De zenit.org (Anita Bourdin) :
La lumière plus forte que les ténèbres: le pape redit l’engagement de l’Eglise contre les abus de conscience, de pouvoir, ou sexuels
Discours à la curie romaine (traduction officielle)
« L’Eglise ne se ménagera pas pour faire tout ce qui est nécessaire afin de livrer à la justice quiconque aura commis de tels délits. L’Eglise ne cherchera jamais à étouffer ou à sous-estimer aucun cas. Il est indéniable que certains responsables, par le passé, par légèreté, par incrédulité, par impréparation, par inexpérience ou par superficialité spirituelle et humaine, ont traité de nombreux cas sans le sérieux et la rapidité requis. Cela ne doit plus jamais se produire. C’est le choix et la décision de toute l’Eglise »: dans son discours annuel à la curie romaine, à l’occasion des voeux de Noël, le pape François analyse le mécanisme des abus de conscience, des abus de pouvoir et des abus sexuels et redit la ligne de conduite qu’il demande à tous dans l’Eglise.
Le pape a tenu ce discours à 10h30, ce vendredi 21 décembre 2018, devant ses plus proches collaborateurs, mais aussi devant la presse internationale, en direct sur Vatican News, et en streaming, depuis la Salle Clémentine du palais apostolique du Vatican. Le pape a été accueilli par le doyen du collège cardinalice, le cardinal Angelo Sodano.
Le pape a remercié les professionnel des media qui ont « donné la parole aux victimes » et démasqué « des loups ».
Il a appelé à aider l’Eglise à « reconnaître les cas vrais, en les distinguant des faux, les accusations des calomnies, les rancœurs des insinuations, les rumeurs des diffamations ».
Il a appelé les agresseurs à s’en remettre à la justice et à se convertir.
Le pape est parti de l’exemple du roi David et de l’analyse de « son irrésistible régression morale et de conscience » et continue à agir « comme si de rien n’était ».
Il décrit cet enchaînement, dénonçant le péché de qui a seulement peur d’être « découvert »: « A partir des étincelles de la paresse et de la luxure, et du fait de “baisser la garde”, l’enchaînement diabolique des péchés graves commence: adultère, mensonge et homicide. Prétendant, étant roi, pouvoir tout faire et tout obtenir, David cherche à tromper aussi le mari de Bethsabée, les gens, lui-même et même Dieu. Le roi néglige sa relation avec Dieu, il transgresse les commandements divins, il porte atteinte à sa propre intégrité morale sans même se sentir en faute. »
Le pape a médité sur la lumière de Noël et l’attente de la venue du Christ: « Prenant donc appui sur la ferme conviction que la lumière est toujours plus forte que les ténèbres, je voudrais réfléchir avec vous sur la lumière qui relie Noël – la première venue dans l’humilité – à la Parousie – la seconde venue dans la gloire – et nous confirme dans l’espérance qui ne déçoit jamais. Cette espérance dont dépend la vie de chacun de nous et toute l’histoire de l’Eglise et du monde. »
Le pape a réaffirmé que la lumière l’emporte sur les ténèbres: « La logique divine qui ne s’arrête pas devant le mal, mais le transforme au contraire radicalement et progressivement en bien, et également la logique démoniaque qui transforme même le bien en mal, pour conduire l’humanité à rester dans le désespoir et dans les ténèbres. »
Voici la traduction officielle en français de cet important discours, une étape dans la préparation du grand sommet mondial de février prochain sur la question de la protection des mineurs. Mais pas seulement, c’est un vademecum pour une conversion perpétuelle: « La force d’une institution, quelle qu’elle soit, ne réside pas dans le fait qu’elle est composée d’hommes parfaits (c’est impossible) mais dans sa volonté de se purifier continuellement », a aussi dit le pape François qui a achevé son discours sur la « tendresse » et la « lumière » de Noël.
« Noël prouve que les graves maux commis par certains ne pourront jamais ternir tout le bien que l’Église accompli gratuitement dans le monde », a conclu le pape en reconnaissant – ce n’est pas la première fois, et à la suite de Benoît XVI – que des « saints » travaillent à la curie romaine.
Le pape a offert à chaque collaborateur le « Précis de Théologie Ascétique et Mystique » d’Adolphe Tanquerey (1924), sur la vie intérieure.
Après avoir donné sa bénédiction, le pape François a salué individuellement chacun de ses collaborateurs.