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Livres - Publications - Page 38

  • "S'attendre à la disparition du catholicisme d'ici une génération..."

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    Du Père Louis Bouyer, ces propos publiés en 1969 dans "La décomposition du catholicisme" résonnent étrangement aux oreilles d'un catholique d'aujourd'hui (source) :

    Le pontificat de Jean XXIII, puis le Concile avaient paru inaugurer pour l'Eglise catholique un renouveau inespéré, sinon inespérable. En fait, il semblait que la redécouverte de la Bible et des Pères de l'Eglise, le mouvement liturgique, l'œcuménisme, et, par un retour aux sources de la théologie et de la catéchèse, une redécouverte de l'Eglise dans sa tradition la plus authentique conjuguée avec une ouverture décidée aux problèmes du monde contemporain : scientifiques, culturels, sociaux — il semblait que toutes ces choses qui, jusque-là, étaient restées le fait d'une petite élite, facilement suspectée en haut-lieu et encore peu influente dans la masse, allaient soudainement, ou tout au moins rapidement, gagner tout le corps après s'être imposées à ses chefs.

    Quelques années seulement ont passé depuis, mais, il faut l'avouer, la suite des événements ne semble pas, jusqu'ici, avoir beaucoup répondu à cette attente. A moins de se boucher les yeux, il faut même dire franchement que ce que nous voyons ressemble bien moins à la régénération escomptée qu'à une décomposition accélérée du catholicisme. Un homme politique français de premier plan, qui est chrétien mais n'appartient pas à l'Eglise catholique, parlant à quelques-uns de ses coreligionnaires sur les suites du Concile, leur disait, si j'en crois ce que l'un d'eux m'a répété, qu'on devait s'attendre maintenant à la disparition du catholicisme d'ici une génération. Cette opinion d'un observateur, sans doute peu sympathique à son objet mais certainement bien informé, sans passion et lucide, ne peut être écartée d'un revers de main.

    Sans doute, une longue expérience a montré que les prophéties de ce genre, souvent renouvelées dans le passé, sont bien téméraires. L'historien Macaulay observait au siècle dernier que le catholicisme avait survécu à tant de crises et de si graves qu'on ne pouvait plus imaginer maintenant ce qui pourrait bien amener sa ruine définitive. Mais il serait trop facile pour les catholiques de se rassurer par de telles paroles, pour replonger dans la torpeur onirique à laquelle, aujourd'hui comme par le passé, ils ne sont que trop enclins. Sans vouloir rien dramatiser, il faut reconnaître que nous en sommes arrivés une fois de plus (et peut-être plus que jamais) à l'un de ces tournants de l'histoire où, si la Providence veut une fois de plus nous secourir, elle ne le fera qu'en suscitant parmi nous des hommes dont la lucidité soit à la hauteur des circonstances, et le courage égal à la pénétration.

    C'est d'abord de voir clair en nous-mêmes que nous avons besoin. A cet égard, il semble que nous ayons seulement échangé, ces derniers temps, une forme paralysante d'autosatisfaction pour une euphorie plus pernicieuse encore. Le « triomphalisme » de naguère, justement dénoncé, nous faisait saluer comme une succession de victoires les échecs les plus hâtivement colmatés, quand ce n'était pas camouflés. Nous pouvons rire de ce style, brusquement devenu désuet, de nos « Semaines religieuses ». Mais la nouvelle presse catholique n'a pas été longue à secréter un « néo-triomphalisme » qui ne vaut guère mieux, et qui peut être pire.

    Un hebdomadaire français, qui se dit « catholique », en venait récemment à nous apprendre que le renouveau post-conciliaire n'a pas encore vraiment pénétré l'Eglise d'Espagne, d'après ce critère : le nombre des vocations sacerdotales et religieuses n'y a pas beaucoup diminué ! Quand on en est arrivé à ce point de vue de Knock, où les signes de santé persistants sont interprétés comme des symptômes d'une gravité particulière, il faut que le mal soit bien avancé..., mais c'est l'esprit du médecin qui est évidemment le plus malade ! Ce petit trait, qui pourrait paraître simplement comique, est révélateur d'un des aspects les plus significatifs de la crise où nous sommes. Je ne sais si le Concile, comme on le dit, nous a délivrés de la tyrannie de la Curie romaine, mais ce qu'il y a de sûr c'est que, volens nolens, il nous a livrés, après s'être livré lui-même, à la dictature des journalistes, et particulièrement, des plus incompétents et des plus irresponsables.

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  • Retour aux années 60 ? Quand l'Académie pontificale pour la vie veut revoir la doctrine sur la contraception sexuelle

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    De Jonathan Liedl sur le National Catholic Register :

    Retour aux années 60 ? L'Académie pontificale pour la vie pousse à s'écarter de la doctrine sur la contraception sexuelle

    Un document rompt avec cinq décennies d'enseignement papal post-conciliaire ; ses partisans pressent le Pape François de rendre ses revendications officielles.

    13 juillet 2022

    Il y a cinquante-cinq ans, le pape Paul VI promulguait Humanae Vitae, une encyclique qui clarifiait sans équivoque l'opposition permanente de l'Église à la contraception artificielle. Bien que cet enseignement se soit heurté à la résistance de plusieurs théologiens et même d'évêques à l'époque, il a été réaffirmé et développé par les enseignements papaux ultérieurs, depuis Evangelium Vitae de saint Jean-Paul II jusqu'à la version actuelle du Catéchisme de l'Église catholique récemment révisée par le pape François, qui décrit cette pratique comme "intrinsèquement mauvaise".

    Aujourd'hui, un institut du Vatican, ironiquement créé à l'origine par le grand pape et saint polonais décédé, pousse à un "changement de paradigme" dans la théologie morale qui inclurait un abandon de l'enseignement établi sur la contraception, mais aussi sur l'euthanasie et les formes de conception artificielle.

    Les révélations sont incluses dans un texte récent publié par l'Académie Pontificale pour la Vie (APV), un groupe de réflexion ecclésial établi par Saint Jean Paul en 1994 pour étudier et fournir des conseils "sur les principaux problèmes de la biomédecine et du droit, relatifs à la promotion et à la défense de la vie, surtout dans la relation directe qu'ils ont avec la moralité chrétienne et les directives du Magistère de l'Eglise". 

    L'APV vient de publier 'Theological Ethics of Life : Scripture, Tradition, and Practical Challenges', une synthèse de 528 pages des actes d'un séminaire théologique organisé par l'APV en 2021; elle la décrit comme "une contribution qui élabore une vision chrétienne de la vie en l'exposant dans la perspective d'une anthropologie appropriée à la médiation culturelle de la foi dans le monde d'aujourd'hui". 

    "Un changement radical"

    L'introduction du texte, rédigée par Mgr Vincenzo Paglia, président de l'Académie depuis 2016, décrit le "changement de paradigme" de la théologie morale qu'il introduit comme "à la fois descriptif et conceptuel, car il suit un schéma à la fois argumentatif et narratif, théorique et sapientiel, phénoménologique et interprétatif." 

    "Le texte opère un changement radical, passant pour ainsi dire de la sphère au polyèdre", écrit Mgr Paglia. "Il ne s'agit pas d'un manuel de formules ou d'un catalogue de cas qui peuvent être sortis du contexte de l'argumentation globale. Il s'agit plutôt d'une exposition fondamentale de la vision chrétienne de la vie, illustrée dans ses aspects existentiels les plus pertinents pour la nature dramatique de la condition humaine et abordée dans la perspective d'une anthropologie appropriée à la médiation culturelle de la foi dans le monde d'aujourd'hui."

    Une partie de ce changement par rapport aux approches précédentes de la théologie morale est liée, selon le texte, aux critères directeurs du "dialogue élargi", qui incorpore intentionnellement les perspectives non seulement de diverses positions théologiques, mais aussi de non-catholiques et de non-croyants.

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  • La "guerre de la succession conciliaire" selon George Weigel

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    De George Weigel (*) sur le National Catholic Register :

    La guerre de succession conciliaire, suite

    La vraie question est l'interprétation correcte du Concile, qui n'avait pas l'intention de réinventer le catholicisme comme une autre espèce de protestantisme libéral.

    13 juillet 2022

    Bien que je n'aie jamais été capable de me souvenir des détails de la guerre de succession d'Espagne (1701-1714) et de la guerre de succession d'Autriche (1740-1748), j'ai repris ces surnoms pour désigner une lutte majeure sur la signification du concile Vatican II : la "guerre de la succession conciliaire". 

    Comme je l'ai expliqué dans mon livre, The Irony of Modern Catholic History, la guerre de succession conciliaire n'était pas une bagarre entre les stéréotypes catholiques "traditionalistes" et catholiques "libéraux". Il s'agissait plutôt d'une bataille dans les rangs des théologiens réformateurs de Vatican II, qui a éclaté alors que le Concile était encore en cours. Elle a fini par diviser le camp réformiste en partis hostiles dont les positions contrastées ont été affinées et débattues dans deux revues, Concilium et Communio. 

    Concilium a été lancé pendant le Concile par certains des penseurs les plus influents qui conseillaient les évêques. Communio a commencé à paraître en 1972 ; ses fondateurs comprenaient des théologiens qui avaient joué un rôle important dans l'élaboration des principaux documents du Concile, mais qui pensaient que leurs collègues de Concilium avaient mal compris à la fois l'intention du pape Jean XXIII pour Vatican II et l'enseignement réel du Concile. Au centre du projet Communio se trouvait un théologien bavarois nommé Joseph Ratzinger. 

    Communio voyait dans Vatican II un concile de réforme au sein de la tradition qui a développé la tradition catholique, confirmée par le synode des évêques en 1985 et par le magistère du pape Jean-Paul II, que Ratzinger a ensuite amplifié dans son propre enseignement papal. Ainsi, en tant que pape Benoît XVI, il a abordé sans détours les controverses au sein de la division Concilium/Communio dans son discours de Noël 2005 à la Curie romaine, dans lequel il a vivement critiqué ceux qui "lisent" le Concile comme une rupture avec le passé catholique - ce que certains appellent aujourd'hui un "changement de paradigme".  

    Des questions profondes ont déclenché la guerre de succession conciliaire, et ces questions restent urgentes pour l'Église aujourd'hui. 

    La Révélation divine est-elle réelle et contraignante dans le temps, ou l'expérience contemporaine autorise-t-elle l'Église à changer ou à modifier ce que Dieu a déclaré être vrai dans l'Écriture et la Tradition (concernant, par exemple, la permanence du mariage sacramentel, ou l'expression correcte de l'amour humain, ou le sacerdoce de la Nouvelle Alliance et ceux qui peuvent y être ordonnés) ? L'Église catholique est-elle une confédération peu structurée d'Églises locales qui peuvent légitimement suivre leurs propres voies doctrinales et morales ? Ou bien l'Église est-elle vraiment "catholique", ce qui signifie que les expressions locales du catholicisme doivent toujours confesser "un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême" (Éphésiens 4:5) avec l'Église universelle ? Jésus-Christ est-il l'unique sauveur et rédempteur, de sorte que tous ceux qui sont sauvés le sont par le Christ, même s'ils ne le connaissent pas ? Ou Jésus est-il une expression parmi d'autres d'une volonté divine générique de sauver qui se manifeste à travers divers maîtres spirituels au fil du temps ? La tâche fondamentale de l'Église est-elle la sanctification du monde ou un dialogue avec le monde ?

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  • Cardinal Sarah : "La vie, si elle n'est pas spirituelle, n'est pas vraiment humaine"

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    Le cardinal Sarah a été interviewé par Charlotte d'Ornellas dans Valeurs Actuelles. Le site Primeros Cristianos l'a publié en espagnol le 11 juillet ; nous le reprenons via ce site.

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    Robert Sarah - "La vie, si elle n'est pas spirituelle, n'est pas vraiment humaine".

    L'Occident ne peut plus se tenir debout car il ne sait plus s'agenouiller.

    Préoccupé par le mépris de la modernité pour les âmes, le cardinal Robert Sarah vient de publier un Catéchisme de la vie spirituelle à propos duquel Charlotte d'Ornellas l'a interviewé dans Valeurs Actuelles :

    Vous avez écrit un nouveau livre intitulé Catéchisme. Non pas de l'Église, mais de notre vie spirituelle... Pourquoi avez-vous ressenti le besoin d'écrire sur ce sujet ?

    La vie spirituelle est la chose la plus intime, la plus précieuse que nous ayons. Sans elle, nous sommes des animaux malheureux. Je voulais souligner ce point : la spiritualité n'est pas un ensemble de théories intellectuelles sur le monde. La spiritualité est une vie, la vie de notre âme.

    "Je voyage dans le monde entier depuis des années, rencontrant des personnes de toutes cultures et de tous horizons. Mais je peux affirmer une constante : la vie, si elle n'est pas spirituelle, n'est pas vraiment humaine. Il devient une attente triste et angoissante de la mort ou une fuite dans la consommation matérialiste. Saviez-vous que pendant l'enfermement, l'un des mots les plus recherchés sur Google était le mot "prière" ?

    "Nous nous sommes occupés de l'économie, des salaires, des soins de santé, c'est bien ! Mais qui a pris soin de son âme ?

    "J'ai voulu répondre à cette attente inscrite dans le cœur de chacun. C'est pourquoi j'ai choisi ce titre, Catéchisme de la vie spirituelle. Un catéchisme est un recueil de vérités fondamentales. Elle a un but pratique : être un point de référence incontestable au-delà du flux des opinions. En tant que cardinal de l'Église catholique, j'ai voulu donner à tous un point de référence pour les fondements de la vie de l'âme, de la relation de l'homme avec Dieu.

    Vous aviez déjà écrit un livre sur le pouvoir du silence. Dans ce livre, vous continuez à insister beaucoup sur la nécessité vitale de trouver le silence. Qu'est-ce que nous pouvons trouver de si important dans le silence ?

    Permettez-moi de retourner la question : que pouvons-nous trouver sans le silence ? Le bruit est partout. Il n'y a pas que dans les villes animées, enveloppées par le vrombissement des moteurs ; même à la campagne, il est rare de ne pas être hanté par un fond musical intrusif. Même la solitude est colonisée par les vibrations du téléphone portable.

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  • Avec le feu vert à la fécondation in vitro, l'Académie Pontificale pour la Vie rompt avec le Magistère

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    De Luisella Scrosati sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana :

    Avec le feu vert à la FIV, l'Académie Pontificale pour la Vie rompt avec le Magistère

    12-07-2022

    Après la contraception, dans le texte de base Éthique théologique de la vie, l'Académie pontificale pour la vie entame également le processus d'autorisation de l'insémination artificielle homologue. Le seul problème moralement pertinent est celui des embryons surnuméraires, mais le texte de base "simplifie" le tout, en établissant a priori que lorsqu'il y a un problème de stérilité, toute forme de PMA est licite puisque les rapports sexuels et la génération ont déjà été séparés de la condition de stérilité. Une chose déjà condamnée par le Magistère que Mgr Paglia ne veut pas voir ou fait semblant de ne pas voir. 

    Comme prévu mardi dernier (voir ici), outre la contraception (voir ici), l'Académie pontificale pour la vie a également "entamé le processus" d'autorisation de la fécondation artificielle homologue.

    Ainsi le § 173 (p. 305 du volume) du texte de base Éthique théologique de la vie publié par Libreria Editrice Vaticana : " Dans la procréation assistée homologue sous ses diverses formes, en évitant évidemment d'obtenir des "embryons surnuméraires", la génération n'est pas artificiellement séparée du rapport sexuel, car ce dernier est "en soi" infertile. Au contraire, la technique agit comme une forme de thérapie qui permet de remédier à la stérilité, non pas en se substituant au rapport sexuel, mais en permettant la génération".

    Donc, feu vert à toutes les formes de PMA homologue. Le seul problème moralement pertinent semble être celui des embryons surnuméraires, tandis que disparaît l'idée que certaines formes de PMA posent des problèmes moraux à différents niveaux : le mode de prélèvement du sperme, la proximité de l'acte conjugal, le type de technique utilisée pour la fécondation. Le texte de base "simplifie" le tout, en établissant a priori qu'en cas de problème de stérilité, toute forme de PMA est licite puisque le rapport sexuel et la génération sont déjà séparés de la condition de stérilité ; pour cette raison précise, il ne serait plus nécessaire de vérifier que l'intervention technique préserve l'inséparabilité des significations unitive et procréative.

    Il est maintenant clair que le "Nouveau Cours" de l'Académie Pontificale pour la Vie, en organisant ce séminaire et en se cachant derrière l'importance de l'écoute et de la discussion, veut en fait renverser ce que le Magistère de l'Eglise a déjà établi. En effet, le texte de l'Instruction Donum Vitae était déjà très clair sur le cas des conjoints qui désirent légitimement des enfants, mais ne peuvent pas en avoir ; tout comme il était également clair que le problème des embryons surnuméraires est bien réel, mais toujours distinct de celui de la technique de fécondation artificielle utilisée. Car, pour une évaluation morale, le procédé technique utilisé " doit être jugé en lui-même, et ne peut emprunter sa qualification morale définitive ni à l'ensemble de la vie conjugale dans laquelle il s'inscrit, ni aux actes conjugaux qui peuvent le précéder ou le suivre " (II, 5).

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  • A propos de la synthèse nationale du processus synodal en Belgique

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    De FSSPX.NEWS :

    La synthèse nationale du processus synodal en Belgique

    8 juillet 2022

    L’Eglise de Belgique a publié la « Synthèse du processus synodal dans l’Eglise de Belgique », en date du 6 juillet 2022, qui réunit les éléments apparus dans les divers groupes concernés, au cours des réunions organisées en préparation du Synode mondial sur la synodalité.

    Selon ce rapport, « le nombre de participants au processus synodal diocésain oscille dans chaque diocèse entre 2.000 et 4.000 ». Ce qui signifie que le nombre de participants ne doit pas dépasser30.000. Sachant que plus d’un million de personnes se déclarent catholiques pratiquantes.

    Seul un petit nombre de catholiques a donc répondu à la mobilisation du synode mondial. Mais cela n’est pas étonnant, car le phénomène touche tous les pays.

    Des cahiers de doléance rédigés de la même encre

    Il est encore moins étonnant de constater que le contenu ressemble fortement aux résultats enregistrés dans divers pays d’Europe et d’ailleurs. A croire que les rédacteurs se sont copiés les uns les autres. En fait, le résultat vient de deux modèles, identiques pour tous : le Chemin synodal allemand, et la sécularisation qui fait concevoir l’Eglise sur le moule des sociétés contemporaines.

    Ainsi, « l’Eglise est perçue par de nombreux croyants comme dotée de structures cléricales et trop hiérarchisées. Elle est ressentie comme moralisante, formaliste, éloignée de la vie des gens et intrusive » est-il noté sous le paragraphe « Défis ».

    Ce qui ajoute du sel à cette remarque c’est que « des pratiquants réguliers témoignent d’une relative méconnaissance de ce qu’est l’Eglise et la jugent sévèrement ». Ainsi, des fidèles qui ignorent leur catéchisme, sont consultés sur la structure de l’Eglise, fixée par Dieu lui-même !

    Plus loin, il est remarqué que « beaucoup soulignent l’ambivalence d’une Eglise qui parle d’un Dieu amour, proclame l’Evangile et d’autre part exclut des personnes sur base de leur orientation, en raison de certains choix de vie ». Et le complément vient plus loin : « beaucoup ressentent que le message de l’Eglise ne correspond pas à la vie des gens dans notre société actuelle ».

    Quel résultat ! Au lieu de s’efforcer d’enseigner la vérité, qui n’est autre que le Christ lui-même, il faudrait l’adapter à la vie moderne, plongée dans l’incohérence et le péché.

    Le gouvernement de l’Eglise doit être réformé

    Tout comme dans le Chemin synodal, le texte voudrait faire du gouvernement ecclésiastique un décalque de la démocratie moderne. Qu’on en juge.

    Une plainte revient souvent : « beaucoup se plaignent des abus de pouvoir. Cette maladie du cléricalisme est dangereuse car infantilisante ». C’est le triomphe du « cléricalisme », lancé et popularisé par le Pape, qui sert à stigmatiser toute autorité, quelle qu’elle soit.

    « La position de l’Eglise sur le célibat obligatoire des prêtres est souvent contestée. Le questionnement sur la place des femmes dans l’Eglise catholique revient de manière récurrente. La discipline actuelle de l’Eglise n’est pas comprise. » La faute à qui ?

    Enfin, « les structures formelles de l’Eglise sont encore jugées trop cléricales, de même que la formation des prêtres. L’Eglise a deux générations de retard. »

    Les solutions proposées

    Rendre les églises accueillantes pour toutes et tous. Mais aussi, « pour certains, l’écologie intégrale est une piste missionnaire pour l’avenir et devrait prendre plus de place ». Amazoniser l’Eglise, en somme.

    Autre proposition : « Le besoin urgent d’utiliser un langage renouvelé et contemporain – en abandonnant les expressions culpabilisantes et moralisatrices – est évoqué massivement ». Discuter, dialoguer, oui ; mais recevoir l’enseignement de Jésus-Christ, non.

    La preuve arrive plus loin : « durant le processus synodal, une grande attention a été accordée au lien entre l’Eglise et l’enseignement. (…) Il ressort que ce lien ne va plus de soi. » CQFD.

    Et tout naturellement revient la question du mariage des prêtres et du sacerdoce féminin : « Tout comme dans les Eglises catholiques orientales, le mariage devrait être possible pour les prêtres dans l’Eglise catholique romaine. » Le fait que cet état soit le fruit de la falsification d’un concile et qu’il soit très tardif, n’a sans doute pas effleuré les impétrants.

    « Nous souhaitons qu’une réflexion plus approfondie soit entreprise, afin que l’Eglise catholique puisse reconnaître dans le futur la vocation des femmes au sacerdoce. Exclure certains sujets de l’agenda théologique va à l’encontre d’une culture synodale dans notre Église. »

    Il faudrait suggérer d’étudier la possibilité de deux personnes en Jésus-Christ, de quatre personnes en Dieu, de la négation de l’Immaculée conception, de la possibilité de voler voire de tuer son prochain… Car nous sommes dans le même domaine : le dogme. Mais les pasteurs belges n’ont pas été capables – ou bien ont eu peur – d’enseigner leurs brebis.

    Enfin, dernière proposition : « Pour les couples qui cohabitent, pour les couples homosexuels et pour les personnes divorcées et remariées, il est demandé que l’Eglise réponde à leur demande de reconnaissance (rituelle et sociale) à partir d’une interprétation des relations et de la sexualité plus conforme au commandement de l’amour. »

    Conclusion

    Ce qui préoccupe les participants, ainsi que les pasteurs qui ont validé cette synthèse, est exprimé dans la conclusion : « Le sentiment que le message de l’Eglise ne correspond pas à la vie des gens dans notre société actuelle est aussi largement partagé. Nous ne parvenons pas à donner aux personnes qui ne partagent pas la foi chrétienne, un témoignage inspirant de ce qui nous anime. »

    Ce qui inspire une double réflexion :

    – il serait étonnant que l’Eglise postconciliaire, restée à une vision très datée de la société, et sclérosée par une réforme qui a tué de nombreux germes de vie surnaturelle, en particulier le catéchisme traditionnel, et enfin marquée par une réforme liturgique désastreuse, soit en mesure de proposer un véritable témoignage de la vie chrétienne ;

    – secondement, il est tout à fait normal que le message de l’Eglise ne corresponde pas à la société actuelle, enfoncée dans le matérialisme, l’athéisme, les perversions de tout genre, et le rejet de tout ce qui a le nom de chrétien. Mais ce n’est pas à l’Eglise de s’adapter : elle doit convertir les âmes pour leur procurer le salut éternel. C’est bien cela qui manque tragiquement dans ces pages.

  • Le programme d’un nouveau pontificat à discuter lors du prochain conclave

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    Un article de Sandro Magister, vaticaniste à L’Espresso, en traduction française sur Diakonos.be :

    4 juillet 2022

    Vers le conclave. Le manifeste du cardinal Sarah

    Les objectifs révolutionnaires du synode d’Allemagne dépassent ses frontières, comme on a pu le voir dans un précédent article de Settimo Cielo. Et ils n’ont rien de très original. Ils sont nés hors de l’Église et lui été imposé par la culture dominante en Occident.

    C’est d’ailleurs ce que confirment clairement deux analyses très critiques de l’état actuel de l’Église, sorties ces derniers jours sous la plume d’observateurs externes très représentatifs : Danièle Hervieux-Léger, la doyenne des sociologues français dans « Le Monde », et James Carroll, dans « Politico Magazine ».

    L’un et l’autre s’accordent pour pointer du doigt le « système clérical » comme état la source la plus profonde du désastre. Et pour démolir ce système, ils réclament des prêtres mariés, des femmes prêtres, une nouvelle morale sexuelle, un gouvernement démocratique de l’Église, c’est-à-dire les mêmes objectifs que le synode allemand a recopiés, en bon petit élève.

    Ces deux analystes se disent déçus du Pape François. À leurs yeux, il a ouvert des brèches, mais il n’a pas eu le courage de faire ce que la modernité attendait de lui. Il a préféré « se replier sur une stratégie des petits pas ».

    Et c’est vrai. François lui-même a déclaré à plusieurs reprises que l’important pour lui, c’est de lancer des processus, pas de les conclure, parce que « le temps est supérieur à l’espace ». Ce qui explique pourquoi il laisse aller les choses, parfois en ralentissant ou en faisant une pause, mais toujours en faisant miroiter un horizon de réforme parfois radicales, vers lequel on avance de toute manière. Quitte à brûler quelques ponts derrière lui.

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  • Au Vatican : "un changement radical de paradigme dans la réflexion théologique"

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    De Luisella Scrosati sur la Nuova Bussola Quotidiana :

    Vatican, la course à la contraception et à la fécondation assistée commence

    05-07-2022

    La publication d'un volume rassemblant les actes d'un colloque organisé par l'Académie pontificale pour la vie, est l'occasion d'ouvrir un nouveau "processus" visant à modifier la morale catholique : dans le collimateur, la légitimation de la contraception et de l'assistance médicale à la procréation (AMP) homologue. Monseigneur Paglia : "C'est ainsi que nous faisons progresser la bioéthique théologique".

    Au Vatican, les processus continuent d'être ouverts dans le sillage de la ligne inaugurée par Amoris Laetitia. Le volume 'Éthique théologique de la vie. Écriture, Tradition, Défis pratiques', publié par Libreria Editrice Vaticana, qui vient de paraître, rassemble les fruits d'un Séminaire interdisciplinaire de trois jours, promu par l'Académie Pontificale pour la Vie ; un Séminaire qui, selon son Président, Mgr Vincenzo Paglia, serait unique (voir ici), car il visait à "mettre en dialogue [...] des opinions différentes sur des sujets même controversés, en proposant de nombreux points de discussion. La perspective est donc celle de rendre un service au Magistère, d'ouvrir un espace de parole qui rende la recherche possible et l'encourage. C'est ainsi que nous interprétons le rôle de l'Académie". Tout cela, évidemment, dans un climat de liberté d'expression et, selon Paglia, "avec une procédure analogue aux quaestiones disputatae : proposer une thèse et l'ouvrir au débat". Et le débat peut permettre d'entrevoir de nouvelles voies, de faire progresser la "bioéthique théologique".

    Et en effet, la bioéthique théologique progresse, mais il semblerait qu'elle se dirige vers le précipice. En effet, le 1er juillet, une première indiscrétion a fait surface (voir ici), qui allait révéler l'un des " objectifs " de la nouvelle édition des quaestiones disputatae médiévales : réviser la très détestée " interdiction " de la contraception. Le volume, que nous nous réservons de lire dès qu'il sera disponible, soutiendrait la thèse selon laquelle, dans " des conditions et des circonstances pratiques qui rendraient irresponsable le choix d'engendrer ", on pourrait recourir " avec un choix judicieux " à des techniques contraceptives, " excluant évidemment les techniques abortives ".

    La nouvelle, qui n'a pas encore reçu de démenti, est en nette opposition avec l'enseignement de Humanae Vitae, rapporté dans le Catéchisme de l'Église catholique (§ 2370), qui définit comme "intrinsèquement mauvaise 'toute action qui, soit en prévision de l'acte conjugal, soit dans son accomplissement, soit dans le développement de ses conséquences naturelles, se propose, comme but ou comme moyen, d'empêcher la procréation'". En effet, la contraception, sous toutes ses formes, contredit objectivement les deux significations intrinsèques de l'acte conjugal, à savoir l'ouverture à la vie et le don personnel dans sa totalité. Ce " progrès de la bioéthique théologique " va tout droit vers la relativisation des préceptes négatifs de la loi morale, exactement comme Amoris Laetitia l'avait déjà fait : l'absolu des préceptes négatifs est confiné à la théorie, afin de les relativiser - et donc de les nier comme absolus - dans le cas concret.

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  • "On s'occupe de la vie des corps, mais on laisse mourir les âmes" (cardinal Sarah)

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    De WALTER SÁNCHEZ SILVA sur ACI Prensa :

    Cardinal Sarah : Nous allons voir un prêtre parce que nous cherchons Dieu, pas pour sauver la planète

    Le cardinal Robert Sarah, préfet émérite de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, a déclaré que les gens vont voir un prêtre parce qu'ils cherchent Dieu et non pour sauver la planète. "Nous allons voir un prêtre parce que nous cherchons Dieu, pas parce que nous voulons sauver la planète", a déclaré le cardinal dans une interview accordée au quotidien français Le Figaro, à l'occasion de la publication de son nouveau livre "Catéchisme de la vie spirituelle".

    À propos de son nouveau livre, le cardinal africain a déclaré qu'il l'avait écrit "pendant l'enfermement" dû au covid et a souligné un aspect de cette période. " Cela m'a frappé : on s'occupe de la vie des corps, mais on laisse mourir les âmes. La vie spirituelle est pourtant ce qu'il y a de plus intime en nous, ce que nous avons de plus précieux. C'est notre vie intérieure. C'est le lieu de notre rencontre avec Dieu. Nier la vie spirituelle, c'est nier ce qui fait notre dignité d'homme ou de femme". C'est pourquoi, a-t-il poursuivi, "le moment est venu pour l'Église de revenir à ce qu'on attend d'elle : parler de Dieu, de l'âme, de l'au-delà, de la mort et, surtout, de la vie éternelle".

    "Nous passons trop de temps à parler des structures de l'Église - cela n'intéresse personne ! Ce qui compte vraiment, c'est notre vie éternelle, notre vie en amitié avec Dieu. L'Église existe pour être des saints. Le reste est secondaire", a-t-il poursuivi. Sans vie intérieure, s'interroge le préfet émérite, "que reste-t-il de grand dans notre vie ? Que reste-t-il qui échappe aux lois du marché et de la matière ? La vie spirituelle est le sanctuaire inviolable de notre liberté, le lieu secret où nous cherchons la vérité et l'amour, où nous sommes seuls devant le Tout-Autre, devant Dieu".

    Le cardinal a ensuite rappelé qu'en 2013, au lendemain de son élection, le pape François a déclaré que "si l'Église cesse de chercher Dieu par la prière, elle court le risque de la trahison" et que le Seigneur se trouve dans les sacrements, administrés par les prêtres, comme le baptême et la confession.

    Catéchisme de la vie spirituelle

    Dans son livre, le cardinal Sarah affirme que "l'éclipse de Dieu dans nos sociétés post-modernes, la crise des valeurs humaines et morales fondamentales et ses répercussions également dans l'Église où règne la confusion au sujet de la vérité divinement révélée, la perte du sens authentique de la liturgie et l'obscurcissement de l'identité sacerdotale, exigeaient avec force qu'un véritable catéchisme de la vie spirituelle soit proposé à tous les fidèles".

    Le cardinal africain a précisé qu'il n'a pas cherché "à écrire un résumé de la foi chrétienne, car nous avons déjà le Catéchisme de l'Église catholique et son compendium, qui sont des instruments irremplaçables pour l'enseignement et l'étude de la doctrine intégrale révélée par le Christ et prêchée par l'Église".

    Son livre, a déclaré le cardinal Sarah, "est un catéchisme de la vie intérieure, qui vise à indiquer les principaux moyens d'entrer dans la vie spirituelle, dans une perspective pratique et non académique". Son catéchisme, a souligné le préfet émérite, est "organisé autour des sacrements, de l'ascèse, de la liturgie, tout cela pour faire prendre conscience à chacun que son baptême est le début d'une grande conversion, d'un grand retour au Père".

  • Il est urgent que la bioéthique retrouve l’amitié de la nature humaine

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    De Gènéthique magazine :

    François-Xavier Putallaz : « La nature ne se laisse pas manipuler »

    30 Juin, 2022

    Alors que l’écologie, le climat, l’environnement sont au cœur de l’actualité, la notion de nature est souvent mal comprise. Le philosophe François-Xavier Putallaz, professeur à l’Université de Fribourg et auteur de Qu’est-ce que la nature ?, a accepté de répondre aux questions de Gènéthique.

    Gènéthique : En quoi la bioéthique est-elle influencée par la question de la nature ?

    François-Xavier Putallaz : Aujourd’hui la bioéthique oscille entre deux extrêmes : la raison débarrassée de la nature, ou l’utilitarisme avec son calcul visant à maximiser le plaisir. Ayant rejeté la possibilité de toute connaissance en profondeur des choses naturelles, il ne restait à la pensée de Kant que la pure raison, ce qu’on appelle « l’impératif catégorique » : la raison dicte de manière rigide les comportements. A l’autre extrême, l’utilitarisme évalue une technique biomédicale en fonction des seules conséquences, avantages et souffrances qu’elle implique : la bioéthique se réduit à une mise en balance des intérêts. Dans les deux cas, la nature est écartée.

    Pour éviter ces deux positions extrêmes, nous invitons à reconsidérer en profondeur la nature des choses et surtout la nature humaine, car celle-ci fournit les normes adéquates pour le comportement et pour la technique. C’est une forme d’écologie intégrale à laquelle tout le monde aspire actuellement. Ce livre prétend offrir quelques clarifications indispensables.

    G : Quelles sont les conséquences sur la bioéthique de l’opposition caractéristique de la pensée actuelle entre liberté et nature ?

    FXP : L’opposition est en effet radicale aujourd’hui entre liberté et nature : ou bien, dit-on, il faut respecter les processus naturels sans que les humains y interviennent ; ou bien, on absolutise la liberté individuelle, qui se prétend souveraine : selon la formule de Descartes, on rendrait l’homme « comme maître et possesseur de la nature ». La conséquence en est une arrogance outrancière, où l’individu se met au centre, au point de détruire les ressources naturelles : la crise écologique est manifeste. En bioéthique cette même déviance s’exprime dans la prétention à « l’autonomie reproductive » pour le début de la vie : toute technique devrait être mise à disposition de la liberté individuelle de réaliser tous ses désirs. Une femme ne peut porter d’enfant ? Alors la Grossesse pour Autrui (GPA) est aussitôt réclamée, sans qu’on s’inquiète de la « nature » ni de la servitude que cela impose à des femmes exploitées dans leur corps. De même pour la fin de vie : puisque la liberté individuelle est absolutisée, elle se prétend maîtresse de la vie comme de la mort. Et cela est si ancré dans nos mentalités depuis 300 ans, qu’on ne voit même plus ce qui pourrait poser problème.

    Or problème il y a dans les deux cas : par nature, on ne peut sans dégât majeur arracher un enfant à une femme qui l’a porté durant 9 mois ; par nature, on peut difficilement revendiquer un « droit de mourir », comme si nous maîtrisions tout. Si on comprend certes les souffrances et les aspirations de chacun, euthanasie et GPA ne trouvent pourtant aucun fondement naturel et rationnel.

    G : Comment trouver le chemin d’une réconciliation entre l’homme et la nature qui soit normative, une éthique applicable en bioéthique ?

    FXP : Le problème vient que la notion de « nature », que je viens d’employer, est comprise de manière inadéquate. On réduit hélas la « nature » à l’ensemble des phénomènes physiques et biologiques du monde qui nous entoure et du corps humain. Dans ce sens, évidemment, la nature n’est pas normative : une paire de lunettes n’est pas naturelle. Mais il faut entendre le terme « nature » dans un sens bien plus riche et plus large : c’est l’essence d’une chose, aspirant à se réaliser pleinement. « Par nature » les yeux sont faits pour voir : la technique (lunettes ou opérations au laser) est justifiée parce qu’elle contribue à la réalisation de cette finalité. Les lunettes sont en ce sens naturelles : elles vont dans la direction indiquée par la nature.

    Par nature un enfant est destiné à naître dans une famille avec un père et une mère. Une technique (GPA) qui dissocie la parentalité ne va pas dans le sens de la nature.

    Mais ce langage est inaudible actuellement, car il heurte une liberté absolutisée et la volonté de réaliser ses désirs à n’importe quel prix dans une société de consommation déviante. Ce que nous défendons au contraire, c’est une liberté qui, au lieu de porter atteinte à la nature extérieure (source de la crise écologique), au lieu de brimer la nature humaine (comme si le corps humain était un bien de consommation), discerne la finalité inscrite de la nature et développe des moyens techniques qui la respectent et la perfectionnent. Nous prônons une amitié de la liberté et de la technique avec la nature. Car la technique n’est pas auto-normative : elle n’a de sens que si elle est au service de l’humain, et notamment des plus faibles.

    G : La nature peut-elle remettre en cause les choix qui ont été faits ces dernières décennies en matière de bioéthique ?

    FXP : L’avenir le dira. Mais de même que, sous nos yeux, la nature environnante réagit avec force à la violence d’une exploitation exagérée, de même la nature humaine réagira aux exagérations dans l’utilisation des techniques qui ne respectent pas sa finalité. A qui fera-t-on croire qu’une « mère porteuse » sort indemne de cette aventure ? Croit-on vraiment que les proches ne seront pas impactés à long terme par un suicide médicalement assisté ?

    La nature ne se laisse pas manipuler : elle est si imprégnée de finalités qu’elle finira par s’imposer à toute liberté qui ne se résout pas à la respecter.

    C’est le sens de ce livre : la nature n’est pas figée dans un passé derrière nous (ça c’est le natif), mais elle est devant nous, comme accomplissement que l’homme réalise librement (ça c’est le naturel). Il est urgent que la bioéthique retrouve l’amitié de la nature humaine, car c’est à cette « écologie intégrale » qu’aspire notre humanité.

  • Prouver Dieu, la différence homme-femme, le sacerdoce : une émission (Esprit des Lettres) à ne pas manquer sur KTO

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    De KTO Télévision, une émission à ne pas manquer :

    L’Esprit des Lettres de juin 2022 : P. François Euvé, René Écochard, P. François Potez

    01/07/2022

    Jean-Marie Guénois a choisi pour vous des lectures de vacances plus exigeantes que beaucoup de ses confrères. Mais l’été n’est-il pas l’occasion de méditer sur l’essentiel ? Le père François Euvé, aiguillonné par des publications récentes proposant des preuves de l’existence de Dieu, enrichit le débat, de sa plume alerte (La science, l’épreuve de Dieu? chez Salvator). René Écochard fait un remarquable travail de compilation des découvertes et savoirs sur la différence homme-femme, aujourd’hui souvent relativisée. Il nous offre Homme, femme... ce que nous disent les neurosciences chez  Artège. Enfin, le père François Potez, dans « La grave allégresse » - être prêtre aujourd’hui, chez Mame, délivre une réflexion sur le sacerdoce fondée sur des années de ministère et d’accompagnement. UNE COPRODUCTION KTO-JDS-LA PROC.

  • Ce qu'on perd à ne plus enseigner le grec et le latin

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    D'Eugénie Boilait sur le site du Figaro (via "Pour une école libre au Québec") :

    « Ne plus enseigner le latin et le grec, c’est nous couper de nos racines culturelles »

    Le Figaro. — Seuls 535 candidats (sur plus de 380 000) ont présenté la spécialité « littérature, langues et cultures de l’antiquité - Latin » au bac 2022, et 237 en « littérature, langues et cultures de l’antiquité - Grec ancien ». Et seuls 3 % des lycéens ont suivi l’option latin en 2021-2022. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

    Andrea MARCOLONGO. — Je suis bouleversée par ces chiffres et réellement préoccupée. On parle désormais d’une toute petite minorité qui étudie le grec et le latin en France. Je le dis d’abord en tant qu’helléniste, mais aussi en tant qu’italienne, pays où les chiffres sont tout de même différents. Pour moi, c’est très grave. Si on laisse les choses se dérouler ainsi, dans quelques années, il n’y aura plus d’élèves ou d’étudiants français qui suivront des cours de langues anciennes.

    —  Quelles en sont les raisons ?

    — Cette situation nous la devons d’abord à un conformisme de la classe politique et intellectuelle. On ne peut pas reprocher aux élèves et étudiants français de ne pas faire du latin et du grec car ces langues, et les références à ces langues, ont entièrement disparu du débat public. Lors de la dernière campagne électorale, je ne me rappelle pas en avoir entendu parler. Par ailleurs, depuis une dizaine d’années, on a commencé à juger la culture avec un paramètre d’utilité. On a pensé que ces langues n’étaient plus utiles et que le but de l’école était de former des travailleurs. Dans cette perspective, l’enseignement du grec et du latin était inefficient. Il n’y a même pas de débat intellectuel à ce sujet. Le conformisme à l’état pur, c’est de dire que l’on passe à autre chose et que ce n’est pas important.

    — La paresse intellectuelle est-elle l’une des raisons de ce déclin ?

    — Oui, c’est une paresse intellectuelle généralisée. Cela ne concerne pas que les élèves.

    — Il est très rare de voir quelqu’un, issu de la classe politique ou intellectuelle, parler de L’Odyssée, de L’Iliade, d’Homère, des classiques ou des humanités. Les jeunes élèves de 14 ans ne se mettront pas au latin ou au grec seuls. Il faut assumer une responsabilité et pour moi elle est très claire : c’est d’abord celle de la classe politique et intellectuelle.

    — Cette baisse de l’enseignement des langues anciennes en France fait écho à la décision de l’université de Princeton en avril 2021 de supprimer de son cursus de lettres classiques l’obligation d’un enseignement du latin et du grec. Les langues anciennes sont-elles rejetées par l’occident ?

    — Il faut même parler ici de renoncement intellectuel. Ce n’est plus une remise en cause ou un rejet, c’est un effacement. Pourtant, les classiques servent à réfléchir. Italo Calvino disait que l’enseignement classique est fait pour se définir en rapport, être pour ou contre. Il faut toujours remettre en cause, la discussion avec l’enseignement classique est essentielle, mais pour cela il faut qu’il existe… Sinon, le risque est celui d’un véritable monologue intellectuel. «Je ne suis pas d’accord avec cela, donc la seule solution est d’effacer et supprimer» : c’est très grave de fonctionner comme cela. On forme une génération habituée au monologue et non pas au dialogue. Pour apprendre le dialogue avec l’autre, il faut connaître, et les classiques servent à cela.

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