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Enseignement - Education - Page 77

  • Une excellente initiative : la traduction française d’un ouvrage inédit d’Etienne Gilson

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    Une excellente initiative : la traduction française d’un ouvrage inédit d’Etienne Gilson

    Lu sur le blog « Salon Beige » :

    Gilson 9782910769505.jpg« L'abbaye Notre-Dame de Fontgombault vient d'éditer la traduction d'un ouvrage de Gilson, précédé d’une préface de Rémi Brague, initialement écrit en anglais : Éléments de philosophie chrétienne. Etienne Gilson (1884-1978) fut professeur à la Sorbonne, à l’École pratique des hautes études, à Harvard et au Collège de France. Il fut élu à l’Académie française en 1946. Il a renouvelé l’étude de la pensée de saint Thomas d’Aquin en y dégageant une métaphysique de l’acte d’être. En 1929, il fonda à Toronto l’Institute of Mediæval Studies.

    Etienne Gilson avait fait paraître cet ouvrage sur les fondements de la philosophie chrétienne en 1960 en Amérique et personne ne l’avait traduit en français. Il s’agit d’une somme de philosophie chrétienne, qui couvre des questions fondamentales : Dieu, l’être, l’homme. Dans une partie consacrée à Dieu, il aborde son existence, les approches métaphysiques permettant de le connaître, son essence : 

    « Pour nous, connaître quelque chose, c’est connaître ce qu’elle est. Si Dieu n’a pas d’essence, il n’a pas de « ce qu’il est », en sorte qu’à la question : Qu’est-ce que Dieu ? la réponse correcte serait : Rien. Bien des mystiques n’ont pas hésité à parler ainsi, dans le sens bien déterminé que Dieu n’est nulle-chose, mais ils ne doutaient certainement pas de son existence. Dire que Dieu n’a pas d’essence serait le rendre entièrement impensable. Et plus important encore, ce serait trahir le sens authentique de la méthode négative en théologie. Une négation requiert nécessairement une affirmation, à savoir l’affirmation même qu’elle rejette. Dire que Dieu n’a pas d’essence, cela signifie en réalité que Dieu est comme un au-delà de l’essence. Pour mieux le dire, Dieu est l’être dont l’essence est d’être au-delà de l’essence ; autrement dit, Dieu est l’être dont l’essence est d’être. » (p. 214‑215)

    « Si nous disions que Dieu est ceci, fût-ce même l’essence, notre proposition entraînerait comme corollaire que Dieu n’est pas cela. Au contraire, le fait de dire que Dieu n’est ni ceci ni cela nous fait affirmer de façon implicite qu’il n’y a rien qu’à sa manière propre, qui est transcendante, Dieu ne soit. Affirmer que Dieu n’est qu’être revient à nier à son propos tout ce qui, parce que c’est une détermination de l’être, en est une négation. » (p. 217)

    A l'heure de la révision des lois bioéthiques, cette citation révèle toute son importance :

    « Pour modifier la nature de façon utile, il faut obéir à ses lois propres. Mais la nature ne peut être modifiée que dans certaines limites. Il est excessivement dangereux d’imaginer que, contrairement à la nature physique, la nature humaine et les sociétés humaines sont des créations libres de l’homme, et que par conséquent elles sont entièrement au pouvoir de l’homme. Le châtiment d’une telle erreur est terrible. Toute société qui méprise les lois fondamentales de la nature humaine et l’ordre établi par Dieu provoque sa propre destruction. » (p. 463)

    Michel Janva

    Ref. Traduction d'un ouvrage inédit d'Etienne Gilson

    JPSC

  • Synode romain sur les jeunes et la foi : vers une orientation sélective ?

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    scouts d'europe.jpg

    Dans un communiqué diffusé le 30 janvier, l’Association des guides et scouts d’Europe fait part de son étonnement et de son incompréhension face à l’absence d’un représentant du scoutisme parmi les trois jeunes délégués pour représenter la France au pré-synode des jeunes. Après la polémique sur le MRJC, il lui parait également « incohérent » de maintenir le membre issu de ce mouvement parmi ces mêmes délégués. D’Antoine Pasquier sur le site de « Famille Chrétienne » :

    Pré-synode des jeunes : les Scouts d’Europe contestent le choix des délégués français

     « Il y a dix jours, nous prenions connaissance des noms des trois jeunes que la conférence des évêques déléguait pour représenter la France au pré-synode de mars (en préparation du synode des évêques sur les jeunes, la foi et le discernement à la vocation d’octobre prochain). Nous avons été étonnés qu’il n’y ait, parmi eux, aucun représentant d’un mouvement de scoutisme alors que le scoutisme a été si souvent cité comme un point important dans les réponses au questionnaire que le Saint Père avait proposé aux jeunes. D’ailleurs, la synthèse de ces réponses soulignait clairement la place du scoutisme dans l’appréhension de la foi et le discernement de la vocation humaine.

    Cet étonnement initial s’est doublé d’une incompréhension quand nous avons découvert qu’un des trois délégués appartenait à un mouvement dont les prises de position vont à l’encontre des enseignements de l’Eglise, particulièrement pour les questions liées à la protection de la vie. Le communiqué du MRJC (1) dans le contexte des débats sur la bioéthique prend une résonnance d’autant plus forte et incompréhensible.

    Notre présidente avait d’ailleurs fait part de notre questionnement par un courrier à la directrice du Service National pour l’Evangélisation des Jeunes et pour les Vocations(SNEJV).

    Suite à la réaction de Monseigneur Ginoux et aux prises de position de plusieurs mouvements dans la presse, il nous est apparu nécessaire de faire connaitre notre position sur les enseignements fondamentaux de l’Eglise qui nous semblent relativisés par les déclarations faites. C’est pourquoi nous venons d’écrire à Monseigneur Percerou, président du conseil pour la pastorale des enfants et des jeunes :

    « Mouvement d’éducation catholique utilisant la méthode scoute, le mouvement des Guides et Scouts d’Europe s’emploie à répondre à sa mission de mouvement catholique, fidèlement, en donnant le primat à la vocation de chacun à la sainteté. Nous nous efforçons de faire vivre concrètement l’enseignement de l’Eglise à nos jeunes, dans un environnement souvent hostile. Au sein de ces enseignements, celui relatif à la défense de la vie est fondamental. Il est donc particulièrement regrettable que ces attaques contre le respect de la vie soient le fait d’associations reconnues comme catholiques. Certes, à l’occasion de la réunion du 29 janvier du Conseil des évêques pour les mouvements et associations de fidèles (CMAF), un communiqué de presse a été publié mais il ne permet pas d’apaiser le trouble causé ; bien plus il entretient une regrettable confusion. A sa lecture, il semblerait qu’il est donc possible d’avoir « une diversité d’approches » dans le cadre de « la liberté de parole », même sur des questions de fond. Aussi, c’est cette même liberté qui nous conduit à affirmer qu’en cette matière la parole de l’Eglise doit être forte et sans ambiguïté pour ne pas abandonner ceux qui, au quotidien, tentent, dans la difficulté, de rester fidèles à la Foi de l’Eglise.

    Dans ce contexte, il paraitrait incohérent de maintenir le choix de ce jeune comme délégué de l’Eglise de France et de la parole portée par les jeunes de notre pays auprès des pères du synode ».

    Claire VERDIER, Présidente

    Isabelle NICPON-RS, Commissaire Générale Guide

    Michel-Henri FAIVRE, Commissaire Général Scout

    Abbé Cyril GORDIEN, Conseiller Religieux National »

    Ref. Pré-synode des jeunes : les Scouts d’Europe contestent le choix des délégués français

    JPSC

    (1) Voici le texte de ce communiqué du MRJC (ndB) :

    Le Mouvement Rural de Jeunesse Chrétienne se désolidarise de La Marche pour la Vie organisée ce dimanche 21 janvier 2018

    En tant que mouvement chrétien, nous ne nous reconnaissons pas dans cet appel relayé par de nombreuses associations, fidèles et responsables catholiques. Nous dénonçons les messages de culpabilisation, d’intolérance et de haine portés lors de cette marche, sous couvert de valeurs chrétiennes.

    « Nous ne voulons pas imposer une manière de penser la foi mais nous voulons vivre l’ouverture et le dialogue pour nous faire grandir les uns et les autres. » 

    Extrait du Rapport d’Orientation du MRJC 2014-2021

    Nous défendons le droit fondamental pour les femmes et les couples d’avoir recours à l’IVG. Ce droit assure la liberté de conscience. L’IVG est une démarche personnelle parfois complexe et difficile notamment au vue des démarches administratives et médicales pouvant être lourdes et culpabilisantes. 

    C’est pourquoi nous défendons avant tout le droit pour toutes les personnes d’avoir accès à l’information sur les sexualités et les moyens de contraceptions, à des soins gynécologiques, et à un accompagnement dans leurs démarches notamment de parentalité. En ce sens la fermeture de planning familiaux et la multiplication des déserts médicaux dans nos banlieues et dans nos campagnes ne fait qu’accroitre les inégalités d’accès au soin. Nous défendons une présence locale et régulière des acteur.e.s de la santé pour conseiller, sensibiliser et soigner les habitant.e.s de ces territoires.

    Nous, mouvement chrétien, sommes solidaires des combats pour l’émancipation personnelle et collective !

  • Le cardinal Wim Eijk appelle le pape à clarifier les doutes semés par Amoris laetitia

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    Lu sur le blog « Salon beige »

    « De Jeanne Smits sur RITV :

    "Dans un entretien avec le quotidien néerlandais Trouw, l’archevêque d’Utrecht, le cardinal Wim Eijk vient d’appeler le pape François à apporter de la « clarté » face aux « doutes » semés par l’exhortation post-synodale Amoris laetitia à propos de l’accès à la communion pour les divorcés « remariés ». S’il s’efforce d’affirmer, dans cet entretien paru vendredi dernier, que le pape n’a « jamais, nulle part » déclaré que ces couples pouvaient recevoir le sacrement de pénitence et de l’Eucharistie, il emploie tout de même des mots qui ont été ceux de nombreux évêques, universitaires et théologiens, mais aussi ceux des quatre cardinaux des « Dubia » demandant au pape François de faire la lumière sur cette question, sans jamais recevoir de réponse.

    Le cardinal Wim Eijk, connu pour ses positions fidèles à la tradition de l’Eglise en matière de morale familiale et conjugale, avait déclaré à l’issue des deux synodes sur la famille que l’Eglise catholique ne saurait modifier son enseignement traditionnel sur le refus de la communion aux couples divorcés « remariés », assurant alors que le pape ne changerait pas la doctrine à cet égard.

    « A la suite des deux synodes sur la famille un document a été écrit par le pape, Amoris laetitia. De ce fait des doutes ont été semés. Les divorcés “remariés” peuvent-ils désormais communier ou non ? Ce que l’on voit, un peu, c’est que telle conférence épiscopale gère l’affaire d’une façon, tandis que tel autre la gère d’une manière exactement inverse. Mais bon, ce qui est vrai à l’endroit A ne peut subitement être faux à l’endroit B. A un moment donné on serait content de voir que la clarté soit faite. » 

    [...] Interrogé sur la question de savoir ce qu’il attend du pape François, le cardinal a répondu : « Je dirais : éclairez-nous. A propos de ce point précis. Otez ce doute-là. Sous forme d’un document, par exemple. » [...]"

    Ref. Le cardinal Wim Eijk appelle le pape à clarifier les doutes semés par Amoris laetitia

    Il se fait, malheureusement pour le Cardinal-Archevêque des Pays-Bas, que, dans l'esprit du pape, l’affaire est désormais close, comme l’explique clairement l’Agence Kathnet :

    « Le Vatican a publié dans les “Acta Apostolicae Sedis” (AAS), l’organe officiel du Saint Siège, le document explicatif qui avait été adressé aux évêques de la région pastorale de Buenos Aires suite à l’exhortation post synodale “Amoris Laetitia”, ainsi qu’une lettre du pape François, dans laquelle il donne son approbation au dit document.

    La parution dans les AAS de cette lettre privée du pape aux évêques de la région pastorale de Buenos Aires élève cet écrit au rang de “Lettre Apostolique”.

    Elle contient en outre une contribution du cardinal Pietro Parolin dans laquelle celui-ci précise que la parution des deux documents a été faite sur la demande expresse du pape François qui désire que, aussi bien le document explicatif aux évêques de Buenos Aires que sa propre lettre soient désormais considérés comme des éléments de son “magistère authentique”.

    Le document explicatif à l’adresse des évêques de Buenos Aires, datant de septembre 2016, prévoit au n°6, d’autoriser, au cas par cas, que des personnes “divorcées et remariées civilement” puissent recevoir la communion eucharistique, même si celles-ci ne se déclarent pas prêtes à vivre dans l’abstinence. La réception de la communion pourrait être le résultat d’un processus de discernement accompagné de façon personnelle et pastorale par un prêtre. A l’issue d’un tel processus, il n’y aurait pas obligatoirement une admission aux sacrements : les personnes pourraient aussi librement choisir une autre façon de participer à la vie de l’Eglise.

    Dans sa lettre aux évêques, le pape a expressément approuvé la valeur de ce processus. Le document explicatif se veut exhaustif en ce qui concerne le huitième chapitre d’ “Amoris Laetitia”. Le pape l’affirme sans ambiguïté : ‘Il n’y a pas d’autre interprétation’. »

    Ce point final péremptoire n’empêche évidemment pas de rappeler ici quels sont les divers degrés d’engagement de l’enseignement suprême du pape seul ou du pape et des évêques unis à lui et, spécialement, de préciser que le magistère le plus élevé peut se placer à deux degrés d’autorité :

    1°/ Celui des doctrines irréformables du pape seul ou bien du collège des évêques (Lumen gentium n. 25 § 2 et 3). Ce magistère infaillible, auquel il faut « adhérer dans l’obéissance de la foi », peut lui-même être proposé sous deux formes :

    1. a) les jugements solennels du pape seul ou du pape et des évêques réunis en concile ;
    2. b) le magistère ordinaire et universel (Dz 3011).

    2°/ Et, d’autre part, celui des enseignements du pape ou du collège des évêques avec le pape, sans intention de les proposer de manière définitive, auxquels est dû « un assentiment religieux de la volonté et de l’esprit » (Lumen gentium n. 25 § 1). On parle généralement de « magistère authentique », bien que le vocabulaire ne soit pas absolument fixé.

    C’est  à ce second degré d’autorité du magistère qu’il faut situer celle des deux documents que le pape vient de faire publier au « Moniteur » du Saint-Siège : le même que celui de l’exhortation post-synodale « amoris laetitia » : leur enseignement ne peut plus être remis en cause « nisi gravibus causis » (à moins de graves raisons). Cette clausule signifie, a contrario, qu’il peut l’être dans cette occurrence.

    JPSC

  • Quelle langue parlait Jésus ?

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    De Philip Kosloski sur le site « Aleteia »

    « En Palestine, au Ier siècle, trois langues coexistaient : l'araméen, le grec et l'hébreu. Chacune avait une fonction particulière et était employée par des groupes distincts.

    Selon les chercheurs, l’araméen était la toute première langue parlée par Jésus qui lui avait été enseignée par ses parents. Le site américain Zondervan Academic donne plusieurs arguments pour confirmer cette hypothèse : la majorité des documents et d’inscriptions retrouvés de cette époque sont en araméen. D’autres documents en grec, en hébreu, en latin et dans d’autres langues existent mais ils représentent une minorité. De nombreux textes religieux sont en hébreu : parmi les manuscrits de la Mer Morte par exemple, seulement 15% sont en araméen, 3% en grec et le reste en hébreu. Cependant, la plupart des textes non religieux, comme les contrats, sont en araméen.

    Lire aussi : Avez-vous déjà essayé de prier dans la langue de Jésus ?

    Les chercheurs ont découvert que l’hébreu ancien, à l’époque de Jésus, était employé de la même manière que le latin aujourd’hui : peu de personnes savent parler latin [*] langue principalement réservée à des cérémonies religieuses et à certains textes écrits. De la même manière, au Ier siècle, l’hébreu était connu des chefs religieux de la Palestine, mais il n’était pas communément parlé par l’ensemble du peuple. Dans la synagogue, Jésus a montré qu’il savait lire l’hébreu (Lc 4, 16-30), mais parmi ses disciples, plusieurs étaient sans doute illettrés et ne le maîtrisaient pas.

    Le grec, héritage de la colonisation

    Le grec était aussi une langue présente en Palestine, héritage du mouvement de colonisation par les cités grecques quelques siècles auparavant. Les Saintes Écritures, initialement écrite en hébreu, ont ensuite été traduites en grec, dans ce qu’on appelle aujourd’hui la Septante. Jésus était sans doute familier avec la langue grecque, mais encore une fois ce n’était pas la langue parlée par la foule à laquelle il s’adressait.

    De plus, lorsque les Évangélistes commencèrent leur travail de rédaction, ils s’adressaient à des communautés qui parlaient grec. Leur langue devint ainsi la langue commune pour enseigner et transmettre les paroles de Jésus.

    Lire aussi : Prier le Notre-Père en araméen, la langue de Jésus

    Jésus parlait donc araméen au quotidien, mais les Évangélistes ont écrit ses paroles en grec. L’Église affirme que ces écrivains ont été inspirés par l’Auteur Divin des Saintes Écritures, le Saint-Esprit, qui leur a sans doute permis de préserver les paroles de Jésus de toute erreur humaine.

    Le texte en grec, la Septante, a ensuite été traduit dans d’autres langues. À chaque fois, l’Église catholique s’est assurée que la traduction soit exacte et qu’elle reflète la langue et la culture de la Palestine du Ier siècle.

    Réf. Quelle langue parlait Jésus ?

    [*] Pour le peuple, le latin « c’est de l’hébreu » depuis pas mal de temps déjà, en effet. Mais le latin est  resté une langue de culture et une langue liturgique enseignée à un public non négligeable jusqu’au coup (fatal ?) qui lui fut porté chez nous (comme ailleurs), après le concile Vatican II,  par la réforme du pape Paul VI (1970) outrepassant les textes conciliaires eux-mêmes et, après mai 1968,  par la mise en place de l’enseignement rénové (1971) supprimant les humanités classiques. Mais le latin dans le monde d’aujourd’hui n’a peut-être dit son dernier mot comme le montre un excellent petit livre : « De la nécessité du grec et du latin » publié chez Flammarion (août 2016) par Gilles Siouffi et Alain Rey.

    JPSC

  • Pourquoi l'Église catholique dérange le pouvoir en RDC

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    D’Anne Guion sur le site web de l’hebdomadaire « La Vie » :

     « De plus en plus présente sur le terrain, soutenue par la population, l’institution est devenue un acteur incontournable en République démocratique du Congo. De quoi nourrir l’exaspération du clan Kabila, qui a choisi la répression.

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    Les mots ne s’embarrassent pas de précautions diplomatiques. La charge est frontale. « Que veut-on au juste ? s’est interrogé le cardinal Laurent Monsengwo, archevêque de Kinshasa, devant la presse congolaise et internationale le 23 janvier dernier. Le pouvoir pour le pouvoir ou bien le pouvoir pour le développement intégral du peuple, dans la paix, dans la justice et la vérité ? Nous voulons que règne la force de la loi et non la loi de la force. » Deux jours plus tôt, à Kinshasa et dans plusieurs villes du pays, la police congolaise tirait à balles réelles sur les participants d’une manifestation organisée par les catholiques du Comité laïc de coordination (CLC) et soutenue par le Conférence épiscopale nationale du Congo (CENCO). Bilan : six morts et une centaine de blessés.

    Les tensions sont de plus en plus fortes entre le pouvoir congolais et l’Église catholique, qui depuis un an ne cesse de demander l’alternance politique. Au pouvoir depuis 2001, Joseph Kabila aurait dû se retirer le 20 décembre 2016, à la fin de son dernier mandat, mais il a bien pris soin de n’organiser aucun scrutin. Pour une raison simple : la Constitution l’autorise à rester en poste jusqu’à l’élection de son successeur. Pour tenter de régler la crise, la CENCO a mené des pourparlers entre le pouvoir et l’opposition, qui ont abouti à l’accord de la Saint-Sylvestre (signé le 31 décembre 2016). Le texte prévoyait que l’élection présidentielle ait lieu en fin d’année 2017. Finalement, celle-ci ne devrait se tenir que le 23 décembre… 2018. « L’Église, qui s’est sentie flouée, fait tout pour éviter un bain de sang, estime Samuel Pommeret, chargé de mission au CCFD-Terre solidaire. Le pouvoir, qui gère le pays par le chaos, n’hésite pas à réprimer. »

    Pour comprendre ce face à face sanglant, il faut avoir conscience du poids de l'Église en RDC Cet immense pays de 80 millions d'habitants compte 40% de fidèles catholiques. Dans ce territoire où l’État est inexistant, l'Église est, elle, présente partout avec 41 diocèses et 6 archidiocèses. Très vivante, elle dispose même d’une liturgie propre, adaptée à la culture locale et reconnue comme telle par le Saint-Siège. Surtout, elle pallie presque toutes les déficiences de l’État, par exemple au Kivu, dans l’Est du pays, une région déchirée par un conflit entre groupes armés pour le contrôle des zones minières. Les services diocésains y gèrent la plupart des écoles et des dispensaires, accueillent les femmes victimes de viol – une pratique de terreur utilisée par les milices locales. Quitte à soulager l’État congolais de ses responsabilités… Ainsi, à Bukavu, le Bureau diocésain de développement (BDD) travaillait, il y a quelques années, sur un projet de construction d’une usine de traitement de l’eau. Dans la région d'Uvira, à la frontière avec le Burundi, où les banques sont inexistantes, les salaires des fonctionnaires des écoles de campagne sont acheminés par la Caritas (le réseau à l’international du Secours catholique). « L’Église a même mis au point un système qui facilite les transactions commerciales », témoigne Samuel Pommeret.

    Cette présence sur le terrain s’est peu à peu accompagnée d'un engagement sur la scène politique. « En Europe, après des siècles de culture chrétienne, la société est imprégnée des valeurs du christianisme, comme la recherche du bien commun, mais vous avez oublié Dieu ! Tandis que chez nous, où l’Église catholique est très jeune, le sacré est très présent, mais ce sont les valeurs qui manquent », nous expliquait ainsi François-Xavier Maroy, l’archevêque de Bukavu, à la frontière avec le Rwanda, en 2012. L’engagement est venu naturellement. « Nous recommandons aux habitants de payer leurs impôts, mais si les gouvernants ne refont pas les routes, par exemple, ce discours est impossible à tenir ! La grande question est : qui doit commencer à faire un effort ? » Dans ce pays traumatisé par de nombreuses années de guerre, les commissions Justice et paix militent dans chaque diocèse pour les droits civiques et la réconciliation. L'Église est également très active dans le domaine du contrôle de la gestion des ressources naturelles. « Celle-ci a un rôle politique qu'elle assume tout à fait, affirme Samuel Pommeret. Il s'agit pour elle d'appliquer la doctrine sociale de l'Église. »

    Quitte à descendre dans la rue. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que le clergé congolais appelle les fidèles à se mobiliser. L’histoire récente du pays est ponctuée de soulèvements de ce type. Le 16 février 1992, par exemple, la « Marche des chrétiens » avait rassemblé des milliers de personnes à Kinshasa pour demander davantage de démocratie au régime de Mobutu (au pouvoir de 1965 à 1997). La manifestation avait été réprimée dans le sang. En août 2012, les fidèles catholiques étaient de nouveau dans la rue pour protester contre la « balkanisation rampante du pays » lors de la rébellion du M23, un groupe armé à l’Est du territoire. Toujours en première ligne, les prêtres et les religieux sont parfois kidnappés, ou même assassinés comme l’archevêque de Bukavu, Christophe Munzihirwa, tué en octobre 1996 par des hommes armés. Celui-ci était très critique vis à vis des autorités locales.

    Le mouvement fait aujourd’hui boule de neige et inspire les autres confessions. Les fidèles des Églises du réveil, les musulmans et les kimbanguistes, membres d’une Église chrétienne indépendante née en RDC [*] , rejoignent les manifestations. « Ce n'est pas l’Église elle-même qui va faire tomber le régime, mais il est certain que son action participe au renouveau démocratique, estime Samuel Pommeret. Il y a beaucoup de forces vives en RDC. Si toutes les voix arrivent à converger, le pouvoir peut s'inquiéter. » Ainsi, lors de la cérémonie de commémoration de l'assassinat de Laurent Désiré Kabila, le père de Joseph Kabila, le 16 janvier dernier, le pasteur de l'Église évangélique, François David Ekofo, qui y remplaçait le cardinal Monsengwo, a eu lui aussi des propos très durs pour le régime lors de sa prédication. Il a ainsi affirmé devant la famille Kabila réunie que « l’État congolais n’existait pas ».

    L'Église pourrait-elle jouer, en RDC, le même rôle que celui qu’elle a incarné à la fin de l’Union soviétique ? Une chose est certaine : les relations entre le pape François et le président congolais sont tendues. Quand Joseph Kabila a été reçu au Vatican en septembre 2016, le pape n'est pas sorti saluer son hôte, comme il le fait d’habitude, sur le seuil de la bibliothèque où se déroulent les entretiens. Un projet de voyage papal prévu en juillet août 2017 a finalement été annulé. François est aussi proche du cardinal Monsengwo, qui fait partie des neufs prélats chargés de le conseiller sur la réforme de la Curie. Celui-ci semble avoir toute sa confiance pour la gestion de cette crise : « Je renouvelle mon appel à tous pour déployer des efforts afin d'éviter toute forme de violence, a-t-il ainsi affirmé lors de son audience hebdomadaire place Saint-Pierre, mercredi 24 janvier. Pour sa part, l'Église ne veut que contribuer à la paix et au bien-être de la société. »

    ____

     [*] ndBelgicatho:  le Kimbanguisme (du nom de son fondateur, Simon Kimbangu) est né au Bas-Congo en 1921, à l'époque où le Congo était belge et la secte fut finalement reconnue comme "Eglise" par le pouvoir colonial en 1958.

    Ref. Pourquoi l'Église catholique dérange le pouvoir en RDC

    L’Eglise catholique n'a pas attendu l'avènement de la RDC pour devenir un pilier essentiel de la vie citoyenne au Congo. Depuis plus d'un siècle au moins, elle est partout, jusqu’au fond de la brousse dans ce pays où, après une décolonisation ratée,  elle supplée aujourd'hui, autant que faire se peut, aux carences et à la corruption de l’Etat. Dès les années 1960, le cardinal Malula est entré, à l’époque de Mobutu , en collision  frontale avec le pouvoir en place : il en avait non seulement la capacité intellectuelle mais aussi le tempérament qui manqua peut-être un peu à son successeur immédiat, Mgr Frédéric Etsou. Avec le cardinal Laurent Monsengwo, le peuple congolais a retrouvé ce qui lui manque le plus : un pasteur susceptible de le sortir du poto-poto politico-financier qui fait semblant de gouverner le pays. Il peut compter sur le soutien de la Belgique, mais les grandes puissances suivront-elles ?

    JPSC

  • Réflexions sur l’avenir des communautés Ecclesia Dei

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    Lu dans le N° 294 du mensuel « La Nef » :

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    "Quel avenir pour la mouvance Ecclesia Dei ? L’un des facteurs qui invite à la réflexion est la possible réintégration de la Fraternité Saint-Pie X dans la pleine communion ecclesiale.

    On parle de « mouvance Ecclesia Dei » car il s’agit d’une réalité polymorphique : communautés religieuses, sociétés de vie apostolique de droit pontifical, prêtres diocésains isolés ou constitués en associations cléricales. Certaines de ces communautés sont des dissidences de la Fraternité Saint-Pie X (Fraternité Saint-Pierre, Institut du Bon Pasteur), d’autres étaient liées à la Fraternité Saint-Pie X jusqu’en 1988 (le Barroux), d’autres ont toujours été indépendantes de cette Fraternité (Fontgombault, Dominicaines du Saint-Esprit, Chanoines réguliers de la Mère de Dieu) tandis que d’autres encore viennent d’un horizon différent (Fraternité Saint-Vincent Ferrier) ou, fondées après 1988, développent une spiritualité propre (Institut du Christ Roi). L’insertion diocésaine peut être mise en valeur (Missionnaires de la Miséricorde divine, Association Totus tuus). N’oublions pas les laïcs présents dans ce créneau par leurs publications, éditions, écoles, etc.

    Ces réalités ecclésiales se réfèrent toutes au Motu proprio Ecclesia Dei du 2 juillet 1988, qui demandait aux évêques d’appliquer de façon large et généreuse les concessions des traditions liturgiques antérieures accordées en 1984, concessions qui sont d’ailleurs devenues un véritable droit reconnu à partir du Motu proprio Summorum Pontificum du 7 juillet 2007. Au plan canonique, certaines de ces communautés relèvent du Saint-Siège, via la Commission pontificale Ecclesia Dei ou via la Congrégation pour les Instituts de Vie consacrée et les Sociétés de vie apostolique ; d’autres sont de droit diocésain. Le ministère proprement dit s’exerce d’ailleurs toujours sous l’autorité de l’Ordinaire du lieu.

    Ces communautés, pour nous focaliser sur elles, ont maintenant leur histoire propre, valorisent leur charisme spécifique. Certains parmi leurs membres ont voulu accueillir positivement les enseignements conciliaires selon la fameuse « herméneutique de la réforme dans la continuité de l’unique sujet-Église » ; d’autres donnent un assentiment minimal à Vatican II et préfèrent se référer à un moment donné de la théologie de l’Église. Certains excluent de célébrer la forme ordinaire du rite romain tandis que d’autres l’acceptent en pratique. La mosaïque – plus que la nébuleuse – Ecclesia Dei dans son ensemble manifeste une vitalité certaine au plan vocationnel, en comparaison notamment du nombre de séminaristes dans les diocèses. S’il est difficile de donner des chiffres, on peut estimer qu’en France, la couverture du terrain (prêtres, fidèles, églises, écoles) par la mouvance Ecclesia Dei est au moins aussi importante que celle de la Fraternité Saint-Pie X qui bénéficiait pourtant d’une avance de vingt ans. Ce qui signifie concrètement que la Fraternité Saint-Pie X, près de trente ans après les sacres de 1988, n’a plus le monopole pastoral dans ce créneau.

    Voici donc deux courants qui convergent apparemment dans la manière de célébrer le sacrifice eucharistique mais qui sont assez fondamentalement dissemblables dans leur rapport aux évêques et au Magistère actuel, dans la conception qu’ils se font de la mission de l’Église dans le monde de ce temps.

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  • Liège-Musique : découvrir les jeunes talents professionnels à l’église du Saint-Sacrement

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    Janvier-Février 2018

    Trois dates à retenir

    Affiche_concert foliamusica_2018.jpg

    P.A.F :

     

    Sans réservation : 9 €

    Avec réservation : 6 €

    Réservation 0473 321 983

    _____________________

    Sursum Corda asbl. Association pour la sauvegarde de l’église du Saint-Sacrement au Boulevard d’Avroy, 132 à Liège. Siège social : Rue Vinâve d’île, 20 bte 64. Tel. 04.344.10.89 (si on ne répond pas : GSM 0498 33 46 94).

    E-mail : sursumcorda@skynet.be.

    Web : http://eglisedusaintsacrementliege.hautetfort.com

    Faire un don pour l’entretien et la restauration de l’église? Compte IBAN BE75 0016 3718 0851 de Sursum Corda asbl, Rue Vinâve d’île, 20 bte 64, 4000 Liège.

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  • La génération "moi, j'ai le droit"

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    Du site "Pour une école libre au Québec"

    La génération « moi, j'ai le droit »

    Barbara Lefebvre est enseignante et auteur de Génération : J’ai le droit. Dans son livre, elle témoigne de son expérience et parle d’une génération individualiste, de crise de l’autorité... Elle a auparavant collaboré à la rédaction du livre marquant Les Territoires perdus de la République, né du constat alarmé de professeurs de l’enseignement secondaire de la région parisienne, a paru pour la première fois en 2002. Les auteurs des attaques terroristes de 2015 étaient collégiens dans des établissements peu ou prou semblables à ceux évoqués dans le livre, au sein desquels il se produisait des « incidents » à caractère antisémite, raciste et sexiste.

    L’intérêt général, connais plus ! Une prof jette un pavé dans la mare en fustigeant la génération « j’ai le droit ». Des jeunes, mais aussi des adultes pour qui le « je » prime sur tout.

    C’est une phrase courte, qui se passe rarement d’un point d’exclamation. Comme une petite explosion sémantique qu’on entend partout et qu’on prononce soi-même souvent : « J’ai le droit ! » Le droit de parler en classe, le droit de bloquer son lycée, le droit au wi-fi et à la déconnexion, le droit de maltraiter l’orthographe, le droit de payer moins cher, celui de revendiquer sa singularité, religieuse ou identitaire, et même, désormais, le droit à l’erreur administrative…

    « Après tout, nous sommes dans un État de droit, comme le répètent très souvent les politiques », sourit la sociologue et directrice de recherches au CNRS Monique Dagnaud.

    La fin des piédestaux ?

    Mais cet état de fait serait-il aussi devenu le trait le plus saillant de la société d’aujourd’hui ? « Nous sommes dans la glorification des identités particulières, dans un individualisme forcené », assène Barbara Lefebvre, enseignante et polémiste, auteur d’un pavé dans cette mare du « je » : « Génération : J’ai le droit » [1]. Cette prof d’histoire-géographie dénonce chez ses élèves, mais aussi chez leurs parents « une suspicion » à l’égard de l’autorité et des savoirs, comme si le règne du moi revendiqué sur les réseaux sociaux rendait tout le reste relatif. Au feu, les estrades et piédestaux sur lesquels trônaient autrefois le maître, le juge, le politique, les parents ?

    « L’individualisme est un trait fort de nos sociétés contemporaines, et c’est vrai qu’il dilue le sentiment d’appartenance collective, abonde Monique Dagnaud [2]. Nous avons pour de bon quitté la société patriarcale : un cadre existe toujours dans la famille, mais il est négocié et la parole de l’enfant est prise en compte. Pas étonnant, dans ce contexte, que des jeunes s’élèvent avec l’argument j’ai le droit. »

    S’il constate aussi « une montée générale des revendications identitaires et des attitudes protestataires », le sociologue de la jeunesse Olivier Galland [3] nuance : « Le rejet de l’autorité n’est pas généralisé chez les jeunes, il est en fait très différent selon le milieu social ou le niveau de diplôme. Mais il est vrai aussi que la reconnaissance de l’individu dans ce qu’il a de particulier est un thème très fort dans la jeunesse. » Une jeunesse pour laquelle les notions de respect et d’humiliation sont, relève le spécialiste, parmi les plus importantes qui soient. Il aurait été intéressant qu’Olivier Galland précise sa pensée : quels sont les milieux sociaux qui rejettent l’autorité ? Est-ce une question de revenus ou de provenance culturelle ? Et de quelle autorité s’agit-il ? Les pompiers et les policiers sont caillassés dans les « banlieues populaires », mais une autre autorité y est respectée.

    Entretien avec Barbara Lefebvre

    — La génération « J’ai le droit », qu’est-ce ?

    Barbara Lefebvre. — C’est à la fois une génération d’élèves et une génération de parents qui considèrent que leurs droits individuels prévalent sur l’intérêt général. On glorifie les identités particulières au détriment du bien commun. Cet individualisme fait le jeu de deux courants : d’une part, le modèle ultralibéral, avec le culte de l’argent ; d’autre part, le communautarisme [comprendre ethnico-religieux], selon lequel on serait déterminé par une identité de naissance à préserver absolument.

    — En tant que prof depuis vingt ans, avez-vous observé les comportements de cette génération « J’ai le droit » ?

    Barbara Lefebvre. — Oui. Dès la 6e [11-12 ans], les élèves se lèvent en plein cours, tutoient et interrompent l’enseignant… C’est la preuve que quelque chose n’est pas cadré. Je vois dans cette génération deux rejets, deux crises : une crise de l’autorité et une crise de la culture. Or, la culture est fondamentale car elle est génératrice d’intégration. Et je ne parle pas là que des enfants d’immigrés, car un enfant est un nouveau venu dans la société, et le rôle de l’école est de lui apprendre la vie en collectivité. Mais elle est aujourd’hui délégitimée. Il ne faut pas s’étonner, par conséquent, que l’élève conteste, n’obéisse pas, voire dise qu’il est son propre maître.

    — Pour vous, l’école serait donc responsable ?

    Barbara Lefebvre. — Cette génération est le résultat d’un très long phénomène, mais l’école en particulier a perdu le sens de sa mission. Avec ce principe prétendument progressiste selon lequel il faut se mettre à la portée des enfants, on a maintenu un grand nombre d’élèves derrière un fossé devenu quasiment infranchissable. Privés d’un accès exigeant à la langue, ils [ne parviennent plus à] avoir une conversation avec quelqu’un qui vient d’un autre milieu. L’école a perdu sa capacité intégratrice.

    — C’est nouveau ?

    Barbara Lefebvre. — L’explosion des réseaux sociaux a accentué la domination du « je » tout-puissant, qui pense primer sur le « nous ». Dans les années 2000 déjà, on sentait chez les élèves un certain non-consentement de l’autorité. Cela s’est exacerbé depuis cinq ou six ans.

    — Cet individualisme ne peut-il pas avoir de bons côtés ?

    Barbara Lefebvre. — Quand vous mettez votre « je » en avant, quand la seule chose qui compte est la satisfaction de vos désirs et de vos envies, cela crée un rapport avec les autres extrêmement violent. L’autre devient un objet. D’où le harcèlement, le sexisme, et ces petits caïds qui font leur loi…

    — Vous incluez les parents…

    Barbara Lefebvre. — Beaucoup ont intégré que l’école serait ce lieu de la violence institutionnelle, qui nierait l’identité et l’épanouissement de leurs enfants. Mais c’est normal ! L’école n’est pas le lieu d’épanouissement de l’enfant, c’est le lieu d’instruction de l’élève et futur citoyen. Aujourd’hui, beaucoup de parents ne prennent plus l’école au sérieux parce qu’elle-même a accepté que son idéal soit galvaudé.



    [1]  Génération : J’ai le droit, de Barbara Lefebvre, Ed. Albin Michel, 240 p, 18 €.

    [2] Le Modèle californien. Comment l’esprit collaboratif change le monde, de Monique Dagnaud, Ed. Odile Jacob, 2016.

    [3] Sociologie de la jeunesse, d’Olivier Galland, Ed. Armand Collin, 2017.

  • Banneux, Communauté des frères de Saint-Jean, 2-4 février : week-end des familles sur l'éducation des jeunes

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    Week-end des familles Banneux Notre-Dame

    du 02 février, 19H15, au 04 février 2018, 14H30 

    Thème : Dresser et éduquer : est-ce du pareil au même ?

    La vie familiale comme lieu d’éducation à la patience.

    « Il ne s’agit pas d’interdire aux jeunes de jouer mais de trouver la manière de créer en eux la capacité de retarder la satisfaction du désir » (Pape François, Amoris Laetitia, Chapitre 7 § 5).

    Intervenant : Fr. Cyrille-Marie

    Temps de ressourcement spirituel, ponctué par des enseignements et des partages, des moments de prières et de détente en famille. Les enfants sont pris en charge par tranche d’âge.

    Contact :

    Frère Gilles-Christ

    Communauté des frères de Saint Jean

    Prieuré Regina Pacis
    Rue de la sapinière, 50
    B - 4141 Banneux Notre Dame
    Tél : 0032 (0)43 60 01 20
    Email : hotellerie@stjean-banneux.com

  • "Nous sommes en pleine régression intellectuelle"

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    De Laure Joanin sur le site du Midi Libre :

    Dimitri Casali, historien : "Nous sommes en pleine régression intellectuelle"

    Selon Dimitri Casali, la société bascule dans l'ignorance. Chaque jour la science nous apporte de nouvelles découvertes. Mais d'après l'historien, jamais l'ignorance n'a gagné autant de terrain.

    Qu'est-ce qui vous permet d'affirmer que nous assistons à une lente montée de l'ignorance ?

    Ce qui est intéressant, c'est de constater qu'à mesure que le progrès scientifique s'accumule vers un savoir de plus en plus exact, on peut mesurer à travers le monde une lente montée de l'ignorance. En France, par exemple, les chiffres sont là : nous comptons 6 % d'illettrés, c'est-à-dire environ 3 millions de personnes. Si on additionne les personnes analphabètes qui ont des difficultés à lire et à écrire le français, on arrive à près de 10 % de la population.

    Ce constat est à mettre en corrélation avec le piètre classement de notre école. Nous sommes désormais 27e au classement international PISA. Il y a vingt ans, l'école française était 10e. En 17 ans, nous avons perdu 17 places. Dans les années 80, nous étions dans les cinq premiers, et nous avions l'un des meilleurs systèmes scolaires au monde. Dans une dictée test élémentaire de dix lignes données par l'Éducation nationale elle-même, les élèves faisaient en moyenne 10 fautes en 1987 alors qu'ils en font aujourd'hui 18. Il faut prendre conscience du phénomène qui devient vraiment effrayant.

    Est-ce un phénomène qui touche le monde entier ?

    Oui, c'est une constante. Selon une récente projection de l'ONU, l'an prochain, le monde arabe comptera 25 % d'analphabètes. Et il publie actuellement moins de 1 % du marché mondial du livre. Le monde arabe a publié plus de livres entre VIIIe et le XIIe siècle qu'aujourd'hui. Il y a ces prédicateurs saoudiens qui apprennent à leurs étudiants que la terre est plate et dernièrement, à l'Université de Sfax en Tunisie, qui est pourtant l'un des pays arabes les plus avancés, une chercheuse voulait démontrer aussi que la terre était plate et qu'elle ne tournait pas autour du soleil.

    On voit bien que nous sommes en pleine régression intellectuelle dans le monde. C'est vrai aussi aux États-Unis où 46 % des Américains pensent que la Terre a moins de 10 000 ans. C'est ce qu'on appelle les créationnistes qui commencent à prendre pied en France, en Angleterre, en Turquie où ils sont déjà très nombreux. Et en corrélation avec cette montée de l'ignorance, on assiste à une montée de l'islamisme. Ce vide spirituel et culturel qui saisit nos sociétés est l'avatar du djihadisme, du complotisme, du fanatisme et de l'obscurantisme.

    À partir de quand peut-on dater, selon vous, cette montée de l'ignorance ?

    Je vois un lien évident avec la révolution numérique. Cela a démarré dans les années 2000 où on a assisté à une surinformation qui a conduit à l'ignorance. Les 15-29 ans ne lisent plus de livres. En revanche, ils lisent davantage sur les réseaux sociaux, les blogs... D'après une étude de l'Université de Yale, la lecture sur internet n'est pas la même : les informations se superposent les unes aux autres alors que la lecture d'un livre permet de pénétrer les pensées de l'auteur et de structurer les informations.

    Cela organise le cerveau. D'autres études sont à rapprocher de cela : les Français auraient perdu 4 points de QI entre 1989 et 2009, phénomène mesuré aussi en Angleterre ou aux États-Unis. Wikipédia est le plus bel exemple des effets pervers d'internet. On a donné la culture aux imbéciles. Si dans le domaine scientifique, les notices sont rédigées par des experts, dans le domaine de la littérature et en histoire, c'est un agrégat d'informations nivelées par le plus grand nombre. Il n'y a plus de hiérarchisation du savoir. On est à l'époque du relativisme culturel. Tout se vaut. Ainsi la page de Kim Kardashian sera bientôt plus longue que celle de Montaigne et le grand poète grec Homère a déjà moins d'articles que Homer Simpson.

    Y a-t-il un moyen d'éradiquer la montée de phénomène ?

    Bien sûr, il faut replacer la culture générale et l'histoire au centre de nos préoccupations. Et d'abord à l'école. Or, depuis une trentaine d'années, la culture générale a été abandonnée. Les fameux pédagogistes de la rue de Grenelle ont remplacé la transmission du savoir et des connaissances par de simples compétences techniques. L'idée est de faire un homme nouveau, sans racines ni héritages, un bon consommateur. Rappelez-vous que Philippe Mérieu et Bourdieu préconisaient quand même d'apprendre à lire dans les notices d'appareil électroménager et non plus grâce aux textes de Hugo ou de Molière... Il faut sortir de ce rejet de la culture classique française qui fait du mal aux esprits faibles. Et cesser de croire que nous devons tous être égaux dans la médiocrité.

    “La longue montée de l'ignorance - obscurantismes, fanatismes : il n'y a pas de hasard dans l'Histoire” (Éditions First), 304 pages, 16,95 €.

  • Vient de paraître : le magazine trimestriel « Vérité et Espérance-Pâque Nouvelle », n° 105, hiver 2017-2018

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    Le magazine trimestriel « Vérité & Espérance – Pâque Nouvelle » édité par l’association « Sursum Corda » (responsable de l'église du Saint-Sacrement à Liège) a publié sa livraison de l’hiver 2017. Tiré à 4.000 exemplaires, ce magazine abondamment illustré parcourt pour vous l’actualité religieuse et vous livre quelques sujets de méditation. Les articles mentionnés en bleu sont disponibles sur le blog de l'église du Saint-Sacrement (cliquez sur les titres ci-dessous pour y accéder).

    Au sommaire de ce numéro n° 105 (hiver 2017-2018) : 

    contrat Delta ingenieur stabilité339.jpg

    Les conditions du dialogue interconvictionnel 

    Du Livre de Job au Livre éternel

    Aux anathèmes, le Savonarole de l’Ucl répond par un livre

     

    contrat Delta ingenieur stabilité340.jpg

    Rome et le monde : 

    Fêter le cinquième centenaire de la réforme protestante ?

    Liturgie : le pape François désavoue le cardinal Sarah

    Accès des divorcés-remariés à la communion sacramentelle

    Le nouvel archevêque de Paris n’a pas la faveur de l’intelligentsia progressiste

     

    Belgique:

    Un essaimage des Clarisses de Bujumbura à Liège

    Archevêché de Malines-Bruxelles : qu’as-tu fait de «Jérusalem»?

    Que faire de l’abbaye de Marche-les-Dames ?

    Pourquoi le cours de religion est important dans l’enseignement secondaire  

     

    Secrétaires de Rédaction : Jean-Paul Schyns et Ghislain Lahaye

    Editeur responsable: SURSUM CORDA a.s.b.l. ,

    Vinâve d’île, 20 bte 64 à B- 4000 LIEGE.

    La revue est disponible gratuitement sur simple demande :

    Tél. 04.344.10.89  e-mail : sursumcorda@skynet.be 

    Les dons de soutien à la revue sont reçus  avec gratitude au compte IBAN:

     BE58 0016 3718 3679   BIC: GEBABEBB de Vérité et Espérance 3000, B-4000 Liège

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  • L'objection de conscience aussi pour les étudiants en médecine et infirmerie

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    Du Bulletin d'information de l'Institut Européen de Bioéthique :

    Les étudiants en médecine et infirmerie pourront faire objection de conscience

    28/12/2017 - Clause de conscience

    La Faculty of sexual and reproductive healthcare (FSRH), organe médical responsable au Royaume-Uni de la formation des professionnels dans le domaine de la santé sexuelle et reproductive, donne désormais la possibilité à ses stagiaires en médecine ou en infirmerie d’invoquer la clause de conscience. C’est ce qu’annoncent les nouvelles directives qui viennent d'être publiées.
    Médecins, infirmiers et maintenant étudiants et stagiaires médecins ou infirmiers en stage, pourront à présent refuser de pratiquer un avortement ou de fournir de la contraception d’urgence (potentiellement abortive) sur base de convictions personnelles, sans que cela ne mette en péril leurs chances d’obtenir leur diplôme.

    La direction de la FSRH justifie cela par une volonté d’accueillir des opinions diverses au sein du monde médical.

    Les besoins des patients ne seront pas négligés pour autant, la directive de 2017 déclare en effet que « tout clinicien souhaitant ne pas prescrire la contraception d’urgence en raison de ses convictions personnelles devra le signifier à son service ou à son employeur, afin que d’autres arrangements puissent être pris pour les patients ». Si un médecin souhaite refuser certaines pratiques, il doit s’abstenir d’émettre le moindre jugement à l’égard du patient et garantir par une autre voie que « les besoins (de celui-ci) soient satisfaits. »

    Toutefois, si un stagiaire acceptait de mettre de côté ses convictions personnelles pour répondre aux besoins du patient, et remplissait ainsi l’intégralité de ses « obligations », cela serait aussi mentionné sur son diplôme.

    Sources : Dailymail