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L’abbaye Notre-Dame de Fontgombault, grande amie de La Nef, fêtait le 9 septembre 2023 les 75 ans de la restauration de l’Abbaye par les moines venus de l’abbaye Saint-Pierre de Solesmes. À cette occasion, le Père abbé a demandé à Christophe et à Elisabeth Geffroy de donner une conférence sur le thème : « Chrétiens dans un monde qui ne l’est plus ».
Ils commencent dans les premières parties par analyser la déchristianisation en cours, ses causes internes et externes, ce qu’elle est à l’échelle de l’histoire l’Église. Puis ils s’attachent à décrire ce que veut dire un monde qui n’est plus chrétien, avant de proposer des pistes d’actions – notamment, se mettre à l’école des moines.
PLAN
1/ Un constat peu original : la déchristianisation de l’Occident, accélérée depuis quelques décennies et d’une radicalité effrayante
2/ Comment comprendre cette déchristianisation ?
3/ Le rôle du contexte socio-politique dans cette déchristianisation
4/ Un monde qui n’est plus chrétien : qu’est-ce à dire ?
5/ Dès lors, que faire ? Comment rendre l’homme à sa vocation originelle ? a) par l’action, pour que l’homme habite le monde b) par le martyre, à l’exemple des moines, pour triompher de Satan c) par le sacré, pour que l’homme ait soif de Dieu
Publiée par le site "Esprit de la Liturgie", la série des volets de la « Brève histoire du rite romain de la messe » du Père Uwe Michael Lang C.O. est accessible en cliquant sur les liens suivants et a été complétée d'une treizième partie ("La dévotion eucharistique du Haut Moyen Age") :
La vérité sur le Da Vinci Code L'héritage caché du roman est enfin révélé.
2 septembre 2023
LONDRES - Il y a vingt ans, un best-seller de fiction semblait - pour certains lecteurs du moins - saper les fondements d'une religion vieille de 2 000 ans.
Il s'agissait du Da Vinci Code (DVC).
Et pourtant, deux décennies après la publication du DVC, la réaction à sa parution en 2003 semble encore plus surréaliste, plus bizarre, que n'importe quelle intrigue fantastique.
Le roman évoque Léonard de Vinci, dont l'art est lié par l'intrigue à ce qui ne peut être décrit que comme l'équivalent théologique du "chaînon manquant" de Darwin. Cette histoire parle de codes cryptiques dissimulés dans les peintures de Léonard de Vinci, censés avoir échappé aux historiens de l'art pendant des siècles, et qui indiquent la plus grande dissimulation de tous les temps : celle qui expose enfin la "vérité" définitive sur la foi catholique.
Même si je n'avais pas été formé à cette foi, j'étais immunisé contre les "révélations" du DVC. Une vingtaine d'années auparavant, il y avait eu un autre engouement, assez semblable. Publié en 1982, The Holy Blood and The Holy Grail (HBHG) avait fait l'objet de déclarations similaires présentant des "conclusions bouleversantes".
Dans ce livre, le christianisme n'était qu'une supercherie. Un Français de Paris nommé Plantard l'avait affirmé, et il avait découvert des documents à la Bibliothèque nationale qui le prouvaient et le reliaient à la dynastie des Mérovingiens, des monarques français obscurs. Cela menait naturellement à un énigmatique "trésor" enfoui sous une église de Rennes-le-Château, qui, à son tour, menait à sainte Marie-Madeleine. Son apparition a évidemment conduit à des conclusions dévastatrices sur les fondements de la foi. Par la suite, à l'aide de textes gnostiques mités et de l'imagination surchauffée de fantaisistes, un mélange impie de doute, de suspicion et de conjectures a été concocté avant d'être vomi sur la doctrine chrétienne orthodoxe et les articles de foi.
En ce qui concerne les allégations du HBHG (The Holy Blood and The Holy Grail), un examen ultérieur devait montrer que le prétendant royal autoproclamé Plantard s'avérait être un fraudeur condamné. Les documents "découverts" à la Bibliothèque nationale sur le mystérieux "Prieuré de Sion" n'étaient pas seulement des faux, mais avaient été mis en place par Plantard, ce qui a été attesté avant sa mort. Le "trésor" sous l'église de Rennes-le-Château n'existait pas ; tout l'argent qui s'y trouvait provenait d'un prêtre qui avait transformé ce qui aurait dû être une bonne et sainte chose - dire la messe pour les morts - en un racket financier minable.
La prétendue "histoire cachée" du l'HBHG, qui a tant ébloui les esprits mal informés de l'époque, n'est cependant pas très convaincante. Un exemple en est donné par les auteurs de l'inscription latine au-dessus de la porte de l'église de Rennes-le-Château : 'Terribilis est locus iste'. Elle a été considérée comme une preuve irréfutable qu'un terrible secret y était gardé, alors que cette inscription provient de l'Introit latin pour le Commun de la Dédicace d'une église : Terribilis est locus iste ; elle conclut : Haec domus Dei est, et porta coeli : et vocábitur aula Dei. ("Que ce lieu est terrible ! Ce n'est pas autre chose que la maison de Dieu et la porte du ciel" (Genèse 28, 17). Il s'est avéré que la seconde partie de cet introït a été découverte sur des colonnes voisines de la porte de l'église de Rennes-le-Château, ce que les auteurs du HBHG avaient opportunément ignoré ou méconnu. En résumé, une telle inscription n'est pas un avertissement occulte, mais un extrait de l'ancienne liturgie de la dédicace d'une église.
Rétrospectivement, l'idée de départ de ce livre était risible. Aujourd'hui, on se demande comment une telle absurdité a pu être diffusée. Mais peut-être ne devrions-nous jamais sous-estimer le pouvoir sous-jacent de la confusion et les forces qui l'orchestrent. Et n'oubliez pas que ce n'était pas une "croyance" qui était plantée dans des esprits impressionnables à l'époque, mais plutôt la graine du doute qui devait plus tard porter ses fruits pourris dans l'apostasie. Par la suite, l'œuvre de Dan Brown mélangera d'anciennes légendes antichrétiennes, recyclées à travers cette pseudo-histoire plus récente, pour être servies à merveille dans une fiction destinée à un public encore plus crédule que celui de l'HBHG.
En guise d'illustration, un cliché d'il y a 20 ans concernant un train rempli de passagers à destination de Londres. Le voyage avait été long et les livres et les magazines rivalisaient avec le paysage pour attirer l'attention. Dans les trains britanniques, il est courant d'avoir des paires de sièges face à face. Dans un compartiment, quatre passagers étaient assis, lisant tous attentivement, absorbés par le texte ; et, oui, tous lisaient le Da Vinci Code. Alors que le train entrait dans Londres, l'une des quatre passagères a levé la tête de la page imprimée et s'est exclamée devant tous les passagers : "Pourquoi ne nous a-t-on rien dit ?" Pourquoi, en effet, sa génération n'avait-elle pas été informée des codes secrets disséminés dans des tableaux célèbres ? Des codes dont la signification révèle tant de choses. Or, grâce à une lecture attentive d'un livre de poche de grande diffusion, cette femme, et sans doute beaucoup d'autres lecteurs du DVC, ont eu une "révélation" qui les aurait amenés à une nouvelle compréhension de la vérité du monde qui les entoure, une nouvelle compréhension qui a bouleversé les fondements mêmes de la civilisation occidentale, voire de la chrétienté tout entière.
Il est facile d'oublier à quel point cette "manie" du DVC s'est répandue. Sur les ondes, il y a eu de nombreuses "discussions sérieuses" sur le contenu et les affirmations du DVC. Comme ils semblaient oublier qu'il s'agissait d'un roman, qualifié de "thriller", d'un livre de poche d'aéroport, d'une "lecture de plage".
Faut-il rire ou pleurer ?
Un héritage durable
Néanmoins, dans les années qui ont suivi, on peut voir clairement que la création de Brown a laissé un héritage durable.
Peu après sa publication, le DVC a été le livre le plus donné dans les boutiques de charité britanniques (thrift stores). En 2017, ce flux s'est transformé en inondation, des affiches ayant été apposées dans les boutiques de charité britanniques pour demander au public de ne plus donner d'exemplaires du DVC.
Depuis des années maintenant, apparemment dans tous les magasins de charité du Royaume-Uni, les étagères regorgent d'un texte qui était autrefois populaire, un best-seller, en fait ; un texte jeté aujourd'hui avec un sourire en coin et peut-être la question : "Pourquoi ne nous a-t-on pas dit... ? C'est n'importe quoi !"
Vingt ans après le DVC, et malgré ses affirmations, l'Église catholique continue de croître, accueillant de nouveaux convertis mois après mois, année après année, alors que ce monde se précipite vers la rencontre finale avec la Vérité lors de la Parousie à venir.
En attendant, enfoui dans les magasins de charité britanniques de Land's End à John o' Groats, la poussière s'épaissit de jour en jour sur les exemplaires, trop nombreux pour être comptés, du Da Vinci Code.
K.V. Turley K.V. Turley est le correspondant du Register au Royaume-Uni. Il écrit de Londres.
Voyage du pape en Mongolie: l'hommage vibrant de François au jésuite français Teilhard de Chardin
3 septembre 2023
Le chef de l'Eglise catholique a également profité de sa présence en Mongolie pour lancer un appel aux « catholiques chinois » en leur demandant d'être des « bons citoyens »
À l’issue de la messe dominicale célébrée dans le palais des sports d'Oulan Bator, capitale de la Mongolie où le pape accomplit une visite apostolique jusqu'à demain, François a rendu hommage inédit à un jésuite français, géologue et paléontologue, spécialiste des fossiles, ardent défenseur de la théorie de l'évolution et théologien, le Père Pierre Teilhard de Chardin, né dans le Puy-de-Dôme en 1881 et mort à New-York en 1955. Le pape s'est notamment référé à son fameux texte de «la messe sur le monde».
François a aussi créé la surprise à la fin de cette célébration, en lançant un appel direct aux «catholiques chinois», leur demandant d'être de «bons chrétiens et de bons citoyens». Il a alors fait venir près de lui l'actuel évêque de Hong Kong, Mgr Stephen Chow, un jésuite qui sera créé cardinal à Rome le 30 septembre prochain, et son prédécesseur, le cardinal John Tong-Hon. Les plaçant de part et d'autre de lui, leur tenant fortement les bras, il a lancé son appel aux catholiques chinois, pays où il aimerait être invité. Des fidèles chinois présents dans la salle ont alors crié «salut, bonjour, vive le pape».
Texte de méditation, majeur et controversé
Juste avant, en remerciant les fidèles et les autorités religieuses et publiques pour l'accueil qu'il a reçu en Mongolie, le pape a noté que le mot «messe», «eucharistie», signifie «action de grâce», expliquant alors : «la célébrer sur cette terre m'a rappelé la prière du père jésuite Pierre Teilhard de Chardin, adressée à Dieu il y a exactement 100 ans, dans le désert d'Ordos, non loin d'ici.»
De fait, en 1923, le jésuite français qui venait de soutenir un doctorat en sciences naturelles accomplit une mission en Mongolie-Intérieure, c'est-à-dire dans la province mongole appartenant toujours à la Chine au nord de ce pays, pour le compte du Muséum d'histoire naturelle de Paris. Il s'était notamment rendu dans le désert d'Ordos sur des gisements de fossiles où il découvrit des fossiles importants d'époque paléolithiques. C'est aussi lors de cette expérience que ce scientifique et théologien, acheva la composition de sa fameuse « messe sur le monde », texte de méditation, majeur et controversé, qui célébrait la nature et la création. Document dont il avait commencé la rédaction dans les tranchées de la première guerre mondiale où il était engagé comme brancardier.
Polémiques
Dimanche, François a cité explicitement son confrère jésuite : «Il dit ainsi : 'Je me prosterne, ô Seigneur, devant votre Présence dans l'Univers devenu ardent et, sous les traits de tout ce que je rencontrerai, et de tout ce qui m'arrivera, et de tout ce que je réaliserai en ce jour, je vous désire et je vous attends'».
Et d'expliquer : «Le Père Teilhard était engagé dans des recherches géologiques. Il désirait ardemment célébrer la Messe, mais il n'avait ni pain ni vin avec lui. C'est alors qu'il composa sa “Messe sur le monde”, exprimant ainsi son offrande : “Recevez, Seigneur, cette Hostie totale que la Création, mue par votre attrait, vous présente à l'aube nouvelle.” Une prière similaire était déjà née en lui alors qu'il se trouvait au front pendant la Première Guerre mondiale, où il travaillait comme brancardier. »
Le pape revenant sur la polémique soulevée par ce texte à l'époque l'a justifié : «Ce prêtre, souvent incompris, avait l'intuition que “l'Eucharistie est toujours célébrée, en un sens, sur l'autel du monde” et qu'elle est “le centre vital de l'univers, le foyer débordant d'amour et de vie inépuisables” (Enc. Laudato si', n. 236), même à notre époque de tensions et de guerres.»
Le pape a alors conclu : «Prions donc aujourd'hui avec les paroles du père Teilhard : “Verbe étincelant, Puissance ardente, Vous qui pétrissez le Multiple pour lui insuffler votre vie, abaissez, je vous prie, sur nous, vos mains puissantes, vos mains prévenantes, vos mains omniprésentes” ».
Langage de vérité
Après Benoît XVI qui avait déjà salué le génie de ce théologien pourtant condamné à deux reprises pour certains de ses écrits sur le «péché originel» par le Saint-Office, François avait déjà cité Teilhard de Chardin dans son encyclique «Laudato Si» consacrée à l'écologie intégrale en 2015. Deux ans plus tard, le Conseil pontifical pour la culture, le ministère de la culture du Vatican, avait voté une proposition, transmise à François, de modifier l'avertissement, un « monitum » du Saint-Office, émis en 1955, année de sa mort, et 1962, contre Pierre Teilhard de Chardin à qui l'ordre des jésuites avait préalablement demandé de suspendre ses enseignements théologiques pour ne se consacrer qu'à ses recherches scientifiques.
Avant de célébrer la messe à Oulan-Bator, le pape, attendu lundi soir à Rome, avait participé à une rencontre intereligieuse en présence de douze représentants d'autres religions ou confessions chrétiennes. Dont le représentant bouddhiste, d'obédience tibétaine, Kamba Nomun Khan, abbé du monastère bouddhiste de Gandan. Ce dernier n'a pas caché, dans son discours, les « persécutions » dont les bouddhistes ont été l'objet dans ce pays quand il était sous le joug communiste russe et où les moines furent massacrés par milliers. Les bouddhistes représentent aujourd'hui 52 % de la population de ce pays de 3,4 millions d'habitants.
Le leader bouddhiste a aussi mentionné l'importance de la découverte, par le Dalaï-Lama, en 2016, en Mongolie de la «10° réincarnation du Bogd» considéré comme le troisième personnage le plus important dans la spiritualité bouddhiste, après le Dalaï-Lama et le Panchen-Lama. Ce jeune garçon mongol qui vit à présent aux côtés du Dalaï-Lama et pourrait jouer un rôle décisif dans sa succession contre l'avis de la Chine qui a toutefois un autre candidat après fait avoir disparaître un autre jeune garçon qui avait été pressenti par l'actuel Dalaï-Lama, âgé de 88 ans, pour lui succéder.
Iconoclaste, ou idéaliste ? Cinquante ans après la mort de Pierre Teilhard de Chardin, le 10 avril 1955, son oeuvre reste controversée. Alors que plusieurs colloques (1) se tiennent sur l'auteur du Phénomène humain, deux spécialistes de sa pensée, le dominicain Jacques Arnould et le philosophe Dominique Tassot, débattent pour nous de l'actualité de sa pensée.
L'auteur du Seigneur des Anneaux n'était pas fanatique, il avait un grand cœur. Notre culture pourrait tirer de lui une leçon sur la façon de conserver des convictions fermes tout en ayant de larges sympathies.
1er septembre 2023
"La foi de Tolkien : Holly Ordway explore la foi catholique souvent négligée du célèbre auteur. A droite : L'édition de 1988 du "Seigneur des Anneaux", publiée par William Morrow. (Image : Amazon)
J.R.R. Tolkien, qui est mort il y a cinquante ans (le 2 septembre 1973), représente un casse-tête pour notre culture diversifiée et divisée.
Le Seigneur des anneaux est un best-seller mondial. Il a été traduit en plus de cinquante langues, de l'arabe au chinois en passant par le thaï et le turc. Les adaptations cinématographiques sont appréciées par des millions de personnes qui n'ont jamais lu le livre. La série télévisée "Les anneaux du pouvoir" d'Amazon a été la plus chère jamais réalisée, et une deuxième saison est en cours de préparation.
Pourtant, le contraste entre l'auteur et le public est saisissant. Catholique fervent et traditionaliste, Tolkien priait Dieu en latin, vouait une dévotion à la Vierge Marie et qualifiait l'eucharistie de "seule grande chose à aimer sur terre". La plupart de ses lecteurs ne croient pas en ces choses et n'en ont même pas une connaissance élémentaire.
C'est un paradoxe qui mérite d'être étudié. Un homme profondément chrétien a produit une œuvre imaginative qui est fantastiquement populaire auprès des lecteurs de toutes les confessions et d'aucune.
Les biographes ont été réticents à explorer sa foi. Humphrey Carpenter, auteur de la biographie officielle, reconnaît l'importance "totale" du christianisme pour Tolkien, mais le présente surtout comme un attachement affectif à sa mère, Mabel, décédée lorsqu'il avait douze ans. Un autre biographe, Raymond Edwards, relègue la foi de Tolkien à une annexe. Jusqu'à récemment, le groupe Facebook Tolkien Society interdisait toute discussion sur la religion.
Pourquoi cette réticence ? Les gens craignent-ils que leur auteur préféré se révèle étroit d'esprit, voire se montre bigot à l'égard de ceux qui n'appartiennent pas à sa propre communauté religieuse ?
Ce sont des questions que j'ai abordées dans mon nouveau livre, Tolkien's Faith : A Spiritual Biography. Ce que j'ai découvert montre que Tolkien avait effectivement des convictions fermes, mais qu'il avait aussi de larges sympathies.
Le Seigneur des Anneaux contient un échange célèbre entre Gandalf et Frodon, au cours duquel le magicien dit au hobbit : "Ne sois pas trop pressé de distribuer la mort en jugement". Cette phrase illustre l'approche de Tolkien à l'égard de ceux qui ne partageaient pas ses convictions religieuses. Il croyait que tous les hommes étaient faits à l'image et à la ressemblance de Dieu et qu'ils avaient reçu le don de conscience. Oui, il considère que certains "rejettent leurs chances de noblesse ou de salut, et semblent 'damnables'". Mais il choisit le mot avec soin : "damnable" plutôt que "damné". Comme il le fait remarquer, "nous qui sommes tous 'dans le même bateau' ne devons pas usurper la place du Juge".
Lorsque Tolkien s'est lié d'amitié avec C.S. Lewis, ce dernier n'était pas encore le célèbre auteur de classiques chrétiens tels que Mere Christianity et les Chroniques de Narnia, mais un athée. Leur amitié n'a jamais été subordonnée à la conversion de Lewis.
Les convictions de Tolkien étaient claires : il était convaincu que l'Église catholique avait été fondée par Jésus-Christ et que saint Pierre avait été autorisé par Jésus à gouverner l'Église, cette autorité ayant été héritée par ses successeurs, les papes. Mais il admettait aussi avoir connu des prêtres "ignorants, hypocrites, paresseux, pompiers, au cœur dur, cyniques, méchants, cupides, vulgaires, snobs, et même (à vue de nez) immoraux".
Deux choses peuvent être vraies à la fois. L'Église, selon Tolkien, était "mourante mais vivante, corrompue mais sainte, autoréformatrice et réformatrice". Elle n'était pas un foyer pour les personnes déjà parfaites, mais un lieu où les pécheurs pouvaient, par la grâce de Dieu, s'améliorer. Tolkien se confessait fréquemment parce qu'il se considérait comme quelqu'un ayant besoin de cette grâce.
S'il savait où se situait sa propre loyauté spirituelle, il ne tirait pas de conclusions négatives définitives sur le statut moral, et encore moins sur la destinée éternelle, des autres. Pourquoi ? Parce que, comme le fait remarquer Gandalf, "même les très sages ne peuvent pas voir toutes les extrémités".
Dans une lettre, Tolkien explique que les catholiques doivent s'imposer des normes élevées, mais que tout jugement sur autrui doit être "tempéré par la miséricorde". Il utilisait la "double échelle" de la rigueur pour soi-même et de la miséricorde pour les autres.
En résumé, il n'y a rien à craindre de l'étude de la foi de Tolkien. Il n'était pas fanatique, il avait un grand cœur.
Notre culture pourrait tirer de lui une leçon sur la façon d'entretenir des convictions fermes tout en ayant de larges sympathies. Je pense d'ailleurs que sa capacité à trouver cet équilibre délicat est l'une des raisons pour lesquelles ses œuvres sont devenues si populaires.
Les lecteurs ont-ils l'impression que la Terre du Milieu a été produite par un homme au caractère magnanime ? Son esprit généreux est-il le ressort secret de son succès ? Je pense que ce n'est pas impossible.
La chaîne de télévision catholique investit le monde très fermé des radios numériques. Lancement prévu ce 4 septembre. Explications.
Jour de grande rentrée pour KTO. Lundi 4 septembre, à 6h45, la chaîne de télévision catholique va mettre en orbite sur le réseau national numérique en DAB + - l’équivalent de la TNT pour la télévision - sa toute nouvelle radio, très logiquement baptisée KTO Radio. Mais que l’auditeur ne s’attende pas à tomber sur une radio d’informations en continu ! KTO a fait le choix d’une couleur d’antenne « résolument apaisée », selon les mots de sa directrice générale, Philippine de Saint Pierre (1). « Nous ne voulons pas que notre antenne soit rythmée par un déversement d’informations anxiogènes mais que l’auditeur ait le sentiment, en arrivant sur KTO Radio, de prendre une grande respiration ». Pour aboutir à cette ambiance paisible, outre sa programmation, KTO Radio a travaillé sur le son pour apporter « chaleur et proximité » à ses émissions.
La Matinale, émission phare de KTO Radio
L’information ne sera cependant pas exempte de la grille mais sera abordée dans le temps long. Outre les trois journaux quotidiens de Radio Vatican, la journaliste Marie Foliot recevra chaque matin, dans sa Matinale entre 6h45 et 9h, un invité pour aborder, par le haut et avec recul, un sujet social, économique, international ou philosophique dans l'actualité, avec un angle anthropologique chrétien. Plusieurs chroniques sur le patrimoine, l’écologie, le saint du jour, la vie du Vatican ou encore le monde associatif, sans oublier la messe du jour retransmise depuis Notre-Dame-de-la-Garde à Marseille, ponctueront cette Matinale.
À cette première émission produite par KTO radio s’ajoute une seconde intitulée « À haute voix », au cours de laquelle, chaque jour à 16h et 23h, des comédiens et comédiennes liront des grandes œuvres de la spiritualité chrétienne. Le reste de la grille est composé d’émissions issues de la chaîne KTO retravaillées et redécoupées pour s’adapter au format et au son de la radio, des grands rendez-vous en direct de la vie de prière des catholiques (chapelet à Lourdes, Angélus du pape, messes et offices du jour…), et de programmes diffusés en partenariat avec Radio Présence (« Point d’Orgue » de Jean Persil), le média québécois Le Verbe (« On n’est pas du monde ») ou Radio Vatican (« Magazine Afrique »). La programmation sera entrecoupée de musiques chrétiennes uniquement, du gospel à la louange en passant par la musique sacrée et la jeune scène chrétienne.
Une « opportunité » et une « logique industrielle »
« La grille de KTO radio s’enrichira à partir de janvier », promet Philippine de Saint Pierre. Aux trois salariés dédiés à la radio deux autres s’ajouteront dans les prochains mois, mais tous font partie intégrante de KTO : « il n’y a qu’une seule rédaction, qu’une seule équipe technique », insiste la directrice.
L’arrivée de la chaîne catholique dans le monde fermé des radios numériques a été une surprise. En septembre 2022, deux mois après l’ouverture par l’Arcom d’une 26e fréquence sur le DAB +, le conseil d’administration de KTO a décidé de se positionner « en l’absence d’autre candidature chrétienne », confie la directrice générale. « Ce fut à la fois une opportunité et une question qui nous habitait depuis longtemps. Depuis une vingtaine d’années, nous assistons à une logique industrielle de convergence des télévisions et des radios. Nous ne sommes pas les premiers à le faire ». Les dirigeants de KTO étaient aussi soucieux de faire perdurer l’existence d’une voix chrétienne sur ce nouveau support qu’est la radio numérique. « Les chrétiens ont toujours été présents dans l’histoire des médias », rappelle Philippine de Saint Pierre. Et KTO en ouvre une nouvelle page.
(1) Philippine de Saint Pierre est membre du conseil d’administration d’Edifa, société éditrice de Famille Chrétienne.
Dans le monde actuel, l’apologétique (1) n’a pas bonne presse. Même dans l’Église, elle a été délaissée et ceux qui persistent à la défendre sont des francs-tireurs sans guère de soutien officiel. Les valeurs aujourd’hui dominantes placent la « tolérance » au sommet, tolérance qui véhicule une conception très relativiste, refusant toute vérité objective – « à chacun sa vérité », comme le dit l’adage. Dans ce contexte, on est vite accusé de « prosélytisme », sous-entendu d’user de moyens de pression illégitimes pour convertir plus ou moins de force. En réalité, l’apologétique s’adresse à la raison, à un être libre capable de recevoir une argumentation et à en juger la valeur probante ou non.
Le champ de la moisson est immense en France comme en Europe, tant les Occidentaux semblent éloignés de la question de Dieu et détachés du christianisme qui a pourtant largement façonné leur civilisation. Nos contemporains sont-ils de ce fait devenus « athées » ? Je ne le pense pas, il n’est que de voir le succès de l’ésotérisme, de l’astrologie, des nouvelles « religiosités » censées apporter le « bien-être »… La plupart d’entre eux, néanmoins, ne sont-ils pas surtout indifférents à la question de Dieu ? Indifférence qui nous interroge tant cette question nous semble au centre même de toute vie, tant elle oriente notre approche du bonheur, ici-bas et dans l’au-delà. Indifférence qui n’est toutefois pas si surprenante si l’on considère l’environnement des sociétés occidentales totalement tourné vers le matérialisme, le consumérisme, l’exacerbation du désir sans limite, bref une horizontalité qui exclut toute verticalité et tue toute velléité spirituelle. Ajoutons en France une conception répandue de la laïcité qui, méfiante envers la religion, la relègue à la seule sphère privée.
Je suis persuadé qu’il existe cependant une attente spirituelle considérable dans ce monde sans Dieu.
Où est l’irrationalité ?
On reproche souvent à la foi catholique d’être irrationnelle. Mais il est bien plus irrationnel de croire en n’importe quoi ou de juger que Dieu n’existe pas. Il faut être bien naïf aujourd’hui pour penser que la science « démontre » l’inexistence de Dieu, a réponse à tout et peut expliquer l’origine de la vie et lui fournir un sens. Au contraire, l’état présent des connaissances incite à postuler une intelligence directrice, même s’il ne s’agit pas de « preuves » puisque la science et la question de Dieu ne se situent pas au même niveau épistémologique.
Il existe cependant plus que jamais de bonnes raisons de croire, non seulement en un Dieu créateur, mais plus encore que ce Dieu est celui des chrétiens : Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, qui n’a aucun équivalent dans l’histoire parmi tous les fondateurs de religion, en termes de crédibilité et de sainteté. En effet, pour qui réfléchit posément, il n’y a que le christianisme qui atteste de façon aussi convergente la véracité de la foi, malgré toutes les objections que l’on peut faire sur les défaillances historiques des hommes d’Église – la pérennité de celle-ci malgré les péchés de ses membres militerait d’ailleurs en sa faveur.
Il n’est pas « léger » de croire
Saint Thomas d’Aquin l’a admirablement résumé dans sa Somme contre les gentils quand il explique que « ce n’est pas légèreté que de donner son assentiment aux choses de la foi, bien qu’elles dépassent la raison » : « la Sagesse divine […] a manifesté sa présence, la vérité de son enseignement et de son inspiration par les preuves qui convenaient, en accomplissant de manière très visible, pour confirmer ce qui dépasse la connaissance naturelle, des œuvres très au-dessus des possibilités de la nature tout entière : guérison merveilleuse des malades, résurrection des morts, […] et, ce qui est plus admirable, inspiration de l’esprit des hommes, telle que des ignorants et des simples, remplis du don du Saint-Esprit, ont acquis en un instant la plus haute sagesse et la plus haute éloquence. Devant de telles choses, mue par l’efficace d’une telle preuve, non point par la violence des armes ni par la promesse de plaisirs grossiers, et, ce qui est plus étonnant encore, sous la tyrannie des persécuteurs, une foule innombrable, non seulement de simples mais d’hommes très savants, est venue s’enrôler dans la foi chrétienne, cette foi qui prêche des vérités inaccessibles à l’intelligence humaine, réprime les voluptés de la chair, et enseigne à mépriser tous les biens de ce monde. Que les esprits des mortels donnent leur assentiment à tout cela, et qu’au mépris des réalités visibles seuls soient désirés les biens invisibles, voilà certes le plus grand des miracles et l’œuvre manifeste de l’inspiration de Dieu » (2). (...)
(1) Partie de la théologie ayant pour objet d’établir, par des arguments historiques et rationnels, le fait de la révélation chrétienne. (2) Cerf, 1993, livre premier, chap. 6, p. 26-27.
La couronne de la victoire n'est promise qu'à ceux qui combattent. Dans les divines écritures, nous trouvons continuellement que la couronne nous est promise si nous sommes vainqueurs. Mais pour ne pas abuser des citations, on lit en toutes lettres dans l'apôtre Paul : « J'ai parfait mon oeuvre, j'ai achevé ma course, j'ai conservé la foi, je n'ai plus à attendre que la couronne de justice. »
On a longtemps pensé que les différences culturelles entre les grandes civilisations allaient s’estomper avec le temps et le développement économique. Mais tel n’est pas le cas.
The Economist (voir la traduction de la majorité de l’article ci-dessous) souligne, en s’appuyant sur le World values survey, que contrairement à ce qu’on a longtemps pensé, les valeurs occidentales divergent du reste du monde. À quel point ce phénomène est-il marqué ?
Vincent Tournier — On a longtemps pensé que les différences culturelles entre les grandes civilisations allaient s’estomper avec le temps et le développement économique. Telle était la thèse optimiste qui a été avancée par Francis Fukuyama au début des années 1990, au moment de la chute de l’URSS et au début de la mondialisation. Le politologue américain Ronald Inglehart, décédé récemment, qui est le concepteur des World Values Survey (WVS), est allé dans le même sens. Sa réflexion a été fortement influencée par le contexte français puisqu’il est venu en France lors des événements de Mai-1968. Il a pensé qu’une profonde transformation des valeurs était à l’œuvre qui se caractérisait par le déclin du nationalisme, de la religion et du consumérisme au profit de ce qu’il appelait les valeurs post-matérialistes : l’autonomie individuelle, la recherche du bien-être, l’engagement civique. Pour désigner cette mutation, il parlait d’une « révolution culturelle ». Ses principaux ouvrages datent des années 1990, au moment où l’optimisme était à son maximum.
Assez rapidement toutefois, les données ont indiqué que son schéma évolutionniste ne marchait pas complètement. Alors que les pays occidentaux connaissent toujours un processus de libéralisation des mœurs, ce que vient de confirmer une équipe française dirigée par Pierre Bréchon qui travaille sur les données européennes des WVS, les comparaisons internationales montrent que les zones de fracture sont toujours très nettes. Même si la plupart des pays évoluent, il y a toujours des différences très fortes entre les grandes ères civilisationnelles : l’Asie, l’Amérique latine, l’Europe et ses divisions (protestants, orthodoxes et catholiques), le monde musulman.
— Concrètement, quelles sont les valeurs où l’on observe les écarts se creuser ?
Vincent Tournier — Les principaux points de clivage portent sur le rapport à l’autorité, aux hiérarchies sociales, à la religion et aux mœurs. Ce dernier point occupe une place particulièrement saillante, notamment la question de l’homosexualité. Le rapport à l’homosexualité cristallise les antagonismes. Les pays occidentaux voient l’homosexualité comme une situation légitime qui mérite de recevoir une pleine reconnaissance sociale et juridique, alors que le reste du monde, à des degrés divers, considère que l’homosexualité est une situation anormale qui doit rester tabou ou cachée [ou punie…]. Précisons que cette divergence ne concerne pas seulement les hommes, car, dans la plupart des pays, les deux sexes ont généralement des opinions assez proches sur les mœurs.
— Y a-t-il néanmoins des thématiques où une convergence s’opère ?
Vincent Tournier — Les convergences se font plutôt au sein des zones civilisationnelles. C’est particulièrement le cas en Europe occidentale : les pays du sud, traditionnellement plus catholiques, ont tendance à se rapprocher des pays protestants du nord sur les questions de société.
- Pourquoi pensait-on, notamment Inglehart, que, avec le temps, les valeurs allaient converger ?
Vincent Tournier — La thèse de Ronald Inglehart est que la sécurité matérielle conditionne les valeurs individuelles : plus la sécurité progresse, plus les individus ont tendance à adhérer aux valeurs post-matérialistes. Ce schéma n’est pas faux : le développement des valeurs individualistes à partir des années 1960 doit beaucoup à la hausse du pouvoir d’achat et du niveau d’éducation, ainsi qu’à la mise en place de la sécurité sociale et au bouclier américain, autant de facteurs qui ont créé un environnement rassurant, ce qui permet par exemple aux individus de prendre leurs distances avec la religion.
23 AOÛT 2023 Sécularisation, déchristianisation, exigence religieuse. Le génie théologique et culturel d'Henri De Lubac et de Hans Urs von Balthasar offre des réponses éclairantes à des problèmes encore ouverts aujourd'hui
Nous publions la préface d'Angelo Scola, cardinal archevêque émérite de Milan, à la nouvelle édition de "Conversations sur l'Église", le volume publié par Itaca (208 pp., 18 euro) et édité par Jean-Robert Armogathe qui repropose les entretiens que Scola a réalisés en 1985 avec Henri De Lubac et Hans Urs von Balthasar.
Au printemps de l'année dernière, j'ai reçu en cadeau de la part des éditions du CERF à Paris le volume contenant les deux entretiens que j'ai réalisés en 1985 avec le cardinal Henri De Lubac et le cardinal élu Hans Urs von Balthasar.
L'idée est venue de moi et du journaliste de 30 jours Alver Metalli à l'occasion du Synode des évêques de 1985 convoqué par St Jean Paul II pour le 20ème anniversaire de la clôture du Concile Vatican II.
J'ignorais tout de cette réédition des deux textes, le premier publié en 1985 en coédition par France Catholique et le CERF et réédité par le CERF en 2007 (De Lubac) et le second publié en allemand en 1986 par Schwabenverlag (Balthasar).
L'initiative de cette nouvelle édition française revient à Jean-Robert Armogathe, professeur émérite à la Sorbonne et coordinateur des différentes publications de Communio. Il souhaitait me la dédier à l'occasion de mon 80ème anniversaire. De plus, le professeur Armogathe a relu attentivement les textes et les a soigneusement annotés.
Il est également important de souligner que tant De Lubac que von Balthasar avaient largement révisé leurs textes initiaux sur la base du manuscrit en langue italienne que je leur avais fourni.
Eugenio Dal Pane, fondateur et directeur de la maison d'édition Itaca, a pris l'initiative de publier en italien le volume édité par le CERF.
Je pense qu'il est normal de s'interroger sur son actualité. Est-il vraiment judicieux de republier deux textes qui ont maintenant près de quarante ans, compte tenu de tous les événements qui se sont produits dans l'Église et dans la société au cours des dernières décennies ?
En un mot, ces deux entretiens, bien que très articulés, sont-ils encore en mesure de susciter l'intérêt des lecteurs d'aujourd'hui ? Les changements intervenus dans l'Église et dans la société elle-même, à la charnière des XXe et XXIe siècles, ne sont-ils pas d'une ampleur telle qu'ils les rendent obsolètes ? Lors du choix de l'éditeur italien, je me suis beaucoup interrogé sur la manière de répondre à ces questions. En fin de compte, j'ai été convaincu que le génie théologique et culturel des deux auteurs apportait des réponses éclairantes, bien sûr avec plus ou moins d'intensité, à des problèmes encore ouverts aujourd'hui.
Il sera en tout cas utile de s'arrêter très brièvement sur l'évolution de la réalité socioculturelle, et en particulier chrétienne, qui s'est produite au cours de ces décennies.
Au moment de la révision définitive de ces textes par De Lubac et von Balthasar, nous traversions ce que Charles Taylor, dans son puissant ouvrage The Secular Age, avait défini comme la troisième phase de la sécularisation. On sait que le philosophe canadien formule une triple articulation, correspondant d'une certaine manière à une triple phase, du phénomène de la sécularisation. "Le premier niveau enregistre le fait que les sociétés modernes, contrairement à leurs prédécesseurs, ne se considèrent plus liées dans leurs institutions (de l'État au bas de l'échelle) à une certaine dévotion ou foi en Dieu. Les églises sont désormais séparées des structures politiques et la religion tend à être réduite à une affaire privée". Ce premier niveau est celui de la "sécularisation 2", qui montre une diminution de la croyance et de la pratique religieuses. Pour Taylor, cependant, le cœur de la sécularisation des sociétés euro-atlantiques d'aujourd'hui doit être recherché plus profondément. Il parle d'une "sécularisation 3" qui inclut la phase 2 et n'est pas sans rapport avec la phase 1. Elle consiste à considérer la foi en Dieu comme une option parmi d'autres. "Nous sommes passés d'une société où il était virtuellement impossible de ne pas croire en Dieu à une société où, même pour le croyant le plus fervent, ce n'est qu'une option parmi d'autres".