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Justice - Page 20

  • Liturgie : la congrégation romaine du culte divin ouvre les hostilités pratiques contre les « tradis » récalcitrants

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    Sur le site web du « salon beige », on peut découvrir le plus récent épisode de la guerre des deux messes déclarée par le pape François aux catholiques traditionalistes :

    « Ce matin, la Congrégation pour le culte divin a publié des réponses sur certaines dispositions de la Lettre Apostolique en forme de « Motu Proprio » Traditionis Custodes. Nous avons interrogé l’abbé Claude Barthe.

    M l’Abbé, l’offensive contre la liturgie traditionnelle semble s’intensifier considérablement à en juger par la publication, ce 18 décembre, de responsa, réponses à des questions posées ou censées avoir été posées à la Congrégation pour le Culte divin.

    En effet, les jusqu’au-boutistes romains sont extrêmement déterminés, comme le montre le déroulement programmé de leur action : disparition de la Commission ED ; enquête auprès des évêques ; motu proprio ; lettre du cardinal-vicaire de Rome ; réponses d’aujourd’hui qui explicitent Traditionis custodes. Ils veulent clairement créer l’irréversible. Ces réponses étaient connues pour l’essentiel par la lettre du Cardinal De Donatis du 7 octobre dernier pour le diocèse de Rome.

    Est-il possible que de simples réponses de Congrégation amplifient un motu proprio du pape ?

    Du point de vue technico-juridico, oui : l’Eglise est une monarchie absolue et les ministres du pape peuvent en son nom et sur son mandat dire la loi. En l’espèce, ils précisent l’intention du législateur. À peine pourra-t-on discuter parce que le pape a approuvé ces réponses en forme générique (une approbation faible) et non en forme spécifique (l’approbation maximale). Mais du point de vue juridico-théologique, non : si Summorum Pontificum avait constaté que la messe ancienne n’était pas abrogée et était une des expressions de la lex orandi, étendant ce constat par ses dispositions aux autres livres (bréviaire, pontifical, etc.), cela reposait sur un jugement doctrinal de fond. Toute « loi » contraire est sans force.

    Un constat de Summorum Pontificum qu’infirme pourtant Traditionis custodes.

    Et les responsa explicitent et soulignent : Traditionis custodes a posé que les livres liturgiques nouveaux sont la seule expression de la lex orandi ; était cependant toléré, provisoirement, pour « faciliter la communion ecclésiale », un usage plus restreint du missel ancien ; mais les autres livres liturgiques traditionnels (rituel, pontifical) n’entrent pas dans cette tolérance provisoire et sont donc interdits (sauf le rituel dans les paroisses personnelles et si l’évêque le permet).

    Tout le dispositif est donc fondé sur le constat de Traditionis custodes qui prétend invalider celui de Summorum Pontificum, mais qui, par le fait se relativise lui-même, très exactement comme la liberté religieuse qui prétendait invalider le magistère antérieur jusqu’à Pie XII.

    Concrètement qu’est-ce qui sera interdit ? 

    Les conséquences les plus sensibles de ces mesures, si elles étaient acceptées par les intéressés, seraient : l’interdiction, sauf dans les paroisses personnelles, des mariages traditionnels (mais en fait, un certain nombre de curés, auxquels on demandera leur église pour les célébrer, fermeront les yeux) ; l’interdiction des confirmations traditionnelles (mais on peut penser que bien des parents d’enfants à confirmer vont s’adresser aux évêques de la FSSPX) ; et surtout l’interdiction des ordinations traditionnelles. C’est de loin le plus grave, car la spécificité même des séminaires traditionnels est ainsi visée. Les instituts Ecclesia Dei n’accepteront pas, pas plus qu’ils n’accepteront l’introduction de la messe nouvelle au côté de la messe traditionnelle dans leur séminaire, que les visites canoniques organisées par la Congrégation des Religieux voudront leur imposer. Ce serait un suicide : les candidats se retireraient et les vocations cesseraient d’affluer.

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  • Le cardinal Pell a une question pour le cardinal Becciu : "Peut-il nous dire à quoi a servi l'argent envoyé en Australie ?"

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    De Joan Frawley Desmond  sur le National Catholic Register :

    Le cardinal Pell a une question pour le cardinal Becciu : "Peut-il nous dire à quoi a servi l'argent envoyé ?"

    16 décembre 2021

    Lorsque le cardinal George Pell a pris un congé en 2018 de son poste de préfet inaugural du Secrétariat à l'économie et est retourné en Australie pour être jugé pour son affaire d'"abus sexuels historiques", il était le plus haut responsable de l'Église à être emporté dans un scandale mondial de plusieurs décennies qui a brisé les victimes et fait des ravages sur la crédibilité morale de l'Église.

    Reconnu coupable en 2018, il passera 402 jours en prison, la plupart du temps à l'isolement, avant que son verdict de culpabilité ne soit annulé par la plus haute juridiction australienne en 2020. 

    Pendant son incarcération, l'ancien archevêque de Melbourne de 1996 à 2001 et de Sydney de 2001 à 2014 s'est vu interdire de célébrer la messe, ce qui l'a obligé à creuser profondément dans sa foi et sa vie de prière. Il a toutefois été encouragé par le flux constant de lettres d'amis et de sympathisants qui lui ont offert des prières, des conseils spirituels et des lectures.

    Tout en travaillant avec ses avocats pour faire appel de sa condamnation, le cardinal a commencé à tenir un journal, dans lequel il a consigné les contraintes soudaines imposées à sa routine quotidienne, ses réflexions sur les Écritures saintes et ses réactions aux événements qui se déroulaient à Rome, notamment les preuves des investissements immobiliers problématiques du Saint-Siège à Londres. 

    Les révélations ultérieures de corruption financière à haut niveau, qui ont conduit à un procès en cours au Vatican, ont également soulevé des questions quant à savoir si les responsables de la curie, qui s'étaient opposés à l'insistance du cardinal sur la nécessité d'un audit externe de toutes les finances du Vatican, avaient contribué à porter son affaire devant les tribunaux. En cause : 2,3 millions de dollars australiens (1,65 million de dollars) de fonds du Vatican envoyés en Australie et qui n'ont toujours pas été comptabilisés.

    Depuis son acquittement et sa libération de prison, le cardinal, désormais à la retraite, partage son temps entre Rome et Sydney. En décembre, il s'est rendu à San Francisco, la ville d'origine de son éditeur américain, Ignatius Press, qui a publié trois parties de son Prison Journal. 

    A Menlo Park, en Californie, le cardinal Pell s'est entretenu avec Joan Frawley Desmond, rédactrice en chef du Register, de l'impact spirituel de l'incarcération, de sa décision de pardonner à son accusateur et du procès pour corruption financière du Vatican qui pourrait être lié à son propre cas.

    "J'ai une question pour le cardinal Becciu", a déclaré le cardinal Pell au Register, en faisant référence à l'ancien chef de cabinet de la Secrétairerie d'État du Vatican, actuellement accusé de détournement de fonds et d'abus de pouvoir. "Va-t-il simplement nous dire à quoi servait l'argent envoyé ?"

    Au début de votre journal de prison, vous observez ironiquement que vous étiez "en retard pour une retraite". On dit que la prison peut être un monastère. Pourquoi est-ce le cas ? 

    Si vous êtes à l'isolement, vous avez beaucoup de temps calme. J'avais mon bréviaire, j'avais des chapelets, j'avais quelques livres spirituels. Et j'avais un programme quotidien de prières, que je suivais simplement.

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  • Quand, par la volonté du pape, les portes s'entrouvrent à un "divorce catholique"

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso, en traduction française sur Diakonos.be :

    On sait que le Pape François parle sans retenue dans les conférences de presse en avion, pour dire tout et son contraire. Mais il prend également son envol lorsqu’il rencontre les évêques italiens à huis clos.

    Pour preuve, les deux heures de colloque secret qu’il a eu avec les évêques italiens réunis en assemblée plénière fin novembre. Officiellement, rien n’a filtré au-dehors. Mais il n’y a eu qu’une seule matière sur laquelle le Pape a étrillé son malheureux auditoire. Celle-là même qu’il avait incorporée le 26 novembre, au terme de la séance, dans un motu proprio tout autre qu’amical, par lequel il chargeait une commission « ad hoc » d’inspecter un à un les quelque deux cent diocèses italiens pour s’assurer de leur obéissance ou pas à ce que le Pape François avait décidé concernant les procès en nullité matrimoniale.

    La modification de ces procédures aura sans doute été la plus grande nouveauté pratique de ce pontificat, lancée par surprise en août 2015, dans l’intervalle entre les deux synodes pour la famille, avec le motu proprio « Mitis Iudex ».

    François avait introduit cette innovation dans le dos des pères synodaux, qu’il savait en grande partie réfractaires, et en ignorant l’avis contraire de son théologien et cardinal de confiance Walter Kasper qui, en février 2014, en prononçant le discours inaugural du premier et dernier consistoire des cardinaux de ce pontificat, tout en invoquant le feu vert à la communion des divorcés remariés, avait mis en garde contre « un élargissement des procédures en nullité » qui en réalité « donneraient la dangereuse impression que l’Église serait en train de procéder de manière malhonnête à accorder ce qui serait en réalité des divorces ».

    Mais cet élargissement, François le voulait à tout prix et à sa manière, en particulier en confiant le rôle de vérifier les motifs de nullité et de prononcer les jugement non plus à des tribunaux ecclésiastiques régionaux, avec leurs magistrats et avocats dans le respect du droit, mais aux évêques eux-mêmes, en tant que pasteurs « et donc eux-mêmes juges » de leurs fidèles, avec des procédures drastiquement simplifiées et de manière extra-judiciaire, dans un régime de gratuité totale pour les demandeurs.

    Afin de couler sa volonté dans une loi, le Pape avait mandaté en 2014 une commission, mais surtout un homme, Mgr Pio Vito Pinto, qui était à l’époque doyen de la Rote Romaine.

    Cette commission avait rédigé une réglementation qui avait immédiatement suscité un déluge de critiques de la part de canonistes incontestablement plus compétents que l’auteur matériel du motu proprio « Mitis Iudes ». Mais François n’en a tenu aucun compte, même au risque de mettre en premier lieu l’Église italienne dans de graves difficultés, alors que cette dernière était l’une des mieux organisées au monde dans cette matière, avec un réseau efficace de tribunaux régionaux et des coûts de procédure réduits, s’échelonnant d’un maximum de 525 EUR jusqu’à la gratuité totale en fonction du niveau de vie des demandeurs. Les juges et les avocats commis d’office étaient directement rémunérés par la Conférence épiscopale, avec les revenus du denier du culte. Rien de comparable avec ce qui se passait dans d’autres régions du monde, dont certaines étaient totalement dépourvues de tribunaux, surtout en Amérique latine, le continent d’où provient le Pape.

    Immédiatement mis sous pression par François et ses émissaires – avec à leur tête le secrétaire général de la CEI de l’époque, Mgr Nuzio Galantino -, les évêques italiens ont d’abord tenté de parer le coup en changeant le nom des tribunaux ecclésiastiques, qui sont passés de « régionaux » à « interdiocésains ». Mais dans certaines régions, surtout du Sud de l’Italie, certains diocèses ont commencé à faire cavaliers seuls en exigeant un tribunal propre, avec des résultats partout désastreux par manque de personnel compétent.

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  • USA : plus de la moitié des États limiteraient ou interdiraient totalement l'avortement dès que cela serait possible

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    De Kath.Net/News :

    L'avortement interdit dans 26 Etats américains si 'Roe v. Wade' tombe

    12 décembre 2021

    Plus de la moitié des États limiteraient ou interdiraient totalement l'avortement dès que cela serait possible.

    Washington D.C. (kath.net/LifeNews/jg)

    26 des 50 Etats américains souhaitent interdire totalement ou en grande partie l'avortement si la Cour suprême annule l'arrêt "Roe v. Wade", qui constitue la base de la réglementation permissive de l'avortement actuellement en vigueur aux Etats-Unis. C'est ce qu'a révélé une recherche du Guttmacher Institute.

    21 Etats auraient déjà adopté des interdictions d'avortement plus ou moins étendues, qui entreraient immédiatement en vigueur dès que "Roe v. Wade" serait abrogé. Cinq autres Etats auraient adopté ces dernières années une série de lois visant à protéger les enfants à naître et, selon les estimations du Guttmacher Institute, ils restreindraient encore plus l'avortement dès que possible.

    La Cour suprême des États-Unis se penche actuellement sur l'affaire "Dobbs v. Jackson Women's Health", qui remet en question la réglementation actuellement en vigueur. Avec l'arrêt "Roe v. Wade", la Cour suprême a interdit en 1973 aux États de restreindre les avortements tant que l'enfant à naître n'est pas viable en dehors du ventre de sa mère.

    Le Guttmacher Institute milite pour une réglementation libérale de l'avortement. En acceptant l'affaire "Dobbs v. Jackson Women's Health", la Cour suprême a signalé sa volonté de soumettre la légalité de l'avortement à un examen, a constaté l'institut.

  • La réplique du cardinal Becciu face aux estocades du cardinal Pell

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso, en traduction française sur Diakonos.be :

    Duels au Vatican. Becciu réplique aux estocades du cardinal Pell

    (s.m.) Je reçois et je publie. La note qui suit, riche en informations inédites, conteste point par point les critiques lancées par le cardinal George Pell au cardinal Giovanni Angelo Becciu, qui avaient été relayées dans l’article de Settimo Cielo du 23 novembre dernier. Mais elle ne fait que s’ajouter à la masse gigantesque de documents et de dépositions en possession de l’accusation et de la défense, au procès de Becciu et d’autres accusés qui est en cours au Vatican, et dont la prochaine audience a été fixée au 14 décembre 2021.

    *

    BUREAU D’AVOCATS VIGLIONE
    Rome, via Fulcieri Paulucci de’ Calboli 44

    À M. Sandro Magister,
    Directeur de Settimo Cielo

    Objet : Article « Le procès sur les affaires troubles au Vatican a un convive de pierre : le cardinal Pell » du 23 novembre 2021 – Demande de rectification

    Monsieur le Directeur,

    Je vous écris au nom et pour le compte de Son Éminence Révérendissime le Cardinal Giovanni Angelo Becciu, qui me mandate expressément à cette fin, pour vous signifier ce qui suit.

    En référence à l’article en objet, en raison de la large place qui a été consacrée aux récits du Cardinal Pell concernant la personne de Son Éminence, et la diffusion relative qui s’en est suivie auprès d’un public vaste et informé, il s’avère nécessaire de signaler plusieurs points critiquables qu’ils contiennent et qui, en tant que tels, appellent des corrections.

    En effet, vos nombreux lecteurs, soigneusement informés des débats publics en matière ecclésiastique, méritent le respect de la vérité des faits, qui a jusqu’à présent été compromise par ce qui a été écrit et que ce qui va suivre pourra contribuer à rétablir.

    Les injustices bien connues dont le Cardinal Pell a été victime, et sa douleur mérite tout notre respect, ne peuvent cependant aller jusqu’à faire des procès d’intentions injustifiés dans les faits au détriment du cardinal Becciu. En ce sens, Son Éminence vous fait savoir qu’il a donné mandat à sa défense afin de défendre en justice son honneur et son innocence contre ces assertions infondées, et d’autres, si elles n’étaient pas rapidement rectifiées.

    Ainsi donc, nous souhaitons en particulier apporter un rectificatif sur les points suivants :

    1. « Le cardinal Becciu est différent de la plus grande partie des autres personnalités vaticanes impliquées dans des affaires financières, qui restent à couvert et se taisent jusqu’à ce que cessent les rafales d’artillerie, avant de reprendre leur petite vie habituelle ».

    Dans les petites et les grandes administrations financières que le Cardinal Becciu a eu l’honneur de gérer au service de l’Église et du Saint-Père, il l’a toujours fait avec le plus haut sens du devoir, dans un profond esprit de service et avec une intégrité morale absolue. En ce sens, il est profondément offensant que le Cardinal Pell établisse une comparaison avec ces soi-disant « personnages » qu’il mentionne.

    2. « les statuts de notre Secrétariat [pour l’Économie] nous conféraient explicitement l’autorité « to supervise », contrôler, tous les comptes du Vatican, y compris ceux de la Secrétairerie d’État : et notre approbation était nécessaire notamment pour toute acquisition de propriétés au-delà de 500.000 euros ».

    Les statuts du S.P.E. ont été approuvé le 22 février 2015 et il n’avait aucun pouvoir rétroactif, encore moins concernant les actes posés antérieurement par la Secrétairerie d’État qui, contrairement à ce qu’affirme le Cardinal Pell, a toujours joui, sur base de la Constitution apostolique « Pastor Bonus », d’une grande autonomie juridique et financière par rapport à tous les Dicastères de la Curie romaine.

    Et ces statuts spécifient précisément, à l’art. 3 § 1, que « le Secrétariat pour l’Économie agit en collaboration avec la Secrétairerie d’État », affirmant ainsi une parité des deux organismes et démentant toute fonction de contrôle de la première sur la seconde, qui n’a jamais existé.

    La Secrétairerie d’État gérait un Fonds Souverain autonome – qui n’a en rien été créé par le Cardinal Becciu, mais qui remonte à l’époque de Paul VI -, connu des supérieurs, et donc les substituts présentaient des comptes-rendus semestriels.

    Son Éminence entend informer qu’il n’a jamais reçu l’instruction de ses supérieurs de présenter des comptes-rendus au Cardinal Pell ; et il ressort que jamais le Cardinal Pell n’a obtenu de tels comptes-rendus de la part Cardinal Secrétaire d’État, au cours de leurs entrevues hebdomadaires. Tout simplement, la Secrétairie d’État jouissait d’une autonomie financière totale, qui n’a jamais été mise en cause.

    Au contraire, quelques mois après l’entrée en vigueur de ces statuts, en raison des nombreuses failles juridiques qu’il présentaient, une commission, nommée par le Saint-Père et présidée par le Cardinal De Paolis ont abouti à la publication, le 4 juillet 2016, du Motu Proprio « I beni temporali » qui définissait mieux le périmètre d’action de la S.P.E., et donc le contrôle des biens administrés par l’A.P.S.A., et donc – encore une fois -, à l’exclusion de la Secrétairerie d’État.

    3. « Mais en plus de réfuter ces affirmations, le cardinal Pell accuse Becciu d’être le plus irréductible opposant à toute forme de supervision de la part du Secrétariat pour l’Économie – institué en 2014 par le Pape François et présidé par Pell lui-même – sur les comptes de la Secrétairerie d’État. L’acquisition de l’immeuble de Londres n’aura été que l’une des causes de conflit, mais elle n’était pas la seule ».

    Il convient avant tout de préciser que ce n’est pas sous gestion du Cardinal Becciu, que l’acquisition de l’Immeuble de Londres a été réalisée mais que des placements ont été réalisés sur ce dernier et pour autant, Son Éminence affirme ne pas se rappeler de conflits à ce sujet. Il se rappelle toutefois que le Cardinal Pell avait été informé de ces opérations à travers une inspection effectuée par le Réviseur Général, sans que par la suite aucun document critiquant cette opération ne parvienne à la Secrétairie d’État de la part des services concernés.

    Le Cardinal regrette la description selon laquelle la Secrétairie d’État se serait farouchement opposée à la supervision du Secrétariat pour l’Économie ou, plus généralement, aux réformes mises en œuvre par ce dernier. Du fait des incertitudes juridiques concernant les pouvoir du nouvel organisme de contrôle, les compétences de ce Dicastère n’ont jamais été claires. Le rôle du Substitut était celui d’appliquer les règles en vigueur et non d’exécuter des ordres du Préfet du S.P.E. qui n’étaient pas prévus par la réglementation.

    Concernant la bonne volonté de collaboration avec le Cardinal Pell et ses services, Son Éminence rappelle que le Cardinal Secrétaire d’État, au début de l’année 2014, lui avait demandé de charger l’Assesseur de la Secrétairerie d’État, Mgr Peter Wells, de préparer un document demandé par le Cardinal Pell. Son Éminence a exécuté cet ordre avec diligence, tout comme il n’a pas manqué de répondre à d’autres demandes écrites.

    4. « Le Substitut de la Secrétairie d’État a annulé la révision comptable externe et a contraint l’auditeur à démissionner ».

    Le Cardinal Becciu, en rappelant les précédents démentis publiés à ce sujet, réaffirme la fausseté de telles reconstructions, et affirme qu’elle a été annulée par le Secrétaire d’État et non par le Substitut.

    Quant à l’accusation d’avoir contraint le Réviseur à démissionner, Son Éminence informe qu’il sera dans l’obligation d’intenter une action en justice, étant donné le caractère tout bonnement mensonger d’une telle reconstruction, affirmée à plusieurs reprises par le Cardinal Pell. À ce sujet, il rappelle que dans toute cette affaire, son rôle s’est limité, sur base des ordres reçus, à demander au Réviseur de démissionner. Face à son refus, il l’a invité, toujours conformément aux instructions qui lui avaient été données, à se présenter au commandant de la Gendarmerie.

    On se référera, pour remettre cette affaire dans son contexte, au Communiqué de la Salle de presse du 24 septembre 2017 (1) où, en termes univoques et officiels, l’on affirme la raison d’une telle interruption de collaboration, en espérant que ce qui a été affirmé par la voix institutionnelle du Saint-Siège pourra définitivement restituer aux lecteurs la vérité historique sur ce point, en empêchant toute autre reconstruction, démentie par le compte-rendu officiel.

    5. « Le tout a été rapporté en détails par Settimo Cielo dans l’article suivant, y compris le soutien que le Pape François a apporté à Becciu pour chasser Milone et pour faire bloc contre le cardinal Pell, qui avait déjà été, dans les faits, privé de ses pouvoirs avant encore de devoir rentrer en Australie pour comparaître au procès où il était mis en cause ».

    Son Éminence précise qu’il ne s’agissait pas de « soutien que le pape François a apporté à Becciu » mais, comme on l’a rappelé, d’une mission spécifique qui lui a été confiée et qu’il a exécutée fidèlement.

    6. «Et il commente : “L’histoire deviendra encore plus intéressante si Mgr Perlasca se décidait à parler”».

    Son Éminence rappelle, avec fermeté et le plus grand respect pour le tribunal, qu’il n’a pas l’intention de remettre en cause la reconstruction des faits et des circonstances qui concernent le procès en cours par des anticipations à d’autres instances ; il fera appel aux instances institutionnelles au moment opportun.

    Il tient cependant à préciser que les attentes du Cardinal Pell seront démenties, en rappelant encore une fois son innocence absolue par rapport à toute prévention.

    7. « C’est le refus de l’IOR de collaborer à fournir 150 millions d’euros supplémentaires [à la Secrétairerie d’État] pour l’achat désastreux de l’immeuble dans le quartier chic de Chelsea à Londres qui a récemment fait éclater l’affaire. Cela m’a fait plaisir d’apprendre que c’est le Saint-Père en personne qui a non seulement autorisé les « irruptions » à la Secrétairerie d’État et dans les bureaux de l’AIF ».

    Le Cardinal entend souligner que dans ce passage, l’auteur omet de rappeler au lecteur qu’à cette époque, il n’était déjà plus Substitut aux Affaires Générales et que cette demande financière à l’Institut des Œuvres de Religion a été faite par d’autres.

    8. « Il est un fait que le coup de grâce pour la Secrétairerie d’État est ensuite tombé le 28 décembre 2020 sur ordre du Pape François, avec le transfert forcé à l’APSA de tout son pactole, c’est-à-dire d’une bonne partie de ces 1,4 milliards d’euros que le cardinal Pell – pendant les quelques mois où, au début du pontificat, il avait pu agir pleinement sur mandat du Pape pour faire le ménage – avait découvert hors des bilans officiels du Vatican ».

    Son Éminence entend préciser à ce propos que les sommes gérées par la Secrétairerie d’État se trouvaient bien « hors des bilans du Vatican », mais que cela n’était pas synonyme de gestion illicite, comme s’il s’agissait d’une « caisse noire », étant donné qu’elles étaient connues par les Supérieurs hiérarchiques qui étaient périodiquement informés par des comptes-rendus de la part du Substitut.

    Avec la ferme conviction que vous accorderez le même espace à ces rectifications qui s’imposent, étant donné votre réputation de professionnalisme et votre attention, je vous prier d’accepter mes salutations distinguées.

    Me Fabio Viglione

    Rome, le 23 novembre 2021

    *

    (1) https://press.vatican.va/content/salastampa/it/bollettino/pubblico/2017/09/24/0630/01385.html

  • Quand un pape jésuite « explique » aux journalistes pourquoi Mgr Aupetit « ne peut plus gouverner »

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    Un « verbatim » des déclarations alambiquées du pontife romain à la presse publié par Jean-Marie Guénois dans le « Figaro » :

    Aupetit JSFONCD5RRDOTKL4ZPBL2I5ZYE.jpg« Dans l'avion qui le ramenait lundi d'Athènes vers Rome, le pape François a évoqué plusieurs sujets d'actualité devant la presse, il a notamment expliqué pourquoi il avait accepté la démission de Mgr Michel Aupetit, archevêque de Paris. Nous publions la réponse intégrale du pape à cette question sur la base du compte rendu de l'agence romaine de presse I.Media, présente dans l'avion :

    Pape François - Sur le cas Aupetit. Je me demande : mais qu'est-ce qu'a fait Aupetit de si grave qu'il a dû donner sa démission. Qu'a-t-il fait ? Si nous ne connaissons pas la cause, nous ne pouvons pas condamner. Quelle a été la cause ? Qui le sait ? C'est laid, non ?

    Relance de la question : «Y a-t-il eu des problèmes de gouvernance ou d'autres choses ?»

    Pape François - Avant de répondre, je dirai : faites l'enquête. Faites l'enquête. Parce qu'il y a le danger de nous dire «il a été condamné». Qui l'a condamné ? C'est l'opinion publique, c'est la rumeur. Mais qu'a-t-il fait ? Nous ne savons pas. Si vous savez pourquoi, dites-le. Sinon je ne peux pas répondre. Vous saurez pourquoi.

    Parce qu'il y a eu un manquement de sa part, une faute contre le 6e commandement («tu ne commettras pas d'adultère», NDLR), pas de façon totale, mais des petites caresses, des massages qu'il faisait à sa secrétaire. C'est ça l'accusation. C'est un péché. Mais cela n'est pas un des péchés les plus graves, parce que les péchés de la chair ne sont pas les plus graves. Les péchés les plus graves sont ceux qui ont le plus d'angélisme. La superbe, la haine… Ceux-là sont les plus graves.

    Aupetit est pécheur, je le suis aussi… comme l'a été Pierre, l'évêque sur lequel Jésus Christ a fondé l'Église. Comment la communauté de cette époque a-t-elle pu accepter un évêque pécheur ? Et celui-là avait fait des péchés sans angélisme, celui de renier le Christ. Mais c'est une Église normale, elle était habituée à se sentir toujours pécheresse, tous. C'est une Église humble. On voit que notre Église n'est pas habituée à avoir un évêque pécheur, nous faisons semblant de dire «mon évêque est un saint». Nous sommes tous pécheurs.

    Quand le commérage grandit, il grandit… et détruit la réputation d'une personne, il ne pourra plus gouverner. Parce que sa réputation est détruite, non pas pour son péché – qui est péché, comme celui de Pierre, comme le mien, comme le tien, c'est un péché – mais à cause des commérages des personnes responsables de raconter les choses. L'homme dont on a détruit publiquement la réputation de cette façon ne peut pas gouverner. Et cela, c'est une injustice. C'est pourquoi j'ai accepté la démission d'Aupetit, non pas sur l'autel de la vérité, mais sur l'autel de l'hypocrisie. »

    Ref. Mgr Aupetit «ne peut plus gouverner» car «sa réputation a été atteinte», dit le pape

  • L'optimisme prudent des pro-vie américains

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    D'Ermes Dovico sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana :

    La Cour suprême maintient les espoirs des pro-vie

    4-12-2021

    Les neuf juges de la Cour suprême des États-Unis ont entendu les arguments des parties dans l'affaire Dobbs. À la lumière des questions des juges, la possibilité de renverser Roe ou, à tout le moins, d'approuver la loi du Mississippi interdisant l'avortement après 15 semaines reste ouverte. Dans ce dernier cas, le vote du juge Roberts pourrait être le vote décisif.

    L'arrêt Roe v. Wade sera-t-il annulé ou restera-t-il en vigueur ? Depuis quelques jours, cette question, qui divise les Américains depuis près d'un demi-siècle, est plus pressante que jamais, à l'intérieur et à l'extérieur des frontières des États-Unis. Mercredi 1er décembre, la Cour suprême a entendu les arguments des parties impliquées dans l'affaire Dobbs contre Jackson Women's Health Organization, qui oppose l'État du Mississippi aux organisations pratiquant l'avortement. L'administration Biden est du côté de ces derniers. L'objet du litige est le HB 1510, une loi qui interdit les avortements après 15 semaines de gestation, sauf en cas d'urgence médicale et d'anomalie grave du fœtus. La principale question qui se pose à la Cour est de savoir si toutes les interdictions d'avorter avant la viabilité, c'est-à-dire avant que la conception puisse survivre en dehors de l'utérus, sont inconstitutionnelles.

    L'affaire Dobbs est considérée par les experts comme la plus importante depuis l'arrêt Casey v Planned Parenthood de 1992, qui a confirmé le droit à l'avortement introduit par Roe en 1973, mais qui, en ce qui concerne la possibilité pour les États d'introduire des restrictions, a remplacé la norme des trois trimestres (aucune restriction à introduire au cours du premier trimestre, certaines au cours du deuxième, interdiction possible au cours du troisième sauf pour des raisons de "vie ou de santé" de la mère) par une évaluation de la probabilité de survie de l'enfant.

    Eh bien, après le débat général qui s'est déroulé le 1er décembre au matin, les parties ayant présenté leurs arguments dans le respect des délais impartis et répondu aux questions des neuf juges suprêmes, les commentateurs pro-vie conservent généralement, avec quelques distinctions, un optimisme prudent quant à la possibilité de renverser Roe ou du moins de le limiter, avec des effets en cascade sur l'ensemble du système d'avortement. Un scénario également considéré comme réaliste par l'autre camp, étant donné l'inquiétude exprimée par plusieurs médias libéraux après l'audience de la Cour suprême.

    Cet optimisme prudent repose sur les questions et le raisonnement des juges nommés par les Républicains (6), qui ont les moyens, s'ils le souhaitent, de réécrire l'histoire judiciaire américaine en faveur de la vie. Du côté des conservateurs, le vote du juge Clarence Thomas, qui, bien avant Dobbs, avait souligné que rien dans la Constitution américaine n'empêche un État fédéral d'interdire l'avortement, semble acquis. À ses côtés, l'avocat le plus fiable du banc était Samuel Alito, qui, dans son interrogatoire, a pressé Julie Rikelman, représentante légale de la Jackson Women's Health Organization et d'autres avorteurs, sur un point précis : l'incohérence et l'arbitraire de la loi dans l'établissement de la ligne avant et après laquelle il est légal ou non de prendre la vie d'un enfant à naître. Alito a également mis Elizabeth Prelogar, procureur général du gouvernement fédéral, en grande difficulté sur le principe du stare decisis (s'en tenir à ce qui a été décidé précédemment), lui faisant valoir qu'une décision "manifestement erronée" devrait être annulée à tout moment, sans autre considération. Le juge conservateur a rappelé le tristement célèbre arrêt Plessy contre Ferguson, un jugement de 1896 qui a confirmé la légitimité de la ségrégation raciale et qui, 58 ans plus tard seulement, a commencé à être démantelé (par l'affaire Brown et les suivantes).

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  • Etats-Unis : la politique d'avortement rendue au peuple ?

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    Une synthèse de presse de gènéthique.org :

    Etats-Unis : « L’annulation de « Roe » rendra la politique d’avortement au peuple »

    2 Déc, 2021

    Les 1er et  2 décembre 2021, la Cour suprême examinait la plainte de Lynn Fitch, Procureur Général du Mississippi qui défend la loi de l’État sur l’avortement. Le Gestational Age Act interdit l’avortement après 15 semaines de grossesse (cf. Etats-Unis : L’avortement devant la Cour suprême). Lynn Fitch a porté plainte devant la Cour suprême des Etats-Unis, afin d’invalider son arrêt « Roe vs. Wade » qui autorise l’avortement aux Etats-Unis « tant que le foetus n’est pas “viable”, soit vers 22 à 24 semaines de grossesse ».

    Pour Scott Stewart, représentant de l’Etat, « mettre un terme à “Roe v. Wade” permettra, comme avant 1973, à chaque Etat de décider d’autoriser ou non les avortements et de rendre “la décision au peuple” ». Car lorsque la Cour suprême a rendu son arrêt Roe contre Wade, « elle a créé une série de règles spéciales qui ont confisqué la politique de l’avortement en la maintenant derrière les tribunaux, où des juges non élus décident le sort des lois du peuple », estime Lynn Fitch.

    Une Cour divisée

    Les positions des magistrats sont partagées. « Une interdiction après 15 semaines ne me semble pas un changement énorme par rapport à la viabilité, c’est la règle adoptée par une majorité de pays », estime John Roberts, le chef de la Cour.

    De son côté le juge Brett Kavanaugh estime que la Cour devrait « être scrupuleusement neutre », et donc « laisser cette décision aux élus ». « Si les gens pensent que tout est politique, comment la Cour pourrait-elle survivre ?”, estime quant à elle Sonia Sotomayor. Le président Biden a confirmé son soutien au maintien de l’arrêt.

    Des lois annulées en justice

    Depuis l’arrêt « Roe vs. Wade », les Etats ont tenté d’élaborer de nouvelles lois promouvant notamment « la défense du caractère sacré de la vie et la protection de la santé des femmes », affirme Lynn Fitch. Mais, elles ont été annulées par le pouvoir judiciaire. (Cf. Avortement au Texas : la Cour suprême laisse la loi en vigueur ; Texas : la loi interdisant les avortements après 6 semaines bloquée temporairement par un juge).

    Les évolutions du droit, des politiques publiques et de la société ont offert aux femmes la possibilité de concilier vie professionnelle et vie de famille, indique le procureur. De même, les lois « Safe Haven » existent désormais dans tous les Etats. Elles permettent aux femmes de confier leur nouveau-né à un établissement.

    Ouvrir un véritable débat

    L’arrêt « Roe vs. Wade » a créé de fortes oppositions entre les Américains, déplore Lynn Fitch. Il a plongé la « société dans un chaos », en obligeant « les Américains à décider entre être pro-vie ou pro-choix ».

    « Confiante dans le peuple américain », elle se dit « certaine que lorsque la Cour renversera Roe, un débat honnête sur une politique juste s’ensuivra » Un débat « difficile » qui pourra aboutir à des conclusions variables d’un État à l’autre« Mais c’est le rôle que la Constitution nous a donné, à nous, le peuple, et c’est le rôle que la Cour doit nous rendre maintenant. »

     

    Sources : The Washington Post, Lynn Fitch (28/11/2021) ; AFP (01/12/2021)

  • RDC : il faut maintenant récupérer l’argent détourné et les biens mal acquis

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    jean-claude-mputu_0.jpgJean-Claude Mputu (politologue congolais issu de l’Université de Liège et porte-parole de la campagne CNPAV : le Congo n’est pas à vendre) a été interviewé par Christophe Rigaud – Journaliste, directeur du site Afrikarabia consacré à l'actualité en République démocratique du Congo (RDC) et en Afrique centrale :

    Afrikarabia : La corruption endémique qui sévit en République démocratique du Congo (RDC) n’est malheureusement pas un phénomène nouveau. Qu’apportent de plus les révélations de  « Congo Hold-up » ?

    Jean-Claude Mputu : Il y a tout d’abord l’étendue des révélations. Elles sont énormes. Et ensuite, il y a la précision dans les faits dénoncés. Les documents que révèlent « Congo Hold-up » montrent clairement l’importance d’un détournement organisé et systématisé par la famille de Joseph Kabila avec les moyens de l’Etat. Cela permet de retracer le circuit de certaines sommes d’argent qu’on soupçonnait avoir été détournées, mais pour lesquelles on n’avait pas tous les éléments et toutes les certitudes. Avec « Congo Hold-up » nous avons maintenant l’exactitude des faits. Nous pouvons maintenant dire qu’à telle date, telle somme a été retirée de tel compte et a été récupérée par telle personne dans telle banque. Cela nous permet de dire aujourd’hui aux autorités qu’elles n’ont plus d’autres choix que d’agir.

    Afrikarabia : Qu’est-ce que nous apprend « Congo Hold-up » par rapport au système de détournement d’argent public mis en place dans le passé par Mobutu ?

    Jean-Claude Mputu : Cette question est importante parce que les partisans de Joseph Kabila disaient « Mobutu a volé, Mobutu a pillé, pourquoi cela devient un problème pour Kabila ? » Pour moi, Mobutu était « un voleur de caisse ». Il prenait directement l’argent dans les caisses de l’Etat. Joseph Kabila est allé au-delà : il a privatisé les moyens de l’Etat. Il s’est approprié nos terres, nos mines, nos entreprises, nos dividendes et les a partagés avec sa famille. L’exemple le plus parlant, c’est le dossier Gertler, sur lequel nous travaillons depuis plusieurs années. Les actifs de la Gécamines ont été cédés à Dan Gertler, qui est très proche de Joseph Kabila. Gertler touche plus de 200.000 dollars par jour, et cet argent aurait dû être touché pour la Gécamines, donc par l’Etat congolais.

    Afrikarabia : Pourquoi n’y a-t-il pas eu de contrôle des institutions congolaises, mais aussi des bailleurs internationaux, comme les Nations-unies ? On apprend dans « Congo Hold-up » que l’argent versé par l’ONU aux casques bleus congolais qui intervenait en Centrafrique a été détourné.

    Jean-Claude Mputu : Au niveau de la RDC, évidemment, toutes les institutions étaient contrôlées par Joseph Kabila. Les gens avaient peur. La répression était systématique et brutale. De ce côté-là, il y a des « excuses ». Au niveau international, ce n’est qu’à la fin du mandat de Joseph Kabila que les bailleurs ont commencé à s’intéresser à l’homme, alors qu’avant, il était complètement « accompagné » par cette même communauté internationale. A un moment donné, Joseph Kabila a dû rompre avec la communauté internationale pour pouvoir développer son système de prédation. Il a même fini par refuser tous les contrôles exigés par les bailleurs.

    Afrikarabia : Qu’attendez-vous de ces révélations ?

    Jean-Claude Mputu : Nous attendons d’abord que le gouvernement, comme il l’a annoncé, puisse ouvrir des enquêtes, identifier les coupables, les poursuivre et les punir. Nous attendons aussi la récupération des biens détournés. Il y a bien eu quelques procès par le passé, mais nous n’avons jamais récupéré les biens. « Congo Hold-up » nous permet d’identifier certains biens, comme des bateaux, des immeubles, ou des entreprises achetés avec de l’argent public. Ces biens doivent revenir à l’Etat congolais. Nous comptons mettre en place un collectif d’avocats, avec « Le Congo n’est pas à vendre », afin de poursuivre ces personnes en justice et demander la restitution des biens mal acquis. Enfin, nous espérons que ces révélations permettront à la population congolaise une prise de conscience et d’exiger de nos responsables une certaine redevabilité. Il faut une fois pour toute, briser la chaîne de l’impunité et de la corruption des dirigeants politiques.

    Afrikarabia : La BGFI, la banque au coeur du scandale, a promis de rendre 43 millions de dollars. C’est un premier pas significatif selon vous ?

    Jean-Claude Mputu : C’est un premier pas malheureusement très insuffisant. Il faut d’abord qu’elle le fasse effectivement. Mais le problème, c’est que les autres co-auteurs de ce détournement de 43 millions de dollars, la Banque centrale (BCC) ou la société Egal, sont, comme par magie, exemptées des conséquences de leurs actes. C’est une solution trop facile. On rend 43 millions et on oublie tout le reste. Des centaines de millions de dollars sont en jeu. On veut une vraie justice, car c’est de l’argent des Congolais dont il s’agit.

    Afrikarabia : Le parquet vient d’ouvrir une information judiciaire. Joseph Kabila peut-il être mis en cause, ou seulement ses proches ?

    Jean-Claude Mputu : Beaucoup de ses proches sont impliqués, mais certaines des sociétés qui apparaissent dans « Congo Hold-up » ont pour principal actionnaire Joseph Kabila et ses deux enfants, comme « Egal » ou « Port de Fisher ». Sa responsabilité directe est engagée. Mais un problème juridique se pose avec la loi sur les anciens chefs de l’Etat, que Joseph Kabila lui-même a fait adopter à la fin de son mandat. Nos avocats vont d’ailleurs travailler sur ce sujet, mais de nombreux acteurs de la société civile demandent au parlement de réviser cette loi. C’est un bon indice pour voir si le pouvoir actuel a la volonté de mettre véritablement fin à l’impunité.

    Afrikarabia : De nouvelles révélations peuvent-elles toucher le pouvoir actuel ?

    Jean-Claude Mputu : C’est notre plus grand espoir. Il faut que le cycle de l’impunité soit brisé. La corruption qui continue aujourd’hui est tout aussi injustifiable que celle d’hier. On espère qu’il y aura des éléments, des preuves, notamment sur le dossier des « 100 jours ». On a vu que la justice était « imparfaite » sur cette affaire. Le temps est notre meilleur allié, et le temps va devenir le cauchemar de tous les corrompus de la République.

    Afrikarabia : Au vu de l’étendue des révélations de « Congo Hold-up », la justice peut-elle reculer ?

    Jean-Claude Mputu : Non, mais il faut faire attention avec la justice congolaise si les actes ne suivent pas. Il y a eu l’affaire des 15 millions, il y a eu le dossier des « 100 jours », il y a eu le dossier Covid. On assiste pour l’instant à une justice qui semble manipulée pour endormir le peuple. On se rappelle que dans l’affaire des 15 millions, un activiste a été menacé d’arrestation parce qu’il demandait des comptes au procureur pour savoir où en était le dossier ! La justice congolaise ne devrait pas reculer, mais cela fait des années qu’on demande qu’elle se comporte normalement… sans résultats. »

    Ref RDC : il faut maintenant récupérer l’argent détourné et les biens mal acquis

  • Le procès pour malversation au Vatican a un invité de marque : le cardinal Pell

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    Un article de Sandro Magister sur Settimo Cielo :

    Le procès pour malversation au Vatican a un invité de marque : le cardinal Pell
    Journal de prison

    *

    Alors qu'au Vatican, le procès du cardinal Giovanni Angelo Becciu et d'autres accusés approche de sa cinquième audience sans jamais vraiment commencer, aux États-Unis, le troisième et dernier volume du "Journal de prison", le journal intime du cardinal George Pell, a été publié.

    En substance, Pell désigne celui qui fut secrétaire d'État adjoint de 2011 à 2018 comme l'opposant le plus tenace à l'action de nettoyage et de mise en ordre des comptes du Vatican confiée en 2014 par le pape François à Pell lui-même, en tant que préfet du tout nouveau secrétariat à l'économie.

    On trouvera plus loin les pages du journal dans lesquelles Pell fait référence à cette résistance, qui avait son bastion dans la Secrétairerie d'Etat.

    Mgr Pell ne s'étend pas sur le fond du procès en cours au Vatican, qui concerne principalement l'achat malencontreux d'un palais à Londres par la Secrétairerie d'État. Il note simplement qu'il a senti dès le départ que l'opération était mauvaise et ne devait pas être faite, et qu'il l'a dit, malheureusement sans être écouté, et en étant lui-même rapidement déchu de ses pouvoirs.

    Il est donc compréhensible que, dans son journal, Pell se réjouisse du fait que cette malfaisance ait fini par être jugée, grâce aussi à l'"insistance" personnelle du pape François.

    Mais lorsque Pell écrivait son journal en prison, il ne pouvait certainement pas connaître ce procès, (qui en est à sa quatrième audience le 17 novembre), ni la structure décousue du système judiciaire, ni la violation flagrante des droits de la défense, ni les développements possibles, qui risquent d'impliquer et d'accabler la personne même du pape François.

    Car c'est précisément ce que l'audition du 17 novembre a fait ressortir.

    Lorsque le président du tribunal du Vatican, Giuseppe Pignatone, a commencé l'audience, les inconnues étaient déjà très nombreuses, comme le reconstitue point par point ce billet de la Catholic News Agency publié le matin même :

    > Procès des finances du Vatican : Que s'est-il passé jusqu'à présent et où va-t-il ?

    Mais voilà que Luigi Panella, avocat de la défense d'un des accusés, a extrait du témoignage rageur du principal accusateur du cardinal Becciu et des autres accusés, le prélat Alberto Perlasca, la phrase suivante du promoteur de justice Alessandro Diddi qui l'interrogeait : " Monseigneur, ce que vous dites n'a rien à voir. Nous sommes allés voir le Saint-Père et lui avons demandé ce qui s'était passé, et je peux douter de tout le monde sauf du Saint-Père". L'avocat Panella a toutefois objecté que "nous n'avons aucune trace de cet appel à témoin par le pape François", ce qui empêcherait la poursuite du procès.

    Après une suspension d'audience, Diddi a nié que le pape ait été "entendu sur procès-verbal" par les promoteurs de la justice, car ce qu'il avait dit lors de la conférence de presse dans l'avion le 26 novembre 2019 "sur le vol de la Thaïlande au Japon" (en réalité de Tokyo à Rome) leur suffisait déjà.

    Mais il est bien connu que François avait non seulement été tenu au courant de chaque étape de l'opération de Londres, l'approuvant même, mais qu'il était intervenu en personne au moins dans l'un des centres névralgiques de l'affaire, celui des négociations de la Secrétairerie d'État pour reprendre les parts du palace londonien encore en possession du courtier Gianluigi Torzi, finalement payé 15 millions d'euros. Et c'est précisément de cette négociation que parlait Perlasca, interrogé par Diddi, au moment de sa déposition rappelé par l'avocat Panella.

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  • RDC : des détournements à la mesure du « système Kabila »

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    Une importante fuite de données bancaires révèle que des millions de dollars ont été transférés à des proches de l’ancien président Joseph Kabila. Mais de nouvelles révélations doivent être faites risquant d’éclabousser l’ensemble de la classe politique congolaise largement corrompue. Lu sur le site web « Afrikarabia » :

    « Les soupçons de détournements de fonds dans l’entourage de l’ancien président Joseph Kabila ne sont pas une découverte après les révélations des Panama Papers, de Bloomberg, Global Witness ou du Centre Carter. Mais la colossale enquête « Congo hold-up », menée par un collectif de 19 médias et 5 ONG, révèle de nouveaux cas de fraudes, et surtout décrypte le mode opératoire de ces détournements. Dans les premières enquêtes, réalisées à partir de la fuite de plus de 3,5 millions de données bancaires, le montant des sommes détournées par Joseph Kabila et son entourage s’élèverait à 138 millions de dollars entre 2013 et 2018. Des fonds publics qui seraient tombés directement dans les poches de l’ancien président et de ses proches.

    Une banque, une société écran et des institutions sous contrôle

    Pour opérer ce hold-up sur l’argent destiné à l’Etat congolais, le système révélé par le collectif d’enquêteurs repose sur trois piliers : une banque contrôlée par la famille de Joseph Kabila (le BGFI Bank RDC) une société écran (Sud Oil) gérée également par la galaxie Kabila, et des institutions étatiques (Banque centrale, ministères… ) peu regardantes, voir complices, des malversations. Pour détourner 138 millions de dollars, et braquer les propres caisses de son Etat, Joseph Kabila a d’abord placé des personnes de confiance à la tête d’une banque privée, la BGFI Bank RDC. Cette filiale congolaise d’un groupe bancaire dont la maison mère se trouve au Gabon, était en effet dirigée par Francis Selemani Mtwale, le frère adoptif de l’ancien président. Et à l’ouverture de la filiale en 2010, la sœur de Joseph Kabila, Gloria Mteyu, s’est vue proposer gracieusement 40 % du capital.

    Détournements mode d’emploi

    Arrêtons-nous sur une partie de l’enquête menée notamment par Mediapart et RFI en France. Elle montre comment le clan Kabila aurait détourné 92 millions de dollars à des institutions publiques, stocké cet argent sur les comptes d’une société écran et enfin, retiré du cash auprès d’une banque « amie », la BGFI, contrôlée par une soeur et un frère adoptif de l’ex-président. Pour trouver où détourner l’argent, le camp Kabila a de l’imagination. Il se tourne d’abord vers l’ONU, qui verse 7,3 millions de dollars pour financer une mission de casques bleus congolais en Centrafrique. L’argent est alors versée à l’ambassade de RDC aux Nations unies, qui reverse 6,8 millions à l’Etat, via la Banque centrale du Congo (BCC) sur son compte… à la BGFI. « Si les 7 millions ont bien été versés à l’ambassade, le Congo n’en a jamais vu la couleur » explique Mediapart. Le virement atterrit directement sur les comptes de Sud Oil, une société fantôme proche de Kabila.

    CENI, Fonersiphonnés

    Autre tour de passe-passe. Pour organiser les élections de 2016, qui auront finalement lieu en 2018, la Commission électorale (CENI), emprunte 25 millions de dollars à la BGFI. Les frais font gagner à la banque « amie » 1 million de dollars. Le même jour, la BGFI emprunte de nouveau la même somme, cette fois-ci manuellement, et empoche encore 1 million de dollars, qui part… sur les comptes de Sud Oil. Mais ce n’est pas fini. L’argent du Foner, l’agence publique qui construit les routes au Congo, intéresse également l’ancien président. « Elle possède plusieurs comptes à la BGFI » affirme Mediapart, qui révèle que le Foner « émet 5 transactions importantes entre décembre 2014 et janvier 2015 vers un compte interne de la BGFI » : 852.000 dollars, puis deux fois 594.000 dollars, 586.000 et enfin, près de 600.000 dollars. Les 3,2 millions de dollars auraient dû transiter d’un compte du Foner à l’autre. Mais en fait, La BGFI vire la somme sur deux autres comptes : Sud Oil et sa filiale, Kwanza Capital.

    Banque centrale et Gécamines ponctionnées

    « La Banque centrale du Congo (BCC) a elle aussi financé la famille Kabila » dénonce Mediapart. 30 millions de dollars « disparaissent étrangement » d’un compte de la BGFI pour réapparaître sur un autre compte de Sud Oil… du même montant. La Gécamines, le géant minier congolais, est elle aussi mise à contribution. En 2016, elle décide de payer ses impôts en avance. Depuis son compte à la BGFI, elle vire 2 millions de dollars à la BCC. Sauf que le virement tombe directement chez Sud Oil, « avec un libellé différent, pour brouiller les pistes ». En 2018, les comptes de la BGFI sont audités. Panique chez les Kabila, qui décident de « nettoyer » les opérations frauduleuses. La BGFI renvoie les 2 millions touchés par Sud Oil à la Gécamines et envoie les impôts à la banque centrale. Le vent du boulet n’est pas passé loin. Mais l’enquête « Congo hold-up » révèle la fraude. La Plateforme de protection des lanceurs d’alerte en Afrique (PPLAAF), les journalistes et les ONG partenaires de l’enquête ont également détecté une somme de 33 millions de dollars qui a été déposée en espèces à la BGFI, ainsi que 72 millions de dollars « d’origine inconnue », qui ont transité par un compte de la BGFI à la Banque centrale du Congo.

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  • RDC : « Nini tosali te » ? Que n’avons-nous pas fait (depuis soixante et un ans)…

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    Au Congo, la voix protestataire de l’Eglise elle-même s’est tue. Faute de grives, place aux merles chansonniers. Lu sur le site web Afrikarabia :

    " La censure est-elle de retour en République démocratique du Congo ? Le communiqué de la Commission de censure des chansons et des spectacles (CNCCS) semble pourtant sortir d’un autre temps. L’institution, qui dépend du ministère de la Justice, vient en effet d’interdire la diffusion à la radio et à la télévisons des chansons d’artistes congolais : « Nini tosali te » du groupe MPR et plusieurs titres de Bob Elvis, dont « Lettre à ya Tshitshi ». La Commission reproche aux artistes de n’avoir pas présenté le clip vidéo avant sa diffusion publique. Mais la décision de la CNCCS est vite apparue aux yeux des Congolais comme un acte de censure du gouvernement contre des chansons très critiques contre le pouvoir de Kinshasa.

    Vivre ou survivre au Congo

    Avec plus de 800.000 vues sur Youtube en seulement quatre jours, le titre de MPR, « Nini tosali te » (« Que n’avons nous pas fait ») est vite devenu viral sur les réseaux sociaux. Le clip raconte l’histoire d’un enfant qui se rêve médecin, mais qui une fois ses études terminées ne trouve pas de travail. Il est obligé de mendier pour payer ses transports et ne peut pas soigner sa mère malade. La chanson dénonce les difficultés des Congolais qui se sacrifient pour vivre ou survivre… sans travail, sans accès à l’eau à l’électricité, ou à la santé.

    « La plupart des hommes politiques sont sans vision »

    Le titre de MPR dresse un constat désabusé de la situation du pays et accuse les politiques. « Soixante et un an d’indépendance, mais nous sommes toujours à la traîne », peut-on entendre dans les paroles. « Je ne suis plus très enthousiaste quand il faut aller voter. Elections ou pas, c’est pareil ! La famine nous colle à la peau comme une seconde nature. Les députés au parlement passent le plus clair de leurs temps à festoyer. La plupart des hommes politiques sont sans vision. Ils font beaucoup de promesses, une fois qu’ils trouvent leurs comptes, ils vous tournent le dos ».

    « Les ministres se sont rendus à Goma pour des selfies »

    Dans l’autre clip interdit par la Commission de censure, « Lettre à ya Tshitshi », le chanteur Bob Elvis écrit à l’opposant historique Etienne Tshisekedi, le père de l’actuel président congolais. Et là encore, l’artiste a la dent dure contre le nouveau pouvoir de Kinshasa. « Y Tshistshi (le surnom d’Etienne Tshisekedi), depuis que tu es parti, ton fils Félix est devenu président de la République. Mais où est « le peuple d’abord » ? Ces députés sont de plus en plus inconscients. Ils ne défendent que leurs intérêts au Parlement. La guerre dans l’est du pays continue. Le volcan Nyiragongo a fait éruption. Mais les ministres se sont rendus à Goma pour des selfies ». Bob Elvis dénonce enfin les promesses non tenues du nouveau président.

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