Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Enseignement - Education - Page 73

  • Bruxelles, 24 avril : Philo à Bruxelles avec Stéphane Mercier (Dieu, son essence, sa nature)

    IMPRIMER

    Sans titre.jpg

  • Des bonnes nouvelles du site "Docteur Angélique"

    IMPRIMER

    Deux bonnes nouvelles communiquées par Arnaud Dumouch :

    1° La publication ce jour sur Internet, en version gratuite et téléchargeable, de l'immense oeuvre de jeunesse de saint Thomas d'Aquin : "Le Commentaire des Sentences de Pierre Lombard". Cette oeuvre est à votre disposition ici :

    http://docteurangelique.free.fr/sai…/oeuvres_completes.html…

    Il s'agit du travail de fin de doctorat de saint Thomas, cinq fois plus volumineux que la Somme de théologie qu'il écrira plus tard. Le premier livre manquait. Le professeur Serge Pronovost vient de la traduire pour notre projet. Les trois autres livres de cette oeuvre avait été traduits par le professeur Jacques Ménard. Merci à ces deux éminents québécois.

    Deuxième bonne nouvelle : l'Institut Docteur angélique se développe.

    Il y a quelques années, avec le vicaire épiscopal de l'enseignement de Namur l'Abbé Henri Ganty, nous avons créés un institut de formation philosophique et théologique sur Internet, l'Institut Docteur Angélique : http://docteurangelique.free.fr/institut_docteur_angelique.…

    Près de 3000 cours gratuits, en ligne et en vidéos sont déjà réalisés et je vous mets les liens ci-dessous. La ligne de ces cours est, au plan philosophique, dans le réalisme inspiré du père Marie-Dominique Philippe, et en théologie, à l'école de saint Thomas d'Aquin, de sainte Thérèse d'Avila et dans l'esprit de continuité demandé par Benoît XVI. Il existe même un cours complet de pastorale, dans la ligne du pape François. 

    https://www.youtube.com/playlist?list=PLuko328jWH_1Z8m6ovDDyG0-y746RS0jL

    Cet institut se développe et enseigne à 197 étudiants inscrits, dont quelques prieurés religieux en France, en Belgique et en Afrique et des séminaristes en Afrique et en Haïti. Cette formation diplômante très peu chère (100 Euros par année scolaire) se fait entièrement par correspondance grâce à l'outil Internet.

    Dans les années à venir, je voudrais le développer et lui donner un vrai statut ecclésial. Je voudrais en particulier que des séminaristes plus nombreux puissent s'y inscrire sans risque pour leur ordination, de toute la francophonie, à une époque où il reste difficile de trouver une formation dans certains pays.

    La liste de tous les cours qui existent sur Internet avec leurs liens numériques : 
    http://docteurangelique.free.fr/…/ListeDesCoursAvecLiens.htm

    Et la liste de vidéos plus courtes, les « premiers pas catholiques », qui visent à répondre à toutes les questions : 
    https://premierspascatholiques.wordpress.com/ 

    A conseiller, en premier, ce cours : Sur l'eschatologie catholique L'heure de la mort, fin du monde : Il donne sens à tout car celui qui connaît le but de cette vie comprend cette vie : 
    http://eschatologie.free.fr/cours/02_les_fins_dernieres.html

     

  • RDC : l’Eglise et l’Etat en chiens de faïence 8 mois avant l’échéance électorale présumée.

    IMPRIMER

    la cenco rdc 000_JI9H6.jpgVendredi 13 avril, la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco) a exprimé sa préoccupation quant à la situation qui prévaut en RD-Congo. À 8 mois des élections, la Cenco s’est inquiétée des tensions entre le gouvernement congolais et la communauté internationale et a demandé des garanties sur la « machine à voter ». Lu sur le site de la Croix-Africa :

    « Vendredi 13 avril, en marge de l’Assemblée générale ordinaire de leur institution financière, les évêques congolais ont fait le point sur le processus électoral et ses enjeux sociopolitiques actuels de la RD-Congo. L’épiscopat congolais s’est dit « peiné » de constater les tensions entre l’État congolais et la communauté internationale.

    À lire aussi : Cardinal Laurent Monsengwo : « On ne peut refuser de l’aide quand on a les mains vides »

    Les divergences entre la communauté internationale et le gouvernement de RD-Congo se sont cristallisées autour de deux crises diplomatiques : la fermeture fin janvier de la Maison Schengen et le refus l’État congolais de participer à la conférence des donateurs en faveur de la RD-Congo qui a eu le 13 avril.

    Fermeture de la Maison Schengen

    La Maison Schengen, représentation consulaire en RD-Congo commune à dix-sept pays de l’Union Européenne et à la Norvège, est gérée par la Belgique. Elle a été fermée par les autorités congolaises après la décision de la Belgique de confier ses 25 millions d’aide en RD-Congo à des organismes humanitaires et acteurs de développement. Cette décision de la Belgique était intervenue en guise de protestation contre la répression des manifestations organisées par l’Église catholique et les mouvements citoyens entre décembre 2017 et février 2018.

    La déclaration des évêques congolais a été faite le jour où avait lieu à Genève la conférence des donateurs en faveur de la RD-Congo. Cette rencontre, qui avait pour but de collecter 1,7 milliard d’euros en vue d’aider la RD-Congo, a été boudée par le gouvernement congolais. La situation humanitaire est jugée particulièrement dramatique dans trois provinces de ce pays d’Afrique centrale : Tanganyika, Sud-Kivu et Kasaï. Cette conférence a été boudée par le gouvernement congolais.

    Le refus de Kinshasa de participer à la conférence des donateurs fait suite au classement de la RD-Congo au niveau L3, le plus haut degré de crise humanitaire. Dans le monde, seuls trois pays sont classés à ce niveau maximum d’alerte humanitaire : la Syrie, le Yémen et l’Irak.

    « On ne peut pas assister quelqu’un contre son gré »

    « Ce classement projette une image de catastrophe extrême et généralisée assimilant la situation en RD-Congo à certains pays du monde où se déroulent des guerres à haute intensité, a réagi le ministre congolais des Affaires étrangères, Léonard She Okitundu, mardi 3 avril. Ce n’est absolument pas le cas de la RDC qui fait plutôt face à des attaques non conventionnelles et asymétriques de groupuscules terroristes et groupes armés criminels ».

    La RD-Congo estime, en outre, n’avoir pas été associée à l’organisation de cette conférence des donateurs de Genève. « Nous ne permettrons pas à des gens de faire un travail si nous n’avons pas participé au programme, a déclaré Lambert Mendé, ministre de la communication, à RFI. On ne peut pas assister quelqu’un contre son gré ».

    Dans sa déclaration du 13 avril, la Cenco a plaidé pour que le « soulagement de la souffrance du peuple congolais soit mis au-dessus des revendications politiques que peuvent avoir les uns et les autres ». Elle a déploré que les citoyens congolais soient les victimes collatérales des tensions entre Kinshasa et la communauté internationale.

    À lire aussi :Joseph Kabila : « Nulle part, dans la Bible, Jésus-Christ n’a jamais présidé une commission électorale »

    Machines à voter

    Les évêques congolais se sont aussi prononcés sur la controverse liée aux machines à voter. La Commission électorale nationale indépendante de la RD-Congo (Céni) ambitionne d’introduire un système de vote par écran tactile lors des élections du 23 décembre 2018. La fiabilité de ces machines est remise en cause par les États-Unis et l’opposition congolaise qui craignent qu’elles ne soient des instruments de tricherie massive.

    La Cenco, dans sa déclaration du 13 avril, a exigé la certification de ces machines à voter par des « experts nationaux et internationaux afin de trouver un consensus capable de rassurer toutes les parties prenantes sur le volet technique et sur le volet juridique. »

    Ref. En RD-Congo, l’Église s’inquiète des tensions entre le gouvernement et la communauté internationale

    Et comme d’habitude, d’une dictature à l’autre,  la Belgique se trouve dans le rôle du bouc émissaire du pouvoir en place : un vieux fantasme post-colonial qui peut toujours servir.

    JPSC

  • L’enseignement catholique et la francophonie au Moyen-Orient

    IMPRIMER

    "Savez-vous qu’il y a 329 écoles catholiques au Liban, 170 en Egypte, et 35 en Terre Sainte ? Implantées avant la fin de l’Empire ottoman, ces écoles restent un des principaux leviers de la francophonie aujourd’hui. Certaines écoles enregistrent même une nette augmentation des élèves qui choisissent le français comme première ou seconde langue.

    Organisé par l’Œuvre d’Orient et le Secrétariat Général des écoles Catholiques au Liban se tient aujourd’hui et demain à Beyrouth un colloque sur la Francophonie au Moyen-Orient."

    Reportage sur ces écoles au Moyen-Orient publié par le site web « France Catholique » :

     

    Ref. L’enseignement catholique et la francophonie au Moyen-Orient

    JPSC

  • Mgr Delville, évêque de Liège, propose cinq clés pour interpréter l’exhortation « Gaudete et exsultate » du pape François

    IMPRIMER

    Gaudete et exsultate cq5dam.thumbnail.cropped.750.422.jpeg« Gaudete et exsultate » est une exhortation à la sainteté  récemment publiée par le pape François dans le cadre de son magistère ordinaire. Elle ne devrait pas faire polémique, même si certains y ont relevé des « invectives » comme autant de flèches visant des catégories de fidèles qui n’épouseraient pas ses visions « pastorales ». Sur le site web de son diocèse, l’évêque de liège propose cinq clés de lecture qui peuvent aider à placer chaque chose à sa juste place. Voici le texte de cette note:

    « Publiée le 19 mars 2018, en la fête de saint Joseph, l’exhortation apostolique « Gaudete et exsultate » du pape François est centrée «sur l’appel à la sainteté dans le monde actuel ». Le but général de ce document est d’inviter chaque chrétien à un cheminement personnel sur la voie de la sainteté ; c’est donc une invitation adressée à tous. Pour préciser le cheminement de la pensée du pape, notre évêque Mgr Jean-Pierre Delville propose de voir dans chacun des 5 chapitres une question sous-jacente concernant la sainteté, et il les formule de la façon suivante : la sainteté, pour qui ? (ch. 1), pourquoi ? (ch. 2), c’est quoi ? (ch. 3), comment ? (ch. 4), et quand ? (ch. 5).

    « Parcourons ce questionnement et voyons les réponses que propose le pape. Je choisis pour cela les phrases qui me paraissent les plus emblématiques:

    1.Le chapitre 1, intitulé « L’appel à la sainteté » répond à la question « pour qui ? » et le pape formule sa thèse : « ce que je voudrais rappeler par la présente Exhortation, c’est surtout l’appel à la sainteté que le Seigneur adresse à chacun d’entre nous » (10). « Ce qui importe, c’est que chaque croyant discerne son propre chemin et mette en lumière le meilleur de lui-même » (11). Le pape met cela en lumière en présentant différents exemples de saints, des hommes et des femmes (12), des gens de différentes époques, depuis les martyrs de l’Église primitive jusqu’aux martyrs d’aujourd’hui, et spécialement ceux de toutes les confessions chrétiennes (9). C’est une sainteté qui se vit aussi en peuple et en communauté (6, 7). Dans ce chapitre, le pape s’adresse au lecteur en « tu » : c’est exceptionnel dans un document pontifical. C’est une manière de personnaliser le discours ; il est « pour toi aussi » (14). Le pape rappelle à chacun son itinéraire de foi, depuis son baptême et le don de l’esprit Saint (15). Il épingle les gestes concrets de la sainteté ; par exemple, face à la tentation de parler mal de l’autre, savoir se dire : « Non, je ne dirai du mal de personne » (16). La sainteté, c’est un chemin de conversion. Comme l’écrivait le cardinal Van Thuân lorsqu’il était en prison : « Je saisis les occasions qui se présentent chaque jour, pour accomplir les actes ordinaires de façon extraordinaire » (17). Le pape ajoute : « Toi aussi, tu as besoin de percevoir la totalité de ta vie comme une mission » (23). Pour cela, il faut être en présence du Seigneur, car la sainteté « consiste à s’associer à la mort et à la résurrection du Seigneur d’une manière unique et personnelle, à mourir et à ressusciter constamment avec lui » (20). Il peut y avoir des spiritualités des différents états de vie, « par exemple, d’une spiritualité du catéchiste, d’une spiritualité du clergé diocésain, d’une spiritualité du travail, une spiritualité de la mission, une spiritualité écologique » (28). Le pape conclut ce chapitre en disant : « N’aie pas peur de viser plus haut, de te laisser aimer et libérer par Dieu » (34).

    2. Le chapitre 2 répond à la question « Pourquoi la sainteté ? », en épinglant « deux ennemis subtils de la sainteté » (35). À travers ces deux côtés négatifs, le pape fait apparaître deux raisons positives de la sainteté : on doit être saint pour faire de sa vie un chemin de découverte et pour vivre sa vie dans l’action de grâces et le « merci ». Si on fait l’inverse, on vise une connaissance absolue des choses et on veut tirer son plan tout seul : ce sont les deux ennemis dont parle le pape et qu’il rattache à d’anciennes hérésies : le gnosticisme et le pélagianisme. Le gnosticisme, c’est « un élitisme narcissique et autoritaire, où, au lieu d’évangéliser, on analyse et classifie les autres » ; et dans le pélagianisme, « au lieu de faciliter l’accès à la grâce, les énergies s’usent dans le contrôle » (35). Le gnosticisme est l’aliénation de l’intelligence et le pélagianisme est l’aliénation de la volonté.

    Lire la suite

  • Bioéthique : au Collège des Bernardins, Emmanuel Macron écoute sans vraiment répondre à la question posée par l’Eglise :

    IMPRIMER

    Mais pouvait-il être plus explicite alors que le débat est en cours entre les différentes parties à cette cause (sans doute déjà largement entendue) ?  Lu sur le blog « Salon Beige » :

    « Dans son discours prononcé ce soir aux Bernardins, devant Emmanuel Macron, Mgr Pontier est revenu sur les sujets d'actualité, interrogeant directement le chef de l'Etat sur les conséquences des projets en cours :

    Vous le savez, l’Église catholique avec bien d’autres considère la famille comme un des piliers de la vie en société. En elle, s’expérimentent l’accueil inconditionnel de chacun, la fidélité, l’intergénérationnel, les transmissions de valeurs et le soutien en toutes circonstances. Les français plébiscitent la famille parmi les réalités qui leur paraissent essentielles. Leur désir est de former une famille unie, porteuse d’amour et d’affection. Faut-il aujourd’hui permettre que la loi prive des enfants de père ? Cette reconnaissance produirait une inégalité entre les enfants, ouvrirait un grand risque de marchandisation du corps et remettrait en cause le critère thérapeutique actuel, garant que ne se forme pas un grand marché de la procréation. Accueillir une situation quand elle existe n’est pas l’organiser. C’est pourquoi nous soutenons activement les politiques en faveur de la famille. Elles sont un investissement sûr pour le bien de tous et celui de notre pays.

    Nous avons déjà des lois récentes sur d’autres sujets essentiels pour la société qui n’ont pas eu le temps de porter leurs fruits et voilà que certains souhaiteraient qu’on légifère encore. Est-ce bien raisonnable ?

    Nous nous sommes exprimés déjà sur tous ces sujets et le ferons encore, conscients de notre responsabilité dans la vigilance pour la sauvegarde des droits de l’enfant, pour la défense des plus faibles, de l’embryon au nouveau-né, de la personne ayant un handicap au paralysé, du vieillard à celui qui est dépendant en toutes choses. On ne peut laisser personne seul. Ce sont nos relations, nos affections qui nous permettent de vivre. Il y va, sans nul doute, du caractère humain de nos sociétés et de nos vies, de celui de savoir puiser en soi les forces de la fraternité vécue. Nous ne pouvons pas nous satisfaire de la solitude ou de l’abandon de celui qui verrait comme une issue enviable, celle de se donner la mort. La société se doit d’offrir des perspectives de vie, d’amitié, de tendresse, de compassion, de solidarité. Les pensées de mort peuvent-elles subsister lorsque s’expriment l’affection des proches, les soins assidus et l’accompagnement qui lutte contre toute douleur ? Peut-on qualifier de « dernier soin » l’acte de donner la mort ? Il y a des limites et des confusions qu’on ne saurait franchir."

    Lire la suite

  • L’Eglise, combien de divisions ?

    IMPRIMER

    De Philippe Maxence sur le site web du bimensuel « L’Homme Nouveau » :

    Resurrection.jpg« L’Église, combien de divisions ? On connaît la célèbre phrase de Staline, bien révélatrice de son matérialisme et de sa volonté hégémonique qui entendait écarter définitivement l’Église de la face du monde. L’Église, combien de divisions ? Mais, beaucoup, aurait-on tendance à répondre aujourd’hui. Et, même, beaucoup trop ! Non plus, cette fois, en référence aux unités blindées ou, plus largement, aux armées auxquelles pensait le maître du Kremlin, mais à celles qui divisent les catholiques entre eux. 

    Certes, c’est une vieille histoire. Dès les origines, l’Église fut traversée par des courants et des tentatives de scission. Judas, choisi par le Christ, reste la figure emblématique de la trahison radicale et donc de cette division au sein du collège des Apôtres. Saint Paul ne cesse d’intervenir auprès des chrétientés qu’il a créées pour calmer les passions et ramener les récents prosélytes à l’unité de la doctrine. Plus tard, les grandes hérésies vont traverser l’Église, offrant à celle-ci la possibilité d’approfondir sa doctrine, de la préciser et de la définir. Saint Paul, encore lui, avait d’ailleurs prévenu les Corinthiens : « Oportet haereses esse ». Il faut qu’il y ait des hérésies. Terrible constat ! Terrible nécessité ! 

    Par une étrange sorte d’optimisme, bien peu surnaturel, nous voudrions échapper à cette loi qui n’a cessé d’habiter l’Église, depuis Arius jusqu’au modernisme en passant par le protestantisme. Nous aimerions l’unanimisme que l’on confond facilement avec l’unité. Saint Pie X s’était attaqué avec force au modernisme qu’il qualifiait de « rendez-vous de toutes les hérésies ». Plus récemment, après le concile Vatican II, Jacques Maritain qualifia, dans son Paysan de la Garonne, la crise moderniste de « rhume de foin » en comparaison de « l’espèce d’apostasie “immanente” » qui s’affichait alors. Ne nous y trompons pas ! Maritain n’était en rien ce qu’on appelle couramment un intégriste. Dans le même livre, il dénonce les « ruminants de la Sainte-Alliance », à savoir la droite catholique avec laquelle il avait rompu au temps de la crise de l’Action française. 

    Des aveugles conduisant des aveugles ?

    Et, aujourd’hui ? Il faut vraiment être aveugle, et parfois aveugle volontaire, pour ne pas constater une réelle division dans l’Église. Il suffit de le voir à travers la production des faiseurs d’opinion au sein du catholicisme français. Récemment, Le Figaro publiait un sondage mettant le Pape au centre des discussions des catholiques. Pour ou contre, en tout ou en partie ? À l’aune d’un tel procédé, Pie IX, béatifié par le pape Jean-Paul II, n’aurait eu que peu d’opinions favorables, lui dont les Romains voulurent jeter la dépouille mortelle dans le Tibre. 

    L’esprit du monde a vraiment pénétré l’Église et nous sommes sommés maintenant d’être pour ou contre le Pape, comme s’il n’était qu’un vulgaire chef d’État d’une vulgaire démocratie. Comme si nous oublions aussi sa mission de service de l’unité et de la vérité catholique. Des prêtres sur twitter s’agitent dans ce sens. Des laïcs s’écharpent à ce sujet sur facebook ou via des sites internet. Des livres prétendent expliquer le changement radical de notre époque, que nous n’aurions pas perçu. On est allé jusqu’à demander à Benoît XVI de préfacer l’ouvrage d’un hérétique sous prétexte que ­celui-ci présentait un aspect de la pensée théologique du pape François (cf. p. 11). 

    Ne pas varier

    C’est peu dire que la confusion règne ! Au risque de ne pas suivre ceux qui veulent absolument sauver la situation, il me semble que ce temps d’épreuve est aussi un temps de grâce. La Semaine sainte que nous venons de vivre nous a montré l’abandon du Christ, y compris par ses Apôtres et saint Pierre lui-même. Elle nous a permis de revivre la solitude absolue du Christ face à sa Passion, au point d’avoir sué des gouttes de sang. Mais, nous avons revécu aussi son triomphe, celui de la Résurrection et nous allons suivre désormais les Apôtres autour de saint Pierre et de saint Paul dans la conquête (pacifique) du monde, jusqu’au prix de leur sang, à eux aussi. 

    Dans les périodes de crise, de doute et de souffrance, il faut s’enraciner dans un regard surnaturel. Celui-ci ne nie pas la réalité de ce qui se déroule sous ses yeux. Il ne tente même pas de l’effacer par de pieux discours. Le constatant, et parce qu’il le constate, il recourt encore plus fortement aux moyens certains du salut. Comme l’enseignent nombre d’auteurs spirituels, dans la désolation, il écarte les nouveautés et s’en tient aux vérités de la doctrine et de la théologie traditionnelles, aux sacrements, à une foi renouvelée et une prière plus intense. Il prépare ainsi l’avenir qui débouchera à l’heure de Dieu sur une renaissance et un renouveau. 

    Notre espérance ? C’est bien le Christ ressuscité, l’Église qu’il a établie et la doctrine ne varietur qu’il a enseignée. Le reste n’est certes pas un simple rhume de foin. Il s’agit bien d’une croix. Grave, pénible, source de souffrance. Mais qui conduit involontairement et malgré tout à la Résurrection. Saint temps pascal à tous ! 

    Ref. Oportet haereses esse !

    L’histoire de l’Eglise n’a jamais été un long fleuve tranquille et les grands conciles oecuméniques qui jalonnent son existence ont été le théâtre des enjeux majeurs qu’elle dût maintes fois affronter. A Nicée (325) c’était la divinité même de la personne du Christ qui était la cause d’une controverse dont l’issue incertaine faillit  emporter l’objet de la révélation chrétienne. Et plus tard, à Trente (1545-1563) comme à Vatican II (1962-1965), ce sont des mutations anthropologiques majeures de la société qui ont appelé, de la part de l’Eglise, une réponse fidèle au dépôt de la foi reçue des apôtres. Dans l’un comme dans l’autre cas, une mise en œuvre équilibrée suppose du temps: plus de cinquante ans après la clôture de Vatican II, oscillant aujourd’hui encore entre les pontificats contrastés de Benoît XVI et de François, l'histoire de ce concile n’est manifestement pas encore vraiment écrite, contrairement à celle du Christ ressuscité, seule Espérance de notre salut.

    JPSC  

  • Vient de paraître : le magazine trimestriel « Vérité et Espérance-Pâque Nouvelle », n° 106, printemps 2018

    IMPRIMER

    Le magazine trimestriel « Vérité & Espérance – Pâque Nouvelle » édité par l’association « Sursum Corda » (responsable de l'église du Saint-Sacrement à Liège) a publié sa livraison du printemps 2018. Tiré à 4.000 exemplaires, ce magazine abondamment illustré parcourt pour vous l’actualité religieuse et vous livre quelques sujets de méditation.Les articles mentionnés en bleu sont disponibles sur le blog de l'église du Saint-Sacrement (cliquez sur les titres ci-dessous pour y accéder).

    mag_106_final-page-001.jpg

    Au sommaire de ce numéro n° 106 (printemps 2018) : 

    contrat Delta ingenieur stabilité339.jpg

    Liturgie au Pays de Liège

    La réception de l’Eucharistie à travers le temps

    Eclipse de Dieu, éclipse de l’homme

    contrat Delta ingenieur stabilité340.jpg

    Rome et le monde : 

    Comment vivre en chrétien dans un monde qui ne l’est pas ?

    Comment notre monde a cessé d’être chrétien

    RDC : une Eglise qui dérange le pouvoir

    Belgique :

    Le débat sur la laïcité est relancé

    De passage à Bruxelles, le Cardinal Sarah pointe les dérives du monde occidental 

     

    Secrétaires de Rédaction : Jean-Paul Schyns et Ghislain Lahaye

    Editeur responsable: SURSUM CORDA a.s.b.l. ,

    Rue Vinâve d’île, 20 bte 64 à B- 4000 LIEGE.

    La revue est disponible gratuitement sur simple demande :

    Tél. 04.344.10.89  e-mail : sursumcorda@skynet.be 

    Les dons de soutien à la revue sont reçus  avec gratitude au compte IBAN:

     BE58 0016 3718 3679   BIC: GEBABEBB de Vérité et Espérance 3000, B-4000 Liège

     JPSC

  • Liège, la religion s’enseigne avec les « valeurs démocratiques »

    IMPRIMER

    Professeur de religion dans un collège-lycée catholique de Liège, en Belgique, Sébastien Belleflamme multiplie les initiatives depuis deux ans pour faire réfléchir ses élèves sur le phénomène djihadiste. En croisant les disciplines, il veut les aider à sortir d’une « lecture fondamentaliste » des textes sacrés et à forger leur « esprit critique ». Interview publiée par Anne-Bénédicte Hoffner dans le journal « La Croix » :

    La Croix : Vous enseignez la religion dans un établissement catholique à Liège, en Belgique. Pourquoi et comment avez-vous décidé de traiter l’actualité, et notamment cette question de la violence commise au nom de Dieu ?

    Sébastien Belleflamme : Mon cours de religion s’adresse à tous les élèves de l’établissement, qu’ils soient catholiques, protestants – évangéliques surtout –, musulmans ou indifférents. Nous nous appuyons surtout sur les ressources de la foi chrétienne mais pas seulement : c’est un cours ouvert sur la pluralité des convictions.

    Le déclic s’est fait il y a deux ans, en pleine vague d’attentats en France et en Belgique, quand certains de mes élèves musulmans m’ont dit qu’ils n’osaient plus parler de leur foi et gardaient les yeux baissés en marchant dans la rue. Je me suis dit qu’il fallait agir. En terminale, j’ai proposé à certains de travailler sur les motivations des jeunes djihadistes : j’ai assisté avec eux à des colloques, des pièces de théâtre (comme Djihad d’Ismaël Saïdi). Devant leur enthousiasme, nous avons fait intervenir au lycée Laura Passoni, une « revenante » de Syrie, ainsi qu’Hicham Abdel Gawad, un doctorant en sciences des religions à Louvain (1). Cette rencontre a nourri beaucoup d’échanges entre les élèves, certains se montrant très durs vis-à-vis d’elle.

    Comment parvenez-vous à faire s’exprimer et s’écouter des jeunes avec des sensibilités très différentes au sujet de la radicalisation islamiste ?

    S.B. : Avec mes élèves de troisième cette fois, nous avons lu la pièce Nour, pourquoi n’ai-je rien vu venir ? de l’islamologue Rachid Benzine, qui met en scène le dialogue entre un père universitaire et sa fille partie rejoindre un djihadiste à Falloujah en Irak dont elle aura une fille. Je leur ai proposé d’écrire chacun leur propre lettre à l’un des protagonistes de la pièce.

    À lire aussi : Enquête inédite sur la « tentation radicale » des lycéens

    Je suis seulement en train de les lire, mais j’observe déjà qu’elles témoignent de sentiments extrêmement variés : certaines filles disent leur colère à Nour et l’interpellent sur la question de la dignité des femmes. D’autres élèves lui demandent comment elle a pu faire autant de peine à son père. D’autres encore expriment plutôt de la compassion, notamment pour son geste final. Il y a vraiment de tout : de la condamnation au respect en passant par l’incompréhension…

    Les élèves d’origine syrienne ou maghrébine livrent parfois leur souffrance devant une stigmatisation qu’ils ne comprennent pas, leurs questions aussi devant cette violence commise au nom de Dieu.

    Comment ce travail est-il perçu par la direction de votre établissement, par les parents ? Quels résultats percevez-vous chez vos élèves ?

    S.B. Au départ, notre travail a suscité quelques questionnements, légitimes, sur sa visée pédagogique mais aujourd’hui, les retours sont globalement très positifs. Nous croisons les disciplines – philosophie, histoire notamment – pour mieux analyser le discours djihadiste : moi j’apporte l’éclairage théologique, d’autres collègues complètent sous d’autres angles. Nous aidons ainsi les élèves à comprendre que « Dieu » est un mot-valise qui, s’il est mal exploité, peut conduire des hommes à commettre les pires horreurs. Je les initie aussi à l’exégèse pour sortir d’une lecture fondamentaliste des textes.

    Finalement, toutes ces initiatives servent le même objectif : enseigner la religion en défendant les valeurs démocratiques de notre pays. L’éducation est le seul moyen d’aider nos élèves à se forger un esprit critique. La religion vise bien sûr le rapport à Dieu, mais il faut un minimum de culture pour cela.

    Ref. Liège, la religion s’enseigne avec « les valeurs démocratiques »

    Pour mémoire, le réseau de l’enseignement catholique accueille, bon an mal an,  la moitié de la population scolaire en Belgique. L’enseignement de la religion ou de la morale laïque est obligatoire dans tous les réseaux mais dans les écoles créées par les pouvoirs publics les élèves peuvent opter entre l’un des six cultes reconnus et  la morale laïque. Dans les écoles catholiques seule la religion du même nom est enseignée, ce qui n'empêche pas ces écoles d’accueillir bon nombre de musulmans. D’où l’intérêt de l’initiative prise à Liège par un professeur de ce réseau.

    JPSC

  • Pape François : une communication chaotique, selon le vaticaniste Sandro Magister

    IMPRIMER

    Sur son blog « Settimo Cielo », le vaticaniste Sandro Magister publie une réflexion très argumentée relative à la communication estimée chaotique du pape François sur des sujets sensibles concernant la foi et les mœurs. Le site « diakonos.be » en publie la traduction qu’on lira ci-dessous. Il en ressort une image du pontife qui, si elle s’avérait exacte, poserait un vrai problème ou -si elle ne l’est pas- appelle un démenti autorisé et circonstancié. Sandro Magister est spécialiste des questions religieuses au sein de l’un des principaux journaux de la péninsule : « l’Espresso ». Enseignant l'histoire religieuse contemporaine à l’université d’Urbino, Sandro Magister est considéré comme l’un des vaticanistes les plus anciens et les plus fiables. JPSC.

    « En théorie, tous les médias du Vatican devraient travailler main dans la main pour transmettre au grand public l’image fidèle du Pape.

    Mais en pratique, ce n’est pas le cas. La salle de presse du Vatican est prudemment restée à l’écart de l’instrumentalisation ratée d’une lettre privée de Benoît XVI.  Elle a laissé Mgr Dario Edoardo Viganò, le Préfet du Secrétariat pour la communication, se débattre seul dans la tempête et ce dernier n’a été sauvé du naufrage que grâce à la protection du pape qui ne tient décidément pas à se priver de son désastreux « spin doctor ».

    Le Pape, précisément. Parce que François lui-même fait souvent cavalier seul en matière de communication publique, sans prendre la peine de se concerter avec personne.  Et il s’y prend d’au moins trois manières :

    • En disant lui-même ce qu’il veut en public, sans passer par aucun contrôle ni aucune vérification préalable ;
    • En faisant en sorte que d’autres disent en public ce qu’il leur dit dans des entretiens privés ;
    • En recommandant d’écouter des personnes qui disent ce que lui-même ne dit ni en public ni en privé mais qu’il souhaite entendre dire.

    Ces derniers jours, François a eu recours à l’ensemble de ces trois modalités de communication. Avec des effets diversement perturbateurs.

    *

    La première de ces modalités, il l’a utilisée dans l’homélie de la messe du dimanche de Pâques. Il n’a lu aucun texte écrit, parlant à bâtons rompu en italien.  Et pour faire l’éloge des grandes « surprises » que Dieu fait, en particulier l’annonce de la résurrection, voici comment il s’est exprimé : « Pour le dire un peu avec le langage des jeunes : la surprise [de Dieu] est un coup bas  »  (en italique dans la retranscription officielle de l’homélie).

    Sauf que l’expression « coup bas » n’appartient pas au langage des jeunes mais à celui de la boxe. Il désigne un coup décoché sous le ceinture : interdit, répréhensible et qui peut valoir une disqualification.  Un coup vil, en traître.  Une bien mauvaise image pour illustrer l’annonce de la résurrection de Jésus au cours de l’homélie de Pâques place Saint-Pierre.  Il n’en reste pas moins que ce « coup bas » décrit par François a fait mouche dans les médias.  En Italie, il faisait même les titres d’un important journal télévisé du soir.

    *

    La seconde modalité est celle adoptée par François quand il a invité pour un entretien mardi dernier son ami Eugenio Scalfari, fondateur du quotidien « la Repubblica » et figure emblématique de l’intelligentsia laïque italienne.

    Au cours de cet entretien, à l’instar des autres qu’il a déjà eu avec le Pape, Scalfari n’enregistre pas et ne prend pas de notes. Mais il en retranscrit toujours le contenu dans « la Repubblica », avec çà et là quelques omissions et quelques ajouts aux paroles du pape « pour que le lecteur comprenne », comme il l’a lui-même expliqué dans une conférence de presse après la publication du premier compte-rendu.  Et cette fois, il a entre autre attribué à François l’affirmation suivante :

    Lire la suite

  • Un dogme d'enfer en dix thèses

    IMPRIMER

    Philosophe et professeur à Paris I, Rémi Brague revient sur la controverse créée par des propos attribués au pape selon lesquels l'enfer n'existe pas. Lu sur le site de l’Express :

    « Dans un entretien à La Repubblicca, un quotidien italien, le pape François a déclaré que "l'enfer n'existe pas, ce qui existe, c'est la disparition des âmes pécheresses". Des propos qui ont créé un émoi et avec lesquels le Vatican a immédiatement pris ses distances, qualifiant l'entretien de "reconstruction". Rémi Brague, qui vient de publier chez Flammarion « Sur la religion. Pour en finir avec les préjugés et les confusions » revient sur cette controverse et ce dogme chrétien pour L'Express. 

    1. Je ne sais pas ce que le pape a vraiment dit (*). Il devrait se méfier d'une presse qui s'intéresse peu à ce qu'il dit, encore moins à savoir s'il dit vrai ou faux, mais beaucoup à ce qui fera scandale ou en tout cas du bruit. 
    2. Il est intéressant de se demander si ce que l'Église affirme depuis des siècles, en son magistère comme par ses saints et ses mystiques, doit aller aux poubelles de la pensée.  
    3. Ce qui le mérite, ce sont des images naïves qu'il faut vite dépasser : les diables cornus à fourches, la pesée des âmes, idée étrangère au christianisme, et venue de l'Égypte ancienne aux frontons de nos cathédrales. De même, l'idée d'une punition. Elle serait de toute façon hors de proportion avec les fautes, même les plus graves.  
    4. Il y a dans toutes nos actions une logique interne qui les oriente vers toujours plus de bien ou toujours plus de mal. La mort donne un coup de fixatif, elle scelle notre vie, elle nous fait obtenir ce que, au fond, nous avions toujours voulu.  
    5. Par provocation, je dirais presque que l'enfer (qui n'est pas dans le Credo) est le plus beau des dogmes chrétiens : Dieu prend au sérieux la liberté de l'homme, et la respecte jusqu'au bout. Celui qui Lui dit "non !" restera sans Lui.  
    6. Mais Lui, Dieu, a fait avec l'homme une alliance irrévocable et ne nous abandonne jamais. C'est pour cela que l'enfer est éternel. Mais, s'insurge-t-on, comment un Dieu d'amour pourrait-il créer un tel enfer ? Le Cantique des Cantiques l'a dit : "l'amour est fort comme la mort, la jalousie inflexible comme les enfers (¨e'ol)" (8, 6). Dans certaines icônes, le feu de l'enfer s'allume au nimbe de gloire qui entoure Dieu. 
    7. Le paradis, c'est l'amour de Dieu, vécu par ceux qui L'acceptent sans réserve ; l'enfer, c'est l'amour de Dieu, vécu par ceux qui Le refusent jusqu'au bout. Milton l'avait déjà vu : les démons refusent de se repentir précisément parce qu'ils savent que Dieu leur pardonnerait. Un autre anglais, C. S. Lewis, l'a dit très simplement : "la porte de l'enfer est fermée de l'intérieur". 
    8. L'enfer est-il habité ? Si oui, cela veut dire qu'on peut refuser le Bien, l'Amour, la Vie, en connaissance de cause. Nous avons le droit d'espérer que ce n'est pas possible, et donc que l'enfer est vide, non celui de l'affirmer.  
    9. S'il est habité, qui l'occupe ? Nous voudrions tous y voir ceux que nous n'aimons pas. Mahomet y met Abu Lahab -- le bien nommé -- et sa femme (Coran, CXI). Dante, ses ennemis politiques. Levinas, Hitler (Quatre Lectures talmudiques, p. 185). Les Chrétiens n'en ont pas le droit, car pour tous les "méchants", on peut trouver des excuses : enfance malheureuse, démence, influences, etc. Sauf pour une seule personne, celle que nous connaissons de l'intérieur, à savoir... nous-mêmes. Chacun de nous doit se demander s'il ne serait pas le candidat idéal à l'enfer, peut-être le premier damné de l'histoire de l'humanité.  
    10. La gravité des fautes est importante pour un juge humain, qui doit les comparer les unes aux autres : un génocide est pire que le port de la cravate d'un autre College. Mais là où il s'agit de comparer les fautes à leurs auteurs, elle perd sa pertinence. Je n'ai jamais tué ! En ai-je eu l'occasion ? Je n'ai jamais volé ! En ai-je eu besoin ? Je n'ai jamais trompé ma femme ! En ai-je le tempérament ? En revanche, ai-je résisté, non pas aux tentations que je n'ai jamais éprouvées, mais à celles qui m'ont vraiment assailli ? L'enfer, c'est tout le monde, sauf les autres.

    Ref. Un dogme d'enfer en dix thèses

    (*) Démentir est une chose mais la communication du Saint-Siège ne nous informe pas de ce que le pape a exactement dit [ndeB]

    JPSC

  • Les colloques singuliers du pape François avec Eugenio Scalfari

    IMPRIMER

    A maintes reprises déjà, sur des thèmes sensibles de la discipline, de la morale ou de la foi même de l’Eglise, le pape actuel s’est entretenu avec le fondateur du quotidien La Reppublica, Eugenio Scalfari. Celui-ci en a chaque fois publié dans son journal à grand tirage des comptes rendus hétérodoxes qui ont été  inlassablement contestés  par des responsables de la communication du Saint-Siège.

    Vendredi dernier  nous avons fait écho ici : Existence de l'enfer : quand l'interviewer favori du pape déforme ses propos à la dernière récidive du genre concernant la réalité de l’enfer.

    Le bon sens pose alors la question de savoir pourquoi le pape régnant s’obstine à confier sa pensée à un interlocuteur qui n’aurait apparemment rien de mieux à faire qu’à la déformer en s’adressant à un vaste public. Les plus indulgents attribueront cette manière de faire à la naïveté du pape et les plus sceptiques à une forme de duplicité, de double langage : la parole de Scalfari contre celle des services d’information du Vatican .   

    Au sujet des propos du  pape sur l'enfer rapportés par Scalfari, un religieux de nos amis lecteurs se demande s’il ne serait pas opportun « que le pape, lors d'une prochaine catéchèse du mercredi, nous fasse connaître son enseignement sur ce mystère. Il aurait sans doute, en tant que familier des exercices de saint Ignace, des choses intéressantes à dire. Et surtout, une parole prononcée en public, ferait disparaître toutes les perplexités suscitées par un journaliste qui rapporte à sa manière ce que le pape lui a dit en privé »

    A propos de l'enfer, dans l’encyclique « Spe Salvi » (30 novembre 2007), son prédécesseur Benoît XVI écrivait ceci : « Il peut y avoir des personnes qui ont détruit totalement en elles le désir de la vérité et la disponibilité à l'amour. Des personnes en qui tout est devenu mensonge; des personnes qui ont vécu pour la haine et qui en elles-mêmes ont piétiné l'amour. C'est une perspective terrible, mais certains personnages de notre histoire laissent entrevoir de façon effroyable des profils de ce genre. Dans de semblables individus, il n'y aurait plus rien de remédiable et la destruction du bien serait irrévocable: c'est cela qu'on indique par le mot « enfer ».

    Sans entrer dans des questions un peu vaines de savoir si l’enfer est un lieu ou un état, le pontife régnant pourrait toujours remettre au diapason du grand public les développements que le pape Ratzinger consacrait à cette grave question du mystère de la grâce et de la justice divines. Voici un extrait significatif de cette pensée audacieuse qui ne conteste cependant pas la possibilité de la damnation éternelle ni l'éternité de l'âme :

    « 43. […] La grâce n'exclut pas la justice. Elle ne change pas le tort en droit. Ce n'est pas une éponge qui efface tout, de sorte que tout ce qui s'est fait sur la terre finisse par avoir toujours la même valeur. Par exemple, dans son roman « Les frères Karamazov », Dostoïevski a protesté avec raison contre une telle typologie du ciel et de la grâce. À la fin, au banquet éternel, les méchants ne siégeront pas indistinctement à table à côté des victimes, comme si rien ne s'était passé. Je voudrais sur ce point citer un texte de Platon qui exprime un pressentiment du juste jugement qui, en grande partie, demeure vrai et salutaire, pour le chrétien aussi. Même avec des images mythologiques, qui cependant rendent la vérité avec une claire évidence, il dit qu'à la fin les âmes seront nues devant le juge. Alors ce qu'elles étaient dans l'histoire ne comptera plus, mais seulement ce qu'elles sont en vérité. « Souvent, mettant la main sur le Grand Roi ou sur quelque autre prince ou dynaste, il constate qu'il n'y a pas une seule partie de saine dans son âme, qu'elle est toute lacérée et ulcérée par les parjures et les injustices [...], que tout est déformé par les mensonges et la vanité, et que rien n'y est droit parce qu'elle a vécu hors de la vérité, que la licence enfin, la mollesse, l'orgueil, l'intempérance de sa conduite l'ont rempli de désordre et de laideur: à cette vue, Rhadamante l'envoie aussitôt déchue de ses droits, dans la prison, pour y subir les peines appropriées [...]; quelquefois, il voit une autre âme, qu'il reconnaît comme ayant vécu saintement dans le commerce de la vérité. [...] Il en admire la beauté et l'envoie aux îles des Bienheureux ». Dans la parabole du riche bon vivant et du pauvre Lazare (cf. Lc 16, 19-31), Jésus nous a présenté en avertissement l'image d'une telle âme ravagée par l'arrogance et par l'opulence, qui a créé elle-même un fossé infranchissable entre elle et le pauvre; le fossé de l'enfermement dans les plaisirs matériels; le fossé de l'oubli de l'autre, de l'incapacité d’aimer, qui se transforme maintenant en une soif ardente et désormais irrémédiable. Nous devons relever ici que Jésus dans cette parabole ne parle pas du destin définitif après le Jugement universel, mais il reprend une conception qui se trouve, entre autre, dans le judaïsme ancien, à savoir la conception d'une condition intermédiaire entre mort et résurrection, un état dans lequel la sentence dernière manque encore.

    44.Cette idée vétéro-juive de la condition intermédiaire inclut l'idée que les âmes ne se trouvent pas simplement dans une sorte de détention provisoire, mais subissent déjà une punition, comme le montre la parabole du riche bon vivant, ou au contraire jouissent déjà de formes provisoires de béatitude. Et enfin il y a aussi l'idée que, dans cet état, sont possibles des purifications et des guérisons qui rendent l'âme mûre pour la communion avec Dieu. L'Église primitive a repris ces conceptions, à partir desquelles ensuite, dans l'Église occidentale, s'est développée petit à petit la doctrine du purgatoire. Nous n'avons pas besoin de faire ici un examen des chemins historiques compliqués de ce développement; demandons-nous seulement de quoi il s'agit réellement. Avec la mort, le choix de vie fait par l'homme devient définitif – sa vie est devant le Juge. Son choix, qui au cours de toute sa vie a pris forme, peut avoir diverses caractéristiques. Il peut y avoir des personnes qui ont détruit totalement en elles le désir de la vérité et la disponibilité à l'amour. Des personnes en qui tout est devenu mensonge; des personnes qui ont vécu pour la haine et qui en elles-mêmes ont piétiné l'amour. C'est une perspective terrible, mais certains personnages de notre histoire laissent entrevoir de façon effroyable des profils de ce genre. Dans de semblables individus, il n'y aurait plus rien de remédiable et la destruction du bien serait irrévocable: c'est cela qu'on indique par le mot « enfer ». D'autre part, il peut y avoir des personnes très pures, qui se sont laissées entièrement pénétrer par Dieu et qui, par conséquent, sont totalement ouvertes au prochain – personnes dont la communion avec Dieu oriente dès maintenant l'être tout entier et dont le fait d'aller vers Dieu conduit seulement à l'accomplissement de ce qu'elles sont désormais.

    45. Selon nos expériences, cependant, ni un cas ni l'autre ne sont la normalité dans l'existence humaine. Chez la plupart des hommes – comme nous pouvons le penser – demeure présente au plus profond de leur être une ultime ouverture intérieure pour la vérité, pour l'amour, pour Dieu. Mais, dans les choix concrets de vie, elle est recouverte depuis toujours de nouveaux compromis avec le mal – beaucoup de saleté recouvre la pureté, dont cependant la soif demeure et qui, malgré cela, émerge toujours de nouveau de toute la bassesse et demeure présente dans l'âme. Qu'advient-il de tels individus lorsqu'ils comparaissent devant le juge? Toutes les choses sales qu'ils ont accumulées dans leur vie deviendront-elles d'un coup insignifiantes ? Ou qu'arrivera-t-il d'autre? Dans la Première lettre aux Corinthiens, saint Paul nous donne une idée de l'impact différent du jugement de Dieu sur l'homme selon son état. Il le fait avec des images qui veulent en quelque sorte exprimer l'invisible, sans que nous puissions transformer ces images en concepts – simplement parce que nous ne pouvons pas jeter un regard dans le monde d’au delà de la mort et parce que nous n'en avons aucune expérience. Paul dit avant tout de l'expérience chrétienne qu'elle est construite sur un fondement commun: Jésus Christ. Ce fondement résiste. Si nous sommes demeurés fermes sur ce fondement et que nous avons construit sur lui notre vie, nous savons que ce fondement ne peut plus être enlevé, pas même dans la mort. Puis Paul continue: « On peut poursuivre la construction avec de l'or, de l'argent ou de la belle pierre, avec du bois, de l'herbe ou du chaume, mais l'ouvrage de chacun sera mis en pleine lumière au jour du jugement. Car cette révélation se fera par le feu, et c'est le feu qui permettra d'apprécier la qualité de l'ouvrage de chacun. Si l'ouvrage construit par quelqu'un résiste, celui-là recevra un salaire; s'il est détruit par le feu, il perdra son salaire. Et lui-même sera sauvé, mais comme s'il était passé à travers un feu » (3, 12-15). Dans ce texte, en tout cas, il devient évident que le sauvetage des hommes peut avoir des formes diverses; que certaines choses édifiées peuvent brûler totalement; que pour se sauver il faut traverser soi-même le « feu » afin de devenir définitivement capable de Dieu et de pouvoir prendre place à la table du banquet nuptial éternel.

    46. Certains théologiens récents sont de l'avis que le feu qui brûle et en même temps sauve est le Christ lui-même, le Juge et Sauveur. La rencontre avec Lui est l'acte décisif du Jugement. Devant son regard s'évanouit toute fausseté. C'est la rencontre avec Lui qui, en nous brûlant, nous transforme et nous libère pour nous faire devenir vraiment nous-mêmes. Les choses édifiées durant la vie peuvent alors se révéler paille sèche, vantardise vide et s'écrouler. Mais dans la souffrance de cette rencontre, où l'impur et le malsain de notre être nous apparaissent évidents, se trouve le salut. Le regard du Christ, le battement de son cœur nous guérissent grâce à une transformation assurément douloureuse, comme « par le feu ». Cependant, c'est une heureuse souffrance, dans laquelle le saint pouvoir de son amour nous pénètre comme une flamme, nous permettant à la fin d'être totalement nous-mêmes et par là totalement de Dieu. Ainsi se rend évidente aussi la compénétration de la justice et de la grâce: notre façon de vivre n'est pas insignifiante, mais notre saleté ne nous tache pas éternellement, si du moins nous sommes demeurés tendus vers le Christ, vers la vérité et vers l'amour. En fin de compte, cette saleté a déjà été brûlée dans la Passion du Christ. Au moment du Jugement, nous expérimentons et nous accueillons cette domination de son amour sur tout le mal dans le monde et en nous. La souffrance de l'amour devient notre salut et notre joie. Il est clair que la « durée » de cette brûlure qui transforme, nous ne pouvons la calculer avec les mesures chronométriques de ce monde. Le « moment » transformant de cette rencontre échappe au chronométrage terrestre – c'est le temps du cœur, le temps du « passage » à la communion avec Dieu dans le Corps du Christ. Le Jugement de Dieu est espérance, aussi bien parce qu'il est justice que parce qu'il est grâce. S'il était seulement grâce qui rend insignifiant tout ce qui est terrestre, Dieu resterait pour nous un débiteur de la réponse à la question concernant la justice – question décisive pour nous face à l'histoire et face à Dieu lui-même. S'il était pure justice, il ne pourrait être à la fin pour nous tous qu’un motif de peur. L'incarnation de Dieu dans le Christ a tellement lié l'une à l'autre – justice et grâce – que la justice est établie avec fermeté: nous attendons tous notre salut « dans la crainte de Dieu et en tremblant » (Ph 2, 12). Malgré cela, la grâce nous permet à tous d'espérer et d'aller pleins de confiance à la rencontre du Juge que nous connaissons comme notre « avocat » (parakletos) (cf. 1 Jn 2, 1)[…].

    JPSC