Du site "Pour une école libre au Québec" :
« Le wokisme, un opium des intellectuels »
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Illustration pour ordination d’un évêque luthérien transgenre Le chapeau est celui du chapelier fou d’Alice au pays des merveilles |
Dans deux notes pour le réseau pensant Fondapol, Pierre Valentin, étudiant en maîtrise ès sciences politiques à l’université Paris-2 Panthéon-Assas, diplômé en philosophie et politique de l’université d’Exeter, trace les contours du nouveau militantisme de gauche aux États-Unis comme en France. Rencontre.
Mouvement idéologique venu des campus états-uniens, le « wokisme » est au centre des débats médiatiques et intellectuels. Pourtant, une majorité de Français n’en a jamais entendu parler et peu de gens qui emploient le mot sont capables de le définir précisément. De quoi faire dire à certains que le woke n’existe pas, si ce n’est dans les fantasmes de la droite et de la gauche républicaine.
Deux notes publiées par Fondapol, intitulées « L’idéologie woke. Anatomie du wokisme » et « L’idéologie woke. Face au wokisme », réussissent à tracer les contours de ce mouvement qui tend à prendre de l’ampleur. L’auteur, Pierre Valentin, étudiant en master science politique à l’université Paris-II Panthéon-Assas, diplômé en philosophie et politique de l’université d’Exeter au Royaume-Uni, revient avec nous sur le contenu de son étude.
— Comment définiriez-vous « l’idéologie woke » ?
Pierre Valentin — La traduction littérale « stay woke » signifie en anglais « restez éveillés ». Cette expression s’est d’abord popularisée aux États-Unis dans la communauté afro-américaine, où elle fait des apparitions sporadiques tout au long du XXe siècle. Elle ne devient un slogan politique à grande échelle que lorsque le groupe Black Lives Matter s’en revendique en 2013 et 2014.
Deux critiques sont régulièrement formulées à l’encontre de ceux qui analysent le « wokisme ». La première est de critiquer la rigueur de ce terme, qui serait « fourre-tout » et « flou ». Chacun serait le woke de quelqu’un d’autre. La seconde — dans la même veine — est de dire que ce terme est une création inventée post-hoc par des gens de droite et les détracteurs de ce mouvement.
Prenons ces critiques dans l’ordre. La définition donnée par Radio-Canada, citée Mathieu Bock-Côté (La Révolution racialiste et autres virus idéologiques, Presses de la Cité, 2021, p. 72.), est la suivante : « Dans un contexte de combat en matière de justice sociale, cette expression définit quelqu’un qui est sensibilisé aux injustices qui peuvent avoir lieu autour de lui. »
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Source : « Notoriété et adhésion aux thèses de la pensée “woke” parmi les Français », sondage Ifop pour L’Express, février 2021, p. 36. |
Ce terme renvoie à l’imaginaire de la gnose, hérésie chrétienne qui conceptualise une petite élite qui posséderait un savoir qualitativement supérieur ; une paire de lunettes qui permettrait de voir comment la réalité quotidienne est en réalité entachée par la trace du mal partout présent. Ailleurs, la notion de wokisme a été traduite sous le nom de « vigilitantisme ».