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Culture - Page 33

  • "Les progressistes italiens ne font plus référence à Marx, Lénine ou aux pères du socialisme, mais au pape François…"

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    Lues sur la Libre (du 6 décembre, p. 37) ces considérations de Marco Bellocchio, réalisateur du film "L'enlèvement" :

     "Aujourd’hui, on a un Pape très ouvert, souligne le cinéaste. Sur certaines questions sociales et politiques, il est plus à gauche que certains partis de gauche, estime le cinéaste. Au cœur des principes catholiques, il y a l’amour du prochain, la charité, l’accueil de ceux qui sont en difficulté, donc des émigrés. C’est quelque chose dont il est pleinement convaincu et qu’il rappelle sans cesse. Au point que les progressistes italiens ne font plus référence à Marx, Lénine ou aux pères du socialisme, mais au pape François…"

  • En Avent à Liège : concert de Noël, Renaissance et Résonance en l’église du Saint-Sacrement Bd d’Avroy, 132

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    Bienvenue dans notre concert intitulé

    Noël, Renaissance et Résonance !

    Nous vous invitons à voyager dans le temps en explorant des Carols canadiens, anglais, des oeuvres baroques et de la Renaissance. Ces joyaux musicaux nous plongeront dans l'atmosphère festive de Noël.

    Le Choeur de chambre Praeludium, l’Ensemble renaissance Estampie, et Patrick Wilwerth à l’orgue se réuniront pour vous offrir ce concert. Leurs voix, celles de leurs instruments et les oeuvres jouées créeront une atmosphère chaleureuse, propice à la contemplation, à la réflexion et à la joie.

     Installez-vous, et laissez-vous emporter par la magie de la musique.

    Dimanche 10 décembre à 16h00 en l’église du Saint-Sacrement

    Réservations : patrickwilwerth@icloud.com /0495 79 80 38

    15€ - étudiants (supérieur) -26 ans : 10€

  • "L'enlèvement" ou comment on falsifie l'histoire pour frapper l'Eglise

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    D'Ermes Dovico sur le site de la Nuova Bussola Quotidiana :

    L'affaire Mortara, des vérités tues pour frapper l'Eglise

    23-05-2023

    A Cannes, c'est le jour du film de Bellocchio (Rapito) sur l'affaire Mortara, l'enfant juif baptisé in articulo mortis puis séparé de ses parents. Dès la bande-annonce, la mystification des faits est évidente. Des faits qu'Edgardo Mortara lui-même, mort en odeur de sainteté, a effectivement reconstitués dans un mémoire indigeste pour les ennemis de la vérité.

    Edgardo Mortara nel 1873 (da novizio)

    Le Festival de Cannes accueille aujourd'hui Abducted, le film de Marco Bellocchio centré sur l'affaire Mortara, l'enfant qui, en 1858, a été séparé de sa famille juive d'origine à la suite d'un baptême qui s'est déroulé dans des circonstances exceptionnelles. Le film est librement inspiré d'un livre de Daniele Scalise (Il caso Mortara, Mondadori, 1996), qui a contribué à relancer la légende noire contre l'Église catholique. Au-delà du titre du film, la bande-annonce permet déjà de deviner le type de mystifications qui seront diffusées sur les écrans.

    Dans la bande-annonce, on voit un messager ecclésiastique qui se rend en pleine nuit, accompagné de quelques gardes, à la maison des Mortara pour leur annoncer pour la première fois que leur petit Edgardo a été baptisé et qu'il y a un ordre de "l'emmener". On voit alors le père prendre brusquement l'enfant dans ses bras et se diriger vers la fenêtre en criant : "Ils veulent nous l'enlever ! On dira qu'il s'agit d'une version romancée, mais la déformation sensationnelle des faits - pour un film qui prétend pourtant se référer à une histoire vraie - demeure. Comme restera le conditionnement dans l'esprit de ceux qui verront des scènes similaires, ignorant précisément les nombreuses vérités non dites, au détriment de l'Église.

    Il suffirait pourtant de lire les mémoires exhaustives que le protagoniste de l'affaire, Edgardo Mortara, a écrites à la fleur de l'âge, en 1888, alors qu'il avait 37 ans. Un mémoire écrit en castillan pendant son apostolat en Espagne et conservé ensuite dans les archives romaines des chanoines réguliers du Très Saint Sauveur de Latran, l'ordre dans lequel Don Pio Maria Mortara, son nom en religion, avait librement et fermement souhaité entrer dès que son âge le lui avait permis. Traduit en italien, le mémorial a été publié intégralement en 2005 dans un livre présenté par Vittorio Messori ("Io, il bambino ebreo rapito da Pio IX. Les mémoires inédites du protagoniste de l'affaire Mortara", Mondadori), qui démonte pièce par pièce la légende noire et rend compte de manière exemplaire des raisons de la foi. Il est donc curieux que certaines élites culturelles continuent à privilégier les reconstructions partielles pour propager leur idéologie. Regardons donc les faits.

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  • La foi catholique de Tolkien

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    De Joseph Tuttle sur le Catholic World Report :

    Une étude exemplaire de la vie spirituelle et de la foi catholique de Tolkien

    La foi de Tolkien : Holly Ordway ne se concentre pas tant sur les écrits célèbres et fictifs de Tolkien que sur ses croyances et sa vie intérieure.

    2 décembre 2023

    "La foi de Tolkien : Holly Ordway explore la foi catholique souvent négligée du célèbre auteur.

    Holly Ordway nous a gratifiés d'une nouvelle merveilleuse contribution à l'étude de Tolkien. Tolkien's Faith : A Spiritual Biography est unique parmi les biographies de Tolkien en ce sens qu'il ne se concentre pas tant sur les écrits célèbres et fictifs de l'homme, mais sur l'homme lui-même - et en particulier sur sa foi catholique et sa vie spirituelle.

    L'espoir d'Ordway en écrivant cette biographie de la foi est de pouvoir "acquérir une compréhension plus riche, plus profonde, plus complète et plus nuancée de ses écrits - et de leur dimension religieuse fondamentale mais implicite".

    Ordway nous offre un portrait du cheminement de la foi de Tolkien tout au long de sa vie. Elle le divise en trois sections, intitulées "Début", "Milieu" et "Fin", qui couvrent les années de la vie de Tolkien, de 1892 à 1973. Il s'est converti à la foi catholique après avoir été anglican, avec sa mère Mabel, à l'âge de huit ans. Le père de Tolkien, Arthur, est mort en Afrique du Sud alors que John Ronald Reuel n'avait que quatre ans. Mabel avait déménagé avec John Ronald et Hilary en Angleterre avant la mort d'Arthur. Elle se rapproche des prêtres de l'Oratoire de Birmingham à Londres, principalement parce qu'un grand nombre d'entre eux se sont convertis à la foi catholique après avoir quitté l'anglicanisme et qu'ils sont en mesure de communiquer avec les anglicans désireux d'en savoir plus sur la foi catholique ou de s'y convertir. Cette décision n'a pas été facile à prendre pour Mabel, car sa famille l'a pratiquement reniée après sa conversion et ne lui a offert aucun soutien financier.

    L'influence des Oratoriens sur la vie de Tolkien est un aspect central du livre d'Ordway. Les Oratoriens ont été fondés par saint Philippe Néri au XVIe siècle. Chaque oratoire est autonome et indépendant des autres oratoires. Ordway décrit la mission des Oratoriens comme suit : "Les Oratoires sont toujours établis dans les villes ; leur mission s'adresse aux personnes les plus instruites de la communauté ; ils mettent l'accent sur l'action sociale et l'évangélisation par la beauté de la liturgie et de la musique et par le sacrement de la réconciliation ('confession')".

    Tolkien a été largement associé à l'Oratoire de Birmingham, le premier à être établi en Angleterre, qui est célèbre pour l'un de ses plus grands membres et fondateurs : John Henry Newman. Après la mort de la mère de Tolkien, le père Francis Morgan devient le tuteur légal de John Ronald et de son frère Hilary. Le père Francis était lui-même le secrétaire du cardinal Newman et le connaissait très bien. Ordway note également que lorsque Tolkien a reçu le sacrement de confirmation, il a pris le nom de Philip en l'honneur de Saint Philippe Neri. Il a même ajouté un "P" à son monogramme typique. L'une des caractéristiques de Saint Philippe Néri était son humour, ce qui, selon Ordway, était également une caractéristique de Tolkien lui-même, probablement influencée par l'exemple des Oratoriens dans sa vie.

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  • France : le "baby crash"

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    Pourquoi la France ne fait-elle plus d’enfants ? (DÉBAT)

    Selon l’Insee, la France a comptabilisé 726 000 naissances en 2022, le chiffre le plus faible depuis la fin de Seconde Guerre mondiale. La baisse des naissances est un phénomène qui touche la plupart de nos voisins. Mais pourquoi faisons-nous de moins en moins d’enfants ? Discussion avec Laurent Toulemon, Karine Berger et Gérard-François Dumont :

    Source : “28 Minutes”, Arte

  • Un essai magistral et capital sur l’ère du métavers et des IA génératives

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    De gènéthique.org :

    La vie spectrale, Penser l’ère du métavers et des IA génératives – Eric Sadin

    1 décembre 2023

    Métavers, ChatGPT, dans un essai captivant, le philosophe Eric Sadin se livre à une critique intransigeante de ces nouvelles technologies, censément porteuses de progrès et de modernité.

    Or, « pour la première fois dans l’histoire, s’est formée la croyance selon laquelle l’humain – tel qu’il était considéré depuis toujours, fait de finitude et de défauts – relevait d’une erreur, voire d’une paresse, de vue », dénonce Eric Sadin.

    L’ère du transhumanisme est celle de « l’adieu annoncé au corps, l’adieu annoncé aux facultés de notre esprit ». L’autre n’est plus, l’individu réduit à un « isolement collectif ».

    « L’heure appelle à ne pas seulement nous focaliser sur la crise écologique – devenue la préoccupation assez exclusive du plus grand nombre –, pour ériger la question de la langue, la langue la plus vivante qui soit – celle que nous voulons parler en notre nom et dans un ensemble vraiment commun –, comme l’autre enjeu moral, politique et civilisationnel majeur de notre temps », interpelle le philosophe.

    Pour Eric Sadin, ce n’est pas l’éthique qui sera d’un grand secours. La prise de conscience doit être radicale. Le philosophe craint qu’elle n’arrive trop tard. Sera-t-il démenti ?

    Editeur : Grasset

    Date de parution : 18/10/2023

    Nombre de pages : 272

    Présentation de Babelio :

    Le métavers n’est pas une fantasmagorie, c’est une réalité qui déjà nous environne autant qu’un puissant mouvement, celui de la pixellisation croissante de nos existences. Travail, enseignement, médecine, achats, loisirs et interactions ont lieu en ligne – et derrière nos écrans. Un seuil a été franchi avec l’apparition de l’intelligence artificielle générative dont le rôle n’est plus de gérer nos tâches mais de produire du langage, des images, du son… Nos facultés fondamentales sont en passe d’être déléguées à des machines. Bientôt, c’est la voix de ces robots qui nous guidera dans nos cavernes de pixels, à chaque étape de nos vies vouées à être sans trêve analysées, marchandisées, désincarnées.

    Face à cette rupture sans précédent, une philosophie s’impose pour comprendre et agir. Mises en perspectives historiques, analyses des systèmes technologiques, décryptages des intérêts économiques et des conséquences civilisationnelles, La vie spectrale est autant une phénoménologie contemporaine que la pensée du monde qui vient. Un essai magistral et capital.

  • Espagne : mieux vaut un chien qu'un enfant ?

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    De Louis Daufresne sur La Sélection du Jour :

    1er décembre 2023

    En Espagne, on préfère les chiens aux enfants

    S'agit-il d'un fait d'Ibère ? L'Espagne compte plus de chiens que d'enfants : 9,3 millions contre 6,7 millions d'humains de moins de 14 ans. Ce chiffre a bondi de 40 % au cours des trois dernières années ! La presse espagnole fait le lien entre dénatalité, pandémie et compagnie canine.

    Ce ne sont pas les chiens d'un côté et les enfants de l'autre. Ce sont les chiens qui prennent la place des enfants. Notons que les identitaires de tout poil font peu de cas de ce grand remplacement qui ne dit pas son nom, alors qu'il est consenti par des populations européennes dont les croyances évoluent à toute vitesse, consciemment ou non. Mais, après tout, pourquoi le chien dont je partage la vie, de la niche au crottoir, ne serait-il pas aussi digne qu'un bébé voire davantage ? L'animal n'offre que bonheur et consolation, quand l'humain ne cesse de contrarier et de décevoir, surtout en grandissant.

    Cette mentalité n'épouse pas un antichristianisme visant à déchoir l'homme de son piédestal biblique. Pour preuve, la photo du Figaro met en scène une famille désireuse de faire bénir ses chiens à l'Église, comme elle le ferait d'un nourrisson promis au baptême… Ce phénomène montre qu'après le Covid et ses confinements, l'index de la cause animale a grimpé à la bourse des valeurs européennes. Le commerce explose, surtout en ville. Madrid compte aujourd'hui une douzaine de garderies canines ; il n'y en avait aucune en 2015. Pour 7 euros de l'heure, on y socialise les toutous.

    Cette réalité nouvelle fait écho à une récente loi sur le bien-être animal, adoptée fin septembre. Il s'agit de responsabiliser les propriétaires dont le nombre justifie qu'on les éduque. Toute personne souhaitant acquérir un chien doit désormais suivre une formation. On ne peut plus laisser un chien plus de vingt-quatre heures seul, sans surveillance, ni l'enfermer sur un balcon, une terrasse, une cave ou dans une voiture fermée.

    Ces interdits ont quelque chose de paradoxal. Pourquoi en formuler, alors que, selon le philosophe barcelonais Victor Gomez Pin, « on observe une tendance à l'humanisation des animaux de compagnie [et que] de nombreux propriétaires recherchent (…) comment stimuler des liens émotionnels avec leurs animaux » ? En clair, si les maîtres ne veulent à leur bête que du bien, pourquoi insister à ce point sur les situations de maltraitance ?

    Au-delà des maux, il y a les mots. Les militants de la cause animaliste s'attachent à supprimer le rapport de propriété chosifiant l'animal. Le Figaro relève : « On entend parler en Espagne de "guide", voire d'humain, car si l'on parle du chien de Tartempion, on doit pouvoir se référer à l'humain de Rocky. Quant à l'animal, il n'est plus toujours "de compagnie" mais commence à être qualifié de "compagnon animal", plus égalitaire. » Quel sens donner à cette quête d'égalité inter-espèces ? La question ne peut que laisser perplexe, « l'homme [étant] la seule espèce susceptible de revendiquer l'égalité », souligne Victor Gomez Pin. De la même manière, peut-on octroyer des droits aux animaux ? Au sens strict, la chose est compliquée vu qu'il n'y a pas de droits sans devoirs, et qu'en la matière, on ne peut rien attendre ni exiger des animaux.

    Quoi qu'il en soit, ce débat renvoie à un problème plus profond« presque religieux par lequel l'homme rejette sa propre singularité dans un élan nihiliste », ajoute le philosophe interrogé par Le Figaro. Cette thèse est contestable. Humaniser les animaux peut aussi s'entendre comme une manière pour l'homme de se grandir lui-même ou, à tout le moins, de ne pas s'avilir. En 1597, le pape Pie V avait interdit les corridas dans toute la chrétienté, sous peine d'excommunication. L'Église y voyait alors de « sanglants et honteux spectacles dignes des démons et non des hommes », indiquait la bulle De salute gregis que l'on peut traduire par Soucieux du salut de son troupeau, ce dernier mot étant, pour un chrétien, chargé d'un sens commun avec le règne animal.

    Depuis 2021, le code civil reconnaît Outre-Pyrénées « le caractère sensible des animaux ». Maintenant que le chien prend plus d'importance que les enfants, que la loi sur le bien-être animal conditionne davantage les esprits, la cause animaliste peut envisager encore plus sereinement l'étape suivante : la chasse et la corrida, lesquelles sont les principales cibles de son combat.

    Louis Daufresne

    Pour aller plus loin :

    En Espagne, quand les chiens prennent la place des enfants

    >>> Lire l'article sur Le Figaro

  • Que restera-t-il de la France d’avant dans la France d’après ?

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    Le site "Pour une école libre au Québec" a retranscrit les propos de Jérôme Fourquet et Jean-Pierre Le Goff dans le cadre des Rencontres du Figaro (video) :

    École, famille, immigration : que restera-t-il de la France d’avant dans la France d’après ?

    Évoquer la France d’hier pour comprendre celle de demain et ausculter notre présent : c’est la tâche à laquelle se sont attelés Jérôme Fourquet et Jean-Pierre Le Goff dans le cadre des Rencontres du Figaro.

    20 novembre 2023

    LE FIGARO. - Vous avez publié, Jean-Pierre le Goff, La France d’hier il y a cinq ans et cette année vous poursuivez cette plongée dans le passé avec Mes années folles (Robert Laffont). Aujourd’hui, que reste-t-il de la France d’hier ?

    Jean-Pierre LE GOFF. – Pas grand-chose, répondrais-je spontanément. Mais encore faut-il s’entendre sur ce qu’on appelle la France d’hier et de quelle période historique au juste il est question. La France d’hier dont je parle est celle de la seconde moitié du XXe siècle, des années 1950 et 1960, en sachant qu’entre la fin de la Seconde Guerre mondiale et les années 1960, il s’est produit une modernisation rapide du pays qui l’a profondément transformé.

    Pour le dire de façon schématique, au lendemain de la guerre, la France reste encore un pays rural avec des traditions ancestrales, des valeurs de stabilité et de modération liées à la civilisation paysanne. Le christianisme continue d’imprégner la société et le catholicisme demeure la religion de la grande majorité des Français. Il existe également un mouvement ouvrier dynamique et structuré avec ses syndicats, ses associations d’entraide et d’éducation populaire, au sein duquel dominent le Parti communiste et la CGT. Au tournant des années 1950 et 1960, la France entre dans une nouvelle étape de la modernité marquée par le développement de la société de consommation, des loisirs et de ce qu’on appelle alors les « mass medias ».

    La France d’hier, celle des années 1950-1960, c’est celle qui reste encore liée à une histoire ancestrale et qui, en même temps, se modernise rapidement pour aboutir à une nouvelle société qui va entraîner sur une échelle de masse des changements de mentalités et de comportements dans les domaines de la consommation, des loisirs et des mœurs. L’acquisition de nouveaux biens de consommation, la valorisation de la vie privée et des loisirs comme lieux de l’épanouissement participent d’un individualisme hédoniste qui se développe dès cette époque et commence à mettre en question la centralité du travail et la solidité des appartenances et des engagements collectifs. C’est précisément dans ce contexte de bouleversement rapide de la société française et de l’allongement de la scolarité que va se développer le «peuple adolescent» (expression que j’emprunte à Paul Yonnet). On ne comprend rien à mai 68 et à la révolution culturelle qui va suivre sans prendre en compte cette nouvelle situation historique dans l’ensemble de ses aspects. N’est-ce pas de cette France-là que nous avons hérité ?

    Jérôme Fourquet , votre livre s’appelle La France d’après. Philippe de Villiers, en 2005, disait : «La France d’après, c’est la France d’après la France…»

    Jérôme FOURQUET. – Nous sommes encore en France, il subsiste encore un certain nombre de vestiges de ce pays décrit par Jean-Pierre Le Goff , mais s’est ajouté, comme sur une toile bigarrée, toute une série d’ingrédients absolument nouveaux. Toutes les évolutions évoquées se sont accélérées depuis une trentaine d’années. La centralité du travail était encore valide dans les têtes au début des années 1990. Lorsque l’Ifop interroge les Français à cette époque, 60 % d’entre eux disent que le travail est très important dans leur vie, contre 31 % pour les loisirs. Aujourd’hui, 21 % des Français considèrent que le travail est très important dans leur vie, et on est passé à 42 % sur la thématique des loisirs. Nous sommes dans un moment tectonique où de vieilles plaques survivent, et de nouvelles émergent, ce qui donne ce paysage kaléidoscopique. Un autre changement majeur réside dans l’accroissement spectaculaire des influences culturelles étrangères, et notamment l’américanisation du pays qui s’est manifestée en profondeur dans tous les tissus de la société. Ce processus commencé dès les années 1950 s’est surmultiplié pour aboutir à un produit totalement inédit que j’appelle La France d’après.

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  • « La bêtise se concentre désormais dans les milieux qui se disent encore « progressistes » »

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    Du site de Front Populaire via artofuss.blog :

    Pierre-André Taguieff : « La bêtise se concentre désormais dans les milieux qui se disent encore « progressistes »

    26/11/2023

    ENTRETIEN. D’où vient la bêtise ? En tout cas, elle n’est pas le monopole d’une catégorie de la population, et nul n’y échappe totalement. Dans Le Nouvel Âge de la bêtise, l’historien des idées Pierre-André Taguieff tente, de manière érudite et précise, d’en déceler les fondements.

    Le Nouvel Âge de la bêtise

    Front Populaire : Vous évoquez le « nouvel âge » de la bêtise. Comment pourrait-on distinguer la bêtise d’aujourd’hui de celle d’hier ? Peut-on catégoriser les formes de bêtises à travers l’histoire ?

    Pierre-André Taguieff : Dans mon livre, je me suis principalement intéressé à la bêtise propre aux élites intellectuelles modernes, celles qui se tiennent au courant des progrès scientifiques et techniques et s’en émerveillent comme celles qui pestent en langage savamment codé contre le « monde mauvais » qui est le nôtre en appelant à le détruire, et non sur la bêtise ordinaire des gens ordinaires. Dans les deux cas, cependant, la bêtise « consiste à vouloir conclure », comme l’a dit Flaubert en 1850.

    Mais soyons modestes lorsque nous osons parler de la bêtise, car nous croyons trop souvent pouvoir la regarder de haut ou de loin. Or, elle nous touche de près, elle est aussi bien en nous que chez les autres, dans ce que nous disons comme dans ce que nous faisons. Question de degré ou d’intensité. Milan Kundera parlait justement de la « bêtise consubstantielle à l’être humain » (1986). Il reste que, dans les pays occidentaux, ses formes historiques et culturelles sont variables, car elles sont tributaires des idéologies politiques en présence comme de l’état des sciences et des techniques, et tout particulièrement des technologies de l’information et de la communication. À cet égard, l’explosion des réseaux sociaux a eu pour effet de diffuser dans l’espace mondial les croyances dénuées de sens et de multiplier les débats absurdes, expressions de la nouvelle bêtise de masse.

    La bêtise se concentre désormais dans les milieux qui collectionnent les « bonnes causes » selon l’esprit du temps. Disons les milieux plus ou moins militants qui se disent encore « progressistes ». La défense desdites « bonnes causes » alimente la vanité des imbéciles, qui se félicitent d’être « du bon côté », et donc, par là même, intelligents. C’est ainsi qu’ils fanfaronnent. Dans sa conférence de mars 1937 sur la bêtise, Robert Musil rappelait le vieil adage « Vanité et bêtise poussent sur la même tige » avant d’affirmer qu’« il y a depuis toujours entre bêtise et vanité un lien étroit ».

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  • "Nous avons décidé avec beaucoup de détermination de déconstruire ce qui peut faire le sens même de l’existence de la civilisation que nous recevons en partage" (François-Xavier Bellamy)

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    De François-Xavier Bellamy (FXBELLAMY.fr) :

    L’espérance est une forme de radicalité

    Entretien initialement paru dans la revue Valeurs Actuelles du 9 novembre 2023.

    Quelle serait aujourd’hui notre raison d’espérer ?

    Il faut regarder l’espérance pour ce qu’elle est : un acte de la volonté qui ne se cherche pas d’abord des raisons de se rassurer, mais qui s’impose de se battre comme si une chance existait, même quand toute la réalité semble nous dire qu’il n’y en a plus. Là réside la radicalité de l’espérance. Le courage de l’espérance, d’une certaine façon, c’est le courage désespéré. Comme le dit Bernanos, pour connaître l’espérance, il faut non pas avoir des raisons d’être optimiste, mais au contraire, avoir été au bout du désespoir. Et, ayant affronté le désespoir, se dire que si jamais il existe un chemin, si jamais il y a une chance que tout ce à quoi nous tenons et qui semble disparaître se relève et se ranime, cette seule chance même improbable vaut la peine qu’on engage notre vie entière pour pouvoir la rendre possible.

    De quoi les évènements récents sont-ils le nom ?

    Du retour du tragique de l’histoire. Derrière l’Arménie aux prises avec l’Azerbaïdjan, ou Israël attaqué par le Hamas, se découvre, en réalité, le même visage, même si chacun de ces conflits est singulier. Mais ce qui me frappe le plus, c’est, face à ce retour du tragique, le sentiment que nous n’avons plus la main, que nous n’avons plus la capacité d’agir et de décider du destin de notre monde et du nôtre.

    C’est ce que vivent particulièrement tous ceux qui servent l’État, et qui sont concrètement confrontés à l’impuissance publique. Je pense aux policiers entendant le président de la République dire qu’on n’empêchera jamais le terrorisme. Je pense aux professeurs qui savent très bien que personne ne les protègera quand le premier fou furieux aura décidé de les sacrifier. Je pense aux infirmières qui voient l’hôpital s’effondrer autour d’elles sans pouvoir rien y faire. Tous ceux qui devraient être le bras de la force publique sont aujourd’hui les spectateurs désolés de son impuissance.

    De quoi souffre l’Occident dont ne souffrent pas les autres parties du monde ?

    De quoi sommes-nous le nom ? Quelle est notre mission dans l’histoire ? Quelle est notre vocation ? Aujourd’hui, il est plus simple pour un Chinois, pour un Saoudien, et même d’une certaine manière pour un Américain, de savoir quelle est la place que chacun occupe dans l’histoire, et le rôle qu’il faut y jouer. Nous, nous avons décidé avec beaucoup de détermination de déconstruire ce qui peut faire le sens même de l’existence de la civilisation que nous recevons en partage. Sur France Info, j’ai entendu un élève de Dominique Bernard témoigner sur le professeur qu’il était : « Il parlait comme un professeur de français en utilisant des mots que personne ne comprend ». Et il prenait pour exemple « aparté », qui lui paraissait un étrange reliquat obsolète d’une langue déjà disparue. La mort de Dominique Bernard est le symptôme de la faillite de l’école. On a laissé derrière nous des jeunes assez décérébrés pour adhérer à l’islamisme qui prospère aujourd’hui sur TikTok et dans les quartiers. Dans sa lettre à un djihadiste, Philippe Muray écrit : « Chevauchant vos éléphants de fer et de feu, vous êtes entrés avec fureur dans notre magasin de porcelaine. Mais c’est un magasin de porcelaine dont les propriétaires, de longue date, ont entrepris de réduire en miettes tout ce qui s’y trouvait entassé. (…) Vous êtes les premiers démolisseurs à s’attaquer à des destructeurs. »

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  • Emission KTO : "la foi prise au mot par Léon Bloy (1846-1917) ":

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    Bloy images (27).jpg« Figure souvent méconnue de nos jours, Léon Bloy fut pourtant une figure flamboyante de la littérature française du XIXe siècle. Profondément catholique, ne vivant que pour l'absolu et détestant le « Bourgeois » - ce « cochon qui voudrait mourir de vieillesse » - son oeuvre est marquée par un style violent, éclatant, volontiers pamphlétaire. On ne saurait, toutefois, minimiser l'incroyable drôlerie qui se dégage des critiques de ses congénères. « Dans son rapport à l'absolu et à la foi, Bloy s'est rendu insupportable à ses contemporains, avec beaucoup de méthode, d'énergie et de compétence. Mais, Bloy, au fond, c'est un peu le sel. S'il n'y a pas de Léon Bloy, avec quoi salera-t-on ? », s'amuse François Angelier, auteur et producteur de l'émission « Mauvais genre » sur France Culture. Ce nouveau numéro de La Foi Prise au Mot présente le portrait d'un esprit tourmenté mais aussi profondément mystique pour qui tout était symbole. »

  • TikTok : une arme qui s'inscrit dans la stratégie chinoise pour contrôler l'esprit de l'adversaire

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    Un article de Nita Farahany paru sur le Guardian le 25 mars 2023 :

    TikTok fait partie de la campagne de guerre cognitive de la Chine

    Les armées s'empressent de mettre au point des armes qui pourraient un jour attaquer directement l'esprit humain ou le mettre hors d'état de nuire. Nous ignorons ce contexte plus large à nos risques et périls.

    Des rapports militaires chinois traduits suggèrent que la guerre passe de la destruction des corps à la paralysie et au contrôle de l'esprit de l'adversaire. L'appel lancé par l'administration Biden aux propriétaires chinois de TikTok pour qu'ils vendent leurs parts dans l'application sous peine d'interdiction par les États-Unis n'est donc que le début d'une longue partie de Whac-A-Mole dans le cadre d'une stratégie plus large de lutte contre la guerre cognitive - avec l'esprit humain comme champ de bataille.

    Si l'interdiction de TikTok peut éliminer la première et la plus grosse taupe, elle ne tient pas compte de l'évolution plus large vers la guerre cognitive en tant que sixième domaine d'opérations militaires en cours, qui comprend les campagnes d'influence de la Chine sur TikTok, la collecte massive de données personnelles et biométriques des citoyens américains et leur course au développement d'armes qui pourraient un jour attaquer directement ou désactiver l'esprit humain. Nous ignorons ce contexte plus large à nos risques et périls.

    En novembre 2020, François du Cluzel, chef de projet au Nato Act Innovation Hub, a publié un rapport intitulé Cognitive Warfare (Guerre cognitive), dans lequel il identifie le domaine humain avec les nations qui s'empressent d'armer les neurosciences. Le gouvernement américain a dressé une liste noire d'instituts et d'entreprises chinoises qui, selon lui, travaillent sur de dangereux "processus biotechnologiques destinés à soutenir les utilisations finales militaires chinoises", y compris "des prétendues armes de contrôle du cerveau". L'Armée populaire de libération (APL) chinoise investit massivement dans les opérations du domaine cognitif, notamment dans la recherche sur l'IA en matière de logiciels, de matériel et de prise de décision inspirés du cerveau.

    Nathan Beauchamp-Mustafaga, spécialiste de la Chine à la Rand Corporation, estime qu'il s'agit ni plus ni moins d'une "évolution de la guerre, qui passe des domaines naturels et matériels - terrestre, maritime, aérien et électromagnétique - au domaine de l'esprit humain". L'APL, dit-il, espère "façonner ou même contrôler la pensée cognitive et les capacités de prise de décision" de l'ennemi. Des campagnes de désinformation aux armes modernes ciblant le cerveau, la "guerre des cerveaux" devient rapidement une réalité.

    Des plateformes comme TikTok illustrent l'influence cognitive en façonnant les croyances et les préférences de sa vaste base d'utilisateurs tout en collectant des données et en développant des profils psychogènes de ses utilisateurs. L'algorithme de TikTok a le pouvoir de modeler l'opinion publique et d'exploiter les données des utilisateurs pour façonner leurs préférences, leurs préjugés et leurs croyances. Je l'ai constaté de mes propres yeux. Après une conférence que j'ai donnée au Forum économique mondial de Davos, des influenceurs de TikTok ont sorti une partie de la conférence de son contexte et l'ont amplifiée sur la plateforme. Les vidéos ont été vues des millions de fois. Ma propre tentative de lutter contre la désinformation sur la plateforme n'a reçu qu'une infime partie des vues, tout comme les tentatives des mêmes influenceurs dont les vidéos sont devenues virales. Il semble plus facile de diffamer quelqu'un qui met en lumière des pratiques autoritaires que d'amplifier son message sur l'utilisation abusive des neurotechnologies par le régime, qui fait déjà froid dans le dos.

    La collecte de données biométriques étrangères sur les Américains augmente, les utilisateurs fournissant involontairement des données de reconnaissance faciale par le biais des filtres et des jeux de TikTok. Mais l'attention portée actuellement à TikTok ne doit pas nous faire oublier que la Chine collecte des données biométriques sensibles par le biais d'autres technologies qu'elle a déployées aux États-Unis. Un exemple est le dispositif Flowtime, un casque neurotechnologique utilisé par de nombreux Américains pour la méditation, les jeux et d'autres usages, produit par Hangzhou Enter Electronic Technology Co, Ltd ("Entertech"), une société basée en Chine. Entertech a également vendu des dizaines de milliers de casques équipés de capteurs EEG à la State Grid Corporation of China - une entreprise publique chinoise de distribution d'électricité - afin qu'elle puisse mesurer la fatigue et d'autres activités cérébrales de ses travailleurs en temps réel sur le lieu de travail. Entertech a accumulé des millions d'enregistrements de données EEG brutes provenant d'individus du monde entier, ainsi que des informations personnelles et l'utilisation d'appareils et d'applications par ces individus.

    L'aspect le plus alarmant de la guerre cognitive est le développement d'armes de contrôle du cerveau. Des scientifiques financés par la Fondation nationale chinoise des sciences naturelles ont exhorté la Chine à investir dans la science du cerveau militaire (MBS), en menant des recherches sur les effets nocifs de diverses armes sur les tissus cérébraux et sur la mise au point d'armes d'interférence des ondes cérébrales et d'infrasons. Selon eux, le cerveau est le "quartier général" du corps humain et les armes "attaquant précisément le "quartier général"" deviendront bientôt "l'une des stratégies les plus efficaces pour déterminer la victoire ou la défaite sur le champ de bataille". Alors que la communauté du renseignement américaine a récemment écarté la possibilité que le syndrome de La Havane ait été causé par un adversaire étranger, l'armée américaine a testé l'énergie pulsée sur des animaux pour tenter de reproduire les effets du syndrome de La Havane.

    La lutte contre la guerre cognitive nécessite une approche à multiples facettes qui ne se limite pas à l'interdiction d'applications telles que TikTok. Nous devons agir rapidement pour garantir aux individus des normes et des droits mondiaux qui garantissent leur droit à la liberté cognitive et leur droit à l'intimité mentale, à la liberté de pensée et à l'autodétermination de leur cerveau et de leurs expériences mentales.

    Nous devons également sensibiliser le public aux risques associés aux plateformes numériques et aux dispositifs neurotechnologiques en lui donnant des informations concrètes sur les risques pour lui-même et pour la sécurité nationale. L'éducation des utilisateurs aux dangers potentiels et la promotion de la culture numérique permettront aux individus de prendre des décisions éclairées concernant leur présence en ligne et les appareils qu'ils utilisent.

    La lutte pour nos esprits exige une stratégie globale à long terme qui associe les droits, la politique, la technologie, l'éducation et la coopération internationale. Encourager un dialogue ouvert et la transparence entre les gouvernements, le secteur privé et les citoyens favorisera la confiance et facilitera la compréhension collective de la bataille pour nos cerveaux. En agissant maintenant, nous pouvons mettre en place une défense solide contre les menaces en constante évolution qui pèsent sur notre liberté cognitive et sur l'intégrité de notre nation, en garantissant les fondements du droit de penser librement pour les générations futures.

    Nita Farahany est l'auteur de The Battle for Your Brain : Defending Your Right to Think Freely in the Age of Neurotechnology (St Martin's Press 2023) et professeur de droit et de philosophie Robinson O Everett à l'université Duke.