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Culture - Page 24

  • À l'ombre de la culture de la mort

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    De Jonathan Van Maren sur European Conservative :

    À l'ombre de la culture de la mort

  • Ce que l'Occident doit à l'Église

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    Du site des Librairies Indépendantes :

  • France : la série noire des églises incendiées pose une question de civilisation

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    De Philippe Oswald sur la Sélection du Jour :

    La série noire des églises incendiées pose une question de civilisation

    L'incendie de l'église Saint-Hilaire-le-Grand à Poitiers, le 3 octobre, s'inscrit dans une série impressionnante de sinistres dans toute la France. On ne peut plus raisonnablement invoquer un malheureux hasard. Il y a certes un manque d'entretien des 45 000 édifices catholiques que compte la France. Mais l'arrestation d'incendiaires et de profanateurs exige une réponse politique et pénale.

    Incendie à Poitiers : L'église Saint-Hilaire, classée à l'Unesco, ravagée  par les flammes - ChretienTV - Votre média chrétien

    Saint-Hilaire-le-Grand : cette célèbre église de Poitiers (Vienne), chef-d'œuvre de l'art romain classé au patrimoine mondial de l'Unesco, s'est ajoutée, le 3 octobre, à la série noire des édifices religieux incendiés et profanés en France. Aucun doute pour les enquêteurs quant à l'origine du sinistre : ils ont ouvert une enquête pour « dégradation volontaire d'un lieu de culte » — et pas n'importe lequel : cette église du Xe siècle a été bâtie sur le tombeau de saint Hilaire (315-367), premier évêque de Poitiers et docteur de l'Église. L'édifice a échappé de justesse à une destruction totale, l'incendie n'ayant touché ni sa structure ni sa toiture, mais les dégâts causés par les flammes sont « considérables » selon la préfecture de la Vienne (La Croix, 3 octobre). Aux pertes matérielles s'ajoutent les blessures psychologiques et morales infligées par cet acte de malveillance, a réagi Mgr Wintzer, archevêque de Sens-Auxerre et administrateur du diocèse de Poitiers, dont les propos sont rapportés par le site Aleteia (4 octobre) : « Je mesure combien d'hommes, de femmes, d'enfants sont à leur tour blessés par un tel acte, jusqu'à en pleurer. »

    « Il est urgent de mettre fin à cette série de dégradations constatées dans les églises de Poitiers »alerte un communiqué de la mairie. L'incendie volontaire de Saint-Hilaire-le-Grand a en effet été précédé par de semblables actes de malveillance : le 14 mai dernier, un départ de feu avait été provoqué dans l'église Sainte-Thérèse de Poitiers à partir d'un empilement de bancs et de chaises, et une statue de la Vierge Marie avait été décapitée. Quelques semaines plus tard, le 9 juin, l'église abbatiale Saint-Jean-de-Montierneuf était à son tour visée par une série de dégradations allant jusqu'à la profanation du tabernacle qui avait été descellé (« L'acte le plus symbolique et le plus sacrilège pour les fidèles » soulignait alors un article du quotidien de la Vienne Centre presse). Une statue du Sacré-Cœur avait aussi été détruite dans l'église Saint-Porchaire de Poitiers en janvier 2022.

    La cité poitevine serait-elle symboliquement visée comme lieu de la bataille de 732 qui a stoppé l'avancée des Sarrasins en France ? C'est sans doute prêter aux profanateurs et incendiaires une culture historique à laquelle ils sont étrangers... En réalité, c'est dans tout le pays que sévit ce fléau. Rien que depuis le début de l'année, des dizaines d'églises ont été profanées ou vandalisées en France. Un mois avant Saint-Hilaire-le-Grand, dans la nuit du 1er au 2 septembre 2024, l'église de l'Immaculée-Conception de Saint-Omer (Pas-de-Calais) qui venait d'être restaurée pour près de 5 millions d'euros, a subi un violent incendie qui a ravagé sa toiture et son clocher. L'incendiaire a été arrêté et a reconnu les faits. Sans profession et sans domicile, c'est un multi-récidiviste, condamné 26 fois dont 8 pour « dégradation d'un édifice religieux  ».

    « Incendies, vols, dégradations, profanations… 854 actes antichrétiens ont été enregistrés en France en 2023, dont 90 % sont des atteintes aux biens, comme des cimetières ou des églises. 923 faits avaient été recensés en 2022, contre 857 en 2021. Soit une moyenne d'au moins deux par jour… » rappelle Le Figaro (12 septembre). « Qu'ils soient volontaires (actes anti-religieux, vandalisme) ou non (…) les sinistres d'édifices chrétiens posent le problème du financement de la reconstruction et de la conservation de ce patrimoine religieux » commente Boulevard Voltaire (3 octobre). Mais comment sécuriser les 45 000 édifices catholiques que compte la France... quand le nombre de fidèles les faisant vivre par leur présence est tombé à un étiage historique (à peine 4 % de catholiques pratiquants) ?

    Cela n'exonère pas l'État de sa responsabilité : « Mais que faisait ce multirécidiviste [de Saint-Omer] en liberté ? Combien a-t-il déjà coûté à la société ? » s'est indignée Valérie Boyer, sénatrice LR des Bouches-du-Rhône. Elle estime que « ces dégradations volontaires participent à l'angoisse identitaire des Français. » Voilà des années qu'elle réclame la création d'une commission d'enquête sur les dégradations et profanations des lieux de culte, cimetières et calvaires. Elle réfléchit d'ailleurs à« une proposition de loi qui créerait, par exemple, un crime de destruction d'un édifice classé, comme c'est aujourd'hui le cas pour un incendie volontaire de forêt qui serait de nature à créer un dommage irréversible à l'environnement. » (citée par Le Figaro, en lien également ci-dessous).

    Quelles que soient l'intention et la responsabilité de tel ou tel profanateur, ces actes s'inscrivent dans un climat d'anti-christianisme dont l'ampleur devrait préoccuper tous les Français à commencer par les responsables politiques. « La seule église qui illumine est celle qui brûle  » s'étaient réjouis des militants d'extrême-gauche « antifa » en avril 2019, après l'incendie de Notre-Dame de Paris (Valeurs Actuelles, 17/04/2019).

    La sélection

    Incendies, profanations, vols… Ce vandalisme contre les églises qui « participe à l’angoisse identitaire des Français »
     
  • Des auteurs français présentent une étude exhaustive des preuves modernes de l'existence de Dieu

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    De Chilton Williamson Jr sur le Catholic World Report :

    Des auteurs français présentent une étude exhaustive des preuves modernes de l'existence de Dieu

    La Science, les Preuves :  L'Aube d'une Révolution  (pas encore disponible en traduction anglaise) est résumée, simplement et directement, aux pages 507-508 par le physicien australo-britannique Paul Davies :

    La tentation de croire que l'univers est le produit d'une sorte de conception, la manifestation d'un subtil arbitrage mathématico-esthétique, est irrésistible. Je soupçonne la majorité des médecins de penser comme moi qu'il y a « quelque chose derrière tout cela ».

    Immédiatement après, MM. Bolloré et Bonnassies exposent leur argumentation :

    1.) Si le monde n’a pas été conçu par une intelligence, l’applicabilité des mathématiques [impliquées] est une coïncidence. 2.) Or, il est très improbable que l’applicabilité de ces mathématiques soit une coïncidence. 3.) Il est donc très probable que le monde ait été conçu par une intelligence.

    Ils continuent : « La première proposition est démontrée par l’impasse explicative que nous avons décrite : ni l’empirisme, ni le réalisme, ni le conventionnalisme ne fonctionnent. La deuxième proposition est simplement une question de bon sens. La conclusion en découle logiquement. »

    Les découvertes et les progrès scientifiques réalisés au cours des XVIIIe et  XIXe siècles semblent suggérer et même confirmer une vision matérialiste de l’univers – celle d’un monde éternel sans commencement ni fin et de la non-existence, non seulement du Dieu biblique, mais de tout dieu en général. Mais la recherche scientifique et les calculs mathématiques avancés, à commencer par les théories d’un jeune physicien viennois nommé Albert Einstein et de son collègue viennois Kurt Gödel dans la première décennie du XXe siècle , et qui se sont poursuivies tout au long des années 1960 et 1970 jusqu’à nos jours, ont effectivement prouvé exactement le contraire. L’univers a bel et bien eu un commencement, il doit finir par avoir une fin, et son origine n’est pas le fruit du hasard. Il est plutôt l’œuvre d’un créateur intelligent dont la nature correspond à ce que les théologiens depuis des milliers d’années décrivent comme « divine ».

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  • Un athée et un pape discutent des "deux livres de Dieu"

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    De sur le Catholic World Report :

    Un athée et un pape discutent des deux livres de Dieu

    Les commentaires du pape Benoît XVI, dans sa correspondance avec le mathématicien athée Piergiorgio Odifreddi, sont une leçon magistrale sur la manière dont un dialogue significatif avec les non-croyants devrait se dérouler.

    Au cours des dernières semaines, les réseaux sociaux catholiques numériques ont été enflammés par des débats passionnés déclenchés par les remarques du pape François concernant les autres religions comme « chemins vers Dieu ». Je n’ai pas l’intention ici de commenter les propos du pontife, car les contributeurs de CWR  Larry Chapp  et  Christopher Altieri  ont déjà accompli cette tâche avec compétence. Quelle que soit l’opinion que l’on puisse avoir de cette débâcle, l’enseignement du magistère affirme avec force que le dialogue religieux a sa juste place dans la vie catholique. Et, heureusement, l’Église dispose de lignes directrices bien établies pour cet engagement, comme le soulignent des sources telles que  Nostra Aetate du Concile Vatican II, l’encyclique  Redemptoris Missio de Jean-Paul II , le document curial  Dialogue et Proclamation et Vérité et tolérance :  croyances chrétiennes et religions du monde de Joseph Ratzinger  .

    Je souhaite plutôt montrer à quoi devrait ressembler un dialogue authentique avec les non-chrétiens à travers un prisme privilégié qui a jusqu’à présent reçu peu d’attention. Il s’agit de l’échange à long terme et dans le monde réel entre le pape Benoît XVI et le mathématicien athée Piergiorgio Odifreddi, publié en 2022, en italien, sous le titre In ammino alla ricerca della verità : Lettere e colloqui con Benedetto XVI . Entre 2013 et 2021, le pape et l’athée se sont rencontrés en face à face à quatre reprises et ont échangé un nombre considérable de lettres qui couvraient un large éventail de questions. Il s’avère que beaucoup d’entre elles tournaient autour de thèmes pertinents pour cette chronique, « Les deux livres de Dieu ».

    Une « Cour des Gentils » personnalisée

    Avant de poursuivre, il peut être utile de s’arrêter un instant et de considérer un point de confusion potentiel. J’ai commencé cet article en faisant référence aux remarques controversées du pape François qui se sont déroulées dans le contexte du dialogue interreligieux. Cependant, ce dialogue impliquant Benoît XVI n’a pas eu lieu entre des personnes de confessions différentes, mais entre un pape et un athée. Comme la Providence l’aurait voulu, Benoît XVI avait déjà anticipé ce point dans son discours de Noël 2009 à la Curie romaine. Il est instructif que le pape ait commencé son commentaire sur une note positive, soulignant que des éléments de bonté peuvent être rencontrés en dehors des structures visibles de l’Église :

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  • Dieu et les sciences naturelles : la fin du conflit ?

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    De Stefan Rehder sur le Tagespost (traduit de l'allemand avec deepl) :

    La résurrection de Dieu dans les sciences naturelles

    Pourquoi Dieu existe presque certainement.

    12 octobre 2024

    Certains mythes persistent. L’un des plus importants est apparu il y a 140 ans et a été entretenu depuis. Selon lui, la science et la religion sont en guerre. Le vainqueur du conflit semblait également clair : seules les sciences naturelles sont capables d’expliquer de manière adéquate la réalité. Ce n’est pas pour rien que le mot « science » est souvent utilisé comme synonyme de sciences naturelles dans le monde anglo-saxon. Une conséquence : pour beaucoup de leurs contemporains, les religieux, y compris les scientifiques, semblent, au mieux, « non éclairés » et « en décalage avec leur temps ».

    Selon l'ancien géophysicien et professeur d'université Stephen Meyer, qui dirige aujourd'hui le Centre pour la science et la culture du Discovery Institute à Seattle, des données d'enquête récentes suggèrent « qu'en Amérique du Nord et en Europe, le message perçu de la science joue un rôle surdimensionné dans la perte de la foi en Dieu ». Ainsi, « plus des deux tiers des personnes qui se considèrent comme athées et un tiers de celles qui se considèrent comme agnostiques déclarent que “les découvertes des sciences naturelles” rendent “l'existence de Dieu moins probable”. D'autres sondages ont montré « une augmentation spectaculaire dans le groupe que les sondeurs appellent “rien de tout” » : « les répondants sans religion, agnostiques ou athées - parmi les étudiants et les diplômés âgés de 18 à 33 ans ». La « croissance rapide de ce groupe » s'est produite « exactement » au cours de la période où les « nouveaux athées » ont gagné en notoriété.

    Aucune contradiction avec l'hypothèse d'un créateur

    Mais maintenant, le pendule revient. Depuis quelques années, notamment dans le monde anglo-saxon, les travaux de scientifiques sérieux se multiplient et montrent qu'en réalité tout est complètement différent. Selon eux, non seulement la religion et la science ne sont pas en guerre. Si on les regarde sérieusement, les résultats que les sciences naturelles ont mis en lumière ne contredisent pas l’hypothèse d’un Dieu créateur, mais la soutiennent plutôt – bien plus forte et plus complète que toutes les autres thèses concurrentes sur le marché.

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  • Stéphane Bern déplore la déchristianisation de la France

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    De M.D. sur le site du Figaro :

    «Il y a une déchristianisation de la France» : Stéphane Bern regrette le manque d’attachement des Français «à la religion»

    12 octobre 2024

    Inquiet pour les églises, Stéphane Bern regrette une «déchristianisation» de la France

    Dans un entretien accordé au Dauphiné Libéré et Vaucluse Matin, le présentateur de «Secrets d'histoire» affirme avoir «le sentiment de vivre dans un pays en ruine».

    Stéphane Bern est inquiet. L’historien, spécialiste des familles royales, a estimé samedi «qu'il y a une déchristianisation de la France» et «que les Français sont moins attachés à la religion», dans un questions-réponses avec des lecteurs des journaux régionaux Dauphiné Libéré/Vaucluse Matin . Pour le présentateur de «Secrets d'histoire», le constat est clair : les Français «vont moins dans les églises». Le conseiller municipal de Thiron-Gardais (Eure-et-Loir) dresse un constat particulièrement pessimiste.

    «J'ai le sentiment de vivre dans un pays en ruine, reprend-il. Les gens sont désespérés. Ils aiment leur village, ils aiment leur patrimoine. Et ils voient que rien n'avance.» Il a ensuite remis une couche sur le désaccord qui l’oppose à l'ancienne ministre de la Culture Roselyne Bachelot. «J'ai entendu une ancienne ministre, que j'aime beaucoup par ailleurs, dire : “Ah, mais de toute façon, il faut se résoudre. Une église sur sept sera détruite en France”. Eh bien non ! Non, parce que c'est un aveu d'échec et ça pose un vrai problème.»

    «L'État ne répond pas»

    En 2023, dans son livre «682 jours, le bal des hypocrites», l’ex-ministre écrivait qu’il serait impossible de sauver certains édifices religieux, et plus particulièrement ceux du XIXe. Des opposants, dont Stéphane Bern, lui avaient alors répondu.

    Le Monsieur Patrimoine d'Emmanuel Macron, tête pensante du loto du patrimoine qui contribue à la sauvegarde de monuments français en danger et qui a permis d'aider 950 sites en mobilisant plus de 280 millions d'euros, critique le rôle de l’État. «(Les gens) font appel à l'État, mais l'État ne répond pas. Et donc ils se tournent vers moi», affirme-t-il, confiant qu’il n’arrive parfois pas «à dormir». «Un dimanche, j'ai passé ma journée à répondre à des courriers du genre : l'église de mon village s'est effondrée, raconte-t-il. Qu'est-ce que vous pouvez faire ?… J'ai dû mettre 25 lettres le soir à la Poste.»

  • 3 éléments essentiels pour reconstruire une culture pro-vie

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    De sur le NCR :

    3 éléments essentiels pour reconstruire une culture pro-vie

    COMMENTAIRE : L’idéologie corrosive du féminisme alimente la croyance sectaire en l’avortement qui sous-tend la culture de la mort.

    Un collègue, remarquant le contraste entre ces livres, a commenté : « On dirait qu'il y a deux Carrie. » Un autre a dit : « C'est comme si vous étiez à la fois Marie et Marthe, piégées dans le même corps. » La réalité est que ces livres sont beaucoup plus intégrés qu'il n'y paraît à première vue.

    L'objectif de The Anti-Mary Exposed et The End of Woman était de s'attaquer à la racine des problèmes de la culture actuelle, non seulement à l'avortement mais aussi à la panoplie de maladies qui affligent les femmes. En s'attaquant à la source de ces problèmes, des moyens spécifiques de les guérir ou de les surmonter sont apparus. Cela peut être comparé à une visite chez le médecin : on n'y va pas seulement pour découvrir la maladie, mais aussi pour y trouver un remède. Mes livres sont donc à la fois diagnostic et remède.

    Voici donc trois moyens spécifiques de combattre l’idéologie corrosive du féminisme qui alimente la croyance sectaire en l’avortement qui sous-tend la culture de la mort. Toutes ces mesures visent principalement les femmes car, comme l’a dit l’archevêque Fulton Sheen, « la femme est la mesure du niveau de notre civilisation », ce qui signifie que si les femmes sont viles, alors la culture est vile. Si les femmes aspirent à la sainteté, au bien, au vrai et au beau, alors la culture reflétera également cela. Si nous pouvons obtenir les femmes, alors nous obtiendrons tout le monde. Satan le sait depuis le jardin d’Éden.

    Attention à la manipulation émotionnelle

    La façon la plus efficace de « capturer » les femmes par les idéologies radicales est par le biais de nos émotions. Dès 1897, des groupes socialistes, dans une revue intitulée Lucifer, promouvaient l’idée d’attiser la colère dans le cœur des femmes : « Prêchez l’évangile du mécontentement aux femmes, aux mères, aux futures mères de la race humaine. »

    Trois décennies plus tard, Clara Zetkin, fondatrice de la Journée internationale des femmes, a reconnu l’importance des femmes en colère pour accroître leur nombre en vue d’une future révolution communiste. Elle a écrit : « Les femmes salariées, en particulier les intellectuelles… se rebellent de plus en plus… De plus en plus de femmes au foyer, y compris des femmes bourgeoises, se réveillent… Nous devons utiliser ce ferment. »

    Et ils l'utilisent.

    Depuis plus d’un siècle, les socialistes radicaux et les communistes ont utilisé le féminisme pour manipuler les émotions des femmes, en particulier la colère, l’envie et le ressentiment. Les groupes de sensibilisation, très populaires dans les années 1960 et 1970 parmi les féministes, ont été utilisés pour la première fois à la fin des années 1890 par les socialistes. Ces groupes – qui ont ensuite été utilisés dans la Chine communiste, ce qui leur confère un air de mystère – étaient un moyen de parler des injustices subies. Mais ils n’avaient pas pour objectif de guérir, de résoudre ou de pardonner. Leur but était simplement d’attiser la colère et le sentiment de victimisation pour les utiliser à des fins politiques et pour promouvoir un évangile du mécontentement.

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  • Sans sa pierre angulaire chrétienne, l’édifice européen s’effondrera

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    De John Milbank sur le Catholic Herald :

    Sans sa pierre angulaire chrétienne, l’édifice européen s’effondrera

    8 octobre 2024

    « L’Europe, c’est la foi et la foi, c’est l’Europe. » David Engels, historien belge de l’Empire romain et d’autres empires antiques, n’est d’accord qu’avec la première partie de cette déclaration controversée d’Hilaire Belloc. Comme le souligne Engels, il existe de nombreuses communautés chrétiennes antiques hors d’Europe, qui prospèrent encore aujourd’hui, bien que souvent persécutées.

    Il insiste cependant sur le fait que, comme Belloc, la foi chrétienne est au cœur de l’Europe et que sans cette foi, elle risque de se dissoudre.

    Il insiste également sur le caractère particulier du christianisme spécifiquement occidental européen. Outre le souci de la signification et du destin uniques de chaque créature humaine, commun à toutes les cultures chrétiennes, il a manifesté dès le début ce qu’Engels, à la suite d’Oswald Spengler, décrit comme une orientation « faustienne » : un désir d’« aller plus loin » dans les dimensions verticales ou horizontales, et dans un registre spirituel ou matériel.

    Il y a à cet égard une certaine continuité entre les cathédrales ottoniennes massives du Moyen Âge allemand et les gratte-ciel d’aujourd’hui ; entre la complexité de la théologie scolastique et les mystères de la physique quantique.

    En Occident, un sentiment chrétien partagé de l’altitude inimaginable de Dieu s’est combiné avec un désir passionné d’y aspirer néanmoins – parfois avec une humilité hyperbolique, parfois avec arrogance, parfois encore avec un sens tempéré de l’unité synergique des volontés divine et créée.

    C’est, pour Engels, une arrogance humaniste qui a conduit à la crise à laquelle l’Europe est confrontée aujourd’hui.

    Depuis le XVIe siècle, l'Europe a progressivement perdu la subordination médiévale de tous les aspects de la vie au profit de la quête héroïque de la transcendance. Sans cette primauté du spirituel, la libération de la liberté ne peut aboutir qu'à une expansion matérielle de plus en plus sordide : l'argent finit par dominer tout et la recherche du bien, du vrai et du beau est perdue de vue.

    En conséquence, la nature est dépouillée, le corps est déformé, le meurtre justifié par la commodité, tandis que la cupidité remplace l'honneur. De même, le respect chevaleresque entre les sexes est remplacé par la suspicion mutuelle et l'exploitation sexuelle, ce qui entraîne la désintégration de la famille.

    Au niveau politique, la perte de l'influence de la foi laisse un vide au cœur de l'Europe. Tout, du respect de la dignité humaine à la célébration de l'amour romantique et de la recherche de la liberté au constitutionnalisme, porte la marque de l'héritage chrétien.

    Mais sans la transcendance, pierre angulaire de l'édifice, tout s'écroule. Qu'est-ce qui, en dehors de cet héritage, distingue l'Europe du reste du monde ? L'adhésion à des valeurs fades, universelles et mondialisantes ne nous donne aucune raison de maintenir l'existence de l'Europe. Si d'autres États civilisationnels défendaient ces valeurs, pourquoi l'Europe ne serait-elle pas heureuse d'être un jour dominée par la Chine ou la Russie ? Pourquoi cela devrait-il avoir de l'importance si, à l'intérieur, l'influence de l'islam commence à supplanter la tradition chrétienne ?

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  • "Si la terre est dégradée, c'est la faute de l'homme blanc, chrétien et hétérosexuel" : l'Université de Liège persiste et signe

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    Lu sur La Meuse (8 octobre, page 8) :

    L’Uliège répond aux accusations de «dérive wokiste» 

    Dans le nouveau cours de l’Uliège sur les changements de notre planète, une phrase fait polémique : « C’est l’homme blanc, chrétien et hétérosexuel qui est à l’origine de ce basculement ». Dénoncés par une députée MR, le professeur Pierre Stassart et la rectrice Anne-Sophie Nyssen réagissent.  

    Ce week-end, la députée libérale verviétoise Stéphanie Cortisse a allumé le feu. Alertée par des étudiants, elle a fustigé une phrase tirée du cours obligatoire enseigné à l’université de Liège depuis la rentrée. Il s’adresse à tous ses nouveaux bacheliers et est consacré à tous les changements que subit notre planète.

    Selon le professeur Pierre Stassart, sociologue de l’environnement, l’origine du basculement des conditions d’habitabilité de la terre n’est pas due à l’homme en général, mais bien à l’« homme blanc, chrétien et hétérosexuel », comme il le désigne précisément dans son cours. « Évitons ainsi de masquer les profondes inégalités quant aux responsabilités intrinsèques face aux perturbations environnementales à l’échelle planétaire. »

    Qualifiant cette phrase de dérive wokiste, « qu’est-ce que la couleur de la peau, la religion et l’orientation sexuelle viennent faire là-dedans ? », la députée a interpellé la ministre Elisabeth Degryse qui a en charge l’enseignement supérieur pour qu’elle réclame des éclaircissements à la rectrice de l’Uliège.

    Liberté académique

    « La liberté académique doit rester un principe fondamental et il faut permettre aux chercheurs d’enseigner sans pression, nous explique Anne-Sophie Nyssen, regrettant une forme « d’intimidation » de la part de la députée. « L’université doit rester un lieu ouvert au débat et permettre d’aiguiser l’esprit critique des étudiants. »

    Et de faire attention aux mots employés : « le wokisme est un mot inventé au départ par les suprémacistes blancs américains pour fustiger le combat d’émancipation des noirs », ajoute-t-elle.

    De son côté, le professeur en question se défend également. « Factuellement, ce que j’écris est validé par la communauté scientifique. C’est la révolution industrielle qui marque le départ d’une nouvelle ère géologique baptisée « anthropocène » car c’est l’action humaine qui est le facteur déterminant de ce basculement. »

    Cette révolution industrielle est née en Europe. « Elle a été menée par des hommes blancs, mais aussi chrétiens parce que c’est au nom de la religion que l’Europe a colonisé d’autres parties du monde, en lui imposant son système capitaliste. »

    Enfin pourquoi « hétérosexuel » ? « Parce que c’était le modèle de base de l’époque. Mais vu les réactions d’incompréhension, je lui préférerai aujourd’hui le terme de « patriarcal » qui est moins polémique. Je comprends donc qu’il puisse choquer et ce n’est pas mon but premier. Je le changerai donc dans la prochaine édition de ce cours. Mais cela prouve aussi qu’il y a une nécessité de débat sur le sujet. »

    On verra si ces précisions apporteront les apaisements voulus. 

    En tout cas, pas les nôtres ! Car, comme le  fait remarquer Paul Vaute :

    Cette réponse montre au moins que sur le plan des dérives idéologiques, il y a moyen d'être pire que l'Université de Louvain (dans les deux langues)!

    Mettre en cause l'usage du concept de "wokisme" en disant qu'il relève du suprémacisme blanc est de la pure mauvaise foi. Des sociologues, des politologues, des historiens... y ont recours couramment, non pas pour fustiger la communauté noire, mais pour dénoncer un certain terrorisme intellectuel qui règne dans les campus américains où on a vu des collectifs s'en prendre à des enseignants simplement parce qu'ils enseignaient la littérature classique (dont les auteurs, bien sûr, étaient tous des hommes blancs patriarcaux). En Belgique, un très bon petit livre dénonçant les outrances wokistes a été publié il y a peu par... Bart De Wever (Woke, éd. Kennes, 2023).

    Sur un autre plan, attribuer tous les problèmes environnementaux au système industriel capitaliste est à tout le moins léger. M. Stassart n'a pas eu le bonheur de vivre à l'époque pré-industrielle, quand les rivières dans les villes étaient des égouts à ciel ouvert et qu'on était sans défense devant la propagation des épidémies et autres épizooties. Quant aux déforestations liées de nos jours au mode de vie primitif des Indiens d'Amazonie, il est bien évidemment interdit d'en parler. Il paraît, en outre, que les plus grands producteurs de gaz à effet de serre sont... les vaches des Pays-Bas et les kangourous d'Australie. Quand le professeur Stassart s'appliquera-t-il à les dénoncer ?

    Amusante aussi, l'affirmation selon laquelle "l’université doit rester un lieu ouvert au débat". C'est sans doute par distraction qu'on y a interdit, il y a quelques années, la conférence que devait donner Tugdual Derville, le délégué général de l'Alliance Vita (pro-vie).

  • "Le jésuite ne doit avoir peur de rien"; la rencontre du pape avec les jésuites de Belgique

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    D'Antonio Spadaro s.J. sur la Civilta cattolica :

    « NE CRAIGNEZ RIEN » Le pape François rencontre les jésuites en Belgique

    « NE CRAIGNEZ RIEN » Le pape François rencontre les jésuites en Belgique
     
    8 octobre 2024

    Dans l’après-midi du samedi 28 septembre, le pape François a quitté le campus de l’Université catholique de Louvain pour arriver, vers 18 h 15, au Collège Saint-Michel, une école catholique gérée par la Compagnie de Jésus, située à Etterbeek, à Bruxelles. Il y a rencontré environ 150 jésuites de Belgique, du Luxembourg et des Pays-Bas. Ils étaient accompagnés du provincial de la province francophone d’Europe occidentale, le père Thierry Dobbelstein, et du supérieur de la région indépendante des Pays-Bas, le père Marc Desmet. Le cardinal jésuite Michael Czerny, préfet du dicastère pour le développement humain intégral, était également présent. Le Pape a commencé :

    Bonsoir à tous ! Je suis déjà venu deux fois ici et je suis heureux d’être de retour. Je dois vous dire la vérité : j’ai déjà commis un vol ici. J’allais célébrer la messe et j’ai vu un paquet de papiers qui m’a intrigué. Il s’agissait de polycopiés de cours sur le livre de Job. Cette année-là, en Argentine, je devais donner des cours sur Job. J’ai feuilleté les pages et elles m’ont frappé. Finalement, j’ai pris ces notes !

    Pape François, nous sommes très heureux que vous soyez ici en Belgique. Vous êtes le bienvenu. Nous allons vous poser quelques questions, que nous espérons intéressantes et intelligentes. Nous avons ici le provincial de la province francophone d’Europe occidentale et le supérieur de la région indépendante des Pays-Bas. Cette terre est un véritable carrefour, et les jésuites y sont également très différents : certains viennent de la Conférence des Provinciaux jésuites d’Europe, puis il y a des francophones et des Flamands. Vous savez que lorsqu’on visite une communauté jésuite, on n’est jamais confronté à des photocopies ! Ici, ce n’est pas du tout le cas. Et nous parlons aussi des langues différentes. Le 3 mars 2013, une belle aventure d’espérance et de renouveau dans l’Église a commencé. Nous voulons que ce soit un moment informel et convivial. En Hollande, nous avons un mot typique pour cela : « gezellig ». Il est difficile à traduire : il peut être traduit par « convivialité », « atmosphère accueillante » ou même « bonne humeur », selon le contexte. Ici, c’est le mot qui nous convient en ce moment. Et c’est pourquoi nous voulons chanter ensemble la chanson « En todo amar y servir ».

    P. Desmet prend sa guitare et entonne la chanson. Le Pape prononce également les paroles, qu’il connaît bien, sous son souffle. Puis les questions commencent.

    Saint-Père, quelle est la mission spécifique des Jésuites en Belgique ?

    Écoutez, je ne connais pas votre situation, je ne peux donc pas dire quelle devrait être votre mission dans ce contexte spécifique. Mais je peux vous dire une chose : le jésuite ne doit avoir peur de rien. C’est un homme en tension entre deux formes de courage : le courage de chercher Dieu dans la prière et le courage d’aller aux frontières. C’est vraiment la « contemplation » en action. Je pense que c’est vraiment la mission principale des jésuites : s’immerger dans les problèmes du monde et lutter avec Dieu dans la prière. Il y a une belle allocution de St Paul VI aux Jésuites au début de la Congrégation Générale XXXII : au carrefour de situations complexes, il y a toujours un Jésuite, a-t-il dit. Cette allocution est un chef-d’œuvre et dit clairement ce que l’Église attend de la Compagnie. Je vous demande de lire ce texte. Vous y trouverez votre mission[1].

    Je vis à Amsterdam, l’une des villes les plus sécularisées du monde. Le Père Général Adolfo Nicolás a dit un jour qu’il rêvait de donner les Exercices Spirituels à des athées. Dans notre pays, l’athéisme est la norme plutôt que l’exception. Mais nous voulons donner la richesse de notre vie spirituelle à tous nos voisins, vraiment à tous, comme vous le dites : « Todos, todos ». Comment pouvons-nous atteindre ce niveau profond d’inculturation ?

    Nous trouvons la limite de l’inculturation en étudiant les débuts de la Société. Vos maîtres sont le Père Matteo Ricci, le Père Roberto De Nobili et les autres grands missionnaires qui, eux aussi, ont fait peur à certains dans l’Église par leur action courageuse. Ces maîtres nous ont tracé la ligne de démarcation de l’inculturation. L’inculturation de la foi et l’évangélisation de la culture vont toujours de pair. Quelle est donc la limite ? Il n’y a pas de limite fixe ! Il faut la chercher dans le discernement. Et le discernement se fait par la prière. Cela me frappe, et je le répète toujours : dans son dernier discours, le père Arrupe a dit de travailler aux frontières et en même temps de ne jamais oublier la prière. Et la prière jésuite se développe dans des situations limites, difficiles. C’est ce qui est beau dans notre spiritualité : prendre des risques.

    En Europe occidentale, nous connaissons bien la sécularisation. Nos sociétés semblent éloignées de Dieu. Que faire ?

    La sécularisation est un phénomène complexe. Je perçois que nous devons parfois nous confronter à des formes de paganisme. Nous n’avons pas besoin d’une statue d’un dieu païen pour parler de paganisme : l’environnement lui-même, l’air que nous respirons est un dieu païen gazeux ! Nous devons prêcher à cette culture par le témoignage, le service et la foi. Et de l’intérieur, nous devons le faire par la prière. Il n’est pas nécessaire de penser à des choses très sophistiquées. Pensez à saint Paul à Athènes : cela a mal tourné pour lui, parce qu’il a pris un chemin qui n’était pas le sien à l’époque. C’est ainsi que je vois les choses. Nous devons être ouverts, dialoguer et, dans le dialogue, aider avec simplicité. C’est le service qui rend le dialogue fructueux. Malheureusement, je trouve souvent un cléricalisme fort dans l’Église, qui empêche ce dialogue fructueux. Et surtout, là où il y a du cléricalisme, il n’y a pas de service. Et, de grâce, ne confondez jamais évangélisation et prosélytisme !

    La spiritualité et la théologie jésuites accordent une place au cœur : le Verbe s’est fait chair ! Mais souvent, malheureusement, nous ne donnons pas la bonne place au cœur. Cette lacune, à mon avis, est l’une des choses qui produisent ensuite des formes d’abus. Et puis je voudrais vous poser une question sur la difficulté de donner aux femmes une place plus juste et plus adéquate dans l’Église.

    Je répète souvent que l’Église est femme. Je vois des femmes sur le chemin des charismes, et je ne veux pas réduire le discours sur le rôle des femmes dans l’Église à la question du ministère. Ensuite, en général, le machisme et le féminisme sont des logiques de « marché ». En ce moment, j’essaie de plus en plus de faire entrer les femmes au Vatican avec des rôles de plus en plus importants. Et les choses changent : on peut le voir et le sentir. Le vice-gouverneur de l’État est une femme. Le Dicastère pour le développement humain intégral a également une femme comme adjointe. Dans l’« équipe » pour la nomination des évêques, il y a trois femmes, et depuis qu’elles sont là pour sélectionner les candidats, les choses vont beaucoup mieux : elles ont des jugements tranchés. Au Dicastère pour les Religieux, l’adjoint est une femme. L’adjoint du dicastère de l’économie est une femme. Bref, les femmes entrent au Vatican avec des rôles de haute responsabilité : nous continuerons sur cette voie. Les choses fonctionnent mieux qu’avant. J’ai rencontré un jour la présidente Ursula von der Leyen. Nous parlions d’un problème spécifique et je lui ai demandé : « Mais comment gérez-vous ce genre de problème ? Elle m’a répondu : « De la même manière que nous, les mères ». Sa réponse m’a fait beaucoup réfléchir….

    Dans notre société sécularisée, il est difficile de trouver des ministres. Comment voyez-vous l’avenir des communautés paroissiales sans prêtres ?

    La communauté est plus importante que le prêtre. Le prêtre est un serviteur de la communauté. Dans certaines situations que je connais dans diverses parties du monde, on cherche au sein de la communauté quelqu’un qui peut jouer un rôle de leader. Mais, par exemple, il y a aussi des religieuses qui assument cet engagement. Je pense à une congrégation péruvienne de religieuses qui ont une mission spécifique : aller là où il n’y a pas de prêtre. Elles font tout : elles prêchent, elles baptisent… Si finalement un prêtre est envoyé, alors elles vont ailleurs.

    C’est le 600e anniversaire de l’Université de Louvain. Certains jésuites y travaillent et des étudiants jésuites du monde entier y étudient. Quel est votre message pour les jeunes jésuites qui se destinent à l’apostolat intellectuel au service de l’Église et du monde ?

    L’apostolat intellectuel est important et fait partie de notre vocation de jésuites, qui doivent être présents dans le monde académique, dans la recherche et aussi dans la communication. Soyons clairs : lorsque les Congrégations générales de la Compagnie de Jésus disent qu’il faut s’insérer dans la vie des gens et dans l’histoire, cela ne signifie pas « jouer au carnaval », mais s’insérer dans les contextes les plus institutionnels, je dirais, avec une certaine « rigidité », dans le bon sens du terme. Il ne faut pas toujours rechercher l’informalité. Merci pour cette question, car je sais que la tentation est parfois grande de ne pas s’engager dans cette voie. Un champ de réflexion très important est celui de la théologie morale. Dans ce domaine, il y a aujourd’hui beaucoup de jésuites qui étudient, qui ouvrent des voies d’interprétation et qui posent de nouveaux défis. Ce n’est pas facile, je le sais. Mais j’encourage les jésuites à aller de l’avant. Je suis un groupe de jésuites moralistes et je vois qu’ils réussissent très bien. Et puis je recommande les publications ! Les magazines sont très importants : ceux comme Stimmen der ZeitLa Civiltà CattolicaNouvelle Revue Théologique

    Je me demande où en est le processus de canonisation d’Henri De Lubac et de Pedro Arrupe.

    Le dossier d’Arrupe est ouvert. Le problème est la révision de ses écrits : il a beaucoup écrit, et l’analyse de ses textes prend du temps. De Lubac est un grand jésuite ! Je le lis souvent. Mais je ne sais pas si son cas a été introduit. J’en profite pour vous dire que la cause du roi Baudouin sera introduite, et je l’ai fait directement, parce qu’il me semble que nous allons pas dans cette direction ici.

    Je vous pose ma question dans l’idiome de Mafalda. Vous avez un programme très chargé : dès la fin de votre visite en Belgique, le Synode commencera. Vous présiderez une célébration de réconciliation au début. Vous animerez ainsi l’Église et sa mission de réconciliation dans notre monde tourmenté, comme le demande saint Paul aux Corinthiens. Mais la communauté ecclésiale elle-même demande à être réconciliée en son sein pour être ambassadrice de la réconciliation dans le monde. Nous avons nous-mêmes besoin de relations synodales, d’un discernement réconciliateur. Quelles sont les étapes à franchir ?

    La synodalité est très importante. Elle doit être construite non pas de haut en bas, mais de bas en haut. La synodalité n’est pas facile, non, et parfois parce qu’il y a des figures d’autorité qui ne favorisent pas le dialogue. Un curé peut prendre des décisions seul, mais il peut le faire avec son conseil. Un évêque aussi, et le pape aussi. Il est très important de comprendre ce qu’est la synodalité. Paul VI, après le Concile, a créé le Secrétariat du Synode pour les évêques. Les Orientaux n’ont pas perdu la synodalité, c’est nous qui l’avons perdue. Ainsi, à l’instigation de Paul VI, nous sommes allés jusqu’au 50e anniversaire que nous avons célébré. Et maintenant, nous sommes arrivés au Synode sur la synodalité, où les choses seront clarifiées précisément par la méthode synodale. La synodalité dans l’Église est une grâce ! L’autorité se fait dans la synodalité. La réconciliation passe par la synodalité et sa méthode. Et, d’autre part, nous ne pouvons pas vraiment être une Église synodale sans réconciliation.

    Je suis impliqué dans le Service jésuite des réfugiés. Nous suivons deux fortes tensions. La première est la guerre en Ukraine. Nos garçons m’ont donné une lettre et une image de Saint-Georges. L’autre tension est en Méditerranée, où nous voyons beaucoup de politiques parler de frontières, de sécurité. Quels conseils souhaitez-vous donner au Service jésuite des réfugiés et à la Compagnie ?

    Le problème de la migration doit être abordé et bien étudié, et c’est votre tâche. Le migrant doit être accueilli, accompagné, promu et intégré. Aucune de ces quatre actions ne doit manquer, sinon il s’agit d’un problème grave. Un migrant qui n’est pas intégré finit mal, mais aussi la société dans laquelle il se trouve. Pensez, par exemple, à ce qui s’est passé à Zaventem, ici en Belgique : cette tragédie est aussi le résultat d’un manque d’intégration. Et la Bible le dit : la veuve, le pauvre et l’étranger doivent être pris en charge. L’Église doit prendre au sérieux son travail avec les migrants. Je connais le travail d’Open Arms, par exemple. En 2013, je me suis rendu à Lampedusa pour faire la lumière sur le drame de la migration. Mais j’ajouterais une chose qui me tient à cœur et que je répète souvent : l’Europe n’a plus d’enfants, elle vieillit. Elle a besoin de migrants pour se renouveler. C’est devenu une question de survie.

    Saint-Père, quelles sont vos premières impressions sur votre voyage en Belgique et au Luxembourg ?

    Je n’ai passé qu’une journée au Luxembourg et, bien sûr, on ne peut pas comprendre un pays en une journée ! Mais ce fut une bonne expérience pour moi. J’étais déjà allé en Belgique, comme je vous l’ai dit. Mais, à la fin de cette réunion, je vous demande, s’il vous plaît, de ne pas perdre le pouvoir d’évangélisation de ce pays. Derrière la longue histoire chrétienne, il peut y avoir aujourd’hui une certaine atmosphère « païenne », disons. Je ne veux pas être mal compris, mais le risque aujourd’hui est que la culture ici soit un peu païenne. Votre force réside dans les petites communautés catholiques, qui ne sont en aucun cas faibles : je les considère comme des missionnaires, et il faut les aider.

    Le Pape a quitté la salle de réunion après une heure de conversation. Avant de partir, il a récité un « Je vous salue Marie » avec tout le monde et a ensuite donné sa bénédiction. À la fin, il a pris une photo de groupe. Ensuite, au même étage de la salle de réunion, il a visité la prestigieuse bibliothèque de la Société des Bollandistes, dont la mission est de rechercher, de publier dans leur état original et de commenter tous les documents relatifs à la vie et au culte des saints. Conçue en 1607 par le jésuite Héribert Rosweyde (1569-1629) et fondée à Anvers par le père Jean Bolland (1596-1665), elle est encore poursuivie aujourd’hui par quelques jésuites belges. François a donné sa bénédiction et a écrit les mots suivants dans le livre d’honneur : « Que el Señor los siga acompañando en la tarea de hacer conocer la historia de la Iglesia y de sus Santos. Con mi bendición. Fraternellement, Francisco ».[2].

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    [1] Questo testo si può trovare in www.vatican.va/content/paul-vi/it/speeches/1974/documents/hf_p-vi_spe_19741203_esortazione-compagnia-gesu.html

    [2] « Que le Seigneur continue à vous accompagner dans la tâche de faire connaître l’histoire de l’Église et de ses saints. Avec ma bénédiction. Fraternellement, François ».

  • Les leçons de Louvain

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    De Regis Martin sur Crisis Magazine :

    Les leçons de Louvain

    Invité par l'Université de Louvain à l'occasion de son 600e anniversaire, le pape François est assailli par des idéologues féministes qui exigent un « changement de paradigme » immédiat sur toutes les questions relatives aux femmes.

    La clarté est la courtoisie que nous devons à ceux qui, tout en rejetant nos opinions comme étant erronées, font néanmoins preuve de suffisamment de curiosité pour nous demander pourquoi nous croyons ce que nous croyons. Et de temps en temps - pas toujours, bien sûr - il se peut qu'après leur avoir dit clairement, ils finissent par croire eux aussi à ces mêmes choses. 

    Mais seulement s'il y a un respect égal de la vérité de part et d'autre, pour d'autres, en revanche, cette clarté ne fait que confirmer que le gouffre qui nous sépare est à la fois réel et infranchissable. Et que, en l'absence de toute ouverture au changement, même la grâce de Dieu ne peut le combler. 

    Prenons, par exemple, la question de l'ordination des femmes à la prêtrise, qui est depuis longtemps l'un de ces sujets brûlants qui divisent les catholiques de pratiquement tous les autres. En fait, les divisions se produisent de plus en plus à l'intérieur de notre propre communauté de foi, ce qui est devenu une source de chagrin et de confusion considérable pour les fidèles.

    Y compris, on l'imagine, le pape actuel, qui a été brutalement agressé récemment par un groupe d'étudiants soi-disant catholiques de l'université de Louvain, qui l'ont rejeté, lui et ses arguments, comme étant « déterministes et réducteurs ». Cette attaque a été suivie d'une rebuffade de la part des responsables de l'université elle-même, qui ont annoncé que non seulement ils avaient « désapprouvé » les positions prises par le Saint-Père, mais qu'ils étaient réduits à un état de pure « incompréhension » en entendant une présentation aussi réactionnaire.

    En effet, les enseignements du pape sur le rôle des femmes dans l'Église et dans le foyer étaient si étrangers à l'auguste université de Louvain que les responsables ont présenté une interprétation jazz de l'hymne LGBTQ+ de Lady Gaga, « Born This Way », en guise d'intermède divertissant pour mieux faire comprendre la situation.

    Les circonstances ont dû être extrêmement douloureuses pour le pape François ! Invité par l'université à participer à la célébration de son 600e anniversaire, une occasion censée souligner l'importance d'honorer un grand centre d'enseignement catholique, sa longue histoire de fidélité à la foi de l'Église, et à peine se présente-t-il qu'un groupe d'idéologues féministes se jette sur lui pour exiger un « changement de paradigme » immédiat sur toutes les questions relatives aux femmes.

    Et comme si tout cela ne suffisait pas à jeter un froid sur la circonstance, il se retrouve, dès le début de sa visite en Belgique, vertement critiqué par le premier ministre du pays au sujet de la prétendue mauvaise gestion par l'Église du scandale des abus sexuels commis par des membres du clergé. Sans parler du refus persistant de l'Église de s'agenouiller devant le sanctuaire de la liberté de reproduction, dont l'exercice prive non seulement Dieu d'enfants créés à son image, mais aussi la Belgique et le reste de l'Europe d'un avenir.

    Alors, pourquoi le pape ne rejoint-il pas le reste de l'Europe dans son désir de mort collectif ? Pourquoi s'accrocher à un passé que tous les autres semblent avoir joyeusement laissé derrière eux ? Au lieu de cela, que fait-il ? Face à un rejet aussi systémique et généralisé de la vie, il se rend au sous-sol de l'église Notre-Dame de Laeken ; là, devant la tombe du roi Baudouin, il vénère la mémoire de celui dont le refus de donner l'assentiment royal à un projet de loi autorisant l'avortement au parlement lui vaudra très bientôt d'être déclaré saint. Et malgré les louanges du pape pour le roi, pour son refus héroïque de signer la loi sur le meurtre d'enfants innocents, les érudits et les intelligents restent horrifiés par ce geste. Un jeune universitaire mécontent a déclaré :

    « Nous avions des attentes, même si nous avons vu qu'il nous a déçus en quelques heures. Sa position sur l'avortement - en disant que la loi sur l'avortement était une loi meurtrière - est extrêmement choquante à voir, même si nous ne nous attendions pas à de grandes avancées vers la modernité.    

    Comme les jeunes peuvent être ringards sur le sujet du pape et de l'Église. S'attendaient-ils vraiment à ce qu'en venant à Louvain, en Belgique, et en voyant de ses propres yeux les merveilles de la modernité, il acquiesce simplement et embrasse avec joie tout l'agenda féministe ? Ne savent-elles pas que, malgré sa sympathie évidente pour elles, pour les frustrations qu'elles expriment, il reste tout à fait impuissant à opérer un changement essentiel sur le sujet ? Certainement pas un changement tel que l'idéologie féministe le souhaiterait. « François a dit qu'il aimait ce qu'elles disaient, selon un journaliste d'ABC News qui a couvert l'histoire, mais il a répété son refrain fréquent selon lequel « l'Église est femme », qu'elle « n'existe que parce que la Vierge Marie a accepté d'être la Mère de Jésus et que les hommes et les femmes sont complémentaires ».

    C'est donc ça l'ogive ? Et en la lâchant sur les femmes belges sans méfiance, le pape doit être vilipendé ? À quoi pensaient-ils ? Que le pape François se détournerait simplement de vingt et un siècles ininterrompus d'enseignement dont les origines remontent directement à la personne de Jésus-Christ lui-même ? Que des paradigmes plus anciens et plus contraignants que ceux du moment présent seraient jetés allègrement de côté ? Et qu'à cause d'une ou deux personnes qui ont expliqué pourquoi nous ne devrions pas nous soucier de « faire des dégâts », il n'y a aucune limite au nombre et à la gravité des dégâts que nous pouvons maintenant faire ?  

    « La femme est accueil fécond », a déclaré le pape, rappelant à son auditoire certains faits ontologiques qui, si nous les oublions ou les supprimons, annuleraient instantanément tout le sens et la mission de la femme, le cœur de son identité, qui est celle du “soin”, du dévouement vital ».

    Et à quoi cela touche-t-il finalement ? Au mystère de la vie elle-même. Et au Seigneur et Donateur de la vie, dont le commandement au reste d'entre nous est que nous révérions la vie, y compris en particulier la vie dans le sein maternel, qui est destinée à être le fruit de l'amour entre un homme et une femme dans le sacrement du mariage. « Soyons plus attentifs aux nombreuses expressions quotidiennes de cet amour », a plaidé le pape auprès des jeunes femmes de Louvain, de peur que leur fixation sur l'idéologie ne les fasse pécher contre la vie :

    de l'amitié au travail, des études à l'exercice de responsabilités dans l'Eglise et la société, du mariage à la maternité, de la virginité au service des autres et à la construction du Royaume de Dieu.

    Si les jeunes incendiaires de Louvain écoutent ou non ses paroles, cela dépendra, bien sûr, non pas des arguments de l'Église, mais du témoignage de ses propres enfants, stimulés par la grâce divine pour montrer par l'exemple la joie et la résolution qui découlent du fait de tout donner à Dieu, qui est notre Père à tous. Et au Christ, son Fils, qui est notre frère. Et, oui, à sa mère Marie, notre mère, qui est la source de toute notre espérance.

    Regis Martin est professeur de théologie et associé au Veritas Center for Ethics in Public Life à l'Université franciscaine de Steubenville. Il a obtenu une licence et un doctorat en théologie sacrée à l'Université pontificale Saint-Thomas d'Aquin à Rome. Martin est l'auteur d'un certain nombre de livres, dont Still Point : Loss, Longing, and Our Search for God (2012) et The Beggar's Banquet (Emmaus Road). Son livre le plus récent, publié par Scepter, s'intitule Looking for Lazarus : A Preview of the Resurrection (À la recherche de Lazare : un aperçu de la résurrection).