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International - Page 12

  • Pour la première fois, le pape François mentionne l'endroit où il aimerait être enterré et annonce un voyage en Belgique en 2024

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    De Vatican News (Jean Charles Putzolu) :

    François visitera la Belgique en 2024

    Belgique, Argentine et Polynésie sont les trois pays que François souhaite visiter en 2024. Il en fait lui-même l’annonce dans une interview accordée à la télévision mexicaine Nmas, à l’occasion de la fête de Notre Dame de Guadalupe. Invité à reparcourir les douze mois de l'année passée, le Pape revient sur sa santé, sur le vide créé par la disparition de Benoit XVI, et annonce qu’il se fera enterrer dans la basilique Sainte-Marie-Majeure de Rome.

    François se confie à la correspondante de Nmas, Valentina Alazraki, dans une conversation souriante enregistrée avant la messe à Saint Pierre célébrée mardi 12 décembre pour la solennité de la bienheureuse Vierge Marie de Guadalupe, apparue au Mexique en 1531 et devenue depuis Patronne de l’Amérique Latine. Dans cet entretien de vingt minutes, François réaffirme que les guerres sont toujours une défaite, sauf pour les fabricants d’armes, et exprime sa désolation quand il voit sur l'âge des victimes sur les tombes des soldats, des jeunes pour la plupart que leurs mères ne reverront plus.

    Sépulture à Sainte-Marie-Majeure

    Mais au-delà de ces propos déjà tenus à plusieurs reprises, François révèle qu’il veut être enterré dans l’une des quatre basiliques papales de Rome, Sainte-Marie-Majeure, en raison de sa dévotion à Marie et de sa promesse faite à la Salus populi romani, aux pieds de laquelle il prend le temps de prier avant et au retour de chacun de ses voyages.

    Il ne sera pas le premier pape dans cette basilique. Sept Souverains pontifes y reposent déjà. François ajoute qu’il a aussi préparé son enterrement, et explique qu’il a simplifié le rite de ses obsèques.

    Cela ne l’empêche pas de continuer à regarder vers l’avenir. Il n’a pas l’intention de renoncer à son Pontificat, même s’il confirme l’existence d’une lettre de renonciation entre les mains du cardinal Tarcisio Bertone. Une lettre qu’il n’a pas encore signée car c’est Dieu qui décidera, selon le Saint-Père, et qui lui dira «assez» le moment venu. À ce propos, il salue le courage de la renonciation de son prédécesseur, Benoit XVI, avec lequel, avoue-t-il, il avait noué une relation très étroite. Un homme «simple, humble» et «qui a pris conscience de ses limites».

    Les voyages de 2024

    Limites que François n’a pas encore atteintes, puisqu’il se projette en 2024 avec un voyage annoncé en Belgique et deux autres à l’étude: la Polynésie et l’Argentine. L’Argentine du président Javier Milei, dont le Pape semble déjà avoir pardonné les propos plutôt durs tenus par ce dernier à son égard. «En campagne électorale», dit François, «on dit des choses provisoires, pour attirer l’attention. […] Ensuite, vient le moment des choses concrètes». Les deux hommes se sont d’ailleurs parlés au téléphone depuis, et Javier Milei a invité François en Argentine.

  • Le cardinal Müller : tout le contraire d'un chien muet

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    Deux entretiens récents du cardinal Müller qui dit clairement les choses tant en ce qui concerne le Synode que le mondialisme :

  • Au risque de l’histoire : heurs et malheurs des missions en Asie

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    De KTO TV sur youtube (Au risque de l'histoire) :

    Le journaliste Christophe Dickès, et ses invités se penchent sur des moments-clés de l'Histoire de l'Eglise, pour en exposer, de manière aussi claire que précise, les enjeux et les faits :

    30/11/2023 : L’histoire des missionnaires envoyés en Asie évoque souvent des destins lumineux, marqués par de violentes persécutions. Les témoignages abondent sur les tortures infligées aux chrétiens en Chine ou au Japon. Le cinéma récent (« Silence » de Marti Scorsese) s’est lui-même emparé du sujet relayant l’image d’une Asie hermétique à la foi chrétienne. Mais qu’en est-il vraiment ? Le message chrétien est-il à ce point étranger aux mentalités des peuples d’Asie ? « Si des chrétiens sont persécutés, c’est surtout parce qu’ils passent pour des agents de l’étranger, pour une menace d’invasion provenant de l’extérieur », explique Françoise Buzelin, chercheuse aux Missions étrangères de Paris. « Il n’y a pas eu de vague de persécutions. Des martyrs oui, mais qui reste très minoritaires. Les gouvernements de l’époque n’avaient aucun intérêt à susciter des martyrs et évitaient à tout prix de le faire », complète Pierre-Emmanuel Roux, maître de conférence à l’Université Paris Cité. Par-delà les lieux communs, ce numéro d’Au Risque de l’Histoire invite à (re)découvrir la véritable histoire des missions en Asie.

  • C’est dans ce monde que Dieu nous a placés pour y témoigner et y agir pour le bien qui est à notre portée

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    L'éditorial de Christophe Geffroy pour le numéro de décembre 2023 de La Nef :

    La peur, responsable d’une vision déformée du réel

    Le moins que l’on puisse dire est que l’actualité ne pousse guère à la joie. Tout concourt à nous démoraliser, à nous faire peur. Comment ne pas avoir de l’avenir une vision bien sombre ? La guerre, avec son cortège d’horreurs, est omniprésente dans nos médias : après le conflit en Ukraine qui tournait en boucle sur les chaînes d’information continue, c’est maintenant l’affrontement entre Israël et le Hamas qui occupe le devant de la scène. L’insécurité devient de plus en plus inquiétante, entre le terrorisme islamique qui peut frapper à tout instant n’importe où et la violence gratuite qui tue pour un rien, violence qui est maintenant aussi le fait d’adolescents de plus en plus jeunes n’ayant plus aucun repère moral ; ils sont souvent issus de l’immigration ou de familles disloquées, leur univers se limitant au virtuel des écrans. Les difficultés autour de la loi immigration du gouvernement révèlent combien nos politiques sont impuissants à régler ce problème, alors que certains de nos concitoyens ne se sentent plus chez eux dans leur propre pays : le concept de « grand remplacement », traduction imparfaite d’une situation bien réelle, contribue à ce climat général de peur.

    La liste est loin d’être complète. On peut encore s’arrêter à la dislocation du lien social et à l’accroissement des fractures qui détachent toujours plus la frange supérieure de la population de la « France périphérique » dont l’horizon continue de s’obscurcir. Cette grave fragilisation du tissu social s’opère au moment même d’une déconstruction anthropologique sans précédent qui, hormis les milieux catholiques convaincus, ne rencontre guère de résistance. Et elle se produit dans un système encore démocratique mais qui glisse vers ce que Mathieu Bock-Côté nomme un « totalitarisme sans goulag » (1), qui gomme progressivement la liberté de penser, quiconque s’opposant au « régime diversitaire » étant exclu de la vie sociale.

    Enfin, parmi les peurs soigneusement entretenues à grande échelle, comment ne pas évoquer la « catastrophe climatique » annoncée sur tous les tons comme une certitude scientifique avérée ? Si l’on se souvient comment les gouvernements ont joué sur la peur à l’occasion de la pandémie du Covid-19 pour imposer un dispositif technocratique de coercition qui a permis d’enfermer des populations entières avec leur consentement, on mesure à quel point la peur est devenue une puissante arme de contrainte pour gouverner.

    Bref, tous ces sujets « négatifs » sont pain béni pour les médias qui ne vendent jamais autant que lorsque tout va mal. C’est bien l’un des problèmes du fonctionnement de nos sociétés hyper médiatisées. Le bien, la normalité n’intéressent pas les faiseurs d’opinion ; le mal, la catastrophe, le glauque sont ce qui permet de tenir en haleine le public. Aujourd’hui, ce n’est pas très difficile, il y a toujours un malheur dans le monde à mettre en avant. Nous sommes instantanément informés d’un tremblement de terre en Inde ou d’un déraillement de train en Australie et toutes ces mauvaises nouvelles relayées en boucle alimentent un sentiment diffus que tout va mal.

    Autrefois, personne n’était au courant de ce qui se passait à des milliers de kilomètres, ni même à des centaines. Le malheur était circonscrit à la sphère limitée du monde connu et des personnes côtoyées, il était moins fréquent mais plus concret, on pouvait venir en aide aux victimes. Aujourd’hui, le malheur est omniprésent mais lointain et virtuel, il nous sape le moral mais nous n’y pouvons rien, sinon soutenir par un don les victimes des catastrophes.

    Le bien ne fait pas de bruit

    Par les médias, donc, nous avons une vision déformée du monde où le mal semble l’emporter largement sur le bien, alors que nous ignorons à peu près tout de la somme de dévouements et de sacrifices de tant d’hommes et de femmes qui, partout, œuvrent pour un monde meilleur et plus beau – et les chrétiens ne sont pas les derniers à s’engager en ce sens. Chacun, dans sa vie ordinaire de tous les jours, croise bien plus de gens aimables, soucieux d’entretenir de bons rapports humains avec leurs prochains, que des êtres méchants et hostiles – même s’il est vrai que nous assistons à une « décivilisation » qui engendre un recul effrayant de la simple politesse et de la courtoisie la plus élémentaire, sans parler de la galanterie regardée comme ringarde ou « machiste ».

    Quoi qu’il en soit de ce que l’on pense de ce monde, qu’on l’estime bon ou mauvais, c’est dans celui-ci que Dieu nous a placés, non pour le fuir et s’en plaindre, mais pour y témoigner et y agir pour le bien qui est à notre portée. Ce temps de l’Avent peut nous y aider, car la fête de Noël que nous préparons n’est-elle pas celle de l’Espérance, propice à méditer le grand mystère de cet enfant, le plus fragile et le plus innocent des êtres, qui nous est donné pour le salut du monde ? Tout peut changer si nous reconnaissons en cet enfant notre Dieu. « Soyez sans crainte, car voici que je vous annonce une grande joie, qui sera celle de tout le peuple : aujourd’hui vous est né un Sauveur, qui est le Christ Seigneur, dans la ville de David » (Lc 2, 10-11).

    (1) Le Totalitarisme sans Goulag, La Cité, 2023.

    Lire aussi : Le combat spirituel : une espérance à rude épreuve 

  • "Sous le règne de François, il n’y a pas de répit entre Juifs et catholiques"

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    Un article de Sandro Magister en traduction française sur Diakonos.be :

    Il n’y a pas que Gaza. Pas de répit entre le Pape François et les Juifs

    Une autre guerre est en train de se jouer, à côté de celle qui oppose Israël au Hamas, sur la terre qui fut celle de David et de Jésus. Il s’agit de la guerre entre le Pape François et les Juifs, sur le plan politique comme sur le plan religieux.

    Ce qui a mis le feu aux poudres dernièrement, c’est la double audience que le Pape François a accordée le 22 novembre dernier aux familles des otages israéliens aux mains du Hamas et, séparément, aux parents des Palestiniens détenus dans les prisons israéliennes.

    La différence entre les uns et les autres est pourtant abyssale. Les otages israéliens sont des hommes, des femmes, des enfants qui ont été arrachés à leurs maisons et à leurs villages le 7 octobre lors d’un massacre d’une cruauté inouïe perpétré par le Hamas, qui a fait plus de 1200 victimes sans défense, nouveau-nés égorgés, jeunes filles violées, mutilées et abattues. Alors que les détenus palestiniens sont des terroristes et des agresseurs en train de purger leur peine ou dont le procès est en cours.

    Mais il n’y a pas eu une once de distinction entre Israël et le Hamas dans les déclarations du Pape au terme de l’audience, place Saint-Pierre. À Gaza, a-t-il dit en faisant référence aux deux parties, « nous avons dépassé le stade de la guerre, ça n’est plus faire la guerre, c’est du terrorisme ».

    Et ce n’est pas tout. Lors de la conférence de presse tenue par une dizaine de Palestiniens qui avaient participé à cette rencontre, l’un d’entre eux, Shireen Anwad Hilal, qui enseigne au Bethlem Bible College, a rapporté que le Pape, pendant le récit des bombardements israéliens sur Gaza qui a fait de nombreuses victimes civiles, s’est exclamé : « C’est un génocide », sans que personne n’ait employé ce mot avant lui. Et d’autres l’ont confirmé : « Nous étions tous là, nous l’avons entendu et aucun d’entre nous n’a de problèmes d’audition ».

    Le Vatican a bien essayé de rattraper la sauce. « Il ne semble pas que le Pape ait employé ce mot », a déclaré le responsable du bureau de presse, Matteo Bruni. Et le cardinal Pietro Parolin, Secrétaire d’État a déclaré : « Il est irréaliste que le Pape ait parlé de génocide ».

    Personne n’a pris ces démentis au sérieux, et le seul fait que le Pape ait appliqué le qualificatif de « terrorisme » à la guerre d’Israël à Gaza et jamais en revanche, de manière claire et distincte, au massacre des innocents perpétré par le Hamas le 7 octobre, a déjà suffi à lui seul à provoquer l’émoi de tous les rabbins d’Italie, dans une déclaration rendue publique le 23 novembre et qui se termine comme suit :

    « Cette prise de position au plus haut niveau fait suite à des déclarations problématiques de représentants importants de l’Église dans lesquelles soit on ne trouve nulle trace d’une condamnation de l’agression du Hamas soit, au nom d’une soi-disant impartialité, on met sur le même pied l’agresseur et l’agressé. Nous nous demandons à quoi on bien pu servir toutes ces décennies de dialogue judéo-chrétien pour parler d’amitié et de fraternité si ensuite, dans la réalité, quand quelqu’un essaye d’exterminer les Juifs, plutôt que de recevoir des expressions de proximité et de compréhension, la réponse se limite à un grand écart diplomatique, à des numéros d’équilibristes et à une équidistance glaciale, qui est certainement distante mais qui n’est pas équitable ».

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  • Philippines : attentat meurtrier lors d'une messe catholique

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    Lu sur le site de La Libre :

    Philippines: quatre morts dans un attentat à la bombe lors d'une messe catholique

    Au moins quatre personnes ont été tuées et un cinquantaine d'autres blessées dans un attentat à la bombe perpétré dimanche lors d'une messe catholique dans le sud des Philippines, région troublée par une insurrection, ont indiqué les autorités.

    03-12-2023facebook sharing button

    L'explosion s'est produite pendant une messe dans le gymnase de l'université d'Etat de Mindanao, à Marawi, la plus grande ville musulmane du pays, a déclaré le chef de la police régionale, Allan Nobleza.

    Le lieutenant général de la police Emmanuel Peralta a déclaré que quatre personnes avaient été tuées et une cinquantaine d'autres blessées dans l'explosion provoquée par un engin explosif artisanal.

    Aucun groupe n'a revendiqué l'attaque. (Depuis lors, cet attentat a été revendiqué par l'Etat islamique (ISIS) - ndb)

    Dans un communiqué, le président philippin Ferdinand Marcos a fermement condamné ces "actes insensés et particulièrement odieux perpétrés par des terroristes étrangers".

    L'université d'Etat de Mindanao a également condamné, dans un communiqué, cet "acte de violence", se déclarant "solidaire" de sa communauté chrétienne et des victimes de "cette tragédie". Elle a suspendu les cours et déployé davantage de personnel de sécurité sur le campus.

    "Mes amis pleuraient"

    Depuis son lit d'hôpital, Chris Honculado, étudiant de 21 ans, a raconté à l'AFP que l'explosion s'était produite dès la première lecture de la Bible à la messe de 07H00 (23H00 GMT samedi).

    "L'explosion a été très soudaine et tout le monde s'est mis à courir", a raconté Chris Honculado. "Quand j'ai regardé derrière moi, des gens gisaient au sol. Nous ne savions pas ce qui s'était passé, tout est allé très vite".

    Egalement depuis l'hôpital, Rowena Mae Fernandez, 19 ans, a expliqué qu'elle n'avait pas immédiatement compris la nature de l'explosion mais que les gens fuyaient les lieux.

    "Mon compagnon et moi avons également couru, même si nous nous sommes écroulés à un moment. C'est la seule chose dont je me souvienne jusqu'à ce que je sorte du gymnase et que je tombe à nouveau", a-t-elle raconté à l'AFP. "Mes amis pleuraient parce qu'ils avaient vu ma blessure".

    Le maire de Marawi, Majul Gandamra, a exhorté les membres des communautés musulmane et chrétienne à rester unis.

    "Notre ville est depuis longtemps un symbole de coexistence pacifique et d'harmonie, et nous ne permettrons pas que de tels actes de violence éclipsent notre engagement collectif en faveur de la paix et de l'unité", a déclaré M. Gandamra.

    L'attentat est survenu après une frappe aérienne de l'armée philippine, vendredi, qui a tué 11 militants islamistes de l'organisation Dawlah Islamiya-Philippine à Mindanao.

    M. Nobleza a précisé que la police enquêtait afin de déterminer si l'attaque de dimanche était liée à cette opération militaire.

    L'armée a déclaré samedi que l'organisation islamiste avait prévu d'organiser des attaques dans la province de Maguindanao del Sur.

    "Actes lâches"

    Lanao del Sur et Maguindanao del Sur font partie de la région autonome Bangsamoro en Mindanao musulmane.

    Le ministre en chef du gouvernement de Bangsamoro, Ahod Ebrahim, a dit "condamner ces actes atroces et lâches", appelant à une "enquête approfondie".

    Les attaques de militants contre des bus, des églises catholiques et des marchés publics sont caractéristiques des troubles qui secouent la région depuis des décennies.

    En 2014, Manille a signé un pacte de paix avec le plus grand groupe rebelle du pays, le Front moro de libération nationale, mettant ainsi fin à leur sanglante insurrection armée.

    Mais il reste de petites bandes d'insurgés musulmans opposés à l'accord de paix, y compris des militants ayant fait allégeance au groupe État islamique (EI). Des rebelles communistes opèrent également dans la région.

    En mai 2017, des centaines d'hommes armés étrangers et locaux pro-EI s'étaient emparés de Marawi.

    L'armée philippine a repris la ville en ruines après une bataille de cinq mois qui a coûté la vie à plus d'un millier de personnes.

    Une autre piste de l'enquête cherche à savoir si des reliquats de groupes islamistes Maute et Abou Sayyaf, ayant participé au siège de Marawi, sont impliqués, a déclaré le chef de la police régionale.

  • Italie / Enzo Bianchi : « Le pape François est isolé. Sur les réseaux sociaux, l'aile traditionaliste de l'Église est beaucoup plus vivante"

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    Une interview (Giampiero Rossi, Corriere della Sera) d’Enzo Bianchi (fondateur agité de la communauté monastique œcuménique marginale remarquée de Bose, dans le nord de l’Italie) au « Corriere della Sera », reproduite par le site web « Sismografo »:

    Le moine et théologien : « Il y a un hiatus entre le pontife prophétique et son peuple. Je ne crois pas que nous nous dirigeons vers un schisme, mais je crains que l'Église ne glisse vers une perte dangereuse"

    « Le pape François est isolé, l'Église ne risque pas un schisme mais une perte dangereuse». Enzo Bianchi - moine de quatre-vingts ans, théologien, érudit de l'Église, fondateur de la communauté de Bose - ne cherche pas de tournures pompeuses pour dire ce qu'il pense. Il ne se réfugie pas dans les équilibristes, même lorsqu'il parle du pontife avec lequel il a eu un conflit ouvert dans un passé récent : il le critique et le défend sans réserve. Mais sa pensée principale, explique-t-il, est l’Église, son avenir dans un monde en rapide évolution.Son dernier livre, « Où va l’Église ? » est dédié à cela. (éditions San Paolo) qui sera présenté le jeudi 30 novembre à 18h au Centre Ambrosianeum (via delle Ore 3) en compagnie de Ferruccio de Bortoli et Don Antonio Rizzolo.

    Enzo Bianchi, la question est obligatoire. Où va l’Église ?

    « L'Église marche vers Jésus-Christ, vers le Royaume. Ou du moins c'est sa vocation, sa mission."

    Toutefois…?

    "Mais ces dernières décennies, elle s'est mise au centre, on parle trop de l'Église et moins de Jésus-Christ et de l'Évangile."

    Quand cette attitude a-t-elle commencé, à votre avis ?

    « Avec le Concile Vatican II, nous sommes arrivés à une réforme de l'Église pour apporter l'Évangile au monde, mais nous nous sommes ensuite fortement concentrés sur les activités mêmes de l'Église, qui s'est toujours positionnée comme maîtresse de l'histoire, estimant que tout dépendait sur elle-même, oubliant le choix de spoliation que le Christ lui-même a fait de sa condition de fils de Dieu. Ici, plutôt que d'avoir la prétention de devoir et de pouvoir tout dire sur tout et sur tout, d'être maître et guide des hommes, la L'Église devrait recommencer à se déshabiller et à marcher aux côtés des hommes, avec compassion et humilité, pour offrir à chacun le grand espoir de la résurrection. »

    Ne pensez-vous pas que depuis le pape Luciani, de nombreux gestes et pas ont été faits dans ce sens ?

    « Je les ai tous connus de près et je peux dire que oui, Jean-Paul Ier a commis des gestes de spoliation, qui étaient alors complètement absents dans le pontificat ultérieur et aussi dans celui de Ratzinger, qui n'avait pas suffisamment de force ni au sein de l'Église ni envers le peuple de Dieu, donc François a eu du courage et de la détermination, mais il faut dire une vérité que personne ne veut dire ouvertement...".

    Qui est?

    « François est isolé, mis à part ses plus proches, il n'est pas suivi par les cardinaux, les évêques, les prêtres et le peuple de Dieu lui-même semble sourd à sa proposition synodale, ils laissent tout passer presque dans l'indifférence. Et donc nous nous trouvons dans cette sorte de hiatus, entre un Pontife prophétique et son peuple, et cela m'inquiète beaucoup car dans la communication via les réseaux sociaux, l'aile traditionaliste est beaucoup plus vivante.

    Vous défendez donc la route tracée par le pape Bergoglio, même si vous avez eu des désaccords assez ouverts et durs avec lui ?

    « J'ai critiqué tout le monde, je n'ai jamais été enclin à idolâtrer un quelconque pape, mais maintenant je vois une situation très difficile. Je ne crois pas que nous nous dirigeons vers un schisme, mais je crains que l'Église ne glisse vers une perte dangereuse. »

    Mais n’existe-t-il pas déjà un conclave construit pour donner une continuité future au chemin indiqué par ce pape ?

    « Mais non, ce n'est pas du tout vrai que François a créé un conclave à son image, il a aussi nommé des cardinaux ennuyeux et traditionalistes, donc le risque pour l'avenir est justement que pour maintenir l'équilibre entre les différentes âmes, le conclave finit par choisir un père ennuyeux. On a vu d'ailleurs comment, à la même époque, il a été choisi de béatifier en même temps Jean XXII et Pie IX : un coup au cercle et un coup au tonneau."

    En parlant de cardinaux, ici à Milan, quelqu'un soulève cycliquement la question de l'échec de la nomination de l'archevêque Mario Delpini. Qu'en penses-tu?

    « Francis ne choisit pas les grandes villes, les grands personnages, mais suit plutôt une logique suburbaine. Il suffit de penser à la nomination de l'évêque de Mongolie, à l'extrême périphérie du monde et qui compte plus ou moins trois mille fidèles. Parce qu’il veut dire que même le petit, même le petit, compte. Et ce n’est pas un choix politique, mais évangélique. Autrement, il aurait fait de tout son peuple des cardinaux. » 

    Un autre sujet très sensible dans le diocèse ambrosien et dans toute l’Église est le déclin des vocations. Dans le livre, il en parle également, mais inverse le point de départ.

    «Bien sûr, car avant de s'interroger sur la crise des vocations, il faut s'interroger sur la crise de la foi. Et je reviens au point de départ : l'Église, trop concentrée sur ses propres activités - toutes belles et précieuses, toujours aussi nombreuses en deux mille ans d'histoire - a perdu de vue son message fondamental et extraordinaire : l'espérance que la mort ne soit pas le dernier mot, car avec le Christ il y a la résurrection. Revenons en arrière et disons ceci à l'humanité. »

    Bref, selon l’adage bien connu, un « pur » trouve toujours un plus pur qui l’épure…

  • Soudan : la destruction des églises à l'ordre du jour

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    De Vatican News (Jean-Benoît Harel) :

    Au Soudan, «la destruction des églises, c'est presque l'ordre du jour»

    Depuis avril 2023, le Soudan connait une guerre sanglante entre l’armée soudanaise et un groupe paramilitaire, les Forces de soutien rapide (FSR). Plus de 6 millions de personnes ont été déplacées selon l’ONU. Un prêtre missionnaire dans le sud du pays décrit les difficiles conditions de vie des déplacés et l’importance de la place de l’Église dans le soutien humanitaire et spirituel.

    «Il y a de la peur parce que nous ne savons pas quand nous serons attaqués.» C’est dans ce climat d’inquiétude permanente que vit le père Jean*, missionnaire dans le sud du Soudan. Des dizaines de milliers de déplacés ont afflué dans le sud du pays, trouvant un abri dans les écoles et les églises. Le père Jean témoigne du rôle de l’Église dans cette tragédie humanitaire: «De nombreuses personnes ont été traumatisées par des conflits armés dans les différents coins du Soudan. Notre rôle c’est avant tout la disponibilité pour accueillir les gens qui fuient pour les recevoir et les assister, financièrement et spirituellement.»

    Une situation humanitaire intenable

    Pour les déplacés soudanais, les structures d’aides sont peu nombreuses alors que la situation politique reste extrêmement volatile et dangereuse. Le conflit déclenché le 15 avril entre le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Burhane, et son adjoint devenu rival, le général Mohamed Hamdane Daglo, a fait plus de 10 000 morts selon une estimation de l'ONG Armed Conflict Location & Event Data Project (Acled), considérée comme largement sous-évaluée.

    Alors que les bombardements continuent de toucher durement des habitations civiles, le prêtre missionnaire depuis six ans dans le pays, affirme que seules l’Église, et quelques ONG n’ayant pas quitté le pays, peuvent répondre à la détresse des déplacés.  

    Toutefois, le conflit entre l’armée et les forces paramilitaires n’est pas le seul au Soudan. «Dans l’Ouest du Soudan, c'est devenu une sorte de conflit tribal: les populations d’origine arabe chassent ceux qui sont noirs» explique le père Jean.

    «Les églises ont été attaquées, pillées, vandalisées»

    Dans ce contexte difficile, les chrétiens ne sont pas épargnés. Comme lieu de rassemblement pouvant contenir des richesses, «les églises ont été attaquées, pillées, vandalisées» raconte l’homme d’Église. «Le système en lui-même persécute les chrétiens: sur le plan politique, c'est impossible d'avoir les chrétiens dans les hauts niveaux, et sur le plan éducatif, aucun chrétien n’enseigne dans les écoles de l'État».

    Les écoles n’ont pas ouvert leurs portes depuis le début du conflit, et la vie paroissiale est également bouleversée puisque certains déplacés sont logés dans les églises. Le missionnaire appelle à prier «pour que la paix puisse revenir au Soudan, parce que les gens sont fatigués. Notre souhait est que les belligérants puissent s'asseoir et discuter ensemble d’une solution possible pour le Soudan de demain».

    Témoignage d'un missionnaire au Soudan sur les exactions dont sont victimes les églises.

    *le prénom du père a été modifié pour des raisons de sécurité.

  • Elections RDC : Après une petite semaine de campagne, le pouvoir se lézarde ?

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    Lu dans « La Libre Afrique » (Hubert Leclercq) :

    « En pleine campagne présidentielle, le report du scrutin refait surface.

    Arrivé au pouvoir au terme d’un accord avec son prédécesseur Joseph Kabila, le président congolais Félix Tshisekedi entend prolonger son bail à la tête de la République démocratique du Congo en remportant le scrutin présidentiel prévu le 20 décembre.

    Pour parvenir à ses fins, après avoir rompu son accord avec Joseph Kabila, la présidence s’est organisée pour installer ses hommes à tous les échelons de la future élection. Elle a acheté une large majorité parlementaire, avant d’imposer ses juges à la Cour constitutionnelle et de placer son candidat à la tête de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni).

    RDC : La campagne présidentielle est lancée sur les chapeaux de roues

    « Fort de cet attelage, Félix Tshisekedi pensait jouer sur le velours et pouvoir envisager un second mandat en toute sérénité.

    Mais la première semaine de campagne présidentielle a démontré que cette belle assurance ne passait pas le cap de la rencontre avec l’électorat. Dès les premiers meetings dans le Kongo-central, la mécanique présidentielle s’est heurtée à la colère d’une population qui n’a, notamment, pas oublié le Registre des appareils mobiles (RAM) et la taxe qu’il a induite qui a frappé toutes les recharges téléphoniques et donc tous les Congolais. Malgré la disparition depuis quelques mois de cette taxe – jamais votée au parlement – la population a réclamé des comptes au candidat-président aux cris de “voleurs”. La même petite musique s’est répétée dans d’autres meetings qui peinaient à attirer les foules, malgré les moyens de l’État détournés au profit du candidat.

    RDC : Plainte en Belgique contre le patron de la Demiap, le général Ndaywell

    L’épine Katumbi

    « Le scénario de 2023 n’est pas sans rappeler celui qui a prévalu en 2018. À l’époque, tous les moyens de l’État avaient été captés au profit d’Emmanuel Shadary, le dauphin de Kabila. Le pouvoir en place disposait d’une majorité au Parlement, d’une Cour constitutionnelle et d’une Ceni à sa botte. Pourtant, malgré cet avantage, la campagne d’Emmanuel Shadary s’est heurtée à la fronde du terrain qui cherchait à s’affranchir de la kabilie après dix-sept années de pouvoir sans partage et deux ans d’une cohabitation forcée qui avait encore détérioré l’image d’un régime incapable de se renouveler.

    Ici, après cinq années d’une gestion aussi chaotique qu’erratique, le pouvoir de Félix Tshisekedi, bâti sur une composante ethnique, montre qu’il est en grande souffrance, incapable de ramener la paix dans l’Est, devant affronter de nombreuses poches d’insécurité dans plusieurs provinces, sans oublier le poids de la prédation du premier cercle du régime.

    RDCongo : Le match Tshisekedi – Katumbi peut commencer

     En 2018, la population s’était rangée derrière Martin Fayulu, candidat commun de l’opposition. En 2023, cette opposition n’est pas parvenue à se fédérer, mais elle a vu émerger un candidat qui s’est immédiatement érigé en principal – si pas unique – adversaire du président sortant : Moïse Katumbi. L’ancien gouverneur du grand Katanga, privé de course à la présidence en 2018.

    L’homme a pris le temps de se bâtir une machine politique à travers son parti Ensemble pour la République, il a fédéré quelques “petits” candidats mais surtout il s’est lancé dans un rallye électoral digne “d’une campagne à l’américaine”, comme l’explique un observateur kinois. Katumbi est populaire, il est déterminé et il a clair pour son public. En face de lui, Félix Tshisekedi est dans les cordes. Derrière ces deux hommes, c’est le vide. Les Mukwege, Fayulu, Sesanga sont restés scotchés sur la ligne de départ. Manque de moyens, de relais, ils sont déjà irrémédiablement largués.

    Report du scrutin ?

    RDC : Pourquoi la présidentielle de 2023 est en grand danger

    Au niveau de la Ceni, nous n’avons pas de preuve qu’il y aura bel et bien élection le 20 décembre. Et s’il devait y en avoir, nous n’avons pas de certitude que ça va se dérouler dans les meilleures conditions de transparence. Il y a donc un risque de désordres dans notre pays”. C’est ainsi que le cardinal Ambongo s’est adressé aux catholiques ce dimanche 26 novembre, relançant les craintes d’un report du scrutin à un peu plus de trois semaines de l’échéance. Jusqu’ici, tant le président Tshisekedi que le président de la Ceni Denis Kadima ont rejeté cette éventualité malgré un fichier électoral défaillant, des millions de cartes d’électeurs défectueuses et une cartographie des bureaux de vote introuvable. Le mandat de Félix Tshisekedi court jusqu’au 24 janvier 2024, au-delà de cette date, il devra remettre ses pouvoirs entre les mains du président du Sénat… sauf improbable consensus pour prolonger son “règne” de quelques mois. Son régime défaillant, son incapacité à régner et ses mauvaises relations avec la plupart de ses voisins augure de bien des difficultés pour trouver ce compromis. Dans ce contexte, la RDC risque de faire rapidement face à des défis colossaux porteurs de tous les dangers pour la stabilité du pays et de toute la région. »

  • Irak : la Babylone moderne qui persécute les chrétiens et exile le patriarche, dans le silence de Rome

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    De Sandro Magister sur Diakonos.be :

    Irak, Babylone moderne. Qui persécute les chrétiens et exile le patriarche, dans le silence de Rome

    « Nous avons demandé l’ouverture d’un Synode spécial pour les Églises orientales catholiques. Toutes connaissent aujourd’hui des situations de guerre : l’Ukraine, le Liban, l’Arménie, la Syrie, l’Irak, l’Érythrée, la Terre sainte ».

    C’est l’archevêque majeur de l’Église grecque catholique ukrainienne, Sviatoslav Chevtchouk, qui a révélé avoir adressé cette demande au Pape. Avec mille bonnes raisons. Au Moyen-Orient, les Églises sont attaquées presque partout et les chrétiens sont au bord de l’extinction, comme c’est déjà le cas pour les Juifs dans les pays arabes.

    Et l’un des endroits où ils sont le plus en danger, c’est l’Irak. En 1915, un génocide parallèle à celui des Arméniens a conduit à l’extermination de 800 000 chrétiens. Mais en 2003 encore, avant la guerre, on comptait encore un million et demi de chrétiens, dont la plupart vivaient à Bagdad. Aujourd’hui, il n’en reste plus que 150 000.

    Quand le Pape François s’est rendu en Irak, en mars 2021, la dévastation que l’État islamique avait perpétré quelques années plus tôt dans la Plaine de Ninive, berceau historique des chrétiens d’Irak, était encore visible.

    Mais aujourd’hui encore, dans la Plaine de Ninive, on interdit aux chrétiens de retourner habiter dans leurs maisons et de cultiver leurs champs. Ils en sont empêchés par des soi-disant chrétiens membres d’une brigade armée nommé Babylone, composée de milices extrémistes chiites inféodées à l’Iran, avec à leur tête Rayan Al-Kildani, un chaldéen comme le patriarcat catholique auquel il prétend appartenir.

    On trouvera un petit indice du drame que vivent aujourd’hui les chrétiens en Irak dans les quelques lignes du communiqué officiel dans lequel le Saint-Siège a rendu compte de l’audience accordée le 18 novembre par le Pape François au président irakien Abdel Latif Jamal Rachid, là où il est dit que « l’on a répété la nécessité de garantir à tous les chrétiens irakiens la possibilité de former une partie vibrante et active de la société et du territoire, en particulier dans la Plaine de Ninive ».

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  • TikTok : une arme qui s'inscrit dans la stratégie chinoise pour contrôler l'esprit de l'adversaire

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    Un article de Nita Farahany paru sur le Guardian le 25 mars 2023 :

    TikTok fait partie de la campagne de guerre cognitive de la Chine

    Les armées s'empressent de mettre au point des armes qui pourraient un jour attaquer directement l'esprit humain ou le mettre hors d'état de nuire. Nous ignorons ce contexte plus large à nos risques et périls.

    Des rapports militaires chinois traduits suggèrent que la guerre passe de la destruction des corps à la paralysie et au contrôle de l'esprit de l'adversaire. L'appel lancé par l'administration Biden aux propriétaires chinois de TikTok pour qu'ils vendent leurs parts dans l'application sous peine d'interdiction par les États-Unis n'est donc que le début d'une longue partie de Whac-A-Mole dans le cadre d'une stratégie plus large de lutte contre la guerre cognitive - avec l'esprit humain comme champ de bataille.

    Si l'interdiction de TikTok peut éliminer la première et la plus grosse taupe, elle ne tient pas compte de l'évolution plus large vers la guerre cognitive en tant que sixième domaine d'opérations militaires en cours, qui comprend les campagnes d'influence de la Chine sur TikTok, la collecte massive de données personnelles et biométriques des citoyens américains et leur course au développement d'armes qui pourraient un jour attaquer directement ou désactiver l'esprit humain. Nous ignorons ce contexte plus large à nos risques et périls.

    En novembre 2020, François du Cluzel, chef de projet au Nato Act Innovation Hub, a publié un rapport intitulé Cognitive Warfare (Guerre cognitive), dans lequel il identifie le domaine humain avec les nations qui s'empressent d'armer les neurosciences. Le gouvernement américain a dressé une liste noire d'instituts et d'entreprises chinoises qui, selon lui, travaillent sur de dangereux "processus biotechnologiques destinés à soutenir les utilisations finales militaires chinoises", y compris "des prétendues armes de contrôle du cerveau". L'Armée populaire de libération (APL) chinoise investit massivement dans les opérations du domaine cognitif, notamment dans la recherche sur l'IA en matière de logiciels, de matériel et de prise de décision inspirés du cerveau.

    Nathan Beauchamp-Mustafaga, spécialiste de la Chine à la Rand Corporation, estime qu'il s'agit ni plus ni moins d'une "évolution de la guerre, qui passe des domaines naturels et matériels - terrestre, maritime, aérien et électromagnétique - au domaine de l'esprit humain". L'APL, dit-il, espère "façonner ou même contrôler la pensée cognitive et les capacités de prise de décision" de l'ennemi. Des campagnes de désinformation aux armes modernes ciblant le cerveau, la "guerre des cerveaux" devient rapidement une réalité.

    Des plateformes comme TikTok illustrent l'influence cognitive en façonnant les croyances et les préférences de sa vaste base d'utilisateurs tout en collectant des données et en développant des profils psychogènes de ses utilisateurs. L'algorithme de TikTok a le pouvoir de modeler l'opinion publique et d'exploiter les données des utilisateurs pour façonner leurs préférences, leurs préjugés et leurs croyances. Je l'ai constaté de mes propres yeux. Après une conférence que j'ai donnée au Forum économique mondial de Davos, des influenceurs de TikTok ont sorti une partie de la conférence de son contexte et l'ont amplifiée sur la plateforme. Les vidéos ont été vues des millions de fois. Ma propre tentative de lutter contre la désinformation sur la plateforme n'a reçu qu'une infime partie des vues, tout comme les tentatives des mêmes influenceurs dont les vidéos sont devenues virales. Il semble plus facile de diffamer quelqu'un qui met en lumière des pratiques autoritaires que d'amplifier son message sur l'utilisation abusive des neurotechnologies par le régime, qui fait déjà froid dans le dos.

    La collecte de données biométriques étrangères sur les Américains augmente, les utilisateurs fournissant involontairement des données de reconnaissance faciale par le biais des filtres et des jeux de TikTok. Mais l'attention portée actuellement à TikTok ne doit pas nous faire oublier que la Chine collecte des données biométriques sensibles par le biais d'autres technologies qu'elle a déployées aux États-Unis. Un exemple est le dispositif Flowtime, un casque neurotechnologique utilisé par de nombreux Américains pour la méditation, les jeux et d'autres usages, produit par Hangzhou Enter Electronic Technology Co, Ltd ("Entertech"), une société basée en Chine. Entertech a également vendu des dizaines de milliers de casques équipés de capteurs EEG à la State Grid Corporation of China - une entreprise publique chinoise de distribution d'électricité - afin qu'elle puisse mesurer la fatigue et d'autres activités cérébrales de ses travailleurs en temps réel sur le lieu de travail. Entertech a accumulé des millions d'enregistrements de données EEG brutes provenant d'individus du monde entier, ainsi que des informations personnelles et l'utilisation d'appareils et d'applications par ces individus.

    L'aspect le plus alarmant de la guerre cognitive est le développement d'armes de contrôle du cerveau. Des scientifiques financés par la Fondation nationale chinoise des sciences naturelles ont exhorté la Chine à investir dans la science du cerveau militaire (MBS), en menant des recherches sur les effets nocifs de diverses armes sur les tissus cérébraux et sur la mise au point d'armes d'interférence des ondes cérébrales et d'infrasons. Selon eux, le cerveau est le "quartier général" du corps humain et les armes "attaquant précisément le "quartier général"" deviendront bientôt "l'une des stratégies les plus efficaces pour déterminer la victoire ou la défaite sur le champ de bataille". Alors que la communauté du renseignement américaine a récemment écarté la possibilité que le syndrome de La Havane ait été causé par un adversaire étranger, l'armée américaine a testé l'énergie pulsée sur des animaux pour tenter de reproduire les effets du syndrome de La Havane.

    La lutte contre la guerre cognitive nécessite une approche à multiples facettes qui ne se limite pas à l'interdiction d'applications telles que TikTok. Nous devons agir rapidement pour garantir aux individus des normes et des droits mondiaux qui garantissent leur droit à la liberté cognitive et leur droit à l'intimité mentale, à la liberté de pensée et à l'autodétermination de leur cerveau et de leurs expériences mentales.

    Nous devons également sensibiliser le public aux risques associés aux plateformes numériques et aux dispositifs neurotechnologiques en lui donnant des informations concrètes sur les risques pour lui-même et pour la sécurité nationale. L'éducation des utilisateurs aux dangers potentiels et la promotion de la culture numérique permettront aux individus de prendre des décisions éclairées concernant leur présence en ligne et les appareils qu'ils utilisent.

    La lutte pour nos esprits exige une stratégie globale à long terme qui associe les droits, la politique, la technologie, l'éducation et la coopération internationale. Encourager un dialogue ouvert et la transparence entre les gouvernements, le secteur privé et les citoyens favorisera la confiance et facilitera la compréhension collective de la bataille pour nos cerveaux. En agissant maintenant, nous pouvons mettre en place une défense solide contre les menaces en constante évolution qui pèsent sur notre liberté cognitive et sur l'intégrité de notre nation, en garantissant les fondements du droit de penser librement pour les générations futures.

    Nita Farahany est l'auteur de The Battle for Your Brain : Defending Your Right to Think Freely in the Age of Neurotechnology (St Martin's Press 2023) et professeur de droit et de philosophie Robinson O Everett à l'université Duke.

  • La foi catholique s'effondre au Mexique

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    Lu sur la Libre du 25 novembre (p. 19) sous le plume de Clément Detry :

    L’Église mexicaine face à une crise de foi

    Mexique La foi catholique enregistre une chute historique dans le pays.

    Nul besoin d’être particulièrement observateur pour se rendre compte que le Mexique, depuis plusieurs mois, fait l’objet d’une campagne promotionnelle massive de la part de l’Église catholique. Il suffit de faire partie des millions de personnes qui, chaque jour, voyagent en métro à Mexico, échappant ainsi aux affres du trafic de la mégapole. Le pape François, du haut des écrans de télé disposés de part et d’autre du quai, a un message pour ces dernières.

    "La vie est un voyage qui porte ses fruits", annonce-t-il dans un spot d’une minute trente diffusé par TeleUrban, la chaîne concessionnaire de ces moniteurs. "Je vous souhaite une vie prospère qui porte de bons fruits : des fruits d’amour, de paix et de sérénité."

    La foi catholique, de même que la foi en général, a en effet enregistré une chute historique dans le deuxième pays où le Vatican compte le plus de fidèles dans le monde. Le nombre de fidèles dans le pays n’a pourtant pas cessé de croître en termes absolus. En 2020, ils étaient même le double de ce qu’ils étaient en 1970, soit presque cent millions de personnes. Mais le tableau change du tout au tout, en revanche, dès qu’on se place du point de vue de la proportion de catholiques par rapport à la population totale. Cette dernière ayant quasiment triplé en cinquante ans, cela donne une baisse de la proportion de catholiques de plus de vingt points de pourcentage depuis 1970. Moins de 80 % de la population mexicaine, d’après les derniers recensements de l’Institut national de statistique et de géographie (Inegi), se dit catholique au pays de Notre-Dame de Guadalupe.

    Éviter un effondrement "à la brésilienne"

    "Le Mexique est un cas particulier de déclin lent mais certain de la foi catholique, assure l’écrivain et journaliste catholique Felipe de Jesús Monroy. C’est un pays où le Vatican cherche à agir avant qu’il soit trop tard, pour éviter un effondrement à la brésilienne", ajoute-t-il avant de rappeler les "hécatombes" survenues dans des pays comme le Brésil ou le Chili, où cette foi concerne aujourd’hui à peine la moitié de la population, contre la quasi-totalité il y a à peine trente ans.

    L’avancée des évangélistes

    Les Églises évangélistes sont à l’œuvre depuis une cinquante d’années pour conquérir les Amériques. Le Mexique, depuis le début du siècle, ne peut plus se dire épargné par cette tendance lourde régionale. "Le catholicisme recule tandis que l’évangélisme progresse, bien qu’à des rythmes différents, d’un bout à l’autre de l’Amérique latine, confirme le sociologue des religions Felipe Gaytán Alcalá. Le Mexique, s’il suit le mouvement, le fait néanmoins à un rythme beaucoup plus lent qu’en Amérique centrale et du Sud."

    Les affiliations protestantes et évangélistes, de fait, n’ont progressé "que" de quatre points de pourcentage dans les statistiques de recensement de 2010 à 2020. Malgré le déploiement de moyens souvent importants, ces mouvements religieux ont à peine réussi à dépasser les quatorze millions de fidèles au détour de la décennie, jusqu’à parvenir à représenter 11 % de la population en 2022.

    La progression évangéliste, aussi réelle qu’elle ait pu être, "n’explique pas à elle seule le déclin de la foi catholique au Mexique", d’après José de Jesus Aguilar Valdés, directeur adjoint de radio et de télévision de l’Archidiocèse du Mexique. "Elle n’est même pas le premier facteur à prendre en compte", ajoute-t-il dans une interview qui met en évidence toute la spécificité du Mexique au regard de ses voisins, sur fond d’un recul généralisé de la spiritualité dans le pays.

    Le nombre de personnes se disant sans religion, en effet, est l’autre grand bouleversement de ces dix dernières années. Cette tendance, toujours selon les statistiques de recensement de l’Inegi, a doublé d’une décennie à l’autre, jusqu’à atteindre dix millions de personnes aujourd’hui. Le Mexique de 2030, si l’on en croit les billets de blog de Felipe de Jesus Monroy, "pourrait assez probablement compter davantage d’athées et d’agnostiques que de personnes se disant protestantes ou évangélistes".