche, analyse, documente et rapporte "les cas d'intolérance et de discrimination à l'encontre des chrétiens en Europe".

    Les enquêtes de l'association sur "l'intolérance et la discrimination" à l'égard des chrétiens font état "d'attaques physiques et de menaces contre des chrétiens individuels ou des communautés chrétiennes, de profanation et de vandalisme de sites chrétiens" et de "violations de la liberté de religion, d'expression, d'association et de conscience", parmi d'autres incidents.

    Dans son rapport publié jeudi, l'OIDAC Europe indique que les "incendies criminels d'églises" ont augmenté de 75 % entre 2021 et 2022. Le rapport révèle également une "discrimination légale à l'encontre des chrétiens qui expriment une vision traditionnelle du monde chrétien".

    Les cinq premiers pays pour les crimes de haine anti-chrétiens, selon le rapport, sont l'Allemagne, l'Italie, la France, l'Espagne et la Pologne. Le Royaume-Uni et l'Autriche sont également en tête de liste.

    Dans l'ensemble, "en 2022, l'OIDAC Europe a recensé 748 crimes de haine antichrétienne dans 30 pays différents, allant des incendies criminels, des graffitis, des profanations et des vols aux agressions physiques, aux insultes et aux menaces", précise le communiqué.

    Le groupe a noté que ces chiffres correspondent étroitement à ceux rapportés par l'Organisation intergouvernementale pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). L'OSCE a recensé 792 crimes de haine antichrétiens dans 34 pays européens, ce qui fait des chrétiens le groupe religieux le plus visé après les juifs.

    Le rapport examine également des cas de chrétiens qui auraient "perdu leur emploi, auraient été suspendus ou auraient fait l'objet de poursuites pénales pour avoir exprimé des opinions religieuses non violentes en public", ainsi que des "violations du droit des parents d'éduquer leurs enfants conformément à leurs convictions religieuses".

    Le communiqué indique notamment que la plupart des crimes de haine commis l'année dernière "ont été perpétrés par des membres radicalisés de groupes idéologiques, politiques ou religieux qui suivent un discours anti-chrétien".

    Regina Polak, professeur et directrice du département de théologie pratique à la faculté de théologie catholique de l'université de Vienne, qui travaille également avec l'OSCE, a déclaré dans le communiqué de presse de jeudi que le "nombre croissant de crimes de haine anti-chrétiens en Europe" détaillé par le rapport est "profondément inquiétant".

    "Il est absolument nécessaire de sensibiliser les gouvernements et la société à ce problème", a déclaré M. Polak dans le communiqué, "et d'entreprendre des mesures politiques pour s'y attaquer et le combattre résolument".

    Le rapport complet est disponible ici.

     

  • L'Opus Dei entame les préparatifs pour célébrer son centenaire

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    Lu dans le site web sismografo :

    OCARIZ cq5dam.thumbnail.cropped.750.422.jpeg« Les semaines de travail avec lesquelles l'Opus Dei va préparer le Congrès général ordinaire de 2025 se dérouleront dans le monde entier tout au long de l'année prochaine. 

    C'est ce qu'a annoncé mercredi le prélat de l'Opus Dei, Fernando Ocáriz, dans un message adressé à ses fidèles. La devise choisie par l'institution pour préparer cet événement est Chemin vers le centenaire de l'Œuvre. Approfondir le charisme et renouveler notre désir de servir Dieu, l'Église et la société .

    Les Semaines de Travail sont un outil prévu dans les statuts de l'Opus Dei afin que, dans chaque région, puissent être étudiés les thèmes les plus pertinents pour la formation et la mission apostolique de ses membres. Depuis la première convoquée par saint Josémaria en 1943, elles ont lieu tous les dix ans et constituent le forum qui permet de recueillir les réflexions et les opinions des membres de l'Œuvre à travers le monde.

    Le congrès qui se tiendra dans deux ans vise ainsi à célébrer le centenaire de l'Opus Dei, qui s'étendra du 2 octobre 2028 – un siècle après le moment fondateur qui a donné naissance à l'institution – jusqu'au 14 février 2030. Cela fera 100 ans depuis le début de son travail avec les femmes.

    "Nous commençons ainsi la préparation la plus concrète du centenaire, à laquelle je souhaite que vous participiez tous", déclare Fernando Ocáriz dans son message. "Ce sera l'occasion d'approfondir le don de l'Esprit reçu par saint Josémaria, la beauté de la mission de service de l'Église et de la société et le désir d'accompagner de nombreuses personnes sur le chemin du ciel", ajoute le prélat. Ce sera également l'occasion "de réfléchir sur la manière de répondre aux défis du temps présent dans l'esprit de l'Opus Dei et sur la manière de préparer le centenaire dans chaque lieu", précise Ocáriz.

    Pour la célébration des semaines de travail, une grande partie des contributions que les fidèles ont apportées au Congrès général extraordinaire que la Prélature a tenu au premier semestre 2023 seront utilisées pour répondre à la demande du Pape d'adapter ses statuts aux indications du motu. proprio Ad charisma tuendum . Ce sont des suggestions qui n'étaient pas directement applicables à la demande du Saint-Siège concernant les statuts.

    Les propositions liées à ce sujet se reflètent dans un texte qui "sera remis au Saint-Siège dans les prochains mois", a alors déclaré Ocariz . Le résultat final, qui n'a pas encore été rendu public, "ne pourra être connu qu'après étude du Saint-Siège, à qui revient le dernier mot", a expliqué le prélat. »

    ***

    Le charisme essentiel du fondateur de l’Opus Dei, saint Josemaría Escrivá de Balaguer, portait sur la revalorisation du rôle novateur donné aux laïcs (près de cent mille) dans l’Oeuvre spirituelle que celui-ci a voulu fonder. L’étrangeté de la réforme voulue par le pape actuel porte, en revanche, sur son désir de recadrer l’Oeuvre dans des structures cléricales.

    La question reste encore de savoir aussi en quels termes exacts, et dans quel laps de temps, le Prélat obéissant de l’Opus Dei formulera sa réponse au Souverain Pontife Romain. (ndBelgicatho JPSC).

  • La leçon arménienne

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    Le-mont-Ararat-vu-de-lArmenie-©Wikimedia-620x330.jpeg

    De quoi l’abandon de l’Arménie par l’Europe est-il le nom ? Que dit-il de nous ? Il pourrait bien nous révéler la mort de nos nations, dissimulée derrière la survivance des « États ».

    Lu (JPS) dans le mensuel « La Nef » (novembre 2023 *) :

    « Je reviens d’Arménie. Cette petite république lovée dans un cirque montagneux à 1750 mètres d’altitude moyenne mais privée d’accès à la mer, entourée de quatre pays limitrophes dont trois surarmés et pratiquant une démographie conquérante sinon hostile, libérée du joug soviétique mais toujours fidèle à l’amitié et l’influence russes, abrite une nation.

    Et assurément, l’Arménie est une nation. Les Arméniens parlent et écrivent une langue multimillénaire, avec un alphabet inventé il y a 1600 ans. Ils prient ensemble le Dieu unique et trinitaire depuis 1700 ans quand le roi Tiridate se convertit au christianisme. Ils professent la fierté de leur noble histoire leur ayant permis de hérisser leurs montagnes de forteresses, d’églises, de monastères et de khatchkars médiévaux, et de résister aux périls sismiques comme aux empires byzantin, sassanide puis seldjoukide qui cherchaient à les dominer et à leur imposer une autre religion. Ils communient avec ferveur dans le cadre d’une civilisation vigoureuse, constituée par un État de droit unique dans la région, par l’amour de la grande musique qui nourrit des compositeurs, un opéra et des conservatoires de qualité internationale, leur cuisine aux saveurs subtiles, et par le partage de mœurs et de valeurs issues d’une tradition ouverte. Ils ambitionnent de construire une société moderne, assurant la prospérité collective et le bien commun, tout en faisant reconnaître leurs droits historiques sur les territoires qui leur ont été arrachés et le génocide dont le peuple a été victime il y a plus de cent ans.

    On retrouve bien là les cinq éléments majeurs de l’identité et de la culture des hommes qui forment une nation : la langue, la religion, l’appropriation de l’histoire passée, le désir de communion collective, et l’adoption d’un même projet d’avenir. Cela n’obère pas la diversité, dans l’harmonie cependant, car pour faire nation, il faut a minima réunir quatre de ces cinq ingrédients, or les Arméniens partagent les cinq.

    Un État-nation ?

    Mais les Arméniens forment-ils pour autant un État ? Ou du moins, est-il réellement viable, ce petit État de 30 000 km2 qu’ils ont pu édifier en 1991, dénué de tout accès à la mer, amputé de son emblème millénaire du mont Ararat, rabougri de ses provinces historiques de l’ouest et du sud qui ont subi l’épuration ethnique post-génocidaire, privé de ses provinces orientales peuplées d’Arméniens mais occupées par le voisin azéri ? L’Arménie est un pays pauvre, dont le PIB le situe au 136e rang mondial (111e si on retient le PIB par habitant), bien loin de ce qu’on pourrait imaginer pour un peuple cultivé, courageux et travailleur, ayant généré une diaspora dynamique et solidaire.

    Et en effet, il n’est plus possible à la fin du XXe siècle de créer un État, fût-ce pour y abriter une nation, sans le soutien actif de puissances mondiales et régionales. Car si elles sont sensibles à la géographie et l’autodétermination des peuples, elles le sont davantage encore à la démographie et aux rapports de force générés par les lobbys comme par certains fanatismes qui ne dédaignent pas de recourir, parfois, à la violence.

    Il en allait autrement au XIXe siècle où, à l’exemple de la France et de l’Angleterre, l’Europe avait popularisé le concept d’État-nation, afin d’optimiser les facteurs de paix intérieure et donc d’assurer le bonheur des peuples. Une nation regrouperait donc sur un territoire harmonieux des hommes partageant au moins quatre des cinq composants mentionnés plus haut et hérités du principe ancien « Cujus regio, ejus religio » qui avait mis fin aux guerres de Religion. On peut qualifier cette initiative des puissances européennes, qui dominaient alors le monde, de sagesse pragmatique en matière de relations internationales : elle avait permis de constituer de nouveaux ensembles stables, dont la cohésion fut longtemps fondée sur la culture et donc les valeurs communes de ces États-nation : Belgique, Grèce, Italie, Allemagne, Petit Liban. Mais à côté de ces succès pérennes, parfois facilités par la dislocation des empires, l’agonie de ces derniers s’accompagna aussi de grandes tragédies, comme les massacres collectifs perpétrés par les Ottomans à l’endroit de certaines de leurs populations chrétiennes.

    La fin de l’État-nation

    Si donc on s’en tient, comme définition pratique d’un État-nation, à la conjugaison d’une nation cohésive et d’un État prospère, la plupart des constructions du XIXe et du XXe siècles sont en régression, voire en train de s’effondrer.

    En effet, les pays européens, sous l’influence de la pensée dominante en provenance d’outre-Atlantique, se sont lancés dans la mondialisation tout en pratiquant la déconstruction de leur corpus civilisationnel, alors même que, déjà sécularisés, ils étaient moins enclins à promouvoir leur propre modèle. Cette double peine grippe et même bloque le processus d’assimilation à la nation des populations nouvelles, faute de leur appropriation d’au moins quatre des cinq composants : défaut de maîtrise de la langue, bellicisme religieux, détestation de l’histoire ancienne commune, effondrement du patriotisme au quotidien, et dérision devant les projets fédérateurs. Finalement, même si l’État reste fort, la nation devient faible car divisée. Et même si cet écartèlement ne conduit pas nécessairement à la guerre civile, du moins à court terme, on trouve désormais au sein d’enclaves extraterritoriales, et même dans certains quartiers bourgeois, des hommes qui détestent le pays où ils vivent et dont parfois ils possèdent le passeport. Et qui se victimisent et revendiquent.

    Les exemples de revendications ayant divisé et affaibli ces pays ne manquent pas : les Palestiniens du Liban affirmant que la route de Jérusalem passait par Jounieh ; les grands partis « islamo-progressistes » qui, en 1958 puis en 1975, refusèrent, voire combattirent la souveraineté libanaise au profit d’une solidarité arabe ; les mouvements « Woke » et « Black lives matter » qui pratiquent l’anachronisme, déboulonnent les statues, censurent les films et réécrivent les livres aux États-Unis d’Amérique ; les viols de Noël 2015 commis contre des femmes allemandes après l’arrivée de deux millions d’immigrés moyen-orientaux et africains ; les violentes émeutes à répétition en France, en 1993, 2005 puis 2023 ; les attaques au couteau dans plusieurs pays européens.

    Qu’en conclure simplement, pour être audible ? On retrouve désormais sur un même territoire, un peuple qui n’est plus une nation, divisé entre des habitants anciens qui n’admirent plus leur civilisation et des habitants nouveaux qui la rejettent. Ces lézardes fissurent les pays démocratiques, jamais les dictatures.

    Aussi, lorsque les grands États-nation brandissent la nécessité de valeurs partagées sans en mentionner l’origine, louent la tolérance, bégaient sur le vivre en commun et promeuvent le métissage et le multiculturalisme, sans rappeler les fondamentaux qui les ont enfantés, ils reconnaissent implicitement que s’il reste un État, il n’y a plus de nation. Et certainement pas de « civilisation judéo-chrétienne », le mot qui fâche.

    Alors comment qualifier les pays d’Europe ? 

    Les Arméniens que j’ai rencontrés redoutent un nouvel affrontement armé avec leurs deux voisins surarmés, Azerbaïdjan et Turquie, dont la population cumulée dépasse trente fois la leur. Et ces deux voisins peuvent compter, par surcroît, sur la bienveillance d’Israël et des États-Unis – un allié régional et un allié mondial –, et sur la disqualification de facto de l’arbitre russe, durablement affaibli par le conflit ukrainien. Alors, ils m’ont interpellé, en tant que citoyen français : nous comptons sur le support de l’Europe, car ce sont des pays chrétiens comme nous. N’est-ce pas, ajoutent-ils pour se rassurer ?

    Cette assertion, sous sa forme interrogative, m’a été répétée entre les pierres basaltiques du monastère de Tatev, sous la coupole en croix de l’église Sainte-Hripsimé, au fond de la fosse de Saint-Grégoire à Khor Virap, dans la chapelle troglodyte du couvent de Geghardt, face à la majestueuse crinière blanche d’Ararat contemplée depuis les ruines de Zvartnots ou la forteresse d’Amberd, devant les cartes anciennes du plateau arménien exposées au musée Matenadaran, et au son des musiques des compositeurs européens faisant chanter et virevolter les fontaines de la place de la République. Oui, elle m’a été demandée avec insistance devant ces joyaux du patrimoine de l’humanité. Pourquoi ne nous aide-t-on pas ? Nous voulons la paix avec nos voisins, et nous voulons vivre avec tous nos frères arméniens demeurés fidèles dans les villages du plateau. Nous voulons préserver notre civilisation. Elle est tellement proche de la vôtre. Vous êtes chrétiens comme nous : aidez-nous ! Vous le devez puisque vous le pouvez !

    Mais ils sont fous ces Arméniens : nous chrétiens ? La constitution européenne non seulement ne le proclame pas, mais elle ne consent même pas à reconnaître – que dis-je ? nommer – les racines de l’Europe. Par honte, dégoût, peur ? Les Turcs ont beau jeu de fustiger ce qu’ils appellent un « club chrétien », car les membres du club protestent vertueusement : « Non, nous ne sommes pas chrétiens ; peut-être quelques rares nostalgiques nationalistes rances. » Et lorsque la France, attaquée par des hordes d’émeutiers, se rebiffe en parlant de valeurs communes, elle les qualifie de « valeurs républicaines », jamais de « valeurs françaises ». De quoi cet abandon est-il le nom ?

    D’une désagrégation de la nation. Il n’y a plus d’État-nation, cette organisation redoutablement efficace qui avait fondé la prospérité de l’Europe et ses convictions civilisatrices – d’ailleurs, cet adjectif est honni, dans le « gloubi-boulga » des opinions qui se valent toutes et de l’égalitarisme des civilisations. On peut classer les sportifs par leurs victoires, les scientifiques par leurs prix Nobel, les peintres par leur cote chez Sotheby’s, les musiciens par leurs disques d’or, les écrivains par le nombre de lecteurs, les hommes par leur taille, les femmes dans les concours de beauté, les universités par le classement de Shangaï, les entreprises par leur valorisation boursière, les pays par le PIB. Mais pas les civilisations ! On aurait pourtant pu comparer leur apport à l’humanité en matière de systèmes de valeurs, d’aspirations eschatologiques, de découvertes scientifiques, d’innovations technologiques, de patrimoine architectural et artistique. Pourquoi en ce nouveau siècle une telle honte de ce que nous sommes ?

    Question sans réponse. Alors venir en aide à trois millions d’Arméniens qui nous empêchent de bien dormir ? On a déjà milité pour la reconnaissance de leur génocide par les Turcs – dont le nom n’est pas explicitement mentionné. Nous ne sommes d’ailleurs que trente pays à l’avoir reconnu – sur 193 au total, représentés à l’ONU. Même Israël, issu d’un autre génocide, ne le reconnaît pas. On a bien fait notre devoir.

    Alors non, foutez-nous la paix, les Arméniens. Laissez-nous jouir sans entrave, face à notre écran et nos réseaux sociaux, entre un Big Mac bien dodu et une canette de Coca-cola sans sucre. Nous revendiquons le droit à l’abrutissement total et à l’amnésie collective. Khalas ba’a. Vous nous rappelez trop nos racines que nous avons oubliées et notre christianisme que nous avons bradé pour une goutte de pétrole.

    Rideau. »

    (*) Farid Élie Aractingi

    Farid Elie Aractingi, ancien cadre dirigeant dans l’industrie informatique et automobile, est engagé dans des œuvres bénévoles au service de la relation franco-libanaise.

    © LA NEF n°363 Novembre 2023

  • Le Congrès péruvien adopte une loi renforçant le droit constitutionnel à la vie des enfants à naître

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    De Diego Lopez Marina sur CNA :

    Le Congrès péruvien adopte une loi renforçant le droit constitutionnel à la vie des enfants à naître

    13 novembre 2023

    Par 72 voix contre 26 et 6 abstentions, le Congrès péruvien a adopté le 9 novembre un projet de loi qui reconnaît expressément les droits accordés par la Constitution aux enfants à naître.

    Le 12 novembre, le député Alejandro Muñante, l'un des porte-parole du groupe parlementaire pour la vie et la famille au Pérou, a déclaré à ACI Prensa, le partenaire d'information en langue espagnole de CNA, que l'objectif fondamental de la loi était de "consolider le droit à la vie dès la conception, qui est déjà établi dans notre constitution et dans le code civil et le code de l'enfance et de l'adolescence".

    Le législateur a expliqué que pour l'élaboration de cette loi, "il a été jugé nécessaire de pouvoir développer et détailler une liste de droits que notre constitution cherche précisément à protéger dès la conception". Selon l'article 2 de la Grande Charte du pays, au Pérou, "l'enfant conçu est un sujet de droit dans tout ce qui le favorise".

    Quels sont les changements apportés par la nouvelle loi ?

    Le premier article de la "loi qui reconnaît les droits de l'enfant conçu", ou loi 785, récemment adoptée, fait de l'enfant à naître un sujet de droits ayant le statut de personne humaine à part entière. Le deuxième article garantit l'identité génétique distincte de l'enfant conçu, unique et non reproductible, indépendant de la mère et doté d'une personnalité propre.

    L'article 3 de la nouvelle loi reconnaît les droits à la vie, à la santé, à l'intégrité morale, mentale et physique, à l'identité, au libre développement, au bien-être et aux autres droits qui bénéficient à l'être humain à naître.

    Quant au code civil actuel, l'article 1 fait une distinction entre l'enfant conçu et la personne humaine en établissant que "la personne humaine est sujet de droit dès sa naissance" et laisse donc place à l'argument "mais pas dès sa conception".

    Tel qu'amendé, le code civil stipule : "La vie humaine commence avec la conception. La personne humaine est un sujet de droit dès sa conception. L'État péruvien reconnaît et garantit le respect de la dignité de l'enfant conçu, ainsi que son droit à la vie, à l'identité individuelle, à l'intégrité mentale et physique, ainsi qu'à se développer librement dans le ventre de sa mère [c'est-à-dire sans ingérence extérieure]".

    L'article 5 de la loi, qui fait référence aux "droits de la mère enceinte", établit que "l'État garantit l'accès de la mère enceinte à la santé, ainsi que l'information nécessaire aux soins de santé et à la nutrition de l'enfant conçu pendant le processus de gestation".

    L'article 6 final stipule que "dans les situations de risque médical élevé, dans lesquelles la vie de la mère et de l'enfant conçu est en danger, les professionnels de la santé sont tenus d'informer [le patient] du diagnostic, du traitement et de ses effets sur la santé et le développement de la femme enceinte et de l'enfant conçu".

    "Si le traitement met en danger la vie de l'un d'entre eux, poursuit l'article, c'est à la mère ou au conjoint, au partenaire cohabitant ou aux parents jusqu'au deuxième degré de consanguinité et au premier degré d'affinité qu'il appartient de décider des mesures médicales à prendre.

    Pour le député Muñante, cette loi "a permis de réaliser des progrès notables en termes de protection du droit à la vie" et, pour qu'elle entre en vigueur, "il suffit qu'elle soit publiée au Journal officiel péruvien et que le code civil soit modifié en conséquence".

    Diego Lopez Marina est diplômé en sciences de la communication avec une spécialisation en journalisme de l'Université de San Martín de Porres (Pérou). Il a commencé sa carrière professionnelle en 2015, en tant que rédacteur pour le secteur des archives journalistiques du Diario El Comercio. En 2016, il a commencé à travailler comme rédacteur pour ACI Prensa et depuis 2018, il travaille comme rédacteur web.

  • Les dessous de la destitution d’un évêque américain par le pape François

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    Lu sur le site web il sismografo (13 novembre 2023) :

    Publié par Jean-Marie Guénois, dans Le Figaro :

    eveque-americain-revoque.jpg« Opposé à la ligne réformatrice de François, Mgr Strickland avait critiqué les évolutions envisagées par le synode sur l'avenir de l'Église. -- La réunion annuelle des 273 évêques américains à Baltimore (Maryland) s'ouvre ce lundi dans un contexte de crise inattendue: le pape François a «relevé», l'un d’eux, ce samedi 11 novembre. Il s’agit de Mgr Joseph Strickland, 65 ans, évêque de Tyler au Texas, connu pour être la voix épiscopale la plus critique du pontificat aux États-Unis. Un acte très rare. Il l'a remplacé, selon la procédure, par un administrateur apostolique provisoire, Mgr Joe Vasquez, l'évêque d'Austin. Mgr Strickland avait été nommé à ce poste il y a onze ans par Benoît XVI.

    Cette décision romaine est la conséquence d'une visite apostolique qui avait été décidée par Rome en raison de prises de position récurrentes de cet évêque opposé à la ligne réformatrice du pape François. Le prélat publiait habituellement sur les réseaux sociaux, dont son compte X (ex-twitter) aux 160 560 abonnés, ou sur son blog, mais aussi sur ses nombreuses lettres pastorales, toujours disponibles sur le site du diocèse. Il s'exprimait aussi sur une radio catholique très populaire, Virgin Most Powerful Radio, qui vend par exemple des T-shirts «I stand with Strikland», «je suis avec Strickland».

    Depuis longtemps sous la pression de Rome, Mgr Strickland avait dit refuser toute perspective de démission. Il a tenu parole. D'où le passage en force du pape François. La preuve tient dans le libellé du Vatican, samedi, de cette démission imposée. Il tenait en trois lignes, purement administratives, dans le bulletin quotidien de la salle de presse du Saint-Siège en évoquant un «relèvement de charge», ce qui est rarissime. Le terme habituel est celui d'une «acception par le pape de la renonciation» d'un évêque. L'usage veut que, même si ce dernier conteste la décision, et même si elle a été imposée de facto, il doit proposer sa démission au pape qui, alors, «l'accepte» formellement.

    Critique sur le synode

    Le Vatican n'a pas expliqué les raisons de cette mise hors course d'un évêque très classique, non traditionaliste, mais très rigoureux sur l'enseignement de l'Église tel qu'il est aujourd'hui. Des sources proches du dossier indiquent aussi des «problèmes de gestion» dans son diocèse, mais sans précision.

    Mgr Strickland s'est effectivement montré publiquement très critique, comme une majorité de ses confrères américains, sur «le synode de l'avenir de l'Église» dont la première session s'est déroulée au Vatican en octobre dernier, en attendant une seconde assemblée en octobre 2024. Il a critiqué une série de décisions qui pourraient instituer une forme de diaconat féminin, l'ordination à la prêtrise d'hommes mariés, le contrôle par des laïcs du pouvoir épiscopal et la bénédiction de couples homosexuels, même si ce dernier point a été plus contesté que prévu en octobre.

    Dans sa lettre du 22 août 2023 adressée aux catholiques de son diocèse du nord est du Texas, il récuse point par point ces évolutions en s'appuyant sur l'enseignement post-conciliaire de l'Église catholique, avec cette conclusion qui a dû lui coûter cher, puisqu'il a laissé entendre que le pape François serait schismatique: «Il est regrettable que ceux qui ne sont pas d'accord à ces changements [prévus par le synode, NDLR] soient étiquetés “schismatiques”. (…) Mais tenir ferme ne signifie pas que l'on cherche à quitter l'Église. Au contraire, ce sont ceux qui proposeraient des changements sur ce qui ne peut pas être changé selon les commandements du Christ, à son Église, ce sont eux qui sont les vrais schismatiques ». Sans doute l’évêque a-t-il signé son arrêt de mort le 31 octobre dernier, jour où il a cité publiquement une phrase extraite d'une lettre qu'il avait reçue, qualifiant le pape François «d'usurpateur» parce qu'il aurait «poussé le vrai pape dehors pour occuper sur un trône qui n'est pas le sien»…

    Durcissement du pontificat

    Sur son compte X, (ex Twitter ) Mgr Strikland a notamment commenté sa déposition par cette phrase : «Peu importe ce que le jour apporte, réjouissez-vous toujours. Jésus-Christ est la Voie, la Vérité et la Vie, hier, aujourd'hui, et toujours». Si beaucoup apprécient cette mise hors-jeu d'un évêque contestataire – recommandé par les membres de la visite apostolique, une sorte d'audit interne ecclésial - elle confirme un durcissement objectif du pontificat observé depuis la mort du pape émérite Benoit XVI. Son ancien secrétaire personnel, Mgr Georg Gänswein, n'a-t-il pas été renvoyé cet été en Allemagne, sans aucune affectation, après ses propos critiques contre le pontificat?

    Le 21 septembre dernier, le cardinal Gerhard Ludwig Müller, ancien Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi de Benoît XVI, avait pour sa part publiquement conseillé à Mgr Strickland, alors sous le coup de la visite apostolique dans son diocèse, de ne pas accepter la démission qu'on lui demanderait. Elle serait, selon lui, «une révocation arbitraire» qui finirait par porter «atteinte à l'autorité du pape». Car «un évêque ne peut être destitué par le pape, affirmait Müller, que s'il s'est rendu coupable de quelque chose de mauvais, hérésie, schisme, apostasie, crime ou comportement totalement non-sacerdotal».

    Pour ce théologien en effet «Le pape n'a aucune autorité du Christ pour intimider les bons évêques qui vivent à l'image du Christ Bon Pasteur et qui sanctifient, enseignent et conduisent le troupeau de Dieu au nom du Christ, conformément à l'idéal épiscopal de Vatican II».

    Un message aux évêques américains

    Il est certain que le pape ne reviendra pas sur cette décision. Elle est un message clair aux évêques américains considérés comme les plus récalcitrants à son pontificat, et qui commencent donc leur assemblée plénière ce lundi pour trois jours à Baltimore. Pour particulière qu'elle soit – 5340 évêques catholiques sont en fonction dans le monde - , la révocation de Mgr Strickland sera toutefois considérée par beaucoup comme un nouvel acte «autoritariste» de François. D'autant, remarque-t-on dans certains milieux du Vatican, qu'elle n'est fondée sur aucun article du code de droit canonique, donc hors du droit en vigueur.

    Un aspect indéniable de la gouvernance de François, où il est désormais ouvertement critiqué à sa droite comme à gauche. »

  • Saga de l'évêque Strickland : l'évêque évincé spécule sur les raisons pour lesquelles le Vatican l'a révoqué

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    De Jonathan Liedl sur le National Catholic Register :

    Saga de l'évêque Strickland : l'évêque évincé spécule sur les raisons pour lesquelles le Vatican l'a révoqué

    Cette rencontre de 30 minutes avec les médias n'a pas permis de répondre à plusieurs questions clés de la saga, telles que les raisons invoquées par le Vatican - si tant est qu'il y en ait eu - pour justifier sa destitution.

    12 novembre 2023

    Quelques heures seulement après que le pape François a démis Mgr Joseph Strickland de ses fonctions à la tête du diocèse de Tyler, le prélat texan s'est exprimé publiquement pour donner sa version des faits, comblant ainsi certaines lacunes dans la saga captivante qui a placé l'ancien ordinaire du petit diocèse du nord-est du Texas sous les feux de la rampe, mais laissant également d'autres questions cruciales sans réponse. 

    L'évêque Strickland a révélé, dans un entretien exclusif avec LifeSiteNews le 11 novembre, réalisé peu après l'annonce par le Vatican que le pape François l'avait relevé de la "gouvernance pastorale" de Tyler, pourquoi il pense qu'il a été démis de ses fonctions. 

    "Je ne vois vraiment aucune raison, si ce n'est que j'ai menacé certains des pouvoirs en place avec la vérité de l'Évangile", a déclaré Mgr Strickland, un prélat controversé qui s'élève régulièrement contre ce qu'il considère comme des attaques contre les enseignements de l'Église catholique, devant ses nombreux adeptes sur les médias sociaux. 

    Au cours de l'interview, Mgr Strickland a également souligné que le pape François avait le pouvoir de le démettre de ses fonctions diocésaines et a fréquemment encouragé les personnes contrariées ou troublées par cette évolution à prier pour le pape et à ne pas quitter l'Église.  

    Mais cette apparition médiatique de 30 minutes n'a pas répondu à plusieurs inconnues majeures dans la saga de l'évêque Strickland, telles que les raisons invoquées par le Vatican - si tant est qu'il y en ait eu - pour cette mesure dramatique, et aussi, concrètement, ce qui va suivre pour l'évêque désormais privé de diocèse. Voici ce que l'évêque Strickland avait à dire, et ce qui reste sans réponse. 

    Pourquoi a-t-il été démis de ses fonctions ?

    Mgr Strickland a déclaré qu'on lui avait demandé de démissionner le 9 novembre, mais qu'il "ne pouvait pas, de mon plein gré, abandonner le troupeau qui m'avait été confié". 

    Cette version des faits concorde avec une déclaration du 11 novembre du cardinal Daniel DiNardo, qui, en tant que chef de l'archidiocèse de Galveston-Houston, est le métropolite de la province ecclésiastique qui comprend le diocèse de Tyler.  

    Dans sa déclaration, le cardinal DiNardo a indiqué qu'à la suite d'une visite apostolique effectuée en juin par deux évêques américains à la retraite à la demande du Vatican, qui comprenait "une enquête exhaustive sur tous les aspects de la gouvernance et de la direction" de Tyler sous l'égide de l'évêque Strickland, une recommandation a été faite au pape François selon laquelle "le maintien en fonction de l'évêque Strickland n'était pas envisageable". 

    Après des mois de délibérations, l'évêque du Texas s'est vu présenter une demande de démission et "le Saint-Père a démis Mgr Strickland de ses fonctions d'évêque de Tyler" lorsque le prélat a décliné la demande, a écrit le cardinal DiNardo. 

    Les conclusions de la visite apostolique n'ont pas été publiées, et le Vatican n'a pas révélé les raisons pour lesquelles Mgr Strickland a été démis de ses fonctions. 

    Interrogé sur les raisons de la décision du pape François, Mgr Strickland a déclaré : "La seule réponse que j'ai à donner est que les forces en présence dans l'Église ne veulent pas de la vérité de l'Évangile".  Il a ajouté : "Elles veulent qu'elle soit changée, qu'elle soit ignorée. Ils veulent qu'elle soit ignorée. 

    Mgr Strickland n'a pas accusé le pape François de participer à cette tentative de saper l'enseignement de l'Église, mais il a déclaré que "de nombreuses forces travaillent sur lui et l'influencent pour qu'il prenne ce genre de décisions". Pour ces "forces", l'évêque a dit "je suis un problème", et elles ont donc poussé à la "destitution d'un évêque pour avoir défendu l'Évangile".  

    L'évêque Strickland n'a pas précisé en quoi consistait cette "défense de l'Évangile", mais il faisait probablement allusion à son franc-parler et à ses déclarations provocatrices sur les plateformes de médias sociaux et lors d'allocutions publiques. 

    Par exemple, Mgr Strickland a tweeté le 12 mai qu'il rejetait ce qu'il appelait le "programme de sape du dépôt de la foi" du pape François - une provocation qui, selon les médias, a dépassé les bornes selon des personnalités du Vatican, ce qui a provoqué la visite apostolique. 

    Il a également critiqué à plusieurs reprises le pape pour un manque de clarté "dangereux" dans ses déclarations, en particulier en ce qui concerne la sexualité, et a critiqué avec véhémence le synode du pape François sur la synodalité. 

    "Malheureusement, il se peut que certains qualifient de schismatiques ceux qui ne sont pas d'accord avec les changements proposés", a écrit Mgr Strickland dans une lettre publique en août. "Au contraire, ceux qui proposent des changements à ce qui ne peut être changé cherchent à réquisitionner l'Église du Christ, et ce sont eux les vrais schismatiques. 

    Les préoccupations en matière de gouvernance diocésaine ont-elles joué un rôle ?

    Mais selon de nombreux rapports des médias sur la visite apostolique de juin et les discussions qui ont suivi au sein du Dicastère des évêques du Vatican, les responsables de l'Église étaient également très préoccupés par des problèmes majeurs liés à la gouvernance du diocèse de Tyler par l'évêque Strickland. Ces inquiétudes concernaient notamment la rotation importante du personnel diocésain, l'embauche d'une ancienne religieuse controversée comme employée d'une école secondaire et le soutien d'un projet controversé de communauté catholique. 

    L'évêque Strickland a semblé répondre à ces préoccupations de manière indirecte dans son entretien avec LSN. 

    "Aucun endroit n'est parfait, aucune famille n'est parfaite", a-t-il déclaré. "Mais le diocèse est en bonne santé. 

    L'évêque a cité le nombre élevé de séminaristes dans le diocèse de Tyler - 21 pour un diocèse de moins de 120 000 catholiques - et a également noté que le diocèse est en position de force financière grâce à "l'immense générosité de la population". 

    "Je suis très fier des prêtres et du diocèse", a déclaré Mgr Strickland, ajoutant qu'étant donné ce qu'il considère comme le succès du diocèse sous sa direction, il ne pouvait identifier aucune autre raison pour sa destitution que la menace qu'il représente pour ceux qui tentent de modifier l'enseignement de l'Église.

    L'évêque Strickland a-t-il été informé des raisons de sa révocation ?

    Plus tôt dans la journée, cependant, Mgr Strickland a semblé indiquer qu'il y avait peut-être des raisons plus concrètes pour justifier la mesure prise à son encontre. 

    "Je maintiens toutes les choses qui ont fait l'objet de plaintes contre moi", a-t-il déclaré à LSN dans un bref article publié avant son entretien de 30 minutes. "Je sais que je n'ai pas mis en œuvre Traditiones Custodes" - la restriction de la messe traditionnelle en latin imposée par le pape en 2021 - "parce que je ne peux pas affamer une partie de mon troupeau". 

    Prises ensemble, les réponses de l'évêque ne permettent pas de comprendre non seulement pourquoi, exactement, le pape François a finalement décidé de le démettre de ses fonctions, mais aussi si Strickland lui-même a été informé des raisons de cette décision. 

    Que va-t-il faire maintenant ?

    L'évêque Strickland a reconnu qu'il devra "analyser honnêtement" ce que signifie le fait de ne plus être l'évêque de Tyler, et "se ressaisir" en ce qui concerne son rôle de "successeur des Apôtres sans diocèse local à prendre en charge". 

    "Je n'ai pas de réponses pour l'instant", a déclaré Mgr Strickland lorsqu'on lui a demandé ce que l'avenir lui réservait. "Beaucoup de questions, beaucoup de calendriers vides qui seront, j'en suis sûr, remplis de différentes manières. 

    L'une des possibilités est une augmentation de l'engagement bien au-delà du Texas - ce que l'évêque faisait déjà bien avant d'être démis de ses fonctions à Tyler, ce qui lui a valu le titre d'"évêque de l'Amérique" parmi ses fidèles.

    Par exemple, Mgr Strickland compte plus de 162 000 adeptes sur la plateforme de médias sociaux X (anciennement connue sous le nom de Twitter), soit 40 000 personnes de plus que le nombre total de catholiques dans son ancien diocèse. Il a supprimé toute référence au diocèse de Tyler sur son compte le 11 novembre et a pu continuer à y accéder bien qu'il n'ait plus de diocèse. 

    Par exemple, il s'est rendu en Californie l'été dernier pour participer à un rassemblement en réaction à l'hommage rendu par les Dodgers de Los Angeles à une organisation de travestis anticatholiques. L'archidiocèse de Los Angeles a condamné les actions des Dodgers, mais a également souligné que l'événement auquel Mgr Strickland a participé n'avait pas été "soutenu ou approuvé" par l'archidiocèse. 

    On ne sait pas non plus où l'ancien évêque de Tyler vivra, ni comment il recevra un soutien financier. 

    Sera-t-il présent à la réunion de l'USCCB (conférence des évêques des USA) ?

    Une question qui n'a pas été soulevée lors de son interview sur LSN, mais qui préoccupe au moins certains observateurs de l'Eglise : L'évêque Strickland, désormais sans diocèse, assistera-t-il à la réunion d'automne de la Conférence des évêques catholiques des États-Unis, qui débutera le 14 novembre ? 

    Alors que Mgr Strickland est connu pour ses interventions publiques remarquées lors des précédentes assemblées de l'USCCB, sa présence à une réunion quelques jours seulement après sa destitution constituerait un sujet dominant - et potentiellement une distraction majeure. 

    Beaucoup d'incertitudes pèsent sur l'avenir de Mgr Strickland. Mais, du moins si l'on en croit les commentaires qu'il a faits à LSN, la prière en constituera une part importante. 

    "Je m'encourage et j'encourage les autres à prier plus profondément que jamais, à prier pour le pape François, à prier pour l'Église et à prier pour notre monde.